Pie XII et la shoah

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Virgile
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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par Virgile » ven. 06 mars 2009, 6:15

Il n'est pas outre mesure étonnant que l'on ait ainsi attaqué ainsi Pie XII, et à travers lui toute l'Eglise.
On peut écrire des pages et des pages entières sur les horreurs concentrationnaires. On peut lire des témoignages, regarder des photographies, consulter des documents, pendant des heures et des heures. Je possède encore dans ma bibliothèque des dizaines de livres sur la question...
Un jour où l'autre, on est amené à se demander : quel est le sens de toute cette horreur ?
Et on lit d'autres livres, et l'on obtient toutes sortes de réponses...

Apocalypse 15 :
3 - Ils chantaient le Cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l'Agneau disant : " Grandes et admirables sont vos oeuvres Seigneur, Dieu tout-puissant ! Justes et véritables, sont vos voies, ô Roi des siècles!
4 - Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait votre nom? Car vous seul êtes saint. Et toutes les nations viendront se prosterner devant vous, parce que vos jugements ont éclaté. "

Audience du Pape, le 11 mai 2005 – commentaire sur le texte d'Apocalyse 15, 3, 4 :
« ... l’histoire ne se trouve pas entre les mains de puissances obscures, du hasard ou des seuls choix humains. Sur le déchaînement des énergies malfaisantes que nous voyons, sur l’irruption véhémente de Satan, sur l’apparition de tant de fléaux et de maux, s’élève le Seigneur, arbitre suprême du cours de l’histoire. Il la conduit avec sagesse vers l’aube des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, chantés dans la partie finale du livre sous l’image de la nouvelle Jérusalem (cf. Ap 21, 22). »

Apocalypse, 21 :
22 - Je n'y vis point de temple, car le Seigneur Dieu tout-puissant en est le temple, ainsi que l'Agneau.

Des hommes et des femmes, des enfants et des vieillards ont été réduits à ne plus être que des "objets", des "morceaux" exploitables. La population des camps était considérée comme une denrée périssable et recyclable, à défaut elle était définitivement éliminable.

Les nazis ont anéantis des corps humains, mais aussi des visages, des regards. Ils ont aussi cherché à anéantir, à travers l'extermination des Juifs, l'histoire des autres êtres humains, de leurs cultures, de leurs langues, de leurs religions. Ils ont transformé les hommes en autant de fonctions opératrices d’une grande machinerie sanguinolente et absurde. Le tatouage était la marque de cette dégradation : son symbole et son signe.

Apocalypse de saint Jean, au chapitre 13 :
18 - ... Que celui qui a de l'intelligence compte le nombre de la bête; car c'est un nombre d'homme et ce nombre est six cent soixante-six.

Ainsi, le nom de la "bête" c'est un chiffre.

S'il faut parler de l'horreur concentrationnaire, même aux petits enfants, il faut aussi parler de ce qu'est, en réalité, l'horreur concentrationnaire: celle d'hier, celle d'aujourd'hui et celle de demain.

Les camps et les déportés sont la figure réelle de ce que notre monde a été. Ils sont la figure de ce qu'il est appelé à devenir si on accepte sans combattre la déshumanisation radicale des sociétés et des cultures par l'excès de "rationalité" et le grand "tout technologique" que nous impose la "nouvelle civilisation mondiale".

L'auteur du texte suivant est le Cardinal Joseph Ratzinger :
"Aujourd'hui, si la loi universelle de la machine est acceptée, il ne faut pas oublier que ces camps pourraient préfigurer la destinée d'un monde qui adopte leur structure. Les machines qui ont été mises au point imposent la même loi. Selon cette logique, l'homme doit être interprété par un ordinateur et cela n'est possible que s'il est traduit en nombres. La bête est un nombre et transforme en nombres. Toutefois, Dieu a un nom et nous appelle par notre nom. Il est la personne et recherche la personne."

Dans ce contexte, on comprend la rage insensée des adversaires de l'Eglise catholique à vouloir faire croire qu'elle porte une responsabilité dans cette horreur.

Que défendent ceux qui attaquent Pie XII ?
La bête et son chiffre.

Qui sont-ils ?
Rarement les victimes du génocide lui-même.
A titre personnel, je n'ai jamais entendu un Juif dire du mal de Pie XII ou même de l'Eglise sur ce sujet.

N'y aurait-il donc strictement aucune conformité entre le projet délirant d'Adolf Hitler et ce que deviennent actuellement nos sociétés ?


Amicalement.
Virgile.

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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par Virgile » ven. 06 mars 2009, 6:58

J'ai oublié de vous dire: hier, j'ai encore rencontré le diable! :diable: ... non, pas lui. Le vrai diable.

Je vais à l'hôpital tous les mois. Pas de chance.

Bon, jusqu'à l'an dernier j'attendais "tranquillement" dans la salle d'attente qu'une infirmière vienne me chercher.
Elle m'appelait par mon nom. Je prenais des nouvelles de sa famille. Elle m'accompagnait jusqu'à la salle de consultation.

Depuis quelques mois, "ils" ont installé un écran dans la salle d'attente. L'infirmière ne vient plus. Une annonce passe sur l'écran, qui indique que le numéro 00072136 est attendu en "salle B". Le numéro 00072136 c'est moi. C'est marqué sur ma carte. La carte, il faut la présenter au médecin qui traite mon "dossier". Mon dossier, c'est le numéro 00072136.

Je suis obligé d'avoir une carte. Pourquoi pas.
Mais il ne faut pas non plus "parler avec le diable".

Aussi je refuse catégoriquement de me lever et de faire un seul centimètre en direction de la salle de consultation tant qu'une personne n'est pas venue me chercher.

