En écho,
Olivier C écrivait :
Cette "étude" me rappelle les études des premiers anthropologues, cherchants a appuyer la théorie de la suprématie de la race blanche sur les autres, dans une perspective colonialiste.
Illustration :
[...] ...
l'infériorité physiologique des noirs par rapport aux blancs trouve encore un argument dans la prétendue odeur déplaisante des noirs. Des millions de personne croient à cette odeur
sui generis. [...] Presque tous les groupes humains ont été accusés à une époque ou une autre, de sentir mauvais. Les juifs naturellement n'ont pas été oubliés. «Opinion reçue», selon l'expression de sir Thomas Brown, elle ne serait plus acceptée de nos jours même par les antisémites les plus forcénés sinon au sens figuré. D'après l'écrivain de couleur Richard Wright, les noirs disent que
les moricauds sentent mauvais quand ils suent, mais que les blancs sentent toujours mauvais. Selon un vétéran de la guerre dans la jungle, cité par
Time, «on sent un bataillon de Japonais à 500 mètre», particularité qui n'a pu que simplifier les opérations militaires.
Les Japonais nous avaient toutefois devancés dans l'art de la
téléolfaction. Leur grand anatomiste Buntaro Adachi a publié, il y a une cinquantaine d'années, une désobligeante bien que savante monographie sur l'odeur des Européens. Que les Européens visés par lui aient été des Allemands n'a sans doute guère compromis la bonne entente de l'Axe.
L'inanité de telles accusations apparaît dans les explications qu'on en donne. Ainsi on a justifié l'élimination des noirs de certains emplois parce que à l'encontre des blancs «qui exsudent du sel avec leur sueur pour en atténuer l'odeur», les nègres, eux, n'ont pas de sel. C'est pour cette raison que beaucoup de blancs refusent de s'asseoir près d'eux dans les tramways et préféreraient, prétendent-ils, se passer de manger plutôt que d'avoir des nègres à leur table. Mais on ne s'explique pas dès lors le plaisir qu'ils ont à prendre leurs repas dans des wagons-restaurants, ni comment ils arrivent à avaler des mets préparés par des noirs et servis par des noirs, qui se tiennent sans cesse derrière eux. Le professeur A.M. Lee de l'Institut de sociologie de l'université Wayne (Détroit, Michigan) rapporte qu'à la suite des émeutes raciales de juin 1943, un des témoins lui aurait déclaré avoir été pris de nausées dans un cinéma lorsque, la lumière étant revenue, il s'était aperçu que son voisin était un noir. La cause de ses nausées était, selon lui, que «le noir sentait affreusement mauvais», mais il ressort de ses propres dires que le sens olfactif de cet homme délicat était inhibé par l'obscurité.
[...]
Tout comme pour les noirs, on a essayé de prouver que les juifs étaient physiologiquement différents des non-juifs et qu'ils constituaient une race à part. On affirme souvent que certaines maladies sont particulières aux juifs. Ainsi le docteur George Boris Hassin écrivait en 1925 que l'idiotie juvénile amaurotique se rencontre exclusivement dans les familles juives venues de l'ancienne Pologne russe et ajoutait que cette tendance raciale demeure le seul et indiscutable facteur étiologique de la maladie. «Les cas typiques de cette maladie, écrivait-il, se présentaient presque exclusivement chez les jeunes hébreux, en particulier ceux dont les parents émigrèrent des provinces polonaises de l'ancien empire russe». Dans l'entre-temps, il avait été soutenu par le Dr Frank R. Ford qui, en 1937, avait déclaré que la maladie se limite à de rares exceptions près à des sujets de race juive.
De telles opinions n'étaient pas imprimées dans des organes de combat antisémite, mais dans des publications savantes, rédigées à l'intention des spécialistes. Le modeste profane croit volontier que des déclarations aussi catégoriques, provenant non pas de simples docteurs mais de docteurs qui enseignent aux docteurs, doivent être l'aboutissement logique d'investigations exhaustives, d'observations répétées et contrôlées.
[...]
Une autre «maladie juive» est la maladie de Buerger, affection du système circulatoire qui se rencontrerait presque exclusivement chez les juifs, selon le docteur Leo Buerger qui la découvrit. Dans un rapport de 1924, le Dr Buerger note que sur 500 malades étudiés, 10 seulement n'étaient pas juifs. Pour beaucoup de médecins et même de spécialistes, la question était de ce fait réglée :
la maladie de Buerger était une maladie juive*.
Pour le sceptique, tout cela rappelle de manière inquiétante l'histoire des chevaux blancs et des chevaux noirs de mon oncle.
- Gribouille informe M. Thomas que les chevaux blancs de son oncle mangent deux fois plus que les chevaux noirs et il se demande pourquoi. Après enquête, on s'aperçoit que c'est parce que l'oncle a deux fois plus de chevaux blancs que de noirs. Cette vieille plaisanterie a toujours beaucoup de succès au music-hall.
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Selon d'autres observateurs, les juifs participeraient d'une biologie différente. Guttmacher dit que tous les commentateurs s'accordent pour dire que les juifs ont une plus grande proportion d'enfants mâles que les non-juifs. Mais qu'est-ce donc au fait qu'un juif ? Et qui sont ces commentateurs anonymes ? Dans quelle mesure faut-il limiter ce
tous puisque ni Fishberg, ni Kautsky ni Scheinfeld, ni Hogben ni Haldane et ni Huxley ne sont du nombre ?
Aux yeux du populaire, les juifs comme les noirs, auraient une psychologie différente. Cet argument fut invoqué pour empêcher la nomination de Brandeis, en 1916, à la cour Suprême des États-Unis. On affirma que ce juif serait incapable d'interpréter des lois faites par des esprits occidentaux.
[...]
L'idée de justifier des brimades par une différence biologique est un produit de la pensée moderne. Ou plutôt, comme le fit remarquer John Stuart Mill à la naissance de cette idée, elle est un produit de la paresse intellectuelle. «De toutes les manières vulgaires de ne point tenir compte des influences sociales et morales sur l'esprit humain, écrivit-il, la plus vulgaire consiste à expliquer la diversité des types et des comportements par des causes naturelles intrinsèques.»
Source :
Histoire naturelle des sottises ou 3000 ans d'erreurs quotidiennes, Librairie Plon, traduit de l'américain par Bernard Heuvelmans (Alfred A. Knopf,
The Natural History of Nonsense, New-York, 1961),
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* La clientèle du Dr Buerger, à l'époque de sa découverte (il était alors attaché à l'hôpital de Mont-Sinai à New-York) était en majeure partie israélite. Quand le Dr Horton de la
Mayo Clinic de Rochester (Minnesota), où les juifs sont dans une proportion moindre qu'à Mont-Sinai, fit paraître en 1938 une autre étude sur cette maladie, il ne confirma en rien les observations du Dr Buerger. Le Dr Horton avait étudié 948 cas parmi lesquels 262 juifs et il était arrivé à cette conclusion que cette maladie que l'on supposait presque exclusivement juive, se rencontre en fait dans presque toutes les races.