Crise financière internationale

Écoles et doctrines - Économie politique - Politique monétaire - Comptabilité nationale
Jean Jacques
Censor
Censor
Messages : 122
Inscription : jeu. 14 août 2008, 9:27
Contact :

Re: Système financier...

Message non lu par Jean Jacques » mer. 08 oct. 2008, 16:50

L'état depuis le début est pourri... regardez ou nous en sommes(et comparez avec l'empire romain...).

Avatar de l’utilisateur
Christophe
Consul
Consul
Messages : 7674
Inscription : mer. 28 avr. 2004, 0:04
Conviction : Catholique
Localisation : Frankistan

Re: Système financier...

Message non lu par Christophe » mer. 08 oct. 2008, 22:09

La question qui se pose aujourd'hui est : les institutions politiques (États) et de régulation économique (banques centrales, FMI, etc.) ont-elles réellement le pouvoir d'enrayer la crise ? Personnellement, j'en doute. Il me semble que toutes ces institutions subissent la crise et qu'elles tentent de sauver la face mais savent pertinemment que l'efficacité de leurs actions repose exclusivement sur l'effet placebo. L'économie a été pleinement dérégulée : elle ne repose que sur le marché. Et le marché subit une profonde crise de confiance, alimentée paradoxalement par l'activisme hystérique des pouvoirs publics... On nage dans l'irrationnel : vive l'économie libérale.
:roule:
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

Avatar de l’utilisateur
Wistiti
Quæstor
Quæstor
Messages : 235
Inscription : ven. 29 déc. 2006, 5:17

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Wistiti » jeu. 09 oct. 2008, 8:06

Laissez de l'argent dans les banques est idiot. Nous faire chanter que la production bloquera est absurde.

La rémunération des dépôts doit être légitime et payable pour le consommateur selon la formule.
L'occident montre une haine envers lui-même, qui paraît étrange et peut être considérée uniquement comme un phénomène pathologique. L'occident ne s'aime plus, dans son histoire il voit uniquement ce qui est blâmable et destructif, il n'est plus capable de reconnaître ce qui est grand et pur.
(Benoit XVI)

Christian
Senator
Senator
Messages : 928
Inscription : dim. 05 déc. 2004, 10:25
Localisation : Londres

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Christian » jeu. 09 oct. 2008, 11:30

Christophe :
les institutions politiques (États) et de régulation économique (banques centrales, FMI, etc.) ont-elles réellement le pouvoir d'enrayer la crise ? Personnellement, j'en doute.
Vous n’êtes pas le seul à en douter, cher Christophe. L’économie est déjà trop affranchie des Etats, le génie est hors de la bouteille et n’y retournera plus (à moins de mesures mondiales et sanglantes, qui nous ramèneraient à la pauvreté préindustrielle).

Par exemple, nombre de banques aujourd’hui ont un total d’actifs supérieur au PIB du pays dont elles sont issues Les actifs de BNP-Paribas représentent plus que le PIB de la France. S’il fallait renflouer seulement 3% de la banque, cela doublerait le déficit budgétaire du pays. Difficilement envisageable.

Il faudra donc penser à des solutions hors Etats, ou supra étatiques. C’est alors que les gens s’apercevront que l’Etat, dont ils attendent presque tout, ne peut presque rien. Le Roi ne guérit pas les écrouelles. C’est la prise de conscience qui précède les grands changements.

Cordialement
Christian



D'ailleurs ce roi est un grand magicien: il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets; il les fait penser comme il veut.
S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor et qu'il en ait besoin de deux,
il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient.
S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent,
il n'a qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont aussitôt convaincus.

Montesquieu, Lettres persanes

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » jeu. 09 oct. 2008, 12:27

Bonjour,

Il me semble que le problème fondamental réside dans le principe même du système monétaire.

