La liturgie bâclée qui vide les églises

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Et.H
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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Et.H » mar. 14 déc. 2010, 17:51

Bonjour,
Merci pour vos précisions. Je connais ce prêtre, très agé, et je ne doute pas qu'il voulait faire ce que l'Eglise fait. L'intention était manifeste.
Cordialement,
Et.H

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PaxetBonum
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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 23 déc. 2010, 14:04

Je n'ai pas lu toute la discussion mais votre premier message m'a touché
Je ressens aussi parfois cette solitude lors de célébrations "vivantes"…
Cela m'a rappelé 2 choses :
Une parole de Dom Camillo qui envoyé dans une paroisse de montagne se plaint de son presbytère puis entrant dans l'eglise dit 'Seigneur ! Vous êtes encore plus mal logé que moi !"
Une vision que le Padre Pio avait eu : le Christ regardant des prêtres en train de revêtir leurs ornements liturgiques. Se retournant le Padre vit que Jésus pleurait. Lui demandant pourquoi, le Christ lui indiqua combien de prêtres célébraient mal l'eucharistie…

Cela n'existerait pas si nos prêtres gardaient à cœur que la messe nous ramène au pieds de la croix
Feraient-ils de tels mises en scènes démagogiques au pied du calvaire ?

Prions pour nos prêtres !
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Et.H
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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Et.H » jeu. 23 déc. 2010, 20:01

Bonjour,

Ahhh Don Camillo...quand j'étais petit, j'aimais beaucoup Don Camillo...

Vous avez probablement raison. De toute façon, les prêtres âgés de nos paroisses mentent (ou se trompent ?) en présentant la messe autrement. Jamais ils ne disent que c'est un sacrifice, jamais ils ne rappellent que l'autel représente le calvaire et le tombeau du Christ....La plupart du temps, ils expliquent que l'autel est la table de la Cène et que la Messe est une "fête"... C'est pour cela que des enfants dressent la table et mettent des fleurs. C’est d’autant plus idiot que l’autel de l’église de ma ville est un autel-tombeau... cela n’invite pas vraiment à la fête !

Le plus horrible dans cette histoire c'est que l'on prend les fidèles pour des idiots et Dieu pour un nigaud.

La semaine dernière encore, je suis retourné dans l’église de ma paroisse. Il n’y avait quasiment personne à la messe. En 10 ans, l’assistance a été divisée par 3 alors que 13 églises ont été rassemblées depuis. C’était très triste. La « chorale » a chanté des chants douteux et laids, l’homélie était décevante, les laïcs trop présent. L’ambiance était juste…déprimante. Il n’y avait aucun enfant.

Voilà un chant consternant qui a servi de chant d'entrée :
[+] Texte masqué
LES TEMPS SE RENOUVELLENT
Paroles : Marc Ginot
Musique : Jo Akepsimas

Les temps se renouvellent, la sève montera.
La Vierge attend son heure, l'Enfant naîtra.

1 - Dans le vent de la montagne, La nouvelle est arrivée.

2 - Pour la joie de tout le peuple, Le Messie est annoncé.

3 - Apportez la délivrance : Les oiseaux s'envoleront !

4 - Oubliez chacun vos dettes, Et vos yeux s'éclaireront !

5 - Refermez les plaies ouvertes, Annoncez la guérison.

6 - Entonnez les chants de fête, Appelez vos musiciens !

7 - Faites rire les visages, Découvrez les joies cachées !

8 - Au chemin des solitudes, Une étoile s'est levée.

9 - Ceux qui taisent leur misère Parleront de liberté.

10 - Pour chacune de vos larmes, Un banquet sera donné.
Et puis, je ne comprends plus ce que font les laïcs. Par exemple, après la quête ils ont élevés la corbeille devant l’autel comme le prêtre élève le calice. Le laïc qui a cherché le ciboire au moment de la communion le tenait comme le prêtre tient le calice à bout de doigt…. Mais qu’est ce que ça veut dire ?

