Les raisons de la concélébration

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AdoramusTe
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Les raisons de la concélébration

Message non lu par AdoramusTe » lun. 08 oct. 2012, 22:22

(Via Proliturgia : http://www.proliturgia.org/ )

Voici l'extrait d'un texte de Dom Bernard Botte, o.s.b.(1973) abordant la concélébration suite à la réforme liturgique.
(Le reste du texte aborde d'autres questions liées à la réforme liturgique)
Il permet peut-être de comprendre les raisons des orientations souhaitées par les pères conciliaires.
« (...) La réforme dont je me réjouis le plus personnellement, c’est le retour à la concélébration. Il était impossible à des prêtres vivant en communauté de jamais communier ensemble. Il fallait que chacun célèbre sa messe en privé, puis on pouvait ensuite se réunir pour assister à une messe où personne ne communiait. De là des séries de messes qui se suivaient à vive allure aux autels latéraux et qui n’étaient pas toujours une source d’édification pour les fidèles. Il semblait que la multiplication des messes privées était une fin en soi. Mais le comble, c’était les jours où chaque prêtre était autorisé à dire trois messes. Cela devenait un véritable marathon. Je me souviens de ces jours de Noël où, après avoir assisté à la messe de la nuit sans y communier, nous nous croyions obligés d’enfiler trois messes basses en attendant la messe du jour, à laquelle nous assistions sans communier. Il y avait là quelque chose d’anormal. (...) »
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Toto
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Re: Les raisons de la concélébration

Message non lu par Toto » lun. 08 oct. 2012, 23:03

"Nous concélébrons avec Jésus ; qu'il y ait d'autre part cent ou mille concélébrants cela ne fait toujours qu'une messe. La multiplication des concélébrants laisse à penser, pour le moins, que l'efficacité de la messe dépend davantage de la présence et de l'intention des prêtres que de la présence et de la volonté du Christ." (Mgr Forester)
Effectivement, le prêtre célèbre en présence de Jésus ; pourquoi devrait-il se focaliser alors sur les autres prêtres en cas de concélébration? Par ailleurs, le prêtre célèbre in persona Christi ; lors de la Cène, Jésus était seul à célébrer.
Enfin, je souhaiterais revenir sur vos propos :
Il était impossible à des prêtres vivant en communauté de jamais communier ensemble. Il fallait que chacun célèbre sa messe en privé, puis on pouvait ensuite se réunir pour assister à une messe où personne ne communiait.
Dans ma paroisse, où l'on célèbre en rite tridentin (j'ai décidé d'abandonner l'expression assez laide et confuse de "forme extraordinaire"), les prêtres peuvent communier ensemble sans aucun problème : un prêtre célèbre, le deuxième prêtre reste dans les stalles, et au moment de la communion, s'approche pour communier des mains du premier, puis va lui-même distribuer la communion aux fidèles. De même, dans les messes solennelles, avec prêtre, diacre et sous-diacre, il est évident que les trois communient ensemble (pas simultanément, certes, mais à intervalles de temps peu séparés).

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archi
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Re: Les raisons de la concélébration

Message non lu par archi » mar. 09 oct. 2012, 7:42

Toto a écrit :"Nous concélébrons avec Jésus ; qu'il y ait d'autre part cent ou mille concélébrants cela ne fait toujours qu'une messe. La multiplication des concélébrants laisse à penser, pour le moins, que l'efficacité de la messe dépend davantage de la présence et de l'intention des prêtres que de la présence et de la volonté du Christ." (Mgr Forester)
Il me semble qu'on peut largement faire le même reproche à la multiplication des messes privées, qui laisse à penser que la grâce est proportionnelle au nombre de messes...
Il était impossible à des prêtres vivant en communauté de jamais communier ensemble. Il fallait que chacun célèbre sa messe en privé, puis on pouvait ensuite se réunir pour assister à une messe où personne ne communiait.
Dans ma paroisse, où l'on célèbre en rite tridentin (j'ai décidé d'abandonner l'expression assez laide et confuse de "forme extraordinaire"), les prêtres peuvent communier ensemble sans aucun problème : un prêtre célèbre, le deuxième prêtre reste dans les stalles, et au moment de la communion, s'approche pour communier des mains du premier, puis va lui-même distribuer la communion aux fidèles. De même, dans les messes solennelles, avec prêtre, diacre et sous-diacre, il est évident que les trois communient ensemble (pas simultanément, certes, mais à intervalles de temps peu séparés).
Dans le droit canon pré-conciliaire (et je crois jusqu'au CIC de 1984, mais peut-être que ce dernier a repris un indult délivré auparavant?), on ne pouvait communier qu'une fois dans la journée. Le prêtre vivant en communauté, qui célébrait "sa" messe basse et assistait en plus à la messe de la communauté, communiait donc (obligatoirement) au cours de sa messe, et donc pas à la messe communautaire.

Aujourd'hui, on peut communier une 2e fois au cours d'une messe à laquelle on participe. Je ne sais pas si les prêtres de votre paroisse communient en vertu de ce droit ou bien parce qu'ils n'ont pas célébré d'autre messe dans la journée.

Ceci dit, ce que montre le texte de Dom Botte, c'est qu'on avait perdu de vue le fait que la messe est avant tout l'action de toute l'Eglise pour laquelle le prêtre est délégué, et a donc un caractère communautaire. Il est vrai que de nos jours, certains préfèrent célébrer la messe seuls que d'endurer les abus qui sont associés actuellement aux messes concélébrées. Reste que dans une communauté de prêtres, il paraît normal que tous célèbrent ensemble, sinon ce n'est plus une communauté.

