Les Réfugiés et le droit d'asile

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Toto
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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Toto » jeu. 03 sept. 2015, 22:57

J'ai pris connaissance avec un certain soulagement des résultats du sondage ; malgré le matraquage orchestré par les médias, les Français sont quand même majoritairement opposés à l'arrivée d'immigrants et n'ont pas encore capitulé devant la vulgate cosmopolite et mondialiste.
Le problème, jean_droit, quand vous parlez de 300 000, c'est qu'il n'y a aucune limite. Vous en prenez 300 000, le lendemain, il y en a un million de plus à arriver.
3Md€, sincèrement, le coût? Vous estimez le coût à seulement 10 000€ par personne? Je vous rappelle que l'on parle d'immigrés venant d'Orient, qui ne parlent pas français et ne connaissent rien de la France, qui débarquent dans un pays avec un taux de chômage de 11% ; avant qu'ils trouvent une situation stable, cela peut mettre beaucoup de temps. Il est clair que le coût sera plus élevé, en matière de logement, nourriture, soins médicaux, etc., sans compter toutes les dépenses indirectes provoquées.
Mais quand bien même cela ne coûterait "que" 3Md€, dans un pays endetté jusqu'au cou avec 2000Md€ de dettes, en déficit au-delà des clous, avec une pression fiscale la 2è plus élevée au monde, cela n'est pas tenable ni supportable. 3Md€/67 millions d'habitants, cela fait 45€ par habitant. Hé bien je suis désolé, je pense que vous n'aurez aucun mal à trouver une famille de deux parents et trois enfants qui sont à 225€ près et qui ne voient absolument pas pourquoi on devrait accueillir de nouveau des immigrés en situation irrégulière qui n'ont rien à faire sur le territoire français.
Et à côté de cela on explique aux agriculteurs, qui, eux, bossent et payent des impôts, que l'on va faire un plan d'aide, ou plus exactement une aumône, de quelques dizaines de millions d'euros à peine, et qu'ils soient déjà contents s'ils ont cela.
C'est lamentable, c'est faire la charité avec l'argent des autres, c'est déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Sans compter que ces immigrés sont en majorité musulmans, entre Merah, Kouachy, Coulibaly, Ahmed Glam, et l'autre du Thalys dont j'ai oublié le nom, je pense que cela commence à bien faire. Si on ne veut pas que la France devienne une République islamique, c'est maintenant qu'il faut agir.

LaurentM
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Les migrants clandestins et la crise migratoire

Message non lu par LaurentM » lun. 07 sept. 2015, 13:47

Cet article apporte des éléments de réponse à une question que je me posais depuis longtemps sur la destination des migrants syriens - pourquoi l'Europe plutôt que des pays musulmans limitrophes.
L'Arabie Saoudite ne parait pas très disposée à accueillir des réfugiés syriens...
http://www.lepoint.fr/monde/refugies-po ... 564_24.php

En organisant l'accueil des réfugiés, au moins provisoires, l'Europe (ou plutôt, les Etats européens, à des degrés divers) répond à l'urgence de la situation, mais j'espère bien que la réponse française ne se limitera pas à aller balancer quelques bombes sur les positions de Daech, pour la forme, sans un travail diplomatique de fond pour inciter certains Etats du Moyen-Orient à mieux assumer leurs responsabilités.

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Nanimo
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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Nanimo » lun. 07 sept. 2015, 18:47

PaxetBonum a écrit :
Fée Violine a écrit : Le problème c'est qu'Israël est un très petit pays. Il y a beaucoup plus de place chez nous.
Ils sont pourtant prêts à accueillir tous les juifs de France.
Et de la place ils en font jours après jours en grignotant le territoire palestinien.
Déjà, il faut savoir qu'Israel applique une politique d'immigration très critiquée dans les pays anglo-saxons. En effet, les non-Juifs ne peuvent y immigrer ce qui est vu comme de la discrimination. Ça c'est pour la question de l'immigration.

Pour la question des réfugiés, on doit savoir que tous les pays ne sont pas signataires de la convention de l'ONU pour les réfugiés et, de fait, dans la crise actuelle, les pays limitrophes pour la plupart n'en sont pas signataires. Il est normal pour des réfugiés de fuir vers les pays limitrophes et c'est ce à quoi on s'attend, mais...

