La prière comme puits de lumière

[christiane]

Merci, Etienne, pour ce beau cri du coeur.

Vois-tu, dimanche dernier je n'ai pas pu suivre la messe. En effet, notre supermarché ouvrait le dimanche et nous avions dix euros de réduction valables seulement ce jour là. Mais, j'ai vraiment été malheureuse et j'espère, de tout coeur, que l'ouverture des magasins ne se généralisera pas le dimanche !

Bien sûr, nous aurions pu aller en courses l'après-midi mais Henri devait réparer son garage et nous n'avions vraiment plus rien à manger de correct pour midi.

Tu sais, tu as une chance inouïe de pouvoir COMMUNIER chaque jour. Et je vois que tu sais très bien quelles forces t'apporte l'Eucharistie.

Christiane

[etienne lorant]

Réveillé vers trois heures du matin, j'ai vainement essayé de me m'endormir de nouveau, je me suis retourné quatre ou cinq fois, j'ai avalé une aspirine avec de la codéine et finalement, à quatre heures, je me suis mis à prier. Je me suis levé, j'ai passé un peignoir, j'ai commencé à laver la vaisselle, à trier mon linge, puis, de fil en aiguille, je me suis lavé, puis habillé complètement, j'ai rempli des documents pour la mutuelle, j'ai préparé un colis pour une amie. Vers 6 heures, j'ai commencé à m'intéresser au tableau du salon, souvenir de mariage de mes parents. Dans la journée d'hier, ma mère avait exprimé le désir de le voir décorer un des murs de sa chambre, dans la maison de repos. Je l'ai donc décroché, puis nettoyé avec un chiffon humide. Ensuite, j'ai songé aux rangements que j'ai prévus dans la boutique: il me fallait une nouvelle caisse pour le choix (en grande hausse) de bandes dessinées à la boutique. Je l'ai trouvée au grenier et je l'ai lavée. Tout ce temps, j'ai pu prier sans aucune entrave intérieure et j'ai noté trente dizaines. Enfin, j'ai écrit une carte de voeux, j'ai sorti la voiture pour aller communier, je me suis rendu au hôme et j'ai posé le tableau à l'endroit désiré. A 9h30, j'ai ouvert la boutique et j'ai poursuivi ma prière, mais je n'ai plus compté.

Globalement, je ne me plains pas de la crise dont tout le monde se plaint. En fait, je devrais dire: la crise dont tous les média font écho, mais dont je ne vois pas les signes dans mon quotidien. Lors de la précédente récession, j'avais vu effectivement se multiplier le nombre des sans-abris, il y avait eu des vols à l'étalage, des bagarres dans les rues le soir, de nombreuses manifestations... mais rien de tout cela pour l'instant. Il semble que le grand "remue-ménage" se déroule à un niveau supérieur.

Ce qu'il me semble, à moi, c'est que le marché est obligé de se réguler et que les individus deviennent plus raisonnables dans leurs dépenses (en tout cas en biens de loisirs).
Je m'explique: il n'y a plus, en livres d'occasion, de ces "surplus bizarres" de production qu'on retrouvait systématiquement sur les marchés aux puces; dans mon passage de galerie, rares les étudiants qui traînent sur l'heure du midi (ou qui abandonnent leurs tartines dans les papiers alu); pas de fumeurs de "joints", pas de chahut, les trains et les bus partent à l'heure dite, les policiers de rue circulent (je ne les avais pus vus depuis deux ans); on parle moins et l'on travaille plus. Mon chiffre d'affaire est stable. Ce qui m'a le plus surpris, c'est une demande pour "les sermons de Bossuet"... que j'aimerais bien retrouver moi-même ! Mais j'ai eu une très belle pièce: les mémoires de Benvenuto Cellini, un artiste aventurier du début de la renaissance. Une pièce très rare en édition numérotée... je ne sais pas du tout à quel prix mettre en vente ce bel ouvrage.

Bref, en ce qui me concerne, si la faillite de gros "boursicoteurs" a pour résultat la baisse de beaucoup des biens de première nécessité, en quoi c'est une crise ? Le prix de l'essence baisse, et j'ai vu dans ma rue un appartement de trois pièces avec grenier, mis à louer 400 euros... il y a six mois, c'eût été 700 ou rien ! Les discours sont moins revendicatifs qu'il y a un an, et les ennemis d'hier reviennent sur leurs discours. Quant à moi, j'envisage de poser des panneaux solaires sur le mur de trois étages qui donne sur mon jardin - encore une prime à l'économie d'énergie et des impôts en moins !