Le diable, ce n'est pas ça: :diable:

Le diable, c'est ça 51757 (matricule de mon grand père) à la place de ça :coeur:

Ou encore ça 00072136 à la place de mon avatar, sur la gauche, avec un costume noir vieux de quinze ans, un chapeau vert à plume genre "autrichien", des lunettes rondes et une cigarette jamais allumée au coin de la bouche, qui râle tout le temps et à qui, ce matin, sa fille de quatre ans a mis des cailloux dans ses chaussures pour rigoler, avant d'aller faire sa promenade.

Je ne dis pas que 51757 est équivalent à 00072136 quant au "résultat", loin de moi l'idée de comparer les excellents soins médicaux que je reçois à l'hôpital à ceux que mon grand-père n'a jamais reçu dans les camps.
Ce que je pense, c'est que les deux chiffres relèvent de la même nature.

Le diable, ce n'est pas quelqu'un. C'est un chiffre.
C'est ce que le très grand Pape Pie XII a montré aux hommes de son temps par ce qu'il a dit, et par ce qu'il a fait.


Amicalement.
Virgile.

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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par coeurderoy » ven. 06 mars 2009, 10:58

Merci pour cette magnifique (et lucide !) intervention, cher Virgile ! :clap:

Cordialement en union de prières ! ;)
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"

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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par Pneumatis » ven. 06 mars 2009, 17:33

Cher Virgile,

Je partage votre sentiment sur M. Onfray. Néanmoins ce qui avait attiré mon attention dans la réponse Mathieu Baumier, c'est de remettre en parallèle l'hédonisme néo-païen et le nazisme, et de montrer l'énergie que certains tenant de cet hédonisme (je connais aussi des croyants néo-païens qui dépensent la même énergie dans la même direction) dépensent à projeter sur l'Eglise le lien intrinsèque entre leurs convictions et ce qui a fondé l'idéologie nazie, et qu'ils refoulent bien entendu. En disant cela je suis conscient d'être bien moins transigeant que M. Baumier, mais... j'assume.
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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par Pneumatis » ven. 06 mars 2009, 19:05

Virgile a écrit :oui, pourquoi pas. Mais nous pouvons en parler sur un autre fil.
Why not ? mais juste pour être sur que je me fais bien comprendre (parce que j'ai l'impression que c'est quand même bien dans le sujet) : l'idée que je voulais soulever c'est que les accusations contre l'Eglise de lien avec le nazisme, et en particulier contre Pie XII, se retrouvent souvent proclamées par ceux-là même qui auraient le plus d'affinités philosophique avec l'idéologie nazie ; affinités qu'ils refoulent et projettent donc sur l'Eglise, miroir antagoniste de ladite idéologie.

C'était juste une idée comme ça, que je trouvais intéressante, sans aller plus loin sur Michel Onfray et l'hédonisme... Voilà, mais je suis prêt à discuter de tout ça sur un autre fil si vous le souhaitez.

Amicalement,
Pneumatis

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Re: Pie XII : du nouveau ?

Message non lu par Fée Violine » ven. 06 mars 2009, 22:09

ROME, Vendredi 6 mars (ZENIT.org) - Au lendemain du cinquantième anniversaire de la mort du serviteur de Dieu Pie XII, dans le siècle Eugenio Pacelli, l'Institut international de recherche de l'holocauste Yad Vashem et le Studium Theologicum Salesianum, Saints Pierre et Paul, organisent les 8 et 9 mars un atelier d'experts qui analyseront l'état actuel de la recherche sur le pape Pie XII et l'holocauste.

Selon les propos rapportés par don Francesco De Ruvo, s.d.b., à ZENIT, « des historiens débattront et partageront les résultats de leurs recherches afin de répondre à une série de questions relatives à la controverse en cours ».

Les historiens et les experts, qui confèrent une dimension internationale à l'initiative, appartiennent aux deux écoles de pensée sur la question : celle qui est plus critique à l'égard de Pie XII et celle qui en apprécie l'œuvre.

La rencontre a lieu alors que les préparatifs de la visite de Benoît XVI le 11 mai prochain à Yad Vashem, mémorial de l'holocauste, battent leur plein et où il participera à une cérémonie en mémoire des victimes de la shoah.

Les experts qui participent aux débats sont Sergio Minerbi, Paul Oshea, Michael Phayer, Susan Zuccotti, Thomas Brechenmacher, Jean-Dominique Durand, Grazia Loparco, Matteo Luigi Napolitano et Andrea Tornielli.

La session d'ouverture sera inaugurée par Avner Shalev, président du Comité de direction de Yad Vashem, et par Mgr Antonio Franco, nonce apostolique en Israël. Les modérateurs seront, pour le Studium Theologicum Salesianum, Don Roberto Spataro et pour Yad Vashem, Mme Iael Orvieto.

« Ces dernières années, de nombreux livres et de nouveaux articles ont été publiés. Ainsi, du nouveau matériel a été présenté qui a permis de mettre en lumière de nouveaux aspects, qui ont besoin d'être regroupés et débattus, pour voir s'il y a quelque chose de nouveau et qui doit être totalement revu », explique le père De Ruvo.

Parmi les différents arguments qui feront l'objet de débats parmi les historiens, se trouve la période qui précède le pontificat de Pie XII, les relations avec les évêques allemands, Pie XII et l'holocauste, la situation en Italie pendant la période de l'holocauste et celle qui a suivi.

« Aujourd'hui, au Musée de l'holocauste Yad Vashem, il y a une légende de photo objet de polémique sur l'œuvre de Pie XII » au sujet de laquelle les historiens et n'ont cessé de débattre, explique le père De Ruvo, salésien et chercheur à Jérusalem.

