Que penser du bipartisme à la française ?

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Que penser du bipartisme à la française ?

Message non lu par wanderer » ven. 28 janv. 2005, 17:09

Sujet déplacé - Charles
BGdc a écrit :les lois electorales ont été faites de manière que ce parti qui représente 17% des français est muselé, sans députés
Ces lois sont effectivement mauvaises et scandaleuses, mais voyez un peu plus loin que le bout de votre nez, elle ne paralysent pas seulement le FN que je déteste et dont le leader semble ravi des hommes politiques français pendant l'occupation, c'est un autre débat. Elles vont vers un bipartisme à l'américaine et paralysent tout autre tentative d'avancée démocratique. Mais, tous les petits partis sont touchés, écologistes, altermondialistes et... Christine Boutin qui, même si elle est libérale, est la seule à être pour une vraie politique de la famille et de l'entreaide, pour la vie, contre le racisme puant de monsieur Le Pen, contre l'avortement, contre l'euthanasie, contre le mariage homosexuel et qui est donc à mon avis de très loin le parti du moindre mal en France...

Le FN représente 17% des votants, pas des français, vous savez que c'est très différent chez nous.

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17% des votants

Message non lu par BGdC » lun. 31 janv. 2005, 12:58

Je sais bien que 17% des votants ne sont pas 17% des français: je ne vote pas, car je suis contre le droit de vote au niveau national, mais pas au niveau local. Hitler aussi a eu 60% des voix!
Le plupart des partis qui ont gouverné la France ne l'ont fait qu'avec 12 à 15 % des francais derrière eux, et cela depuis plus de cents ans.
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Message non lu par wanderer » lun. 31 janv. 2005, 15:13

Christine Boutin a défendu ouvertement et vigoureusement la loi électorale qui a mené à la vague socialiste sur les régions. Christine Boutin déclarait que les français souhaitaient le bipartisme (!)... alors que lors du premier tour de la présidentielle 3 candidats ont obtenu de 16 à 20% des votes et 4 candidats de 5 à 7%, les 24% restants se partageant entre 9 candidats !!!

Christine Boutin fait partie de l'UMP et dans ce cas-là, elle a cru qu'elle profiterait du succès de l'UMP, la loi était faite pour ça, et qu'elle aurait ainsi des élus régionaux... seulement elle n'en a eu aucun. Et malgré le bonus à la première liste... qui a profité aux socialistes. En tout cas tant pis pour elle. Car sur le coup, elle a été vraiment faible : si les Français souhaitaient le bipartisme, ils ne voteraient pas pour le FN, LO, MDC, Les Verts, LCR, CPNT, PC, MNR, etc. Dont les 14 candidats représentaient 67% des votes du premier tour de la présidentielle ! Alors que les candidats des deux partis qui devaient bénéficier plus tard du "bipartisme souhaité par les Français" ne recueillaient que 36% des votes (16 et 20%).
J'ignorais sa prise de position à ce sujet et j'en suis très déçu. Il semblerait que j'ai perdu l'occasion de me taire alors. :lol: Sur ce sujet, il me semble important de citer la prise de position courageuse de François Bayrou qui s'est opposé de façon très claire et vigoureuse.

Christine Boutin a été plus que faible sur ce sujet, je suis assez étonné de tant de naïveté. De plus, ces calculs politiciens ne ressemblent pas à ce qu'elle montre habituellement.

Pour ce qui est de la loi voté par l'UMP, voilà comment je l'explique. Pour les régionales, l'UMP est régulièrement gêné par les triangulaires qui dans notre pays sont traditionnellement constituée des partis suivants: PS, UMP et FN. Dans ce cas, l'UMP est bloqué, en cas d'alliance avec le FN, on crie au scandale (et on n'a pas tout à fait tort), sans alliance, la région a toutes les chances de passer au PS car généralement, le report de voix des électeurs du FN va plutôt vers la droite que vers la gauche. Moralité, l'UMP a préféré changer le pourcentage requis pour accéder au second tour de sorte à éliminer le front national.

