Comment laver les blessures infligées à son propre enfant ?

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salésienne05
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Comment laver les blessures infligées à son propre enfant ?

Message non lu par salésienne05 » mar. 03 juil. 2012, 15:14

Chers amis,

Il me coûte de parler de cela mais voilà, j'ai un problème énorme avec mon aîné Cyprien (7 ans). C'est un enfant intelligent, plutôt précoce, mais "intenable". C'est simple, nous avons le sentiment d'avoir un adolescent à la maison. Il a toujours besoin d'attirer l'attention sur lui, de se faire remarquer (et pas forcément de la bonne manière), est constamment sur la défensive et en colère contre tout (et tous), ne sait pas s'exprimer autrement qu'en râlant ou en hurlant, ne supporte aucune contrainte, se plaint constamment de ne pas être aimé et ne tient absolument pas en place (y compris pour les repas). A côté de cela, il est très "spirituel" et très profond, curieux de tout mais il faut constamment "l'occuper".

Or, je suis persuadée que s'il est aussi "difficile", c'est de ma faute. Bien qu'il ait été désiré, j'étais excessivement déçue que ce soit un garçon. Je désirais trois filles car je savais que de manière générale, les filles étaient plus calmes. Il est né dans des conditions difficiles : mes parents se sont séparés et ont divorcé cette année là (et de la façon la moins élégante qui soit) et je suis fille unique donc j'étais réellement prise à partie. Mes grands-parents qui m'ont preque élevée sont décédés aussi cette année-là. L'accouchement a duré 24 heures et Cyprien a été placé en couveuse en service de nénatologie durant trois jours car il avait inhalé le liquide amiotique. Et, dès le retour à la maison, Cyprien devait hurler 8 heures par jour, ne dormait jamais, vomissait tout ce qu'il avalait. Dès que son père arrivait, je le lui passais pour m'enfuir. Dès qu'il a su tenir des objets dans les mains, les objets volaient. Il n'a jamais su jouer calmement avec une petite voiture : les voitures volaient dans l'appartement. J'étais au bord de la crise de nerf : je ne le supportais pas. Je voyais mes copines avec leur landeaux ou leur porte-bébé, tranquilles, au restau, au parc ou ailleurs sans que leur bébé hurle. Nous, c'était impossible d'être quelque paret sans hurlement. Il était couvert d'eczéma, ne tenait déjà pas en place. Et quand il a commencé à marcher, je ne pouvais même pas me rendre aux toilettes sans l'enfermer avec moi tant il faisait de bêtises. Seul son père arrivait à le supporter car le seul moment où Cyprien se taisait, c'était sur le dos de son père qui l'emmenait faire du vélo tout terrain ou l'embarquait dans des rando de plus de 1500 mètres de dénivelée (oui, oui, mon mari est un grand sportif).

Quand Clovis est né, 19 mois après, j'avais le sentiment d'avoir enfin un bébé "normal". Et réellement, j'en voulais à Cyprien de me parasiter la relation nouée avec mon second. Clovis était toujours souriant, ne criait jamais sauf lorsqu'il avait faim, jouait calmement, était toujours content et, pour mon plus grand bonheur, n'aimait pas trop sortir. Clovis, à 2 ans, est tombé gravement malade et durant tous ses soins pour sa leucémie, j'ai été avec lui à l'hôpital, Cyprien restant seul à la maison avec son père et avec mes parents. Les soins de Clovis ont duré 3 ans. Après quoi, on lui a diagnostiqué un autisme atypique. De nouveau, il fallait s'occuper de Clovis et non de Cyprien, d'autant qu'entre temps, Constant était né, et que lui aussi avait été gravement malade (ce qui m'avait là-aussi valu deux mois passé à l'hôpital).

Bref, mon petit Cyprien souffre non seulement d'un sentiment d'abandon, bien normal après tout ce qui est arrivé, mais pas que de cela. Je suis plutôt patiente avec mes autres enfants (mais ils sont assez faciles aussi). Mais lui, je ne supporte pas d'être avec lui, je l'ai souvent "maltraité" verbalement, lui disant que je ne le supportais pas, qu'il me pourrissait la vie, je suis toujours en train de lui hurler dessus. IL est maladroit, casse tout, ne fait rien correctement. Ca, c'est un fait mais l'humilier à cause de cela n'est pas très productif et lui enlève le peu de confiance qu'il a en lui. Il est tellement à l'opposé de moi que je n'arrive pas à entrer en communication avec lui. Alors, j'ai essayé de l'embarquer à Paray-le Monial pour une session famille mais il me reprochait de le laisser au catéchisme : j'étais dans l'incapacité de me retrouver seule avec lui car je ne savais pas qu'en faire. Je l'ai emmené à Paris mais nous avons du écumé tous les lieux scientifiques de la capitale quand je rêvais de lui montrer Versailles, Notre-Dame, et tous les lieux chargés d'histoire. Mon fils aime tout ce que je déteste. Et il aime faire tout ce que je déteste faire. Aucune convergence possible. J'essaye de trouver des moment "à deux" mais on ne sait pas que faire tous les deux... Pas de restaurant possible : il n'aime pas manger et ne tient pas en place. Pas d'atelier cuisine pour les mêmes raisons. Pas de lecture : il n'aime pas lire (même s'il est très bon à l'école et a très vite appris à lire). Pas de promenade : il n'aime pas marcher s'il n'y a pas de copains. Il aime jouer aux jeux vidéo (et c'est la guerre pour maintenir une dose "normale"), il aime ce qui est bruyant, il aime que la maison soit remplie de copains (mais nous habitons un appartement de 70 m² et je suis une solitaire), il aime ce qui est "physique".

