Cinci a écrit : ↑ven. 12 juil. 2019, 15:09
Kérygme,
Excusez-moi de vous déranger ...
Bonjour Cinci,
N'hésitez pas, cela était toujours un plaisir d'échanger avec vous sous mon ancien pseudo.
Cela pourrait vous étonner mais je suis d'accord avec vos arguments. J'exprime ma position, je délivre et je défends les miens sans prétendre que j'ai la vérité absolue, même si je peux paraître le faire avec passion par moments.
Mais dans toutes position personnelle il y a souvent un vécu, un passif, il ne faut pas l'oublier non plus et donc l'induire par défaut dans les arguments d'autrui. Le mien c'est d'avoir été bénévole Caritas auprès de l'administration pénitentiaire (ce qui est amusant avec vos exemples c'est que j'ai aussi été militaire).
Ce que j'y ai vu, ce que j'y ai entendu m'a profondément touché. Je sors de la peine en elle même, les personnes ont fait des bêtises elles en paient le prix c'est une forme de justice et je n'ai rien contre. Mais j'ai vu aussi des personnes injustement enfermées, ou en préventive (puisque c'était une maison d'arrêt) et relaxées après quelques mois. Ayant été conspuées, licenciées, avoir perdu biens et dignité (le "il n'y a jamais de fumée sans feu"). Et c'est terriblement marquant, humainement.
Aussi pour revenir au sujet de le peine de mort, vous avez relevez, et je vous en remercie, que je n'y étais pas opposé au sens qu'elle était un droit pour la société ce à quoi j'exprimais que je n'étais pas d'accord pour autant, mais ce n'est que mon avis personnel.
La vraie question qui se pose pour moi, c'est que la peine de mort - dans l'état actuel de la législation - ne devrait pas être réinstaurée. Faut-il donc extrapoler ou vivre dans le regret de ce qui a été et ne sera plus ? Poser des jugements terribles dans une certaine ignorance (la douleur de ceux qui accusés injustement ont tout perdu, et le cas du condamné à mort innocent est pour moi son paroxysme) plutôt que de s'adapter à cette situation sociétale et proposer des solutions concrètes, adaptées à notre société et ce , de façon chrétienne ?
Car si comme le prétendent certains, nous n'avons ni rôle à jouer, ni avis à émettre alors si la peine de mort était réinstaurée un jour je ne peux m'empêcher de penser, non pas à une utopie, mais à un fait historique qui s'est déroulé : le régime de la terreur. Voilà ce que pourrait (re)donner la peine de mort sans l'influence chrétienne. Il y a donc un paradoxe en disant, j'extrapole un peu, nous sommes pour la peine de mort mais on ne veut pas influencer la société pour la restaurer.
Et si elle ne devait pas être restaurée, faut-il la regretter ? Je suis désolé mais si la peine de mort a pu dissuader, elle n'a pas en rien éradiqué. Donc dire que la peine de mort solutionnera en partie la criminalité me semble, là encore, utopique. Si je reprends la cas des USA, la peine de mort semble t-elle être si dissuasive ou limiter la criminalité ? Je ne le crois pas, ou si c'est le cas cela reste dans l'ordre de la préméditation, hors beaucoup de criminels de sang y sont par impulsivité, des passions non tenues (violence, gain rapide, jalousie etc). Et de toute façon celui qui prémédite se croit plus malin que la police ou la justice, jusqu'à preuve du contraire c'est donc qu'en amont son effet est très limitatif.
Hors dans mon raisonnement c'est là qu'il faut agir plutôt qu'aiguiser les guillotines. Et la morale naturelle qui serait éclairée par la morale chrétienne tient bien mieux les passions que la perspective de la peine de mort. Si je veux simplifier au maximum, c'est en rendant aux prisonniers un éclairage chrétien que vous les aiderez plus efficacement à lutter contre leurs passions (et les aumôniers de prison que je connais en parleraient bien moins maladroitement que moi). Il ne faut pas oublier que si on croit en Dieu, on croit en ce qu'il nous dit et qu'il existe un autre qui pousse derrière en ce sens ! Et rendre présent Dieu en quelqu'un c'est en chasser le diviseur, et là ou le mal recule alors le bien avance.
Voilà à quoi me pousse ma foi, je peux me tromper, je peux être dans un certain irréalisme mais c'est en toute sincérité et honnêteté. En regardant Dieu d'abord, et non pas l'aspect gênant que me causerait personnellement la criminalité et à laquelle je voudrais trouver une solution radicale. Dans l'immédiateté, à l'image du monde moderne qu'on critique pourtant.
Alors ne croyez pas non plus que je sois fleur bleue, je suis bien moins dans cette position envers les multirécidivistes. Cependant avant de poser une conclusion trop hâtive, je m'efforce d'essayer de voir ce que Dieu voudrait nous dire au travers des faits réels de nos vies.
Cordialement.