Entendu sur Rfi : les camps de réfugiés en Jordanie ne seraient pas suffisamment subventionnés.
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axou
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Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par axou » mar. 08 sept. 2015, 17:33

Bonsoir à tous,

à l'heure ou le Saint-Père invite chaque paroisse, sanctuaire et monastère à accueillir une famille de réfugiés, j'ai envie de vous parler de ces réfugiés.

"nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde mais nous pouvons faire notre part" disait michel Rocard (curieusement, la seconde partie de la phrase est souvent oubliée...)
A chacun de voir en quoi, avec qui et comment il peut faire sa part...à chacun de se positionner face à cet appel concret à la charité en Eglise.

Concernant les Réfugiés : certains propos m'ont choqué dans ce fil (sur les vraies raisons de leur fuite..ect..). Les réfugiés de guerre, ce ne sont pas des migrants ordinaires. Ces dernières années les sans papiers arrivaient en France essentiellement avec un visa de tourisme de 3 mois puis restaient en France, essayant d'éviter les contrôles et les éventuels charters de retour. Ils étaient là souvent "pour une vie meilleure" selon l'expression consacrée.

Ici, ces migrants fuient la guerre. Pendant 3 ans, j'ai travaillé au Liban(1 an après la guerre) et en Bosnie Centrale (en 94, en plein boum) en ONG et en collaboration pour une mission avec le HCR. J'ai rencontré et écouté des déplacés (réfugiés dans une autre région de leur propre pays) tous les jours de ces 3 années.
Un réfugié, c'est d'abord quelqun qui a vécu la guerre, en l'occurrence la guerre civile. les personnes qui arrivent chez nous ont vécu 2, 3, 4 années de guerre chez elles.

Concrètement, vivre en guerre, ça veut dire appendre tous les jours la mort d'un personne qu'on connait, un voisin, le professeur des enfants, une tante, pas un jour sans apprendre la mort d'un être connu.
C'est vivre tous les jours sous les bombardements, la peur au ventre jusqu'au jour ou les adultes n'ont même plus peur à force et regardent par la fenêtre les obus voler comme nous regardons les feux d'artifice. Sauf les enfants qui eux, ont toujours peur, alors on les envoie jouer dans les caves.
C'est aller chercher de la nourriture en courant dans la rue et en priant d'arriver vivants car on sait que dans certaines rues, les snipers sont prêts à tirer sur tout ce qui bouge, un jour ils tirent sur les pulls rouges, un autre jour sur les personnes bleues, les snipers s'amusent...

la guerre, c'est attendre en vain des heures, puis des jours son mari qui n'est pas revenu des courses ah merde ! il était habillé en bleu ce jour là, c'était un jour de bleu...
C'est voir le fils ainé des voisins disparaître, oui, vous saurez ensuite qu'il a été enlevé par des miliciens d'une autre ethnie-religion et qu'il est mort, torturé à mort. Dans les guerres civiles, celui qui meurt par balle a de la chance, celui qui tombe dans les mains d'hommes de guerre qui le considèrent comme un ennemi meurt lentement.(je vous fais grâce des détails)
Les enfants écoutent tout cela, les enfants entendent tout, retiennent tout, ils entendent les adultes parler. Ils vont eux même tant bien que mal à l'école, tant que l'école n'a pas été bombardée, et eux aussi voient des camarades manquer sur les bancs parce qu'ils sont passés par la mauvaise route.

la guerre, c'est voir la grande soeur être enlevée. Par une chance inouie, elle a pu s'enfuir ou le beau frère est intervenu parce qu'il connait quelqun de bien placé qui connait le chef de la dite milice à qui il a rendu service ou qui était avec lui sur les bancs de l'école, dans les guerres civiles, ce sont des anciens frères qui s'entretuent et tout est imbriqué.
Donc la fille est revenue à la maison, oui, mais elle ne parle plus. Elle a subi un viol collectif. Elle ne parle plus.

