Le Christianisme et Hegel

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 14:31

Que veux-tu démontrer au juste ? Qu'il faut réinstaurer le bûcher pour les hérétiques ? Est-ce comme cela que tu interprètes le message du Christ ?
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Shaka
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Message non lu par Shaka » lun. 14 mars 2005, 15:07

guelfo a écrit :Que veux-tu démontrer au juste ? Qu'il faut réinstaurer le bûcher pour les hérétiques ? Est-ce comme cela que tu interprètes le message du Christ ?
Je veux illustrer l'exigence fondamentale de la vraie philosophie de dépasser les points de vue unilatéraux s'opposant entre-eux et de les surmonter dans une synthèse qui les totalise en leur faisant acquérir une nouvelle signification.

"Ainsi, conscience, conscience de soi, raison, esprit, religion et savoir absolu n’ont pas d’existence autonome et, par conséquent, ne constituent pas, par eux-mêmes, des « figures » réelles, auto-suffisantes, de la conscience : celle-ci, au sens large du mot, n’existe jamais seulement comme « conscience » (stricto sensu : conscience de l’objet comme tel), ou comme conscience de soi, etc. L’étude successive des moments de la conscience expose donc la dialectique, non existentielle, mais essentielle, qui montre qu’un moment, même complètement développé, ne peut être que comme porté par le moment suivant; celui-ci devient alors l’objet de l’analyse, qui le ressaisit d’abord en sa manifestation la plus simple. "
Le moine, cet arhat qui a mis fin au flux impur, a vécu noblement, fait ce qu'il devait faire, déposé son fardeau, atteint le but et brisé les entraves du devenir et s'est libéré par la Connaissance exacte, ô moines, le voici celui qui reconnaît à fond le nirvana comme étant le nirvana. Il ne forge pas la notion : je suis le nirvana, je suis du nirvana, mien est le nirvana; et il ne se complaît pas dans le nirvana. Pourquoi cela? C'est que sa Connaissance est parfaite.

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 15:43

Il n'y a pas de synthèse possible entre le bûcher et l'Amour. Sauf dans le vaudou peut-être, et encore, uniquement pour les poulets.

L'Eglise a assez péché à cet article, et l'a payé assez cher.
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Message non lu par Gaudeamus » lun. 14 mars 2005, 16:09

wanderer a écrit :
Pour un chrétien, il est impensable de dire que Dieu prend conscience de lui-même de façon historique.
Pouvez-vous préciser. Je n'ai pas suivi le fil et je le regrette bien, mais cette phrase à l'état brut me semble un peu téméraire.

N’oublie pas que je suis con, et qu’un con ça ce reconnaît au fait qu’il ose tout. :cool:


Maintenant, buvons le lait et le miel qui coulent de la plume du maître prussien :
« Dieu n’est Dieu qu’en tant qu’il se connaît ; sa connaissance de soi est la conscience qu’il a de lui même en l’homme ». Comme la connaissance de l’homme progresse, nous avons affaire à une théogonie. Celle-ci s’extériorise dans l’Histoire : « L’histoire mondiale est la représentation de l’Esprit dans son effort pour acquérir le savoir de ce qu’il est .» Tant que l'Histoire n'est pas parvenue à son terme, Dieu n'a pas une connaissance parfaite de lui-même.

Tout cela (comme toute théogonie) est inconciliable avec la conception chrétienne de Dieu.
Saint Thomas d’Aquin :
1) « Dieu se connaît, et il se connaît par lui-même. » Sum. theol. Q. 14, a. 2.
2) « il est manifeste que Dieu se connaît parfaitement » Sum. theol. Q. 14, a. 3.

Shaka est donc hérétique. Comme vous jugez vous serez jugé* :
Shaka a écrit :la mise hors d'état de nuire des fauteurs de troubles (ceux qui pêchent contre l'esprit communautaire et l'esprit religieux) est l'acte par lequel une communauté affirme sa liberté de demeurer une en niant ses contradictions internes.




*Non, je plaisante, il se trouvera toujours un repaire de libéraux individualistes pour accueillir les dissidents...

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 16:30

Il me semble que Gaudeamus vient de magistralement clore le débat au sujet de la compatibilité entre l'hégélianisme et le christianisme...

