La durée de la présence réelle eucharistique

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Xavi
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La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Xavi » jeu. 21 sept. 2023, 13:40

Plongé depuis quelques années dans une étude concernant le Très-Saint sacrement de Miracle survenu en 1370 à Bruxelles dont la cathédrale est devenue le sanctuaire du fait d’une vingtaine d’immenses vitraux faisant mémoire de cet événement, je suis confronté actuellement à une question théologique pointue pour laquelle je ne parviens pas à m’assurer d’une réponse certaine.

La question concerne la durée de la présence réelle eucharistique qui « dure aussi longtemps que les espèces eucharistiques (pain et vin) subsistent » afin de savoir si, par analogie avec l’enseignement de l’Église sur l’incorruptibilité du corps du Christ entre sa mort et sa résurrection (C.E.C., 627), la présence réelle eucharistique cesse dès avant la survenance d’un début de décomposition ou si elle demeure durant le temps de cette décomposition tant que les apparences du pain ou du vin peuvent être observées.

À cet égard, St Thomas d’Aquin a étudié de manière détaillée divers aspects de la durée de la présence réelle eucharistique, mais ses enseignements (Somme Théol., Troisième partie, Q. 75 à 77), sont aujourd’hui confrontés à des connaissances nouvelles quant à la dissolution chimique des hosties qui invitent à chercher un surplus de précisions.

Certains suggèrent qu'après qu'une hostie consacrée ait été avalée, la présence réelle cesserait après 10 ou 15 minutes, mais on sait, par exemple, aujourd’hui, que l’amylase salivaire fait débuter une décomposition physique de l’amidon du pain dès la mastication dans la bouche lorsqu’une hostie n’est pas directement avalée « au plus tôt » comme l’Église nous le demande.

À cet égard, l’évolution des hosties en cause dans les événements de Bruxelles permet d’observer divers stades de décomposition depuis 1370.

Si l’on considère actuellement, selon l'opinion dominante, que les hosties retrouvées à Bruxelles en avril 1370 présentaient un développement de bactéries impliquant des échanges décomposant l’hostie consacrée, faut-il en déduire qu’à cette date, il n’y avait plus de présence réelle et que l’excrétion bactérienne qui en est sorti « comme des gouttes de sang » ne peut être considérée comme étant du sang sorti du Corps sacramentel du Christ car l’altération de l’hostie en cause à ce moment suffit à indiquer que la présence réelle avait cessé ?

Diverses dégradations des hosties en cause furent constatées ultérieurement et déjà après une pluie lors d’une procession en 1400. À cet égard, il fut constaté à diverses dates, mais, hélas, sans précision concrète quant à l’état des hosties, qu’elles étaient « encore entières pour la substance du sacrement » (Mgr Van den Hove, archevêque, en 1601), que « les espèces sacramentelles y sont encore » (Mgr Boonen, archevêque, en 1626), qu’elles « portaient quelques traces d’altération » de sorte que « désormais on placerait une autre hostie récemment consacrée derrière les premières » (Mgr Alphonse de Berghes, 12 juillet 1670), et que « les espèces s’y aperçoivent encore » (Cardinal Thomas-Philippe d’Alsace de Hénin-Liétard, 1716).

En 1771, il fut constaté, par une enquête canonique, que deux des hosties subsistantes étaient encore « en partie conservées » et que pour la troisième, il ne subsistait que des « restes ».

Il semble qu’en 1874, il fut constaté qu’il ne restait plus que de la poudre dans le reliquaire des hosties en cause et qu’il fut décidé, pour en poursuivre le culte, de reconstituer la forme d’une hostie avec un baume fixant la poussière subsistante. Pour assurer la présence réelle eucharistique avec cette hostie reconstituée, il fut décidé de continuer à placer derrière elle une hostie récemment consacrée.

Selon une enquête de l’ostensoir du Très-Saint Sacrement de Miracle effectuée en 2018, celui-ci ne contient plus que de la poussière sans « aucune trace d’hostie ou de fragment d’hostie ».