La disposition liturgique adoptée depuis quelques années est catastrophique. Avant c’était luthérien mais cela restait relativement beau. Maintenant, même les évangéliques ne voudraient plus de cette église. Ils ont mis une statue d’un saint sur le tabernacle de l'autel du St Sacrement (même pas le Christ) et collé le siège de l’organiste à côté. Bien sur, ils ont retiré les chaises qui se trouvaient devant pour se recueillir. Ils ont également dépouillé la garniture de l’autel du St Sacrement. C’est la désolation tout autour. Des autels, des confessionnaux, des ambons, des bancs, des panneaux d’enfants en papier crépons délaissés se baladent dans l’espace de l’église, un peu n’importe où, comme des icebergs dérivant sur la mer…. En un mot, c’est le b*rdel. Les gens permettent dans la maison du Seigneur ce qu’ils ne permettraient pas dans leurs propres maisons. C’est horrible, je n’ai pas d’autres mots pour décrire ce que je ressens.
Daniel 11, 31 Des forces viendront de sa part profaner le sanctuaire-citadelle, ils aboliront le sacrifice perpétuel, et y mettront l'abomination de la désolation.
La situation étant très triste, je suis à l'heure actuelle à la recherche d'une messe de veillée de Noel digne de ce nom dans mon diocèse. J'aimerai entendre des beaux chants, sentir l'encens... toutes ces choses qui nous rapproche de Dieu... c’est probablement introuvable à 50 km à la ronde… Existent-ils des sites qui répertorient les églises en fonction du « style » de célébration ? Des sites qui décrivent les messes célébrées à tel endroit en somme ?

Je m’intéresse également de plus en plus à la forme extraordinaire. Peut-être est-ce la solution pour ne plus voir ce genre de choses… Ca va être dur, j’aime beaucoup la forme ordinaire…

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 23 déc. 2010, 22:43

J'ai eu aussi cette vision de ce rassemblement de tous les prêtres du coin vers chez moi.
Cela a permis à toutes les personnes âgées ne pouvant se rendre là où avait lieu ce rassemblement festif… de ne pas avoir droit à la messe…

Des pistes pour vous :
http://www.fssp.fr/lieuxdemesse.html
http://www.amdg.asso.fr/lieux_messes_spv.htm

Ce sera moins inventif… mais l'encens vous portera vers d'autres cieux !
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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Fleury » ven. 24 déc. 2010, 10:58

Et.H a écrit :
La situation étant très triste, je suis à l'heure actuelle à la recherche d'une messe de veillée de Noel digne de ce nom dans mon diocèse. J'aimerai entendre des beaux chants, sentir l'encens... toutes ces choses qui nous rapproche de Dieu... c’est probablement introuvable à 50 km à la ronde…
S'il n'est pas trop tard :
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=576493

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Et.H » ven. 24 déc. 2010, 18:47

Merci de vos réponses. En raison des conditions climatiques, je vais rester dans ma paroisse en priant pour que cela se passe bien.
Cordialement
Et.H

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Héloïse » mar. 28 déc. 2010, 0:16

Merci pour le lien Et.H, cette discussion est très intéressante et le Bon Seb a vraiment eu raison de nous aider à ouvrir les yeux sur les difficultés du sacerdoce et de nos prêtres.
Nous sommes souvent comme des oisillons affamés...

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Ignace » mer. 05 janv. 2011, 15:02

J'ai parlé avec un de mes professeurs sur ce thème, dans les années 70 lors de la "révolution liturgique" (pour faire court), ce ne sont pas forcément les paroissiens à blâmer, la plupart ont suivi les prêtres et je pense que cela continue. La liturgie et le décorum sont souvent piloter par le prêtre.
Pour comparer, je fréquente un couvent dominicain pour la messe dominicale et je dois dire que bien que cette liturgie soit très particulière (épurée, pour ainsi dire, focalisée sur la prêche et l'eucharistie), elle est pourtant priante et très agréable.

