La vocation permanente du peuple juif

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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fil bleu
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Re: Les juifs ont-ils tué le Christ ?

Message non lu par fil bleu » ven. 12 déc. 2008, 12:20

Il est difficile aux chrétiens d'accepter que dans le mysrère de l'Eglise il y a une dimension juive ou si l'on préféère que dans la foi au Christ il y a ue dimension juive
ce qui fait dire au pape Pie XI en 1938 " Nous sommes tous des sémites"
et par nnotre comportement de pécheurs nous avons une responsabilité dans la mort de Jésus comme dit le Concile de Trente.
Le peuple de Dieu, le peuple de l'ancienne alliance, n'a pas qu'un role de préfiguration, de préparation. Il a son propre role aujourd'hui dans la découverte du Dieu de Jésus Christ, le même qui a parlé à Moise face à face, par les prophètes
et qui parle aujourd'hui par les juifs vivants dans notre monde. Ils ont une Parole de Dieu pour nous. Et cette Parole peut nous éclairer sur la manière de faire de Dieu révélé en plénitude en Jésus Christ. Car cette révélation, une fois pour toute se déploit jusqu'à la fin des temps et le peuple de l'alliance et du don de Dieu jamais révoqué a quelque chose à nous dire sur le déploiement de cette révélation de l'amour de Dieu qui va jusqu'à donner sa vie.
Car c'est du même ordre quand Dieu dit : J'ai pitié de mon peuple et Jésus qui dit: J'ai pitié de cette foule par exemple.

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Re: Les juifs ont-ils tué le Christ ?

Message non lu par Raistlin » ven. 12 déc. 2008, 12:35

fil bleu a écrit :Il est difficile aux chrétiens d'accepter que dans le mysrère de l'Eglise il y a une dimension juive ou si l'on préféère que dans la foi au Christ il y a ue dimension juive
Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Les chrétiens ne nient pas du tout l'héritage juif : conscients que Dieu a d'abord parlé au Peuple Juif, les chrétiens ont gardé l'Ancien Testament comme véritable Parole de Dieu et continuent de l'étudier.

fil bleu a écrit :Le peuple de Dieu, le peuple de l'ancienne alliance, n'a pas qu'un role de préfiguration, de préparation. Il a son propre role aujourd'hui dans la découverte du Dieu de Jésus Christ, le même qui a parlé à Moise face à face, par les prophètes et qui parle aujourd'hui par les juifs vivants dans notre monde.
Ca, c'est votre théologie personnelle.
Le problème, c'est qu'elle ne tient pas la route dans la mesure où pour être sauvé, il faut accepter le Salut offert en Jésus-Christ. Or qui annonce le Christ ? Certainement pas les Juifs...
Qui plus est, à qui les Juifs font-ils découvrir Dieu ? A personne puisque le judaïsme n'a pas de vocation universelle. La preuve en est que la connaissance de Dieu s'est faite par l'essor du Christianisme, pas par celui du judaïsme.

Que les Juifs aient eu un rôle un jouer dans le Salut de l'Humanité, c'est indéniable, ne serait-ce que parce qu'ils ont préparé la venue du Sauveur. Et je ne nie pas que les Juifs puissent encore avoir un rôle à jouer dans l'économie du Salut (bien que je ne sache pas lequel), mais il ne faut pas perdre de vue que le sacrement du Salut offert à l'Humanité, c'est l'Eglise, pas le peuple Juif.

fil bleu a écrit :Ils ont une Parole de Dieu pour nous.

Et nous l'avons aussi : c'est l'Ancien Testament. Sauf que nous chrétiens la lisons à le lumière du Christ.


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Re: Peut-on parler de peuple élu: nouvelle alliance

Message non lu par Pneumatis » jeu. 23 avr. 2009, 15:12

Touriste a écrit :L'important dans notre démarche c'est d'accepter les juifs dans ce qu'ils disent d'eux-mêmes aujourd'hui pour que notre réflexion théologique parte non pas de ce que nous voudrions qu'ils soient mais de ce qu'ils disent être et des questions qu'ils posent aux chrétiens. Cela pour la vérité de la démarche.
Je suis tout a fait d'accord avec cette démarche. D'où mon discours : la premier pas, je pense, est pour nous chrétiens, d'implorer de nos frères juifs qu'ils nous enseignent tout ce qu'ils ont su préserver et que nous avons trop laissé se disperser avec le temps.
Touriste a écrit :Ce qui me frappe et me boulverse aujourd'hui, c'est de voir la persistance du peuple juif malgré tous les progroms, sa survivance aprés les fours crématoires. N'y a-t-il pas là le témoignage irrécusable d'une vocation permanente, d'une signification actuelle pour le monde mais surtout au sein même de l'église?
Précisément car, j'en suis convaincu, ils sont les gardiens de ce quelque chose que nous avons laissé s'échapper.
Touriste a écrit :e regard "tactile" du convertisseur en puissance ou en impuissance, de celui qui veut vous rendre pareil à lui sans que lui-même ne s'interroge sur ce qu'il vaut vraiment, et sans doute pour ne pas avoir à le faire, comporte toujours un je-ne-sais-quoi d'obcène.
Idem, je le redis : en ce qui concerne la conversion des juifs au Christ, il ne s'agit surtout pas de rendre les juifs semblable à nous autres chrétiens d'aujourd'hui. Il s'agit pour les juifs ET les chrétiens d'aujourd'hui de devenir ces vrais disciples du Christ qu'étaient ses apôtres, juifs pieux remplis des enseignements de la tradition mosaïque et prophétique (comme peuvent l'être nos frères juifs aujourd'hui), mais qui ont reconnu Jésus Seigneur et Sauveur accomplissant toute cette tradition (comme peuvent l'être les chrétiens d'aujourd'hui).

Il faut donc d'abord ré-éduquer le chrétien à la tradition qui a vu naitre Jésus et que les juifs ont mieux préservé que nous, avant de pouvoir proposer à nouveau l'annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus, y compris à nos frères juifs. Car sinon, comment annoncer Jésus (vrai juif) à des vrais juifs, sans savoir ce qu'est un vrai juif, et en étant, par certains aspects, moins proche de Jésus que certains juifs eux-même ??? Ce serait simplement insensé, présomptueux, déplacé et irrespectueux !
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Re: Peut-on parler de peuple élu: nouvelle alliance

Message non lu par Invité » jeu. 23 avr. 2009, 19:20

Moi je me pose la question: comment rendre en bonne théologie catholique ce que dit Paul:
Ro11,28-29
Par rapport à l'Evangile, les voila ennemis et c'est en votre faveur;
mais du point de vue de l'élection, ils sont aimés, et c'est à cause des pères. Car les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables.
Il me semble qu'en regardant la vie de Jésus, nous pouvons voir la force de l'élection, de l'amour, des dons et apppel que Dieuvit en alliance avec les juifs, cela me fait un devoir de foi de les écouter sur ce qu'ils ont à me dire de Dieu, de son élection et de ses dons.

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Re: Peut-on parler de peuple élu: nouvelle alliance

Message non lu par Invité » sam. 25 avr. 2009, 19:50

J'ajoute ce document de la conférence épiscopale française sur les relations entre les chrétiens et juifs, 16 avril 1973
Il avait provoqué pas mal de reactions en son temps mais il peut nous aider dans notre réflexion:

1. L’existence juive interroge la conscience chrétienne
L’existence actuelle du peuple juif, sa condition souvent précaire au long de son histoire, son espérance, les épreuves tragiques qu’il a connues dans le passé et surtout dans les temps modernes, et son rassemblement partiel sur la terre de la Bible constituent de plus en plus, pour les Chrétiens, une donnée qui peut les faire accéder à une meilleure compréhension de leur foi et éclairer leur vie.

La permanence de ce peuple à travers le temps, sa survie aux civilisations, sa présence comme un partenaire rigoureux et exigeant en face du Christianisme sont un fait de première importance que nous ne pouvons traiter ni par l’ignorance ni par le mépris.

