De l'âme

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Un gentil athée
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Re: De l'âme

Message non lu par Un gentil athée » mer. 29 déc. 2010, 14:35

Bonjour cracboum,
cracboum a écrit :Bonjour DA95, ce que Gentil Athée appelle constats expérimentaux ne concerne pas la réalité mais la psychologie. Dans la réalité formes et matière n'existent pas à l'état séparé et aucune ne précède l'autre. En revanche il est loisible à la pensée d'imaginer tous les cas de figure. C'est un exercice amusant.
Euh, ben non. Ça concernait la réalité. Mais je ne vois vraiment pas où vous avez vu que je parlais de formes existant de manière séparée concernant les statues et les blocs de grès :sonne: J'ai même dit tout le contraire. Je n'en reviens pas... :s

Cordialement,

Mikaël

cracboum
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Re: De l'âme

Message non lu par cracboum » mer. 29 déc. 2010, 14:45

Bonjour Gentil Athée, c'est moi qui le dit. En d'autres termes vous projetez vos idées sur la réalité.
Qui c'est la belle tête de penseur de votre avatar ? J'hésite.
L'unité de la souffrance et de la béatitude est le secret de Dieu, comme le don de sagesse surpasse celui d'intelligence. P. Varillon
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Re: De l'âme

Message non lu par Un gentil athée » mer. 29 déc. 2010, 15:37

cracboum a écrit :Bonjour Gentil Athée, c'est moi qui le dit. En d'autres termes vous projetez vos idées sur la réalité.
J'espère bien que non. De toute façon, ce que je dis, n'importe qui peut le constater s'il dispose d'un bloc de grès, d'un burin, d'un marteau et d'un peu de talent ;) Ou mieux : de la pâte à modeler. Avec elle, on peut former, déformer et reformer successivement et facilement plusieurs formes distinctes.
cracboum a écrit :Qui c'est la belle tête de penseur de votre avatar ? J'hésite.
Baruch Spinoza :>

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DA95
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Re: De l'âme

Message non lu par DA95 » mer. 29 déc. 2010, 15:53

La préexistence de la matière dont je parle n'est donc pas une qualité intrinsèque à cette matière. Elle se définit par rapport à la statue.
Si elle se définit par rapport à la statue. C'est donc que la matière se définit par rapport à la forme.

J'ai un peu de mal avec cela. la forme est le principe de spécificité de la chose, et la matière le principe de l'individualité de la chose. La matière est pour moi ce dont les corps sont faits. Le corps fait de matière est déterminé par la forme.
Matière et forme n'existent jamais l'une sans l'autre. L'intelligence peut les distinguer l'une de l'autre comme constituants distincts, mais relatifs l'un à l'autre et l'un exigeant l'autre.
=> ceci dit, je comprends mal comment la matière pourrait se définir par rapport à la forme.
Je vous cite J. Daujat pour lui "il serait absurde de considérer la matière sans forme puisqu'elle serait alors quelque chose d'absolument indéterminé: il n'y a de matière que dans des substances corporelles qui en sont faites et ont une nature, donc une forme".

Merci d'avoir répondu et d'avoir amené ces précisions. Mais vous venez de soulever un autre problème comment prouver que la matière se définit par rapport à la forme et non deux constituants distincts, mais relatifs l'un à l'autre et l'un exigeant l'autre?
Peut être sur un autre topic.

Je vous laisse à votre discussion avec Amfortas

Cordialement
"Amen, viens, Seigneur Jésus !" Ap 22,20

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Griffon
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Re: De l'âme

Message non lu par Griffon » mer. 29 déc. 2010, 20:58

Cracboum a écrit :Si je n'ai pas fait d'erreur, cela me convient.


Ben...!
Si c'est pour dire que tout le discours se tient. Alors d'accord.
Mais j'ai beau avancer dans ma lecture, je reste sur ma faim.
En fait, je constate que les questions qui intéressent les autres, ne m'intéressent pas vraiment.
Sauf celle-ci, par exemple :
Cracboum a écrit :Parceque si l'âme intellectuelle rend l'homme immortel, cad non décomposable comme le corps, je ne vois pas comment on passe à éternel, cad transcendant le cosmos; capable de Dieu, cad suffisamment semblable à Dieu au point de partager sa Vie. Est-ce par l'intellect que l'on est semblable à Dieu ?