Un tel procédé est antidémocratique et pour le moins scandaleux et c'est pourtant passé comme une lettre à la poste. Je suis bien content que les dirigeants de l'UMP aient reçu une correction, sans être sympatisant du PS, le procédé est si mauvais qu'il méritait bien une petite punition. (je sais bien que le résultat de ces élections n'a pas été très influencé par cette loi vu les circonstances, mais disons que moralement, ça fait toujours plaisir)
je suis contre le droit de vote au niveau national, mais pas au niveau local.
La nation est souvent un découpage très théorique, le France est un bon exemple avec les indépendantistes de tous bord (peu importants en nombre c'est vrai). Séparation purement théorique donc. Et quand le scrutin devient européen, votez-vous?

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NON

Message non lu par BGdC » mar. 01 févr. 2005, 10:18

Je pense que vous devriez lire "Sentiments et idées de notre temps" par Henry Bordeaux, paru en 1897, ou il présente une vision du droit de vote très intéressante, et qui n'a fait que me conforter dans mon idée: les français, comme n'importe quel peuple, ne peuvent décider de ce qui est bon pour eux qu'à un niveau très local, car ils peuvent connaitre tous les paramètres rentrant en ligne de compte, alors que déjà au niveau régional, j'émets quelques doutes, mais au niveau national, c'est impossible, donc a fortiori au niveau européen. Pour moi le seule politique valable au niveau national est une union, un peu comme les unions en tant de guerre, où chaque mouvement (et non parti car parti=idéologie) peut dire ce qu'il pense être le mieux pour le bien commun, avec à la tête un chef, en l'occurence un roi, qui est chargé, après consultations des différents mouvements, de choisir la meilleure solution.
Le plus gros problème, c'est qu'on a fait croire aux français qu'ils peuvent décider alors qu'ils sont manipulés. Les spécialistes disent que lorsqu'une campagne est lancée, quelle qu'elle soit, 7% des français ne sont pas touchés. Il suffit de voir les média qui un jour disent blanc, un autre noir, et la plupart des gens ne réagissent même pas.
Pour revenir au vote, je ne voterai certainement jamais aux européennes ou à des élections nationales sauf si un parti se présentait avec comme idée directrice :roll: "sortir de l'Europe".
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Scrutin majoritaire ou proportionnel ?

Message non lu par Christophe » sam. 05 févr. 2005, 1:22

[align=justify]Bonsoir Charles,

Une assemblée issue d'un scrutin majoritaire pur souffre d'un manque de représentativité, comme il a été remarqué. Par contre une assemblée issue d'un scrutin proportionnel pur est le plus souvent ingouvernable parce que ne disposant pas d'une majorité stable.

Mais il faut remarquer que l'argument de l'instabilité n'est souvent qu'un prétexte utilisé par les partis gouvernementaux pour s'assurer un quasi-monopole sur la vie politique en éliminant toute représentation et donc toute action des courants minoritaires. ( Quand j'écris "courants minoritaires", je veux dire "courants encore plus minoritaires que les courants minoritaires qui nous gouvernent"... )

Pour résoudre le problème réel de l'instabilité, il est nécessaire que le parti vainqueur d'une élection dispose d'une majorité nette et cela peut effectivement se faire par le biais d'une "prime au vainqueur". Rien n'oblige par contre à éliminer toute forme de proportionnalité.
Charles a écrit :C'est comme si les régions vivaient sous des régimes parlementaires. Il y a là comme une impasse. Et sans doute qui est de taille, parce que la solution pour obtenir un efficacité de l'exécutif régional sans violer la démocratie locale ce serait peut-être d'élire le président de région sur le mode de la présidentielle nationale... ce qui est d'ailleurs peut-être déjà dans les cartons d'un ministère et noté dans l'agenda des réformes des vingt années à venir... Mais alors, c'est la véritable dissolution de la France dans une Europe des landers qui aurait (aura) lieu...
Effectivement, le système actuel est quelque peu analogue à un régime parlementaire. Se rallier à un schéma de type "présidentiel" est évidemment une solution - avec le risque que tu évoques. Mais je ne crois pas que cela soit la seul solution et il me semble qu'il est tout-à-fait possible de concillier collègialité, stabilité et représentativité de l'exécutif régional.

