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par coeurderoy » mer. 04 nov. 2009, 13:12
Il me semble gerardh qu'il peut y avoir une forme d'irénisme, d'idéalisme presque "cathare" dans l'attitude consistant à ne vouloir en aucune manière se souiller les mains (pour défendre par exemple une personne injustement agressée, ce qui fut bien le cas en ce qui concerne la Première Croisade).
Très tôt les consciences chrétiennes se sont émues des dérives violentes et des convoitises de certains Croisés. N'oubliez pas, par ailleurs, que la Première Croisade est, historiquement, fille de Cluny : née dans une société féodale, militaire, on ne peut la comparer aux aspirations d'un saint François d'Assise ou d'un saint Dominique : à l'idée d'extermination de "la gent mescreant" succède celle de sa conversion.
Le cas du bienheureux Raymond Lulle est intéressant. Il était fils d'un seigneur catalan ayant participé à la conquête de Majorque sur les Musulmans. Après une jeunesse orageuse, il laissa ses biens à sa femme et se rendit au sanctuaire de St-Jacques où il acheta un esclave qui lui apprit l'arabe. Il persuada ensuite le roi de Majorque de fonder à Miramar un monastère ou treize frères mineurs (Franciscains) apprendraient cette langue. En 1285 il commença ses voyages : à Rome, à Paris, en Tartarie, en Arménie,en Ethiopie, en Afrique et à Tunis, discutant partout avec les Musulmans dans leur propre langue, jusqu'au jour où finalement il fut martyrisé dans le Nord de l'Afrique.
C'est grâce à lui que le Concile de Vienne, en 1311, décida de fonder six écoles de langues orientales en Europe. Les croisades avaient répondu à la politique chrétienne du passé, mais Raymond Lulle formula celle de l'avenir : "Je vois les chevaliers traverser les mers vers la Terre Sainte croyant la prendre par les armes, et s'exténuant sans arriver à leurs fins. Alors je pense qu'il faudrait faire cette conquête comme Tu la fis, Seigneur, avec tes apôtres : par l'amour, la prière et les larmes. Que les saints chevaliers de la religion partent, qu'ils s'arment du signe de la Croix, qu'ils soient remplis de la grâce du Saint-Esprit, qu'ils prêchent aux païens la vérité de la Passion". Les "Peregrinantes propter Christum" devaient prendre la place des Croisés sur les chemins de Dieu.
N.B : Lulle était un Majorquin, et les papes aragonais firent beaucoup pour les missions chrétiennes. Le christianisme, surtout le nestorianisme originaire de l'Inde, fut plus largement répandu en Asie aux XIVème siècle qu'en tout autre siècle.
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coeurderoy le mer. 04 nov. 2009, 13:25, modifié 2 fois.
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"
Saint Bernard de Clairvaux