L’Eglise, qui se réclame du nom de Jésus-Christ et qui, par lui, se trouve liée depuis son origine et pour toujours au peuple juif, perçoit dans l’existence séculaire et ininterrompue de ce peuple un signe qu’elle voudrait comprendre en toute vérité.

2. Le lent cheminement de la conscience chrétienne
Le 28 octobre 1965, le Concile Vatican II a promulgué solennellement la déclaration Nostra Aetate qui contient un chapitre sur le peuple juif. Nous réaffirmons l’importance de ce texte, dans lequel il est rappelé que l’Eglise se nourrit de la racine de l ’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les gentils. Il est de notre charge, en tant que Comité épiscopal pour les relations avec le Judaïsme, de manifester la portée actuelle de cette déclaration et d’en indiquer les applications.

La prise de position conciliaire doit être considérée davantage comme un commencement que comme un aboutissement. Elle marque un tournant dans l’attitude chrétienne à l’égard du Judaïsme. Elle ouvre une voie et nous permet de prendre l’exacte mesure de notre tâche.

Cette déclaration s’appuie sur un retour aux sources scripturaires. Elle rompt avec l’attitude de tout un passé. Elle appelle désormais un nouveau regard des Chrétiens sur le peuple juif, non seulement dans l’ordre des rapports humains mais aussi dans l’ordre de la foi. Certes, il n’est pas possible de réexaminer en un jour toutes les affirmations qui ont été proférées dans l’Eglise au cours des siècles ni toutes les attitudes historiques. La conscience chrétienne a cependant entamé ce processus qui rappelle à l’Eglise ses racines juives. L’essentiel est qu’il soit commencé, qu’il atteigne toutes les couches du peuple chrétien et qu’il soit partout poursuivi avec honnêteté et énergie.

3. La vocation permanente du peuple juif
Il n’est pas possible de regarder la " religion" juive simplement comme une des religions existant présentement sur la terre. C’est par le peuple d’Israël que la foi au Dieu unique s’est inscrite dans l’histoire de l’humanité. C’est par lui que le monothéisme est devenu, quoique avec certaines différences, le bien commun des trois grandes familles qui se réclament de l’héritage d’Abraham : Judaïsme, Christianisme, Islam.

Selon la révélation biblique, c’est Dieu même qui a constitué ce peuple, qui l’a éduqué et instruit de ses desseins, scellant avec lui une Alliance éternelle (Gn 17,7) et faisant reposer sur lui un appel que saint Paul qualifie d’irrévocable (Rm 11,29). Nous lui devons les cinq livres de la Loi, les Prophètes et les autres livres sacrés qui complètent son message. Après avoir été rassemblés par la tradition, écrite et orale, ces enseignements furent reçus par les Chrétiens sans que pour autant les Juifs en soient dépossédés.

Même si, pour le Christianisme, I’Alliance est renouvelée en Jésus-Christ, le Judaïsme doit être regardé par les Chrétiens comme une réalité non seulement sociale et historique, mais surtout religieuse; non pas comme la relique d’un passé vénérable et révolu mais comme une réalité vivante à travers le temps. Les signes principaux de cette vitalité du peuple juif sont : le témoignage de sa fidélité collective au Dieu unique, sa ferveur à scruter les Ecritures pour découvrir, à la lumière de la Révélation, le sens de la vie humaine, sa recherche d’identité au milieu des autres hommes, son effort constant de rassemblement en une communauté réunifiée. Ces signes nous posent, à nous Chrétiens, une question qui touche le coeur de notre foi : quelle est la mission propre du peuple juif dans le plan de Dieu ? Quelle attente l’anime, et en quoi cette attente diffère-t-elle ou se rapproche-t-elle de la nôtre ?

4. Ne rien enseigner qui ne soit conforme à l’esprit du Christ
(Nostra Aetate n° 4 § 2)

a) Il est urgent que les Chrétiens cessent définitivement de se représenter le Juif suivant des clichés qu’une agressivité séculaire avait forgés; éliminons à tout jamais et combattons avec courage en chaque circonstance les représentations caricaturales et indignes d’un homme honnête, à plus forte raison d’un Chrétien : par exemple celle du Juif qu’on déclare " pas comme les autres" en y mettant une nuance de mépris ou d’aversion, celle du Juif " usurier, ambitieux, conspirateur", ou celle, plus redoutable encore par ses conséquences, du Juif "déicide". Ces qualifications infamantes, qui ont, hélas, encore cours de nos jours de façon directe ou larvée, nous les dénonçons et les condamnons avec insistance. L’antisémitisme est un héritage du monde païen, mais il s’est encore renforcé en climat chrétien par des arguments pseudo-théologiques. Le Juif mérite notre attention et notre estime, souvent notre admiration, parfois certes notre critique amicale et fraternelle, mais toujours notre amour. C’est peut-être ce qui lui a le plus manqué et ce en quoi la conscience chrétienne a été le plus coupable.

b) C’est une erreur théologique, historique et juridique de tenir le peuple juif pour indistinctement coupable de la passion et de la mort de Jésus-Christ. Déjà le catéchisme du Concile de Trente avait réprouvé cette erreur (Pars I, cap. 5, 11). " S’il est vrai qu’historiquement la responsabilité de la mort de Jésus fut partagée à des titres divers par certaines autorités juives et romaines, I’Eglise tient que c’est à cause du péché de tous les hommes que le Christ, dans son immense amour, s’est soumis à sa passion et à sa mort, pour que tous obtiennent le salut".

Contrairement à ce qu’une exégèse très ancienne mais contestable a soutenu, on ne saurait déduire du Nouveau Testament que le peuple juif a été dépouillé de son élection. L’ensemble de l’Ecriture nous incite au contraire à reconnaître dans le souci de fidélité du peuple juif à la Loi et à l’Alliance le signe de la fidélité de Dieu à son peuple.

c) Il est faux d’opposer Judaïsme et Christianisme comme religion de crainte et religion d’amour. L’article fondamental de la foi juive le Shema Israël, commence par : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu " et se poursuit par le commandement de l’amour du prochain (Lv 19,18). C’est le point de départ de la prédication de Jésus, et donc un enseignement commun au Judaïsme et au Christianisme.

Le sens de la transcendance et de la fidélité de Dieu, de sa justice, de sa miséricorde, de la repentance et du pardon des offenses, sont des traits fondamentaux de la tradition juive. Les Chrétiens qui revendiquent les mêmes valeurs auraient tort de croire qu’ils n’ont plus rien à recevoir aujourd’hui même de la spiritualité juive.

d) Contrairement à des réflexes bien établis, il faut affirmer que la doctrine des Pharisiens n’est pas l’opposé du Christianisme. Les Pharisiens ont cher ché à ce que la Loi devienne vie pour chaque Juif en interprétant ses pres criptions de façon à les adapter aux différentes circonstances de la vie. Les recherches contemporaines ont bien mis en évidence que les Pharisiens n’étaient nullement étrangers au sens intérieur de la Loi, non plus que les maîtres du Talmud. Ce ne sont pas ces dispositions que Jésus met en cause quand il dénonce l’attitude de certains d’entre eux ou le formalisme de leur enseignement. Il semble d’ailleurs que ce soit parce que les Pharisiens et les premiers Chrétiens étaient proches à de nombreux égards qu’ils se combat tirent parfois si vivement quant aux traditions reçues des anciens et à l’inter prétation de la Loi de Moïse.