Au bilan, la prière aura rythmé ma journée et la journée a été bonne. Très tranquille. Ce midi, j'ai consommé un "riz cantonnais" accompagné d'une soupe "Wan-Tan" - rien de gras là-dedans. Je vais bien. Je suis même joyeux, que demander de plus ? Il faut savoir se réjouir du jour que Dieu donne...

[etienne lorant]

J'ai été fasciné par cette remarque fine et très bien observée que fait Julien Green à partir d'un mot de Jean Chrysostome qui, à la fin d'une longue phrase, avait posé: "Car Dieu est simple". "Cette courte parenthèse, écrit JG, m'est restée dans l'esprit toute la journée. Je sais bien que cela ne veut pas dire simple comme nous l'entendons d'ordinaire, mais cela veut dire cela, malgré tout, et aller vers Lui, c'est retrouver la simplicité originelle. Nous, avec nos péchés, nous ne sommes pas simples, nous sommes même très compliqués et c'est le péché qui complique tout, qui paralyse l'amour. Car quand nous voulons aller à Dieu, il y a toujours des non, parce que formidables qui se dressent sur la route.

Je peux ajouter que j'ai déjà été fin connaisseur de ces refus justifiés "formidablement" de plier le genou et d'accepter ma propre condition ! Mais le plus souvent, c'est à la prière que je les ai rencontrés... C'est, bien sûr, que mon ego sent très bien où la prière va me conduire, à quelles acceptations auxquelles je m'étais refusé jusque là. Il y a combat, il y a lutte, c'est dur ! Or, après coup (aujourd'hui, après une nuit sans sommeil), c'est plus simple, oui, c'est le mot juste. C'est même le plus gai. C'est ce qu'autrefois les livres appelaient la "résignation", un mot qui a été gommé depuis, mais qui disait bien que "se résigner" ce n'est pas accepter une défaite, mais c'est un détachement libérateur qui nous rapproche de Dieu. C'est aimer "à travers", c'est savoir que le soleil luit en dépit des nuages qui le cachent, et se réjouir de cette connaissance...

[etienne lorant]

Cette journée de giboulées m'a plongé dans un état d'ennui... qui pouvait déjà se deviner rien qu'à mon commentaire d'évangile: il m'a fallu transpirer de longues minutes pour trouver quelque chose à écrire. Mais je déteste l'ennui et je considère que c'est l'état qui convient le mieux à la condition de celui qui est paresseux - or, pas question de tomber dans cet état alors que Pâques est déjà en vue ! Et donc, je me bats, je m'occupe, je travaille, même si je n'en ai aucun goût. Il faut reconnaître que cela nécessite deux fois plus d'attention qu'à l'ordinaire ! Tant pis, c'est préférable à marcher en rond, ou chercher de la distraction au hasard sur le net ! J'ai donc passé six annonces sur mon site de vente, j'ai rangé une partie de mon étalage en vue des travaux d'installation de la climatisation. Le message que je suis en train de rédiger m'a pris dix minutes plutôt qu'une d'habitude et ensuite, lorsque je l'aurai posté, j'irai réciter une dizaine de chapelet dans le passage de galerie. Il est 15h13 et je veille...

[etienne lorant]

Samedi dernier, vers 18 h, peu avant la fermeture, j'ai vu entrer dans la boutique un homme d'une cinquantaine d'années, prénommé Yves, que j'avais déjà rencontré ailleurs et qui m'avait montré, d'un air de bravade, une grande cicatrice sur le torse, comme une blessure de guerre à l'occasion d'une opération importante. Mais cette fois, il était ivre au point de légèrement sautiller - "chalouper" , allais-je dire, d'un pied sur l'autre. Il tenait à la main un petit pain de mie découpé ainsi qu'un un lot de saucisses de Francfort préemballées dans un étui aluminium. Il m'a seulement lancé "J'ai b'soin d'un sac !" et aussitôt, il a fait main basse sur un large plastique à deux anses munis de renforts portant la marque d'un supermarché. J'avais moi-même besoin de ce sac et j'étais sur le point de lui lancer: "Dis donc, tu as la main facile avec les objets des autres !", mais au regard qu'il m'a lancé, j'ai compris que cela ne servait à rien. C'était un regard noir, désespéré, proche de la démence. J'ai compris aussitôt: voici un homme qui va mourir et qui le sait. C'était aussi clair que s'il m'avait rapporté sa maladie sur le ton de la confidence... Mais je n'ai pas eu le temps de m'inquiéter de rien qu'il s'était détourné, reprenant sa marche de canard boiteux, à peu près dans la direction de la sortie. J'ai noté qu'il avait broyé la moitié de son pain en voulant le faire pénétré de force dans le sachet de plastique, alors que l'ouvrir, en temps normal - en temps de sobriété, est un jeu d'enfant.