Il me lance souvent : "tu ne m'as jamais aimé, tu ne m'aimes pas". Evidemment je lui réponds que non. Mais un fond de moi dit qu'il est en partie dans le vrai. Lorsque je dois m'absenter, il est le seul de mes enfants qui ne me manque pas réellement (les autres ne me manquent pas vraiment non plus mais je suis heureuse de les retrouver, pas lui).

Je me suis confessée mille fois mais aucun prêtre ne me prend au sérieux : il pense simplement que je me laisse déborder par mes trois garçons et qu'après toutes les épreuves et un congé parental qui n'en finit plus, je suis au bord de la rupture à tout instant. Mon mari trouve que je fais des efforts énormes pour "réparer" et lui-même s'occupe énormément ed Cyprien afin de contrebalancer mes propres sentiments à son égard, mais les blessures sont là, indéniablement.

Or, s'il est facile de parler à un adulte, je ne vois pas comment faire avec mon propre enfant qui, à 7 ans, ne comprend pas tout. Je lui ai souvent demandé pardon, mais j'ai le sentiment que soit ce n'est pas sincère, soit qu'il ne le reçoit pas.

Je ne voudrais pas que vous pensiez que je ne l'aime pas : dès qu'il lui arrive quelque chose ou qu'il est rejeté par certaines personnes, je suis la première à le défendre et à le consoler mais, m'occuper de lui est un effort permanent.

Alors voilà : il y a eu blessure de ma part, mais si Jésus Lui-même me pardonne à travers la confession, est-ce que cette confession et ces pardons répétés peuvent aider à guérir mon fils des blessures qu'il a reçues de ma part ? Comment faire ?
C'est tout de même dingue que j'arrive si facilement à être bienveillante avec des personnes odieuses du village, que je puisse faire oraison si facilement, que je sois considérée par les autres comme une personne calme et posée, pleine de de générosité, alors que je me sens être un monstre pour mon fils aîné (et pas du tout pour les deux autres).

J'ai appris que j'étais violente avec Cyprien. Avant, ma vie n'était que calme et silence. Je ne savais pas, jusqu'à 30 ans, que je pouvais me mettre en colère ou que je pouvais faire preuve de violence...


Pardon pour ce long monologue.

Fraternellement.

Cécile

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par etienne lorant » mar. 03 juil. 2012, 15:56

Bonjour Cécile,

Je viens de prier quelques dizaines de chapelet à votre intention. Je ne pense que vous deviez vous reprocher quelque chose dans ce rapport conflictuel avec votre enfant. Montrez vous ferme, ne déviez pas, et (j'ai eu cette idée): dîtes-lui quelque chose que vous êtes certaine de tenir comme sûre aujourd'hui et demain - qu'il puisse s'y fier. Si cela ne donne rien dans l'immédiat, de toute façon il s'en souviendra. Mais il faut que vous soyez certaine de vous-même.

Jésus Miséricordieux, ayez pitié de nous !

Etienne
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par MariaMagdala » mar. 03 juil. 2012, 16:01

Bonjour Cécile,

J'espère que je trouverais les bons mots tant le sujet est sensible et vous fait de la peine. Cela éveille en moi une grande angoisse: autant je me retrouve dans l'histoire de votre petit garçon autant j'ai très peur qu'il ne m'arrive de vivre ce que vous vivez. J'aime le calme et la tranquilité et j'ai très peur, un jour, d'avoir un enfant qui chamboulle tout ça.