Je me demande si ce n'est pas le préalable qui me pose problème.
le bon Seb a écrit :On part du réel observé — et il n'est pas nécessaire d'observer très loin, vous allez voir — pour expliquer le réel, et seulement le réel.


En fait, tout se passe comme si on voulait analyser un bâtiment de l'extérieur.
On compte les fenêtres et on en déduit le nombre de pièces ; on voit de la fumée qui sort de la cheminée, et on se dit qu'elle est habitée.

Mais nous pouvons tous entrer en nous-mêmes et découvrir la maison de l'intérieur.
Une fois dedans, l'intérêt de l'analyse extérieure, basée sur la "réalité" visible, diminue considérablement.

Ainsi par exemple, pour répondre à Cracboum. (même si je suis sûr qu'il connaît la réponse)
L'homme a reçu l'esprit qui le rend à l'image de Dieu.
L'esprit, quesako ? Isaïe répond à cette question en précisant ses dons : esprit de Dieu, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Dieu.

Voilà en nous 7 "capacités" que nous avons en nous et qui nous distinguent radicalement des autres créatures. C'est parce que l'homme possède l'esprit que Dieu a pu s'incarner.

Cordialement,

Griffon.
PS: je suis loin d'avoir déjà tout lu !
Excusez-moi si je tombe mal.

Jésus, j'ai confiance en Toi,
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Mon bonheur est de vivre,
O Jésus, pour Te suivre.

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Re: De l'âme

Message non lu par Un gentil athée » mer. 29 déc. 2010, 21:09

Bonsoir DA95,

Vous vous offusquez lorsque je pointe vos problèmes de compréhension mais excusez-moi, vous cherchez souvent midi à 14h au lieu de comprendre les mots employés de la manière la plus ordinaire qui soit :
DA95 a écrit :
La préexistence de la matière dont je parle n'est donc pas une qualité intrinsèque à cette matière. Elle se définit par rapport à la statue.
Si elle se définit par rapport à la statue. C'est donc que la matière se définit par rapport à la forme.
La matière ne se définit pas par rapport à la forme. Lorsque je dis que la préexistence de la matière (et non pas la matière) se définit par rapport à la statue, je veux simplement dire qu'il y a d'abord la matière sans la forme de statue (mais pas nécessairement sans forme), puis qu'après (sous l'action du sculpteur), cette matière prend la forme d'une statue. Donc le sculpteur informe une matière préexistante (= qui existe déjà avant d'avoir la forme de la statue).

Vos questionnements me font penser au dialogue suivant :
- Client : Bonjour je cherche une entreprise pour refaire mon toit.
- Entreprise : Bien monsieur, souhaitez-vous un devis estimatif préalable ?
- Client : Je ne sais pas. C'est quoi la différence entre un "devis estimatif préalable" et un "devis estimatif" ?
:-D

Bien cordialement,

Mikaël

cracboum
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Re: De l'âme

Message non lu par cracboum » mer. 29 déc. 2010, 22:57

Cher Griffon, c'est de la philosophie, rien à voir avec la vie mystique !
On n'est même pas encore dans la théologie, à part quelques petites incursions inévitables puisque la théologie utilise force concepts philosophiques. C'est comme d'apprendre le solfège pour jouer du piano, si vous êtes habitué aux grandes oeuvres vous allez vous raser... sauf si vous aimez le solfège.
Allons-nous ouvrir un fil sur l'indicible ? Avec quels mots ?
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Re: De l'âme

Message non lu par Amfortas » jeu. 30 déc. 2010, 1:15

gentil athée a écrit :
Pour faire une statue il faut informer une matière préexistante. Mais il y a un deuxième constat : si on supprime la matière, on supprime la forme qu'elle portait. Ainsi, si on fait une statue en grès, puis que le grès est corrompu par le temps, la forme portée par le grès disparaît, elle ne survit pas sous une forme séparée...


Soyons plus précis : la forme, quelque soit la forme, est par définition immatérielle, même une forme géométrique est immatérielle, puisqu’une forme géométrique est une surface d’épaisseur nulle. Par contre la forme détermine une matière et vous avez donc cette opposition déterminant-déterminé qui vous autorise à parler de matière informe (materia prima que précédemment j’identifiais au quelque chose du mur de planck) et de forme immatérielle.