Bon, où c'est qu'on le brûle, Shaka ? :lol:
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Message non lu par Shaka » lun. 14 mars 2005, 17:16

Vous serez probablement brûlé avant pour votre obstination à vouloir introduire le libéralisme au sein du catholicisme alors que pour introduire la philosophie hégélienne c'est encore plus facile que d'introduire la philosophie aristotélicienne comme l'a fait Saint Thomas d'Aquin, ce qui à l'époque lui a valu quelques soucis.

"Thomas d'Aquin a mis la philosophie au service de la pensée théologique et particulièrement la philosophie d'Aristote, mais en la dépassant là où elle était historiquement conditionnée. Le seul autre grand philosophe chrétien à avoir autant mis à profit la pensée d'Aristote est Hegel (19ème siècle)."

"2.3 L'Église et Aristote
...
Étienne Tempier condamne 219 propositions, qui sont plutôt un amalgame de diverses «déviations». La condamnation est simultanée en Angleterre, avec celle de l'archevêque de Canterbury, Robert Kilwardby.
Les dominicains ne tiennent aucun compte de la condamnation. Un maître séculier de la faculté de théologie, Godefroy de Fontaines, se livre à une critique détaillée et impitoyable de la liste. Il réclame la suppression des articles absurdes, des articles dont l'interdiction empêcherait le progrès scientifique, de ceux sur lesquels il est permis d'avoir des opinions divergentes.

Parmi les propositions condamnées figurent également des thèses de Thomas d'Aquin, mort depuis trois ans. Cela alimente la polémique entre ordres mendiants. En 1278, le franciscain Guillaume de la Mare produit un Correctoire de frère Thomas, auquel les dominicains répondent par un Correctoire au corrupteur de frère Thomas. La polémique ne s'apaise qu'avec la canonisation de Thomas en 1321. "

Pour le problème de fond qui est celui de la connaissance immédiate versus connaissance médiatisée, problème qui a son origine dans Dieu assumant la nature humaine, donc assumant conscience et histoire, il n'y a aucune remise en cause du christianisme pourvu que l'on sache avec Hegel et après Saint Thomas d'Aquin dépasser la logique aristotélicienne et avec elle les moments opposés isolés par l'entendement.

La pensée libérale au sein du catholicisme débouche sur un non sens, la pensée hégélienne en allant au delà de l'axiome du tiers exclu si cher à l'entendement abstrait et assumant la contradiction réelle pour mieux la surmonter porte la philosophie chrétienne à un niveau absolu.

Rassurez vous, l'histoire et avec elle l'histoire de l'exposition du savoir chrétien n'est pas encore bouclée, pas plus qu'elle l'était au XIIIème siècle avant la venue de Saint Thomas d'Aquin.
Le moine, cet arhat qui a mis fin au flux impur, a vécu noblement, fait ce qu'il devait faire, déposé son fardeau, atteint le but et brisé les entraves du devenir et s'est libéré par la Connaissance exacte, ô moines, le voici celui qui reconnaît à fond le nirvana comme étant le nirvana. Il ne forge pas la notion : je suis le nirvana, je suis du nirvana, mien est le nirvana; et il ne se complaît pas dans le nirvana. Pourquoi cela? C'est que sa Connaissance est parfaite.

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 17:36

Je crois au contraire que le catholicisme libéral, pourvu qu'il répare ses quelques erreurs (notamment l'abandon du rite ancien) a encore de beaux jours devant lui.

Votre conception "philosophique" du christianisme par contre, qui récuse l'Evangile qualifié de "lettre morte" et ne retient de l'enseignement des Docteurs de l'Eglise que ce en quoi ils sont irrémédiablement dépassés, soit la tentation "théo"-cratique, est morte et enterrée.

Sic transit gloria philosophiae.
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Message non lu par Shaka » lun. 14 mars 2005, 17:53

guelfo a écrit :Je crois au contraire que le catholicisme libéral, pourvu qu'il répare ses quelques erreurs (notamment l'abandon du rite ancien) a encore de beaux jours devant lui.

