Conservatisme, modernisme et libéralisme

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VexillumRegis
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Message non lu par VexillumRegis » mer. 11 mai 2005, 11:53

[align=justify]
guelfo a écrit :Oui, le capitalisme n'est jamais aussi haï que lorsqu'il est redistributeur. C'est tellement plus commode de faire de "l'aide au développement"...
Le problème est que cette redistribution (toute relative...) se fait de manière anarchique, et seulement au bénéfice des plus riches. On délocalise ainsi les usines polluantes dans des pays où la législation est moins contraignante, d'où d'inévitables accidents (pensons par exemple à Bhopal, en Inde, où une fuite de gaz toxique d'une usine d'Union Carbide a fait plus de 2.000 morts en 1984, sans compter les séquelles qui persistent encore de nos jours...). Cette recherche frénétique d'un profit toujours plus important entraîne des comportements qui portent gravement atteinte à la dignité des personnes exploitées.
guelfo a écrit :Le confort des actionnaires, c'est notamment les pensions que certains espèrent grâce à leurs épargnes ou la prime d'assurance qui permettra de payer une hospitalisation. Ce que tu appelles "la dignité de l'homme" j'appelle pour ma part un intérêt particulier tout aussi égoïste que les autres. Et auquel s'applique tout aussi facilement le descriptif "servir Mammon".
Je ne suis pas un expert de cette question, mais il me semble intolérable qu'une poignée d'actionnaires vivant à l'autre bout du monde puisse mettre sur le carreau d'honnêtes travailleurs français. Le diktat des actionnaires doit avoir des limites, c'est une évidence. Les travailleurs français ne doivent pas payer pour les déficiences des systèmes sociaux anglo-saxons.
guelfo a écrit :Va-t'en donc expliquer à un paysan du tiers monde que l'Europe refuse de lui permettre de nous vendre ses produits pour protéger les malheureux agriculteurs français.

Va-t'en donc expliquer à un ouvrier chinois qui ne touche aucune indemnité de chômage que l'ouvrier britannique vaut plus que lui et que par conséquent les usines Rover doivent rester où elles sont.
"Où la raison est égale, il faut que le sort décide. L'obligation de s'entr'aimer est égale dans tous les hommes et pour tous les hommes. Mais comme on ne peut également les servir tous, on doit s'attacher principalement à servir ceux que les lieux, les temps et les autres rencontres semblables nous unissent d'une façon particulière comme une espèce de sort" (S. Augustin, De Doct. Christ., I, 28).[/align]

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Message non lu par guelfo » mer. 11 mai 2005, 12:31

VexillumRegis a écrit :[align=justify]
guelfo a écrit :Oui, le capitalisme n'est jamais aussi haï que lorsqu'il est redistributeur. C'est tellement plus commode de faire de "l'aide au développement"...
Le problème est que cette redistribution (toute relative...) se fait de manière anarchique, et seulement au bénéfice des plus riches.
Euh, on parle du statut des fonctionnaires et autres politiciens, là ? :P
On délocalise ainsi les usines polluantes dans des pays où la législation est moins contraignante, d'où d'inévitables accidents (pensons par exemple à Bhopal, en Inde, où une fuite de gaz toxique d'une usine d'Union Carbide a fait plus de 2.000 morts en 1984, sans compter les séquelles qui persistent encore de nos jours...). Cette recherche frénétique d'un profit toujours plus important entraîne des comportements qui portent gravement atteinte à la dignité des personnes exploitées.
C'est marrant, mais j'ai rarement vu à la télé les masses populaires du tiers-monde se soulever contre l'installation d'usines chez elles. Peut-être Union Carbide n'est-il pas un exemple très représentatif ? :roll:
guelfo a écrit :Le confort des actionnaires, c'est notamment les pensions que certains espèrent grâce à leurs épargnes ou la prime d'assurance qui permettra de payer une hospitalisation. Ce que tu appelles "la dignité de l'homme" j'appelle pour ma part un intérêt particulier tout aussi égoïste que les autres. Et auquel s'applique tout aussi facilement le descriptif "servir Mammon".
Je ne suis pas un expert de cette question, mais il me semble intolérable qu'une poignée d'actionnaires vivant à l'autre bout du monde puisse mettre sur le carreau d'honnêtes travailleurs français. Le diktat des actionnaires doit avoir des limites, c'est une évidence. Les travailleurs français ne doivent pas payer pour les déficiences des systèmes sociaux anglo-saxons.
Tu veux limiter la propriété privée aux seuls Français ?
guelfo a écrit :Va-t'en donc expliquer à un paysan du tiers monde que l'Europe refuse de lui permettre de nous vendre ses produits pour protéger les malheureux agriculteurs français.