Par exemple, et ce n'est qu'un exemple, imaginons le système électoral suivant pour l'élection de l'assemblée régionale (conseil régional): scrutin par liste majoritaire à deux tours ; ne passent au second tour que les deux listes ayant recueillies le maximum de voix ; la liste qui remporte ce second tour se voit attribuer systèmatiquement 55% des sièges ; les 45% de sièges restant sont répartis entre les autres listes qui auront obtenues plus de 5% au premier tour et à proportion de leurs résultats lors de ce premier tour...
Cependant, plutôt que de trafiquer ce scrutin de liste avec un ticket au second tour à 10% et un bonus de sièges, pourquoi ne pas encadrer le jeu des groupes politiques dans les assemblées régionales de telle façon que l'executif puisse malgré la diversité, faire son travail. Par exemple en répartissant les responsabilités exécutives selon les résultat du vote. Et en déterminant des prévalences hiérarchiques coupant court aux contestations. J'avoue que je n'y connais pas grand'chose et peut-être cela est-il un tissu d'inepties.
Cette solution ne me paraît pas réaliste, et ceci pour deux raisons :
D'abord je ne crois pas à la faisabilité d'une "cohabitation" dans un exécutif local. Ce sera la guerre et le budget sera un jeu de massacre.
Ensuite, la détermination des "prévalences hierarchiques" sera constamment sujette à contestations. Quel parti accepterait de partager le pouvoir, et donc de renoncer à appliquer des pans entiers de sa politique, pour le confier un opposant désavoué par l'élection ?
Mais si jamais une mécanique parlementaire était possible et réaliste et qu'elle n'était pas mise en oeuvre, serait-ce parce qu'elle serait un modèle génant qu'on ne devrait surtout pas penser qu'il soit applicable au niveau national ou bien encore parce que l'exercice de responsabilités politiques locales forme à exercer des responsabilités plus grandes, nationales par exemple... et qu'il n'est pas si mauvais que toute la concurrence des partis de gouvernement végète avec des personnels inexpérimentés et ad vitam eternam dans l'opposition ?...
Les bonnes questions contiennent elles-mêmes les bonnes réponses... ;-)
Autre question : s'il faut de tels procédés pour dégager des majorités suffisantes aux régionales, pourquoi n'est-ce pas le cas lors des législatives ?
Parceque le scrutin régional est un scrutin par liste qui combine les règles du scrutin majoritaire et de la représentation proportionnelle tandis que lors du scrutin législatif, chaque député est élu lors d'un scrutin uninominal, donc profondément "majoritaire". C'est pourquoi certains partis représentant des franges importantes de la population n'ont aucun député... Pour avoir un député, il faut être majoritaire dans une circonscription.

Amicalement,
Christophe[/align]
Dernière modification par Christophe le mar. 20 sept. 2005, 19:47, modifié 1 fois.
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Message non lu par MB » mer. 09 févr. 2005, 11:41

Bonjour

La question n'est pas : "comment assurer la représentativité de l'assemblée élue" (car c'est impossible). L'enjeu, c'est qu'un parti, c'est qu'un courant, qui dispose ne serait-ce que d'une place à cette assemblée, peut exercer un contrôle sur la vie politique, peut trouver une caisse de résonance pour faire passer son message.

