Le Dessein de Dieu dans nos vies

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etienne lorant
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Le Dessein de Dieu dans nos vies

Message non lu par etienne lorant » jeu. 10 déc. 2009, 17:40

Le Seigneur peut changer nos vies comme Il veut et quand Il le veut - et ce n'est pas pour notre malheur, bien au contraire, car Il ne peut vouloir que notre bien. Cependant, nous-mêmes qui avons le sentiment de "subir" ces changements, nous ne voyons que le pire. Comme les disciples dans la barque qui criaient: "Seigneur, nous périssons et cela ne te fait rien". Souvenez-vous : ils se font reprendre par Jésus qui leur demande "Où est votre foi ?"

Dans ma petite existence, j'ai eu mes orientations véritablement "cassées" plusieurs fois. Cela a commencé au collège: j'ai dû quitter un collège tenu par des Capucins, où j'étais bien, grandissant selon goûts et mes capacités, et je suis passé dans un collège de Jésuites, réputé pour la fermeté de la discipline et aussi les résultats des étudiants dans les carrières universitaires. Je suis passé des champs à la ville, de trois cents élèves d'un côté à huit cents de l'autre, de 75 % dans toutes les branches d'un côté, à 48% de l'autre. Je suis passé de l'enseignement selon la qualité de l'élève à celui selon la qualité des parents de l'élève. C'est d'ailleurs à ce moment-là que j'ai quitté l'Eglise car, avec ma sensibilité de poète (oui, j'écrivais et je jetais tout !) tout cela me paraissait plus l'enfer que la religion... mais çà, c'est "l'autre" témoignage.

J'ai terminé ces études en enfournant des matières, comme si je participais à un concours de "kilos de saucisses" à avaler. Beaucoup s'étonnaient, à la maison ou au réfectoire, de venir manger avec un livre de classe ou d'autres notes, car je voulais gagner contre tous et je n'arrêtais jamais d'étudier. J'avais la haine dans le cœur et dans ma petite chambre, j'avais mis au mur, pour toute décoration, la photo d’un « Marine » américain sautant de son trou de fusilier au moment de l’assaut : chaque matin, je me réveillais d’un bond, car j’étais en guerre.
De petite taille, binoclard et fils de prof, j’ai vite appris le stoïcisme : coup de genoux dans les cuisses au moment de l’appel, coups de règles en salle d’études, on urinait sur mes affaires, me poursuivait dans la grande cour (mais je grimpais sur les toits) et j’ai failli me noyer au bassin de natation lorsque l’on m’a poussé en eau profonde. J’ai terminé ma Rhétorique avec les 75 % que j’avais voulu regagner.

Je me suis retrouvé à l’université. Ouf, une chance d’être plus libre ? Mais mon vieux père ne voulait pas que j’étudie en Philologie Romane et Littérature, malgré mes 80 % en français et latin. Il m’avait mis en Ingénieur commercial. L’année d’après, il m’envoya suivre une formation typiquement commerciale, mais de niveau non-universitaire. Je passai la première année en évitant de me retrouver comme au collège dans une classe de trente et en étudiant sur les notes des autres. C’est à cette époque que j’eus mes vingt ans et une dépression
(à laquelle je n’ai rien compris – j’avais de l’énergie à revendre). Deux années perdues… le dernier jour, je voyais les filles pleurer et elles me disaient : « Toi, naturellement, tu t’en fous, tu te moques de tout ! »… En réalité, ce n’était plus tout à fait le cas, j’avais été amoureux une première fois, mais c’est vrai que j’ai répondu : « Pourquoi voulez-vous que je verse une larme ? Je n’ai jamais voulu être ici ! »

J’ai rapidement trouvé du travail au sein du Service des Travaux de la Ville. Là, j’avais un bel avenir devant moi… MAIS ma dispense du service d’armée me fut refusée et je me suis retrouvé… comme au collège, car la caserne, c’était le collège – en un peu plus méchant, parfois. J’étais très aguerri à toutes sortes de choses, mais je ne m’attendais tout de même pas à ce qu’un stupide caporal, en faisant valoir son grade, m’oblige à prendre ma voiture, un soir où j’étais de garde, pour aller acheter des bières en quittant la caserne. A peine avais-je quitté l’embranchement de route qui menait à la caserne que ma voiture a dérapé et percuté un véhicule venant en sens inverse. Miracle que je ne sois pas mort ce jour là ! Mais les conséquences m’apparurent très vite : « Abandon de poste armé, privation de congés, envoi en Allemagne dans la caserne jouxtant l’enceinte du tribunal militaire »… Désespéré cette fois, je m’en pris à Dieu (car j’avais recommencé à prier) pour lui dire : « Je vois bien que Tu te moques complètement des petits et des faibles, peut t’importe ma vie, et d’ailleurs Tu l’as fait bien voir à ton propre Fils ! »… mais je ne pensais pas un mot de ce que je disais… ma recherche sur la « cause profonde de l’existence malheureuse de l’homme était en route.

