Nicolas Sarkozy et les catholiques

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)
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Yves54
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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Yves54 » mer. 26 déc. 2007, 19:45

Sapin a écrit :
Franck a écrit : Le meilleur moyen pour suivre de l'étranger les priorités en matière de communication de Nicolas Sarkozy est encore de lire la une de la Pravda -comprendre Le Figaro.
Bonsoir Franck, :)

Merci Franck pour ce conseil judicieux donné à quelqu'un regardant ces événements de l'autre côté de l'océan. Par contre, je ne crois pas que le Figaro et tous les autres quotidiens et périodiques français me seront d’une utilité quelconque pour faire une analyse ecclésiale concernant le contenu de ce discours au Latran.

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Sapin
Prends l'information du Figaro et jugez par vous mêmes. Il ne faut pas être grand théologien pour voir que Sarkozy n'est pas catholique dans ses actes et ses paroles (et donc sa communication ;) ).

"Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!" Mt 5,6.

Yves.
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Sapin
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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Sapin » mer. 26 déc. 2007, 21:03

Yves54 a écrit : Prends l'information du Figaro et jugez par vous mêmes.
Je le répète, ce n'est pas une analyse ecclésiale!!!!

Yves54 a écrit :Il ne faut pas être grand théologien
C'est vrai, mais disons que ça aide à voir les choses différemment en faisant le tri entre ce qui est bon pour l'Église et ce qui est moins bon. C'est Pie XII qui affirmait dans Humani Generis que nous devions être capables de reconnaître dans des affirmations erronées ou choquantes s'il n'y a pas des bribes de vérités pour l'Église.


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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par ermiteux » jeu. 27 déc. 2007, 0:30

Très modestement, je rappelle que Napoléon Bonaparte a osé emprisonné le Pape.
Mais quelques temps après, devant faire faire face à l'échec de la Révolution française, il mit à l'écart les Jacobins et confia l'éducation des enfants aux Frères des Ecoles chrétiennes :siffle:
Bien sûr, nous n'en sommes pas là !!!
Mais je pense très sincèrement que le premier obstacle à franchir pour vivre pleinement la laïcité viendra , hélas, des catholiques de France !!!!!!
Pour plus de renseignement, voir dans les autres pays européens :nargue:

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Christophe
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Discours de Latran du Président Sarközy en visite à Rome

Message non lu par Christophe » dim. 30 déc. 2007, 0:42

Afin de clarifier un peu le débat, voici le texte intégral du discours prononcé par N. Sarközy lors de cette visite.

Discours du président de la République dans la Salle de la Signature du Palais du Latran
[/color]
[+] Texte masqué
Messieurs les cardinaux, Mesdames et Messieurs, et si vous le permettez, chers amis,

Permettez-moi d'adresser mes premières paroles au cardinal Ruini, pour le remercier très chaleureusement de la cérémonie qu'il vient de présider. J'ai été sensible aux prières qu'il a bien voulu offrir pour la France et le bonheur de son peuple. Je veux le remercier également pour l'accueil qu'il m'a réservé dans cette cathédrale de Rome, au sein de son chapitre. Je vous serais également reconnaissant, Eminence, de bien vouloir transmettre à sa Sainteté Benoît XVI mes sincères remerciements pour l'ouverture de son palais pontifical qui nous permet de nous retrouver ce soir. L'audience que le Saint Père m'a accordée ce matin a été pour moi un moment d'émotion et de grand intérêt. Je renouvelle au Saint Père l'attachement que je porte à son projet de déplacement en France au deuxième semestre de l'année 2008. En tant que Président de tous les Français, je suis comptable des espoirs que cette perspective suscite chez mes concitoyens catholiques et dans de nombreux diocèses. Quelles que soient les étapes de son séjour, Benoît XVI sera le bienvenu en France.


En me rendant ce soir à Saint-Jean de Latran, en acceptant le titre de chanoine d'honneur de cette basilique, qui fut conféré pour la première fois à Henri IV et qui s'est transmis depuis lors à presque tous les chefs d'État français, j'assume pleinement le passé de la France et ce lien si particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Église. C'est par le baptême de Clovis que la France est devenue Fille aînée de l'Église. Les faits sont là. En faisant de Clovis le premier souverain chrétien, cet évènement a eu des conséquences importantes sur le destin de la France et sur la christianisation de l'Europe. A de multiples reprises ensuite, tout au long de son histoire, les souverains français ont eu l'occasion de manifester la profondeur de l'attachement qui les liait à l'Église et aux successeurs de Pierre. Ce fut le cas – de la conquête par Pépin le Bref, des premiers États pontificaux ou de la création auprès du Pape de notre plus ancienne représentation diplomatique.

Au-delà de ces faits historiques, c'est surtout parce que la foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature, que la France entretient avec le siège apostolique une relation si particulière. Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. Et la France a apporté au rayonnement du christianisme une contribution exceptionnelle. Contribution spirituelle, contribution morale par le foisonnement de saints et de saintes de portée universelle : saint Bernard de Clairvaux, saint Louis, saint Vincent de Paul, sainte Bernadette de Lourdes, sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean-Marie Vianney, Frédéric Ozanam, Charles de Foucauld… Contribution littéraire, contribution artistique : de Couperin à Péguy, de Claudel à Bernanos, Vierne, Poulenc, Duruflé, Mauriac ou encore Messiaen. Contribution intellectuelle, si chère à Benoît XVI, Blaise Pascal, Bossuet, Maritain, Emmanuel Mounier, Henri de Lubac, Yves Congar, René Girard… Qu'il me soit permis de mentionner également l'apport déterminant de la France à l'archéologie biblique et ecclésiale, ici à Rome, mais aussi en Terre sainte, ainsi qu'à l'exégèse biblique, avec en particulier l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem.