Mais voila, malheureusement, on ne peut pas aimer tout le monde de la même manière. Même dans sa propre famille des affinités se créent ou non. Votre fils n'est pas vous et vous ne pouvez le transformer en un être qui vous ressemble...Peut être tient-il plus de son père, qui à l'air très actif? Votre mari à l'air d'avoir un lien plus étroit avec votre fils alors peut être qu'il devrait prendre en charge les parties où vous vous sentez déficiente? Il a le droit de ne pas avoir les même goûts que vous.
La description que vous faites de lui me fait réellement penser à de l'hyperactivité. Avez vous pensez a en parler a un médecin? ou a aller voir un psychologue tout les deux? ou même en famille?
Je crois vraiment que vous devriez lui dire la vérité sur vos sentiments et sur votre culpabilité mais en trouvant les mots avec un professionnel. Il n'y a rien de pire que les non-dits.
Pour arranger les choses et repartir sur de nouvelles bases, une thérapie familiale serait peut être une bonne idée. Votre histoire me donne a penser que votre petit garçon à du mal a trouver sa place, d'ou peut être l'envie de se trouver "une autre famille" avec ses petits copains. C'est pas facile d'exister dans une famille ou il y a eu des frères et soeurs gravement malades.
salésienne05 a écrit : Or, s'il est facile de parler à un adulte, je ne vois pas comment faire avec mon propre enfant qui, à 7 ans, ne comprend pas tout. Je lui ai souvent demandé pardon, mais j'ai le sentiment que soit ce n'est pas sincère, soit qu'il ne le reçoit pas.
En vous lisant, j'ai plutôt l'impression qu'il comprend très bien ce qui se passe justement....

Je crois qu'il vous faut de l'aide des professionnels de santé pour résoudre ce conflit. Parce que vous aurez beau confesser vos réactions violentes, elles risquent de continuer si la cause n'est pas traitée.

Vous êtes une bonne mère Cécile et quelqu'un de bien, vu votre implication avec des personnes même odieuses......


Et quand ça ira mieux entre vous, pourquoi ne pas échanger sur ce que vous avez l'air d'avoir en commun: la religion, le cathéchisme. Racontez lui, transmettez lui....

Je vais prier pour vous et pour Cyprien.

God bless you!
" A celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera retiré" (Mc 4,25)
" A celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il croit avoir " (Lc 8,18)

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Zborg » mar. 03 juil. 2012, 16:21

Bonjour,
A vous lire, cette histoire et ce petit garçon m'ont donné une image et un geste: le bercement.
Avez-vous essayé? Les bébés abandonnées peuvent faire de l'exéma, c'est une impression de rejet qui apparait sur la peau, comme une raison à ce rejet, car sinon il ne comprend pas pourquoi.
Effectivement ça a l'air épidermique, ce rejet de votre part, il ne faut pas le lui reprocher.
Il faut d'abord travailler sur vous: qui vous rappelle-t-il? Avec qui avez vous un contentieux?
Votre mère qui voulait un garçon à votre place? Votre père? Votre mari?
Il y a beaucoup de souffrance des deux côté et il faut trouver la cause, sinon le résultat de tous vos efforts ne changera jamais.
Mais vraiment, je crois qu'il a besoin d'un long bercement, mais quand vous aurez compris pourquoi vous lui en voulez. C'est vraiment si bien que ça une fille? Il me semble qu'il y a plus que ça, sinon ça aurait été pareil avec les autres qui sont des garçons.
La prochaine fois qu'il s'énerve, ne réagissez pas, regardez-le et demandez-vous ce que ça vous rappelle.
Bonne chance.
Tenez-nous au courant.
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Teano
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Teano » mar. 03 juil. 2012, 16:50

Chère Cécile,

Vous avez bien fait d'en parler. Il y a une telle pression sur les mamans qu'elles peuvent trop rarement parler de leurs difficultés. Vous avez le courage de regarder la situation en face et de la regarder pour ce qu'elle est. C'est un problème de territoire : votre fils a l'impression de ne pas avoir sa place auprès de vous et vous avez l'impression de ne pas avoir de place auprès de lui.
Je partage totalement le point de vue de MariaMagdala : vous êtes une bonne maman et vous avez la lucidité de vous remettre en question.

Est-on obligé de se ressembler pour s'aimer ? Je crois que non. Votre fils aime tout ce que vous détestez, dites-vous, mais il serait faux de croire qu'il le fait pour "vous faire enrager". Ce garçon, visiblement intelligent, sera certainement un homme d'action ! Vous avez bien de la chance, justement, d'avoir un fils imprévisible en ce sens qu'il ne vous ressemble pas. Je crois que beaucoup de parents doivent "gérer" cette prise de conscience de la personnalité propre de leur enfant qui n'est ni la leur ni celle de l'autre parent, pour arriver à le laisser vivre sa vie, le moment venu. Ce garçon vous surprendra par son tempérament aventurier.

Je crois pourtant que vous pouvez beaucoup de votre côté pour améliorer cette relation, mais il faudra certainement des efforts, des prières, de la persévérance, de l'observation et de la méthode avec ses succès et ses échecs pour arriver à rétablir le contact. La confession peut d'ailleurs vous servir de fil directeur et d'école de la maîtrise de soi.