« Pour certains, Pie XII aurait été un spectateur indifférent de l'holocauste qui, par son silence, se trouva de connivence avec la monstrueuse tragédie qui se déroulait. Toutefois, d'autres chercheurs et historiens soutiennent depuis longtemps une thèse totalement opposée qui donne une appréciation positive de l'œuvre de Pie XII : il aurait agi pour limiter de toutes les façons possibles les effets de l'holocauste, parfois avec des résultats concrets ».

« Cette dernière position historiographique, ajoute-t-il, est basée sur des documents historiques d'archives et de témoignages aussi bien oraux qu'écrits des protagonistes. Les auteurs qui louent l'action de Pie XII pour le sauvetage des juifs soumettent leurs conclusions, sans distinction d'appartenance ethnique et religieuse. Parmi ceux-ci l'on note de nombreux experts juifs ».

« Un climat d'écoute cordiale et respectueuse a régné jusqu'à aujourd'hui parmi les institutions engagées dans cette initiative qui, selon le souhait de tous, conduira à un accord sur le texte actuel de la légende que l'on voit à Yad Vashem » conclut-il.

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Message non lu par monachorum » dim. 10 mai 2009, 15:15

SHOAH : des documents pourraient redorer le blason de Pie XII

L'ancien pape est vivement critiqué pour son inaction durant le génocide des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette perception pourrait changer, selon Avner Shalev, le directeur du mémorial de la Shoah à Jérusalem.

La perception du pape Pie XII pourrait être largement modifiée avec des nouveaux documents du Vatican, a affirmé, jeudi 7 mai, Avner Shalev, le directeur du mémorial de la Shoah à Jérusalem.
Le pape de la Seconde Guerre Mondiale est depuis longtemps critiqué pour son inaction durant le génocide des Juifs.
Toutefois, Avner Shalev a indiqué que son institut avait reçu des documents attestant que des consignes venue du sommet de l'Eglise avaient été données durant la Seconde Guerre mondiale à un couvent hors de Rome pour abriter des Juifs persécutés.

"Un nouvel éclairage"

Selon ces rapports d'archive, le pape aurait personnellement donné la consigne de protéger des Juifs. "Si un ou deux de ces documents voient le jour, cela fournira un nouvel éclairage" entraînant un "profond changement de notre perception" du rôle du pape Pie XII, a déclaré le directeur de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem.
Avner Shalev s'est félicité des bons rapports actuels entre Yad Vashem et le Vatican et de la bonne atmosphère qui préside les préparatifs de la visite de l'actuel souverain pontife Benoît XVI. Celui-ci se rendra au mémorial de Yad Vashem, érigé en souvenir des six millions de victimes juives des nazis, mais évitera soigneusement le musée où le pape Pie XII est présenté comme passif face à l'extermination des Juifs.
"Nous n'aurions aucun problème à changer le texte de présentation de Pie XII aux vues des nouveaux documents", a précisé à l'AFP une porte-parole de Yad Vashem.

La béatification de Pie XII suscite la colère d'Israël

Israël reproche depuis longtemps à Pie XII de n'avoir pas dénoncé publiquement l'entreprise d'extermination nazie, bien que, par ailleurs, les historiens reconnaissent un rôle important de l'Eglise dans le sauvetage de Juifs. Le sujet est régulièrement sujet à des tensions avec le Vatican. En effet, l'Etat hébreu s'oppose fermement à la volonté de Benoît XVI de béatifier Pie XII.
En 2006, la presse italienne avait déjà révélé que le couvent romain des Santi Quattro Coronati avait abrité pendant l'occupation nazie des réfugiés politiques et des Juifs sur l'ordre direct du pape Pie XII, selon le journal d'une des sœurs augustines du couvent. Cette sœur écrivait que le pape voulait sauver "ses enfants ainsi que les Juifs" et ordonnait que les monastères, y compris les clôtures, soient ouverts à ceux qui sont persécutés.
(NouvelObs.com avec AFP)
Source

Yad Vashem se réveille...

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Re: La fin d'une infâmie ?

Message non lu par zélie » dim. 10 mai 2009, 18:03

D'un point de vue des traces historiques, qu'en est-il de cette non-dénonciation publique du nazisme? (qui semble être la pierre de touche du reproche israélien au Vatican).

Parce que les commentaires sont très tranchés sur le site du Nouvel Obs:
ça va de "l'excellent homme qui a tout fait de son mieux" au gros abruti de service "d'extrême-droite qui n'a rien fait contre"...
Quelqu'un pourrait-il resituer l'action de ce pape contre le nazisme et les contraintes qui l'ont empêché de faire plus, ou les leviers dont il s'est servi pour faire au mieux?

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Re: Pie XII et le nazisme

Message non lu par Wistiti » lun. 11 mai 2009, 9:45

L'occident montre une haine envers lui-même, qui paraît étrange et peut être considérée uniquement comme un phénomène pathologique. L'occident ne s'aime plus, dans son histoire il voit uniquement ce qui est blâmable et destructif, il n'est plus capable de reconnaître ce qui est grand et pur.
(Benoit XVI)

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Re: Pie XII et le nazisme

Message non lu par Souricette » lun. 08 juin 2009, 19:40

Silence de Pie XII ou une stratégie pour avoir plus d'efficacité dans le sauvetage des juifs ?