5. Accéder à une compréhension juste du Judaïsme
Les Chrétiens, ne serait-ce que pour eux-mêmes, doivent acquérir une connaissance vraie et vivante de la tradition juive.

a) Une catéchèse chrétienne véritable doit affirmer la valeur actuelle de la Bible tout entière. La première Alliance, en effet, n’a pas été rendue caduque par la nouvelle. Elle en est la racine et la source, le fondement et la promesse. S’il est vrai que, pour nous, I’Ancien Testament ne délivre son sens ultime qu’à la lumière du Nouveau Testament, cela même suppose qu’il soit accueilli et reconnu d’abord en lui-même (cf. 2 Tm 3,16). On n’oubliera pas que, par son obéissance à la Torah et par sa prière, Jésus, homme juif par sa mère la Vierge Marie, a accompli son ministère au sein du peuple de l’Alliance.

b) On s’efforcera de présenter la vocation particulière de ce peuple comme la "Sanctification du Nom". C’est là une des dimensions essentielles de la prière synagogale par laquelle le peuple juif, investi d’une mission sacerdotale (Ex 19, 6), offre toute l’action humaine à Dieu et lui rend gloire. Cette vocation fait de la vie et de la prière du peuple juif une bénédiction pour toutes les nations de la terre.

c) C’est sous-estimer les préceptes du Judaïsme que de n’y voir que des pratiques contraignantes. Ses rites sont des gestes qui rompent la quotidienneté de l’existence et rappellent à ceux qui les observent la seigneurie de Dieu. Les Juifs fidèles reçoivent comme un don de Dieu le Shabbat et les rites qui ont pour but de sanctifier l’agir humain. Au-delà de leur littéralité, ceux-ci sont pour le Juif lumière et joie sur le chemin de la vie (Ps 119). Ils sont une manière de " bâtir le temps" et de rendre grâce pour la création tout entière. C’est en effet toute l’existence qui doit être référée à Dieu, comme saint Paul le rappelait à ses frères (1 Cor 10, 30-31).

d) La dispersion du peuple juif doit être comprise à la lumière de sa propre histoire.

Si la tradition juive considère les épreuves et l’exil du peuple comme un châtiment pour ses infidélités (Jr 13, 17; 20, 21-23), il n’en reste pas moins que, depuis la lettre adressée par Jérémie aux exilés de Babylone (Jr 29, 1-23), la vie du peuple juif dans la dispersion a eu aussi un sens positif; à travers les épreuves, le peuple juif est appelé à " sanctifier le Nom" au milieu des nations.

Les Chrétiens doivent sans cesse combattre la tentation antijuive et manichéenne qui consiste à regarder le peuple juif comme maudit sous le prétexte qu’il a été obstinément persécuté. Au contraire, suivant le témoignage même de l’Ecriture (Is 53- 2-4), subir persécution est souvent effet et rappel de la condition prophétique.

e) Il est actuellement plus que jamais difficile de porter un jugement théologique serein sur le mouvement de retour du peuple juif sur " sa" terre. En face de celui-ci, nous ne pouvons tout d’abord oublier en tant que Chrétiens le don fait jadis par Dieu au peuple d’Israël d’une terre sur laquelle il a été appelé à se réunir (cf. Gn 12, 7; 26, 3-4; 28, 13; Is 43, 5-7; Jr 16, 15; So 3, 20).

Au long de l’histoire, l’existence juive a été constamment partagée entre la vie au sein des nations et le voeu d’une existence nationale sur cette terre. Cette aspiration pose de nombreux problèmes à la conscience juive elle même. Pour comprendre cette aspiration et le débat qui en résulte dans toutes leurs dimensions, les Chrétiens ne doivent pas se laisser entraîner par des exégèses qui méconnaîtraient les formes de vie communautaires et religieuses du Judaïsme ou par des prises de positions politiques généreuses mais hâtives. Ils doivent tenir compte de l’interprétation que donnent de leur rassemblement autour de Jérusalem les Juifs qui, au nom de leur foi, le considèrent comme une bénédiction.

Par ce retour et ses répercussions, la justice est mise à l’épreuve. Il y a, au plan politique, affrontement de diverses exigences de justice. Au-delà de la diversité des options politiques, la conscience universelle ne peut refuser au peuple juif, qui a subi tant de vicissitudes au cours de l’histoire, le droit et les moyens d’une existence politique propre parmi les nations. Ce droit et ces possibilités d’existence ne peuvent pas davantage être refusés par les nations à ceux qui, à la suite des conflits locaux résultant de ce retour, sont actuellement victimes de graves situations d’injustice. Aussi, tournons-nous les yeux avec attention vers cette terre visitée par Dieu et portons-nous la vive espérance qu’elle soit un lieu où pourront vivre dans la paix tous ses habitants, juifs et non juifs. C’est une question essentielle, devant laquelle se trouvent placés les Chrétiens comme les Juifs, de savoir si le rassemblement des dispersés du peuple juif, qui s’est opéré sous la contrainte des persécutions et par le jeu des forces politiques, sera finalement ou non, malgré tant de drames, une des voies de la justice de Dieu pour le peuple juif et, en même temps que pour lui, pour tous les peuples de la terre. Comment les Chrétiens resteraient-ils indifférents à ce qui se décide actuellement sur cette terre ?

6. Promouvoir la connaissance et l’estime mutuelles
(Nostra Aetate n° 4 § 2)

La plupart des rencontres entre Juifs et Chrétiens sont encore aujourd’hui marquées par l’ignorance réciproque et parfois par une certaine méfiance. Cette ignorance et cette méfiance ont été dans le passé et peuvent être encore dans l’avenir la source de graves incompréhensions et de maux redoutables. Nous considérons comme une tâche essentielle et urgente que les prêtres, les fidèles et tous les responsables de l’éducation, à quelque niveau qu’ils se situent, travaillent à susciter dans le peuple chrétien une meilleure compréhension du Judaïsme, de sa tradition, de ses coutumes et de son histoire.

La première condition est que tous les Chrétiens aient toujours le respect du Juif, quelle que soit sa manière d’être juif. Qu’ils cherchent à le comprendre comme il se comprend lui-même au lieu de le juger selon leurs propres modes de pensées. Qu’ils aient l’estime de ses convictions, de ses aspirations, de ses rites et de l’attachement qu’il leur voue. Qu’ils admettent aussi qu’il peut y avoir différentes façons d’être juif ou de se reconnaître juif, sans détriment de l’unité fondamentale de l’existence juive.

La seconde condition est que, dans les rencontres entre Chrétiens et Juifs, soit reconnu le droit de chacun de rendre pleinement témoignage de sa foi sans être pour autant soupçonné de vouloir détacher de manière déloyale une personne de sa communauté pour l’attacher à la sienne propre. Une telle intention doit être exclue non seulement en raison du respect d’autrui qui s’impose en tout dialogue avec tout homme quel qu’il soit, mais plus encore pour une raison particulière à laquelle les Chrétiens et surtout les pasteurs devraient se faire plus attentifs. Cette raison est que le peuple juif a été l’objet, comme peuple, d’une "Alliance éternelle" sans laquelle la "nouvelle Alliance" n’aurait elle-même pas d’existence. Aussi, bien loin de viser à la disparition de la communauté juive, I’Eglise se reconnaît dans la recherche d’un lien vivant avec elle. Une grande ouverture d’esprit, une méfiance à l’égard de ses propres préjugés et un sens aigu des conditionnements psychologiques des individus sont, en face de tels problèmes, des qualités indispensables aux pasteurs. Même s’il existe, dans le contexte actuel de "civilisation sans frontières", des démarches personnelles qui échappent aux déterminations des deux communautés, le respect qu’elles se portent réciproquement ne doit pas s’en trouver altéré.