Donc il suit de ces considérations qu’une forme séparée de sa matière, à supposer qu’elle puisse se séparer de sa matière, n’est pas nécessairement l’objet d’une expérience sensible, pour qu’une forme séparée de sa matière soit objet d’une expérience sensible il faut qu’elle provoque des effets sensibles, et si elle n’en provoque pas ? Eh bien dans ce cas là nous ne pouvons tout simplement pas expérimenter sa subsistance ou son anéantissement, et nous ne savons pas si elle subsiste ou pas.

Ce qui veut dire que dans les faits vous n’êtes pas autorisé à dire que la forme de votre statue en grès ne subsiste pas.

Mais en droit vous pouvez le dire en invoquant le rejet de l’hypothèse gratuite. Pourquoi pouvez-vous dire que c’est une hypothèse gratuite de supposer que la forme de votre statue en grès subsiste ? Parce que jusqu'à nouvel ordre, ni vous, ni moi, ni personne n’a produit de démonstration prouvant que la forme de votre statue en grès, et plus généralement d’une forme géométrique subsiste.

Ce point est très important à comprendre : si nous ne retenons pas l’hypothèse de la subsistance des formes géométriques, minérales, végétale et animale ce n’est pas par émotivité ou une sorte de fierté mal placée du style « Ah ! nous les hommes qu’est-ce qu’on est fort ! on est même éternel, on n’est pas comme ces minables d’animaux... », pas du tout (d’ailleurs les réactions émotives viennent bien plutôt de tous ces zoolâtres qui parce qu’ils ont quelque affection pour leur toutou voudraient qu’ils parviennent à la vie éternelle, notez qu’en ce qui me concerne je trouve l’idée sympathique, mais c’est pas moi qui décide...), si nous ne retenons pas la thèse de la subsistance de ces formes, c’est parce qu’il n’y a aucune raison valable de le faire, jamais aucune démonstration ou expérience n’a été avancée pour étayer une telle thèse, donc c’est une hypothèse gratuite que nous pouvons rejeter.

Mais en revanche, et là c’est capital, la démonstration de la subsistance de la forme humaine a été apportée, et même doublement, d’une part par un scolastique médiéval Saint Thomas d’Aquin et d’autre part par un logicien du XXème siècle Kurt Gödel, tous deux des pointures en logique. Et qui en plus n’ont pas suivi la même voie ! Saint Thomas pour y parvenir a exhibé l’autonomie d’une opération, à savoir l’abstraction, et Gödel a montré la décidabilité de certaines propositions indécidables pour le cerveau. Alors là vous ne pouvez plus parler d’hypothèse gratuite, au contraire c’est bétonné, donc à moins que vous ne déceliez une erreur dans le raisonnement (erreur d’inférence) ou une légèreté dans les prémisses (plus ou moins probables) vous êtes contraint logiquement d’admettre la conclusion, à savoir une forme humaine subsistante ou dit de façon équivalente une âme incorruptible.

J’en profite pour ouvrir une parenthèse, une parenthèse sur la logique et la notion de science architectonique et subordonnée. Vous pouvez trouver un prix nobel de médecine qui vous dira en ricanant grassement : « L’âme ? foutaise ! je n’ai jamais réussi à la scanner ! ». L’homme de la rue pourra être impressionné par un tel aplomb : « Si un prix nobel le dit alors... ». Et c’est là qu’est l’erreur, car le périmètre de la science médicale est beaucoup plus réduit que le périmètre de la science logique qui englobe toutes les autres sciences. La logique est la science architectonique des autres sciences positives qui lui sont subordonnées. La raison en est que le Logos ou le Verbe est partout. Un médecin peut-il exercer la médecine s’il est illogique ?, non. Un ingénieur peut-il faire de l’ingénierie s’il est illogique, non ?... En revanche rien n’oblige un logicien à connaître la médecine ou l’ingénierie pour faire de la logique. Et donc la double erreur de notre nobel de médecine et de l’homme de la rue c’est de croire d’une que la médecine est compétente au sujet de l’âme et de deux que l’avis d’un expert médical est autorisé en la matière, alors que cet expert œuvre dans une science subordonnée à la logique et qu’il n’en connaît pas toute l’étendue, notamment les démonstrations de Gödel et Saint Thomas sur la subsistance de l’âme, et d’ailleurs il n’a peut être tout simplement pas le niveau pour les suivre parce qu’on peut fort bien exceller dans l’art de la médecine et être un logicien médiocre.