Par le Père Claude Bressolette

REGAIN DE DISCUSSIONS ET DE CRITIQUES

Depuis quelque temps, de nombreux ouvrages sont parus sur Pie XII. Certains sont l’œuvre d’historiens sérieux, qui, légitimement, peuvent différer dans leur appréciation des faits. D’autres se distinguent par leur acharnement contre ce pape. Il y a quelques années, une thèse a été publiée, qui veut accréditer l’idée que, pour lutter contre le communisme, le Saint-Siège se serait fait l’allié des nazis; dans un article récent, l’auteur applique ce système idéologique à Pie XII, en omettant tout simplement de citer la grande encyclique de condamnation du nazisme, Mit brennender Sorge, publiée le 14 mars 1937, à laquelle le cardinal Pacelli, Secrétaire d’Etat de l’époque, futur pape Pie XII, avait largement travaillé. On comprend que de vrais historiens renoncent à relever l’inanité et la passion de ce genre d’écrits.

Costa-Gravas a voulu adapter au cinéma la pièce de Rolf Hochhuth, Le Vicaire, écrite en 1960, et mise en scène en 1963. On ne saurait demander à un cinéaste de faire une œuvre purement historique; c’est son droit de vouloir symboliser une époque à travers des personnages, et de faire réfléchir sur des drames de conscience. Mais il faut au spectateur une grande culture historique pour discerner, dans le film, les faits attestés, les faits inventés, les faits omis, discernement que présente La Croix, p. 12 de son numéro du mercredi 27 février. Comme l’écrit le cardinal Montini, futur Paul VI, à propos de la pièce de théâtre de 1963: “ On ne joue pas avec des sujets et des personnages historiques portés à la connaissance du public par l’imagination créatrice de gens de théâtre insuffisamment doués de discernement historique et – Dieu veuille que cela ne soit pas le cas ici – d’honnêteté humaine. ” (Lettre de juin 1963 à la revue The Tablet).

Cette remarquable lettre est publiée dans le magazine Histoire du christianisme de mars 2002. On peut évidemment objecter qu’elle est signée par un très proche collaborateur de Pie XII, qui défend la mémoire de ce pape. Il est donc d’autant plus significatif que ce soit un Rabbin, David Dalin, éminent historien américain, qui reprenne le dossier avec une grande précision, pour mettre en valeur l’action de Pie XII envers les juifs. (Pie XII et les juifs, article publié par La Documentation catholique du 17 mars 2002, n° 2266).

L’ANTINAZISME DU FUTUR PIE XII AVANT LA GUERRE

Eugenio Pacelli fut nonce apostolique en Allemagne de 1917 à 1929, d’abord à Munich puis à Berlin. Sur quarante-quatre discours prononcés pendant ces douze ans, quarante dénoncent un aspect ou un autre de l’idéologie nazie.

Pie XI le nomme Secrétaire d’Etat en 1930. Sous son impulsion, Radio Vatican, nouvellement fondée, commence à émettre et n’hésite pas à traiter des sujets les plus délicats. En mars 1935, dans une lettre ouverte à l’évêque de Cologne, il traite les nazis de “faux prophètes, orgueilleux tel Lucifer”. Toujours en 1935, devant des milliers de pèlerins à Lourdes, il accable les idéologies “possédées par la superstition de la race et du sang” (dénonciation qu’on retrouve dans la future encyclique). En privé, il affirme que les nazis sont “diaboliques” et à sa secrétaire, sœur Pasqualina, que “Hitler est tout à fait obsédé. Il détruit tout ce dont il n’a pas besoin et est capable de piétiner des cadavres”. Il est difficile de faire du cardinal Pacelli un ami des nazis !

LE CONCORDAT ET L’ENCYCLIQUE

Certes, il est l’acteur principal du concordat signé, le 20 juillet 1933, avec le Reich, à la demande du nouveau chancelier, Hitler. Ce traité a été précédé, le 7 juin, par le Pacte des quatre nations, signé à Rome entre la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie. Malgré son dégoût pour le comportement inique du gouvernement allemand, qui fait pression en jetant en prison plus de quatre-vingt dix prêtres et en fermant neuf journaux catholiques, le cardinal se résigne au concordat pour sauvegarder un minimum d’institutions et de libertés en faveur des catholiques allemands, et pour donner une base juridique à d’éventuelles protestations: elles ne vont pas manquer! Durant son mandat, le Secrétaire d’Etat proteste dans cinquante-cinq lettres officielles au gouvernement allemand.

Pie XI n’avait pas d’illusion sur la parole du chancelier Hitler. Très vite, il constate que le concordat est un “chiffon de papier”, et il le souligne dans l’encyclique Mit brennender Sorge préparée par le Secrétaire d’Etat et le cardinal archevêque de Munich. Ce texte en allemand est envoyé, par la valise diplomatique, au nonce à Berlin; pour éviter la censure, celui-ci le transmet secrètement à toutes les paroisses catholiques pour qu’il soit lu en chaire le dimanche de la Passion, 14 mars 1937. Remarquons la procédure exceptionnelle pour faire connaître, en Allemagne, une condamnation vigoureuse de tous les aspects de la doctrine nazie. Cinq jours plus tard, le 19, est publiée à Rome, l’encyclique Divini Redemptoris, qui condamne le communisme bolchevique. Deux totalitarismes sont ainsi dénoncés.

Durant toutes les années où il est Secrétaire d’Etat, Eugenio Pacelli est traité par la presse nazie de cardinal “ pro-juif ”.


LE PAPE PIE XII PENDANT LA GUERRE

Elu le premier jour du conclave, le 2 mars 1939, le cardinal Pacelli prend le nom de Pie XII pour marquer la continuité avec celui dont il a été le premier collaborateur. On est à quelques mois de la guerre.