Le catholicisme libéral promeut une liberté vide de sens, il place le choix de la religion au même niveau que le choix d'une marchandise dans un supermarché, il confond allègrement caprices individuels et liberté raisonnable au delà de la simple sphère de l'individu.
Avec le catholicisme libéral les fidèles décideront un jour d'aller dans un temple, l'autre jour dans une église, encore un autre jour dans une mosquée, etc ... suivant l'humeur du moment.
Le moine, cet arhat qui a mis fin au flux impur, a vécu noblement, fait ce qu'il devait faire, déposé son fardeau, atteint le but et brisé les entraves du devenir et s'est libéré par la Connaissance exacte, ô moines, le voici celui qui reconnaît à fond le nirvana comme étant le nirvana. Il ne forge pas la notion : je suis le nirvana, je suis du nirvana, mien est le nirvana; et il ne se complaît pas dans le nirvana. Pourquoi cela? C'est que sa Connaissance est parfaite.

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 18:13

Vous avez oublié la synagogue. J'aime beaucoup les synagogues. :P

Tiens, pourquoi citez-vous un truc oriental en signature si vous êtes tellement hostile à tout ce qui n'est pas hégéliano-chrétien ?
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Message non lu par Shaka » lun. 14 mars 2005, 18:22

guelfo a écrit :
Tiens, pourquoi cites-tu un truc oriental en signature si tu es tellement hostile à tout ce qui n'est pas hégélo-chrétien ?
Le moment de déchirement, l'aliénation en l'autre pour mieux se retrouver en soi-même, le Christ sur la croix croyant que son Père l'a abandonné ....
Le moine, cet arhat qui a mis fin au flux impur, a vécu noblement, fait ce qu'il devait faire, déposé son fardeau, atteint le but et brisé les entraves du devenir et s'est libéré par la Connaissance exacte, ô moines, le voici celui qui reconnaît à fond le nirvana comme étant le nirvana. Il ne forge pas la notion : je suis le nirvana, je suis du nirvana, mien est le nirvana; et il ne se complaît pas dans le nirvana. Pourquoi cela? C'est que sa Connaissance est parfaite.

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Message non lu par guelfo » lun. 14 mars 2005, 18:35

Le Christ qui croit que Dieu l'a abandonné ? :blink: En voilà une synthèse qui est mal venue !

La raison du "Eli, Eli, lamma sabbachtani" ne serait-elle pas plutôt celle-ci :
PSAUME 22

22:1
Au chef des chantres. Sur <<Biche de l'aurore>>. Psaume de David.

22:2
Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné,
Et t'éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes?

22:3
Mon Dieu! je crie le jour, et tu ne réponds pas;
La nuit, et je n'ai point de repos.

22:4
Pourtant tu es le Saint,
Tu sièges au milieu des louanges d'Israël.

22:5
En toi se confiaient nos pères;
Ils se confiaient, et tu les délivrais.

22:6
Ils criaient à toi, et ils étaient sauvés;
Ils se confiaient en toi, et ils n'étaient point confus.

22:7
Et moi, je suis un ver et non un homme,
L'opprobre des hommes et le méprisé du peuple.

22:8
Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
Ils ouvrent la bouche, secouent la tête:

22:9
Recommande-toi à l'Éternel! L'Éternel le sauvera,
Il le délivrera, puisqu'il l'aime!

22:10
Oui, tu m'as fait sortir du sein maternel,
Tu m'as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère;

22:11
Dès le sein maternel j'ai été sous ta garde,
Dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.

22:12
Ne t'éloigne pas de moi quand la détresse est proche,
Quand personne ne vient à mon secours!

22:13
De nombreux taureaux sont autour de moi,
Des taureaux de Basan m'environnent.

22:14
Ils ouvrent contre moi leur gueule,
Semblables au lion qui déchire et rugit.

22:15
Je suis comme de l'eau qui s'écoule,
Et tous mes os se séparent;
Mon coeur est comme de la cire,
Il se fond dans mes entrailles.

22:16
Ma force se dessèche comme l'argile,
Et ma langue s'attache à mon palais;
Tu me réduis à la poussière de la mort.

22:17
Car des chiens m'environnent,
Une bande de scélérats rôdent autour de moi,
Ils ont percé mes mains et mes pieds.

22:18
Je pourrais compter tous mes os.
Eux, ils observent, ils me regardent;

22:19
Ils se partagent mes vêtements,
Ils tirent au sort ma tunique.