Je veux évoquer parmi vous ce soir la figure du cardinal Jean-Marie Lustiger qui nous a quittés cet été. Je veux dire que son rayonnement et son influence ont eux aussi très largement dépassé les frontières de la France. J'ai tenu à participer à ses obsèques car aucun Français, je l'affirme, n'est resté indifférent au témoignage de sa vie, à la force de ses écrits, et permettez-moi de le dire,au mystère de sa conversion. Pour moi et pour tous les catholiques, sa disparition a représenté une grande peine. Debout à côté de son cercueil, j'ai vu défilé ses frères dans l'épiscopat et les nombreux prêtres de son diocèse, et j'ai été touché par l'émotion qui se lisait sur le visage de chacun.

Cette profondeur de l'inscription du christianisme dans notre histoire et dans notre culture, se manifeste ici à Rome par la présence jamais interrompue de Français au sein de la Curie et aux responsabilités les plus éminentes. Je veux saluer ce soir le cardinal Etchegaray, le cardinal Poupard, le cardinal Tauran, Monseigneur Mamberti, dont l'action, je n'hésite pas à le dire, honore la France. Les racines chrétiennes de la France sont aussi visibles dans ces symboles que sont les Pieux établissements, la messe annuelle de la Sainte-Lucie et celle de la chapelle Sainte-Pétronille. Et puis il y a bien sûr cette tradition qui fait du Président de la République française le chanoine d'honneur de Saint-Jean de Latran. Saint-Jean de Latran, ce n'est pas rien, tout de même. C'est la cathédrale du Pape, c'est la " tête et la mère de toutes les églises de Rome et du monde ", c'est une église chère au cœur des Romains. Que la France soit liée à l'Église catholique par ce titre symbolique, c'est la trace de cette histoire commune où le christianisme a beaucoup compté pour la France et la France beaucoup compté pour le christianisme Et c'est donc tout naturellement, comme le Général de Gaulle, comme Valéry Giscard d'Estaing, comme Jacques Chirac, que je suis venu m'inscrire avec bonheur dans cette tradition.

Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est également un fait incontournable dans notre pays. Je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que l'interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie,reconnaissons le, cher Max Gallo, une reconstruction rétrospective du passé. C'est surtout par leur sacrifice dans les tranchées de la Grande guerre, par le partage de leurs souffrances, que les prêtres et les religieux de France ont désarmé l'anticléricalisme ; et c'est leur intelligence commune qui a permis à la France et au Saint-Siège de dépasser leurs querelles et de rétablir leurs relations. Pour autant, il n'est plus contesté par personne que le régime français de la laïcité est aujourd'hui une liberté : la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de pratiquer une religion et la liberté d'en changer, de religion, la liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, la liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, la liberté de ne pas être discriminé par l'administration en fonction de sa croyance.

La France a beaucoup changé. Les citoyens français ont des convictions plus diverses qu'autrefois. Dès lors la laïcité s'affirme comme une nécessité et oserais-je le dire, une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile. Et c'est pourquoi le peuple français a été aussi ardent pour défendre la liberté scolaire que pour souhaiter l'interdiction des signes ostentatoires à l'école.
Cela étant, la laïcité ne saurait être la négation du passé. La laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n'aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je considère qu'une nation qui ignore l'héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d'histoire, de patrimoine, d'art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c'est perdre la signification, c'est affaiblir le ciment de l'identité nationale, c'est dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire. C'est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité, enfin parvenue à maturité. Voilà le sens de la démarche que j'ai voulu accomplir ce soir à Saint-Jean de Latran.

Le temps est désormais venu que, dans un même esprit, les religions, en particulier la religion catholique qui est notre religion majoritaire, et toutes les forces vives de la nation regardent ensemble les enjeux de l'avenir et non plus seulement les blessures du passé. Je partage l'avis du Pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l'espérance est l'une des questions les plus importantes de notre temps. Depuis le siècle des Lumières, l'Europe a expérimenté tant d'idéologies. Elle a mis successivement ses espoirs dans l'émancipation des individus, dans la démocratie, dans le progrès technique, dans l'amélioration des conditions économiques et sociales, dans la morale laïque. Elle s'est fourvoyée gravement dans le communisme et dans le nazisme. Aucune de ces différentes perspectives – que je ne mets évidemment pas sur le même plan - n'a été en mesure de combler le besoin profond des hommes et des femmes de trouver un sens à l'existence.

Bien sûr, fonder une famille, contribuer à la recherche scientifique, enseigner, se battre pour des idées, en particulier si ce sont celles de la dignité humaine, diriger un pays, cela peut donner du sens à une vie. Ce sont ces petites et ces grandes espérances " qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin " pour reprendre les termes même de l'encyclique du Saint Père. Mais elles ne répondent pas pour autant aux questions fondamentales de l'être humain sur le sens de la vie et sur le mystère de la mort. Elles ne savent pas expliquer ce qui se passe avant la vie et ce qui se passe après la mort. Ces questions sont de toutes les civilisations et de toutes les époques et ces questions essentielles n'ont rien perdu de leur pertinence, et je dirais, mais bien au contraire. Les facilités matérielles de plus en plus grandes qui sont celles des pays développés, la frénésie de consommation, l'accumulation de biens, soulignent chaque jour davantage l'aspiration profonde des hommes et des femmes à une dimension qui les dépasse, car moins que jamais elles ne la comblent.