La première encyclique du nouveau pape, Summi Pontificatus du 20 octobre, est un plaidoyer pour la paix, où il est précisé que le rôle du pape n’est pas de rejeter la responsabilité de la guerre sur l’une ou l’autre des parties, mais d’intercéder auprès des deux. En première page de son numéro du 28 octobre 1939, le New York Times salue l’encyclique par ce titre: “Le pape condamne le racisme, les dictateurs et ceux qui violent les traités”.

Le 14 mars 1940, le même journal informe que “face à Herr Ribbentrop, le Pape a pris la défense des juifs allemands et polonais”; de fait, au ministre allemand des affaires étrangères, venu accuser le Saint-Siège de s’être rangé aux côtés des alliés, le pape a rappelé la longue liste des atrocités commises par les Allemands. En 1942, à la suite des lettres pastorales des évêques de France qui dénoncent les déportations de juifs, Pie XII charge le nonce apostolique de protester auprès du gouvernement de Vichy; le Times écrit alors: “Vichy arrête des juifs ; le Pape est ignoré”.

LE MESSAGE DE NOEL 1942

Le pape ne se contente pas de ces démarches diplomatiques, qui, pour beaucoup de ses détracteurs, sont insuffisantes. Le long radio-message de Noël 1942, que d’aucuns jugent d’une phraséologie religieuse classique, est un document doctrinal, qui expose en cinq points les fondements de la conception chrétienne de l’Etat et de la société. La conclusion, qui énumère les catégories de victimes qui réclament la fin de la guerre, comporte cette phrase: “Ce vœu, l’humanité le doit aux centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive” (Cette dernière phrase n’est pas reprise dans le film Amen !).

Le message, que beaucoup jugent trop peu vigoureux, fut parfaitement compris de Mussolini et des nazis, dont les services de sécurité réagissent: “Le pape accuse virtuellement le peuple allemand d’injustice à l’égard des Juifs et se fait le porte parole des Juifs, criminels de guerre”. Le New York Times écrit le lendemain du message: “La voix de Pie XII est un cri dans le silence et la nuit qui enveloppent l’Europe cet hiver…En appelant de ses vœux un "véritable nouvel ordre" fondé sur la liberté, la justice et l’amour…le Pape se place à l’opposé de Hitler”. Une résistante française, Malou Blum, assure: “ Pour nous, le message de Noël 1942 était une condamnation claire du nazisme ” (témoignage cité par La Croix du 28 février 2002).

Le pape réitère en 1943, en parlant de “ces centaines de milliers de personnes marquées du sceau de la mort ou de l’extinction du seul fait de leur nationalité ou de leur race”. Le ministre des affaires étrangères de Mussolini rapporte que Pie XII est “prêt à être déporté dans un camp de concentration plutôt que de renier ses convictions”. De fait, Hitler a envisagé d’enlever le pape, et, en 1943, il demande au général Wolf d’occuper le Vatican, mais le général parvient à faire abandonner ce plan.

UNE CONDAMNATION EXPLICITE ET SOLENNELLE ?

Devant les cardinaux, le 2 juin 1943, Pie XII a expliqué sa position: “ Toute parole, toute allusion publique devaient, de Notre part, être sérieusement pesées et mesurées, dans l’intérêt même de ceux qui souffrent, pour ne pas rendre leur situation encore plus grave et insupportable. ” Le pape a donc choisi l’intervention discrète soit auprès des nonciatures, soit en demandant aux églises et couvents d’Italie d’accueillir les juifs: on évalue de 700'000 à 860'000 le nombre de ceux qui furent sauvés. Fallait-il faire un autre choix ?

Fallait-il excommunier Hitler et les dirigeants allemands ? Fallait-il élever une protestation solennelle ? Dans sa lettre à propos de la pièce d’Hochhuth, le cardinal Montini, très proche collaborateur de Pie XII durant toute cette époque, écrit : “ Une attitude de condamnation et de protestation comme celle qu’il reproche au pape de n’avoir pas adoptée, eût été non seulement inutile, mais encore nuisible…Si, par hypothèse, Pie XII avait fait ce que Hochhuth lui reproche de n’avoir pas fait, il en serait résulté de telles représailles et de telles ruines que, une fois la guerre finie, le même Hochhuth aurait pu, avec une plus grande objectivité historique, politique et morale, écrire un autre drame beaucoup plus réaliste… ”.

Un fait est sûr: après la lettre des évêques des Pays-Bas condamnant “ le traitement injuste et sans merci réservé aux juifs”, lue dans les églises en juillet 1942, les déportations de juifs se sont aggravées: Edith Stein fut de ce nombre. L’archevêque Sapiéha de Cracovie et deux autres évêques polonais demandent au pape de ne pas publier de lettre sur ce qui se passe en Pologne, vu la férocité des représailles. Survivant de l’Holocauste, le Grand rabbin du Danemark dit que “si le Pape avait été plus explicite, Hitler aurait sans doute massacré plus de six millions de juifs et peut-être cent millions de catholiques s’il en avait eu le pouvoir”.

RECONNAISSANCE DES AUTORITES JUIVES

Dès 1944, le grand Rabbin d’Israël envoie un message où il déclare que “le peuple israélien n’oubliera jamais ce que le Pape et ses délégués font pour nos malheureux frères et sœurs dans les heures les plus sombres de notre histoire”. En septembre 1945, le Secrétaire général du Congrès juif mondial remercie personnellement le Pape pour ses diverses interventions et fait un don aux œuvres du Vatican “en reconnaissance de l’aide apportée par le Saint-Siège aux juifs persécutés par le fascisme et le nazisme”. Dix ans plus tard, l’Union des Communautés juives italiennes déclare que le 17 avril sera la “Journée de reconnaissance pour l’aide apportée par le Pape pendant la guerre”. Fait exceptionnel, le 26 mai 1955, l’Orchestre philharmonique d’Israël se rend au Vatican pour y interpréter la Septième Symphonie de Beethoven, et exprimer ainsi la reconnaissance d’Israël envers le Pape pour l’aide apportée aux juifs pendant l’Holocauste.