22:20
Et toi, Éternel, ne t'éloigne pas!
Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours!

22:21
Protège mon âme contre le glaive,
Ma vie contre le pouvoir des chiens!

22:22
Sauve-moi de la gueule du lion,
Délivre-moi des cornes du buffle!

22:23
Je publierai ton nom parmi mes frères,
Je te célébrerai au milieu de l'assemblée.

22:24
Vous qui craignez l'Éternel, louez-le!
Vous tous, postérité de Jacob, glorifiez-le!
Tremblez devant lui, vous tous, postérité d'Israël!

22:25
Car il n'a ni mépris ni dédain pour les peines du misérable,
Et il ne lui cache point sa face;
Mais il l'écoute quand il crie à lui.

22:26
Tu seras dans la grande assemblée l'objet de mes louanges;
J'accomplirai mes voeux en présence de ceux qui te craignent.

22:27
Les malheureux mangeront et se rassasieront,
Ceux qui cherchent l'Éternel le célébreront.
Que votre coeur vive à toujours!

22:28
Toutes les extrémités de la terre penseront à l'Éternel et se tourneront vers lui;
Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.

22:29
Car à l'Éternel appartient le règne:
Il domine sur les nations.

22:30
Tous les puissants de la terre mangeront et se prosterneront aussi;
Devant lui s'inclineront tous ceux qui descendent dans la poussière,
Ceux qui ne peuvent conserver leur vie.

22:31
La postérité le servira;
On parlera du Seigneur à la génération future.

22:32
Quand elle viendra, elle annoncera sa justice,
Elle annoncera son oeuvre au peuple nouveau-né.
Remarquez le déplorable manque de dialectique du Psalmiste...
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Message non lu par Shaka » mar. 15 mars 2005, 14:14

Le libéralisme est un sous-produit de la sous-culture humaniste, c'est la conclusion à laquelle je suis parvenu après avoir longuement médité sur la preuve de l'existence de Dieu par Saint Anselme, la critique de cette preuve par Saint Thomas d'Aquin dans le cadre de la logique aristotélicienne et sa réhabilitation par Hegel dans "La religion accomplie" .
Pour faire bref, la notion d'un concept contenant toutes les réalités y compris sa propre existence est niée par l'humaniste qui oppose dans son entendement penser et être, chez lui le concept est purement subjectif et à jamais séparé de la réalité sensible, voilà pourquoi chez l'humaniste Dieu est un concept subjectif parmi d'autres, auquel un sujet individuel empirique est libre (au sens contingent du terme) d'adhérer ou pas. Chez l'humaniste le concret c'est l'homme, le subjectif c'est Dieu.
Chez Saint Anselme le véritable concret (comme le veut son sens étymologique, concrescere, totaliser) est Dieu en tant que le Concept (et non plus un concept) contenant son existence, (pour l'entendement il y a bien contradiction à faire sortir l'être du concept), et les concepts subjectifs sont bien plutôt la négation de cette totalité originaire unissant le rationnel et l'effectif.
L'humaniste s'est donc réalisé en niant Dieu, en niant que le concept de Dieu soit effectif.
Pour revenir à Dieu il faut donc maintenant que nous procédions à la négation de la négation, c'est à dire sursumer (aufheben) l'humanisme.
Le moine, cet arhat qui a mis fin au flux impur, a vécu noblement, fait ce qu'il devait faire, déposé son fardeau, atteint le but et brisé les entraves du devenir et s'est libéré par la Connaissance exacte, ô moines, le voici celui qui reconnaît à fond le nirvana comme étant le nirvana. Il ne forge pas la notion : je suis le nirvana, je suis du nirvana, mien est le nirvana; et il ne se complaît pas dans le nirvana. Pourquoi cela? C'est que sa Connaissance est parfaite.