Va-t'en donc expliquer à un ouvrier chinois qui ne touche aucune indemnité de chômage que l'ouvrier britannique vaut plus que lui et que par conséquent les usines Rover doivent rester où elles sont.
"Où la raison est égale, il faut que le sort décide. L'obligation de s'entr'aimer est égale dans tous les hommes et pour tous les hommes. Mais comme on ne peut également les servir tous, on doit s'attacher principalement à servir ceux que les lieux, les temps et les autres rencontres semblables nous unissent d'une façon particulière comme une espèce de sort" (S. Augustin, De Doct. Christ., I, 28).[/align]

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A l'époque de Saint-Augustin, en huit heures, on faisait vingt kilomètres. Aujourd'hui, en huit heures, on est en Inde.
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Message non lu par aramis » mer. 11 mai 2005, 17:05

guelfo a écrit : A l'époque de Saint-Augustin, en huit heures, on faisait vingt kilomètres. Aujourd'hui, en huit heures, on est en Inde.
Celui qui peut se payer son billet d'avion surement, pas la caissière de chez Carrefour... :-x

Quant aux populations chinoises, je te signale qu'on ne leur a jamais demandé leur avis. Les conditions de travail là-bas sont inhumaines, et ce n'est pas par manque de richesse.
Il est bien évident que pour ne pas mourrir de faim tout le monde est prêt à accepter n'importe quel travail, quels qu'en soit les risques.
Mais la redistribution dont tu parles n'est pas une oeuvre de partage de la part des industriels. Simplement la recherche d'une main d'oeuvre moins cher et plus docile.

Pour terminer, j'avoue ne pas comprendre ton raisonnement.
Tu trouve normal qu'un chinois bénéficie des délocalisations parce qu'il a le droit de travailler, mais tu ne comprends pas la révolte légitime du travailleur français qui se voit privé d'emplois à cause des exigences des fonds de pensions américains.
Si je résume la situation, il semble que pour toi, seuls ceux qui ne réclament pas un salaire décent et le droit à la dignité ont le droit de travailler ? Je sais bien que le travail est une malédiction, mais quand même...
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Message non lu par guelfo » mer. 11 mai 2005, 17:44

aramis a écrit :
guelfo a écrit : A l'époque de Saint-Augustin, en huit heures, on faisait vingt kilomètres. Aujourd'hui, en huit heures, on est en Inde.
Celui qui peut se payer son billet d'avion surement, pas la caissière de chez Carrefour... :-x
:roll:

On voit bien que tu n'as jamais pris un vol charter. Et de toute façon, quel rapport avec la citation de St-Augustin dont je me suis efforcé d'illustrer la portée de nos jours ?
Quant aux populations chinoises, je te signale qu'on ne leur a jamais demandé leur avis. Les conditions de travail là-bas sont inhumaines, et ce n'est pas par manque de richesse.
Dans tous les pays du tiers-monde, les gens SE BATTENT pour être engagés par des boîtes étrangères, qui offrent des conditions nettement plus avantageuses que celles des entreprises locales.