Peut-être faudrait-il appliquer un mode de scrutin à l'allemande, avec double vote : le premier vote consiste à choisir un candidat personnellement choisi ; le deuxième vote va vers une liste, qui peut être issue d'un parti différent de celui du candidat. Et on fait ensuite une peréquation entre les deux résultats. Comme ça, on pourrait imaginer (je dis n'importe quoi, mais c'est pour l'exemple) : je vote, mettons, pour un candidat indépendant qui me plaît bien ; et je vote aussi , mettons, pour la liste UDF (on peut bien sûr changer les étiquettes). Ce qui permet de mettre ensemble "vote utile" et choix personnel.

Amicalement

Au fait, Charles : vous dites : "dissolution de la France dans l'Europe des Länder". Où est le problème ?

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Sur le propos de MB

Message non lu par BGdC » mer. 09 févr. 2005, 14:07

MB reconnait par là que le vote "utile" diffère du choix personnel. C'est pour cela que je ne concoit pas des élections à un niveau national mais seulement très local: on choisit une personne pour ses compétences et sa connaissance du milieu, et non pour son appartenance à un parti ou un autre.
Emile Faguet, dans son livre le culte de l'incompétence, prouve que la république est amibienne: l'amibe est une cellule qui peut tout faire, et ainsi, tout les dirigeants du parti peuvent être ministres de tout et n'importe quoi. C'est un système basé sur le bien particulier et non le bien commun, et pour moi, seul un roi peut diriger un pays en vue du bien commun.
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Précisions ?

Message non lu par Christophe » lun. 14 févr. 2005, 22:22

MB a écrit :Peut-être faudrait-il appliquer un mode de scrutin à l'allemande, avec double vote : le premier vote consiste à choisir un candidat personnellement choisi ; le deuxième vote va vers une liste, qui peut être issue d'un parti différent de celui du candidat. Et on fait ensuite une peréquation entre les deux résultats. Comme ça, on pourrait imaginer (je dis n'importe quoi, mais c'est pour l'exemple) : je vote, mettons, pour un candidat indépendant qui me plaît bien ; et je vote aussi , mettons, pour la liste UDF (on peut bien sûr changer les étiquettes). Ce qui permet de mettre ensemble "vote utile" et choix personnel.
Bonsoir MB,

Pourriez-vous nous expliquer un peu plus en détail ce mode de scrutin ? Comment s'accompli la péréquation ?

Merci d'avance.
Christophe
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MB
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Re: Précisions ?

Message non lu par MB » sam. 19 févr. 2005, 13:06

Bonjour Christophe ! :)

Christophe a écrit :
MB a écrit :Peut-être faudrait-il appliquer un mode de scrutin à l'allemande, avec double vote : le premier vote consiste à choisir un candidat personnellement choisi ; le deuxième vote va vers une liste, qui peut être issue d'un parti différent de celui du candidat. Et on fait ensuite une peréquation entre les deux résultats. Comme ça, on pourrait imaginer (je dis n'importe quoi, mais c'est pour l'exemple) : je vote, mettons, pour un candidat indépendant qui me plaît bien ; et je vote aussi , mettons, pour la liste UDF (on peut bien sûr changer les étiquettes). Ce qui permet de mettre ensemble "vote utile" et choix personnel.
Bonsoir MB,

Pourriez-vous nous expliquer un peu plus en détail ce mode de scrutin ? Comment s'accompli la péréquation ?

Merci d'avance.
Christophe
Je vais essayer de décrire ce mécanisme clairement, ce qui n'est pas toujours facile...
D'abord, une précision, que toute le monde sait, mais "ça va mieux en le disant" : les choses se font dans un cadre fédéral, dans les limites des Länder.
Deux techniques de scrutin sont utilisées conjointement. L'une utilise les règles de la représentation proportionnelle ; l'autre personnalise l'élection avec utilisation de scrutin uninominal à un tour (c'est donc encore plus direct que chez nous).

Concrètement, l'électeur dispose de deux voix. La première voix correspond au choix d'un candidat (il y a alors 248 circonscriptions, et autant de sièges de députés). La deuxième correspond à une liste.