Avez-vous essayé de commencer par vous intéresser à ses propres goûts avant de lui proposer les vôtres ? Avez-vous envie de découvrir sa personnalité (si bruyante soit-elle) ? Il est difficile de contrôler ses émotions et ses réactions devant un enfant aussi agité, mais cette agitation n'est-elle pas aussi un appel à l'aide, un appel désespéré à votre attention dont il a été partiellement privé ? Peut-être devriez-vous vous concentrer sur lui avec les mêmes ressources affectives, émotionnelles et spirituelles que vous avez utilisées pour Constant et Clovis ?


Je souscris également à ce que dit Maria Magdala, orientez-vous vers des thérapies familiales car votre mari vous aide aussi beaucoup et je pense qu'il est capable de faire encore plus et encore mieux, si toute la petite famille est aidée, en trouvant les mots.

Je vous maintiens dans mes prières

Claire
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


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Théophile
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Théophile » mar. 03 juil. 2012, 22:45

Bonjour Cécile !

Je trouve au contraire que vous êtes normale, et que votre fils est un super garçon, plein de vie. Facile d'être patiente quand on est tout seul !
C'est aussi la leçon que j'ai appris par mes 3 enfants. Si je reste un jour avec eux du matin au soir, j'explose. Je n'arrive pas à garder les trois tout seul plus de quelques heures, et ils me prennent une énergie folle. Quand c'est pas l'un c'est l'autre. Ils savent exactement où appuyer pour qu'en quelques secondes on devienne des furies. D'ailleurs ma femme me le confirme ! Combien de personnes ai-je entendues, qui affirment haut et fort qu'elles se reposent au travail, et qu'être tout le temps en famille leur seraient insupportables !

Le coup de "tu ne m'aimes pas" ou "tu es le plus méchant", je le connais aussi. Rien à voir avec des blessures !

D'ailleurs votre enfant n'est pas en papier, ni atteint de la maladie des os de verre qui fait qu'au moindre choc il se brise ! Il est plein de vie et vous pompe l'air. C'est normal que vous avez le sentiment de le détester, ni l'envie de ne pas le voir parfois !
Thomas d'Aquin dit que la colère provient d'un obstacle sérieux qui nous empêche d'aller vers un bien qui nous attire. Vous cherchez la paix, l'harmonie, et voilà qu'un obstacle se met toujours entre ce bien et vous. C'est alors que la colère apparaît. Et quand on n'arrive pas à vaincre ou à contourner l'obstacle, le désespoir et la tristesse apparaissent !

Donc Cécile vous êtes parfaitement humaine, et vos sentiments normaux aussi. On n'est pas responsable de la première impression qui nous vient, mais de notre réaction dans un deuxième temps. Haïr quelqu'un qui nous empoisonne la vie est une réaction normale dans un premier temps, m'a dit un jour un prêtre, et heureusement qu'on le déteste. Ca prouve qu'on réagit normalement, qu'on n'est pas en dépression profonde ou sous l'effet d'une puissante drogue.

Mais comment réagissez-vous dans un deuxième temps, alors ? Il n'y a qu'à vous relire. Vous essayez constamment de vouloir du bien à votre fils, de trouver des dénominateurs communs. Vous lui voulez du bien. C'est la définition même de l'amour, selon Saint Thomas! Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un, même si on a des sentiments contraire envers lui.

Vous aimez donc votre fils en acte, régulièrement de surcroît.
Bref, vous êtes en parfaite santé spirituelle, et une super maman !
Quand à la violence, elle est aussi normale dans un premier temps en pensée et dans les sentiments, mais en acte elle est désordonnée.

Voilà donc mes propositions :
a) Contre la violence :1° réfléchir avec votre mari sur la manière de réagir dès les premiers signes de colère, puis quand vous êtes proche de la furie (se calmer soi-même : respirer 5x profondément avant d'agir, s'isoler soi-même, frapper contre un matelas dans la chambre à coucher, hurler du balcon, ou se plonger sous la douche froide pour se ressaisir. 2°Quelle réaction à avoir envers votre fils (qui devrait être toujours la même si possible pour vous et votre mari : l'envoyer dans sa chambre, au coin pour un temps mort, etc., sans le frapper bien sûr).

b) Pour amorcer le dialogue avec votre fils, je vous propose une méthode qui me vient d'Amérique. Une maman d'Outre-Atlantique ne cessait de faire des remontrances et des remarques à ses enfants (bizarre, non ?). Elle eut la bonne idée de donner un petit carnet à chacun dans lequel elle écrivait des mots d'amour, des remarques positives (je suis fier de toi parce que...) qui leur était destinés personnellement. Succès garanti ! Nous l'avons testé et c'est génial, ils en redemandent !

c) Quand on ne voit que ses faiblesses, tout confier à Dieu car lui seul peut réparer en profondeur nos blessures. Et oui, Cécile, nous ne sommes pas Dieu ! Et heureusement, sinon une foule encore plus nombreuses viendraient vous adorer dans votre appartement, en plus des copains ! :-D

Allez hop, avançons lamentablement jour après jour en tant que parents, et un jour nous verrons le soleil derrière les nuages, je vous le garantie !