" Quand les espérances se réalisent, poursuit Benoît XVI, il apparaît clairement qu'en réalité, ce n'est pas la totalité. Il paraît évident que l'homme a besoin d'une espérance qui va au-delà. Il paraît évident que seul peut lui suffire quelque chose d'infini, quelque chose qui sera toujours ce qu'il ne peut jamais atteindre. Si nous ne pouvons espérer plus que ce qui est accessible, ni plus que ce qu'on peut espérer des autorités politiques et économiques, notre vie se réduit à être privée d'espérance ". Ou encore, comme l'écrivit Héraclite, " Si l'on n'espère pas l'inespérable, et bien, on ne le reconnaîtra pas ". Ma conviction profonde, dont j'ai fait part notamment dans ce livre d'entretiens que j'ai publié sur la République, les religions et l'espérance, c'est que la frontière entre la foi et la non croyance n'est pas et ne sera jamais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, parce qu'elle traverse en vérité chacun de nous. Même celui qui affirme ne pas croire ne peut soutenir en même temps qu'il ne s'interroge pas sur l'essentiel. Le fait spirituel, c'est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c'est la réponse des religieux à cette aspiration fondamentale qui existe depuis que l'homme a conscience de sa destinée.

Or, longtemps la République laïque a sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle. Même après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, elle s'est montrée plus méfiante que bienveillante à l'égard des cultes. Chaque fois qu'elle a fait un pas vers les religions, qu'il s'agisse de la reconnaissance des associations diocésaines, de la question scolaire, des congrégations, elle a donné le sentiment qu'elle agissait, allez, parce qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Ce n'est qu'en 2002 qu'elle a accepté le principe d'un dialogue institutionnel régulier avec l'Église catholique. Qu'il me soit également permis de rappeler les critiques virulentes et injustes dont j'ai été l'objet au moment de la création du Conseil français du culte musulman. Aujourd'hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle, refusant de reconnaître un caractère cultuel à l'action caritative, en répugnant à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d'enseignement supérieur catholique, en n'accordant aucune valeur aux diplômes de théologie, considérant qu'elle ne doit pas s'intéresser à la formation des ministres du culte.

Je pense que cette situation est dommageable pour notre pays. Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d'intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c'est un homme qui espère. Et l'intérêt de la République, c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n'ont pas rendu les Français plus heureux. C'est une évidence. Et puis je veux dire également que, s'il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu'il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D'abord parce que la morale laïque risque toujours de s'épuiser quand elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini. Ensuite et surtout parce qu'une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. Comme l'écrivait Joseph Ratzinger dans son ouvrage sur l'Europe, " le principe qui a cours maintenant est que la capacité de l'homme soit la mesure de son action. Ce que l'on sait faire, on peut également le faire ". A terme, le danger est que le critère de l'éthique ne soit plus d'essayer de faire ce que l'on doit faire, mais de faire ce que l'on peut faire. Mais c'est une très grande question.


Dans la République laïque, l'homme politique que je suis n'a pas à décider en fonction de considérations religieuses. Mais il importe que sa réflexion et sa conscience soient éclairées notamment par des avis qui font référence à des normes et à des convictions libres des contingences immédiates. Toutes les intelligences, toutes les spiritualités qui existent dans notre pays doivent y prendre part. Nous serons plus sages si nous conjuguons la richesse de nos différentes traditions.

C'est pourquoi j'appelle de mes vœux l'avènement d'une laïcité positive, c'est-à-dire d'une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s'agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s'agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d'avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à le leur compliquer. Messieurs les cardinaux, Mesdames et Messieurs, au terme de mon propos, et à quelques jours de cette fête de Noël qui est toujours un moment où l'on se recentre sur ce qui est le plus cher dans sa vie, je souhaiterais me tourner vers ceux d'entre vous qui sont engagés dans les congrégations, auprès de la Curie, dans le sacerdoce, l'épiscopat ou qui suivent actuellement leur formation de séminariste. Je voudrais vous dire très simplement les sentiments que m'inspirent vos choix de vie.

Je mesure les sacrifices que représente une vie toute entière consacrée au service de Dieu et des autres. Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement, la solitude, le doute. Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière, vous permettent de surmonter ces épreuves. Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c'est la vocation. On n'est pas prêtre à moitié, on l'est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu'on n'est pas non plus Président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l'intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j'allais faire ce que j'ai fait, je l'ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j'ai faits pour réaliser la mienne. Ce que je veux vous dire ce soir, en tant que Président de la République, c'est l'importance que j'attache à ce que vous faites et permettez moi de le dire à ce que vous êtes. Votre contribution à l'action caritative, à la défense des droits de l'homme et de la dignité humaine, au dialogue inter-religieux, à la formation des intelligences et des cœurs, à la réflexion éthique et philosophique, est majeure. Elle est enracinée dans la profondeur de la société française, dans une diversité souvent insoupçonnée, tout comme elle se déploie à travers le monde. Je veux saluer notamment nos congrégations, les Pères du Saint-Esprit, les Pères Blancs et les Sœurs Blanches, les fils et filles de la charité, les franciscains missionnaires, les jésuites, les dominicains, la Communauté de Sant'Egidio qui a une branche en France, toutes ces communautés, qui, dans le monde entier, soutiennent, soignent, forment, accompagnent, consolent leur prochain dans la détresse morale et matérielle.