En effet, l'argent est créé par les banques lorsqu'elles prêtent. Donc, la quasi-totalité de l'argent en circulation dans le système économique est composé en réalité de cet argent créé par les banques (il y a juste le résidu constitué par la monnaie, billets et pièces, qui représente dans les 5 % du total).

Or, les banques ne créent que l'argent qu'elles prêtent.

Donc, il y a d'un côté l'argent total en circulation, mettons 1000, qui est de l'argent-dette.

Et il y a d'un autre côté ce que les différents agents doivent rembourser, capital + intérêts. Donc 1000 + les intérêts.

Conclusion : il n'y a pas suffisamment d'argent en circulation pour honorer le remboursement de cet argent. C'est un peu le serpent qui se mord la queue. Et structurellement, il ne peut en être autrement.

Comment faire, dans un tel cas : créer l'argent nécessaire au paiement des intérêts. Donc créer de la dette. Et les intérêts qui vont avec. Et ainsi de suite...

Donc, pour fonctionner, le système doit en permanence créer de la dette, et ce de manière de plus en plus importante. Donc, parallèlement, il faut une production de biens et services suffisante pour justifier et absorber cette dette. D'où la croissance exponentielle derrière laquelle tout le monde semble courir (oui, parce que 3% de croissance pendant 10 ans, ce n'est pas une croissance stable, puisqu'à chaque fois le PIB augmente : donc c'est exponentiel).

Question : un tel système est-il viable à long terme ?

Réponse : NON. Et si ce n'est pas la crise présente qui le met par terre, ç'en sera une autre.

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » jeu. 09 oct. 2008, 13:50

Bonjour,

Il y a effectivement de cela. Mais si vous saviez les dessous du système monétaire et financier !! Notez qu'il ne s'agit aucunement d'une théorie du complot de plus. Mais simplement d'observer son fonctionnement.

75 % de la monnaie mondiale est constituée par du dollar.
La valeur de quasiment toutes les monnaies mondiales est assise sur les réserves de dollars constituées par les différentes banques centrales.
Et le dollar n'est plus convertible en or depuis 1971.

Or, si vous êtes certains que personne ne viendra vous demander d'échanger ses billets contre de l'or (ou toute autre unité de valeur réelle), comme c'est le cas lorsque c'est légalement interdit, rien ne vous empêche de créer des billets à tout va, sans limite.

Ce qui vous permet d'acheter (pas fou !) toutes les valeurs réelles qui vous tombent sous la main : immobilier, complexes industriels, gisements de minerais et autres. Vous croyez que c'est par hasard que les "investissements" ne sont pas inclus dans l'indice des prix qui sert à mesurer l'inflation ? Quand le prix de l'immobilier augmente, c'est de l'inflation. Quand le CAC 40 augmente, c'est de l'inflation. Et on sait bien que l'inflation est la conséquence d'un excès de monnaie... Et toutes ces valeurs réelles, vous les achetez avec un argent qui, virtuellement, ne vaut rien. Ou qui, plus exactement, ne vaut que pour autant que vous acceptez de croire qu'il vaut quelque chose.

Bref, vous échangez du vent contre du solide. Et ça marche <:

C'est ce que font les USA depuis une trentaine d'année. Ils achètent tout ce qui leur tombe sous la main : sociétés, immeubles, gisements de minerais, etc. Et ils paient avec des dollars qui ne valent rien.

Le jour où le système se casse la gueule, que se passe-t-il ? On découvre que le dollar ne vaut rien. Donc, par voie de conséquence, que toutes les monnaies ne valent rien, puisqu'elles reposent toutes sur les réserves en dollar des banques centrales (et oui, la FED est à elle seule propriétaire de plus d'or que toutes les autres banques réunies). Donc, il y en a qui ont des dollars (qui ne valent plus rien) et d'autres qui ont les biens réels.

