Bonjour,
Au delà du problème de désacralisation inhérent à la pratique du ministère extraordinaire de la communion (il en est de même pour les vases sacrés), d'autres problèmes sont fréquemment rencontrés : parfois, les "ministres" sont recrutés à la dernière minute, comme les lecteurs, or, il me semble que les instructions sont claires en la matière : il faut une formation, une préparation. Il m'est déjà arrivé que l'on me demande de lire une lecture juste avant la messe, je découvrais donc le texte au fil de ma lecture ; or, cela se remarque : problèmes d'intonation, etc.
D'autre part, les ministres extraordinaires sont quasi-systématiques : j'en ai même déjà vus à l'œuvre lors d'une messe en semaine avec au maximum 20 personnes.
Or, par définition, les ministres extraordinaires ne sont normalement appelés qu'en cas de nécessité. Quant à la vitesse, le système des bancs de communion de chaque côté est bien plus rapide que celui de la file indienne. D'autre part, comme le dit un intervenant, si les prêtres rappelaient de temps à autre les conditions nécessaires pour communier, nul doute que les files seraient réduites (ou les confessionnaux remplis, si on est optimiste). Curieusement, alors que Sacramentum Caritatis rappelle le "lien intrinsèque" entre l'Eucharistie et la Réconciliation, la fréquentation des confessionnaux est inversement proportionnelle à celle des files de communion.
Autre curiosité qui m'a carrément choqué : des ministres extraordinaires, peut-être recrutés vite fait avant la messe, traçaient un signe de croix sur le front des enfants non communiants que les parents amenaient dans la file.
Est-ce autorisé ? Depuis quand les laïcs peuvent-ils bénir ? Les mains des ministres extraordinaires n'ont pas été ointes, vive la confusion ! Sinon, je n'ai plus qu'à m'acheter un goupillon et "fabriquer" mon eau bénite ou bien une soutane blanche pour prononcer la bénédiction urbi et orbi de mon balcon... D'ailleurs, je me demande bien pourquoi les parents de ces enfants, pas choqués du tout par cela, n'ont-ils pas eux-mêmes béni leur progéniture, de leur place.
Quant à la communion sur la langue (ou dans la bouche, la langue est bien dans la bouche, Paul Victor
), il faut évidemment savoir s'y prendre. Pour cela, peut-être faudrait-il qu'on l'apprenne aux enfants lors des retraites de préparation à la première communion, au lieu de les bassiner avec le texte de Cyrille de Jérusalem.
La communion dans la main n'est qu'un indult or, on l'enseigne comme un dogme. Je me souviens encore de mon curé lors de cette retraite (j'avais 9 ans, il y a 10 ans donc) nous enseignant autoritairement le fameux texte "Fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, etc." en nous expliquant qu'il fallait absolument mettre la main droite sur la main gauche et non l'inverse.
Cela dit, c'était il y a peu mais, à l'époque, très peu de gens communiaient sur la langue. Il y a une explosion de la pratique de la communion normale avec génuflexion préalable (les bancs de communion n'ont toujours pas refait leur apparition) depuis deux - trois ans (par chez moi, en tout cas), tant mieux.
Ainsi, pour recevoir la communion sur la langue, il faut ouvrir la bouche mais pas au point de bailler et placer la langue sur la lèvre inférieure (et non pas la tirer). Cela est plus esthétique et, surtout, limite les risques de chute de l'hostie (surtout quand on est debout, faute de bancs ou de Sainte Table, et que les plateaux de communion sont désespérément absents, malgré les recommandations romaines : Sacramentum Caritatis, Repdemptionis Sacramentum).
De plus, Paul Victor, le prêtre ou ministre doit aussi savoir donner la communion sur la langue, ce n'est pas seulement la faute du communiant s'il y a des difficultés. Voici ce que j'ai trouvé sur un site lié à la FSSP :
5. Pour distribuer convenablement la communion et éviter tout accident, le Prêtre doit :
a) Tenir solidement le ciboire dans la main gauche.
b) Prendre l’hostie vers le milieu entre le pouce et l’index, puis, tout en effaçant l’index qui glisse sous l’hostie, appliquer celle-ci nettement sur la langue du communiant, en l’appuyant avec le pouce que l’on retire aussitôt, en évitant autant que possible de toucher la langue.
c) Distribuer la communion sans lenteur, mais aussi sérieusement que le requiert le ministère qu’il remplit.
d) Tenir les yeux arrêtés sur les hosties.
e) Eviter de toucher, soit avec les doigts, soit avec l’hostie, les lèvres ou le visage de la personne qui reçoit la communion ; pour cela tenir repliés les trois derniers doigts.
f) Si on a les mains humides (en été par exemple), il est bon de ne pas donner à la première personne qui communie l’hostie que l’on a présentée au : Ecce Agnus Dei…, car elle pourrait adhérer aux doigts.
g) Si une hostie tombe sur la nappe ou sur le plateau, la reprendre, la donner au communiant. Si elle tombe à terre, la ramasser en veillant à garder le ciboire vertical ; donner l’hostie qui était tombée au communiant et marquer l’endroit. Après la Messe, on viendra laver cet endroit avec un peu d’eau que l’on jettera ensuite dans la piscine[251]. Si l’hostie tombe dans les vêtements du communiant, la lui faire retirer lui-même, la reprendre, la lui donner.
h) Si le ciboire est épuisé, retourner à l’autel, déposer le ciboire sur le corporal, sans le recouvrir. Ouvrir le tabernacle, faire la génuflexion. Prendre un autre ciboire, le découvrir, génuflecter et retourner au banc de communion.
Bref, depuis que j'ai failli faire tomber par terre le Corps du Christ (je L'ai bloqué avec les incisives au dernier moment
) distribué par une religieuse de petite taille, je ne communie jamais sur la langue si j'atterris dans la file d'un ministre extraordinaire, surtout s'ils sont recrutés au dernier moment et donc peu à l'aise.
Enfin, on pourrait aussi évoquer les recommandations "anti-grippe A" de la CEF consistant à supprimer l'eau bénite (
) et à déconseiller la communion sur la langue (Ben, voyons...
). D'ailleurs, les bénitiers de ma cathédrale sont désespérément vides depuis des mois
; s'il y a un truc que je déteste, c'est bien mettre les doigts dans le bénitier pour qu'ils en ressortent tout secs.