En donnant en France et dans le monde le témoignage d'une vie donnée aux autres et comblée par l'expérience de Dieu, vous créez de l'espérance et vous faites grandir des sentiments nobles. C'est une chance pour notre pays, et le Président que je suis le considère avec beaucoup d'attention. Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance. Je veux évoquer la mémoire des moines de Tibhérine et de Monseigneur Pierre Claverie, dont le sacrifice portera un jour des fruits de paix, j'en suis convaincu. L'Europe a trop tourné le dos à la Méditerranée alors même qu'une partie de ses racines y plongent et que les pays riverains de cette mer au croisement d'un grand nombre d'enjeux du monde contemporain. J'ai voulu que la France prenne l'initiative d'une Union de la Méditerranée. Sa situation géographique tout comme son passé et sa culture l'y conduisent naturellement. Dans cette partie du monde où les religions et les traditions culturelles exacerbent souvent les passions, où le choc des civilisations peut rester à l'état de fantasme ou basculer dans la réalité la plus tragique, nous devons conjuguer nos efforts pour atteindre une coexistence paisible, respectueuse de chacun sans renier nos convictions profondes, dans une zone de paix et de prospérité. Cette perspective rencontre, me semble-t-il, l'intérêt du Saint-Siège.

Mais ce que j'ai le plus à cœur de vous dire, c'est que dans ce monde paradoxal, obsédé par le confort matériel tout en étant de plus en plus en quête de sens et d'identité, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient. La campagne électorale de 2007 a montré que les Français avaient envie de politique pour peu qu'on leur propose des idées, des projets, des ambitions. Ma conviction c'est qu'ils sont aussi en attente de spiritualité, de valeurs et d'espérance. Henri de Lubac, ce grand ami de Benoît XVI, écrivait " La vie attire, comme la joie ". C'est pourquoi la France a besoin de catholiques heureux qui témoignent de leur espérance.

Depuis toujours, la France rayonne à travers le monde par la générosité et par l'intelligence. C'est pourquoi elle a besoin de catholiques pleinement chrétiens, et de chrétiens pleinement actifs. La France a besoin de croire à nouveau qu'elle n'a pas à subir l'avenir, parce qu'elle a à le construire. C'est pourquoi elle a besoin du témoignage de ceux qui, portés par une espérance qui les dépasse, se remettent en route chaque matin pour construire un monde plus juste et plus généreux.

J'ai offert ce matin au Saint Père deux éditions originales de Bernanos. Je veux conclure avec lui : " L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait. L'optimisme est une fausse espérance à l'usage des lâches. L'espérance est une vertu, une détermination héroïque de l'âme. La plus haute forme de l'espérance, c'est le désespoir surmonté ". Comme je comprends l'attachement du Pape à ce grand écrivain qu'est Bernanos.

Partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue inter-religieux, dans les universités, je vous soutiendrai. La France a besoin de votre générosité, de votre courage, de votre espérance.
Je vous remercie.

:arrow: Source : Le Monde

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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Christophe » dim. 30 déc. 2007, 0:46

Bonjour, - et bienvenue - Ermiteux ! :)
ermiteux a écrit :Mais je pense très sincèrement que le premier obstacle à franchir pour vivre pleinement la laïcité viendra , hélas, des catholiques de France !!!!!!
Pour plus de renseignement, voir dans les autres pays européens :nargue:
Pouvez-vous expliciter ce que vous voulez dire ? :incertain:

Merci d'avance.

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Discours du Président Chirac en visite au Saint-Siège (1996)

Message non lu par Christophe » dim. 30 déc. 2007, 1:04

Et pour avoir un élément de comparaison, le discours de Chirac en 1996 dans des circonstances analogues...

VISITE AU SAINT-SIEGE
ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
M. JACQUES CHIRAC, LORS DE L'AUDIENCE ACCORDEE
PAR SA SAINTETE LE PAPE JEAN-PAUL II

(Saint-Siège, 20 janvier 1996)
[/size]

Très Saint-Père,

C'est avec émotion que je vous ai écouté, et en mesurant l'honneur que Vous faites à la France, et c'est dans cet esprit que je tiens à Vous exprimer ma profonde gratitude pour l'accueil solennel et chaleureux que Vous avez bien voulu me réserver, ainsi qu'à mon épouse, et à ma délégation. Cette visite revêt d'autant plus d'importance à mes yeux qu'elle constitue la première visite d'État au Saint-Siège d'un Président de la République française depuis la visite rendue, en 1959, par le Général de Gaulle, à Sa Sainteté Jean XXIII. Certes, les années écoulées ont vu se nouer d'autres contacts, se tenir d'autres rencontres au sommet entre le Saint-Siège et la France. Vous-même, Très Saint Père, êtes venu à quatre reprises dans notre pays, en visite pastorale. Mais j'ai souhaité resserrer nos liens millénaires, témoigner de la fidélité de la France à son héritage chrétien, et manifester mon respectueux attachement à Votre personne.

