Bonjour,
archi a écrit :Ah, la fameuse "forme ordinaire célébrée selon les normes de l'Eglise et les façons de célébrer traditionnelles", qu'on a tant de mal à trouver...
Première question, comment faites-vous pour célébrer de cette façon?
Avez-vous un autel orienté ou "face au peuple"? Pour la forme extraordinaire, les textes vous permettent de réclamer un lieu propice à la célébration orientée, mais pour la forme ordinaire, dans la plupart des lieux de culte, ça va être plus difficile...
Quelles options choisir parmi les innombrables options permises? Est-ce-qu'on peut prendre la Prex II? Ou une célébration "traditionnelle" se limitera-t-elle au canon romain (en omettant les listes des saints ou pas)? Etc...
C'est un des gros problèmes de la forme ordinaire, ce n'est pas une forme, c'est un canevas, et il faut au célébrant une énergie démesurée pour régler des tas de questions que les rubriques de la forme extra résolvent directement dès lors qu'on les a apprises. Mgr Aillet, qu'on ne pourra pas accuser d'être hostile à la FORM ni à sa célébration de façon "traditionnelle", avait fait cette constatation il y a quelques mois dans une interview.
Célébrer en FORM selon les normes liturgiques en vigueur ne pose pas, il me semble, de problème particulier quand le prêtre est prêt à le faire. L'orientation de l'autel peut se changer s'il est orienté, et dans certaines églises, l'autel n'a pas de sens particulier (du moment qu'il y a assez de place autour).
Les nombreuses options reflètent la souplesse de ce qu'est un missel, et évite justement de tomber dans un rubricisme et un rigorisme qui ne sont pas de mise dans la célébration de la Sainte Messe. Si un prêtre trouve qu'il y a trop d'options, il peut se fixer sur certains choix tout au long du temps liturgique annuel (voire tout au long de son sacerdoce, et c'est en pratique ce qui se passe le plus souvent).
Après, on peut effectivement penser qu'il y a trop d'options. Dans ce cas, il est tout à fait légitime de proposer et d'envisager une simplification de la FORM dans le futur. Mais à mon avis, ce n'est pas la priorité, et il faudrait déjà une traduction en français (et dans les autres langues) du Nouvel Ordo, et une correcte application de cet ordo dans les paroisses.
archi a écrit :
Et finalement, en quoi une célébration en latin et grégorien, orientée, avec ars celebrandi traditionnel, du style de l'Oratoire de Londres, est-elle plus légitime ou légale au seul regard des normes (puisque vous mentionnez l'incapacité des évêques à faire respecter les normes), qu'une célébration en vernaculaire, avec cantiques en vernaculaire, face au peuple, sans abus liturgique particulier, disons du style qu'on peut trouver dans la plupart des églises parisiennes? Après tout, les instructions en vigueur lors de l'introduction du nouveau rite encourageaient, même si elles ne les rendaient pas obligatoires, la célébration face au peuple (Inter Oecumenici) et le vernaculaire (présentation du N.O.M par Paul VI: "Ce n’est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe").
Et finalement, même si on a réussi à assembler un cadre exceptionnel style Oratoire de Londres qui permet une vraie célébration de la FORM selon l'ars celebrandi traditionnel (latin, grégorien, orientée, beaux ornements, servants d'autel entraînés... le tout de façon régulière), qu'a-t-on gagné par rapport à la FERM? Malgré tout ce qu'on peut faire, malgré toutes les options qu'on peut choisir, on garde un texte inférieur à celui de la FERM, composé en fonction de la théologie particulière des années 60 (alors que la FERM, qui a évolué organiquement tout au long des siècles, représente vraiment, de ce fait, la théologie de toute l'Eglise, et pas juste les accents théologiques d'une époque).
Je trouve que l'existence des deux formes du rite se complètent merveilleusement. D'ailleurs, une FORM bien célébrée ne change pas vraiment de la FERM. La langue courante permet au premier abord une compréhension plus aisée du contenu de la Sainte Messe. Le calendrier liturgique en 3 ans au lieu d'1 an permet de lire davantage la Bible dans un cadre liturgique (donc avec sermon derrière). Ces deux points sont très importants pour l'évangélisation. Evidemment, on ne retrouve pas cela en réalité depuis 1960, puisque l'application de ces normes, en France du moins, a clairement été un échec pour l'évangélisation, mais on ne peut nier que ces éléments la facilite. A nous de nous bouger pour amener des gens à la Sainte Messe !
Personnellement, dans le Nouvel Ordo, je ne vois pas de préférence pour l'Inter Oecumenici. Après, il est possible qu'à une certaine époque on ait encouragé et réaffirmé le caractère communautaire de la Sainte Messe, chose que l'on avait peut-être un peu oublié. Il ne faut pas oublier que lorsque le prêtre célébrait face à Dieu au Moyen-Age, et que personne ne comprenait le latin ni ne le lisait dans l'assistance, les chapelles latérales n'étaient pas forcément recueillies et silencieuses. Le "risque" de l'Ad Orientem, si tant est que l'on peut employer ce mot, est de ne plus sentir la communauté, mais d'être un groupe d'individualités tourné vers Dieu. Or, la Sainte Messe n'est pas cela non plus, pas plus qu'un spectacle où l'on se regarde célébrer Dieu. Les deux formes (plus exactement le fait d'être tourné vers Dieu ou en assemblée) rappellent bien cette double symbolique de la Sainte Messe. Elles ne sont donc pas opposées, mais se complètent.
archi a écrit :
Bref, on a beau faire tout ce qu'on peut, la FORM et le cadre normatif qui va avec, restent une liturgie de rupture, composée et mise en oeuvre à une époque de rupture par des clercs imprégnés à un degré plus ou moins grand d'herméneutique de la rupture, et ce même si le missel et les textes n'allaient pas aussi loin que certains révolutionnaires qui sont à l'origine des abus les plus criants dans les célébrations actuelles. On aura beau y rajouter le maximum de détails traditionnels, on n'aura guère qu'un ersatz.
Pas du tout. Lire une rupture est une profonde erreur. En regardant les deux missels, et des missels et des formes du rite plus anciens, je suis frappé par la constance de la structure de la Sainte Messe. Regarder l'évolution du Canon est d'ailleurs très éclairant.
Je ne comprends pas cette obstination à cracher, c'est le mot, sur une forme du rite. Ces critiques se mélangent d'ailleurs avec plein de choses qui n'ont rien à voir avec la forme du rite lui-même, et qui concernent davantage la façon dont les assemblées paroissiales.
Quelques questions simples : à quoi ces critiques servent-elles ? Proposent-elles des changements argumentés ? Essaient-elles de comprendre, sans approuver forcément, les changements effectués ? Discernent-elles bien les enjeux ? Je n'ai pas l'impression...
archi a écrit :
Les clercs de plus en plus nombreux, du style de Mgr Cordileone, qui redécouvrent depuis Summorum Pontificum le rite traditionnel, et se rendent compte de tout ce dont on les avait privés, étaient à priori, pour la plupart, des clercs plutôt conservateurs, respectueux des normes liturgiques, mais ils n'avaient jamais découvert cela dans les rubriques de la forme ordinaire...
La nouvelle génération de prêtres, et d'ailleurs de fidèles aussi, est très prometteuse. De nombreux prêtres se forment au deux formes du rite, des laïcs se bougent pour rendre les célébrations de la Sainte Messe très belles et priantes, certains évêques remettent la liturgie au coeur de la vie des croyants (et Dieu sait que ce n'est pas facile après la période que nous avons passée), des communautés retrouvent le goût de la vie monastique, etc.
In Xto,