En fait, la question que je me pose et que vous posez aussi indirectement:
Effectivement, le prêtre célèbre en présence de Jésus ; pourquoi devrait-il se focaliser alors sur les autres prêtres en cas de concélébration? Par ailleurs, le prêtre célèbre in persona Christi ; lors de la Cène, Jésus était seul à célébrer.
Pourquoi y a-t-il tellement besoin que chaque prêtre célèbre une messe par jour, que ce soit "à l'ancienne" de façon privée ou façon "moderne" dans une concélébration? Pourquoi ne suffirait-il pas qu'un prêtre célèbre et que les autres y assistent, comme tout fidèle (si ce n'est pour les clercs le fait d'être assis au choeur)?
Y a-t-il une quantité différente de grâces qui pleuvent en un endroit:
- si 10 prêtres célèbrent chacun une messe privée?
- si 10 prêtres concélèbrent
- ou si 1 prêtre célèbre une messe à laquelle les 9 autres assistent (et l'offre à toutes les intentions du jour)?

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
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Re: Les raisons de la concélébration

Message non lu par AdoramusTe » mer. 10 oct. 2012, 22:34

Merci de votre position équilibrée, archi, loin de toute polémique.
archi a écrit :
Pourquoi y a-t-il tellement besoin que chaque prêtre célèbre une messe par jour, que ce soit "à l'ancienne" de façon privée ou façon "moderne" dans une concélébration? Pourquoi ne suffirait-il pas qu'un prêtre célèbre et que les autres y assistent, comme tout fidèle (si ce n'est pour les clercs le fait d'être assis au choeur)?
Y a-t-il une quantité différente de grâces qui pleuvent en un endroit:
- si 10 prêtres célèbrent chacun une messe privée?
- si 10 prêtres concélèbrent
- ou si 1 prêtre célèbre une messe à laquelle les 9 autres assistent (et l'offre à toutes les intentions du jour)?
Etonnamment, un prêtre n'est pas obligé de célébrer la messe tous les jours. Il doit assister à la messe le dimanche comme tout baptisé.

Cependant, dans les deux premiers cas, il y a bien 10 messes d'offertes.
Contrairement à ce que certains (traditionalistes) prétendent, chaque concélébrant offre une messe à lui tout seul.

Mais je crois qu'il faut comprendre que chaque messe offerte participe au salut du monde, c'est pourquoi l'Eglise insiste tant sur la célébration quotidienne pour chaque prêtre, sans la rendre obligatoire.
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Re: Les raisons de la concélébration

Message non lu par archi » jeu. 11 oct. 2012, 13:34

AdoramusTe a écrit :Etonnamment, un prêtre n'est pas obligé de célébrer la messe tous les jours. Il doit assister à la messe le dimanche comme tout baptisé.

Cependant, dans les deux premiers cas, il y a bien 10 messes d'offertes.
Contrairement à ce que certains (traditionalistes) prétendent, chaque concélébrant offre une messe à lui tout seul.
Hmmm... moi je compte 1 messe concélébrée ;)
Mais dans tous les cas, c'est le même Sacrifice, célébré par le même Grand-Prêtre, et sa valeur est infinie. Donc que les paroles de la Consécration soient prononcées par 1 ou par 10, ou que les 10 les prononcent séparément lors d'une messe "privée", le résultat devrait être le même...
Mais je crois qu'il faut comprendre que chaque messe offerte participe au salut du monde, c'est pourquoi l'Eglise insiste tant sur la célébration quotidienne pour chaque prêtre, sans la rendre obligatoire.
Je crois que la célébration quotidienne de la messe pour les vivants et pour les morts (en général ou pour une ou plusieurs intentions particulières) est une très bonne chose (même si à certaines époques elle était très rare).

Mais je dois dire que je ne vois pas pourquoi chaque prêtre doit "célébrer" ou "concélébrer" la messe plutôt que d'y participer au choeur. A partir du moment où le prêtre, à qui a été confiée une intention particulière, prend le temps d'assister au Saint Sacrifice afin de prier à cette intention, s'y unit par cette participation parfaite qu'est la Sainte Communion, et que l'intention est annoncée par celui qui récite la Prière Eucharistique "in persona Christi", est-ce que l'offrande a moins de valeur que s'il prononce lui-même ladite Prière Eucharistique, sachant que dans tous les cas c'est en réalité le Christ qui est à la fois sacrificateur et victime?

A ceci on peut lier la distinction, à ma connaissance très moderne, entre concélébration sacramentelle (où tous les prêtres prononcent les paroles de l'Institution) et la "simple cérémonie". Pour les orientaux, tous les fidèles présents, de quelque rang que ce soit, concélèbrent, chacun à leur façon qui n'est pas celle du célébrant principal. Et après tout, les Préfaces du rite romain n'arrêtent pas de nous rappeler que les anges "concélèbrent", ce qui signifie la même chose (un ange n'est pas un prêtre!).

In Xto,
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Re: Les raisons de la concélébration

Message non lu par archi » jeu. 11 oct. 2012, 20:13

Je viens de retrouver un texte de l'époque du Concile abordant en profondeur toutes ces questions:
http://www.nrt.be/docs/articles/1964/86 ... stique.pdf

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
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