Je pense sincèrement, que plus qu'une crise de la pratique liturgique c'est une crise du sens que l'on donne à celle-ci: ces prêtres ont été inspiré par l'Amour, avec tout ce que cela comprend de plus gras, sans forcément garder à l'esprit le sens et surtout l'ampleur qu'elle porte.
“Tu ne dois pas t’imaginer que je suis malheureux: je ne le serais plus jamais”

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Et.H » jeu. 06 janv. 2011, 18:45

J’avoue que cette situation m’intrigue beaucoup et je me demande comment on a pu en arriver là. Depuis 1 mois, je me suis beaucoup renseigné, j’ai parlé avec d’autres personnes et j'ai appris beaucoup de choses. J’ai, pour ainsi dire, mené mon enquête. Je vais essayer d’en faire un petit compte rendu. Ceci est mon hypothèse :

Il semble qu’à l’origine les premiers abus liturgiques soient nés dans les séminaires dans les années 70 (fin des années 60). Les prêtres qui ont sont sortis les ont ensuite répandus dans leur paroisse et ont contaminé les autres prêtres. A l’époque, cela allait de pair avec une envie de liberté vis-à-vis du gouvernement de l’Eglise, une envie de changement... Ces prêtres « post-Vatican II » ont souvent travaillé avec des laïcs et exigé d’eux une confiance absolue leur demandant de les suivre dans leurs abus. Ils ont évité de rappeler les normes de l’Eglise aux laïcs (c'est-à-dire les documents comme Sacramentum Concilium) qui condamnaient leurs pratiques. Par la suite, le nombre de prêtres a décliné et les laïcs ont pris une part plus importante dans la vie de l’Eglise (afin de compenser si on peut dire). Ces laïcs, souvent peu formés, ont continué dans les abus. Malheureusement pour les « abuseurs », aujourd’hui avec Internet, les documents de l’Eglise sont accessibles à tous. De ce fait, des gens se sont rendu compte de la réalité des abus et de leur gravité. D’ailleurs, ils sont même dénoncés parfois de manière peu charitable sur des sites un peu violents à mon goût… Cela oblige parfois, les diocèses à se censurer et à supprimer les pages compromettantes.

Bien sûr, tout dépend des diocèses, des paroisses…Les abus ont pénétrés plus ou moins vite. Voilà, c’est mon hypothèse.

J’ai vu sur internet le texte d’un prêtre pour qualifier cela. Il appelle cela « le rite infra-ordinaire ». Voici, en spoiler, la manière de célébrer le rite infraordinaire. Attention, c’est très drôle (mais tellement vrai) :
[+] Texte masqué
LE RITE INFRA-ORDINAIRE



" C’est dimanche: le jour du rite infraordinaire dans la plupart des paroisses. C’est un rite tellement peu romain, qu’il ne mérite plus que ce nom. C’est le rite infraordinaire tout court. 

On devrait écrire les rubriques de ce rite infraordinaire. 

Tout d’abord, il se caractérise par une très grande diversité et liberté qui ont surtout en commun d’être en réaction permanente au rite romain.
La décoration du choeur de ce rite se caractérise par beaucoup de papier: des posters, des grands slogans, des écrans, des panneaux, des banderoles, des photos, des dessins, des reportages, des bricolages, des ballons gonflables... et donc gonflés. 

Ce qui se dispose sur l'autel doit à tout prix être asymétrique: des bougies (souvent une seule) sur un côté, des fleurs de l’autre. Si possible pas de croix sur l'autel. A quoi bon centrer le regard sur l’essentiel et le détourner ainsi du célébrant? Par contre la sonorisation des papiers du célébrant est d’une importance extrême pour toute participation consciente et active à ce qu'il fait: si on peut trouver un vieux micro qui amplifie le bruit des pages qui se tournent ou quand le prêtre s’y frotte au moment de ses mouvements, c’est le “top” absolu du rite infraordinaire. 

A propos de papiers sur d’autel, il en faut le plus possible et de toutes sortes: chants, mots de commentaires, prières inventées, déroulement de la messe, pense-bête, intention de la messe... Le mieux c’est quand il y en a tellement que le célébrant s’y perd. Il y a des petits missels carrés jetables pour contenir éventuellement tous ces papiers. 

Devant l’autel, une profusion de fleurs, ou de lumignons qu’emmènent les enfants en procession maladroite, ou des paperasses dont j’ai parlé plus haut. C’est pour empêcher à qui que ce soit de faire le tour de l’autel par devant, ou de se poser devant l’autel. 

Pour ne pas perdre de temps au moment de l’offertoire, à moins qu’on ait prévu une procession d’offrande, c’est bien d’avoir prévu et déposé tous les calices, patènes et le linge liturgique dès avant la messe sur l’autel. Le corporal se déploie de préférence avant ou tout au début de la messe. Mélanger l’eau au vin dans le calice dès avant la messe vous fait gagner le temps de cette opération plus tard. 