Mais pas de panique ! Oncle Sam va sauver le monde... en rétablissant la convertibilité du dollar en or par exemple. Et en fixant à son gré le prix de l'or, puisque la FED possède la plus grande partie du stock d'or mondial. Ou encore en condescendant à créer l'euro-dollar (dont Greenspan parlait il y a quelques années), sous le contrôle de la Banque de Règlements internationaux (je vous laisse deviner qui en le contrôle... c'est une valeur réelle, la BRI...). De sorte qu'on assainit le système et qu'on repart pour trente ans.

Et voilà comment un endettement de plusieurs dizaine de milliers de milliards de dollars se retrouve tout d'un coup ramené à quelques dizaines de milliards (par exemple). Et comment la plupart des valeurs réelles se retrouve concentrée entre les mains d'un nombre réduit de personnes.

Enfin, bref... C'est très schématisé, ce que je vous raconte.

+
Dernière modification par Olivier JC le jeu. 09 oct. 2008, 13:54, modifié 1 fois.
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Christian
Senator
Senator
Messages : 928
Inscription : dim. 05 déc. 2004, 10:25
Localisation : Londres

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Christian » jeu. 09 oct. 2008, 13:51

Bonjour Olivier JC
Il me semble que le problème fondamental réside dans le principe même du système monétaire.
En effet, l'argent est créé par les banques lorsqu'elles prêtent.
Oui, effectivement, et je le répète à satiété depuis que j’interviens sur ce forum, ce système s’apparente à de la cavalerie. Tous les libertariens, avec l’école autrichienne, le dénoncent. Rothbard n’a pas de mots trop durs pour fustiger le système bancaire à réserves fractionnaires. Sur cet aspect, je me retrouve en plein accord avec Renaud et les créditistes. Mon désaccord personnel avec lui, exprimé maintes fois, porte sur deux aspects secondaires :

1) Si des banques sont assez folles pour prêter 40 à 50 fois leur capital et trouvent des imprudents pour leur confier de l’argent, grand bien leur fasse. Renaud veut interdire la pratique. Pourquoi ?

Il suffit que l’Etat ne garantisse plus implicitement les banques. Les épargnants se renseigneront avant d’y placer leurs économies. Les gens souscrivent à des magazines pour savoir quelle bagnole acheter ou à quel club passer leurs vacances, mais qui, dites-moi, lit un rapport quelconque sur une banque avant d’y ouvrir un compte. Je crois que la grande découverte de cette crise pour la plupart des gens est que contrairement à ce qu’ils croyaient, l’Etat ne garantissait pas formellement la solvabilité des banques.

Tant qu’il existait ce présupposé qu’aucune banque ne pouvait faire faillite, elles n’avaient aucun intérêt à communiquer sur la sécurité. Elles se faisaient concurrence sur le rendement offert, donc sur la prise de risque.

2) Je l’ai déjà mentionné dans un échange avec Christophe, les banquiers sont des êtres humains. Cela peut surprendre les créditistes, mais il faut se faire une raison, les banquiers mangent, se logent, achètent des vêtements, vont au cinéma et en vacances.

Donc, si l’on imagine au départ une quantité fixe de monnaie, les prêteurs ne la prêtent entièrement, ils doivent en utiliser une partie pour leurs besoins personnels, pour l’administration de leurs affaires, etc., et cette somme entre dans l’économie non pas à titre de prêts, mais de dépenses. Et les intérêts sont eux-mêmes renvoyés dans l’économie lorsque les prêteurs paient leurs fournisseurs. Il est donc faux d'affirmer qu'il n'existera pas de monnaie pour rembourser l’intérêt des prêts.

Cordialement
Christian



J'approuve de tout mon cœur le principe : "Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins"
et j'aimerais qu'il en aille ainsi plus rapidement et plus systématiquement.
Mis en pratique, ce principe aboutit à ce que je crois : "Le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout"
et quand les hommes seront prêts pour cela, ce sera le gouvernement qu'ils obtiendront
.