Il me paraissait bon d’ouvrir cette parenthèse car souvent on attribue de l’importance à des propos qui sont tenus en dehors du champ d’expertise de celui qui les tient. (le cas classique est celui d’une vedette du show-bizz invitée pour dire des âneries dans une émission TV).

gentil athée a écrit :

Donc, du point de vue des seuls constats expérimentaux, la prévie et la survie sont - contrairement à ce que vous semblez penser - symétriques.


J’ai commencé à vous répondre sur le premier point, mais continuons. Précédemment nous avons vu que la survie en l’absence de démonstration ou de constat expérimental était une hypothèse gratuite à rejeter. Sauf que dans le cas de l’homme, et uniquement dans le cas de l’homme nous avons deux démonstrations prouvant sa survie.

Question : est-ce que ces démonstrations de la survie sont valables aussi pour la prévie (comme vous dites)?

De but en blanc je pourrais vous répondre non, car ces deux démonstrations ne prouvent la subsistance de l’âme qu’une fois que l’homme existe, elles ne postulent rien sur ce qui se passe au moment de la procréation de l’homme et encore moins avant.

Exemple : il est établi expérimentalement que l’homme subsiste à une amputation d’un bras, est-ce que je peux en déduire que l’homme sans bras préexiste à l’homme (et donc que la dernière étape de la conception consisterait à ajouter le bras manquant...)?

Donc vous voyez la subsistance post mortem n’implique pas la subsistance ante vitam. Il n’y aucune implication logique entre les deux, les contre-exemples ne manquent pas.

Donc « prévie »=hypothèse gratuite.

Mais on peut aller plus loin (comme je l’ai fait dans mon message précédent) et dire carrément que c’est une hypothèse erronée.

Et c’est là que je réaffirme que l’opération de formation ou plutôt d’information n’est en rien symétrique de la corruption, qui n’est pas une opération, mais le résultat d’une opération. En effet la corruption est la conséquence d’une transformation : le bœuf a été transformé en saucisse et c’est pour ça qu’il est mort, et non il est mort et cela l’a transformé en saucisse. En conséquence de quoi la corruption et ses effets ne peuvent pas être mis sur le même plan que l’information.

Attardons nous donc sur l’opération d’information. Remarquons qu’une opération opère toujours sur quelque chose pour produire autre chose (input-output). Et là il me suffit d’un simple constat expérimental pour certifier que l’information n’opère que sur la matière d’une substance (input) pour y produire une nouvelle forme (output). En input je n’ai pas déjà la forme, je ne l’ai qu’au terme de l’opération en output, c’est même je dirais la définition de l’information.

Donc nous voyons bien que l’analogie avec la chaîne de montage où à la fin de la chaîne on retrouve assemblés tous les inputs qu’on avait en début de chaîne, a ses limites. L’information n’est pas une opération d’assemblage, elle n’assemble pas une forme et une matière, mais de la matière d’une substance elle tire une nouvelle forme.




gentil athéé a écrit :

Ainsi, selon vous, des millions de personnes pourtant pas moins intelligentes et bonnes que les catholiques en général auraient embrassés pendant 25 siècles une doctrine "absurde" et "délirante" pour reprendre vos expressions ?


C’est un constat. Et oui la doctrine bouddhique est une mystification et je vais expliquer pourquoi. La doctrine bouddhique se veut expérimentale et souvent se pare de faux airs scientifiques. Ainsi un bouddhiste vous dira : « Nous ne devons rien croire et tout expérimenter » et il vous récitera les 4 nobles vérités celles de la souffrance, des causes de la souffrance, de l’extinction de la souffrance et du chemin menant à l’extinction de la souffrance. Cela a des allures médicales : symptôme, diagnostique, remède, guérison. Et ce côté peudo-scientifique et expérimental, dégagé de tout dogme et de toute spéculation métaphysique a séduit (comme le serpent) un bon nombre d’occidentaux stressés.

