Je transcris ici un article que j'avais rédigé et mis à la disposition des fidèles de ma paroisse. Dans ledit article, j'aborde la communion, ses conditions, ses effets, et quelques pistes pour bien communier. Je vous le confie, dans l'espoir que cela peut en guider quelques-uns, ou aider certains à en guider d'autres autour d'eux.
Cordialement.
O Mystère Sacré ! Que l'Amour a produit ...
Viens habiter mon cœur, Jésus, ma blanche Hostie
Rien que pour aujourd'hui. »
(Mon chant d'aujourd'hui, Sainte Thérèse de Lisieux, poésie n°5, strophe 8)
La communion : petit mode d'emploi
Qu'est-ce que la communion ? Est-ce simplement aller chercher un petit bout de pain, et puis aller se rasseoir sur notre banc ? Non ! La communion est le moment où nous allons recevoir le Corps du Christ, le moment où le Fils de Dieu, nourriture de notre âme, se donne à nous pour nous sanctifier et nous ouvrir à la vie éternelle.
Comment cela ? Notre foi catholique nous enseigne que « par la consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de Son Sang ; ce changement, l'Église catholique l'a justement et exactement appelé transsubstantiation »(1).
« Transsubstantiation » ? Ce terme difficile (car philosophique) qu'est la « transsubstantiation » traduit une vérité de foi centrale de notre foi catholique : quand le prêtre prononce les paroles de la consécration (« La nuit où il fut livré (...) faites ceci en mémoire de moi »), le pain et le vin présents sur l'autel, tout en gardant l'apparence de pain et de vin, deviennent le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus Christ. C'est ce que l'on appelle dès lors la « Présence réelle », « Présence eucharistique » ...
« Présence réelle » ? Oui ! La présence du Christ dans le pain et le vin consacrés n'est pas un symbole, une image ; comme l'attestent l'Écriture(2) et la Tradition, et comme en témoignent les Pères de l'Église et les Saints, Jésus Christ est réellement présent dans l'Eucharistie, son Corps et son Sang « sont contenus vraiment, réellement et substantiellement [dans le pain et le vin consacrés] conjointement avec l'âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier »(3) ! Tel est vraiment, comme nous le disons après la consécration, « le Mystère de la Foi » !
Comment préparer notre âme à la communion ? Pour communier dignement à un tel Mystère, plusieurs conditions sont requises, issues de la Foi traditionnelle de l'Église. Il faut de plus avoir une certaine préparation spirituelle. Regardons d'abord les conditions requises pour communier, puis quelques pistes pour la préparation spirituelle à cette rencontre avec le Seigneur Jésus Christ.
Les conditions pour communier : Être baptisé ; avoir fait sa Première Communion ; être en état de grâce(4) ; être en communion avec l'Église(5) ; professer la Foi eucharistique de l'Église(6) ; s'abstenir de manger et boire une heure avant de communier(7).
Quelques pistes pour se préparer à recevoir le Corps de Notre Seigneur Jésus Christ :
Avant le début de la Messe, il est bénéfique de recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de la Réconciliation, afin que notre cœur soit plus libre et mieux préparé à recevoir la Sainte Hostie.
Quand débute la consécration, il nous faut être fervent et attentif au Mystère qui se déroule sur l'autel ; la position du corps aide au respect de ce Mystère et à la prière, c'est pourquoi le Missel Romain (livre décrivant le déroulement de la liturgie) demande que les fidèles s'agenouillent « pour la consécration, à moins que leur état de santé, l'exiguïté des lieux ou le grand nombre des assistants ou d´autres juste raisons ne s´y opposent. Ceux qui ne s'agenouillent pas pour la consécration feront une inclinaison profonde pendant que le prêtre fait la génuflexion après la consécration »(8). Quand le corps lui-même participe à l'adoration, la prière est grandement aidée et soutenue.
