Témoignage, par Bardamu

[bardamu]

« DIS SEULEMENT UNE PAROLE… »

(« Ça a débuté comme ça… »)
En 1999, le mécréant que j’étais, divorcé civil, vivant seul avec son fils, rencontre Elisabeth, catholique pratiquante et engagée… Je n’ai, pour bagage chrétien, que mon baptême quelque deux mois après ma naissance et Dieu est pour moi une espèce de laborantin qui expérimente de nouveaux concepts en vue d’un projet bien meilleurs : aucun doute, nous sommes le brouillon d’une autre planète.
De nombreux cathos, sympathiques mais dont je ne cherche guère l’amitié, gravitent autour de nous. Les réunions de paroisse, de plus en plus fréquentes, me hérissent un peu le poil ; je respecte les opinions et les engagements de ma compagne mais ressentir que l’Eglise prend le pas sur mon « humble » personne ne manque pas de me braquer – le mot est faible. Cela dit, nos valeurs se rejoignent sur de nombreux points ; je suis, paraît-il un chrétien qui s’ignore ? bon allez d’accord : je m’essaie à la messe. Pas longtemps. Les gens sont gentils avec moi, prévenants, accueillants, peu regardants à ma gaucherie… mais je me sens là-bas comme un usurpateur.
Et ce jusqu’en 2002 où, « par curiosité », je me risque à lire les quatre Evangiles, un peu comme un roman. Là, force fut de constater combien ma seule ignorance aura servi mes opinions bancales et mes jugements faciles sur la Foi, l’Eglise et les Cathos.
Je ressors plutôt troublé de ces pages, notamment avec les Ouvriers de la onzième heure (Mt 20), premier texte à me toucher profondément. Je me rappelle parfaitement l’avoir lu, relu, re-relu totalement stupéfait de ma découverte : « ainsi donc, voilà Dieu… ! »
D’autres textes, bien-sûr, me marquèrent intensément : le Jugement Dernier (Mt 25, 31-46), l’épisode du Jeune Homme Riche, la Passion chez Jean ou encore ce verset de Luc (6, 38) : « (…) car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous. », véritable mise en garde quant à ma façon d’être vis-à-vis de mes contemporains.

Pourtant, malgré ces « coups de semonce », je n’allai pas plus avant.
Mais il faut croire que les Evangiles, eux, continuèrent leur travail clandestin car en 2006, le baptême de ma fille aînée Mathilde (pour lequel je freinais des quatre fers à cause de deux très mauvaises expériences dont j’aurai certainement l’occasion de reparler), n’aura fait qu’ajouter à mon trouble. Durant la messe de sacrement le gentil prêtre a pour moi des mots d’une douceur infinie ; cela me bouleverse. Même les amis athées que nous avions invité ont, selon leurs termes, ressenti « quelque chose » ! !
Ma fille, qui a alors 4 ans, chante tout le temps « dans ton Amour, pitié pour moi », « le seigneur est mon berger » et bien d’autres choses qui « catéchisent » ainsi ma vie. Chaque jour à la maison est un nouveau dimanche.
Je lis aussi quelques livres à cette époque, dont « Pourquoi donc être chrétien » de Timothy Radcliffe avec lequel je me sens bien ; j’apprends laborieusement le Notre Père en me demandant bien ce que je vais bien pouvoir faire d’une tirade pareille – je me sens complètement idiot !