7. L’Eglise et le peuple juif
a) Le peuple juif a conscience d’avoir recu, à travers sa vocation particulière, une mission universelle à l’égard des nations. L’Eglise, pour sa part, estime que sa mission propre ne peut que s’inscrire dans ce même propos universel de salut.

b) Israël et l’Eglise ne sont pas des institutions complémentaires. La permanence comme en vis-à-vis d’Israël et de l’Eglise est le signe de l’inachèvement du dessein de Dieu. Le peuple juif et le peuple chrétien sont ainsi dans une situation de contestation réciproque ou, comme dit saint Paul, de " jalousie" en vue de l’unité (Rm 11, 14; cf. Dt 32, 21).

c) Les paroles de Jésus lui-même et l’enseignement de Paul témoignent du rôle du peuple juif dans l’accomplissement de l’unité finale de l’humanité, comme unité d’Israël et des nations. Aussi la recherche que fait le Judaïsme de son unité ne peut pas être étrangère au propos de salut de Dieu. Elle ne peut pas non plus être sans parenté avec les efforts des Chrétiens en recherche de leur propre unité, bien que ces deux démarches se réalisent selon des voies très différentes.

Mais, si Juifs et Chrétiens accomplissent leur vocation suivant des voies distinctes, l’histoire montre que leurs cheminements se croisent sans cesse. Leur souci commun ne concerne-t-il pas les temps messianiques ? Aussi faut-il souhaiter qu’ils entrent enfin dans la voie de la reconnaissance et de la compréhension mutuelles et que, répudiant leur inimitié ancienne, ils se tournent vers le Père dans un même mouvement d’espérance, qui sera une promesse pour toute la terre [2].


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La vocation permanente du peuple juif

Message non lu par etienne lorant » ven. 18 déc. 2009, 18:12

Je considère les Juifs comme mes frères dans la foi. Les chrétiens d'après saint Paul sont une branche "sauvage", greffée sur l'Olivier:

Lettre aux Romains, chapitre 11

01 Je pose donc la question : Dieu aurait-il rejeté son peuple ? Non, bien sûr ! J'en suis moi-même une preuve : je suis fils d'Israël, de la descendance d'Abraham, de la tribu de Benjamin.
02 Dieu n'a pas rejeté son peuple, que depuis toujours il a connu. Ne savez-vous pas ce que dit l'Écriture dans l'histoire d'Élie lorsqu'il en appelle à Dieu contre Israël ?
03 Seigneur, dit-il, ils ont tué tes prophètes et renversé tes autels ;je suis le seul à être resté, et ils cherchent à me tuer.
04 Mais quelle réponse reçoit-il ?J'ai fait en sorte qu'il reste pour moi sept mille hommesqui ne se sont pas mis à genoux devant Baal.
05 De même il y a donc dans le temps présent un reste choisi par grâce ;
06 et si c'est par grâce, ce n'est pas par les oeuvres, car alors la grâce ne serait plus la grâce.
07 Que dire alors ? Ce qu'Israël recherche, il ne l'a pas obtenu ; mais les élus l'ont obtenu, tandis que les autres ont été endurcis,
08 comme le dit l'Écriture :leSeigneur ieu leur a donné un esprit de torpeur :ils ont des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre,jusqu'à ce jour.
09 David dit aussi :Que leur repas devienne pour eux un piège, une trappe,une occasion de chute, un juste châtiment ;
10 que leurs yeux s'obscurcissent pour qu'ils ne voient plus,fais-leur sans cesse courber le dos.
11 Je pose encore une question : Israël a-t-il trébuché pour ne plus se relever ? Non, bien sûr ! Mais c'est à sa faute que les païens doivent le salut ; Dieu voulait le rendre jaloux.
12 Or, si la faute des fils d'Israël a été un enrichissement pour le monde, si leur échec a été un enrichissement pour les païens, que dire alors du jour où l'ensemble d'Israël sera là ?
13 Je vous le dis à vous, qui étiez païens : dans la mesure même où je suis apôtre des païens, ce serait la gloire de mon ministère
14 de rendre un jour jaloux mes frères de race, et d'en sauver quelques-uns.
15 Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l'écart, qu'arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !
16 Si un peu de pâte est consacrée à Dieu, toute la pâte devient sainte ; si la racine de l'arbre est sainte, les branches le sont aussi.
17 De ces branches, quelques-unes ont été coupées, alors que toi, qui es une branche d'olivier sauvage, tu as été greffé parmi elles, et tu as part désormais à l'huile que donne la racine de l'olivier.
18 Alors, ne sois pas plein d'orgueil envers les autres branches ; malgré tout ton orgueil,
19 ce n'est pas toi qui portes la racine, c'est la racine qui te porte. Tu vas me dire : « Des branches ont été coupées pour que moi, je sois greffé ! »
20 Fort bien ! Mais c'est à cause de leur manque de foi qu'elles ont été coupées ; et toi, c'est à cause de ta foi que tu tiens. Ne fais pas le fanfaron, sois plutôt dans la crainte.
21 Car si dieu n'a pas épargné les branches d'origine, il ne t'épargnera pas non plus.
22 Observe donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité pour ceux qui sont tombés, et bonté pour toi si tu demeures dans cette bonté ; autrement, toi aussi tu seras retranché.
23 Et eux, s'ils ne demeurent pas dans leur manque de foi, ils seront greffés : car Dieu est capable de les greffer de nouveau.
24 En effet, toi qui étais par ton origine une branche d'olivier sauvage, tu as été greffé, malgré ton origine, sur un olivier cultivé ; à plus forte raison ceux-ci, qui sont d'origine, seront greffés sur leur propre olivier.
25 Frères, pour vous éviter de vous fier à votre propre jugement, je ne veux pas vous laisser dans l'ignorance de ce mystère : l'endurcissement actuel d'une partie d'Israël durera jusqu'à l'entrée de l'ensemble des païens ;
26 c'est ainsi qu'Israël tout entier sera sauvé, comme dit l'Écriture :Le libérateur viendra de Sion,d'Israël il fera disparaître l'impiété.
27 Voilà ce que sera mon Alliance avec euxlorsque j'enlèverai leur péché.
28 L'annonce de l'Évangile en a fait des ennemis de Dieu, et c'est à cause de vous ; mais le choix de Dieu en a fait des bien-aimés, et c'est à cause de leurs pères.
29 Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables.
30 Jadis, en effet, vous avez désobéi à Dieu, et maintenant, à cause de la désobéissance des fils d'Israël, vous avez obtenu miséricorde ;
31 de même eux aussi, maintenant ils ont désobéi à cause de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c'est pour que maintenant, eux aussi, ils obtiennent miséricorde.
32 Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes.
33 Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables !
34 Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ?
35 Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ?
36 Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. A lui la gloire pour l'éternité ! Amen.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Le peuple juif : puni par Dieu ?

Message non lu par Pneumatis » jeu. 15 mars 2012, 14:03

Bonjour Raistlin,
Raistlin a écrit :Mais bien sûr que théologiquement parlant, je suis anti-judaïste.
Vous rappelez-vous cette petit discussion que nous avons eu par le passé sur ce forum ? La foi chrétienne n'est pas "anti-" parce qu'elle n'est pas "contre" le judaïsme. Elle l'accompli. J'avais alors proposé cette reformulation d'anapléro-judaïsme, si vous vous souvenez. Après, j'entends bien que le judaïsme rabbinique n'est pas le judaïsme du second temple, et c'est là que le thèse du théologien J. Ratzinger (qu'ici nous allons distinguer du pape Benoit XVI pour ne pas faire de confusion avec le magistère) est intéressante. Cette branche du judaïsme rabbinique a ceci en commun avec le christianisme de se construire sur une théologie "sans-temple-de-pierre". Tout en n'ayant pas accepté l'Evangile, le chemin de ce peuple se poursuit sur les pas de l'ancienne alliance, mais livré à une destinée sans ce temple de pierre, les poussant à une relecture de cette ancienne alliance qui ne peut que les conduire en définitif au Christ, vrai temple (j'extrapole un peu son bouquin, si ma mémoire est bonne).

