La récitation du canon en silence est-elle permise dans la forme ordinaire ?
Je cite la note 173 du document "CÉRÉMONIAL DE LA SAINTE MESSE À l’usage ordinaire des paroisses" de http://ceremoniaire.net.
« Bien que cela contredise la théorie qui a cours, je voudrais ajouter qu’il n’est nullement nécessaire de dire tout le canon à haute voix. Prétendre le contraire résulte d’une méprise sur son caractère de proclamation. Dans une communauté qui a reçu préalablement les explications et l’éducation liturgique nécessaires, les fidèles savent de quels éléments fondamentaux se compose la prière eucharistique de l’Église. Il suffit alors de ne prononcer à haute voix que les premiers mots des différentes parties de la prière, en quelque sorte comme des mots-répères ; la participation des fidèles et, par conséquent, la portée de la proclamation, en seront souvent bien plus grandes que lorsqu’un discours ininterrompu à haute voix étouffe l’exigence intrinsèque des paroles. La multiplication des prières eucharistiques à laquelle on est malheureusement arrivé en d’autres pays, et qui chez nous aussi a commencé depuis longtemps, révèle une situation préoccupante, d’autant plus que leur qualité et leur convenance théologique sont parfois à la limite du supportable. Cette prolifération montre bien que la proclamation du canon constamment à haute voix appelle à grands cris une “variété”, à laquelle la multiplication des prières eucharistiques, si grande soit-elle, ne saurait suffire. On ne trouvera de solution qu’en se tournant vers la tension de la réalité elle-même ; la variété elle aussi devient à la longue ennuyeuse. C’est pourquoi éduquer à une intériorisation, conduire à l’essentiel, est ici particulièrement urgent, on peut même dire que c’est une question de vie ou de mort pour la liturgie en tant que liturgie. » – Joseph cardinal Ratzinger en 1981, traduction française : La célébration de la Foi, Tequi, Paris, 1985, pages 72-73.
En 2000, le cardinal Ratzinger réitère ses propos : « Ce n’est certes pas un hasard si très tôt déjà, à Jérusalem, certaines parties du canon étaient priées en silence, et qu’en Occident la récitation silencieuse du canon, en partie couverte par le chant méditatif, soit devenue la norme. C’est se rendre la tâche trop facile que de balayer tout cela comme le résultat de malentendus. Il n’est pas vrai qu’il faille réciter à haute voix l’intégralité de la Prière eucharistique pour obtenir la participation de tous à cet acte central de la Messe » – traduction française : L’esprit de la liturgie, Ad Solem, Genève, 2001, page 169