Le chant d’entrée, si possible un tout vieux que tout le monde connaît et braille, ou un tout nouveau, que ne braille que l’animateur, seul au micro, est en français, contre-rythmé, entraînant, simple. De préférence il n’a aucun rapport avec les Lectures. Pour les grandes fêtes, les enterrements et les mariages, il est très bien vu de passer de la musique pré-enregistrée. Si l’on peut éviter l’orgue comme instrument d’accompagnement, on l’évite. On préférera toujours un “orgue” électronique à un orgue à tuyaux. Le meilleur instrument d’accompagnement, c’est la guitare, l’accordéon ou - surtout dans certaines communautés religieuses - la cithare. Ces instruments sont amplifiés s’il le faut. Les percussions sont un peu passées de mode, mais pour les messes avec enfants, il faut au moins les remplacer par des applaudissements, des claquements de doigts, des instruments improvisés qu'on agite... 

Le prêtre, en aube-sac qui arrive aux mollets et étole pendouillante négligemment jetée sur les épaules, évite de mettre la chasuble, et surtout pas d’amict: il faut qu’il puisse afficher son orientation pastorale au niveau de son col (col romain strict ou col décontracté de polo ou col de chemise à carreaux).

Il faut remplacer systématiquement le “Gloire à Dieu” et le “Je crois en Dieu” par un refrain simple qui présente un tout autre texte. Pareil pour le “Saint, saint, saint le Seigneur” et l’ “Agneau de Dieu”. Les anamnèses doivent emprunter aux mélodies les plus romantiques possibles, de préférence être mal imitées de celles de grands opéras italiens... on y adaptera un texte quelconque.
Toute parole latine est interdite ou à éviter à tout prix dans le rite infraordinaire. Le chant grégorien est passé dans les enceintes acoustiques... avant et après la messe, pour meubler le bâtiment.
Le “Notre Père” doit être gestué par des enfants sous le regard embué des mamans catéchistes admiratives. 

Le plus grand moment de ces célébrations, c’est le geste de paix, juste avant la communion (laquelle est bien moins importante): le célébrant doit parcourir la nef à ce moment-là et serrer un maximum de mains avec un sourire affiché de maire en campagne électorale. C’est un signe d’ouverture et de convivialité. 

Ceux qui s’agenouillent lors de ces célébrations, ou qui insistent pour recevoir la communion dans la bouche, doivent être regardés comme de pauvres attardés mentaux qui se sont trompés de rite. Mais il faut tout faire pour les accueillir décemment, discrètement, compassionnément... L’ouverture à l’autre l’exige.

Le célébrant ne chante rien de ce qu’il devrait assurer tout seul: aucune oraison, surtout pas la préface, ni les dialogues. Mais il participe au maximum aux refrains simples avec la foule; si possible, il chante plus fort et plus faux dans son micro que l’animateur lui-même. C'est du meilleur effet. S’il est un grand musicien, il chante éventuellement les intentions de prière pénitentielle sur une mélodie toute personnelle ou improvisée dans une autre tonalité que le “Seigneur prends pitié” prévu par l’équipe liturgique... Observer la réaction de l’animateur et de celui qui accompagne égaie toujours l’assemblée.

Les lecteurs doivent être choisis au hasard en dernière minute. Il ne faut pas avoir peur des gens qui ne savent pas se servir d’un micro. Il faut annoncer haut et fort toutes les pages des chants et refrains dans le livre de cantiques. A défaut, on peut les afficher sur un grand écran blanc dans le choeur. Le dernier cri, c'est d'y afficher carrément les paroles grâce à un programme d’ordinateur. C’est la “messe-karaoké”. 

Pour la disposition de l’autel, il faut que le tabernacle soit dans le dos du célébrant, de manière à ce que le prêtre, pendant toute la célébration, tourne le dos au Seigneur. C’est une revanche des fidèles envers le Seigneur, de toute cette période où il obligeait le célébrant de leur tourner le dos. Le “top”, c’est d’installer deux autels dans le choeur: l’ancien pour le Seigneur, et un nouveau pour le célébrant et la foule. Si le choeur est assez vaste, il est bon d’ajouter un troisième autel pour les éventuelles messes de semaine. 