Comment s’exprimer correctement sur la présence réelle des restes des hosties en cause qui se sont progressivement dégradées, mais aussi comment comprendre correctement, le cas échéant, les événements de 1370 tenus pour miraculeux dans le contexte des connaissances de l’époque ?

Quelques références pour méditer cette question difficile :

« La présence eucharistique du Christ commence au moment de la consécration et dure aussi longtemps que les espèces eucharistiques (pain et vin) subsistent. Le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et tout entier dans chacune de leurs parties, de sorte que la fraction du pain ne divise pas le Christ. » (C.E.C. 1377 citant le Concile de Trente (1545-1563) DS 1641)

« s'il se produisait une modification telle, du côté des accidents, qu'elle ne suffirait pas à la dissolution du pain et du vin, une telle modification ne fait pas disparaître de ce sacrement le corps et le sang du Christ. Soit que la modification se fasse du côté de la qualité, par exemple lorsque la couleur ou la saveur du pain ou du vin est légèrement modifiée ; ou bien du côté de la quantité, comme lorsqu'on divise le pain ou le vin de telle façon que la nature du pain ou du vin peut être sauvegardée dans les parties qui résultent de cette division. Mais, si la modification était telle que la substance du pain et du vin en auraient été dissoutes, le corps et le sang du Christ ne subsistent pas sous ce sacrement. » (st Thomas d’Aquin, Somme Théol., III, Q. 77-art. 4)

« Il ne se fait pas pain, le pain cède la place à Jésus, même si les apparences demeurent. Car le Seigneur n’a pas permis que le vin dans le calice perde ses propriétés alcooliques ou que le pain ne comporte plus de gluten »
« Ainsi la présence réelle de Jésus au Saint-Sacrement est-elle tributaire du maintien des espèces (espèces = ce qui apparait, c’est-à-dire le pain et le vin). De sorte que quand les espèces sont altérées, sont changées ou disparaissent, il n’y a plus de présence réelle, à proprement parler. C’est encore un abaissement auquel Jésus a dû se soumettre : sa présence dépend des hommes et parfois leur manque de soin, leur oubli, leur maladresse peut faire disparaître ce fragile support qui le relie à nous. »
https://fr.aleteia.org/2021/02/13/la-pr ... le-reelle/

« Les espèces restent tant que les accidents restent, et les accidents, c’est un terme philosophique pour désigner tout ce qui est observable par nos cinq sens. Donc chaque chose existe par essence, mais elle existe à travers des accidents qui sont perceptibles par nos sens. C’est toute la théologie de la transsubstantiation. Une fois dissoute dans l’eau, les accidents de l’hostie sont perdus donc elle n’existe plus. On dit que quand des espèces sont altérées elles perdent leur consécration. »
https://www.ceremoniaire.net/guide/cere ... c.html#s68

« La mort du Christ a été une vraie mort en tant qu’elle a mis fin à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l’union que la Personne du Fils a gardé avec son Corps, il n’est pas devenu une dépouille mortelle comme les autres car " il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir (de la mort) " (Ac 2, 24). C’est pourquoi " la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 51, 3). Du Christ on peut dire à la fois : " Il a été retranché de la terre des vivants " (Is 53, 8) ; et : " Ma chair reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas mon âme aux enfers et ne laisseras pas ton saint voir la corruption " (Ac 2, 26-27 ; cf. Ps 16, 9-10). La Résurrection de Jésus " le troisième jour " (1 Co 15, 4 ; Lc 24, 46 ; cf. Mt 12, 40 ; Jon 2, 1 ; Os 6, 2) en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11, 39). » (C.E.C., 627)

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Altior » dim. 24 sept. 2023, 8:45

Bonjour, Xavi !

J'ai l'impression que vous compliquez une chose simple.
Notre Seigneur est vivant dans une hostie tant qu'il s'agit d'une hostie. Ou bien un fragment d'une hostie qui peut être reconnu comme tel. Si une Sainte hostie devient poudre, alors évidement ce n'est plus une hostie, car elle n'a plus les accidents d'une hostie, ce qui revient à dire que Jésus n'est plus là.