Cordialement,
Théophile

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par ti'hamo » mar. 03 juil. 2012, 23:36

(Moi quand j'étais petit c'était "je suis plus votre petit garçon" que je sortais à mes parents)


Bon, si vous lui avez vraiment dit, textuellement, que vous ne le supportiez pas et qu'il vous pourrissait la vie, alors c'est mal, ça c'est sûr. Quand vous dites lui avoir demandé pardon : comment l'avez-vous formulé ? Lui avez-vous dit "je te demande pardon" ?

Si vous lui avez vraiment dit qu'il vous pourrissait la vie, alors il me semble que la solution est simple, si ce n'est déjà fait : dans un moment de calme, où vous êtes seule avec lui, lui dire : "une fois, je t'ai dit que tu me pourrissais la vie, non ? Et bien, je me suis trompé. Ce n'est pas vrai. Tu ne me pourris pas la vie."
(dans un moment de calme, pas dans un moment où il boude et où vous essayez de regagner son attention) (pas quand il est devant son jeu vidéo non plus)


Après vous pouvez - oui, bon, 7 ans, donc avec des mots simples et sans en faire des tonnes - lui expliquer que les adultes ont des soucis qui les rendent fatigués, que lorsqu'on est fatigué on peut se tromper comme ça, et que ce serait courageux de sa part de faire des efforts pour vous éviter d'être trop fatiguée.


Et s'il lit peu mais qu'il aime les sciences, offrez lui donc de grands livres de vulgarisation scientifique pour enfants, je me souviens de certains que j'aimas beaucoup à son âge, je suppose qu'on doit trouver l'équivalent de nos jours.


Et puis bannissez de votre esprit l'idée qu'il est maladroit, qu'il casse tout, et qu'il ne fait rien correctement. (quand l'idée vous vient, vous la stoppez immédiatement en visualisant un panneau "stop", en vous disant explicitement "stop" dans votre tête, et en remplaçant cette idée par complètement autre chose, mais toujours par la même chose) (au début il faut s'entraîner je crois).
La question n'est pas de savoir s'il est réellement ou non maladroit : si vous avez cette certitude aussi fortement ancrée en vous, de toute façon, cela sortira forcément dans vos propos et ne fera qu'entretenir cette maladresse.
(pas de meilleure solution, pour aggraver la maladresse de quelqu'un, que de lui en faire perpétuellement le reproche, verbalement ou non d'ailleurs) (vous connaissez le passage du Petit Chose avec la cruche ?)



Bon, ça fait deux point qui me semblent essentiels avant d'essayer quoi que ce soit d'autre :
lui dire explicitement, verbalement, devant lui, qu'il ne vous pourrit pas la vie et que vous vous êtes trompée quand vous avez dit ça,
et bannir de votre tête l'idée qu'il est maladroit.
(et sur le moment n'attendez rien en retour, parce que si vous êtes déçue ça n'ira pas. Faites le, juste.)


Après, on verra.
(Alors, non, je ne suis pas psychologue professionnel, ma fille n'a que 7 mois et pas encore 7 ans,
mais j'ai été un petit garçon moi aussi)
Dernière modification par ti'hamo le mar. 03 juil. 2012, 23:40, modifié 1 fois.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
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Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par ti'hamo » mar. 03 juil. 2012, 23:40

(Ah, oui, les jeux vidéos. Continuez à maintenir un temps imparti précis, restreint et non négociable, sinon on devient facilement accroc à ces choses là -
parce que dans les jeux vidéos, on sait comment réussir une tâche et on sait explicitement quand on l'a réussie - on gagne le niveau. C'est gratifiant. Et ça rassure.)
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par salésienne05 » mer. 04 juil. 2012, 14:18

Ti'hamo, c'est exactement ce que m'a sorti Cyprien hier lorsque je lui stoppais le jeu vidéo après le temps imparti et qu'il me faisait une crise (il n'a pas compris, en 6 mois, que son père et moi ne céderions pas : il essaye toujours de grapiller des minutes !) : "Mais tu comprends, Maman, quand je joue, je gagne et je suis le meilleur, et en plus je maîtrise". Oui mon fils...