Le choix des lectures doit se faire dans une liberté absolue: une seule première lecture dès que l’occasion se présente. On peut prévoir d’autres textes non bibliques. Les oraisons sont formulés librement par le célébrant, seul moyen pour être sûr qu’elles viennent vraiment du coeur.
La prière eucharistique est la plus libre possible, adressée au maximum aux fidèles. Pour les célébrants en manque d’inspiration, il y a les oraisons nouvelles et des prières eucharistiques pour toutes circonstances. 

La tenue dans le choeur doit être la plus désinvolte possible: bras pendouillants, ou croisés, maintenant le menton quand on est assis pour écouter les Lectures. Jamais les mains jointes en prière. Jamais à genoux. Surtout pas de génuflexions: mieux vaut faire une “inclination profonde”, en pointant bien son arrière-train dans la direction de ceux qui se trouvent derrière vous, quand vous croyez vraiment devoir vénérer indifféremment ou le tabernacle ou l’autel. Quand le célébrant s’assoit, il croise les jambes ou il les étire devant lui, s’adossant avec un léger mouvement de proéminence du ventre dû tout le poids de son dos sur le dossier de sa chaise. Se sentir à l’aise est le mot d’ordre. 

Si vraiment on ne peut pas éviter d’avoir des enfants de choeur, il faut qu’il y ait au moins autant de filles que de garçons, et les laisser le plus désoeuvrés possible. Les fillettes doivent avoir du temps pour minauder.
Pas de clochettes, pas de lavabo, pas d’agenouillement ni de génuflexions. Il faut que tout le monde s’ennuie au moins autant que le célébrant qui donne l’impression de se sentir en trop. 

Sauter l’embolisme après le “Notre Père” c’est possible et conseillé: ça permet d’enchaîner tout de suite “Car c'est à toi...”
A la consécration, il est bien de briser l’hostie et de montrer à l’assistance les morceaux en disant les mots “il prit le pain... le rompit...” Il serait bon d’envisager de donner tout de suite la communion en disant “prenez en mangez-en tous...” Ça ferait gagner un temps précieux. Faire distribuer la communion par le plus de laïcs possibles, de préférence par des gens peu habitués à venir à la messe. Il faut impliquer, justement, ceux qui viennent moins souvent, ou qui ont des problèmes avec les enseignements de l’Eglise. Il faut les familiariser... 

Ne surtout jamais oublier de dire “bonjour” à toute l'assemblée au début de la célébration et “au revoir et bon dimanche à toutes et à tous” à la fin. 

Ouf! Effectivement, ce dimanche sera bon, ne pouvant pas être pire que l’obligation d’assister à de telles célébration infraordinaires."

(d’après Jean von ROESGEN)

Texte envoyé en mars 2009 par le curé d'une cathédrale française.
ab. L.
Malheureusement les prêtres et les responsables ne se rendent pas toujours compte de ce qu’ils font et se retrouvent sur Internet bien malgré eux.

Par chez moi, tout est infra-ordinaire. Je commence à m’y faire. Je vais essayer de parler aux responsables pour les faire réagir de manière charitable, tanpis s’ils noient le poisson. J’aurai bien été tenté par la FSSP mais il n’y a rien à moins de 300km. Cela revient à effectuer un pèlerinage tous les dimanches !

J’aimerai néanmoins savoir encore quelque chose. Un évêque peut-il couvrir un prêtre en terme d’abus ? En gros, l’évêque peut-il, de manière licite aux yeux de l’Eglise, dire « tu n’as pas besoin de chasubles », « tu peux supprimer l’embolisme après le Notre Père », « tu peux supprimer des lectures » … ?

Il me semble que non puisque l’autorité de l’évêque est inférieure à celle d’un Concile. Merci de m’apporter vos lumières et merci à tous ceux qui m’ont lu jusqu’au bout.

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Ignace » jeu. 06 janv. 2011, 23:32

Et.H a écrit :J’aimerai néanmoins savoir encore quelque chose. Un évêque peut-il couvrir un prêtre en terme d’abus ? En gros, l’évêque peut-il, de manière licite aux yeux de l’Eglise, dire « tu n’as pas besoin de chasubles », « tu peux supprimer l’embolisme après le Notre Père », « tu peux supprimer des lectures » … ?

