Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)
Cinci
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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Cinci » jeu. 28 févr. 2013, 15:36

Le monde est le monde. Le visage du monde n'est pas celui de la Jérusalem céleste. Un chrétien (imparfait lui-même) peut s'attendre aussi à être en bute à de l'hostilité, de l'adversité et du rejet. Il n'est pas «anormal» que le monde puisse faire résistance. C'est notre cas à nous aussi.

Le texte suivant est très beau en premier lieu :


  • Au messager de la communauté d'Éphèse, écris :
    Il dit ceci, celui qui tient ferme
    les sept étoiles dans sa main droite,
    celui qui marche au milieu des sept lampadaires d'or.

    Je connais tes oeuvres, ton labeur, ta résistance. Je sais
    que tu ne peux supporter les méchants et que tu as
    éprouvé ceux qui se prétendent envoyés mais ne le sont
    pas et tu as trouvé en eux des menteurs; et tu résiste et
    tu as supporté à cause de mon nom et tu ne t'es pas lassé.
    Mais j'ai contre toi : ton amour, le premier, tu l'as abandonné.
    Rappelles-toi donc d'où tu es tombé, fais retour, reprends tes
    premières oeuvres; sinon, je viens contre toi et j'ôterai ton
    lampadaire de son lieu si tu ne fais pas retour [...]

    Au messager de la communauté de Smyrne, écris :
    Il dit ceci, le Premier et le Dernier,
    qui fut mort et qui vit.

    Je connais ton oppression et ta pauvreté - mais tu es riche -
    et je sais le blasphème de ceux qui se prétendent juifs et ne
    le sont pas, eux qui sont la synagogue de l'Adversaire.
    Donc, ne crains plus ce que tu vas souffrir. Voici : le Diviseur
    va jeter certains d'entre vous en prison pour que vous soyez
    mis à l'épreuve, et vous serez opprimé pendant dix jours.
    Deviens fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne
    de vie.

    Qui a des oreilles, qu'il écoute ce que le Souffle dit aux com -
    munautés; le vainqueur, jamais la seconde mort ne l'atteindra.

    Au messager de la communauté de Pergame, écris :
    Il dit ceci, celui qui détient
    le glaive acéré à double tranchant.

    Je sais où tu habites, là où se trouve le trône de l'Adversaire;
    et tu gardes mon nom, et tu n'as pas renié ma foi, même aux
    jours d'Antipas, mon témoin, mon fidèle, lui qui a été tué chez
    vous [...]

    Fais donc retour; sinon je viens vite contre toi et je leur ferai
    la guerre avec le glaive de ma bouche.

    [...]

    Au messager de la communauté de Laodicée, écris :
    Il dit ceci, l'Amen,
    le témoin fiable et véridique,
    le principe de la création de Dieu.

    Je connais tes oeuvres; tu n'es ni chaud ni froid; il vaudrait mieux
    que tu sois chaud ou froid. Ainsi, puisque tu es tiède et ni chaud
    ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Parce que tu dis : Je suis
    riche et je me suis enrichi, je n'ai besoin de rien et que tu ne sais
    pas que tu es malheureux, oui, pitoyable et pauvre et aveugle et
    nu, je te conseille d'acheter chez moi de l'or épuré au feu afin que
    tu t'enrichisses, ainsi que des vêtements blancs pour t'en couvrir
    et que ne soit pas manifestée la honte de ta nudité, et aussi un
    onguent pour enduire tes yeux afin que tu voies. Moi, tous ceux
    que j'aime, je les corrige et les éduque. Demeure donc ardent
    et fais retour.

    Voici : je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma
    voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je dinerai avec lui et
    lui avec moi.

    Au vainqueur, j'accorderai de siéger avec moi sur mon trône,
    comme moi aussi j'ai vaincu et je siège avec mon Père sur son
    trône. Qui a des oreilles, qu'il écoute ce que le Souffle dit aux
    communautés.»

    Apocalypse


Je sais où tu habites, là où se trouve le trône de l'Adversaire;
et tu gardes mon nom, et tu n'as pas renié ma foi ...

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Cinci » jeu. 07 mars 2013, 18:08

Bonjour,

Vous habitez où est le trône de l'Adversaire, Gyrovague. Vous ne devriez pas être trop étonné de la combine gauche-droite pouvant contrecarrer un peu des projets de société idéale d'après les penseurs de l'Église. On serait particulièrement bien amer quand on serait déçu pour vrai d'un candidat ou d'un parti. Mais de François Hollande ? des ministres de son parti ?