Très Saint Père,

En septembre prochain, nous célèbrerons, en Votre présence, le 1500è anniversaire du baptême de Clovis qui a été, c'est vrai, vous l'avez mentionné, l'un des actes fondateurs de la France. Cet évènement marquera la force et la richesse du lien tissé au long des siècles entre la France et le Trône de Pierre. "Fille aînée de l'Eglise", la France l'a été par sa fidélité catholique, par son dynamisme missionnaire et aussi, pour reprendre l'expression de Sa Sainteté Jean XXIII, par "l'admirable lignée de Saints" issus de notre sol. Une grande part de notre patrimoine est d'abord l'illustration d'une ferveur religieuse. La récente canonisation de Monseigneur Eugène de Mazenod, les hautes fonctions assumées auprès de Vous par les prélats et les religieux français, l'accueil réservé par mes compatriotes aux messages de Votre Sainteté, sont autant de témoignages de ce lien qui unit la France et le Saint-Siège. Ils attestent la pérennité d'un appel, la réponse à une promesse, une convergence de pensées.
Rencontrant les Français dès le début de Son Pontificat, et tout récemment encore, dans Son adresse aux catholiques de France, Votre Sainteté les exhortait à la fidélité. Fidélité aux engagements personnels. Mais aussi fidélité à l'Église et fidélité à la France, à sa mission, aux principes de dignité, de solidarité humaines hérités de l'Evangile. Ces principes mêmes que la France républicaine s'est efforcée de défendre, chez elle et partout. Il n'est pas, Très Saint-Père, de sujet touchant la vie de l'homme en société que Vous n'ayez abordé à l'occasion des grands textes qui ont jalonné Votre Pontificat. Qu'il s'agisse de la paix, des droits de la personne humaine, de sa liberté, de la famille et de l'éducation, toujours s'expriment Votre vigilance et Votre exigence. Toujours Vous invitez à discerner, dans l'écume et le vacarme des temps, l'homme, sa dignité, son épanouissement, sa vérité. Sans relâche, Vous dénoncez les forces de mort, si présentes dans ce siècle. La guerre, la violence, l'oppression, bien sûr. Mais aussi un certain désespoir, une absence de confiance dans la vie et sa splendeur. Une quête jamais satisfaite des possessions matérielles, un goût pour les succès provisoires, l'éclat trompeur des choses, qui marquent notre temps.

Notre monde change. Il s'est affranchi d'entraves totalitaires que Votre Sainteté, dans Sa Pologne meurtrie, avait personnellement éprouvées et combattues. Mais en même temps se réveillaient les vieux démons, les haines ethniques et religieuses, l'intolérance, le racisme, qui sont aussi des forces de mort. Notre monde a certes gagné en confort, en facilité, mais à quel prix ? Combien de laissés-pour-compte au bord du chemin ? Combien d'hommes et de femmes plongés dans la solitude, l'égoïsme, le désarroi des grandes villes ? Combien d'hommes et de femmes dépossédés de leur travail, de leur entourage, de leur identité, de leur dignité ? Combien de destins laminés ? Combien de peuples au ban de la prospérité ?
Dans les moments de doute, quand la respiration de nos existences se fait plus oppressante, chacun se pose les seules questions qui vaillent : celles des origines et de la fin, de la place de l'homme dans nos sociétés modernes. C'est notamment auprès de l'Eglise, de Son message et de Son guide, dans le secours de la foi, que beaucoup d'hommes cherchent une raison d'espérer, la force de surmonter leurs souffrances. Et c'est auprès de la France, que beaucoup de peuples cherchent conseil et assistance.

A l'occasion, Très Saint-Père, de Votre première visite pastorale dans notre pays, Vous lanciez à ceux des miens nourris de la foi catholique : "France, éducatrice des peuples, es-tu fidèle à ton alliance avec la Sagesse éternelle ?" Oui, Très Saint-Père, la France, sur laquelle comptent tant d'hommes et de femmes de par le monde, veut être fidèle à son héritage, à sa vocation spirituelle et humaine. Elle l'est en Bosnie. Elle l'est au Cambodge. Elle l'est au Moyen-Orient et sur les rives de la Méditerranée, chère aux peuples du Livre. Elle l'est en Afrique, déterminée à aider ce continent à prendre en main sa paix et son destin. Elle l'est en Europe, où elle agit sans relâche pour l'Union de notre vieux continent enfin réconcilié. Elle l'est en mobilisant ses partenaires et en plaidant les causes du désarmement et du développement. Elle l'est enfin chaque fois qu'elle combat pour la justice, la solidarité et l'équité. Ce combat est aussi celui du Saint-Siège. Par le dialogue que l'Eglise de Rome a su nouer avec les autres familles spirituelles ; par les appels pressants à la réconciliation et à la solidarité que lance Votre Sainteté partout où Elle se rend ; à travers les efforts déployés par Votre diplomatie, le Saint-Siège apporte une contribution irremplaçable à la construction d'un monde de paix.
Voilà pourquoi, Très Saint-Père, nos efforts se rejoignent. Voilà pourquoi la France et le Siège Apostolique ont vocation à travailler ensemble, toujours plus étroitement, pour ancrer la justice, la sérénité et la paix dans le cœur des hommes.

Très Saint-Père,

Dans quelques mois, Vous foulerez une nouvelle fois le sol de France. Votre visite pastorale Vous conduira à Auray, à Tours et à Reims. Vous y retrouverez la patrie de Saint Jean-Marie Vianney, le Curé d'Ars, dont Vous confiiez récemment combien son exemple Vous avait ému. Vous y mesurerez la vitalité, l'ardeur de l'Église de France, mais aussi l'attachement de l'ensemble des Français à Votre personne. Beaucoup de jeunes Vous accueilleront en "Champion de Dieu" comme disait le Cardinal Marty, avec chaleur et avec enthousiasme.
Profondément encouragé, dans la tâche difficile que m'ont confiée les Français, par l'accueil toujours bienveillant de Votre Sainteté, je forme les voeux les plus fervents pour Sa personne, pour le succès de Sa prochaine visite en France et pour l'accomplissement des desseins de Son pontificat./.

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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Sapin » dim. 30 déc. 2007, 1:29

Avec ces discours présidentiels, je suggère également ces deux textes d'Église. le premier de Jean-Paul II adressé aux évêques de France sur la laïcité, le second de Benoît XVI aussi sur la laïcité. Ceci permettra une analyse ecclésiale des autres textes et ainsi faire des liens judicieux s'il y lieu.