Un jour sur Arte j'ai vu un documentaire classiquement misérabiliste sur la délocalisation d'une boîte au Maroc. On y épiloguait gravement sur les mauvaises conditions dans lesquelles travaillait la main d'oeuvre marocaine dans leur nouvelle usine. Il se fait que j'étais en compagnie d'une copine marocaine dont la cousine travaille dans cette usine. C'est très simple, non seulement ladite cousine est devenue la bourge de la famille dont tout le monde est jaloux (travail raisonnablement agréable, sécurité convenable sur le lieu de travail, salaire plus élévé d'environ 20% que celui qu'offrent les boîtes indigènes, assurances diverses...), mais en plus son boulot l'a rendue indépendante de son mari et lui permet d'avoir son petit mot à dire au sein du ménage. Dans le genre Oliver Twist, on a vu mieux.
Il est bien évident que pour ne pas mourrir de faim tout le monde est prêt à accepter n'importe quel travail, quels qu'en soit les risques.
Donc, laissons-les crever de faim, et donnons leur quelques miettes de notre table histoire d'avoir bonne conscience, c'est ça ?

Désolé, mais à moins d'avoir une solution miracle à proposer pour que les pauvres soient riches tout de suite et sans travailler, je trouve ce genre d'argument totalement irrecevable.
Mais la redistribution dont tu parles n'est pas une oeuvre de partage de la part des industriels. Simplement la recherche d'une main d'oeuvre moins cher et plus docile.
Je n'ai jamais dit que c'était un partage; ce qui m'importe est que, de fait, cela permet à ces pays de se développer et à leurs habitants de s'enrichir. L'histoire récente le démontre : Taïwan, HK, la Corée du Sud, Singapour, etc. ont commencé de la même manière, aujourd'hui ce sont des pays à peu près aussi prospères que nous et qui plus est, qui se sont démocratisés. Vraiment, le capitalisme c'est affreux ! :cool:

Le même mouvement s'observe aujourd'hui dans certains pays d'Amérique Latine (je songe notamment au Chili), mais en plus lent, probablement parce le socialisme y a beaucoup plus pourri les esprits.

Quels sont les pays qui sont toujours pauvres ? Comme par hasard, ceux qui ont des gouvernements socialisants, qui refusent le libre-échange, etc. Il ne faut pas regarder bien loin, le pays qui appliquait à la lettre les recommandations des alter-mondialeux était l'Albanie de Enver Hoxha, je ne me rappelle pas qu'ils aient du faire face à une immigration économique massive...
Pour terminer, j'avoue ne pas comprendre ton raisonnement.
Tu trouve normal qu'un chinois bénéficie des délocalisations parce qu'il a le droit de travailler, mais tu ne comprends pas la révolte légitime du travailleur français qui se voit privé d'emplois à cause des exigences des fonds de pensions américains.
Si je résume la situation, il semble que pour toi, seuls ceux qui ne réclament pas un salaire décent et le droit à la dignité ont le droit de travailler ? Je sais bien que le travail est une malédiction, mais quand même...
Mon raisonnement est très simple: si je paie quelqu'un pour faire un travail, par exemple faire le ménage chez moi, et que ce travail n'est pas bien fait ou facturé trop cher, je cherche ailleurs. Je ne trouve pas que la femme de ménage ait le "droit" d'exiger de faire le ménage chez moi jusqu'à la fin de ses jours et avec une petite augmentation tous les ans, et qui plus est d'une manière qui ne me convient pas et à un prix quinze fois supérieur à celui que me demanderait une autre personne.