Théologiquement, il est plus ou moins reconnu dans l'Eglise qu'un temps est prévu par Dieu pour le salut des juifs, que Dieu seul connait. Ce qu'il faut bien voir c'est qu'en attendant le jugement dernier, notre situation à tous doit nous poser question : nous avons tous été sauvés par le Christ, et pourtant sa parousie n'a pas encore eu lieu. Nous vivons une ère comme un espèce de "non-temps" ou une sortie du temps. La venue du Christ sur terre est le commencement et la fin de toute l'histoire. La révélation est complètement achevée, et pourtant nous continuons de vivre ici bas comme "avant" en quelque sorte. Nous ne sommes pas tous montés aux cieux d'un seul coup derrière Jésus après l'Ascension. Cela veut dire que notre histoire a quelque chose de particulier et qui pose beaucoup question dans le rapport du salut au temps. C'est un temps où se développe l'espérance du salut, sans trop qu'on puisse en comprendre la logique.

Si on s'arrête un moment sur cette question, donc... Je crois que le fait que l'ancienne alliance et la nouvelle "cohabitent" dans notre histoire est un signe important de cette ère "sacramentelle" que nous vivons. Il y a un temps de l'histoire où les couches de la révélation se développent comme les couches d'un oignon, et où, pour prendre l'exemple que nous connaissons le mieux, le salut de l'Eglise est déjà préfiguré dans l'exode d'Israël d'Egypte vers la terre promise. Dans cette ère de l'histoire qui voit s'accomplir pas à pas la révélation divine, il y a une progression de la révélation.

Puis un jour, "tout est achevé". La logique, pour qui croit cela, serait de penser que ça y est : le pèlerinage de l'humanité sur terre prend fin. Mais non, une nouvelle ère commence. Par le baptême, l'humanité peut entrer dans ce dernier shabbat qu'est notre ère, un "non-jour" mais qui dure probablement jusqu'à ce que chaque personne en ce monde y entre par le baptême. C'est là que de concevoir que les juifs sont probablement appelés à être les derniers à entrer dans ce "non-jour" a quelque chose d'incroyablement lumineux. Parce que dans ce temps particulier que nous vivons, dans l'attente de la parousie, la coexistence visible dans l'humanité de l'ancienne alliance et de la nouvelle rend visible dans sa totalité la révélation. Son début et sa fin. S'il n'y avait plus de juifs aujourd'hui, mais que nous soyons toujours dans l'attente du retour du Christ, alors ce serait pour les nouvelles générations un "signe des temps en moins". La révélation, l'histoire de l'alliance de Dieu avec son peuple, ne serait pas visible dans sa globalité. L'ère sacramentelle est une ère du signe, du témoignage. C'est l'ère de ce qui rend visible et incarne les réalités célestes. Voilà pourquoi l'eucharistie ! Nous revivons sans arrêt la passion, la mort et la résurrection du Seigneur. Nous la rendons visible dans l'eucharistie. Mais aussi par notre témoignage et l'Espérance dont nous rendons compte. C'est notre vocation de baptisés. Nous ne nous précipitons pas en masse dans le royaume des cieux tirés par Dieu qui nous y conduit. Le royaume des cieux n'est pas un ailleurs où nous devons aller. Dieu veut transsubstantier notre monde pour qu'il devienne le royaume des cieux. Et nous collaborons à cette tâche tant par la liturgie, que par le témoignage de sainteté et surtout, surtout, par la communion eucharistique qui nous transsubstantie nous-mêmes.

Où est-ce que je veux en venir. Si le monde d'ici bas est comme l'offrande eucharistique, dans lequel Dieu s'invite pour en faire le royaume des cieux attendu, et si nous y collaborons en étant signe de sa passion, sa mort et sa résurrection, les juifs y collaborent également en étant des signes vivants de l'ancienne alliance. Ainsi, ici-bas et tant qu'il durera comme cela, il FAUT que l'ensemble de la révélation, ancienne et nouvelle alliance, soit rendue visible. L'ancienne alliance reste un enseignement pour nous et pour le monde. Dans cette ère où l'enseignement divin se transmet par des pierres vivantes, les juifs sont les pierres vivantes de l'ancienne alliance. Voilà pourquoi je crois que leur subsistance dans l'histoire est providentielle. Ainsi, avec les juifs et les chrétiens vivant chacun l'alliance qu'ils ont reçu de Dieu, c'est toute l'alliance de Dieu avec l'humanité qui est rendue visible et vivante, de la base au sommet.

Ca ne veut pas dire que le judaïsme se suffit à lui-même comme religion. Mais ma foi chrétienne à moi non plus n'est pas complète. Elle est en devenir, chaque jour. La Tradition aussi est vivante et sans cesse actualisée. La révélation est complète mais mon intelligence n'y a pas encore accédé dans son entier. Il y a un nouvel oignon à éplucher ! Et concrètement, le peuple juif dans ce qu'il perpétue, garde vivant une grosse partie de ce qu'il me manque encore d'intelligence de la révélation. Voilà pourquoi cette thèse que le peuple juif a sa raison d'être encore aujourd'hui dans l'économie du salut, je la trouve lumineuse. Elle nous rappelle ce qu'est un "accomplissement" des Saintes Ecritures. Elle rend visible les racines de ce qui est accompli. Et pas uniquement comme des archives textuels. De la même manière que nous ne sommes pas une religion du livre, tout ce que nous avons à vivre, à contempler, à recevoir comme enseignement, doit être porté par le vivant.

De la même manière que chaque dimanche nous ne nous contentons pas de lire le récit de la passion et de la résurrection, mais que nous le vivons réellement et que Dieu se rend réellement présent ; de la même manière, nous ne pouvons pas nous contenter de puiser en plus dans les archives de l'ancienne alliance pour comprendre l'ensemble de la révélation, mais il faut que cette ancienne alliance soit vivante et incarnée, car alors seulement elle peut nous nourrir. Je sais bien que le judaïsme rabbinique, encore une fois, n'est pas celui de l'ancienne alliance ; mais pas plus que la célébration du mystère eucharistique n'est trait pour trait la réplique de la passion. C'est un prêtre qui incarne Jésus, ce ne sont pas les apôtres qui sont autour de la table, nous parlons dans une autre langue, nous avons une liturgie qui n'était pas exactement pratiquée comme ce que Jésus a pratiqué et a appris à pratiquer. Parce que nous ne mimons pas, nous levons un voile et rendons signifiants. De même, à leur manière - qui me dépasse tant la tradition juive m'est inconnue - les juifs d'aujourd'hui rendent signifiante l'ancienne alliance, ils la maintiennent vivante, visible et en offre au monde le témoignage.

Pour le dire en bref, après ce trop long exposé : ils collaborent avec les chrétiens pour faire de la révélation divine dans sa globalité, une réalité visible et vivante pour notre monde. Voilà ce dont, je pense, l'intuition du théologien J. Ratzinger dans son livre Jésus de Nazareth est le prémisse. Aussi je ne regrette pas qu'il ait fait cette proposition, mais je regretterai presque qu'il ne l'ait pas développé plus que cela.
Raistlin a écrit :Non, vous ne m’avez pas compris : le peuple juif n’est pas responsable collectivement de la mort du Messie. En cela, je suis d’accord pour dire que le terme de peuple déicide est profondément inadapté.