Qui peut en confirmer ? Je pense que l'évêque a pleins pouvoirs en matière. Comment j'agirais dans un cas pareil, si j'étais un évêque dans le doute ? Je pense que, après une bonne prière, je vais prendre un enfant qui a fait sa caté de première communion et je lui poserais une question simple : "qu'est-ce c'est ça ?".

Par ailleurs, dans la corruption des hosties par humidité il ne s'agit pas d'une bactérie, mais d'un champignon. En effet, il existe un espèce de champignon qui fait que sur une hostie puisses apparaître des points rouges. Mais ce n'est pas de sang et ce n'est pas liquide. C'est un phénomène assez habituel qui ne peut pas être confondu avec une présence visible. Dans les miracles eucharistiques il y a des gouttes de sang.

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Xavi » lun. 25 sept. 2023, 9:05

Bonjour Altior,

Merci pour votre réflexion. Un enfant pourra en effet distinguer normalement la présence ou non d’une hostie ou d’un pain.

La difficulté concerne les cas où ce même enfant va constater une hostie ou un pain pourri, en présence d’une altération ou d’un début de décomposition.

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Olivier C » lun. 25 sept. 2023, 11:05

Bonjour,

Sur ces questions on reste avec une mentalité très latine quand même.

Si l'on a un doute, on peut aussi simplement appliquer un principe de précaution et dissoudre ces hosties d'une manière qui nous semblera digne. 24 heures dans de l'eau par exemple.
Je suis un simple serviteur, je ne fais que mon devoir.

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Altior » mar. 26 sept. 2023, 23:55

Xavi a écrit :
lun. 25 sept. 2023, 9:05
La difficulté concerne les cas où ce même enfant va constater une hostie ou un pain pourri, en présence d’une altération ou d’un début de décomposition.
Le Docteur Angelique, dans Summa Tertia Pars Q77 art 4 que vous citez introduit une distinction entre une altération de l'aspect qui est compatible avec la Présence réelle et l'altération de la substance qui n'est plus compatible. Du moins, c'est ce que je comprends.
Appliqué à l'exemple, si une Sainte Hostie présente seulement des taches de moisissure, je comprends que Jésus est encore là, car l'aspect est pourri mais pas la substance. Pourtant, si la moisissure attaque l'intégralité de l'hostie, alors il n'y a plus la substance, donc Jésus n'est plus là : c'est la différence entre "pain moisi" et "moisissure".

Néanmoins, nous savons qu'un objet béni, une icone par exemple, s'il est cassé, il perd les grâces de la bénédiction de façon que si on arrive à le réparer il doit être béni de nouveau. Cela ne signifie pas que, même cassé, on puisse le traiter comme ordure banale, tel que si on ne le répare pas on doit le brûler dans un récipient neuf ou bien enterré dans un linge propre (à ce que j'ai compris de mon grand-père, prêtre orthodoxe). Alors, à plus forte raison, une hostie completement pourrie, même arrivée en état de poudre dont on est persuadé qu'elle ne cache plus le Très Saint Corps, ne peut pas être mise à la poubelle.

Maintenant, on pourrait peut-être appliquer cette distinction au miracle de Lanciano. Là-bas, il y a du sang cailloté pour la plupart du temps. Un caillot de sang est un sang modifié. Il a subi une transformation. Mais ça reste du sang. Nous avons aspect modifié et même substance. Jésus est dedans. Pour preuve ce caillot revient périodiquement à la forme liquide, de façon surnaturelle, car je doute que même les plus modernes trombolytiques puissent faire ça sur un sang âgé de pas mal de siècles.

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Xavi » mer. 27 sept. 2023, 12:37

Bonjour à chacun,

L’observation d'Olivier est, bien sûr, exacte en cas de doute.

Merci à Altior d’aborder avec courage la difficulté en cause.

Altior a écrit :
mar. 26 sept. 2023, 23:55
une hostie complètement pourrie, même arrivée en état de poudre dont on est persuadé qu'elle ne cache plus le Très Saint Corps, ne peut pas être mise à la poubelle.
Bien sûr. Cela reste une sainte relique à traiter avec le plus grand respect.