Seulement voilà lorsque candidement vous demandez si quelqu’un a déjà « guéri » en suivant cet enseignement, histoire de voir s’il y a des résultats, on vous répond bien sûr le Bouddha qui a trouvé l’illumination il y a 2500 ans de cela. Et là vous êtes un peu sceptique et vous dites « Mais comment s’assurer que cet individu a été illuminé, parce que l’illumination il n’y a que lui qui l’a vue ? » et on vous répond « Vous n’avez qu’à expérimenter pour vous en assurer vous-mêmes ». C’est le serpent qui se mord la queue : « il ne faut rien croire et tout expérimenter mais pour expérimenter il faut croire aux 4 nobles vérités et à l’illumination du Bouddha, car si au début on n’y croit pas un peu on n’expérimentera jamais l’octuple sentier... »

La ficelle est grosse, c’est comme si je vous disais « en me concentrant j’ai réussi à voler dans les airs mais je ne vous demande pas de me croire, vous n’avez qu’à expérimenter par vous même pour vous en assurer... » Et si vous êtes naïf vous allez passer toute votre vie à essayer de voler, vous aurez gâché votre vie pour rien.

En fait l’erreur fondamentale dans ce type de doctrine, que je qualifierais de « syndrome du gourou » c’est l’abdication de la raison devant le gourou et l’expérience. Parce que si vous avez toute votre raison et que vous faites preuve de discernement : d’une vous ne faites pas confiance à un gourou qui affirme sans preuve, de deux vous ne vous engagez pas dans une expérience sans en avoir évalué les risques, les coûts et les bénéfices. Les programmes spatiaux de la NASA se chiffrent en milliards de dollars alors avant de faire n’importe quelle expérience il faut réfléchir à ses chances de succès. Eh bien avec votre vie c’est la même chose, si vous êtes sain d’esprit vous n’avez pas envie de la consacrer entièrement à des expériences fâcheuses...

Pour conclure l’expérience seule c’est zéro, ça n’apprend ni la vie, ni la science, il faut y rajouter la raison pour en faire quelque chose.

Et j’oubliais, la guérison c’est quoi dans le bouddhisme ? Le néant tout simplement, plus de malade et donc plus de maladie...

« Il entrera donc dans l'anéantissement complet, le Çramana Gautama ! Et ayant appris cela, content, satisfait, joyeux, transporté, plein de plaisir et de satisfaction, il disparut en cet endroit même. » (« légende de Bouddha »)



gentil athéé a écrit :
Je ne crois pas que votre préférence pour le catholicisme et votre clair désaccord avec le bouddhisme exige de porter de tels jugements humiliants et blessants qui contrastent avec ceux de Dennis Gira (Gira, Dennis, "50 clés pour comprendre le bouddhisme", magazine Pèlerin, hors série ; Paris, Bayard, mai 2008), qui bien que chrétien convaincu est un spécialiste du bouddhisme et reconnaît la richesse et l'intérêt de cette pensée.


Moi je vous cite Jack Kornfield, un des enseignants les plus connus du bouddhisme, américain formé dans les monastères bouddhistes et voilà ce qu’il rapporte dans le « Dharma vivant » :


« Puis je suis allé dans un temple birman d’un style très différent. J’y rencontrai un célèbre maître de méditation qui avait eu dix mille disciples avant moi. Pourtant quand je le vis il avait un air négligé, sa robe traînait par terre ; il fumait des cigares birmans, et passait la plus grande partie de la journée assis à bavarder avec les femmes d’une manière fort éloignée de celle des moines, à l’opposé de mon ancien maître. Il lui arrivait de se mettre en colère pour des choses insignifiantes. Pendant mes deux premiers mois de pratique intensive dans ce monastère, je ne cessais de tracer des comparaisons et de souffrir. Le maître était bon avec moi et m’avait donné un des meilleurs cottages à proximité du sien. Le résultat était que je le voyais toujours assis à fumer ses cigares en bavardant avec les femmes. Cela me dérangeait énormément dans ma pratique. Je me disais : « Qu’ai-je à apprendre de cet homme ? Je travaille dur à ma méditation, et il est là, comme ça, il n’a rien à m’apprendre. Pourquoi ne se conduit-il pas comme un vrai moine, comme Achaan Chaa ? »