D'autre part, à mes yeux un être humain est un être humain, et je ne vois pas pourquoi je privilégierais les intérêts du travailleur français aux dépens des intérêts du travailleur américain (qui est PROPRIETAIRE de son épargne et que tes raisonnements visent à déposséder) et du travailleur chinois, qui cherche légitimement à améliorer ses conditions de vie par le travail, plutôt que par le coup de force et le chantage permanent.
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Message non lu par guelfo » mer. 11 mai 2005, 18:19

Charles a écrit :
guelfo a écrit :Quant au libéralisme qui domine le monde, Charles, par défaut peut-être, en ce sens que ni les bolchéviques ni les ayatollahs (de quelque confession que ce soit d'ailleurs) n'y sont parvenus, mais il reste encore beaucoup à faire.
Pour ma part, jamais je n'ai cru que le combat du nazisme contre le communisme ait pu justifier le premier, ni inversement que combat du communisme l'ait justifié. Les crocodiles sont rivaux dans leur faim de dévorer les peuples et je n'aime aucun crocodile.
Quel rapport avec ce que j'ai écrit ? Tu penses sincèrement que le libéralisme est comparable au nazisme et au communisme ? :blink: Si c'est le cas, ça ne vaut plus la peine de discuter.
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Message non lu par VexillumRegis » mer. 11 mai 2005, 18:59

guelfo a écrit :D'autre part, à mes yeux un être humain est un être humain, et je ne vois pas pourquoi je privilégierais les intérêts du travailleur français aux dépens des intérêts du travailleur américain (qui est PROPRIETAIRE de son épargne et que tes raisonnements visent à déposséder) [...]
[align=justify]1°- Comme le dit fort bien saint Augustin, on ne peut aider pareillement tous les hommes. Il est donc dans l'ordre des choses que l'on s'occupe d'abord de ceux qui nous sont proches. De fait, on préférera toujours commencer par aider un membre de sa famille plutôt que son voisin, et son voisin plutôt qu'un étranger. Il en est de même dans le cadre national : un français doit se préoccuper prioritairement de ses compatriotes en difficulté plutôt qu'un citoyen d'une autre nation placé dans les mêmes difficultés, à moins évidemment qu'il puisse venir en aide aux deux personnes à la fois....

2°- Sans doute la propriété privée est un droit imprescriptible de la personne. Cependant, on ne peut employer son propre bien à faire le malheur de son prochain sans pécher gravement contre la loi morale.

Jean-Paul II : Les successeurs de Léon XIII ont repris cette double affirmation: la nécessité et donc la licéité de la propriété privée, et aussi les limites dont elle est grevée. Le Concile Vatican II a également proposé la doctrine traditionnelle dans des termes qui méritent d'être cités littéralement: "L'homme, dans l'usage qu'il fait de ses biens, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres" (GS, n. 69). Et un peu plus loin: "La propriété privée ou un certain pouvoir sur les biens extérieurs assurent à chacun une zone indispensable d'autonomie personnelle et familiale; il faut les regarder comme un prolongement de la liberté humaine. De par sa nature même, la propriété privée a aussi un caractère social, fondé dans la loi de commune destination des biens" (GS, n. 71). (Centesimus Annus, § 30)

"L'homme, dans l'usage qu'il fait de ses biens, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres." Ainsi, pour prendre un exemple, un actionnaire qui engage des fonds dans une entreprise ne prend pas seulement une responsibilité quant à son propre capital qu'il investit, mais il se lie aussi d'une certaine manière à l'entreprise elle-même et aux employés qui y travaillent. L'engagement n'est pas seulement financier, il est aussi d'une certaine manière moral, puisqu'il rentre dans une communauté d'intérêts partagés.

Il doit donc y avoir des dispositions législatives qui reconnaissent pleinement non seulement les droits des actionnaires, mais aussi leurs devoirs.[/align]

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Message non lu par guelfo » mer. 11 mai 2005, 19:19

VR, très brièvement parce que je dois m'en aller: où lis-tu dans ce texte une justification de l'expropriation ?
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Message non lu par aramis » mer. 11 mai 2005, 21:24