1° L'électeur coche le cercle correspondant à cette liste (c'est la "deuxième voix"). En fonction des résultats obtenus, en suivant un mode de calcul un peu compliqué, on calcule l'équivalent du nombre de sièges attribués à chaque parti, à chaque liste, dans un Land. Précision : pour qu'une liste ait des sièges, elle doit avoir passé la barre des 5 %. C'est donc une proportionnelle avec filtre à l'entrée. Donc après ce vote, chaque parti a l'équivalent d'un certain nombre de sièges à la proportionnelle.

2° Dans le même temps, l'électeur coche le nom du candidat de son choix. Chaque parti obtient donc un certain nombre de sièges suivant les résultats de ce scrutin uninominal. (= 1re voix) Ici, classique.

3° Pour les résultats : le nombre de sièges directs (1re voix) est déduit dans chaque Land du nombre de sièges obtenus à la proportionnelle (2me voix).
Exemple : le FDP, en 1980, n'obtient aucun siège direct (1re voix) en Basse-Saxe. Il en a 7 à la proportionnelle. Donc, en tout, cela lui fait 7-0 = 7 sièges provenant de Basse-Saxe.
Aux mêmes élections, au même endroit, la SPD obtient l'équivalent de 30 sièges à la proportionnelle ; et 23 au scrutin majoritaire ; cela lui fait donc 23 sièges, plus (30 - 23) = 7 sièges. Donc en tout, 30 sièges.

Comme vous le voyez, lorsqu'un parti obtient plusieurs sièges de 1re voix, et d'autres en 2ème voix, l'addition des deux s'équilibre (cas du SPD cité ci-dessus). Il arrive, dans certains cas, qu'il en obtienne un peu plus, on parle alors de surreprésentation, mais ça ne porte pas sur beaucoup de sièges (13 sièges en trop en 1998). Donc là, le mode de scrutin ne change pas grand-chose. Disons qu'il permet de "personnaliser" le vote.
En revanche, lorsqu'un parti n'a pas d'assise locale, mais qu'il obtient un certain nombre de voix à la proportionnelle, il peut être représenté. C'est le cas typique du FDP et aussi, je crois, des Verts. Toute la question, alors, est bien sûr de savoir à quel niveau on situe la barre d'entrée, 5%, plus, moins, c'est à voir.

J'espère que j'ai été clair !

A bientôt

PS : bien évidemment, un critère important d'efficacité, dans ce système, est la capacité des partis à nouer des alliances, capacité bien plus élevée que chez nous. Il y a déjà eu un gouvernement de "grande coalition" gauche-droite (Kiesinger, 1966-1969), actuellement SPD (socio-démocrates)-Verts ; il y a eu CDU-CSU (droite) -FDP (libéraux) ; il y a eu SPD-FDP (Schmidt, 1974-1982). Théoriquement, il pourrait même y avoir alliance CDU-CSU avec les Verts (la sensibilité écologiste en Allemagne est plus diffuse que chez nous, et on trouve beaucoup d'écolos de droite). Cela suppose que les programmes et les attitudes politiques soient moins polarisées, moins idéologisées que chez nous (verrait-on une union nationale Verts - PS- UMP ?). Quoiqu'il en soit, l'assemblée élue est de toute façon plus représentative ; et les majorités, même lorsqu'on tient compte des nécessités d'alliances, ne sont pas difficiles à trouver (la situation actuelle est un peu particulière).
Autre précision : les informations que je donne sont tirées du Document d'Etude n° 1.11 de la Doc française, qui date de 1999 (titre : Les institutions de la RFA). Donc il faut réactualiser.

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Re: Précisions ?

Message non lu par Christophe » sam. 19 févr. 2005, 21:47

Merci MB d'avoir pris la peine de partager avec nous ces informations.