Altior a écrit :
mar. 26 sept. 2023, 23:55
Le Docteur Angelique, dans Summa Tertia Pars Q77 art 4 que vous citez introduit une distinction entre une altération de l'aspect qui est compatible avec la Présence réelle et l'altération de la substance qui n'est plus compatible. Du moins, c'est ce que je comprends…

si la moisissure attaque l'intégralité de l'hostie, alors il n'y a plus la substance, donc Jésus n'est plus là
Oui, il me semble que l’Église est claire en ce sens. C’est bien ainsi qu’il convient de le comprendre.

La difficulté se présente au-delà et vous la présentez très bien.

Altior a écrit :
mar. 26 sept. 2023, 23:55
…c'est la différence entre "pain moisi" et "moisissure".
Ici, la difficulté commence.

Il me semble que, dans la plupart des cas, on va parler de « pain moisi » à un stade où il y a seulement quelques taches de moisissure. Et, même dans les cas où du pain est entièrement recouvert de moisissure, il suffit de l’ouvrir pour constater qu’à l’intérieur il subsiste généralement longtemps du pain présentant encore des apparences plus ou moins normales avant le stade d’une décomposition totale qui ne se produit qu’à la fin d’un long processus de décomposition partielle où la substance d’un pain se corrompt progressivement avec des parties décomposées et d’autres pas encore. La substance du pain ne disparaît pas complètement d’un seul coup.

Altior a écrit :
mar. 26 sept. 2023, 23:55
Appliqué à l'exemple, si une Sainte Hostie présente seulement des taches de moisissure, je comprends que Jésus est encore là, car l'aspect est pourri mais pas la substance.
.Il est certain que Jésus est encore là lorsque seul l’aspect est pourri mais non la substance matérielle (les « accidents »)

La difficulté, c’est que précisément une pourriture décompose la substance même du pain et pas seulement son aspect.

Mais, des taches de moisissure n’indiquent pas que tout est déjà décomposé. Au contraire, de simples taches indiquent seulement que la décomposition n’est que partielle et est en cours. Certaines molécules ou parties du pain sont toujours de la substance du pain, alors que d’autres sont en voie de décomposition et ne sont plus de la substance du pain.

Une division matérielle laisse pleinement subsister la substance du pain dans la moindre miette mais la division chimique des éléments constitutifs de cette substance du pain ne laisse pas subsister cette substance du pain mais seulement la substance de chacun de ses composants. C’est ce qui se produit avec une moisissure qui se nourrit d’une décomposition du pain et c’est ce qui se produit aussi dans le corps lorsque la salive puis les sucs gastriques décomposent un morceau ou une miette de pain avalée.

Durant les trois jours au tombeau, le corps du Christ n’a pas connu la corruption au contraire d’un cadavre ordinaire qui conserve les apparences d’un humain mais qui commence sa décomposition rapidement après la mort. Le Catéchisme détaille cette question (cf. n° 627 cité dans mon premier message).

La question présente un intérêt pour les miracles eucharistiques et dans la conservation des hosties consacrées, mais aussi un intérêt pratique et pastoral à chaque Eucharistie.

La décomposition chimique du substrat physique d’une hostie commence très vite et déjà, le cas échéant, sous l’effet de la salive. La décomposition chimique d’une hostie commence dans les minutes de sa réception, voire après seulement quelques dizaines de secondes, alors que l’hostie peut garder sa forme apparente pendant plusieurs minutes (certains disent 10 ou 15) et j'ignore combien de temps est nécessaire pour que la dernière parcelle chimique de pain soit décomposée dans un système digestif humain de sorte qu'il n'y ait plus aucune substance de pain unissant tous ses composants dans une molécule.

La réception consciente et l’adoration du Christ en soi est une réalité spirituelle intense pour celui qui vient de communier. Combien de temps la reconnaissons-nous ? Si cette présence réelle subsiste pendant le temps de la décomposition jusqu'à la dissolution de l'apparence du pain, pourquoi la célébration n’est-elle pas adaptée pour durer, au moins, durant les 10 ou 15 minutes de persistance d'une apparence avec un temps d’adoration, de prière, de chant méditatif ?