Autant être fortement déçu du parti islamiste du progrès quand ce dernier ne voterait pas pour l'obligation du repos dominical ou en faveur de l'installation de décorations de Noël au parlement.

Enfin

Il faudrait savoir à quoi tient votre colère contre les socialistes. Les accusez-vous d'un manque de transparence ? de ne pas représenter les Français ?

Amicalement,
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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Cinci » sam. 09 mars 2013, 3:31

Ah ! d'accord.

Mais remarquez que vous auriez pu être en colère aussi, Gyrovague. Ce n'est pas plus mal quand il peut y avoir de bonnes raisons pour cela. Oui, mais à condition qu'il puisse y avoir de bonnes raisons. C'est pour cela que je demandais.

[...]

M'enfin, là, vous diriez que «la guerre à l'encontre de l'Église» serait déclarée d'une manière unilatérale (je le présume) par la jeune garde du parti socialiste. Alors plutôt qu'une colère, faudra-t-il parler davantage d'une frustration à l'idée que les chrétiens puissent faciliter la tâche aux destructeurs ? Vous craignez que les gens ne mesurent pas assez le degré de gravité de l'offensive en cours ?

Merci d'avoir pris le temps d'expliciter un peu votre point de vue, déjà, puis quant à cette dynamique qui vous tient un peu pour le moment. Je sais que des fois c'est un peu pénible de s'arrêter pour expliquer.

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Invité » ven. 05 avr. 2013, 15:54

Pas avec tout le monde, apparemment :


http://www.yahou.fr

Toujours englué dans l'affaire Cahuzac et plus que jamais invité à procéder à un remaniement ministériel par l'opposition, François Hollande fait face et a poursuivi jeudi 4 avril sa visite officielle au Maroc. Une dernière journée chargée à Rabat aux côtés de la désormais très discrète mais très élégante Valérie Trierweiler. Après le somptueux dîner de la veille aux côtés du roi Mohammed VI et la princesse Lalla Salma, le président était attendu vers 10h30 pour un entretien avec le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane, Karim Ghellab, le Président de la chambre des représentants Karim Ghellab et le Président de la chambre des conseillers Mohammed Cheikh Biadillah.

Vers 11h45, François Hollande a ensuite prononcé un discours devant le Parlement à Rabat. La journée du président a ensuite été marquée par une visite du mausolée de Mohammed V. Très élégante, Valérie Trierweiler portait un voile autour du visage. La Première dame avait opté pour du bleu marine, tandis que la toujours ravissante Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, portait un voile noir et une écharpe rose. Toujours solidaires, les deux femmes ont par ailleurs aussi rendu visite à une association de défense des femmes dans la capitale marocaine.

Durant cette journée chargée, François Hollande a également rencontré des étudiants à l'Université internationale de Rabat puis échangé avec Serge Berdugo, président de la communauté israélite marocaine, et Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France. Pour clôturer son voyage officiel, le chef de l'Etat a ensuite tenu une conférence de presse à la Bibliothèque nationale de Rabat durant lequel il a vivement remercié le roi Mohammed VI pour l'accueil reçu avant d'aller à la rencontre de personnalités de la société civile aux alentours de 18h.

Retrouvez cet article sur purepeople.com

Valérie Trierweiler et François Hollande : Dîner au Maroc pour oublier la crise
Obsèques de Jean-Marc Roberts : Valérie Trierweiler, Edouard Baer en deuil
Valérie Trierweiler : ''Il paraît que j'ai un fils en prison au Canada''
François Hollande avec Valérie Trierweiler et Anne Sinclair au dîner du Crif

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Christophe » mer. 29 mai 2013, 15:56

F. Hollande a écrit :Parce qu'il y a un sens, qu'il faut toujours rappeler, de ces mots-là.
Faut-il lui rappeler le sens du mot mariage ?
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par levergero78 » ven. 31 mai 2013, 16:59

Certes oui, cette intervention -que j'ai écoutée en direct- du député D. BORD est excellente en tous points et tellement juste, de même que la réaction qui a suivi du président de l'assemblée est exécrable et hors propos. Celui-ci a la mémoire courte et semble oublier toutes les injures et insultes que les députés socialistes, Eyrault en tête, ont débité sans arrêt contre le président Sarko lors de la précédente législature !