Il me semble que non puisque l’autorité de l’évêque est inférieure à celle d’un Concile. Merci de m’apporter vos lumières et merci à tous ceux qui m’ont lu jusqu’au bout.
Je ne connais pas les textes conciliaires précisément. Mais je crois qu'au niveau liturgique, la "révolution" conciliaire est très réduite en fait, se limitant à replacer l'autel et introduire officiellement le vernaculaire.

Pour ce qui est de relations entre évêques et prêtres. Je ne pense pas que les évêques "couvrent" les abus des prêtres. Déjà, ils partagent un certain mode de pensée (même génération?) et sanctionner tous les prêtres qui ne respectent pas la liturgie serait mission impossible (du fait que la majorité des prêtres soient un peu trop "créatifs").

La question de la chasuble est pour ma part une question assez mineure. L'usage veut que le prêtre président soit en chasuble, les autres portants une simple étole. C'est aussi lié à l'idéal de pauvreté dans le rituel qui a été remis en avant. (faire disparaître les dorures et les ornements sacerdotaux traditionnels). Il faut voir aussi un idéal évangélique de simplicité plutôt qu'une dénaturation volontaire de la liturgie. Même si il y a des situations extrêmes catastrophiques, il y a du bon dans cette modernité liturgique.

En lien à cette question, la liturgie n'a pas toujours été uniforme. Le concile de Trente a lissé beaucoup de chose. (Wikipédia fait une belle liste des rites possibles).

Le gros problème, de fond, en France, d'aprés ce que je vois et que j'entends que les textes conciliaires sont méconnus et mal appliqués. Lus dans l'esprit (très large et glissant).

@ Et.H: il n'y a pas de messes de rite extraordinaire autour de chez toi? Sans être FSSP? Aucune communauté traditionaliste (sans être une fraternité) qui assure des messes tridentines.

La question de fond derrière ces abus et ce qu'on fait de la Tradition. Je sais que les 30 dernières années ont été plutôt portée sur le: il faut tout balancer. Mais personnellement, je suis revenu à la foi et à une pratique régulière par cette amour de la Tradition et le challenge qu'il y a à vivre avec.
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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Fleury » ven. 07 janv. 2011, 9:52

Ignace a écrit :
@ Et.H: il n'y a pas de messes de rite extraordinaire autour de chez toi? Sans être FSSP? Aucune communauté traditionaliste (sans être une fraternité) qui assure des messes tridentines.
Quel problème avec la FSSP ?
Pourquoi cette réserve que je crois discerner ?
Elle est en parfaite communion avec Rome, tout va bien !
FSSP, pas FSSPX :-D
Quant aux communautés Ecclesia Dei, qu'elles s'appellent instituts, IPB ou ICRSP, ou fraternités comme la FSSP, je ne vois pas trop la différence.

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par archi » ven. 07 janv. 2011, 10:13

Et.H a écrit :J’aimerai néanmoins savoir encore quelque chose. Un évêque peut-il couvrir un prêtre en terme d’abus ? En gros, l’évêque peut-il, de manière licite aux yeux de l’Eglise, dire « tu n’as pas besoin de chasubles », « tu peux supprimer l’embolisme après le Notre Père », « tu peux supprimer des lectures » … ?

Il me semble que non puisque l’autorité de l’évêque est inférieure à celle d’un Concile. Merci de m’apporter vos lumières et merci à tous ceux qui m’ont lu jusqu’au bout.
Je ne sais pas, canoniquement parlant, quelle serait la marge de manoeuvre d'un évêque pour modifier officiellement la liturgie.

Enfin, je n'ai jamais vu le moindre bout de texte canonique pour couvrir des abus, et je serais étonné qu'il en existe: ils les commettent, point, avec la bénédiction tacite de l'évêque, quand celui-ci ne passe pas un coup de fil au prêtre qui a essayé de remettre un poil d'ordre dans la liturgie de sa paroisse pour lui reprocher son manque de tact pastoral et lui faire comprendre que si ça continue, il lui confiera un ministère style maison de retraite... (j'ai malheureusement plusieurs fois entendu parler de ce genre de cas).