La guerre, c'est voir le petit dernier avoir une rage de dents et on ne peut pas les soigner. Le dernier dentiste a être présent dans le quartier a reçu un éclat d'obus et il est devenu aveugle.
La guerre c'est cela, cela tous les jours, pendant des mois et des années. Pendant toutes ces années, on a l'espoir que cela va s'améliorer mais cela ne s'améliore pas et puis un jour, il faut partir brutalement, là, tout de suite dans l'heure : soit parce que la maison a été bombardée soit parce que les hommes de guerre viennent semer la mort.
Mon amie Rita (libanaise) a été réveillée en pleine nuit par sa meilleure amie (d'une autre religion) qui lui a dit "mes frères et mes oncles viennent pour vous tuer, fuyez !" et elle est partie en courant avec sa famille et a pu se réfugier dans un couvent tandis que nombre de ses voisins sont morts assassinés à l'arme blanche. (elle va bien aujourd'hui)

Médiha, en Bosnie, vivait à Sarajevo avec sa fille, quand ses voisins avec lesquels elle avait entretenu d'excellentes relations depuis toujours ont débarqué chez elle et l'ont chassée, après les avoir violées, elle et sa fille adolescente. Ces voisins venaient de prendre conscience qu'ils n'étaient pas de la même ethnie-religion sans doute...
Et ces autres personnes que j'ai interviewé 3 jours après l'attaque de leur village : leurs voisins les ont prévenus et ils ont pu s'enfuir tandis que les autres ont été enfermés dans l'Eglise et brûlés vifs (massacre de Stupni do), ces gens qui me parlaient sans haine aucune pour leurs bourreaux, juste une immense interrogation dans le regard, un regard qui m'a marquée au fer rouge.

Donc on part en quittant tout, tout les objets, les souvenirs auxquels on tient, tout ce qu'on a habité, tout... on part juste avec le maximum d'argent liquide qu'on avait pris soin de cacher. Si on a de la chance, on est recueilli par la famille qui habite encore un endroit vivable et là on s'entasse à 15 dans un appartement pour 4, la promiscuité, le manque d'eau (il n'y a plus d'eau courante et bientôt plus d'éléctricité)... Et puis un jour, les hommes de mort arrivent aussi chez le beau frère et voilà qu'on doit fuir encore et on part sur les routes car on appris qu'il y a un camp de réfugiés à tel endroit. Marcher pendant des heures ou des jours sur la route, avec les enfants parfois les bébés, en portant ce qu'on a pu emmener parfois par un froid intense, parfois par une forte chaleur, il faut trouver de l'eau, à manger. Parfois il faut garder son sang froid car la route est minée. Si ce sont des mines anti-chards, elles sont très visibles mais les contourner est quand même stressant et surtout il faut surveiller les enfants ! les enfants qu'il faut empêcher à tout pris de marcher sur l'herbe dans la belle campagne qui entoure la route, car là ce sont des mines anti-personnelles qui sont cachées, conçues pour arracher une jambe (ça démoralise l'ennemi).

Et puis à un moment voilà que la route est traversée de fils blancs genre fils de nylon, ces fils sont branchés à des mines à clous : si on touche le fil, des centaines de clous sont propulsés et traversent les corps...Donc il faut passer sous les fils ou par dessus les fils avec les enfants qui sanglotent, l'ado qui veut repartir en arrière et les adultes qui doivent tenir, surtout tenir...

Aussi, il y a ceux qui ont réussi à trouver une voiture ou un camion. Apparemment ils sont chanceux. Mais il y a les check-points. Des hommes de guerre de tous poils et de tous bords vous attendent lors de barrages improvisé pour vérifier vos papiers et là malheur à vous si vous n'avez pas la bonne religion, vous êtes aussitôt tué sur place d'une balle dans la tête.
Donc, c'est la peur au ventre, à chaque barrage aperçu, qu'on avance et pour les couples mixtes, c'est l'enfer, il en a un des deux qui doit se cacher sous la banquette et pourvu qu'on ne fouille pas...

Enfin on arrive au camp de réfugiés. On vit sous la tente, il fait froid (de nombreux bébés syriens sont morts d'hypothermie dans les camps de réfugiés au Liban l'hiver dernier), la tente protège mal du froid (moins trente en Bosnie l'hiver) mais enfin on est en paix. Les membres des ONG soignent les blessures, distribuent la nourriture et voilà qu'on est devenu un réfugié. On était professeur, directeur d'école, monteur de film, pharmacien, chauffeur-livreur, agriculteur, et voilà qu'on est plus personne, on est devenu un réfugié dans son propre pays ou dans le pays voisin. On a rien à faire, il faut faire la queue pour avoir quelque chose, c'est humiliant et on ne voit pas de solution, pas d'ouverture si on reste là. Bientôt (comme dans les camps de réfugiés au Liban), on est trop nombreux, les tensions montent, le froid mine et tue...