J'ai bien ri de la déclaration énumérative de Bord...
http://jean-paul.vefblog.net

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Cinci » mer. 05 juin 2013, 22:22

Suggestion de lecture :

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/04/BULARD/48964
(article intéressant du Monde Diplomatique d'avril 2013, no 709, p. 8 cf «Un an de présidence socialiste»)

http://www.lekiosk.com/article-1609774- ... t-nom.html
(article du Nouvel Observateur, 23 mai 2013, p. 62, cf le point de vue d'Alain Badiou)



Illustration :

«... en 2007, il s'agissait de dire que l'élection de Nicolas Sarkozy marquait la fin du duopole gaullisme-parti communiste qui organisait la vie politico-parlementaire française depuis la Libération. Le PCF n'avait pas vraiment survécu comme force dominante, à l'effondrement de l'Union soviétique. Le gaullisme avait pris avec Chirac une forme molle et usée. Sarkozy ouvrait une nouvelle ère, celle du banditisme politique explicitement dénué de tout principe. Hollande, lui, fonctionne de façon exactement inverse : il ne romp avec rien du tout ni ne commence quoi que ce soit. Il poursuit la même politique sous une allure plus policée : un sarkozysme à visage humain. La seule mesure significative, de portée proprement politique minime, est le mariage des homosexuels. Pour le reste, il est incapable d'imposer la séparation des activités des banques et poursuit la politique d'allégement des coûts pour les entreprises malgré la rigueur budgétaire. En matière de sécurité, il n'a abrogé aucune des lois scélérates de Sarkozy (sur la récidive des mineurs, sur l'internement préventif des malades mentaux, sur le voile ...) Son action européenne poursuit la logique d'alignement sur les normes du néolibéralisme. Quant à l'intervention au Mali , elle a montré que sa politique internationale restait dominée par le néo-impérialisme à prétexte «démocratique» de son prédécesseur. Le bilan est donc très exactement nul. Hollande ne tient aucune de ses promesses de rupture - comme lorsqu'il nous avait expliqué que son adversaire, c'était «la finance» ...

La gauche est-elle vouée à décevoir ?

Qu'est-ce, depuis fort longtemps, que la gauche ? C'est la force politique qui, dans l'opposition, multiplie les promesses de «changement» et qui, une fois au pouvoir, met en place une didactique de l'impossibilité de tenir ces promesses. Ce revirement systématique est ce que la gauche appelle «être responsable», être «un parti de gouvernement». Mitterand avait tenu quelques engagements (nationalisations, abolition de la peine de mort) avant d'entrer dès 1983 dans la pédagogie du renoncement. Dans un propos rapporté par Attali, il disait : «On devrait faire comme Lénine, tenir notre programme, mais c'est impossible.» Hollande pousse la logique à son terme : aussitôt élu, sans même s'embarrasser de quelques forts symboles, il a expliqué qu'il ne pourrait pas tenir ses promesses. S'il faut lui donner un nom, appelons-le : «Mais ... c'est impossible».

Pourrait-il renoncer à faire des promesses ?


Dans une démocratie parlementaire, la gauche a pour fonction d'être le parti de la promesse. C'est indispensable pour avoir deux partis, donc des élections «démocratiques». Les électeurs de la droite attendent qu'elle gère l'état des choses, et non qu'elle le change. Génération après génération, il faut donc un parti qui fasse des promesses - pour que nous soyons «en démocratie» - et ne les tienne pas - pour que nous restions captifs du capitalisme mondialisé. [...]»



Source : Les débats de l'Obs, «De quoi Hollande est-il le nom ? Pour le philosophe, le nouveau président pousse à l'extrême la logique du PS depuis trente ans : faire des promesses, puis expliquer qu'elles sont impossibles à tenir. Un entretien avec Alain Badiou.», Le Nouvel Observateur, 23 mai 2013, no 2533, p. 62

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Antonio Gramsci, une analyse qui tient toujours

Message non lu par Cinci » jeu. 06 juin 2013, 18:54

Une entrée en matière, pour complémenter ''possiblement'' la sauce hollandaise :

http://www.contretemps.eu/lectures/lire ... uel-didier

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/05/BRUNO/49089


À comparer avec :

«... la concurrence, cependant, isole les individus et crée le système du «struggle for life» : les individus isolés ne forment une classe que pour autant qu'ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe; pour le reste, ils se retrouvent ennemis dans la concurrence (Il materialismo storico e la filosofia di Benedetto Croce, p.13)

Le régime libéral

La société civile et la société politique se distinguent d'abord par leurs fonctions respectives : fonction d'hégémonie pour la première, fonction de domination pour la seconde.

