Aux sources de la pensée politique moderne

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Christophe
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Aux sources de la pensée politique moderne

Message non lu par Christophe » mer. 08 sept. 2004, 21:29

Décalogue du prophète Jean-Jacques
(Homologué par le Ministère de la Vérité)


1. Les hommes sont égaux en droits et devant la Loi
2. La Souveraineté réside dans le Peuple
3. La Souveraineté est illimitée, inaliénable et indivisible
4. La Volonté Générale vise le Bien Commun
5. Le Bien Commun est l'intérêt commun des Citoyens
6. La Volonté Générale est infaillible et indestructible
7. La Volonté Générale est exprimée par la voix de la Majorité
8. La Loi est l'expression de la Volonté Générale
9. L'obéissance à la Loi est liberté
10. Tout Gouvernement légitime est républicain

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Volonté générale et volonté populaire...

Message non lu par Christophe » jeu. 09 sept. 2004, 22:40

Bonsoir MB
MB a écrit :Quant à votre interprétation de Rousseau, je le signale à l'occasion, elle dévie légèrement si je puis dire. La volonté générale n'est pas la volonté de tous ; c'est la volonté que l'on aurait si l'on avait effectivement en vue le bien commun (après, évidemment, cela pose un problème pour savoir qui a en vue le bien commun... le souci est l'application politique que l'on fait de Rousseau ; si ses épigones sont robespierristes ou léninistes, forcément, ça fait désordre).
Je ne pense pas faire une lecture erronée de Rousseau. On peut reprocher beaucoup de choses à cet homme, mais on doit reconnaître une grande cohérence à cet esprit de système. Rousseau n'est pas de ces rationalistes qui attribuent la souveraineté à la (déesse) Raison : Rousseau est avant tout démocrate.

La souveraineté appartient au Peuple, et la volonté générale est l'autre nom de la volonté populaire, la volonté du "Peuple" personnalisé.

Se pose alors le problème que vous évoquez : comment connaître objectivement la volonté du Peuple ? Rousseau y répond de façon tout à fait explicite : parce que le Peuple est essentiellement une somme d'individus, la volonté générale est la somme intégrative des volontés individuelles des citoyens.

Et, parce qu'elle est souveraine, la volonté générale est infaillible : elle est la mesure même du bien commun.

SI LA VOLONTE GENERALE PEUT ERRER

"Il s'ensuit de ce qui précède que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique : mais il ne s'ensuit pas que les délibérations du peuple aient toujours la même rectitude. On veut toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours. Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c'est alors seulement qu'il paraît vouloir ce qui est mal.
Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu'à l'intérêt commun, l'autre regarde à l'intérêt privé, et n'est qu'une somme de volontés particulières : mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale.
Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les citoyens n'avaient aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences résulterait toujours la volonté générale, et la délibération serait toujours bonne.
"
(J.-J. Rousseau, Du contrat social, livre II, chapitre III)
MB a écrit :Ceci dit, me direz-vous qu'un Etat ou un régime qui est contesté par la majorité de la population est légitime ? Le consentement populaire (au sens large du peuple) me paraît quand même nécessaire.
Vous avez raison : le consentement populaire est nécessaire. Mais c'est avant tout une nécessité pratique : un régime qui n'aurait pas le soutien de la population - fut-il de résignation, et quel que soit la manière plus ou moins morale dont il l'obtiendrait - serait hautement instable. Le consentement populaire n'est donc pas - selon moi - une nécessité essentielle.

On peut néanmoins imaginer qu'un régime légitime - c'est-à-dire ayant en vue le seul bien commun - obtiendrait un important soutien au sein de la population, sauf à considérer les citoyens comme corrompus à leur dernier degré...

Bien à vous
Christophe
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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