Alors on pense à l'Europe et on décide de partir vers cette région, on le sait bien, on ne risque pas d'être tué pour son origine ou sa religion. On ne risque pas d'être tiré comme un lapin dans la rue, les enfants vont pouvoir avoir un avenir..

Tous ceux qui arrivent chez nous de Syrie, d'Erythrée et d'autres conflits africains, ils ont vécu cela (avec quelques variantes...), ils arrivent et leurs enfants aussi avec ce bagage là. C'est l'honneur de la France et de l'Europe que d'être perçu à juste titre comme un havre de paix et c'est notre honneur que de pouvoir, chacun à sa manière apporter soutien et consolation.

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Message non lu par Kerniou » mar. 08 sept. 2015, 17:50

Merci, Axou, de votre vibrant témoignage, merci !
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Message non lu par Héraclius » mar. 08 sept. 2015, 19:59

Oui, c'est édifiant.

Dieu ai pité des persécuteurs et des persécutés.
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Message non lu par axou » mar. 08 sept. 2015, 23:35

Kerniou a écrit :Merci, Axou, de votre vibrant témoignage, merci !

Merci chère Kerniou !

je précise que j'ai fait un lapsus en parlant du massacre de Stupni do : ce n'est pas dans une Eglise que les gens ont été brûlés car en l'occurrence, c'était des Croates catholiques qui attaquaient des Bosniaques musulmans. De fait, les massacres étaient perpétrés de tous bords...

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Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Nanimo » mer. 09 sept. 2015, 14:48

axou a écrit :(...) Concernant les Réfugiés : (...) Les réfugiés de guerre, ce ne sont pas des migrants ordinaires.
(Lire son témoignage ci-dessus)

Merci, Axou. Je ne suis pas parvenue à faire comprendre aux intervenants la différence essentielle et dramatique entre un réfugié et un migrant économique. Dans un cas, il y a urgence, dans l'autre cas, il faut des sous (pour développer leur pays). J'espère que votre témoignage changera les esprits et les cœurs.
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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par etienne lorant » mer. 09 sept. 2015, 17:25

Sur le site de l'AFP, un récit de voyage très prenant. Il est d'autant plus intéressant qu'il oblige à sortir de la rhétorique et du discours sur les réfugiés, le droit d'asile, l'ouverture ou la fermeture des frontières. Nous sommes devant des événements qui se sont déjà produits. Ils ont fui dans l'espérance d'une vie meilleure, ils se sont lancés dans l'inconnu et, dans le cas précis, ils sont arrivés au bout du voyage : est-ce pour qu'on les renvoie du bout du pied vers la guerre et la mort ? Aucun de vos parents ne vous a jamais raconté ce qu'ils ont vécu au début de la seconde guerre mondiale ? Tout le monde a voulu fuir les armées nazies. J'ai entendu une foule de récits, je les ai encore en mémoire. Ces CHRÉTIENS qui fuient leur terre ne le font pas pour s'amuser à marcher, marcher et marcher toujours vers un pays libre, généreux, prêt à les secourir. Mes grands parents ont vécu cela, les vôtres aussi, ils ont tous fui vers la France, puis en sont revenus. Mais aujourd'hui encore, on discute afin de savoir comment ne pas devoir faire face à l'inévitable : quelle sottise !

J'ai franchi ce pas. Personne n'a demandé à vivre. Il y a eu la guerre froide. Au cours des années 70, j'ai été envoyé en Allemagne comme simple soldat. J'ai appris à tirer avec plusieurs armes, à marcher au pas, à monter la garde dans le froid, j'ai mangé des viandes à peine réchauffées... j'écrivais des lettres désolées à ma famille. J'ai perdu près de dix kilos les trois premiers mois. Certains connaissaient toutes les "ficelles" pour échapper au "service militaire en Allemagne", mais je n'en ai pas employée aucune. Bref, vivre ce n'est pas tout le temps choisir ce que l'on voudrait vivre. Vivre c'est avancer. Tout peut arriver et je peux vous assurer que je sais qu'un jour je vais MOURIR ! Et alors ?