Il me fallut deux mois pour réaliser que son apparence extérieure ne m’empêchait pas de tirer grand bénéfice de ma méditation. Et que juger et comparer les formes extérieures, chercher le Bouddha à travers mon maître ne pouvait que me causer des souffrances supplémentaires. L’esprit qui juge crée de la souffrance. Enfin, quand je fus capable de renoncer à juger, je tirais le meilleur parti de son enseignement de la méditation (et tout ce qui était inutile, je ne m’en souciais plus. J’avais beaucoup souffert avant de comprendre que l’esprit qui discrimine crée des difficultés ; mais constatant cela, j’eus la force d’y renoncer). »

Illustration parfaite de ce que je disais précédemment : plutôt que de remettre en cause son gourou ou sa propre démarche il préfère renoncer à sa raison, et en renonçant à sa raison il souffre moins, donc il estime qu’il avait raison de renoncer à sa raison ! Cette phrase qu’il a écrite « L’esprit qui juge crée la souffrance » est emblématique de toute la perversité du bouddhisme, et poussé à son paroxysme cela donne « l’être crée la souffrance, donc ne soyons plus ».

gentil athéé a écrit :

Or, puisqu'après la mort, l'âme ne dispose plus de l'accès au monde sensible, il s'ensuit que si elle continue de penser, c'est par contemplation directe des idées, à la manière des anges.


Attention ça c’est du platonisme, et ça ne rentre pas dans le cadre démonstratif de Saint Thomas d’Aquin et de Gödel, j’ai bien dit que la raison était impuissante à accéder au contenu de la vie dans l’au-delà, elle ne peut même pas savoir si il est vide ou non, tout ce qu’elle peut faire c’est établir l’incorruptibilité de l’âme humaine et ça s’arrête là.

Le chanoine Lallement évoquait la conception platonicienne comme le péché de l’Ange, c’est à dire une âme se suffisant à elle-même, un homme devenu ange en fait, un homme qui souhaiterait accéder à une nature supérieure de même que Lucifer a voulu accéder à la nature divine, rendant ainsi vaine la résurrection de la chair...

Mais vous connaissez certainement la faille dans le platonisme, faille qu’a trouvée Aristote et qu’il est convenu d’appeler le problème du « troisième homme » : Si il existe un homme idéal auquel l’homme participe, alors puisque l’homme et l’homme idéal sont deux réalités séparées (eh oui puisque chez Platon l’idéal est plus réel que la réalité...), il va de nouveau falloir se donner une troisième idée d’homme à laquelle tous deux participent, et ainsi de suite à l’infini...
Un Tel verra comme feu Celui qu'il n'a pas connu comme lumière (St Grégoire Le Théologien)

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Re: De l'âme

Message non lu par cracboum » jeu. 30 déc. 2010, 6:53

Par ou on voit que un Tel qui connait le feu connait la lumière et non pas seulement dans les objets qu'elle éclaire.
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Re: De l'âme

Message non lu par cracboum » jeu. 30 déc. 2010, 7:07

Dire que l'âme prévit ou survit, c'est de toute façon rester dans le temps.

La raison est une passoire : les trous trop gros laissent passer n'importe quoi, trop fins ils se bouchent.

L'opération du Saint-Esprit est la seule opération qui vaille.

Aucune loi n'oblige Dieu, car Dieu est immuable.

La logique est architectonique des autres sciences, et la foi de la logique, car le Logos est partout et donc ailleurs.

Quand la foi déplace les montagne, la raison doit déménager.

[ Messages fusionnés dans celui-ci. Merci de concentrer vos interventions dans un minimum de messages | Cordialement, Cgs ]
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Re: De l'âme

Message non lu par DA95 » jeu. 30 déc. 2010, 11:25

Bonjour Mikaël
Donc le sculpteur informe une matière préexistante (= qui existe déjà avant d'avoir la forme de la statue).
vous faites là une erreur: le grès est du grès et le reste tant que la statue n'a pas était informé par le sculpteur.
C'est une évidence. Si vous vous trouvez devant le grès et que le sculpteur vous dit "c'est une statue" vos yeux voient du grès et rien que du grès. Rien ne pré-existe car toutes les formes sont encore possibles, ou alors tout pré-existe.
Cela existe dans les pensées du sculpteur, mais n'existe pas réellement. vous parlez de deux choses différentes, vous n'êtes pas précis. c'est pour cela que vous n'êtes pas compréhensible.
dit autrement je comprends très bien les mots que vous employez, mais vous n’êtes pas précis et donc vous n’êtes pas intelligible. On ne peut devinez à vos propos que quand vous parlez de pré-existance de la matière vous parlez en faites de la forme qui existe dans la pensée du sculpteur et qui existera réellement si le sculpteur sculpte.