Or, quel que soit le rite, la communion est située à un moment très proche de la fin de la messe et souvent, après seulement quelques minutes, on passe aux annonces et on quitte l’église dans une attitude orientée davantage vers les salutations des autres participants que vers l’adoration eucharistique. Si la présence réelle dure 10 à 15 minutes, comment comprendre que ces minutes, pourtant limitées, soient aménagées dans la célébration sans une attention d’une durée correspondant à cette présence réelle ?

Et que dire si la présence réelle subsiste jusqu'à décomposition de la dernière parcelle de substance réunissant les composants du pain dans une molécule ? Y aurait-il ainsi une disparition progressive de la présence réelle ?

Mais, si comme le corps inhumé du Christ, la présence réelle ne subsiste que durant le temps où le substrat physique, formant une unité en celui que le reçoit, est incorruptible, combien devrait être grande et profonde l'adoration pendant cette durée très limitée de cette présence en nous lors de chaque communion eucharistique !

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Altior » mer. 27 sept. 2023, 23:23

Xavi a écrit :
mer. 27 sept. 2023, 12:37

Durant les trois jours au tombeau, le corps du Christ n’a pas connu la corruption au contraire d’un cadavre ordinaire qui conserve les apparences d’un humain mais qui commence sa décomposition rapidement après la mort. Le Catéchisme détaille cette question (cf. n° 627 cité dans mon premier message).
Pousser plus loin une telle analogie me semble risqué. Je crois et je professe que dans la Sainte Hostie le corps de Notre Seigneur est vivant, non pas comme il fut avant sa mort, mais comme il fut après sa resurrection. Cela est suggéré pas la commixtion. À cause de l'invulnérabilité des corps ressuscités, Jésus ne mort pas encore une fois dans l'hostie. J'ai du mal à croire que, dans une hostie complètement pourrie, Jésus est mort dedans. Alors, la seule solution est qu'il se retire. Comment ? Si je ne sais pas comment Il descend dans une hostie, je sais encore moins comment il s'en va.
La décomposition chimique du substrat physique d’une hostie commence très vite et déjà, le cas échéant, sous l’effet de la salive. La décomposition chimique d’une hostie commence dans les minutes de sa réception, voire après seulement quelques dizaines de secondes, alors que l’hostie peut garder sa forme apparente pendant plusieurs minutes (certains disent 10 ou 15) et j'ignore combien de temps est nécessaire pour que la dernière parcelle chimique de pain soit décomposée dans un système digestif humain de sorte qu'il n'y ait plus aucune substance de pain unissant tous ses composants dans une molécule.
Je pense que cela va beaucoup plus vite que 10-15 minutes. Dans la salive il y a une seule enzyme : la ptyaline. Comme par hasard, elle sait faire une seule chose : décomposer l'amidon, qui est pratiquement la seule composante d'une hostie. C'est pourquoi elle s'appelle encore "amylase". Comme une hostie est très mince, elle est sujet à la procession par la ptyaline dans des secondes si on la mâche, dans des dizaines de secondes si on ne la mâche pas. Si j'avais accès aux hosties non-consacrés, je ferais volontiers l'expérience pour voir si au bout d'une minute dans la bouche l'hostie est encore recongnoscible comme telle. Mais avec l'hostie consacré de Dimanche, je ne me permet pas de jouer le scientifique.
Or, quel que soit le rite, la communion est située à un moment très proche de la fin de la messe et souvent, après seulement quelques minutes, on passe aux annonces et on quitte l’église dans une attitude orientée davantage vers les salutations des autres participants
Mais non, du moins pas partout. Dans le rite latin ancien, après un long moment de purification des Saints Vaisseaux, c'est la prière au Saint du jour dans les Propres, puis le Ite, Missa Est !, la bénédiction finale, la troisième lecture, le Salve, Regina !, suivie du chant de sortie. Tout ça prend au moins 10-15 minutes. Puis, c'est la prière à l'Archange Gabriel et la prière en actions de grâces que chacun fait dans les rangs. Ou, du moins, qu'il est censé d'en faire.