Pour finir, laissons la parole au Rabbin David Dalin, qui achève ainsi sa précieuse étude historique: “Pie XII ne fut pas le Pape de Hitler, loin de là. Il fut l’un des soutiens les plus fermes de la cause juive, à un moment où elle en avait le plus besoin…On peut lire dans le Talmud que ‘celui qui sauve une seule vie sauve l’humanité’. Pie XII, plus qu’aucun autre homme d’Etat du XXe siècle, a accompli cela à l’heure où le destin des Juifs européens était menacé. Aucun autre Pape n’avait été autant loué par les juifs avant lui, et ils ne se sont pas trompés. Leur gratitude ainsi que celle de tous les survivants de l’Holocauste prouve que Pie XII fut véritablement et profondément un Juste parmi les Nations ”.

http://www.fonjallaz.net/Film-Amen/Page ... age12.html

D'autres textes importants sur Le blog consacré à Pie XII.
Dernière modification par Souricette le lun. 08 juin 2009, 19:42, modifié 1 fois.
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Souricette
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Re: Pie XII et le nazisme

Message non lu par Souricette » lun. 08 juin 2009, 19:41

En 1937, , Pie XI condamnait le nazisme dans l'encyclique Mit brennender Sorge ("Avec une vive inquiétude").

A la fin de son Message de Noël 1942, Pie XII exhortait donc « tous les cœurs droits et magnanimes à s'unir dans le vœu solennel de ne s'accorder aucun repos jusqu'à ce que, dans tous les peuples et toutes les nations de la terre, devienne légion la troupe de ceux qui, décidés à ramener la société à l'inébranlable centre de gravitation de la loi divine, aspirent à se dévouer au service de la personne humaine et de la communauté ennoblie par Dieu ». [...]Ce vœu, l’humanité le doit aux centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressivecentaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive »[/i]. L'éditeur de ces textes pontificaux précisait en note: « Le Pape fait allusion aux Polonais et surtout aux Juifs massacrés. »

Lettre inédite envoyée le 30 avril 1943 par Pie XII à Mgr von Preysing, évêque de Berlin

Le Souverain Pontife dit d'abord sa reconnaissance « pour les paroles claires et nettes, adressées en diverses circonstances par l'épiscopat allemand aux fidèles et, par eux, à l'opinion publique »; il se dit consolé d'apprendre « que les catholiques, spécialement ceux de Berlin, ont montré beaucoup de charité envers les non-aryens opprimés, en particulier Mgr Lichtenberg ». Alors, Pie XII déclare une nouvelle fois la raison de son silence, en même temps qu'il invite chacun à faire d'autant mieux son devoir: « Nous laissons aux pasteurs en fonction et sur place le soin d'apprécier si et dans quelle mesure il faut user de réserve, malgré les raisons qu'il y aurait d'intervenir, afin d'éviter de plus grands maux; car les déclarations d'évêques risquent d'entraîner des représailles et des pressions... C'est l'un des motifs pour lesquels Nous-même, nous Nous limitons dans nos déclarations... »

Pie XII a longuement expliqué les motifs de sa prudence dans ses interventions, au cours d'une allocution aux Cardinaux à l'occasion de sa fête, le 2 juin 1943 :

En ces temps d'affliction pour le monde entier, l'Église, qui n'oublie jamais la responsabilité que fait peser sur elle le soin des âmes, sent le vif devoir de parer et de prévenir toute manoeuvre de qui prétendrait blesser la pureté de sa doctrine et de son enseignement, restreindre l'universalité de sa mission, nier l'évident désintéressement de son amour qu'une égale sollicitude étend à tous les peuples...

Dès lors, il ne sera pas difficile, Vénérables Frères et chers Fils, à votre esprit perspicace, à votre amour intense et à votre attachement, de peser et de mesurer mieux que les autres le poids du fardeau singulièrement accru en pareilles circonstances, qui repose sur les épaules de celui qui, au nom du Christ et par son mandat, a reçu mission de se faire tout à tous...

Pénétré et conscient de l'universalité de ces sentiments paternels que Nous nourrissons... Nous jugeons que notre haute et principale mission est la défense et la sauvegarde de l'héritage spirituel de nos saints et éclairés prédécesseurs, ainsi que la dénonciation avec franchise, mais avec amour, des erreurs qui se trouvent à la racine de tant de maux, afin que les hommes s'en gardent et retournent dans la voie du salut. En agissant de la sorte, nous n'avons jamais eu l'intention d'articuler un acte d'accusation, mais bien plutôt de ramener les hommes aux sentiers de la vérité et de la rédemption. Notre voix était celle de la vigie attentive, choisie et placée par Dieu pour la garde de toute la famille humaine...

Quand la violence des passions ne fermentait pas encore... la voix du Pasteur suprême parvenait librement à tous les fidèles, soit directement, soit par le soin et la parole de leurs évêques, sans être voilée ni tronquée, sans malentendus ; l'évidence même des faits, non moins que la clarté du langage, suffisait, ayant assez de valeur pour priver de force et rendre vaine toute tentative d'altération ou de travestissement de la parole du Vicaire du Christ. S'il en était ainsi aujourd'hui en toute liberté, tous les honnêtes gens, tous les hommes de bonne volonté auraient occasion et facilité de se rendre compte que le Pape n'a pour tous les peuples indistinctement et sans aucune exception, que 'des pensées de paix et non d'affliction' (allusion à Jérémie, 29, II).