Au cours de la même soirée, j'ai eu des nouvelles de Christophe, l'ami athée qui aurait bien voulu me convaincre que Dieu n'existe pas. Nous aurons bavardé pendant cinq ans, tous les mercredis, à ce sujet. Mais Christophe s'est arrêté le jour de l'article de Science et Vie rapportant que l'univers d'avant le Big Bang ressemblait à un "vide rempli d'énergie"...
ce qui m'avait fait rire, tant il m'est plus simple de croire en Dieu plutôt qu'en un vide plein d'un d'énergie ("Ou bien est-ce la même chose ?").

Les débats sur l'existence de Dieu ont cessé car Christophe arrive lui aussi est en bout de course... mais aussi parce que sa propre fille, Ségolène, huit ans, est venue un jour prier sur la tombe de son grand-père, et tout surpris, Christophe l'a vu s'agenouiller, sortir un chapelet bleu de sa poche et prier avec application. C'est un événement qu'il m'avait commenté en avouant que "Cela, je ne l'avais pas prévu, voilà que Dieu s'en prend aux enfants !" A présent, Christophe attend pour entrer à l'hôpital. Il attend quoi ? Que son hernie abdominale explose ? Elle fait plus de quinze centimètres de douleur au ventre et Christophe continue de boire ses verres en allant les vomir régulièrement : "Ça soulage autant que d'uriner !" Nous sommes plusieurs à nous faire du souci pour Christophe, lequel selon moi, a souffert toute sa vie d'avoir un cerveau carré, dans lequel son gros coeur tout rond ne sait pas rentrer. Je lui ai toujours dit: soit il faut que le carré éclate et laisse la place au coeur, soit c'est le coeur qui se figera dans le carré de ton cerveau.

Pour Christophe et Yves, je prie ce soir.

[etienne lorant]

Christophe arrive lui aussi est en bout de course...

Christophe sera opéré la semaine prochaine... Il semble rassuré d'avoir appris qu'il en a pour seulement trois jours d'hôpital... mais le médecin n'a pas encore vu les résultats de ses prises de sang, les dernières remontant à quatre ans ! Je me fais presque plus de soucis pour lui que pour moi - je ne comprends vraiment pas les personnes qui négligent leur santé, moi qui ai été éduqué à me rendre chaque année chez le dentiste, et qui prends très au sérieux les nécessités d'un régime approprié. Je prends de l'âge, je m'adapte, est-ce que cela ne fait pas partie de la vie normale ?

Etienne

[Fée Violine]

Oui, cela fait partie de la vie normale, mais il y a des personnes tellement blessées qu'il leur manque l'amour de soi indispensable pour s'occuper de soi. Quand st Paul disait : "Personne ne hait sa propre chair, au contraire on en prend bien soin", il ne connaissait sans doute que des gens en état de marche...

[etienne lorant]

Le Seigneur dirige les pas de l'homme : comment l'homme comprendrait-il son chemin ? (Pr)

Ce midi, pour le treizième jour consécutif, j'ai pris mon repas principal sans commander mon quart de vin rouge, mais une bouteille d'eau gazeuse à la place. Tout au départ, l'intention était toujours la même: vérifier, comme chaque année depuis 1985, que je puis toujours me passer d'alcool sans devoir fournir un grand effort de volonté. Simple mesure de prudence, qui n'est certes pas à dédaigner depuis que je vis "la grande solitude".

Cependant, tandis que je dévorai à belles dents (si, si, toujours blanches, bien entretenues !) une escalope de veau Valdostana, je me suis demandé: quelle est à présent ma motivation ? Il y a plus de dix jours que je soutiens ce régime, j'ai traversé deux épisodes de stress qui m'auraient normalement poussé à rompre avec l'abstinence, je suis passé au travers, et je poursuis... mais pourquoi ? Ai-je quelque chose de plus à me prouver ? Est-ce que je ressens un danger quelconque ? En revenant à la boutique, j'ai pioché ce petit pain biblique et je n'ai guère été surpris ... sans pour autant avoir ma réponse: si le Seigneur dirige les pas de l'homme, qu'il lui suffise de s'abandonner en confiance. Voilà ce que me dit cette sentence des Proverbes. Mais je me rappelle à l'instant que nous sommes vendredi, et cela fait partie du culte à rendre au Seigneur de Le préférer à tout, spécialement le jour de la miséricorde.