La fonction de domination se caractérise par l'imposition de normes et par l'emploi de la force ou par la possibilité d'utiliser des moyens de coercition. L'imposition de normes s'exprime par un système de lois auxquels l'individu doit se soumettre. Les moyens de coercition disponnibles sont l'armée, la police, la prison, etc.

La fonction hégémonique s'exerce essentiellement au niveau de la culture ou de l'idéologie. C'est la fonction par laquelle une classe obtient le consentement, l'adhésion ou l'appui des classes subalternes. C'est la fonction par laquelle une classe se pose comme avant-garde et dirigeante de la société avec le consentement des autres classes sociales. Pour devenir dirigeante, une classe doit convaincre l'ensemble des autres classes qu'elle est la plus apte à assurer le développement de la société. Elle doit diffuser sa conception de la vie, ses valeurs, etc., de telle sorte que l'ensemble des groupes sociaux y adhèrent, du moins ne les rejettent pas globalement. Elle doit convaincre : elle ne peut pas imposer à une classe sociale de penser comme elle-même. L'idéologie n'est pas le domaine de la force, mais celui du consentement. Cependant, il est vrai que si la classe dominante s'organise pour contrôler tous les moyens de diffusion et pour empêcher toute contestation, elle impose par le fait même son idéologie : nous y reviendrons. Mais l'idéologie en tant que telle est le lieu du choix.

On n'insiste pas assez sur le fait que, dans le régime libéral, les moyens de législation et de répression sont contrôlés entièrement par l'État tandis que la fonction hégémonique est assurée par les organismes «privés». Aussi, lorsque l'on affirme que la classe dominante contrôle et organise l'État avec l'assentiment des gouvernés, il ne faut jamais oublier que cet assentiment est obtenu, non par le contrôle de l'État, mais par l'intermédiaire des organismes privés de cette classe.

Le gouvernement avec le consentement des gouvernés, mais avec le consentement organisé, non générique et vague tel qu'on l'affirme dans le moment des élections : l'État a et demande le consentement, mais il «éduque» également ce consentement par des organismes privés, laissés à l'initiative privée de la classe dirigeante. ( Note sul Machiavelli, sulla politica e sullo stato moderno, p.128)

C'est ainsi que Gramsci distingue deux structures régionales au sein de la superstructure :
  • On peut pour le moment établir deux grands étages dans la superstructure, celui que l'on peut appeler l'étage de la société civile, c'est à dire de l'ensemble des organismes vulgairement dits privés, et celui de la société politique ou de l'État.

    Ils correspondent à la fonction d'hégémonie que le groupe dominant exerce sur toute la société, et à la fonction de domination directe ou de commandement qui s'exprime dans l'État et dans le gouvernement juridique (Gli Intellectuali e l'organizzatione della cultura, p.9)

Les intellectuels sont les commis du groupe dominant pour l'exercice des fonctions subalternes de l'hégémonie sociale et du gouvernement politique, c'est à dire : 1) de l'accord «spontané» donné par les grandes masses de la population à l'orientation imprimée à la vie sociale par le groupe fondamental dominant, accord qui nait historiquement du prestige qu'a le groupe dominant (et de la confiance qu'il inspire) du fait de sa fonction dans le monde de la production; 2) de l'appareil de coercition d'État qui assure légalement la discipline des groupes qui refusent leur accord tant actif que passif : mais cet appareil est constitué pour l'ensemble de la société en prévision des moments de crise dans le commandement et dans la direction, lorsque l'accord spontané vient à faire défaut (Oeuvres choisies, p. 436)

[...]

L'État est conçu comme l'organisme propre d'un groupe, destiné à créer des conditions favorables à la plus grande expansion du groupe lui-même; mais ce développement et cette expansion sont conçus et présentés comme la force motrice d'une expansion «universelle», d'un développement de toutes les énergies coordonné concrètement avec les intérêts généraux des groupes subordonnés et que la vie de l'État est conçue comme une formation continuelle et un continuel dépassement d'équilibres instables (dans les limites de la loi) entre les intérêts du groupe dominant et ceux des groupes subordonnés, équilibres où les intérêts du groupe fondamental l'emportent, mais jusqu'à un certain point [...]