Ici venait la condamnation des mesures d'extermination « pour motif de nationalité ou de race ». Puis, parlant plus particulièrement des petites nations et de la Pologne, Pie XII concluait :

Toute parole de Notre part, adressée à ce propos aux autorités compétentes, toute allusion publique devait être sérieusement pesée et mesurée par Nous, dans l'intérêt même de ceux qui souffrent pone pas rendre, malgré Nous, leur situation encore plus grave et plus insupportable. Hélas ! les améliorations manifestement obtenues sont loin de répondre à l'immense sollicitude maternelle de l'Église penchée sur ces groupes particuliers, soumis aux plus cruelles vicissitudes; et comme Jésus devant sa ville devait s'écrier avec douleur: Quomodi volai!... et noluisti ! (IX• 13, 34), ainsi, son Vicaire, bien qu'il demandât seulement pitié et retour sincère aux lois élémentaires du droit et de l'humanité, s'est trouvé souvent devant des portes qu'aucune clé ne pouvait ouvrir... Nos enseignements, Nos déclarations si souvent répétées ne laissent nul doute sur les principes auxquels doit faire appel la conscience chrétienne pour juger pareils actes, quels qu'en soient soient les auteurs responsables...
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Re: Des Juifs témoignent en faveur de Pie XII

Message non lu par Raistlin » mer. 17 juin 2009, 10:39

Paru sur le blog de Patrice de Plunkett :
Pie XII et les juifs - Lu sur le portail du judaïsme italien (Moked, « il portale dell'ebraismo italiano ») :

Paolo Mieli et Giorgio Israel :
« Les fausses accusations contre Pie XII »...



<< Rome, 10 juin - La « réhabilitation » de la figure du pape Pacelli apparaît toujours plus concrète et acceptée, par des experts d'origine juive et au delà. C'est ce qui ressort d'une rencontre à l'Institut Luigi Sturzo de Rome, à l'occasion de la présentation du livre En défense de Pie XII - Les raisons de l'histoire, publié sous la direction de Giovanni Maria Vian, directeur de L'Osservatore Romano. Parmi les personnalités présentes : le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, le journaliste Paolo Mieli et les historiens Giorgio Israel et Roberto Pertici. […] Paolo Mieli, qui s'est défini comme « laïque de sang juif et parent de disparus dans la Shoah », a dit juger « absurdes » les accusations contre Pie XII, et il a dénoncé une « manipulation historique » qui reste à « décrire et raconter ». Selon lui, elle fut encouragée par un monde «protestant et progressiste» visant à faire porter à [Pie XII] et à l'Eglise le poids de la faute du siècle. Ce « torrent en crue » de griefs « non encore calmé », a souligné l'historien et journaliste juif Giorgio Israel, fournit même la clé actuelle de « certaines attitudes hostiles à Benoît XVI ».

Un faux-semblant « politiquement correct » pousse à diaboliser quiconque ne suit pas certains clichés même s'il a visé au bien, comme ce fut le cas de Pie XII, dont [pourtant] les efforts pour sauver le plus grand nombre possible de juifs avaient été immédiatement reconnus par ceux qui en avaient été les bénéficiaires directs et les témoins. Ces mérites (a souligné Roberto Pertici) ont été méconnus dans le monde anglo-saxon et cachés dans le monde soviétique, irrité par l'anti-totalitarisme de Pie XII et de l'Eglise en général. Une Eglise qui, au contraire et à différentes occasions, s'est montrée proche des persécutés, et qui, avec le récent voyage de Benoît XVI en Terre Sainte (a conclu Paolo Mieli), a manifesté sa « bonne volonté » dans le dialogue avec le judaïsme. >>
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Re: Des Juifs témoignent en faveur de Pie XII

Message non lu par Cgs » mer. 17 juin 2009, 10:54

Bonjour,

Merci Raistlin pour ces documents. C'est quand même incroyable que ces informations ne soient connues que depuis peu, et lues uniquement par les milieux catholiques !

Cordialement,
Cgs
Mes propos qui apparaissent en vert comme ceci indiquent que j'agis au nom de la modération du forum.

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Re: Pie XII et le nazisme

Message non lu par Souricette » lun. 29 juin 2009, 21:08

Une excellente biographie de Pie XII vient de paraître: Pie XII, par Andrea Tornielli, aux Editions du Jubilé. Un livre qui achève de réhabilité un homme victime d'une des pires lâchetés : la calomine après la mort, quand vous n'êtes plus là pour vous défendre.
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Re: Pie XII et le nazisme

Message non lu par Souricette » mar. 30 juin 2009, 12:44

Nom de code «Siège12 »!

Depuis la pièce de théâtre Le Vicaire et les « documents irréfutables » sur lesquels elle s'appuie, l'Église est présentée comme « complice de l'Holocauste » et Pie XII comme « sympathisant d'Hitler ». Mais l'ancien patron des services secrets roumains vient de confesser que les documents sont des faux, créés par le KGB. Retour sur l'une des manipulations les plus réussies de l'histoire, l'opération « Siège 12 ».