Mais le rejet du Christ est bien collectif.
Votre distinction entre le meurtre collectif et le rejet collectif est un peu glissante. Pour une raison simple, qui a été assez bien démontrée, c'est que de rejeter Jésus comme Messie conduisait de facto à le considérer comme un blasphémateur, et donc, selon la Loi en vigueur, à vouloir sa mise à mort. J'ai donc de la peine, à moins que le Seigneur justifie là une incohérence, comment Il pourrait ne pas considérer les juifs collectivement responsable de la mort du Christ, mais les considérer collectivement responsable de son rejet.
Raistlin a écrit :Oui, je suis d’accord… d’un point de vue chrétien. Mais d’un point de vue juif ?
D'accord pour distinguer les points de vue. Mais comme je l'ai répondu à Jean-Baptiste précédemment, nous ne sommes pas juifs, et vous reconnaissez aisément que ce "point de vue juif" est nécessairement incomplet. Que les juifs pensent rationnellement avoir été punis ne fait pas de cette punition une vérité, du fait même que leur conclusion n'est pas éclairée par la reconnaissance de la venue du Messie.
Raistlin a écrit :Alors là, il me semble que vous vous contredisez complètement. L’exil à Babylone est post-exode et a bien eu lieu.
Non, c'est juste que ma phrase était formulée de manière ambigüe. Je ne confonds pas l'exode et l'exil. Je prenais l'exemple de l'exode parce que c'est le plus connu et le plus parlant, où Israël est isolé d'un seul bloc, et se retourne d'un seul bloc contre Dieu. Je sous-entends qu'on peut concevoir la relation à Dieu sous cette forme jusqu'à l'exil, mais pas après. Après, il y a dispersion du peuple juif.
Raistlin a écrit :C’est un très bon argument. Auriez-vous des textes du Nouveau Testament, des Pères ou du Magistère qui permettrait de l’étayer ?
Non, je n'ai rien d'autre.
Raistlin a écrit :Pour ma part, j’y vois juste cette objection : si la Première Alliance n’est pas caduque, donc tout ce qui l’entoure est encore valide, notamment les menaces de punition sur le peuple si le peuple n’est pas fidèle.
C'est pas faux, et là j'avoue que je sèche. Pour autant, voilà : le rachat des péchés est universel. Il faudrait analyser beaucoup plus profondément pour savoir si les punitions divines sont consubstantielles de l'ancienne alliance. Ou dit autrement, si maintenues vivantes, elles participent à rendre vivante et intelligible cette ancienne alliance comme révélation divine. Elles peuvent très bien, tout au contraire, et c'est ma conviction, être "conjoncturelles" (providentielles). A savoir que Dieu punit un peuple en un temps et une époque où ces punitions peuvent avoir du sens.

En conclusion, ce que je retiens surtout, par rapport au sujet, c'est ce que nous dit Nostra Aetate :
Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ [13], ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l’Évangile et à l’esprit du Christ.
Je sais qu'une punition n'est pas une malédiction. Mais dire que leur punition dure depuis 2000 ans s'y apparente dangereusement. Quoiqu'il en soit, ce qu'il faut retenir de ce bout de texte, c'est que les juifs ne sont pas réprouvés par Dieu. Or donner une punition qui ne soit consécutive à aucune réprobation me semble impossible. Elle serait non-justifiée. Ce ne serait pas une punition. Et à ma connaissance, il n'y a aucune punition de ce genre dans l'ancien testament. Dieu réprouve d'abord, Il punit ensuite (éventuellement).
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Re: Le peuple juif : puni par Dieu ?

Message non lu par Raistlin » ven. 16 mars 2012, 15:44

Pneumatis a écrit :Vous rappelez-vous cette petit discussion que nous avons eu par le passé sur ce forum ? La foi chrétienne n'est pas "anti-" parce qu'elle n'est pas "contre" le judaïsme. Elle l'accompli.
Je suis d’accord avec ça. Sauf que le judaïsme actuel n’est pas le judaïsme du temps de Jésus : il est une réaction radicalement opposée au Christianisme face à la destruction du Temple et la fin des sacrifices. En gros, après la chute du Temple, le judaïsme s’est durci contre les chrétiens et s’est replié sur l’enseignement des rabbins pharisiens.
Bien sûr, il faut nuancer. Le judaïsme rabbinique n’est pas non plus un total étranger vis-à-vis de la religion du peuple Hébreu. Néanmoins, la question se pose de savoir s’il en est véritablement l’héritier, d’un point de vue théologique.

Mais il y a plus selon moi (on me corrigera si je me trompe) : l’Ancienne Alliance ne semble pas se concevoir en dehors du culte du Temple. Je ne suis donc certain qu’on puisse théologiquement parlant dire que le judaïsme actuel relève de l’Ancienne Alliance. Là, j’aimerais bien l’avis de théologiens compétents

Pneumatis a écrit :Votre distinction entre le meurtre collectif et le rejet collectif est un peu glissante. Pour une raison simple, qui a été assez bien démontrée, c'est que de rejeter Jésus comme Messie conduisait de facto à le considérer comme un blasphémateur, et donc, selon la Loi en vigueur, à vouloir sa mise à mort. J'ai donc de la peine, à moins que le Seigneur justifie là une incohérence, comment Il pourrait ne pas considérer les juifs collectivement responsable de la mort du Christ, mais les considérer collectivement responsable de son rejet.
Mais Pneumatis, vous savez, pour le judaïsme orthodoxe, nous sommes idolâtres et des blasphémateurs. Cela n’a pas changé puisque nous continuons à dire que Jésus est le Fils de Dieu. Et de leur point de vue, ils ont raison ! Donc oui, il y a un rejet collectif du Christ. Bien entendu, il faut quand même dire que si les chrétiens s’étaient mieux comporter au cours des siècles, ce rejet serait peut-être moins virulent. Mais il faut aussi dire que les premiers persécuteurs furent les juifs, et que même dans les siècles qui ont suivi, les juifs ne nourrissaient pas des sentiments très heureux envers les chrétiens. Rappelez-vous du Talmud qui enseigne des immondices sur le Seigneur et Marie.

Donc je maintiens : il y a bien comme un rejet collectif du Messie.

Pneumatis a écrit :Non, c'est juste que ma phrase était formulée de manière ambigüe. Je ne confonds pas l'exode et l'exil. Je prenais l'exemple de l'exode parce que c'est le plus connu et le plus parlant, où Israël est isolé d'un seul bloc, et se retourne d'un seul bloc contre Dieu. Je sous-entends qu'on peut concevoir la relation à Dieu sous cette forme jusqu'à l'exil, mais pas après. Après, il y a dispersion du peuple juif.
Effectivement, je comprends mieux. Je réponds à cela que même si après l’exil à Babylone, le peuple juif n’est plus concentré en Palestine, le centre religieux et cultuel reste Jérusalem. Et la dispersion qui aura lieu après 70 et après 135 fut quasiment totale.

Mais soit, j’accepte votre argument et effectivement, la situation après l’exil n’est plus la même. On ne peut donc dire avec certitude que la chute du Temple soit autre chose que la fin de l’Ancienne Alliance au profit de la Nouvelle.

Pneumatis a écrit :En conclusion, ce que je retiens surtout, par rapport au sujet, c'est ce que nous dit Nostra Aetate :
Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ [13], ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l’Évangile et à l’esprit du Christ.
Je sais qu'une punition n'est pas une malédiction. Mais dire que leur punition dure depuis 2000 ans s'y apparente dangereusement. Quoiqu'il en soit, ce qu'il faut retenir de ce bout de texte, c'est que les juifs ne sont pas réprouvés par Dieu. Or donner une punition qui ne soit consécutive à aucune réprobation me semble impossible. Elle serait non-justifiée. Ce ne serait pas une punition. Et à ma connaissance, il n'y a aucune punition de ce genre dans l'ancien testament. Dieu réprouve d'abord, Il punit ensuite (éventuellement).
Vous marquez un point. Avec cette nuance tout de même que si une punition marque nécessairement la réprobation d’une faute, elle ne marque pas nécessairement la réprobation de celui qui l’a commise. Lorsque Dieu punit son peuple dans l’AT, la réprobation n’est jamais totale.