Henry David Thoreau, Du devoir de désobéissance civile

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » jeu. 09 oct. 2008, 14:01

Donc, si l’on imagine au départ une quantité fixe de monnaie, les prêteurs ne la prêtent entièrement, ils doivent en utiliser une partie pour leurs besoins personnels, pour l’administration de leurs affaires, etc., et cette somme entre dans l’économie non pas à titre de prêts, mais de dépenses. Et les intérêts sont eux-mêmes renvoyés dans l’économie lorsque les prêteurs paient leurs fournisseurs. Il est donc faux d'affirmer qu'il n'existera pas de monnaie pour rembourser l’intérêt des prêts.
Votre raisonnement ne tient pas la route, puisqu'il postule que l'argent prêté est un argent préexistant. Or, c'est en étant prêté que l'argent est créé. C'est l'acte de prêter qui est, en même temps, un acte créateur de monnaie.

Donc, à un instant t, si vous prenez comme un instantané, il y aura toujours plus d'argent à rembourser que d'argent en circulation.

Même si, en pratique, la plupart des prêts sont remboursés, puisque précisément la masse monétaire augmente sans cesse.

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Charles
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1642
Inscription : mer. 14 juil. 2004, 16:44

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Charles » jeu. 09 oct. 2008, 14:12

Merci Olivier pour vos explications.

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » jeu. 09 oct. 2008, 15:06

Et le plus amusant...

Devinez d'où viennent les centaines de milliards que tous les gouvernements et autres banques centrales sont en train d'injecter dans le système financier ? Gagné ! Le plan Paulson, c'est une dette pour racheter des dettes...

Devinez à quoi cela est censé servir, pour une banque centrale, la baisse de ses taux d'intérêts : cela veut dire qu'on pourra venir lui emprunter de l'argent pour moins cher... Donc, pour parler concrètement (quoique archaïquement), que la planche à billet va tourner plus vite !

Devinez pourquoi François Fillon répète à qui mieux mieux que les dépôts bancaires seront garantis intégralement, pour éviter que tout le monde ne se précipite pour récupérer ses sous... Parce que c'est une demande à laquelle il est strictement et matériellement impossible de faire face.


Saviez-vous que nous sommes passés il y a peu à deux doigts du gouffre ? La fameuse crise des liquidités... Parce que figurez-vous que les entreprises américaines ont pour habitude de placer leur trésorerie et de fonctionner à crédit... Or, avec la crise, premièrement leur trésorerie a fondu comme neige au soleil, et deuxièmement, le tarissement du crédit interbancaire (puisque ces génies d'américains n'ont rien trouvé de mieux que de laisser Lehman & Brothers faire faillite, ce qui veut dire qu'en cas de défaillance d'une autre banque, rien ne garantit qu'elle ne mettra pas la clef sous la porte non plus) ce tarissement, donc, fait que les banques ne peuvent plus faire crédit (sauf les plus malignes, comme BNP Paribas qui vient de mettre la main sur un gros paquet de liquidités) aux entreprises.

Et à 24 ou 48h près, les 3/4 des entreprises américaines se seraient trouvées en cessation des paiements... Donc chute de la production, impossibilité de payer les salaires, chômage, etc, etc... C'est le ressort de la crise de 29, sauf qu'en 29, la crise des liquidités fut la conséquence de la faillite des banques, et non d'un refus du crédit interbancaire.

Voilà pourquoi les banques centrales ont injecté massivement de l'argent (traduisez : ont fait tourner la planche à billets). Voilà pourquoi le gouvernement français a débloqué (traduisez : emprunté) plusieurs milliards pour irriguer les entreprises...

Et vu l'impact magnifique du plan Paulson (puisque ces génies d'américains ont cru intelligent de le rejeter en premier lieu, contribuant à aggraver considérablement la crise de confiance et la perception de la gravité de la crise parmi les agents économiques) ainsi que de la baisse des taux... Voilà que le temple du libéralisme annonce l'inannonçable : la nationalisation partielle de son système bancaire... C'est Mitterand qui doit se poiler !