Mon cher Guelfo,

Tu prends des exemples saisissant en effet : Taiwan, Singapour...
Sais tu ce qu'on risque à allumer une cigarette dans la rue à Singapour ? Et le droit des femmes, en as-tu entendu parler ?
Plus généralement, ces pays dont tu parles, et qui c'est vrai ont réussis des performances remarquables en matière d'économie, sont des pays où les droits de l'homme sont inexistants. Et on en arrive au fond du débat : En tant que chrétien, je ne peux admettre qu'on jettent à la rue des travailleurs (quelle que soit leur nationalité), parce qu'une poignée d'actionnaires sans scrupules considèrent qu'il est plus rentable d'exploiter des pauvres gens qui n'ont ni le droit de grève, ni le droit à la parole. C'est immoral, même si tu n'aime pas ce mot. Et c'est l'essence même du capitalisme que tu défends.

Je suis cependant sensible à une de tes remarques : Que faire pour les pays pauvres ?
C'est toute la question de la construction européenne, qui doit permettre à terme au travailleurs polonais d'avoir le même niveau de vie que nous. C'est à dire un salaire convenable, des droits sociaux, une sécurité sociale, etc...
Evidement, les libéraux européens préfereraient que les français s'alignent sur le mode de vie polonais. Comme quoi entre les bolcheviks et les capitalistes, il n'y a que la manière qui change. Le but est toujours le même : exploiter les peuples.
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Message non lu par zefdebruz » mer. 11 mai 2005, 22:44

[align=justify]Je ne suis pas persuadé que le modèle social français soit vraiment exportable à l'heure actuelle : il est en train progressivement de conduire le pays à la ruine ( la France est un pays en déclin depuis près de 2 siècle, passé de la première place mondiale au environ de la 35 ième en terme de productivité). Pour l'instant tout le monde fait l'autruche ou presque, mais le réveil dans quinze ou vingt ans risque d'être assez brutal, faute d'avoir mené en temps et heures les réformes préparant l'avenir,c'est à dire celles d'ordre structurel...Les derniers gouvernements de la Ve république portent une responsabilité encore plus écrasante dans ce naufrage.

Néanmoins la durée des mandats électifs a permis jusqu'ici de se contenter de saupoudrage conjonturel, tandis que les statuts de la fonction publique sont par nature irréformables puisque d'inspiration soviétique ( élaborés en 1946 sous la responsabilité de Maurice Thorez, condamné à mort par contumace puis récupéré par De Gaule sur demande de Staline à la fin de la seconde guerre mondiale, confere " la France aux ordres d'un cadavre" , Maurice Druon).

Par ailleurs les dirigeants de nombreux pays européens ou aspirant à le devenir, notament les PECO, connaissent de mieux en mieux les difficultés de la France.Notre pays est encore ,et malgré tout, une grande puissance et jouit d'une aura politique et culturelle dépassant largement ses potentiels réels actuels. Mais de là à ce que les pays en forte croissance reproduisent des erreurs aujourd'hui bien identifiées...

Je préfère préciser que je ne suis ni actionnaire, ni salarié du secteur privé.[/align]
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Message non lu par aramis » mer. 11 mai 2005, 22:51

Assez d'accord avec ton analyse sur le déclin du pays, et les réformes imposibles à faire bien que nécessaires. Mais je te précise quand même que j'ai jeté le livre dont tu parles dans ma cheminée, il y a longtemps déjà. Druon a écris 2 bons livres (les rois maudits et les grandes familles) , ensuite... Bon je suis sur forum chrétien, je n'en dirai pas plus...
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Charles
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Message non lu par Charles » jeu. 12 mai 2005, 1:40

guelfo a écrit :
Charles a écrit : Pour ma part, jamais je n'ai cru que le combat du nazisme contre le communisme ait pu justifier le premier, ni inversement que combat du communisme l'ait justifié. Les crocodiles sont rivaux dans leur faim de dévorer les peuples et je n'aime aucun crocodile.
Quel rapport avec ce que j'ai écrit ? Tu penses sincèrement que le libéralisme est comparable au nazisme et au communisme ? :blink: Si c'est le cas, ça ne vaut plus la peine de discuter.
C'est simplement que si tu tentes de justifier le libéralisme en pointant la perversité de certains de ses adversaires... l'argument ne vaut rien : les nazis se sont justifiés avec les communistes, les communistes se sont justifiés avec les nazis... et après ? Qui peut se satisfaire de raisons aussi tordues ? Personne. Si tu essaies de nous resservir le même argument, c'est raté, voilà tout.