:arrow: S.S. Jean-Paul II aux évêques de France



ET

Benoît XVI recadre la définition de la laïcité
12 décembre 2006

A l’origine, a dit le Saint-Père, le concept de laïcité indique "la condition du simple fidèle chrétien, qui n’appartient ni au clergé ni à l’état religieux". Au Moyen Âge il a pris le sens "d’opposition entre les pouvoirs civils et les hiérarchies ecclésiastiques, et à l’époque moderne il a pris celui de l’exclusion de la religion et de ses symboles de la vie publique les reléguant à la sphère privée et de la conscience individuelle. Ainsi au concept original de ce mot a été attribué une acceptation idéologique opposée".

Après avoir expliqué qu’aujourd’hui, la laïcité a pris le sens de "séparation totale entre l’État et l’Église, sans que celle-ci ait le droit d’intervenir sur des thèmes relatifs à la vie et au comportement des citoyens", comme "l’exclusion des symboles religieux des lieux publics", Benoît XVI a précisé que l’on parle aujourd’hui de pensée laïque, de morale laïque, de science laïque, de politique laïque. Et à la base d’un telle conception, il y a une vision anti-religieuse de la vie, de la pensée et de la morale, une vision où il n’y a pas de place pour Dieu, pour un Mystère qui transcende la raison pure en faveur d’une loi morale de valeur absolue, en vigueur en tous temps et en toutes situations".

Redéfinir la laïcité

Le Saint-Père a alors rappelé qu’il est nécessaire "d’élaborer un concept de laïcité qui, d’une part reconnaît Dieu et sa loi morale, le Christ et son Église et la place qui leur est due dans la vie humaine, individuelle et sociale, et d’autre part, qui affirme et respecte ’l’autonomie légitime de la réalité terrestre’".

Le Pape a redit que l’Église ne saurait intervenir en politique car cela "constituerait une ingérence indue", mais que d’autre part, "une saine laïcité demande à l’État de ne pas considérer la religion comme un simple sentiment individuel qui pourrait se confiner au seul domaine privé". La religion "doit donc être reconnue comme présence communautaire publique. Cela implique d’ailleurs que chaque confession religieuse (à condition qu’elle ne soit pas en opposition avec l’ordre moral et qu’elle ne soit pas dangereuse pour l’ordre public) ait la garantie du libre exercice de ses activités de culte".

"L’hostilité - a-t-il poursuivi - à toute forme d’importance politique et culturelle de la religion, à la présence, en particulier, de tout symbole religieux dans les institutions publiques" n’est pas laïcité mais laïcisme, comme également le refus "à la communauté chrétienne et à ceux qui la représentent légitimement, [du] droit de se prononcer sur les problèmes moraux qui aujourd’hui interpellent la conscience de toutes les personnes, en particulier les législateurs et les juristes".

"Il ne s’agit pas - a ajouté le Saint-Père - d’une ingérence de l’Église dans les activités législatives, propre et exclusive à l’État, mais de l’affirmation et de la défense des grandes valeurs qui donnent un sens à la vie des personnes et en sauvegardent la dignité. Ces valeurs, avant d’être chrétiennes, sont humaines, et pour cette raison ne peuvent laisser l’Église indifférente et silencieuse, car elle a le devoir de proclamer avec fermeté la vérité sur l’homme et son destin".

Le pape a conclu en rappelant la nécessité de "faire comprendre que la loi morale que Dieu nous a donnée, et qui se manifeste à nous par la voix de la conscience, a le but non de nous opprimer, mais de nous libérer du mal et de nous rendre heureux. Il s’agit de montrer que sans Dieu, l’homme est perdu et que l’exclusion de la religion de la vie sociale, en particulier la marginalisation du christianisme, mine les bases même de cohabitation humaine. Avant d’être d’ordre social et politique, ces bases sont en effet d’ordre moral".

C’est pourquoi le pape rappelait que « la loi morale que Dieu a donnée, et qui se manifeste par la voix de la conscience, a pour but non pas d’opprimer, mais de libérer du mal et de rendre heureux ».

Pour faire comprendre cela, il suffit de montrer que « sans Dieu, l’homme est perdu » et que « l’exclusion de la religion de la vie sociale, en particulier la marginalisation du christianisme, mine les bases même de cohabitation humaine ». Car « avant d’être d’ordre social et politique, ces bases sont en effet d’ordre moral », a conclu Benoît XVI.
Source : VIS
Bonne lecture!

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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Christophe » dim. 30 déc. 2007, 1:55

Et pour compléter sur la partie institutionnelle française, il convient de se référer au texte de la loi de 1905 (concernant la séparation des Églises et de l'État), ainsi qu'à la Constitution de Vème République :

Sur la loi de 1905
:arrow: Fil de discussion sur la loi de 1905
:arrow: Loi de 1905 dans sa version initiale
:arrow: Loi de 1905 actuelle (version consolidée du 29 juillet 2005)

Sur la Constitution
Article 1er

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
:arrow: http://www.assemblee-nationale.fr/conna ... tution.asp
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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Geronimo » lun. 31 déc. 2007, 14:03

Un très bon article du salon beige sur ce sujet http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog ... ise-s.html

Bonne année à tous

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Magistère : L’enseignement des papes sur la laïcité

Message non lu par Christophe » lun. 31 déc. 2007, 18:55

Une sympathique anthologie de textes du Magistère pontifical sur la question de la laïcité, extrait du Permanences n°411 (mai 2004) :

http://www.ichtus.fr/article.php3?id_article=305

;)
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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Sapin » mar. 01 janv. 2008, 15:18

Comme le démontre cet extrait du journal La Croix, les réactions de Rome sont plutôt positives concernant le discours et la visite du Président au Latran.
La Croix a écrit :23/12/2007 17:42
Rome se réjouit du nouveau visage de la laïcité française


Alors qu'en France certains critiquent l'entorse à la laïcité que représenterait le discours du Latran du chef de l'État, à Rome, les responsables du Saint-Siège ont été agréablement surpris par le discours très positif de Nicolas Sarkozy à propos du catholicisme

«La France laïque et le président papiste ». À la « une » du quotidien italien de centre gauche La Repubblica, samedi 22 décembre, ce titre résumait bien l’étonnement provoqué à Rome par la visite du président français au Vatican. Dans une France décrite – souvent de manière assez caricaturale – comme « laïcarde », le discours du Latran de Nicolas Sarkozy n’a laissé personne indifférent.