Par Thomas Grimaux (mars 2007)

Étonnamment, jusqu'en 1963, personne ne pense à critiquer l'Église pour son rôle lors des années de guerre. Mais, à cette date, une pièce de théâtre, Le Vicaire, de Rolf Hochhuth, accrédite l'idée selon laquelle Pie XII aurait été un allié d'Hitler. Le producteur, Erwin Piscator, répond aux critiques formulées devant une telle oeuvre partisane en avançant qu'il possède quarante pages de documents irréfutables. La polémique enfle. Des milliers d'articles, majoritairement à charge, sont publiés. La pièce est traduite en 20 langues, jouée partout, de Berlin à Londres, en passant par New York... En 2002, les Français découvrent le film Amen, de Costa Gavras, avec le jeune Matthieu Kassovitz. Le verdict est sans appel, l'Église est complice de l'Holocauste comme l'affiche le montre: une croix gammée est mêlée au crucifix avec ce simple mot pour titre Amen. Amen, c'est-à-dire « d'accord ».

Mais voilà, coup de tonnerre, dans un article du 25 janvier 2007, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa dévoile la machination connue sous le nom de code « Seat 12 », « Siège 12 ».

De qui s'agit-il ? Du plus haut officier des services secrets de l'Est jamais passé à l'Ouest. De l'ancien « patron » des services roumains. Du maître d'œuvre de la manipulation. De quoi s'agit-il? D'une formidable conspiration marxiste visant à discréditer l'Église, non plus en la taxant d'alliée de l'impérialisme américain mais en la présentant comme complice d'Hitler. La cible est trouvée, Pie XII – d'où le nom de l'opération « Seat 12 ».

« En février 1960, précise l'ancien espion, Nikita Khrouchtchev approuva un plan secret destiné à saper l'autorité morale de l'Église dans les pays occidentaux. Eugène Pacelli, qui devint le pape Pie XII, fut sélectionné par le KGB comme cible principale de l'incarnation du mal parce qu'il décède en 1958. Or, "les hommes morts ne peuvent se défendre eux-mêmes"» et, Mgr Pacelli ayant servi comme nonce à Munich et Berlin, il est plausible de le présenter comme un « antisémite, encourageant l'Holocauste ». Mais, pour cela, encore faut-il des preuves. Bien sûr, elles n'existent pas. Alors le KGB décide de les fabriquer. Ce sera l'ambition de l'opération de manipulation « Siège 12 ».

Moscou ne veut pas inventer un faux grossier mais changer « très légèrement » un mot ou une phrase réellement prononcés par le futur Pie XII. Mais pour connaître ces documents à falsifier, l'accès aux archives du Vatican est nécessaire. Or, si la demande émane du KGB, elle sera refusée. Les Soviétiques imaginent donc un stratagème, faire appel aux Roumains – c'est ici qu'apparaît Pacepa – pour qu'ils obtiennent cet accès aux archives. En 1959, Pacepa est donc envoyé, sous une couverture officielle, à la Mission roumaine d'Allemagne de l'Ouest. Pour « appâter » Rome, l'espion fait croire au Vatican que la Roumanie serait prête à restaurer les accords diplomatiques, rompus en 1951 entre son pays et le Saint-Siège.

Deux conditions sont demandées à Rome. D'abord, l'ouverture de ces archives afin que les Roumains trouvent des éléments historiques disculpant leur pays de la rupture du traité. Le but officiel est simple: si les Roumains ont pris la décision de rupture, c'était à cause de faux rapports. Ils pourront ainsi expliquer ce nouveau retournement, sans perdre la face. Le Vatican doit également faire un prêt d'un milliard de dollars, remboursable sur 25 ans, sans intérêt. Cet argent relancera l'économie roumaine.

Mais cette dernière demande – gigantesque – est un paravent. Moscou compte sur la logique humaine: devant un tel prêt, l'esprit est obnubilé par la somme et va concéder l'autre demande qui paraît alors subalterne.

Les premiers contacts ont lieu et devant cette opportunité de voir se renouer la confiance avec un pays du bloc de l'Est, le Vatican tombe dans le panneau. S'il discute effectivement beaucoup sur la somme demandée (quand Pacepa quitta pour de bon son pays natal, en 1978, ces négociations duraient encore!), il accepte que trois prêtres roumains – en fait des agents dit KGB – entrent aux Archives. Le ver est dans le fruit et les agents infiltrés envoient des centaines de documents au KGB, de 1960 à 1962.

En 1963, le chef du Département de la désinformation du KGB, le général Ivan Agayants, l'un des plus grands manipulateurs de tous les temps, annonce que le plan d'attaque de « Siège 12 » est prêt : une pièce de théâtre intitulé Le Vicaire (en référence au Vicaire du Christ, nom désignant un pape) va paraître, s'appuyant sur des documents « prouvant » les faits incriminés. Il précise également que « le producteur, Erwin Piscator, est un communiste certain, entretenant depuis longtemps de bonnes relations avec Moscou. En 1929, il fonda le Théâtre prolétarien de Berlin et trouva asile en Union soviétique à l'accession au pouvoir d'Hitler, puis il "émigra" aux Etats-Unis. En 1962, Piscator retourna à Berlin-Ouest pour produire Le Vicaire. » La polémique est lancée et, pendant près de quarante ans, les mensonges présentant l'Église comme complice de l'Holocauste ont droit de cité.

Aujourd'hui, les révélations du lieutenant général Pacepa, sur National Review Online, rétablissent enfin la vérité. Vérité historique confirmée par de nombreux témoignages rendant justice à l'action courageuse du pape, d'évêques, de prêtres, de religieuses et de simples laïcs en faveur des Juifs persécutés. Lors de l'hommage de la Nation aux Justes de France, au Panthéon le 18 janvier 2007, le président de la République en personne, Jacques Chirac, en citait certains noms. Certains noms parmi les 2600 Justes reconnus en France, petite partie des 21000 Justes européens.

Non, l'Église n'a jamais été complice du IIIe Reich.
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