L'objectif à court terme, actuellement, c'est la relance du crédit interbancaire. C'est tout simplement de relancer la machinerie... Et pour le moment, cela ne fonctionne manifestement pas...

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » jeu. 09 oct. 2008, 17:32

Bonjour,

Vu la multiplicité des analyses de tous bords, cela reste encore imprévisible. La seule chose certaine, c'est que ça va sérieusement tanguer.

Egalement, comme toute crise d'une certaine ampleur, elle peut être l'occasion de remettre les choses à plat, tout en gardant bien à l'esprit que le modèle de développement que nous connaissons est étroitement lié au système monétaire existant. Changer de système monétaire, c'est par le fait même changer de paradigme.

C'est certainement une occasion des plus favorable pour passer à un modèle autre, tel que celui du développement durable. Les esprits sont-ils suffisamment mûrs ? J'en doute... Il est facile de se dire écolo et en faveur du développement durable. Mais quand on est devant, et que l'on mesure ce que cela implique comme changement au niveau du mode de vie, les réticences risquent de surgir comme des champignons.

Encore qu'il en faut sans doute peu pour enclencher une mécanique vertueuse, le désir mimétique étant ce qu'il est.

En résumé, soit l'humanité s'engage résolument dans un autre modèle de développement (et quand je dis l'humanité, au fond, il suffit que les USA et l'Europe le fasse, puisque ce sont les consommateurs qui mènent le système, pas les producteurs : ce qui met la Chine plus ou moins hors course sur ce plan là). Soit on rafistole et on repart pour un tour (et là, pour le coup, la Chine va rafler la mise, elle qui est le plus gros créancier privé et public des USA).

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » ven. 10 oct. 2008, 13:42

Bonjour,

D'aucuns reprochent aux banques centrales leur attitude passée, qui aurait favorisé cette crise, sans avoir peur de tomber dans la contradiction.

Ainsi, par exemple, reproche-t-on à la Réserve fédérale la faiblesse de ses taux d'intérêts. Parallèlement, on reproche à la BCE de se concentrer sur la lutte contre l'inflation, alors même que ses taux sont au plus bas depuis des années.

Et ils veulent qu'au lieu de se concentrer sur la stabilité des prix, les banques centrales oeuvrent pour la croissance...

Or, c'est précisément ce que fait la Réserve fédérale depuis des années... La croissance, cela veut dire l'augmentation du PIB. En d'autres termes, que la production de biens et services augmente.

Or, les biens et services, c'est bien de les produire, mais encore faut-il les vendre. Donc, l'accroissement de la production doit aller de pair avec l'augmentation de la masse monétaire.

Or, pour augmenter la masse monétaire, il suffit de prêter plus d'argent (puisque c'est comme cela que le système monétaire fonctionne). Et l'outil dont les banques centrales disposent pour atteindre cet objectif, c'est de baisser leurs taux directeurs...

En d'autres termes, cela fait des années que la Réserve fédérale encourage, par la faiblesse de ses taux, le crédit. Avec succès, vu la croissance proprement hallucinante de l'endettement américain (tant public que privé) !

Et en maintenant au plus bas ses taux directeurs, la BCE avait exactement la même politique !

Augmenter les taux directeurs, c'est entraîner une baisse du crédit (puisque cela coûte plus cher aux banques de prêter, et aux emprunteurs d'emprunter). Or, une baisse du crédit, qu'est-ce que cela donne ? On le voit aujourd'hui :
> Les entreprises ont des problèmes de trésorerie et sont contraintes de réduire leur production, voire de se déclarer en cessation des paiements ;
> Les ménages ne peuvent emprunter pour soutenir la consommation, et donc la production ;

Donc, pas de crédit bancaire, pas de croissance ! CQFD.