Aujourd'hui, je suis seule avec lui, aucun frère en vue (l'un à l'hôpital comme tous les mercredi, et l'autre exceptionnellement à la crèche). Dans la voiture pour faire les courses de la semaine, mon fils me dit : "tu sais, j'aimerais bien avoir ce jeu là, mais ce n'est pas ça qui rend heureux. Tu vois, ça me fait plaisir, mais ça ne rend pas heureux, tu vois la différence ? Et j'en ai marre de mes copains qui "traitent" Jésus." Moi : "Pourquoi, tu leur a parlé de Jésus ?". Lui : "Ben oui, je leur disais que Jésus Il nous aimait tous, y compris ceux qui étaient différents comme Clovis, ou comme Aïda (la seule noire de l'école, musulmane de surcroît : mon fils l'aime beaucoup). Moi je sais que pour être heureux, je dois être près du coeur de Jésus (je précise que je n'ai jamais rien dit de tel à mon fils, qu'il ne va pas au caté encore, et qu'il ne va pas à la messe avec moi). Mais les copains, ils ressentent pas comme moi, c'est normal ? Et en plus, ils ne pensent qu'à eux et ils m'ont dit qu'ils s'en foutaient s'il y avait des pauvres, et que les pauvres, ils n'avaient qu'à se bouger. Mais Jésus il aime les pauvres, non ?".

Bref, je suis restée interloquée car même s'il aime prier, qu'il se promène partout avec son chapelet, qu'il réclame à aller à l'Eglise (notre petite église est ouverte toute la journée) dès qu'il est contrarié (il s'asseoit un moment, fait un signe de croix et dit quelques mots à Jésus et à Marie, et repart tout guilleret), il ne m'avait jamais parlé comme ça ! Il y a de vrais progrès qui sont faits depuis que je mesure la violence de mes propos à son égard et que je demande au Seigneur de me venir en aide. Je ne savais pas qu'il parlait de Dieu à ses copains (école publique de village montagnard mais station de ski : tout tourne autour du fric et du paraître, ici)...

Mon mari trouve que je fais de très très gros efforts pour me maîtriser :saint: . Merci de vos réponses en tous les cas...

Fraternellement.

Cécile

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Zborg » mer. 04 juil. 2012, 14:40

Halleluja, praise the Lord! Comme on dit en anglais! :clap:
Votre fils a déjà trouvé la Vérité, bravo à lui!
C'est beau. On est souvent touché par Jésus à cet âge-là, ça nous marque ou pas, mais pourvu qu'il n'oublie pas avec le temps, et que vous l'accompagniez sur cette voie.
:paix!
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Teano » mer. 04 juil. 2012, 20:02

Chère salésienne,

Vous vous inquiétez pour votre garçon... moi je m'inquiète pour ses copains... :(
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par ti'hamo » mer. 04 juil. 2012, 21:59

Et voilà, le Salut vient toujours de là où on ne l'attend pas... :)

(les anges gardiens sont, je crois, des spécialistes de la blague qui consiste à tapoter sur l'épaule de quelqu'un alors qu'on est en fait de l'autre côté.) (et ils ne s'en lassent pas ; de grands enfants...)
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
[Konrad Lorenz]
Extrait de L'Agression

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Invité » mer. 04 juil. 2012, 22:14

Moi je sais que pour être heureux, je dois être près du coeur de Jésus (je précise que je n'ai jamais rien dit de tel à mon fils, qu'il ne va pas au caté encore, et qu'il ne va pas à la messe avec moi)
Le caté de la session famille à Paray-le-Monial, sans doute !
On parle du Sacré-Coeur, là-bas. ;)

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Kerniou
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par Kerniou » ven. 06 juil. 2012, 17:31

Chère Cécile,
Vous faites toujours preuve de beaucoup de franchise et de courage.
Votre situation est celle des parents qui ont beaucoup ( trop !) de choses à gérer en même temps... et vous vous sentez coupable de ne pas tout réussir. Votre fils doit confusément sentir votre culpabilité et selon les moments, il se montre agressif ou vous fait partager ses préoccupations par de touchantes confidences. Ses propos dénotent une maturité certaine qui permettent de penser qu'il peut comprendre beaucoup de choses. Il est possible que son agitation soit liée à ce qu'il ressent de vos préoccupations, sans pouvoir mettre de mots autres que le fait que vous ne l'aimez pas.
Peut-être pourriez-vous, si vous le sentez et si vous ne l'avez déjà fait, envisager une conversation avec lui et votre mari où vous lui parleriez des situations auxquelles vous avez dû faire face au moment de sa naissance puis de la maladie de son petit frère en lui précisant bien que tout cela n'est pas de sa faute ni de celle de personne, que la vie vous a mis votre famille face à des urgences à traiter et que vous avez ce que vous avez pu mais qu'il a pu se sentir frustré de votre présence et de votre attention ... Mais ce n'était pas de l'abandon !
Je suppose que votre mari pourrait vous aider à reprendre les choses et Cyprien pourrait se sentir apaisé de la confiance que vous lui témoignez parce qu'il est grand et qu'il peut comprendre. Il aurait une explication à ce qu'il a ressenti et serait rassuré de ne pas être mal aimé ni rejeté.
Dans un premier temps, c'est un peu comme cela que je verrais les choses; mais c'est vous qui les vivez et qui connaissez votre famille.
Pour l'instant, je n'aborderais pas les difficultés de compréhension à son égard et qui relèvent de sa personnalité comme de la vôtre, ni le désir d'une fille. Vous savez il en est, aussi, des turbulentes et des insupportables !
Bon courage Cécile, votre souci du bien-être de vos enfants vous aidera à trouver une solution satisfaisante votre famille.
De tout coeur avec vous.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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zelie
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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