Je ne m'offusque pas et j'apprécie pas votre condescendance (que vous reprochez aux autres).
Soyez précis et prouvez vos théories et je comprendrais sans avoir à poser des questions.

Amfortas y arrive très bien et j'en profite pour le remercier des ses claires explications.

cordialement
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Re: De l'âme

Message non lu par Un gentil athée » jeu. 30 déc. 2010, 11:52

Bonjour DA95,
DA95 a écrit :Bonjour Mikaël
Donc le sculpteur informe une matière préexistante (= qui existe déjà avant d'avoir la forme de la statue).
vous faites là une erreur: le grès est du grès et le reste tant que la statue n'a pas était informé par le sculpteur.
Le grès reste du grès quand bien même il a la forme d'une statue vous savez...
DA95 a écrit :C'est une évidence. Si vous vous trouvez devant le grès et que le sculpteur vous dit "c'est une statue" vos yeux voient du grès et rien que du grès.
Oui, et ?
DA95 a écrit : Rien ne pré-existe car toutes les formes sont encore possibles, ou alors tout pré-existe.
Le grès (en tant que matière à sculpter) préexiste (à l'acte de sculpter) = le grès existe avant de recevoir une forme. Je n'ai pas dit que les formes préexistaient, enfin !
Cela existe dans les pensées du sculpteur, mais n'existe pas réellement. vous parlez de deux choses différentes, vous n'êtes pas précis. c'est pour cela que vous n'êtes pas compréhensible.
dit autrement je comprends très bien les mots que vous employez, mais vous n’êtes pas précis et donc vous n’êtes pas intelligible. On ne peut devinez à vos propos que quand vous parlez de pré-existance de la matière vous parlez en faites de la forme qui existe dans la pensée du sculpteur et qui existera réellement si le sculpteur sculpte.
Heureusement qu'on ne peut pas deviner une telle chose, puisque ce n'est pas ça que je dis ! :roule: C'est le grès (en tant que matière) qui préexiste à l'action du sculpteur. Ce n'est pas la forme qui préexiste à l'action du sculpteur.
Je ne m'offusque pas et j'apprécie pas votre condescendance (que vous reprochez aux autres).
Soyez précis et prouvez vos théories et je comprendrais sans avoir à poser des questions.
Ce que vous ne comprenez pas c'est que je ne suis pas là en train de défendre une théorie ! J'explique simplement comment on procède pour sculpter une statue... :zut:
Amfortas y arrive très bien et j'en profite pour le remercier des ses claires explications.
Amfortas doit être vraiment très fort alors car lui a tout à fait compris ce que je voulais dire... et je le remercie d'ailleurs aussi pour sa réponse qui éclaire certains points qui me posaient problème. D'ailleurs j'aimerais bien lancer un petit sondage d'opinion :

Lorsque je dis "Pour faire une statue il faut informer une matière préexistante." : qui comprend autre chose que :
1°) Dans un premier temps, on a de la matière sans forme de statue.
2°) Dans un deuxième temps, le sculpteur sculpte la matière en forme de statue
3°) Dans un troisième temps, on a de la matière en forme de statue.
4°) On ne peut pas faire de statue si on n'a pas de matière à sculpter.
Qui ?

Cordialement,
Mikaël

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DA95
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Re: De l'âme

Message non lu par DA95 » jeu. 30 déc. 2010, 12:39

un gentil athée a écrit :Heureusement qu'on ne peut pas deviner une telle chose, puisque ce n'est pas ça que je dis ! C'est le grès (en tant que matière) qui préexiste à l'action du sculpteur. Ce n'est pas la forme qui préexiste à l'action du sculpteur.
Da95 a écrit :Je ne m'offusque pas et j'apprécie pas votre condescendance (que vous reprochez aux autres).
Soyez précis et prouvez vos théories et je comprendrais sans avoir à poser des questions.
Ce que vous ne comprenez pas c'est que je ne suis pas là en train de défendre une théorie ! J'explique simplement comment on procède pour sculpter une statue...
:rire:
Heureusement que vous êtes la pour me faire sourire.
Pour une statue il faut une forme et du matériel.Le matériel est nécessaire, mais reste indéterminé.
Par contre c'est l'idée de la forme de la statue qui pré-existe à l'action du sculpteur. La matière grès reste du grès, et il peut le rester longtemps (du grès) car rien en lui (en tant que matière indéterminé) ne le pré-existe en statue (de grès).
Indéterminé cela veut dire quelque chose gentil athée et cela exclu "pré-existe". Car si "pré-existe" est possible alors cela n'est plus indéterminé.
Je vous laisse discuter avec Amfortas.
"Amen, viens, Seigneur Jésus !" Ap 22,20