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Message non lu par Charles » mar. 15 mars 2005, 14:41

Bonjour Shaka,

il y a une chose étonnante avec votre discours : la contrariété dans votre dialectique n'est pas significative d'un point de vue humain (anthropologiquement). Par exemple, votre incompréhension de la réfutation que saint Thomas d'Aquin a faite de saint Anselme laisse supposer que vous en négligez de fondement. Saint Thomas rappelle que l'intelligence humaine est rationnelle, qu'elle n'est pas angélique mais celle d'un être corporel, animal, sensible. Nous ne pouvons, en notre pélerinage sur terre, nous passer de l'expérience sensible, incarnée, concrète. Le mode de notre connaissance est ici imparfait, nous cheminons difficilement, au long de raisonnements, d'inférences, vers la vérité. Saint thomas parle à juste titre de "voies" vers Dieu et non pas de conclusions, pas d'un savoir absolu.

Votre dialectique omet une contrariété qui est peut-être la plus décisive et significative, celle en l'homme, entre sa partie immatérielle, rationnelle et spirituelle d'un part et sa partie corporelle, sensible, charnelle d'autre part. Votre dialectique fonctionne à l'interieur de la partie rationnelle mais ne considère pas le tout de l'humain. C'est très parlant que saint Thomas ait accordé une grande importance à la philosophie de la nature mais que cette partie là de l'oeuvre de Hegel en ait été la plus faible. Pour une redialectisation de votre pensée en matière d'anthropologie, replongez-vous dans Pascal. La contrariété y est établie à son maximum avec "l'homme passe infiniment l'homme", l'homme est déchiré par des ordres incommensurables et en même temps rassemblé dans sa conversion (au sens néoplatonicen) vers Dieu.

D'autre part vous dites que "Pour revenir à Dieu il faut donc maintenant que nous procédions à la négation de la négation, c'est à dire sursumer (aufheben) l'humanisme" : c'est une grossière réduction des dimensions si nombreuses de la vie de l'Eglise et de l'humanité !!! Vous omettez le travail de la grâce, la fécondité du sang des martyres, que Dieu aveugle ceux qu'il veut perdre, la fidélité du Christ à sa promesse d'être avec son Eglise jusqu'à la fin des temps, etc.

"Pour revenir à Dieu" il faut peut-être, comme le décrit si bien Dostoievski dans Crime et châtiment, simplement s'agenouiller et demander pardon, simplement avoir la chance d'émouvoir une jeune fille pauvre, simplement être rejeté par l'humanité misérable, souffrante et simple des bagnards pour mieux être accepté en elle... je ne sais pas...

Enfin, notre théologie catholique admet trois seuls moyens "proportionnés" d'atteindre Dieu : la foi, l'espérance et la charité théologales. "Théologales" signifie que ces trois là sont des dons de Dieu. Pour revenir à Dieu, il faut se souvenir des promesses de notre baptême et laisser vivre et croître en nous ces trois dons. Que la graine de moutarde de la foi et de son Règne devienne en nous un arbre, nous dit le Christ.

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Message non lu par guelfo » mar. 15 mars 2005, 14:53

Charles a écrit :Votre dialectique fonctionne à l'interieur de la partie rationnelle
Que voilà une assertion audacieuse ! Ca mériterait un nouveau fil.

Disons les choses franchement, la vision religieuse de Shaka n'est pas chrétienne. La Passion du Christ n'est pas le nirvâna et sa vision hégélienne de l'histoire est inconciliable avec la Révélation. Je trouve particulièrement parlant que Shaka puisse écrire que le Christ aurait cru être abandonné de Dieu, ce qui viderait de tout sens Son sacrifice.

Comme pour ma part, je n'estime pas que les dissidents doivent être excisés du corps social par le fer et par le feu, j'estime être en droit de relever cette évidence.
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Message non lu par Shaka » mar. 15 mars 2005, 15:19

guelfo a écrit :
Je trouve particulièrement parlant que Shaka puisse écrire que le Christ aurait cru être abandonné de Dieu, ce qui viderait de tout sens Son sacrifice.
Marx disait à peu près la même chose: le Christ n'a pas véritablement assumé la nature humaine parce qu'il savait à l'avance que son père ne l'abandonnerait jamais et il n'en a jamais douté, alors qu'un être humain en état de déréliction connaît l'effroi provoqué par le silence des espaces infinis. Donc pour Marx la Passion était feinte. Je constate une fois de plus que le libéral rejoint le marxiste.
Rappelons qu'il est pire d'être condamné à mort sans aucune certitude sur la suite ... que d'être condamné à mort avec la garantie d'être sauvé.
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