C'est à se demander si nos politiques comprennent quelque chose au fonctionnement du système monétaire, pour oser proférer de telles accusations complètement absurdes ! Ils ne comprennent pas qu'en recherchant à tout crin la croissance économique, en en faisant une priorité absolue, ils ont été les premiers contributeurs de cette crise !

Comme ceux qui s'inquiètent de l'endettement croissant des ménages français, ou qui pleurnichent sur la dette publique : ils ne comprennent pas que cet endettement est la condition nécessaire sans laquelle la croissance après laquelle ils courent ne peut exister ! Les mêmes qui veulent absolument respecter les critères de Maastricht (pas plus de 3% de déficit budgétaire, et pas plus de 60 % de dette publique) sont ceux qui souhaitent une croissance maximale... Or, si ce n'est pas l'Etat qui s'endette, c'est forcément quelqu'un d'autre : les entreprises et les ménages.

Il faut se souvenir de cette équation : dans le système monétaire actuel,

CROISSANCE = HAUSSE DE LA PRODUCTION = AUGMENTATION DE LA MASSE MONETAIRE = ENDETTEMENT

Et, inversement, si les possibilités d'endettement diminuent, la masse monétaire cesse d'augmenter et commence même à diminuer, donc il y a moins d'argent pour consommer une production qui diminue elle aussi puisqu'il n'y a pas d'argent pour produire, et donc, plus de croissance, mais une récession.

Conclusion : pour relancer la machine, il n'y a que deux solutions.

1) Remettre le système monétaire à plat et abandonner le système des réserves fractionnelles (ou alors, en revenir à une autorisation de création de monnaie à partir de cette réserve plus raisonnable, en acceptant du même coup de renoncer à l'idéal d'une croissance exponentielle) ;

2) Créer massivement de la monnaie pour relancer la machine, ce qui requiert un endettement massif du seul agent économique qui, par principe, ne peut se déclarer en cessation des paiements. En d'autres termes, laisser filer les déficits budgétaires. Jusqu'au prochain krash...

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

Avatar de l’utilisateur
Olivier JC
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1106
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 23:57
Localisation : Bordeaux

Re: Crise financière internationale

Message non lu par Olivier JC » ven. 10 oct. 2008, 14:59

Re,

D'ailleurs, cela commence un peu à sortir... enfin !

Car pourquoi les banques se sont-elles lancées dans le subprimes ? QUI les a encouragé fortement et même très fortement à s'y engager ?

Réponse : l'administration Clinton, qui voulait favoriser l'accession à la propriété...

Cela ne vous rappelle rien ? Que disait M. Sarkozy il y a quelques temps déjà ? Ne disait-il pas trouver les français trop peu endettés, ce en quoi il voyait un manque de confiance en l'avenir ? Ne voulait-il pas favoriser les crédits hypothécaires pour favoriser la mise en place d'une France de propriétaires ?

Et les subprimes, c'est quoi, siouplé ? Bingo : des prêts hypothécaires !

Et voilà ! Messieurs les Politiques veulent de la croissance. Ils ont eu une crise. Et maintenant, ils se demandent pourquoi...

:zut:

+
MOTUS IN FINE VELOCITOR

MB
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 960
Inscription : lun. 26 juil. 2004, 0:03

Re: Crise financière internationale

Message non lu par MB » ven. 10 oct. 2008, 16:28

Avé !
Charles a écrit :
Olivier JC a écrit :Donc, pour fonctionner, le système doit en permanence créer de la dette, et ce de manière de plus en plus importante.
Est-ce que les subprimes n'ont pas été précisément une solution à ce besoin que vous dites ? Je me demande si dès le début, les banques n'ont pas parfaitement su que les emprunteurs seraient incapables de rembourser, et qu'elles ont passé outre. J'ai le doute que tout ce système des subprimes a été bâti en parfaite connaissance de cause, en conscience que jamais les dettes ne seraient honorées. Que les banques ont seulement cherché des pigeons, n'importe qui, qui puisse contracter une dette afin de la transformer en produit financier. Elles se sont tournées vers les pauvres qui n'avaient que peu à perdre et n'attendaient que cette manne miraculeuse leur permettant de consommer. En tout cas, ces pauvres ont maintenant perdu le peu qu'ils avaient. Le solde humain de cette crise des subprimes.