Quand le prêtre élève le Corps et le Sang du Christ, c'est pour que nous puissions les adorer ; nous pouvons le faire en priant silencieusement, en s'aidant des paroles de Saint Thomas, et dire avec lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »(9).
Pour se préparer à recevoir dignement le Corps du Christ, nous pouvons également réciter avec attention et ferveur l'Agneau de Dieu et le Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir (...).
La manière de recevoir l'hostie ? On peut communier en recevant l'hostie dans les mains, mais il faut alors manifester notre dévotion envers le Corps de Jésus Christ par un geste approprié (inclination profonde, génuflexion) avant de recevoir la Sainte Hostie ; de plus, il faut communier face à l'autel, et avec respect et adoration, et non pas communier en même temps que de tourner les talons pour rejoindre sa place, ce qui est un manque de respect pour le corps du Christ ! Enfin, on peut également communier en recevant la Sainte Hostie directement sur notre langue, conformément à une tradition de foi répandue dans l'Église dès les premiers siècles et les Pères de l'Église(10). En recevant ainsi la Sainte Hostie, nous montrons le profond respect que nous attachons au Corps de Jésus Christ, et avec quel amour nous voulons recevoir le « doux baiser de Jésus », comme le dit Sainte Thérèse de Lisieux(11). À ce propos, il serait judicieux de pouvoir à nouveau disposer de bancs de communion pour ceux qui veulent recevoir la Sainte Hostie sur la langue, en étant à genoux, comme nous pouvons le voir dans beaucoup de pays catholiques et dans l'exemple donné par notre Saint-Père le pape Benoît XVI.
Que faire après la communion ? Après la communion, il ne faut pas simplement retourner s'asseoir à sa place et attendre la fin de la Messe. Pourquoi ? Parce que nous avons communié au Corps de Jésus Christ ! En effet, Dieu, que l'univers entier ne sait contenir, s'est fait petit bout de pain pour nous ! C'est pourquoi, une fois revenus à notre place, il nous faut faire une fervente action de grâces. Là encore, la position du corps peut favoriser le recueillement.
« Action de grâces » ? C'est-à-dire que nous remercions Dieu d'être venu en nous dans la Sainte Hostie, nous remercions Jésus Christ de nous nourrir de Son Corps et de Son Sang(12) ... Et parce que Dieu est à présent dans notre cœur, profitons-en pour Lui parler avec amour et Lui exposer notre bonheur, notre inquiétude, nos préoccupations ... Pour Lui parler avec simplicité et confiance, comme un petit enfant parle à son père ou sa mère.
« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde » (Jean 6, 51)
(1) : Catéchisme de l'Église Catholique, n° 1376
(2) : Jésus le dit Lui-même : « Je suis le pain de vie [...] Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui » (Jean 6, 35.56), ou encore « Ceci est mon corps [...] ceci est mon sang » (Matthieu 26, 26.28, et parallèles).
(3) : Catéchisme de l'Église Catholique, n° 1374
(4) : C'est-à-dire n'avoir conscience d'aucun péché mortel qui n'aurait pas été confessé
(5) : C'est-à-dire ne pas s'opposer ouvertement à la communion de l'Église par un comportement qui y est contraire.
(6) : En la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus Christ dans le pain et le vin consacrés
(7) : L'eau et les médicaments restent permis ; ce jeûne avant l'Eucharistie n'est bien entendu pas demandé aux personnes malades ou âgées, mais il reste cependant un moyen de préparation spirituelle à la Sainte Communion.
(8) : Présentation générale du Missel Romain, n° 43
(9) : Jean 20, 28
(10) : Déjà au IVe siècle, Saint Basile (330-379) témoigne de cette pratique traditionnelle ; d'autres Pères de l'Église, comme le Pape Saint Léon le Grand (440-461), en témoignent.
(11) : Manuscrit A, 35r°
(12) : La Tradition nous enseigne que ne communier qu'au pain consacré ne signifie pas qu'il manque quelque chose à la communion. Voir Catéchisme de l'Église Catholique, n° 1390.