Message non lu par zelie » sam. 07 juil. 2012, 12:31

Bonjour Salésienne,
Tout le comportement de votre fils, ainsi que ses symptômes étant plus petit, me pousse moi aussi à vous conseiller vivement une thérapie familiale pour tout remettre à sa place et à sa juste place, sans déformer ou grossir la culpabilité, la part de responsabilité de chacun. Vous allez voir, vous allez revivre! Votre fils a tellement à dire que ça me paraît même à la fois urgent et primordial.
Pour ce qui est de ce que vous avez dit à votre enfant; je pense qu'on peut dire presque tout à un enfant, même qu'il vous pourrit la vie; le comment on le dit, ça c'est autre chose; mais il est capable de faire la différence entre un moment de colère qui laisse échapper des mots de trop et un moment de sincérité véritable.


Dans le registre des mots, laissez-moi vous faire part d'un épisode; à une époque récente, j'avais deux ados bien rebelles à la maison, mais alors des cas, des gratinés. Garde à vue, etc... j'ai eu droit à tout, à vraiment tout dans le pire que peuvent faire des ados, même ce que votre imagination ne peut pas imaginer. Et j'étais seule pour m'occuper d'eux.
Quand mes enfants étaient petits, j'ai eu un lien affectif magnifique et très fort avec eux; je priais et rendais grâces pour cela! C'était même un peut trop cocooning, trop doux, trop fusionnel, mais qu'est-ce qu'on s'aimait tous, c'était vraiment de belles années structurantes et solides pour toute la famille, même si dans le tableau j'étais le bémol qui devait trancher parfois, puisque je devais être à la fois mère et père :( , et que je suis bourrée de principes traditionnels.

Et puis l'adolescence est arrivée, la haine avec...

J'ai fini un jour par être usée par le nombre incalculable de leurs méchancetés, leurs menaces de coups, leurs insultes et de leurs bêtises, fatiguée et gravement malade; je travaillais en cachant ma maladie, tout comme j'ai travaillé avec un bras cassé, pour nourrir mes enfants. Ma fille, un jour que je la ramène à la maison après moult énormes bêtises, me "vide son sac" dessus. Ce jour-là, je n'ai pas pu être "professionnelle", moi qui m'occupe d'enfants dans ma profession. Je n'ai rien dit, j'ai laissé tout son "sac" se vider, sans bouger, même plus abasourdie, mais complètement détruite.
Après un temps de silence assez long, très calmement, très épuisée, je lui ai dit "tu sais, je suis comme toi, moi aussi, j'en ai marre", et que moi aussi je ne pouvais plus vivre comme ça, que si pour elle "elle ne se sentait pas assez aimée" à la maison, moi je ne me sentais plus du tout aimée dans ma maison, depuis des années, et que pour moi aussi, "les choses avaient tellement changé que je ne pouvais pas prédire de nos liens futurs" (elle voulait partir "loin" et aller vivre avec un garçon hors mariage, mineure!). Et vraiment je pensais tout cela à cet instant-là, et je n'ai eu qu'à employer ses mots à elle, tout doucement; c'est sorti tout seul.
Je lui ai dit que je n'avais aucune solution à ce qui l'agitait, mais que je savais d'expérience qu'une solution ça se construit au jour le jour, il n'y en a jamais de toute faite; quoiqu'il en soit elle était libre. J'ai dit tout ça en très peu de mots, assise dans un coin, presque en chuchotant, repliée sur moi, sans bouger, et sans rien attendre d'elle. Et là elle s'est tue et m'a regardée, fixée intensément; j'ai lu un nouveau regard en elle, une immense peur. Elle a compris que j'étais au bout du rouleau, et que le lien affectif qu'elle malmenait tant depuis des années s'était énormément transformé, et était peut être en train de se détériorer tellement qu'il allait tomber en miettes; de fait elle ne récoltait plus que mon indifférence et mon épuisement ,même si je n'avais jamais voulu que les choses finissent ainsi.
Puis je l'ai laissée sans la regarder. Je ne ressentais plus rien, une sorte d'amnésie au monde extérieur pour me protéger, comme un dernier acte de survie, s'était implanté en moi.
Et je suis passée à autre chose.