Faux.

Quand on fait beaucoup de prêts, on sait qu'une partie n'en sera pas remboursée ; la plupart des emprunteurs seront solvables et honoreront leurs traites comme prévu ; quelques-uns, pour des raisons imprévisibles, ne le pourront pas. C'est un risque pour la banque, il faut donc qu'elle le réduise.
Or les subprimes ont été une manière de fractionner les risques. C'est, par la suite, leur titrisation abusive, et le mélange du contenu de tous ces titres, qui les a rendus illisibles.

Il n'y a pas de complot des banques contre les pauvres ; tout le monde, aux Etats-Unis, partant du principe que demain sera mieux qu'aujourd'hui - pauvres comme riches -, tout le monde se sent prêt à emprunter. Il n'y a pas de mal à prêter de l'argent à des gens un peu "limite", puisqu'il y a toujours - pense-t-on - des chances solides qu'ils aillent mieux dans l'avenir.
On peut contester le bien-fondé intrinsèque de cette croyance ; on ne peut pas considérer qu'elle soit moralement mauvaise.

Ajoutons un point supplémentaire. Il y a, parmi les gens qui ont fait des achats immobiliers de ce type aux Etats-Unis, plusieurs catégories de personnes.
Il y a des pauvres qui ont perdu leur maison ; dans ce cas, leur situation revient à celle de locataires qui ne peuvent pas payer et qui sont expulsés (les traites payées jusqu'à leur faillite récente équivalant à un loyer). Ca arrive aussi chez nous, subprimes ou pas.
Il y a aussi des pauvres qui ont gardé leur maison, parce que leur situation personnelle s'est améliorée par ailleurs : autrement dit, sans ce type de financement immobilier, ils n'auraient pas pu avoir leur maison, et c'est ce système qui a répondu à leurs aspirations. Il y a ce que les reportages TV veulent bien montrer (les groupes de baraques scellées), et il y a ce qu'ils ne montrent pas. Mais c'est bien le problème...

Amicalement
MB

Avatar de l’utilisateur
Christophe
Consul
Consul
Messages : 7674
Inscription : mer. 28 avr. 2004, 0:04
Conviction : Catholique
Localisation : Frankistan

La face multiple des crises financières

Message non lu par Christophe » mer. 15 oct. 2008, 13:05

"La face multiple des crises financières "... tel est le titre de la fiche publiée en mai 2008 par le service national pour les questions familiales et sociales. "Les crises financières qui se succèdent ont un effet de cascade et affectent profondément l'économie mondiale et les populations les plus fragiles. Elles montrent que la finance est un facteur clé de la mondialisation. L'absence de régulation des marchés financiers fait peser une grave menace sur la paix.", rappelle Mgr Jean-Charles Descubes, Archevêque de Rouen, Président du Conseil pour les questions familiales et sociales.
Cette réflexion propose trois séries de mesures à prendre en compte :

* Une meilleure réglementation des marchés financiers,
* Des acteurs financiers recentrés sur l'économie réelle,
* Des épargnants qui résistent aux sirènes du rendement maximum.

Les evêques du Conseil pour les questions familiales et sociales ont déjà attiré l'attention sur ce point dans le document « Repères dans une économie mondialisée » , publié en 2005 par la Commission sociale.


:arrow: Lire la suite...
Pièces jointes
ficheverte_ 128.pdf
La face multiple des crises financières (mai 2008)
(109.43 Kio) Téléchargé 38 fois
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 25 invités