Bien à vous,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par etienne lorant » ven. 07 déc. 2012, 15:27

Je reviens sur cette intéressante lecture:

Extrait du Premier livre de Samuel, chapitre 4
02 Les Philistins se déployèrent contre Israël, et le combat s'engagea. Dans cette bataille rangée en rase campagne, Israël fut battu par les Philistins, qui leur tuèrent environ quatre mille hommes,
03 et le peuple revint au camp.Les anciens d'Israël dirent alors :
« Pourquoi le Seigneur nous a-t-il fait battre aujourd'hui par les Philistins ? Faisons venir de Silo l'arche de l'Alliance du Seigneur ; qu'elle vienne au milieu de nous, et qu'elle nous sauve de la main de nos ennemis. »
04 Le peuple envoya chercher au sanctuaire de Silo l'arche de l'Alliance du Seigneur des armées, qui siège sur les Kéroubim. Les deux fils du prêtre Éli, Ophni et Phinéès, étaient auprès de l'arche de Dieu.
05 Quand elle arriva au camp, tout Israël poussa une grande acclamation, qui fit résonner la terre.
06 Les Philistins entendirent le bruit et dirent : « Que signifie cette grande acclamation dans le camp des Hébreux ? » Ils comprirent alors que l'arche du Seigneur était arrivée dans le camp.
07 Alors ils eurent peur, car ils se disaient : « Dieu est venu au camp des Hébreux. » Puis ils dirent : « Malheur à nous ! Les choses ont bien changé depuis hier.
08 Malheur à nous ! Qui nous délivrera de la main de ce Dieu puissant ? C'est lui qui a frappé l'Égypte de toutes sortes de calamités.
09 Prenez courage, Philistins, soyez des hommes, pour ne pas être asservis aux Hébreux comme ils vous ont été asservis : soyez des hommes et combattez ! »
10 Les Philistins livrèrent bataille, Israël fut battu et chacun s'enfuit dans sa tente. Ce fut un très grand désastre : en Israël trente mille soldats tombèrent.
11 L'arche de Dieu fut prise, et les deux fils d'Éli furent tués.

La première défaite d'Israël provient du seul fait que les juifs n'ont pas fait confiance à la promesse de Dieu. Ils se sont appuyés sur leurs propres forces et perdent quatre mille hommes. Mais plutôt que de se repentir, de changer de mode de réflexion, ils cherchent à "instrumentaliser" Dieu en plaçant l'Arche d'Alliance au milieu d'eux. Mais la foi, ce n'est pas cela non plus et le résultat est presque dix fois pire : trente mille hommes se font tuer et l'Arche d'Alliance - perte encore plus épouvantable - est désormais entre les mains des ennemis. (Mais la suite montrera qu'elle sera restituée sans combat).
Au total, le défaut de confiance des juifs leur coûte trente-quatre mille hommes - que de lamentations dans les foyers !

Ensuite, les juifs demandent à Samuel un roi afin d'être comme les autres peuples (pour "faire comme tout le monde", en somme). Le Seigneur fait exposer au peuple, par Samuel, ce qu'il leur en coûterait en privations - car les rois se servent sur leur propre peuple pour établir leur renommée, mais les juifs persistent. Et Dieu cède encore: il envoie chercher David. Or, David est le dernier garçon de toute une série de frères plus grands et plus forts que lui - en plus, on le moque parce qu'il est roux. Mais c'est bien lui, le petit David qu'on a envoyé paître les moutons pour mieux l'éloigner - c'est bien lui que Dieu choisit. (Ici encore rien que des leçons à tirer !)

Enfin, vient le temps où Dieu accomplit la promesse qu'il avait faite de livrer à Israël tous les peuples qu'ils rencontreraient dans leur chemin vers la terre promise. La défaite finale des Philistins sera obtenue par UNE mort d'homme obtenue à l'aide d'un seul petit caillou - c'est le récit bien connu

40 David prit son bâton, il choisit dans le torrent cinq cailloux bien ronds et les mit dans une poche de son sac de berger ; puis, la fronde à la main, il marcha vers le Philistin.
41 Le Philistin s'avança, précédé de son porte-bouclier, et arriva près de David.
42 Lorsqu'il le vit, il le regarda avec mépris car c'était un jeune garçon ; il était roux et de belle apparence.
43 Le Philistin lui dit : « Suis-je donc un chien, pour que tu viennes contre moi avec un bâton ? » Et il lui lança une malédiction en invoquant ses dieux.
44 Il dit à David : « Viens ici, que je te donne en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages ! »
45 David lui répondit : « Tu marches contre moi avec l'épée, la lance et le javelot, mais moi, je marche contre toi au nom du Seigneur des armées, le Dieu des troupes d'Israël que tu as insulté.
46 Aujourd'hui le Seigneur va te livrer en mon pouvoir, je vais te tuer, te trancher la tête, donner aujourd'hui même les cadavres de l'armée philistine aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages. Toute la terre saura qu'il y a un Dieu pour Israël,
47 et tous ces gens rassemblés sauront que le Seigneur ne donne la victoire ni par l'épée ni par la lance, mais que le Seigneur combat lui-même, et qu'il vous livre entre nos mains. »
48 Goliath s'était avancé et venait à la rencontre de David. Celui-ci s'élança et courut vers les rangs des ennemis au-devant du Philistin.
49 Il plongea la main dans son sac, et en retira un caillou qu'il lança avec sa fronde. Il atteignit le Philistin au front, le caillou s'y enfonça, et Goliath tomba la face contre terre.
50 Ainsi David triompha avec une fronde et un caillou : quand il frappa le Philistin à mort, il n'avait pas d'épée à la main.
51 David se précipita, et arrivé près du Philistin, il lui prit son épée, qu'il tira du fourreau, et le tua en lui tranchant la tête. Quand les Philistins virent que leur champion était mort, ils prirent la fuite.


Ce que j'ai retenu - personnellement - de cette lecture, c'est que le Seigneur, pour me faire vivre et me donner la Vie, n'attend pas de moi que j'accomplisse de grandes choses. Mais la seule chose qu'Il attend de moi, c'est ma confiance. Cependant, comme je suis toujours un homme pressé, il faudrait que tout m'arrive d'un coup. Et il m'arrive comme aux juifs : je tire des plans sur la comète, je rabâche dans mes prières, je me plains et me lamente... mais cela ne change rien du point de vue de Dieu, qui attend de moi ma confiance. Et le jour où, lassé de subir des revers, je m'abandonne comme un vaincu (c'est-à-dire le jour où je redeviens humble), j'obtiens ce que j'avais demandé et même plus encore. Tant de fois, j'ai pu le vérifier dans ma vie !

Bref, il est VRAIMENT intéressant de lire la Bible !

Note: Tous les textes cités sont de Cy Aelf, Paris la Bible de la Liturgie
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Toto » sam. 17 août 2013, 16:00

Pneumatis a écrit : Mais en effet, parmi les juifs, certains n'ont pas reconnu Jésus comme le Messie. Et je vais vous dire, cela est providentiel, parce que c'est aux générations qui sont issues de ceux-là que les chrétiens ont laissé la charge de l'étude et du témoignage de la première alliance, jamais révoquée par Dieu.
Mais quelle horreur! Jésus a voulu convertir les Juifs à son message, et d'autres à leur suite, comme Saint Pierre, et vous considérez que le refus d'une partie d'entre eux est "providentielle"? Il est évident qu'en tant que catholiques, nous ne pouvons que souhaiter la conversion intégrale de l'humanité au catholicisme, Juifs compris. Et la première alliance, si elle n'a peut-être pas été révoquée, est devenue négligeable au regard de la deuxième.

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Toto » sam. 17 août 2013, 20:02

Comme hors-sujet (ou lecture en diagonale?), on a difficilement fait pire.

Je reprends :
Pneumatis a écrit :parmi les juifs, certains n'ont pas reconnu Jésus comme le Messie. Et je vais vous dire, cela est providentiel
Je qualifie le "cela est providentiel" d'horreur. Autrement dit, on ne peut pas admettre le fait que certaines personnes (juives ou pas, d'ailleurs) refusent de reconnaître Jésus comme le Messie comme étant voulu, ou faisant partie des plans, de la Providence. Au contraire, le dessein de Dieu est que tout le monde se convertisse au catholicisme, comme l'Eglise l'a toujours affirmé (même si certains textes datant d'une cinquantaine d'années ont jeté le trouble et la confusion).