« Rarement, dans le passé, il y a eu un chef d’État français qui a présenté l’héritage spirituel du pays de manière aussi claire et explicite », affirme ainsi le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, interrogé par le quotidien catholique Avvenire.

Comme lui, les responsables de la Curie ne cachaient pas leur satisfaction : certes, commente un observateur, « ils s’attendaient à une appréciation positive du chef de l’État français », car ses positions sur le fait religieux sont connues depuis son livre de 2004, et ses discours comme ministre de l’intérieur et des cultes.

Mais sans doute pas à ce point : « Les responsables du Saint-Siège pensaient que, une fois président de la République, il ne pourrait reprendre totalement ce discours et endosserait les habits plus traditionnels de la laïcité à la française. »

Les réactions sont plus partagées du côté politique
De même, l’accent mis sur les racines chrétiennes de l’Europe et de la France a favorablement surpris. Nicolas Sarkozy serait longuement revenu sur ce sujet lors de son entretien avec le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, et le Saint-Siège sait qu’il peut désormais compter sur un allié de poids sur ce terrain.

Les responsables de la Curie ont aussi attentivement noté les avancées concrètes proposées par le président de la République dans son discours du Latran, notamment une éventuelle reconnaissance universitaire des diplômes des instituts catholiques, revendication aussi bien de l’épiscopat français que de la Congrégation pour l’éducation catholique du Saint-Siège, dont le nouveau secrétaire est un Français, Mgr Jean-Louis Bruguès…

Cette nouvelle attitude de l’exécutif français ne peut que réjouir le président de l’épiscopat français, le cardinal André Vingt-Trois, qui, dans un entretien au Figaro, samedi, notait ainsi « la reconnaissance accordée au dynamisme, à la générosité, à la créativité des catholiques » par le chef de l’État.

Mais du côté politique, en France, les réactions sont plus partagées. Si le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian, note qu’il s’agit là d’une « petite révolution politique » qui doit faire de la laïcité « un synonyme d’ouverture et de dialogue », les jugements à gauche sont critiques.

La France attend maintenant Benoît XVI
François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, considère le discours du Latran comme une « vieille rengaine de la droite la plus cléricale » alors que Dominique Voynet (sénatrice Verte) se place sur le terrain de la défense de la laïcité : « C’est un recul considérable, une remise en cause de ce qui fait notre ciment républicain. La laïcité, c’est la liberté de culte mais dans la sphère privée, ce qui permet aux valeurs de la République de s’épanouir. »

Dans ce même registre, le Grand Orient de France va jusqu’à parler d’un « inquiétant retour du religieux », alors que la fédération Unsa-éducation dénonce une « laïcité malmenée ».

Laïque ou pas, la France attend maintenant Benoît XVI, puisque Nicolas Sarkozy, jeudi 20 décembre, lui a renouvelé l’invitation déjà faite par les évêques de France pour l’année prochaine à se rendre à Lourdes, à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions, tout en précisant que les modalités de ce voyage n’étaient pas encore fixées. Il semble cependant que le voyage aura lieu en septembre 2008, et que le pape fera bien une étape à Paris.
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Réactions officielles du Saint-Siège

Message non lu par Christophe » mar. 01 janv. 2008, 15:37

L'article ci-dessus de La Croix tranche avec le ton infiniment plus "réservé" adopté par la diplomatie vaticane dans sa réaction officielle :
Benoît XVI et le président Sarkozy: communiqué du Vatican

Communiqué de presse (20.12.2007)

Ce matin, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a reçu en audience le Président de la République française, Son Excellence Monsieur Nicolas Sarkozy.

Ensuite, a eu lieu une rencontre avec Son Éminence le Cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d’État de Sa Sainteté, qui était accompagné de Son Excellence Monseigneur Dominique Mamberti, Secrétaire pour les Relations avec les États.

Les entretiens cordiaux ont permis de passer en revue quelques thèmes d’intérêt commun relatifs à la situation actuelle du pays, en soulignant les bonnes relations qui existent entre l’Église catholique et la République française, ainsi que le rôle des religions, en particulier de l’Eglise catholique, dans le monde.

Une attention particulière a été portée à la situation internationale, concernant l’avenir de l’Europe, les conflits du Moyen Orient, les problèmes sociaux et politiques de certains pays africains et le drame des otages.

Au terme des conversations ont été échangés des vœux à l’occasion des prochaines fêtes de Noël et du nouvel An.

[01842-03.01] [Texte original: Français]
:arrow: Source : Bureau de Presse du Saint-Siège

Voir également l'article de Zenit : http://www.zenit.org/article-16914?l=french
Dernière modification par Christophe le mar. 01 janv. 2008, 16:25, modifié 2 fois.
Raison : Ajout de la date et de la source "officielle" du communiqué.