Dans cette caserne, je menai ma petite révolution comme j’avais fait au collège. Je tapai à la machine et distribuai un « tract » sur dix façons différentes de mourir au combat (assez affreuses, les façons… l’éclat de grenade au phosphore dans la gorge, etc). Ma cible principale était les volontaires de carrière, car je les avais surpris en train de lire de ces petites bandes dessinées noir et blanc dans lesquelles les bons triomphaient toujours de quelques coups de révolver et avaient droit au « repos du guerrier ». Las, je me fis me prendre et aussitôt je comparus devant un Lieutenant-Colonnel qui devait m’envoyer dans un bataillon disciplinaire – d’où, me dit-il, je m’évaderai le premier jour et deviendrai déserteur, promis à la prison.

Mais cet homme était catholique et il me sauva. Ma vie changea. Elle redevint une vie.

Ma conversion, aussi intense qu’avaient été ma douleur de vivre, eut lieu près de trois ans plus tard.

Depuis lors, plusieurs fois encore, mon existence fut « cassée ». Mais j’eus confiance. J’ai raconté comment je fus injustement traîné en justice et renvoyé acquitté (au bout de trois ans d’instruction) puisque je n’avais même pas été mis « en examen ». Le Seigneur me montra ensuite que j’étais en passe de devenir un « faiseur d’argent », ce qui était contraire à Son dessein. Lors de ma conversion, j’avais aussi fait vœu de chasteté… mais je tombai amoureux une dernière fois, d’une « femme » qui était si « pauvre » (voir Léon Bloy) qu’elle faillit aussi me faire perdre ma boutique. Mais le résultat final fut que je m’abandonnai plus encore à la volonté du Père (« Je pouvais faire en sorte qu’elle revienne vers toi, mon enfant, mais Dieu n’a pas le pouvoir de se faire aimer de quiconque. ») En 2003, ma boutique dût fermer et je n’obtins aucune compensation financière durant le temps du chantier : je fis de petits travaux d’écrivain public, de correcteur en langues modernes, mais sans le soutien de mes parents, qui me permirent de me reloger, qui sait si je ne serais pas à la rue aujourd’hui ?

Mon magasin rouvrit en mars 2004. Entre-temps, je m’étais inscrit à la formation de la Congrégation ND de la miséricorde, mais là encore, étant quelque peu rétif, je me brisai un orteil dans la nuit du premier janvier. Le Seigneur permit cela parce que je n’avais pas fait retraite pour décider si je franchissais le pas. (Cette fois-là encore : « Mon Dieu, franchement, comme si je n’avais pas eu assez d’ennuis ! ») Mais un orteil cassé, çà fait mal, on reste claudiquer pendant trois mois… c’est-à-dire le temps que les travaux s’achèvent, que je commence à m’impliquer et que je sois délivré de ma tabagie.

Je ne pus tout de suite quitter la maison de mes parents car il y avait toute ma clientèle à rattraper. Puis… je sentis un « devoir de reconnaissance » et je demeurai jusqu’au décès de mon père… et finalement j’entretiens la maison, la boutique, l’argent de ma mère, tout le tutim.

Mais que s’est-il passé le 8 avril 2008, la veille du décès de mon père ? Christophe pourra le confirmer : c’est le jour de mon premier message sur le forum.

Tout ce long témoignage pour dire à ceux et celles qui craignent le pire : il faut avoir confiance envers et contre tout. Si l’apôtre Paul déclare : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi », c’est que s’il croit au Christ, le Christ l’habite et s’occupe de tous ses besoins.

Confiance ! Confiance ! Confiance !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

MB
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Re: Le Dessein de Dieu dans nos vies

Message non lu par MB » ven. 11 déc. 2009, 11:28

Cher Etienne Lorant,

Votre témoignage prend à la gorge.
Voilà qui donne envie de rester debout !

Amicalement
MB

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Re: Le Dessein de Dieu dans nos vies

Message non lu par votre intention » mer. 07 juil. 2010, 16:26

nous la portons dans la prière...tout se passera bien au domaine
bon anniversaire et en union

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mosted
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Re: Le Dessein de Dieu dans nos vies

Message non lu par mosted » jeu. 16 sept. 2010, 21:18

Superbe témoignage.

J'ai adoré la phrase :
Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi

Bravo :)
Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. (Matthieu 23.12)
Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. (Marc 2.17)

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Aldous
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Re: Le Dessein de Dieu dans nos vies

Message non lu par Aldous » ven. 17 sept. 2010, 10:09

Ayant traversé tout cela, vous avez gardé votre sensibilité de poète. Vous avez bien fait!
:toast:

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