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Re: De l'âme

Message non lu par Un gentil athée » jeu. 30 déc. 2010, 13:10

DA95 a écrit :Heureusement que vous êtes la pour me faire sourire.
Pour une statue il faut une forme et du matériel.
Oui. Donc vous êtes d'accord qu'il y a de la matière avant que le sculpteur la sculpte, oui ou non ?
DA95 a écrit :Le matériel est nécessaire, mais reste indéterminé.
Oui, tant qu'il n'a pas reçu la forme.
DA95 a écrit :Par contre c'est l'idée de la forme de la statue qui pré-existe à l'action du sculpteur.
L'idée de la forme (et non la forme elle-même) préexiste en effet dans l'esprit du sculpteur. Mais la matière préexiste, dans la réalité, à l'action du sculpteur, puisque ce n'est pas le sculpteur qui, en sculptant, fait apparaître la matière.
DA95 a écrit : La matière grès reste du grès, et il peut le rester longtemps (du grès) car rien en lui (en tant que matière indéterminé) ne le pré-existe en statue (de grès).
Je ne dis pas autre chose. "rien ne le pré-existe en statue (de grès)" : ce morceau de phrase n'a aucun sens. Ce que vous voulez dire (j'espère et je suppose), c'est que rien ne le prédétermine en statue (de grès). Je suis d'accord. Mais "prédéterminer" et "préexister" (en un seul mot, d'ailleurs), ce ne sont pas des synonymes !
DA95 a écrit :Indéterminé cela veut dire quelque chose gentil athée et cela exclu "pré-existe". Car si "pré-existe" est possible alors cela n'est plus indéterminé.
"Préexister" cela veut dire quelque chose aussi (exister antérieurement). Et je ne vois pas de problème (bien au contraire !) à ce qu'un bloc de grès indéterminé existe antérieurement (= préexiste) à l'acte de sculpter du sculpteur. Si vous pensez le contraire c'est que vous croyez le sculpteur capable de sculpter ex nihilo ! Fichtre ! :rire: Désolé, les faits montrent que le grès qui sert à sculpter n'apparaît pas comme par magie simultanément à l'action de sculpter du sculpteur. Il n'apparaît pas non plus après. C'est donc qu'il apparaît avant (je vous signale que le grès, cela fait des centaines de millions d'années qu'il existe !). Donc le grès existe déjà, avant que le sculpteur ne le sculpte. Donc le grès préexiste à ("existe déjà, avant que" = "existe antérieurement à" = "préexiste à") l'action de sculpter du sculpteur.

Cordialement,
Mikaël

PS : Votre but c'est de me faire devenir chèvre en faisant mine de ne pas comprendre ce que tout le monde a très bien compris, n'est-ce pas ?

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Re: De l'âme

Message non lu par cracboum » jeu. 30 déc. 2010, 13:46

Indéterminée par rapport à la statut.
Et moi je pose ou repose la question à Amfortas : s'il y avait une matière primordiale (ou un état) absolument indéterminée au moment du big bang, comment l'univers organisé en est-il résulté ?
Deuxième question du même tonneau : si l'âme humaine est capable d'opérations qui dépassent la capacité du cerveau individuel, comment allez-vous prouver qu'elles dépassent la capacité de l'univers à les produire ? (via l'inconscient collectif par ex. ou tout autre connextion connue ou inconnue).
Je pose aussi la question au Bon seb, Griffon, DA 95, Gentil Athée, j'en oublie peut-être...
Mes questions sont-elles si difficiles ?
Ou si nulles ?
L'unité de la souffrance et de la béatitude est le secret de Dieu, comme le don de sagesse surpasse celui d'intelligence. P. Varillon
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