Alors, on ne discute pas ce que l'on vit, mais on le vit du mieux que l'on peut. Ah, que de bavardages inutiles à l'arrière ! Ce que vous devez vivre, vous le vivrez ! N'est-ce pas le bon moment pour aimer Dieu et vivre de l'amour du Christ ? Pour ma part, j'ai tout ce dont j'ai besoin pour avancer. J'accepte les évènements et j'y mettrai tout mon cœur. A l'arrière on discute toujours, à l'avant, on marche. Son matricule, on ne l'oublie jamais, je fus donc le matricule 7842482, mais me sachant aimé de Jésus, je suis prêt à marcher de nouveau. A quoi servent tous ces bavardages, ne veut-on plus obéir au Pape. Eh bien, que les déserteurs désertent: bon débarras !

J'ai trouvé ce récit et je me suis retrouvé comme au milieu de cette histoire avec des souvenirs de jeunesse...

L'article commence par : c'est fait. Eh bien, oui, ce qui est fait est fait !
C'est fait: Ahmad et Alia ont franchi la frontière allemande avec leur bébé de quatre mois. Ce jeune couple de réfugiés irakiens, qu'une équipe de l'AFP a suivi depuis la frontière gréco-macédonienne, a tout risqué pour gagner l'Europe et survécu à un voyage infernal de 2.500 km à travers les Balkans.

Arrivé en Bavière, dans le sud de l'Allemagne, cet homme de 27 ans aux grands yeux marron pétillants et son épouse de 26 ans aux cheveux caramel noués en chignon célèbrent l'aube d'une nouvelle vie, loin des bombes de Bagdad.

Dans le train en provenance de Vienne, au milieu d'autres réfugiés, mais aussi de voyageurs d'affaires et de touristes, ils ont ri. Des rires de joie pour conclure une semaine d'odyssée qui les a menés de la Turquie à l'Allemagne en passant par Grèce, Macédoine, Serbie, Hongrie et Autriche, au rythme d'environ un pays par jour.

Sur l'écran LCD à bord du train ce soir-là, la route qu'ils empruntent s'affiche. Le tracé prouve qu'ils sont bien en Allemagne et donc hors de danger. "On a réussi", sourit Ahmad, qui a vendu sa maison et son magasin de vêtements pour emmener Alia et leur bébé Adam en Europe.

Au cours de la semaine écoulée, ce couple originaire de Bagdad, qui n'a pratiquement reçu aucune aide pendant son périple, a échappé à une arrestation par des gardes-frontières, dormi dans la rue, esquivé des voleurs, fait affaire avec des passeurs sans scrupules, subi un soleil de plomb le jour avec Adam dans un porte-bébé, grelotté la nuit, fait la queue pendant des heures ici et là pour se faire enregistrer par les autorités grecques, puis macédoniennes, puis serbes...

L'équipe de trois journalistes de l'AFP a suivi ces jeunes Irakiens à travers les Balkans et au-delà. En train. En autobus. A pied. Un voyage dangereux au cours duquel le meilleur du genre humain côtoie le pire.

Pour pénétrer en Hongrie, Ahmad et Alia ont choisi la voie des champs plutôt que l'enregistrement avec prise d'empreintes, afin de ne pas compromettre leurs chances d'obtenir le droit de séjourner en Allemagne ou dans un autre pays d'Europe du nord. Au clair de lune, ils ont retenu leur souffle en suivant des passeurs pour franchir la frontière serbo-hongroise, craignant à tout moment d'être interpellés et stoppés dans leur voyage
La suite sous le lien :

https://fr.news.yahoo.com/bagdad-munich ... 58630.html

Quoi qu'il advienne, je ne veux pas que l'on se souvienne de moi comme quelqu'un qui avance en se cachant les yeux avec les mains: c'est idiot et dangereux.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Marie du 65 » mer. 09 sept. 2015, 17:53

Loin d'être amer toutefois, il s'estime chanceux et rêve déjà de l'avenir européen qui l'attend, en famille et en lieu sûr. "Dieu merci, on a réussi..."
Merci Etienne pour ce très beau témoignage!!!!

Que Dieu vous entende!!!

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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Nanimo » lun. 14 sept. 2015, 19:45

Comme j'aime bien ergoter sur les réfugiés de guerre et le droit d'asile, voici (en anglais malheureusement), un reportage de l'émission américaine 60 minutes, par Lara Logan, sur les chrétiens d'Irak. Vous y verrez, près de Mossoul, la destruction d'un patrimoine chrétien qui remonte au temps du Christ et vous y verrez un patriarche pleurer.