Christian
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Message non lu par Christian » jeu. 12 mai 2005, 8:14

[align=justify]Bonjour VexillumRegis,

Je reviens par-dessus les dernières interventions à vos trois citations importantes:
"Où la raison est égale, il faut que le sort décide. L'obligation de s'entr'aimer est égale dans tous les hommes et pour tous les hommes. Mais comme on ne peut également les servir tous, on doit s'attacher principalement à servir ceux que les lieux, les temps et les autres rencontres semblables nous unissent d'une façon particulière comme une espèce de sort" (S. Augustin, De Doct. Christ., I, 28).
« Ceux auxquels les lieux, les temps et les autres rencontres semblables nous unissent d’une façon particulière » ne sont pas nécessairement nos compatriotes. Dans un monde qu’unifient les communications et les séjours à l’étranger, nous nouons des liens bien au-delà des frontières. Je suis français, résident à l’étranger ; ma femme est colombienne, mais sa mère brésilienne ; ma fille et mon gendre ont pris la nationalité suisse ; mon beau-frère est égyptien, etc. Le grand progrès moral que nous avons accompli depuis 200 ans est de ne plus tenir compte de la naissance, mais des qualités d’une personne, pour s’engager dans un mariage, une relation d’affaire ou l’attribution d’un poste. Fini le temps où un noble n’épousait pas une roturière, même s’ils s’aimaient ; ou un duc commandait un régiment, même s’il ne savait pas calculer la trajectoire d’un obus. Fini le temps où il faut « acheter français ».

Cela dit, chacun est libre d’acheter français, même un produit plus cher et plus moche. Libre aussi d’acheter un produit du commerce équitable. Le marché — c’est sa fonction — fait reculer le domaine de la contrainte policière pour laisser la place à l’autorité librement consentie, chère à Charles, et à la morale.
"La propriété privée ou un certain pouvoir sur les biens extérieurs assurent à chacun une zone indispensable d'autonomie personnelle et familiale; il faut les regarder comme un prolongement de la liberté humaine. De par sa nature même, la propriété privée a aussi un caractère social, fondé dans la loi de commune destination des biens" (GS, n. 71). (Centesimus Annus, § 30)
Effectivement, il est dans la nature de la propriété privée, surtout celle des moyens de production, d’avoir un caractère social. Une entreprise est un nœud de contrats entre actionnaires, banquiers, fournisseurs, employés, clients… Et la destination commune des biens est au programme. Je ne connais pas un entrepreneur qui ne rêve de destiner ses biens à l’humanité toute entière.

Et si l’humanité, justement, jouit de quelques biens, du pain sur la table et des chaussures aux pieds, un tracteur dans le champ plutôt qu’une houe, elle le doit aux entrepreneurs, certes pas aux politiciens, aux soldats, aux prêtres, et aux intellectuels.

(Preuve a contrario : les humiliantes queues de la faim devant les magasins dépourvus et les camions de vivres des ONG, dans les pays où l’on révère les politiciens et les militaires, les intellectuels, et même les prêtres, mais pas les entrepreneurs).
"L'homme, dans l'usage qu'il fait de ses biens, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes, en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres"
Cette injonction est tellement vraie dans une économie de marché qu’elle en est tautologique. Personne ne peut profiter sur un marché libre sans que d’autres, ses fournisseurs, ses employés, ses clients, profitent aussi. C’est bien pourquoi il est tellement difficile de gagner de l’argent. Alors nos industriels, agriculteurs, fonctionnaires, préfèrent demander à l’Etat des subventions, des protections douanières, des quotas, pour être seuls à profiter aux dépens du contribuable ou d’une clientèle captive.