Ainsi pour que la classe dirigeante puisse présenter l'État comme l'organisme du peuple entier, il faut que cette représentation ne soit pas entièrement fausse; il faut que l'État prenne en charge certains des intérêts des groupes dominés.

Les lois ont pour fonction d'acquérir par la coercition ce que la classe dominante ne peut obtenir par le consentement. Ces lois imposent certains modes de comportement, certaines valeurs. Si elles correspondent aux nécéssités posées par le développement des forces productives, il peut arriver un moment où ces lois soient intériorisées par les individus et deviennent coutumes, c'est à dire que la coercition se transforme en consentement, la force en idéologie : cette transformation repose, selon Gramsci, sur les mêmes bases que la conversion en habitudes des contraintes imposées à l'enfant par les parents.»

Source : Jean Marc Piotte, La pensée politique de Gramsci, Lux/humanité, 2010, 280 p.; les chapitres 7 et 8



Le régime libéral pourrait peut-être se comparer à une sorte de despotisme éclairé, mais un despotisme éclairé qui se piquerait de vouloir instruire les gouvernés, au point de finir par obtenir par choix l'accord du plus grand nombre. L'aspect despotique provient du fait que ce n'est pas n'importe quel individu qui peut avoir le contrôle de l'agenda et du programme des partis politiques. Le véritable pouvoir décisionnel est dans les mains du groupe relativement restreint pouvant déterminer ce qui serait possible ou de faire ou pas. Ce ne sont pas les citoyens qui décident, non pas les électeurs. Ces derniers sont réduits à ne représenter en bloc qu'une sorte de chambre d'enregistrement de décisions dictées et dictables par d'autres (ex : la classe des ''amis'' de Warren Buffet aux É.-U.)

On comprend bien ainsi pourquoi les référendums populaires sont sans effets, si ce qui s'exprimerait là-dedans contrevient aux intérêts réels du groupe dirigeant. On comprend pourquoi le vote populaire en Suisse aura pu générer à découvert une si formidable réaction d'hostilité dans la techno-structure, un vilain ébranlement d'ordre mental. Il y avait là un geste politique qui, sur le plan symbolique, correspondait à un congédiement de l'idéologie dominante actuelle

De Karl Marx :

«... les pensées de la classe dominante sont aussi à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l'un dans l'autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumis du même coup à cette classe dominante.» ( L'idéologie allemande, p. 74)

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par levergero78 » mar. 23 juil. 2013, 8:52

Oui, cet homme est un menteur invétéré qui renie sans arrêt les déclarations complètement idiotes qu'il a faites pour battre Sarko.

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Christophe67 » mar. 23 juil. 2013, 15:07

La méthode de Mme Taubira pour dénaturer le mariage, par exemple ?
Faut-il lui rappeler le sens du mot mariage ?

Pourquoi aurait-il fallut douter de cela ?

Malgré 3 enfants, notre actuel Président ne s'est jamais "engagé" dans cette voie - seulement en politique - alors comment aurait-il pu défendre ou préserver une valeur en laquelle il ne croit pas ?
Il y a environ 18 mois, j'ai vu un reportage sur Mme Taubira qui vomissait son dégout à l'égard de la France qu'elle jugeait toujours comme une nation colonialiste et nègrière !
Quelle meilleure façon de détruire une chose qu'on hait en agissant de l'intérieur ? Sa nomination pourrait elle aller en ce sens ?
En fait ce n'est pas vraiment eux que je blâme, puisqu'ils agissent conformément à leurs convictions, mais plutôt envers ceux qui les ont mis au pouvoir (les électeurs et ainsi que M. Sarkozy car l'élection de M. Hollande est plutôt la résultante d'un anti- Sarkozysme).


Méditons cette citation de Philippe Bouvard : "La capacité d’oubli du public demeure plus importante que son pouvoir d’indignation. Ainsi s’expliquent la plupart des carrières politiques."

Cordialement.

