-charly-y a écrit : ↑sam. 09 déc. 2023, 10:59
Pensez vous que la mort soit un mal en soi? (Cette question n'a pas pour but de juger mais seulement de compléter l'échange entre nous)
La doctrine catholique considère que la mort est la conséquence du péché originel, donc la conséquence d’un mal, mais non un mal en soi.
Dans la mesure au contraire où elle limite (du moins permet de limiter, et même s’il aurait pu y avoir un autre moyen) ces conséquences à la (relativement) courte vie d’ici-bas, elle est un bien.
C’est d’ailleurs le sens à retenir, dans le livre de la Genèse, de la garde de l’Eden par des chérubins et de cette flamme d'un glaive fulgurant : un signe de bonté, et non de châtiment.
Dans une vision outrageusement optimiste (car allant jusqu’à considérer que la Rédemption opérée par le Christ aurait dû effacer toutes les conséquences du péché, ce qui n’est vrai qu’en promesse et qui correspond à l’Espérance chrétienne) la mort peut être vue comme un mal si l’imagination la rapporte à l’instant présent qu’elle gâcherait (oublions qu'elle peut signer aussi la fin d'une souffrance insupportable et devenir occasionnellement désirable), à l’obligation d’avoir la foi pour être sauvé - ce qui serait presque une idée d’incroyant, du moins de celui qui se croit dépourvu de la grâce et sinon donc moins optimiste que craintive, d’une crainte qui va à l’envers de la légitime « crainte de Dieu » qui assure au contraire et galvanise l’emploi des « méthodes » de salut.
Il est ensuite toujours possible, même pour un chrétien, de s’en faire une idée personnelle et sentimentale qui ne corresponde pas tout à fait à la doctrine et qui peut se compliquer de psychologie ou de fausse philosophie.
S'il est très improbable qu'un incroyant puisse vouloir "vivre encore" es espérant que la grâce lui advienne et le "sélectionne" (ce serait une forme de perversion car il devrait avoir la lucidité de comprendre que cet espoir est suffisant, est déjà la grâce, un peu comme Simone Weil refusa le baptême ), il l'est moins qu'un croyant veuille mourir pour "voir" Dieu, ou vivre encore pour "faire encore du bien sur la terre" (on en ferait plus au ciel, selon la doctrine qui suppose la foi), plutôt vivre encore pour acquérir "plus" de mérites mais n'est-ce pas orgueilleux sachant que ce sera aussi commettre d'autres péchés qui offensent Dieu !
L'abus de ces considérations parfois outrées se tient dans la vie, qui en est l'arbitre, la vie tout court que l'on veut prolonger pour autant que l'on sache ce qu'elle est, donc qu'elle soit présente, un petit morceau de vie suffit pour nous permettre d'endurer parfois de grandes souffrances - le suicide aussi fréquent soit-il tient plus souvent à d'autres motifs plus moraux.
Or qui est l'auteur de la vie ? La mort n'interrompt pas la vie, sinon pour nous et sans métaphysique (fort spéculative) ou Révélation, laquelle nous dit qu'elle interrompt une certaine vie qui a perdu toutes ses virtualités à cause du péché et pour lui permettre de les recouvrer - par la Résurrection.
Résurrection dont le concept dépasse par sa réalisation et son caractère concret apporté par un certain Jésus, celui de la transmigration des âmes.
Même le croyant manque souvent pour ne pas dire presque toujours de foi… et la foi peut aussi parfois ou fréquemment servir à occulter la réalité.
L’équilibre parfait de la doctrine peut représenter une tentation provisoire et donner des idées de s’en affranchir pour qui se sait imparfait, afin de s’équilibrer ainsi « avec ses péchés » au lieu de les confier et de s’en remettre au pardon de Dieu.
L'athéisme n'a pas le monopole de l'enflure de l'ego : avoir la foi n'empêche hélas pas de s'en servir à cet égard comme d'une pompe à vélo.