Vive Sollicitudo Rei Socialis et Centesimus Annus !

Cordialement
Christian[/align]
Dernière modification par Christian le jeu. 12 mai 2005, 9:06, modifié 1 fois.

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Message non lu par Christian » jeu. 12 mai 2005, 9:06

Cher VexillumRegis,

Autres commentaires matutinaux et amicaux sur vos interventions
Comme le dit fort bien saint Augustin, on ne peut aider pareillement tous les hommes. Il est donc dans l'ordre des choses que l'on s'occupe d'abord de ceux qui nous sont proches.
On dirait de la sociobiologie : protéger en priorité les porteurs de ses gènes. Le but de la culture est justement de nous arracher à ce déterminisme. Dans une famille, je me reconnais une dette envers mes parents, parce qu’ils furent de bons parents, et non pas parce que je porte leurs gènes ; des devoirs envers mon conjoint et mes enfants, parce que c’est une responsabilité que j’ai prise. Pour être morales, nos obligations ne doivent pas tenir à la biologie. Mes cousins sont fort sympathiques, je serais ravi de les aider si l’occasion se présentait, mais tout autant que nombre d’étrangers.
un français doit se préoccuper prioritairement de ses compatriotes en difficulté plutôt qu'un citoyen d'une autre nation placé dans les mêmes difficultés
Je me souviens de cette discussion que j’ai eue il y a fort longtemps dans un avion entre Paris et Nice. J’étais assis à côté de quelqu'un qui s’est présenté comme un inspecteur du fisc. Me gardant bien de lui donner mon nom, je l’ai fait parler de son triste métier, et au cours de la conversation, je lui ai demandé s’il y avait une bonne raison de payer des impôts en dehors de la peur du gendarme. « Que diriez-vous de celle-ci : aider les pauvres ? ». « Excellente raison, lui répondis-je. Je suis prêt à envoyer l’argent de mes impôts aux plus pauvres. Haïti, par exemple ». Le généreux distributeur de l’argent d’autrui se mit à marteler l’accoudoir entre nous. «Vous êtes Français, explosa-t-il, et l’argent des Français doit aller aux français ! ».

J’ai découvert une chose ce jour-là. Le nationalisme et le socialisme sont d’inséparables jumeaux. Quand on voit l’un, l’autre n’est jamais loin.
Sans doute la propriété privée est un droit imprescriptible de la personne. Cependant, on ne peut employer son propre bien à faire le malheur de son prochain sans pécher gravement contre la loi morale.
Dans les exemples que j’ai cités un peu plus haut sur ce fil, une femme qui dit ‘non’ à un soupirant pour en épouser un autre, et qui fait donc le malheur de ce prochain délaissé, est-elle pécheresse ? Stevenson, qui invente le train et cause le malheur des postillons, ira-t-il en enfer ? Si tu prends un emploi quand dix autres le postulaient, te sens-tu bien coupable ? Et donc quand une entreprise est efficace, casse les prix, attire vers elle des clients tout heureux de l’aubaine, et ruine en passant ses concurrents moins bien gérés, en quoi est-elle plus condamnable que les acteurs de mes exemples ?

Cordialement
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Message non lu par guelfo » jeu. 12 mai 2005, 10:03

Charles a écrit : Personne. Si tu essaies de nous resservir le même argument, c'est raté, voilà tout.
Je me demande bien où.
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Message non lu par Charles » jeu. 12 mai 2005, 10:11

:arrow: "Quant au libéralisme qui domine le monde, Charles, par défaut peut-être, en ce sens que ni les bolchéviques ni les ayatollahs (de quelque confession que ce soit d'ailleurs) n'y sont parvenus, mais il reste encore beaucoup à faire."

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