Et vous répondez, en me citant, donc je suppose que vous vouliez répondre à mon texte : "Il n'y a aucune horreur de la part du Christ à vouloir se faire reconnaître comme étant le Messie promis au peuple juif." Ce que personne, et surtout pas moi, n'a prétendu.

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Pneumatis » sam. 17 août 2013, 22:31

Toto a écrit :
Pneumatis a écrit :parmi les juifs, certains n'ont pas reconnu Jésus comme le Messie. Et je vais vous dire, cela est providentiel
Je qualifie le "cela est providentiel" d'horreur. Autrement dit, on ne peut pas admettre le fait que certaines personnes (juives ou pas, d'ailleurs) refusent de reconnaître Jésus comme le Messie comme étant voulu, ou faisant partie des plans, de la Providence. Au contraire, le dessein de Dieu est que tout le monde se convertisse au catholicisme, comme l'Eglise l'a toujours affirmé (même si certains textes datant d'une cinquantaine d'années ont jeté le trouble et la confusion).
Cher Toto,

Dans la religion catholique, nous qualifions de Providentiel ce qui est dû à l'action de la Providence, ce qui, dit autrement et comme vous le dites bien vous-même, fait partie du plan divin. Ce qu'enseigne l'Eglise depuis au moins saint Paul, et non pas depuis cinquante ans seulement, c'est que nous sommes dans ce que, dans le jargon de l'eschatologie chrétienne, nous appelons le "temps des païens", c'est-à-dire un temps prévu par Dieu pour la conversion des nations à la foi au Christ ressuscité, pour faire court. Durant ce "temps des païens" il n'est nullement question de faire de prosélytisme envers nos frères juifs, pour qui nous avons certes le désir qu'ils reconnaissent Jésus comme le Messie, mais pour qui également Dieu a réservé un temps pour eux, dans la fin des temps.

Saint Bernard de Clairvaux, par exemple, l'enseignait déjà. Et comme je vous le disais, pour que cela ne fasse aucune ambiguïté sur la rigueur doctrinale du saint en question, saint Paul l'enseignait déjà aux pagano-chrétiens de Rome :

Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob. (Rm 11, 25-26)

Je vous laisse méditer sur cet enseignement de saint Paul qui, vous l'aurez remarqué, à ces chrétiens venus du paganisme qui avaient en horreur la circoncision et tout ce qui relevait du rite juif, enseigne de ne pas se complaire dans sa propre sagesse. Je me permets également de vous recommander de faire ce chemin d'Emmaüs avec Jésus, qui consiste à se laisser ouvrir l'esprit à l'intelligence des Ecritures, la Torah, les Prophètes et les Ecrits, pour comprendre, car c'est nécessaire, ce qui le concerne dedans - plutôt qu'à négliger cette révélation divine comme vous semblez vous accorder le droit de le faire, sans qu'a priori aucun, mais strictement aucun enseignement de la Tradition ne vous guide sur cette voie (pas à ma connaissance, en tout cas).

Et de méditer à cette occasion sur cette question : comment bien comprendre la révélation transmise par les évangélistes, qui étaient juifs et parlaient en juifs, porteurs qu'ils étaient de toute la tradition de leur temps, leur rhétorique comme les commentaires et débats de l'époque, et surtout les allusions et références nombreuses à la Torah, aux Prophètes et aux Ecrits, qui était leur langage et leur référence commune ?

Je peux formuler la question autrement, avec un exemple que j'ai plus particulièrement étudié : comment voulez-vous comprendre le sens de la prière du Notre Père sans une bonne connaissance des Ecritures, de celles qui vous parlent du Sanctuaire et du Grand Prêtre, de la Manne, de Massa ?

Je sais bien que tout le monde n'attache pas forcément une importance cruciale au fait de comprendre, mais il me semble pourtant que c'est quelque chose qui tient au coeur du Seigneur de nous faire entrer dans l'intelligence de sa révélation.

Bien à vous
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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Suliko » dim. 18 août 2013, 11:31

Bonjour Pneumatis,

Je crois que vous aussi répondez un peu à côté. En effet, il ne me semble pas que Toto néglige l'importance de l'Ancien Testament et de son étude. Ce qu'il reproche à certains, c'est de penser que nous ne devons pas essayer de convertir les Juifs. Or, pour prouver qu'il se trompe, vous citez du Saint Bernard et finissez par écrire qu'il ne doit pas y avoir de prosélytisme envers les Juifs. Mais Saint Bernard n'écrit pas tout à fait cela! Il constate simplement qu'une partie des Juifs n'a pas reconnu le Messie, mais qu'à la fin des temps, les Juifs reconnaitront le Messie et se convertiront, et donc seront sauvés. C'est certes un enseignement qui ne date pas du dernier concile, mais ce n'est pas pour autant que vous pouvez écrire que le prosélytisme doit être proscrit envers les Juifs. Nous devons toujours présenter la bonne Parole aux Juifs, comme l'ont fait Paul, Pierre, etc...Ce que nous savons, c'est que tous ne se convertiront pas (les endurcis dont parle Saint Bernard). Mais cela n'est pas une raison valable pour ne pas évangéliser....Pour résumer : le lien logique entre "les Juifs reconnaitront le Messie à la fin des temps" et "il ne faut pas évangéliser les Juifs" n'est pas si évident que vous le pensez!
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Pneumatis » mer. 02 oct. 2013, 21:24

Bonsoir,

Je signale à ceux que cela pourrait intéresser, une base de réflexion sur la théologie du judaïsme : Révision de la théologie chrétienne du judaïsme, et ma critique (en commentaire à la suite du résumé).

J'invite aussi ceux qui s'intéressent à ce sujet à lire l'excellent ouvrage du rabbin Daniel Boyarin "Le Christ juif", traduit de l'anglais par le jésuite Marc Rastoin, spécialiste du judaïsme, et préfacé avec enthousiasme par le cardinal Barbarin.
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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Jeremie-Daniel » jeu. 24 oct. 2013, 21:43

Mais 1500 ans après non seulement les juifs actuels ne sont que douteusement les descendants des tribus juives de l'Ancien Testament - ce que les antisémites ne comprennent pas - mais la religion rabbinique contemporaine n'est certainement pas la plus à même de nous parler du judaisme d'il y a deux mille ans.
Bonjour,

ce que vous dites ci-dessus est hautement discutable. Les Juifs d'aujourd'hui comme les pharisiens d'il y a deux mille ans , restent attachés a la loi (Mosaïque). Quant aux juifs d'aujourd'hui il en va de même : bien que dispersés dans le monde ("Votre maison vous est laissée déserte" leur dit le seigneur) ils sont restés d'une certaine façon unis par cette loi Mosaïque.

Le fait que dispersés ils soient restés unis et qu'ils aient commencé a retrouver leur terre (La seule que Dieu a donné a un peuple) procède de la volonté divine : Les juifs ont étés rejeté (momentanément) comme peuple pour cause de rejet du Messie...Mais n'oublions pas qu'ils doivent revenir sur leur terre que Dieu leur a donné en possession perpétuelle et qu'ils doivent voir "celui qu'ils ont percé".

En d'autres termes il convient de distinguer les agissements du gouvernement actuel d’Israël de ceux du Peuple d’Israël.

Amos 9 : 14 , 15
"Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israel. Ils rebâtiront les villes dévastées et y habiteront, Ils planteront des vignes et en boiront le vin, Ils établiront des jardins et en mangerons les fruits , Je les planterai dans leur pays et ils ne seront plus arrachés du pays que je leur ai donné dit l’Éternel ton Dieu"

La parole d'Amos est claire : elle s'accomplit depuis près d'un siècle , depuis la déclaration Balfour sous nos yeux.
Et ce texte ne peut s'appliquer au passé car les juifs avaient de nouveau été arrachés de leur terre.

Bien amicalement.

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