Peut-être qu'un second "piochage" apportera un nouvel éclairage ? Voici ce que je trouve:
"Encore un peu, bien peu de temps, Celui qui vient arrivera et Il ne tardera pas." (He 10:37) C'est une promesse de nouvelles grâces, et je n'insiste pas à vouloir connaître ce qui, pour l'instant, demeure fermé à ma curiosité...

[etienne lorant]

Is 43:11- Moi, c'est moi Yahvé, et en dehors de moi il n'y a pas de sauveur.

C'est le petit pain biblique que je viens de piocher et qui correspond dans mon esprit à ce que dit saint Paul dans l'Epître au Philippiens: "Dieu l'a souverainement élevé , et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Philippiens 2 : 9 - 11

Cependant, le nom de Jésus était assez commun lors de la Nativité, m'a-t-on un jour rétorqué. Pourquoi lui attribuer soudainement des vertus extraordinaires ? Simplement parce que ce Jésus est Jésus-Christ, et Seigneur. Dès à présent, si quelqu'un que je connais parmi vous, sur ce forum, se mettait à écrire sous un autre pseudonyme, pourtant je saurais le reconnaître. En tout cas, ce serait le cas pour un ou deux au moins. Pourquoi ? Parce que la personnalité a diffusé à travers le nom qu'il (elle) s'est attribué(e) et a déjà laissé en moi une trace que je peux reconnaître. Alors, il y a des Jésus, mais il y a bien un seul Jésus entre tous devant qui moi aussi, je fléchis le genou.

Dans un recueil de "messages" attribués au Christ, j'ai arrêté de lire lorsque j'ai découvert : "Faites et je ferai !"... j'ai eu un mouvement de recul car je n'y ai pas reconnu le Christ de l'Evangile.
Et quand j'entends dire: "Dieu n'aide que ceux qui s'aident eux-mêmes", là je fais carrément un bon en arrière. Idem avec le Gott mit uns des centurions allemands, ou encore le "Dieu et mon droit" des Anglais.

Les paroles de Jésus ont leur caractère particulier... Je me souviens et je me souviendrai toujours du grand frisson que j'ai éprouvé lorsque ce Pape inattendu est parvenu au balcon et a lancé : "N'ayez pas peur !" - car il l'avait dit du ton même du Christ.

[boisvert]

Fin de journée... je voudrais dire "bien remplie", mais je suis un peu mitigé. Qu'ai-je fait aujourd'hui de bien qui soit vraiment bien ? Soit, j'ai fait face à mes obligations, je me suis confronté à mes difficultés, j'ai tenté de répondre à certaines demandes. Mais n'est-ce pas un peu court ? Qu'est-ce qui manque ? Oh, je sais: l'élan, le coeur qui déborde, les mots qui roulent... la joie qui surgit au milieu de la marche ! Je ne l'ai pas ressentie aujourd'hui, et comme elle me semble plus belle lorsqu'elle manque ! Quand une âme arrive-t-elle à se détacher des "contingences", à toujours être disponible, offerte, en même temps sereine, mais aussi enthousiaste... Allons, ce sera pour demain !

[zélie]

La joie qui manque, c'est Jésus qui nous apprend à marcher en nous enlevant quelques instants le doudou, pour nous pousser à LE rechercher de nous-mêmes, pour nous apprendre à aimer en adulte... Bonne marche, âme si proche de Jésus qu'elle n'arrive plus à le voir!
Zélie

[boisvert]