Ce n'est pas autrement dans le rite grec, qui est mon rite propre. Là, c'est encore plus long, car après la Communion il y a plusieurs prières entrecoupées de chants. Puis, chaque fidèle reçoit l'onction sur le front en procession. Enfin, c'est le partage des restes du pain qui a servi en tant que matière, qui s'appellent antidron. Ces restes sont non sacrés, mais bénis, de façon que même les pécheurs peuvent en bénéficier.
Mais, si comme le corps inhumé du Christ, la présence réelle ne subsiste que durant le temps où le substrat physique, formant une unité en celui que le reçoit, est incorruptible, combien devrait être grande et profonde l'adoration pendant cette durée très limitée de cette présence en nous lors de chaque communion eucharistique !
Faisant la volonté de Celui qui a voulu non seulement qu'il partage notre nature, mais que son Sang se mélange au nôtre, que sa Chair devienne la nôtre pour que nous resuscitions comme Lui et pour que nous soyons à jamais avec Lui, gardons en esprit que nous sommes des Christophores, que seul le péché peut nous arracher de l'état de Grâce Sanctifiante.

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Re: La durée de la présence réelle eucharistique

Message non lu par Xavi » jeu. 28 sept. 2023, 11:58

Bonjour Altior,

Merci à nouveau pour vos compléments de réflexion.

Altior a écrit :
mer. 27 sept. 2023, 23:23
Xavi a écrit :
mer. 27 sept. 2023, 12:37
Durant les trois jours au tombeau, le corps du Christ n’a pas connu la corruption au contraire d’un cadavre ordinaire qui conserve les apparences d’un humain mais qui commence sa décomposition rapidement après la mort. Le Catéchisme détaille cette question (cf. n° 627 cité dans mon premier message).
Pousser plus loin une telle analogie me semble risqué. Je crois et je professe que dans la Sainte Hostie le corps de Notre Seigneur est vivant, non pas comme il fut avant sa mort, mais comme il fut après sa resurrection. Cela est suggéré pas la commixtion. À cause de l'invulnérabilité des corps ressuscités, Jésus ne mort pas encore une fois dans l'hostie.
Cela ne me semble pas exactement correct théologiquement.

Bien sûr que le corps de Notre Seigneur est vivant dans la Sainte Hostie, mais le Saint sacrifice de la messe me semble néanmoins une forme de « commixtion » par laquelle le sacrifice du Christ est pleinement rendu présent, y compris sa crucifixion, sa mort et sa résurrection. Nous proclamons sa mort et nous célébrons sa résurrection.

Il est vivant dans l’Eucharistie comme celui qui franchit la mort. Il y est celui qu’il fut « avant sa mort » (humaine) et aussi celui qu’il est « après sa résurrection », mais aussi ce qu’il fut durant le temps du tombeau et de sa descente aux enfers, « entre » sa mort le vendredi et sa résurrection le dimanche.

Altior a écrit :
mer. 27 sept. 2023, 23:23
J'ai du mal à croire que, dans une hostie complètement pourrie, Jésus est mort dedans.
En effet. Nous ne croyons pas cela. La présence réelle a cessé lorsqu’une hostie est complètement pourrie.

Altior a écrit :
mer. 27 sept. 2023, 23:23
la seule solution est qu'il se retire. Comment ? Si je ne sais pas comment Il descend dans une hostie, je sais encore moins comment il s'en va.

Je pense que cela va beaucoup plus vite que 10-15 minutes. Dans la salive il y a une seule enzyme : la ptyaline. Comme par hasard, elle sait faire une seule chose : décomposer l'amidon, qui est pratiquement la seule composante d'une hostie. C'est pourquoi elle s'appelle encore "amylase". Comme une hostie est très mince, elle est sujet à la procession par la ptyaline dans des secondes si on la mâche, dans des dizaines de secondes si on ne la mâche pas.
C’est aussi ce qu’il me semble sous réserve de confirmation par des personnes compétentes sur cette question physiologique.

À cet égard, les hosties actuellement le plus fréquemment utilisées ne sont plus les hosties blanches ultrafines généralisées jadis que vous semblez considérer.

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