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par moune984 » ven. 02 août 2013, 15:41

"Pour réformer notre pays, ce n'est pas par la méthode autoritaire, brutale".[/i]

Ben, voyons... :/

La méthode de Mme Taubira pour dénaturer le mariage, par exemple ? :oui:

:boxe: Ha ha! Bien dit! :clap:
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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Cinci » mar. 01 oct. 2013, 21:04

Christophe67,
Il y a environ 18 mois, j'ai vu un reportage sur Mme Taubira qui vomissait son dégout à l'égard de la France qu'elle jugeait toujours comme une nation colonialiste et nègrière !
Il faudrait rajouter un mot là-dessus et même si déjà dit sans doute. Mais le fait de rappeler certaines petites vérités d'une façon légérement différente n'est peut-être pas chose tout à fait inutile non plus.

Colonialisme

«... quand on parle de colonisation dans nos sociétés occidentales (et peut-être encore davantage dans le reste du monde), on sous-entend presque toujours la colonisation par l'Europe d'une grande partie du monde. Généralement, on oublie qu'une partie significative de l'Europe a été colonisée pendant des siècles par l'Empire ottoman, et que cette colonisation a durée beaucoup plus longtemps que celle de l'Europe sur d'anciens territoires de l'Empire ottoman. On oubli aussi que la colonisation est une constante de l'histoire de l'humanité.

[...]

Une fois que l'on fait l'effort de s'arracher au double-miroir déformant que constitue l'européo-centrisme (et que l'on pourrait qualifier d'européo-responsabilité du sous-développement), on s'aperçoit que la colonisation européenne, et surtout celle allant du XVIe au XIXe siècle, ne fut qu'une colonisation parmi d'autres ... En effet, car même si l'on définit la colonisation uniquement par les principales composantes négatives qui sont celles de la colonisation européenne, on peut les retrouver dans de multiples autres empires coloniaux.

Les principales composantes négatives de la colonisation européenne peuvent être regroupées en trois éléments 1) un effort pour imposer - de gré ou de force - aux colonisés la civilisation de la métropole, cela à la fois sous l'aspect religieux et culturel (langue, etc.); 2) l'introduction d'un ensemble de règles qui conduisent à subordonner la vie économique de la colonie aux intérêts de la métropole; 3) une discrimination fondée sur la race, l'ethnie, l'origine ou la religion entre les habitants des colonies, discrimination qui, bien entendu, privilégie la race, l'ethnie, la nationalité ou la religion de la métropole.

On retrouve avec plus ou moins d'ampleur ces éléments de la colonisation dans de multiples empires qui ont précédé l'Empire européen, qu'il s'agisse de l'Empire égyptien (XVIe-XIe siècle avant notre ère), de celui de la Perse (du VIIe au IVe siècle avant notre ère) ou de celui de Rome (du 1er siècle avant notre ère au IVe siècle après), pour ne parler que des principaux empires du bassin de la Méditerranée à l'époque de l'Antiquité. Plus loin de l'Europe, il faut au moins citer les empires chinois et mongol et ceux de l'Amérique précolombienne. Plus proche de notre période, il ne faut pas oublier les empires arabes et ottoman.

Il n'est pas du tout exagéré de penser qu'il s'en est fallu de peu que la colonisation ottomane sur l'Europe ne fût non seulement beaucoup plus longue que la colonisation de l'Europe sur le Moyen-Orient (respectivement plus de quatre siècles et moins d'un siècle), mais aussi beaucoup plus importante territorialement. Ce qui aurait été le cas si, par exemple, Süleyman II, surnommé le Magnifique, avait réussi à conquérir Vienne en 1529, qu'il assiégea pendant quelques mois à la tête d'une armée de 120 000 hommes et d'une artillerie dont le mauvais temps réduisit l'efficacité.

Considérer, par exemple, l'expansion de la culture musulmane ou de la culture chrétienne comme un progrès de la civilisation ou un phénomène de colonisation a longtemps dépendu uniquement du côté de la barrière où l'on se trouvait placé par les hasards de la naissance. Dans la perspective historique, maints aspects de la «civilisation» ne sont en fait que des séquelles coloniales qui, d'ailleurs, se retrouvent des deux côtés de la barrière, les métropoles profitant également des apports de la civilisation des colonies.»


et

«... si, comme nous venons de le voir dans le chapitre précédent, la colonisation est une constante de l'histoire universelle, par un concours de circonstances, où la révolution industrielle a une place privilégiée, la colonisation européenne prendra une extension et une intensité jamais rencontrées auparavant. En fait, il conviendrait mieux de parler de deux colonisations européennes : la première qui commence au début du XVIe siècle et s'achève vers le milieu du XVIIIe siècle, et la seconde qui lui fait suite et s'achève au milieu du XXe siècle.