Le système n'est pas simple et toutes vos précisions ne sont pas de trop pour le comprendre.
Je pense avoir compris mais j'ai essayé de reformuler cela simplement... sans succès ! :unsure:

A bientôt
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Crise politique allemande

Message non lu par Christophe » mar. 20 sept. 2005, 19:43

[align=justify]Salut MB ! :)

Voilà ce que j'écrivais plus haut dans ce fil : Pour résoudre le problème réel de l'instabilité, il est nécessaire que le parti vainqueur d'une élection dispose d'une majorité nette et cela peut effectivement se faire par le biais d'une "prime au vainqueur". Rien n'oblige par contre à éliminer toute forme de proportionnalité.

L'actualité semble mettre en évidence les faiblesses du mode de scrutin de nos voisins d'outre-rhin et - même si une improbable coalition majoritaire au Reichstag arrivait à se former - je doute fort de la stabilité du gouvernement qui en sera issu...


Le Seigneur soit avec vous.
Christophe[/align]
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Re: Crise politique allemande

Message non lu par MB » dim. 02 oct. 2005, 0:52

Christophe a écrit :[align=justify]Salut MB ! :)

Voilà ce que j'écrivais plus haut dans ce fil : Pour résoudre le problème réel de l'instabilité, il est nécessaire que le parti vainqueur d'une élection dispose d'une majorité nette et cela peut effectivement se faire par le biais d'une "prime au vainqueur". Rien n'oblige par contre à éliminer toute forme de proportionnalité.

L'actualité semble mettre en évidence les faiblesses du mode de scrutin de nos voisins d'outre-rhin et - même si une improbable coalition majoritaire au Reichstag arrivait à se former - je doute fort de la stabilité du gouvernement qui en sera issu...


Le Seigneur soit avec vous.
Christophe[/align]
Coucou !

Vous avez raison, mais le contexte n'est pas tout à fait le même. Aucun parti, en ce moment, n'a la majorité absolue, mais toutes les combinaisons sont possibles (grande coalition, coalition "feu tricolore" avec Verts, SPD et FDP, coalition "Jamaïque" avec Verts-FDP et CDU). Ce qui montre :
1° que les partis politiques sont moins exclusifs qu'ici (imagine-t-on PS-UMP ?), les différences entre eux ne se faisant pas au même niveau que chez nous
2° que le parlement a un vrai rôle, et que c'est à son niveau que tout se décide. Nous devrions nous en inspirer !
3° que beaucoup des choix politiques qui se font en Allemagne sont le fait des Länder, dans lesquels les gouvernements peuvent être diffférents. Donc la situation actuelle ne les touche pas.
4° Il y a tout simplement plus de partis politiques capables de gouverner que chez nous. C'est une situation que je préfère.

Je tiens aussi à préciser que ce scrutin n'est pas proportionnel ; il comporte une dose de proportionnelle, mais qui se surajoute à un scrutin uninominal à un tour qui est plus brutal que chez nous, comme je vous l'ai dit. D'autant plus brutal que la carte politique de l'Allemagne est bien tranchée : pour simplifier, le Nord protestant vote SPD, le Sud et une partie de la Rhénanie, catholiques, votent CDU-CSU. Doit-on supprimer les petits partis au prétexte qu'ils empêchent de faire une majorité claire ? C'est la première "crise" politique que traversent les Allemands depuis plus longtemps que chez nous, avouez-le...

Par ailleurs, les hommes politiques allemands sont beaucoup moins favorables à l'affrontement à tout prix ; la culture de la négociation est plus répandue. Donc on peut tout à fait imaginer qu'il sorte qqch d'intéressant de cette conjoncture. Il y a déjà eu une grande coalition CDU-SPD entre 1966 et 1969 ; elle a duré trois ans, ce qui, il est vrai, est très court à l'échelle de l'histoire politique de la RFA. Pour nous, ça n'est pas si mal.
Enfin, le système à la française ne favorise pas forcément de majorité stable ; en 88, le PS a gouverné avec la majorité relative. Ce qui compte, c'est le rôle du président et du pouvoir exécutif.

