.Pati a écrit :Il y a quelques jours, j'avais créé un fil de discussion au sujet de deux lettres.. je n'ai pas eu beaucoup de temps pour revenir et à mon retour, j'ai vu que le fil avait été stoppé. En effet, la discussion est partie en vrille, si j'ose dire.. bref, je n'ai pas pu écrire ce que j'aurais voulu, mais bon.. cela n'est pas si grave..
Par contre, je pense qu'il serait judicieux d'avoir une petite pensée pour ce soldat parachutiste qui vient de mourir au combat..
Il mérite un fil de discussion à lui tout seul, il me semble.. On nous dit qu'il y aurait 62 soldats tombés en Afghanistan, mais dans ce nombre, les blessés ne sont pas comptés.. les morts par accident non plus..
C'est une véritable catastrophe qui est en train de s'abbattre sur des êtres humains dans cet endroit du monde..
une pensée pour tout ceux qui sont là bas. qui souffrent, et qui meurent
Pati
Merci Pati pour lui et sa famille.
En effet notre 62ème soldat français a été tué samedi lors d'un accrochage avec des insurgés afghans. Il avait été déployé en Afghanistan depuis mi-mai. Ce militaire parachutiste 1ère Classe Florion Morillon 20 ans, célibataire, était originaire des chasseurs parachutistes de Pamiers en Ariège. Né le 7 Octobre 1989 (Isère) il s'était engagé pour 5 ans en Juin 2008 au titre des troupes aéroportées au 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RPC) de Pamiers dans l'Ariège. Il était en mission de reconnaissance dans la province de Kapisa . En milieu d'après-midi, une patrouille à pied, qui évoluait à hauteur du village de Shatoray, au Sud Ouest de la vallée de Bédraou, a été engagée par des insurgés. Grièvement blessé dans les combats, Florian Morillon a été immédiatement évacué en véhicule blindé vers le poste de combat 52 (COP 52) qui se trouve à proximité, puis par hélicoptère vers l'hôpital militaire français de Kaboul (Roll 3) où il est décédé des suites de ses blessures. Il avait pour mission d'oeuvrer au sein de la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité. Cette force, mandatée par l'ONU, pour contribuer au retour de la stabilité, et au rétablissement de la paix et au développement en Afghanistan.
Nous prions pour lui, sa famille dans la douleur, et les frères d'armes de son régiment.
2 Juin 2011 : Rappel du Général Hervé CHARPENTIER - Hommage à nos militaires
En Afghanistan, en Afrique, partout où je rencontre nos soldats en opération, je croise de jeunes héros. Ils sont bien de notre temps, mais vous les côtoyez souvent sans les voir, car ils ressemblent banalement à tous ces jeunes de France, qui vivent dans nos villes et nos campagnes.
Ni lansquenets, ni bêtes de guerre, ils sont vos enfants, vos voisins, et aussi des jeunes filles et de jeunes mamans que l'on reconnaît mal sous le casque et le gilet pare-balles.
Beaucoup ont une famille, qui partage ce métier sans l'avoir choisi, au gré des mutations et des absences, sans espérer grand-chose en retour, sinon la considération et le soutien de leurs concitoyens, quand un drame survient.
Ils portent les armes de la cité en votre nom, et chaque jour s'en servent, où vous les envoyez. Car leur métier est bien la guerre, même si pour bien en mesurer le coût, ils chérissent plus que tout la paix...
Ils acceptent de payer le prix du sang, l’épreuve de la blessure. Mais, disent-ils, s'ils deviennent invalides, alors que ce soit "de guerre". Leur plus grande crainte est d’être un jour, regardés comme des victimes, maladroites ou incompétentes, qu'on aurait bernées dans une mauvaise aventure... Car même au fond d'un lit d’hôpital, leur silence et celui de leurs proches ne doivent pas faire oublier qu'ils sont fiers et soucieux de leur honneur.
Ils croient que la mission est sacrée, et qu'une vie peut lui être consacrée. Ils savent confusément qu'il n'est pas inique que l'individu se donne, corps et âme, à la collectivité. Ils y verraient même une certaine noblesse, ou un trait qui les distingue et les grandit, et c'est pour cela qu'ils ne sont pas des mercenaires. Mais ils le deviendront quand la cité ne les reconnaîtra plus pour cette singularité !
Les soldats ont le tort d’être pudiques, quand il faut se vendre. Celui de ne pas être compris, parce qu'ils s'expliquent trop peu, se réfugiant dans un silence qui préserve les familles et évite les malentendus.
Il est si difficile de témoigner de nos épreuves sans le recul du temps !
Mais quand bien même ils parleraient, pourquoi écouterait-on, quand rien n'y oblige, ceux qui finalement incarnent le tragique de la vie ? La mort leur colle à la peau alors que la société l'a rayée de son quotidien.
Pourtant, il n'est de héros sans légende.
Et il suffirait ici de dire les faits, dans leur brutale simplicité. De considérer qu'en dehors de toute option politique le sacrifice d'un jeune Français pour les siens est une valeur en soi digne d'intérêt.
Qui pourrait le faire, sinon les médias ? A de rares exceptions près - quelques émissions tardives, et d'excellents articles, si l'on cherche bien - c'est plutôt le silence qui règne, toujours moins cruel cependant que les quelques mots qui expédient nos pertes - chaque semaine - entre page judiciaire et météo du lendemain.
Alors quoi, finalement ?
Notre société, si évoluée avide de libertés et de loisirs, a-t-elle encore besoin de héros, et de légendes ?
Chacun connaît la réponse. Les jeunes Français sont capables de donner vingt noms de footballeurs et chanteurs en tout genre devenus icônes de leur quotidien en délivrant le message de la célébrité et de l'enrichissement.
Combien d'individus qui - quel que soit leur métier - ont choisi de consacrer leur vie aux autres ?
Ces gamins de 20 ans qui offrent leur vie quand la République le demande mériteraient cette reconnaissance !
Mais ils ne font pas fortune. J'ai la faiblesse de croire qu'ils constituent cependant la plus précieuse de nos richesses, toute d’humanité, de chair et de sang.
Nous aurons toujours besoin de ces jeunes hommes et femmes pour ce métier de soldat, qu'aucune machine ne fera à leur place. Qui peut croire que la guerre devienne un jour l'affaire de robots commandés à distance par les « riches », contre des « pauvres » à la poitrine nue ?
Aucune démocratie ne le supporterait. Les hommes sont condamnés à rester l'instrument premier du combat. Mais en trouvera-t-on encore longtemps pour porter nos armes ?
Rien n'est moins sûr, si nous continuons à ignorer l'histoire de nos héros, qui est aussi celle de notre pays s’écrivant sous nos yeux. Rien n'est moins sûr, si la nation n'y reconnaît pas ses fils et persiste à refuser une considération qu'ils n'osent même plus solliciter, dans la cacophonie de ceux qui exigent tout et n'importe quoi.
Une société "fabrique" ses défenseurs en leur offrant une place et une reconnaissance particulières. Elle génère, au sens propre, les volontaires qui feront le choix des armes malgré des contraintes exorbitantes. Un choix rationnel, qui n'est pas seulement la réponse à l’irrésistible appel d'une vocation.
Prenons garde que ces volontaires ne deviennent les victimes silencieuses d'un pays qui ne se rappellerait plus ni leur mérite, ni leur utilité, ni même d'avoir un jour exigé leur sacrifice. Nous ne les trouverions simplement plus.