La première colonisation pourrait être qualifiée de colonisation traditionnelle s'inscrivant dans le schéma millénaire des colonisations. Vers 1760, à l'issue de deux siècles et demi de colonisation traditionnelle, l'Empire colonial européen ne concernait que des territoires dont la population totale était de l'ordre de 27 millions d'habitants, soit moins d'un sixième de celle de l'Europe. Et qui plus est : les neuf dixièmes de ces colonies n'étaient pas colonisées par les deux principales puissance coloniale du XIXe siècle : la France et le Royaume-Uni.

En 1913, même en ne tenant pas compte de la Chine qui était une colonie virtuelle, l'Empire colonial européen comptait 550 millions d'habitants, soit une population représentant 2,7 fois celle de l'Europe.

Cette faible ampleur du domaine colonial à la fin de la période de colonisation traditionnelle de l'Europe et le caractère traditionnel de l'économie européenne antérieure à la révolution industrielle se traduisent ipso facto par un impact économique et social sans commune mesure avec celui de la période ultérieure.

[...]

Si l'on se place à la fin de ce que nous avons appelé la phase traditionnelle de la colonisation, c'est à dire vers le milieu du XVIIIe siècle, le nombre total d'Européens présents dans les colonies peut être estimé à environ 15 000 personnes en Asie et à un chiffre voisin en Afrique, dont près de la moitié en Afrique du Sud. Leur présence en Amérique était plus massive, mais il s'agissait surtout d'Européens installés dans les villes ou les campagnes et non de cadres de la colonisation. »

Source : Paul Bairoch, Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, tome II, pp.548-570



En un mot, la période coloniale intensive correspondant à «une emprise de l'Europe sur le monde» se concentre surtout sur un demi-siècle, entre les années 1890 et 1940. C'est assez bref.

Pour finir, les gens oublient surtout (certains propagandistes hargneux) à quel point le projet colonial européen des années 1890 était porté sur les autels par des parrains du socialisme, du «progressisme» et de l'humanisme. En principe, il s'agissait de se porter au secours des malheureux, des déshérités de la terre, des damnés, des pauvres en haillons victimes impuissantes de famines, de fièvres et d'épidémies diverses; en sus de pouvoir y apporter les bienfaits de la religion. Il serait tout de même exagéré aussi que de vouloir n'y trouver a posteriori que du cynisme du côté de l'opinion publique de l'époque. La colonisation européenne du XIXe siècle au XXième avait aussi pour fin de mettre un terme à l'esclavage institutionalisé.

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Re: Le mépris ! Voilà l’autre nom de la présidence normale…

Message non lu par Nanimo » mer. 02 oct. 2013, 23:22

Christophe67 a écrit :(...) Il y a environ 18 mois, j'ai vu un reportage sur Mme Taubira qui vomissait son dégout à l'égard de la France qu'elle jugeait toujours comme une nation colonialiste et nègrière !(...)
Il y a une confusion (entretenue?) lorsque l'on met ensemble colonialistes et négriers. Dans le premier cas, il y a un phénomène qui remonte à la nuit des temps et qui pourrait se résumer à «Tiens, c'est bien chez vous, je vais m'y installer. Vous n'êtes pas contents? Attention, je suis le plus fort.» Les populations ou peuplades qui ont échappé à cela ne sont pas légions sur la planète. Le cas de l'Afrique étant relativement récent, il est évidemment encore dans les mémoires. Ce n'est pas gentil gentil, mais c'est bien comme cela que les vagues de migrations successives se sont imposées en déstabilisant – parfois de façon irrémédiable – les peuples autochtones partout dans le monde. Ce qui s'est passé, chacun le sait, il y a eu assimilation et apparition de nouvelles civilisations.

Mais lorsque l'on parle de la traite négrière, le sujet est tout autre, en cela que les cicatrices sont profondes. C'est un véritable traumatisme sur un peuple entier et qui a tendance à se transférer de génération en génération; il ne pourra s'atténuer qu'avec le renouvellement des générations. En outre, il serait utile de commencer à regarder l'esclavagisme en face; en particulier ses origines; ou et quand; et qui le pratique encore.
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