Le geste de miséricorde qui a consisté, un jour, à ramasser dans un coffre de voiture des buchettes de bois compressé pour les déposer dans la cave d'une grand-mère... (alors que mon chemin, c'était la banque du quartier, vivrements à la main !), ce geste-là ne pouvait pas avoir lieu sans l'intervention de l'Esprit-Saint. Parce que c'était vraiment trop inattendu, parce que les mots : "un petit coup de main ?" me sont sortis de la bouche (tandis que mon petit moi m'avait suggéré, au contraire, de faire un pas de côté pour éviter la corvée.) Mais d'un instant à l'autre, il y avait une ambiance très gaie, on eût dit une "b.a" de scouts. En chemin vers la cave, je croise une dame, qui se met à rire et me dit: "Ah, ma grand-mère vous a bien eu !", et j'ai ri à mon aussi. Et puis, quand j'ai eu fini de monter et de descendre, hop j'ai filé sans attendre l'invitation au café - j'étais trop heureux et j'ai senti qu'à ce geste-là, il ne fallait pas de suite, il fallait s'envoler, afin que la main droite ignore ce qu'avait fait la main gauche. Mais toute cette matinée d'octobre s'en est trouvée illuminée. J'avais désiré devenir "apôtre de la miséricorde" et avant même la fin de la formation, je l'étais devenu !

[antioche]

[quote="boisvert"]En chemin vers la cave, je croise une dame, qui se met à rire et me dit: "Ah, ma grand-mère vous a bien eu !", et j'ai ri à mon aussi. [quote]

Mais là ça fait quand même mal non ?

On se dit ; "je me suis fait avoir" ou "elle aurait pu aider sa grand-mère". C'est un peu dur à avaler.

Mais le Seigneur veille et tout s'estompe. La joie d'avoir servi remplace tout autre sentiment.

Car, derrière la grand-mère, il y avait Jésus.

[etienne lorant]

Seigneur,

J'ai trouvé assez étrange la perte de mon portefeuille ce matin, chose qui ne m'était jamais arrivée à ce jour, car Vous savez bien comme je suis pointilleux lorsqu'il s'agit de papiers importants. Je ne comprends donc pas ce qui a pu se passer, mais à la fin d'une journée qui a commencé de façon si éprouvante pour mes nerfs à nouveau, je Vous rends grâce pour le grand calme qui s'est fait en moi soudainement pour commencer toutes les démarches utiles et nécessaires. Quant au fonds de caisse perdu, puisse-t-il être tombé entre les mains de quelqu'un qui en avait véritablement besoin. Je dirai donc que ce geste de miséricorde m'aura échappé complètement - il correspond d'ailleurs à l'Evangile de ce jour, où il est écrit :

"Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous."

Considérez donc Seigneur, qu'aujourd'hui tout est parti en aumônes, et puisque "l'aumône couvre une multitude de péchés", puis-je dire qu'il en est ainsi pour moi en ce jour ?

Seigneur, vous savez que j'attends depuis plusieurs semaines une forme de consolation, ou une révélation nouvelle, un changement profond, mais l'essentiel est là lorsque je Vous dis de nouveau: "Non comme je veux, mais comme Toi, Tu veux !"

Bénissez mon Seigneur en tout temps et servez-le avec grande humilité.

[etienne lorant]

"Sois sans crainte ni frayeur, car je suis avec toi dans toutes tes démarches" (Jos 1:9)

Je rends grâce au Seigneur, car Il est toujours avec moi. Dans les entreprises que je considère sérieuses, importantes, mais aussi dans les petites tâches du quotidien, qui autrefois m'apparaissaient vraiment peu importantes - mais comme j'avais tort ! Il faut donc tout vivre sous le regard de Dieu, et les petites choses deviendront grandes tandis que celles qui paraissaient difficiles se règleront simplement. C'est toujours le même "théorème" de l'Evangile: ce qui s'élève sera abaissé, ce qui s'abaisse sera élevé. Dans la prophétie d'Isaïe, reprise et proclamée par Jean le Baptiste, je lisais hier : "Les montagnes et les collines seront abaissées", tandis que "les ravins seront comblés". Dans l'Evangile de ce jour, de la fête de l'Immaculée Conception, un lien semblable m'apparaît : Marie s'abaisse profondément lorsqu'elle dit: "Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'en soit fait en tout selon ta parole" - et c'est par son abaissement que s'accomplit ce qu'elle dit dans le Magnificat: "Toutes les générations me diront bienheureuse !", et encore : "Il renverse les puissants de leurs trônes, Il élève les humbles". Il me semble que tout l'Evangile est la proclamation d'un bouleversement qui s'accomplit, d'un rétablissement de l'équilibre divin, du relèvement de la création souillée par le péché. Et donc je prie: Sainte Vierge Marie, accorde-moi donc de redevenir humble selon la Vérité, c'est-à-dire de me donner non comme je voudrais être, mais sans attendre, dès aujourd'hui, tel que je suis. Ainsi soit-il.