Je me contenterai de terminer par une question en forme de polémique : en France, là, on a une claire majorité UMP-UDF au Parlement. Est-ce que cela suffit à dire que le gouvernement fait, je ne dis pas quelque chose de bien ou de mal, mais tout simplement quelque chose ? ;-)

A bientôt
MB

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Re: Crise politique allemande

Message non lu par Christophe » dim. 02 oct. 2005, 8:03

[align=justify]Bon dimanche, MB ! :cool:

L'objet de mon message n'était pas tant de critiquer le système politique allemand dans sa spécificité et dans sa globalité, mais de dénoncer cet aspect particulier du parlementarisme que l'on trouve certes en Allemagne, mais aussi en France et dans la plupart des pays européens - sans doute à l'exception notable du Royaume Uni qui profite de l'un des avantages induits par le bipartisme.
Cet aspect que j'ai déjà dénoncé plus haut dans ce fil - et dont les situations actuelles allemande et ukrainienne ne sont que de tristes illustrations - c'est celui d'un système électoral qui ne garantie pas de majorité claire au parti vainqueur de l'élection législative.

La situation politique allemande est certes différente de la nôtre et vous semblez la connaître mieux que moi. J'oserai néanmoins quelques commentaires.
En France, le clivage se fait sur la pseudo-ligne de fracture gauche/droite. Pour former une coalition, il faut réunir une majorité de gauche ou une majorité de droite, ce qui est toujours possible tant que les partenaires réputés infréquentables ( LCR-LO pour la gauche et FN pour la droite ) ne viennent pas troubler le jeu électoral - et le mode de scrutin s'assure d'abord qu'ils ne viendront pas le troubler...
En Allemagne, le clivage gauche/droite est moins net, mais la gauche est quand même majoritaire. Ce n'est que parceque les néo-communistes de la Nouvelle Gauche ne sont pas fréquentable qu'une coalition de gauche ne peut pas être formée, donc que l'Allemagne ne peut pas aujourd'hui être gouverné sans la CDU-CSU.

Concernant l'alternative parlementarisme/présidentialisme, la question mériterait d'être plus amplement débattue. Mais, étant royaliste, vous devinez où penche mon coeur...
MB a écrit :Doit-on supprimer les petits partis au prétexte qu'ils empêchent de faire une majorité claire ?
Il ne me semble pas que ce soient les "petits partis" qui empêchent de faire une majorité claire, mais le mode de scrutin. J'ai proposé ci-dessus un mode de scrutin pour les élections régionales qui me semble assurer la représentativité de l'assemblé et sa stabilité :
" Par exemple, et ce n'est qu'un exemple, imaginons le système électoral suivant pour l'élection de l'assemblée régionale (conseil régional): scrutin par liste majoritaire à deux tours ; ne passent au second tour que les deux listes ayant recueillies le maximum de voix ; la liste qui remporte ce second tour se voit attribuer systèmatiquement 55% des sièges ; les 45% de sièges restant sont répartis entre les autres listes qui auront obtenues plus de 5% au premier tour et à proportion de leurs résultats lors de ce premier tour... "
MB a écrit :Je me contenterai de terminer par une question en forme de polémique : en France, là, on a une claire majorité UMP-UDF au Parlement. Est-ce que cela suffit à dire que le gouvernement fait, je ne dis pas quelque chose de bien ou de mal, mais tout simplement quelque chose ? ;-)
Un parlement ayant une majorité claire ne suffit pas à assurer le volontarisme politique. Mais les majorités relatives suffisent quant à elles à nous garantir une politique de consensus mou... Enfin, en politique, tout ne se décide pas dans les alcôves parisiennes, comme vient de nous le rappeller le conflit de la SNCM.


A bientôt
Christophe[/align]

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