Mais si malgré tout un évêque veut "officialiser" les abus, je pense qu'il reste contraint par le droit canon.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Fleury » ven. 07 janv. 2011, 10:15

Et.H a écrit :J’avoue que cette situation m’intrigue beaucoup et je me demande comment on a pu en arriver là.
Moi aussi, je suis très curieux, et c'est la période juste après V2 qui m'intrigue.
On s'est rué sur les tronconneuses pour enlever les bancs de communion ?
On a fait livrer des parpaings pour élever des beaux autels ?
On a convoqué les brocanteurs locaux ?
Comment cette transition a-t-elle été vécue ? Je ne trouve pas de témoignage.
J'ai relu il y a peu le Horsain du père Alexandre, les mémoires d'un curé ayant passé sa vie dans le même village du pays de Caux.
Plus de lignes sont consacrées aux critères de choix des films à passer en ciné-club paroissial qu'à V2, c'est incroyable, il ne l'a pas vu passer :sonne:

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par archi » ven. 07 janv. 2011, 10:23

Ignace a écrit :Je ne connais pas les textes conciliaires précisément. Mais je crois qu'au niveau liturgique, la "révolution" conciliaire est très réduite en fait, se limitant à replacer l'autel et introduire officiellement le vernaculaire.
Le Concile n'a soufflé mot sur la position et l'orientation de l'autel. La constitution sur la liturgie n'a rien de révolutionnaire, elle demande de garder le latin en permettant d'introduire une dose modérée de vernaculaire, et mandate les prières universelles, le retour de la concélébration et 2 ou 3 autres petites choses. Et demande de ne faire des changements que là où l'utilité des fidèles le requiert vraiment. La réforme qui s'est voulu réforme conciliaire a complètement ignoré cette consigne et a fait une quantité effroyable de modifications arbitraires. Le Cardinal Stickler, qui a fait partie de ceux qui ont rédigé la constitution conciliaire, a bien expliqué que ce qui a été fait par la suite ne les avait même pas effleurés, et que le Consilium chargé par Paul VI de la mise en oeuvre de la réforme était majoritairement composé d'une tendance qui n'avait pas eu voix au chapitre lors du Concile et qui en a profité pour se rattrapper.
En lien à cette question, la liturgie n'a pas toujours été uniforme. Le concile de Trente a lissé beaucoup de chose. (Wikipédia fait une belle liste des rites possibles).
Le concile de Trente n'a guère touché à la liturgie, et le missel de St Pie V promulgué peu après est essentiellement la messe de St Grégoire le Grand avec quelques ajouts médiévaux. Par contre, il est vrai qu'avant le cataclysme de 1969, le XXe Siècle avait connu plus que sa part de changements arbitraires au niveau de la liturgie et du culte divin (je pense aussi à des points comme l'heure des célébrations, etc...). Je pense que le ver était déjà dans le fruit, dès lors qu'on s'est mis en tête que le Pape avait toute autorité pour faire ce qu'il veut avec la liturgie. Au contraire, la valeur de la liturgie tient à sa permanence dans l'histoire de l'Eglise (avec des changements d'ampleur limitée) et au fait qu'on ne décide pas arbitrairement de lire tel texte ou de faire tel geste, mais qu'on s'ancre dans la Tradition du rite.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Re: Désastre liturgique : que faire ?

Message non lu par Mistral » jeu. 13 janv. 2011, 12:25

Je fais un petit up sur ce fil très instructif.

Il me renvoie à une interrogation : j’aimerais beaucoup approfondir le sens véritable de la Messe, sa nature réelle et profonde (l’ordonnancement des faits et gestes du célébrant, leur signification précise, ce à quoi renvoie l’utilisation de tel ou tel objet sacré, etc., bref l’explication de la forme et du fond de son commencement jusqu’à la fin).

Dans cette perspective, auriez-vous l’amabilité de m’indiquez des références d’ouvrages à la fois pour la forme ordinaire et pour la forme extraordinaire ? J'ai fais une recherche sur le forum, mais je n'ai rien trouvé qui corresponde à ce questionnement précis.

D’avance, merci pour vos lumières.
:)
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