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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Sapin » mar. 01 janv. 2008, 16:40

Le communiqué ci-dessus fait mention de l'agenda du pape au cours de cette journée du 20 décembre 2007, où il reçut en audience le Président de la République Française. Ce n'est malheureusement pas une réaction officielle de la diplomatie vaticane puisque ce communiqué ne mentionne pas le passage et le discours à la cathédrale du Latran en soirée du Président. Les réactions officielles sont mentionées dans l'article du journal La Croix qui tient ses source de Radio-Vatican et de l'Osservatore Romano et de VIS, organes officielles pour diffuser les réactions issues de la Secrétairerie d'État.

Comme le démontre également l'article du journal La Croix, le pape prépare une visite pastorale mais aussi diplomatique en France au cours de cette année 2008. Les réactions du Vatican doivent donc aller dans ce sens. Le discours du Président Sarkozy au Latran, s'inscrit dans cette «préparation de la visite» puisqu'il vient officiellement inviter le pape en France pour les célébrations à Lourdes. Le Président dans son discours répond à des questions que le Saint-Siège lui a probablement posées avant sa visite à Rome et qui concernaient la laïcité. Donc la suite sera à voir et à entendre lors de la visite du pape en France cette année.

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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Christophe » mar. 01 janv. 2008, 17:51

Cher Sapin

J'avoue que je vous trouve quelque peu "opiniâtre" sur ce sujet...
Les réactions officielles sont mentionées dans l'article du journal La Croix qui tient ses source de Radio-Vatican et de l'Osservatore Romano et de VIS, organes officielles pour diffuser les réactions issues de la Secrétairerie d'État.
Etant sauf votre respect, l'article de La Croix que vous avez reproduit ne mentionne aucune "réaction officielle" !

Dans cet article, seul les propos du le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, interrogé par le quotidien catholique Avvenire sont rapportés : « Rarement, dans le passé, il y a eu un chef d’État français qui a présenté l’héritage spirituel du pays de manière aussi claire et explicite ». Sauf sa nationalité française, je ne suis pas convaincu que le cardinal Tauran ait un quelconque titre pour exprimer une position officielle sur la visite du Président Sarközy ou son discours. Il faut donc prendre cette réaction pour ce qu'elle est.

Mais si vous avez eu écho de réactions sur Radio-Vatican, l'Osservatore Romano ou VIS, qui sont les "organes officiels pour diffuser les réactions issues de la Secrétairerie d'État", ne vous privez pas de nous les faire connaître...
Donc la suite sera à voir et à entendre lors de la visite du pape en France cette année.
Oui, attendons de voir... ce serait plus sage !

Il me semble que nous pouvons en terminer là au sujet des "réactions officielles" suite à la visite et au discours de N. Sarközy. Nous allons pouvoir en discuter le contenu...

Bien à vous dans le Christ
Christophe
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Re: Nicolas Sarkozy en visite au Vatican avec Jean-Marie Bigard

Message non lu par Sapin » mar. 01 janv. 2008, 20:30

Cher Christophe,

La question ici, cher ami, n'est pas d'être opiniâtre, mais de bien relater les réactions et les faits du côté de l'Église, et également les réactions du clergé français qui peuvent orienter, jusqu'à un certain point les conséquences à venir concernant les lois de la laïcité en France. Je ne crois pas que le clergé ira sonder l'opinion publique pour s'intéroger sur la position à prendre ou ne pas prendre sur un discours présidentiel au Vatican, nous ne sommes pas en politique ici, mais bien plutôt d'être guidé par l'enseignement de l'Évangile et du Magistère. Si le Cardinal Jean-Louis Tauran, du clergé français, intervient comme porte parole officiel pour le Vatican, c'est qu'il a probablement eu un rôle à jouer dans la préparation de la venue du président au Vatican et peut-être également conseiller le président dans la rédaction de son discours. Les choses au Vatican ne sont jamais improvisées ou approximatives et cela des deux côtés.

Les relations diplomatiques du Vatican sont loin d'être de simples rencontres de courtoisie comme c'est le cas avec la reine d'Angleterre. Ceci laisserais sous entendre que le Vatican pense seulement à s'amuser et à nourrir un certain «entertainment» avec les chefs d'États. La diplomatie Vaticane est beaucoup plus sérieuse que ça, et les portes paroles qui y sont dépêchés devant les médias seront nécessairement des cardinaux puisque leur statut leur confère une responsabilité importante non seulement dans le gouvernement de l'Église, mais c'est eux qui conseillent le pape. Lorsqu'un cardinal prend la parole au Vatican c'est qu'il a eu nécessairement l'autorisation de le faire, et il n'est pas impératif que ce soit le cardinal Secrétaire d'État, même si sur un point le dossier qui concerne la diplomatie ou les relations du Vatican avec un autre État.

En plus, le fait que ce soit le Cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qui est le porte-parole pour le Vatican et compte tenu de sa fonction, ceci devrait allumer quelques lumières sur une position catholique à prendre concernant ces défis importants surtout en ce qui concerne la cohabitation avec les autres religions sans se sentir menacé pour autant. Comme je l'ai déjà dit, les catholiques américains sont le meilleur exemple actuel et qui plus est le catholicisme connait une montée fulgurante au États-Unis en ce moment. Je considère qu'il est plutôt sain pour l'Église et pour la politique en général d'avoir un débat d'idées sur le sujet plutôt que de vouloir orienter un sujet vers ce que nous appelons aujourd'hui la pensée unique. Ce qui est néfaste non seulement pour de futures orientations pastorales concernant la catholicité d'un pays mais également pour la démocratie en général.

Bien à vous in Maria Virgine

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