Puis, peu après Pâques 2008, je vis une semaine étrange : je ne parviens qu’avec grand peine à m’endormir, je pense sans cesse à Jésus ; Jésus disant ceci, Jésus faisant cela… les apôtres, la Samaritaine, la Croix… et je me réveille deux, trois fois par nuit, avec toujours ces mêmes pensées… le matin, je me lève, épuisé, avec en tête un Christ dont je ne comprends absolument pas la présence harcelante…toute la journée, Jésus me préoccupe…pas un jour ne passe sans que mes yeux ou mon esprit visualisent ceci : « dis seulement une parole et je serai guéri »…. dis seulement une parole et je serai guéri »….je pleure…ma vie est moche…je ne comprends pas ce qui m’arrive.
Lorsqu’un peu à bout, je confie enfin mes soucis existentiels, mes tourments nocturnes, bref, mon contentieux avec ce Fils de Dieu un peu encombrant, eh bien c’est là, à ce moment précis : dès que résonna de la voix même d’Elisabeth le mot « confirmation », Dieu m’a retourné comme une crêpe. Je ne m’explique toujours pas pourquoi.
La Lumière s’est faite, simplement, incroyablement, intensément. Ce simple mot (elle dût m’en donner la signification car il ne me parlait en rien) me révélait à moi-même ce désir encore ignoré de dire OUI à Dieu.
Dieu venait de me saisir.
Puis porter, transporter…j’ai connu alors une joie et une force totalement indestructibles qui m’accompagnaient constamment. Pour le coup je ne parvenais plus à dormir, mais j’étais « plein » de mes projets, de ce souffle toujours un peu planant autour de moi, de mon désir véritablement ardent de marcher dans les voies de Dieu.
Mais cette joie nouvelle de Croire me fait alors le même effet qu’une belle chambre à air de vélo : « et si ça ne fonctionnait plus », « et si je Le décevais par mon manque de prière, ou d’attention aux autres », « et s’Il se désintéressait de moi », « et s’Il ne m’aimait plus »…on est en pleine confiance, et puis là, soudain, cette horrible impression qu’il y a des trous minuscules partout, que tout va se dégonfler inexorablement, où comme ça d’un coup, au moindre petit caillou sur la route, voire pour rien, parce qu’il y a erreur sur le dossard, parce qu’on n’en vaut pas la peine…voilà de quoi plonger quelques jours dans une bonne petite déprime. Etrange et si triste sensation que de ne plus sentir cette présence en soi, autour de soi.
Avec le temps, j’ai appris à « comprendre » que Dieu aime ; qu’il donne tout, et ne reprend pas.Je vis plus sereinement les moments un peu flop ; le lien par la Parole, le lien par Marie, aussi, me relèvent de ces absences qui ne veulent plus dire « abandon.

Après quelques mois de préparation avec mon accompagnatrice et cette lettre de motivation (j’en ai vu !) à Monseigneur Minnerath, se profile le jour tant attendu de ma confirmation ce 30 mai

Voilà.
Il y a encore un an de cela, Dieu n’était pas dans ma vie – du moins n’attendais-je certainement rien de Lui.
Aujourd’hui, le petit format de « Prions en Eglise » a trouvé sa Très-Juste-Place sur la tablette de la salle de bain et sa lecture, parfois très matinale, est devenue le point de départ de toutes mes journées.
Cet appel, cette soif ne cessent de m’émerveiller.

[coeurderoy]

Merci à vous ! la fraîcheur, la beauté, la grâce de ces moments où "Il prend les commandes" en nous faisant sentir qu'Il n'est que tact, douceur et que nous pouvons pourtant Lui tourner le dos ou même Lui...rire au nez m'a rappelé une bien belle période (de ma jeunesse car j'avais 19 ans et ne voulais plus "en entendre parler"...).
Cap sur la Vraie Vie ! celle qu'Il veut nous donner en Abondance !
In Christo !

[gerardh]

__________

Bonjour Bardamu,

Merci pour ce témoignage très édifiant.


_________

[zélie]

Ma-gni-fi-que!
Merci infiniment Bardamu de cet intense témoignage, donné avec générosité, et qui nous permet à nous de nous aider à nous situer, à regarder notre propre cheminement. Je crois qu'on ne dira jamais assez combien livrer cela demande un bel effort, et combien ce type de témoignage est guide et repos de l'âme pour les lecteurs. Mais en osant donner cela vous permettez à d'autres de continuer à grimper un pas de plus sur la montagne difficile et d'aller à une halte de plus...






Yes!!! Et encore un de gagné ! Hein qu'il est fort le Jésus dont tout le monde se moque tant qu'on ne le connaît pas!

[SweetieLoLy]

merci..que vos temoignages sont magnifiques...