A partir de ce jour, elle est devenue bien plus raisonnable et j'ai pu voir qu'elle prenait énormément sur elle parfois quand c'est moi qui suis difficile à vivre. Du coup je suis moi aussi sur mes gardes, car je ne veux pas qu'elle porte le poids de notre relation; je fais beaucoup d'efforts, et j'apprends à me taire et à la regarder autrement.
Mais ce jour-là on a compris toutes les deux en même temps qu'on ne peut pas maintenir un lien affectif solide et chaleureux dans un climat de haine trop forte et trop longuement endurée.
Elle a pris conscience que sa mère avait des limites. Moi j'ai appris l'humilité en découvrant ma limite dans mon amour de mère, et ça m'a ravagé l'orgueil sur le coup; oui, il pouvait y avoir des situations où j'étais incapable de porter le lien qui nous unissait si on me malmenait trop, et je n'en avais même pas honte! Au contraire, ça m'a libéré d'une obligation de résultats; je ne suis pas parfaite, et je n'ai pas à essayer de paraître parfaite. C'est inutile de toute façon.
Et si ma fille n'avait pas saisi ce que mon attitude repliée disait ce jour-là, j'aurais pu finir par ne plus l'aimer, comme elle ne m'aimait déjà plus. C'est terrible comme constat; nous ne nous aimions plus ou presque. On avait touché le fond.

Ensuite, avec le temps, nous avons reconstruit un lien; mais il nous est évident à l'une comme à l'autre que ce lien n'est pas du tout une copie du lien de son enfance; il est tout autre, complètement différent. On apprend au jour le jour de ce nouveau lien, on l'expérimente, mais avec une précaution infinie, et on entretient ce lien, qui augure de toute une vie pour se construire.
Pour moi, il a signifié aimer quelqu'un qui est aux antipodes de moi, en l'encourageant à faire ce que je ne ferais pas, à aller là où je n'irais jamais jamais jamais, à admettre qu'elle pense tout à l'envers de mon univers, et à prêter attention et enthousiasme à ce qui l'intéresse, pas parce que ça m'intéresse, mais tout simplement parce que je l'aime et que peu importe ce qui se passe, je suis près d'elle et on parle beaucoup de ce qui nous anime.
Se contenter de ce peu nous a sauvé toutes les deux; et c'est cette simplicité, cette humilité dans le lien, qui nous a permis de trouver notre rythme et de nous aimer à nouveau solidement et joliment. Et comme une vie n'est jamais sans un miracle quelque part, je sens poindre sous ce lien adulte la force de l'amour que nous avons déjà partagé lorsqu'elle était enfant.

Ne vous découragez pas dans votre chemin de maman... Votre enfant grandira et les choses ne restent jamais figées là où on les croirait bouchées. Mais, de grâce, faites-vous aider pour poser à plat le malaise de votre enfant qui semble être lié à la sa période anté-natale (enfin, ce que j'en ai compris). Pensez un instant que si à l'intérieur de vous-même vous vous sentiez mal au point d'avoir des boutons sur la peau, ne courriez-vous pas dans l'instant chez un médecin pour qu'il vous soulage? Votre fils semble ainsi, en tous les cas, vous semblez avori cette image de lui; est-elle réelle, est-ce parce que vous culpabilisez beaucoup, on n'en saura rien ici, mais un médecin spécialisé compétent pourra vous aider pour démêler ce noeud.
Votre enfant ne me parait en rien un cas désespéré, il vous le prouve comme il peut, mais vous avez chacun à trouver la bonne fréquence pour communiquer et vous accepter réciproquement.

Voilà, j'espère que tout cela vous aidera à réfléchir et à vous apaiser.

Que Saint Joseph vous guide, vous et votre famille, vers un chemin de Paix,
Zélie
L’intégrisme est un refuge pour la misère parce qu’il offre un sursaut d’espérance à ceux qui n’ont rien.
Que leur mal disparaisse, et l’intégrisme perdra ses troupes. L'Abbé Pierre
Vis vraiment chaque instant. Fais-le meilleur. Aime-le. Chéris-le. Fais-le beau, bon pour toi-même et pour Ton DIEU. Ne néglige pas les petites choses. Fais-les avec Moi, doucement. Fais de ta maison un Carmel où Je puisse Me reposer. Jésus, Premier Cahier d'Amour

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