C'est ici : https://www.youtube.com/watch?v=dpWJjPOPip4
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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Cinci » mar. 15 sept. 2015, 16:41

Il y a beaucoup d'indices à l'effet que la vague actuelle de clandestins ne correspond pas vraiment (chez la plupart) à la définition de ce qu'est un réfugié.

Pour les juges et les fonctionnaires, nationaux ou internationaux, chargés d'examiner les demandes d'asile au regard de cette convention internationale, l'article essentiel qui inspire leur décisions de protection ou de non protection des exilés, est l'article 1(A)(2) (tel que modifié par le protocole de New York, 1967) :

« Article premier - A. Aux fins de la présente Convention, le terme « réfugié » s'appliquera à toute personne : (...) 2) Qui craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »

ne peut ou ne veut y retourner … le père des victimes sur la plage de Turquie a fait retour en Syrie pour y enterrer sa femme et ses enfants.

Clef de voûte de « l'asile dérogatoire » contemporain, l'article 1(A)(2) de la Convention de Genève sur les réfugiés comporte trois notions indéfinies qui posent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent. Ces vides juridiques laissent à la mise en œuvre et notamment au travail d'examen des demandes d'asile, comme en témoigne Clémence Armand, employée de l'OFPRA un vaste champ de pouvoir discrétionnaire:

1) « craignant avec raison » : de la crainte passagère à l’effroi le plus terrible, à quel niveau d’anxiété faut-il être arrivé pour justifier un départ de son pays? Qu’est-ce que doit savoir la victime de persécutions potentielles sur ce qui la menace, avant d'être atteinte, pour craindre « avec raison » ? De la paranoïa à l'héroïsme, de quelle rationalité enfin doit relever ce sentiment de l’âme qu’est la crainte pour sembler raisonnable à autrui ?

2) « persécutée » : de quel traitement parle-t-on ? Un regard alarmant ? Quelques menaces ? Une présence insistante de l’autre côté de la rue ? Un harcèlement de tous les jours ? Le cadavre d’un proche ? Des marques sur le corps d’un supplice enduré ? Récemment seulement, la Cour de justice de l'Union européenne en a donné une définition qui pourtant ne résout pas le problème.

3) « toute personne » : ... or les motifs de persécution dans la suite de l'article présentent le plus souvent un caractère collectif (race, nationalité, groupe sociale, opinions politiques) qui contredit la spécificité individuelle de la crainte de persécution reliée non à une collectivité mais à une « personne ». Tout récit d'exil pourra ainsi paraître trop "individuel" (atypique, rocambolesque...) ou trop "collectif" (stéréotypé, préfabriqué...).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conventio ... ugi%C3%A9s

Il demeure comme une certaine imprécision qui offrirait une prise à pas mal de subjectivité. Le flou est suffisamment important en tout cas pour comprendre que Nanimo n'aura pas plus que d'autres la faculté de déterminer d'avance (par tête de pipe) qui serait ou non un réfugié. [...]
François Crépeau observe que la convention est aussi le produit d'une négociation entre diplomates, marquée par la prédominance d'États souverains, attachés à leurs prérogatives sur le contrôle des frontières et des populations, face aux intérêts des réfugiés.

Le vrai problème pour moi mais c'est bien le total irrespect qui est affiché pour les États souverains ou cette volonté d'enfoncer de force dans la gorge des populations européennes la présence de gens qui se seront invités eux-mêmes. C'est l'idée que des officiels non-élus (des «affairistes» voire) peuvent tout mettre en œuvre pour court-circuiter la volonté populaire de nombreux pays (Slovaquie, Hongrie, Pologne, Autriche, etc.). Ce n'est certainement pas là une façon normale et régulière (prévue par la convention des réfugiés de 1951, etc.) de faire les choses.

Le tout se présente comme un «coup de force».

Personnellement, je trouve ce genre d'audace («Faisons éclater davantage les frontières et au profit d'une sorte de droit individuel à la mobilité tous azimut») comme une chose assez inquiétante. Et je ne comprend pas, non mais juste pas et absolument pas, comment il se fait que des catholiques sur ce forum semblent incapables de réaliser l'irrégularité foncière du procédé.

L'impression générale en est une où des politiciens veulent tricher et pervertir la notion de réfugié, simplement pour finir de vampiriser* des régions du monde sinistrées (leur chiper au passage leur personnel instruit autant que possible et inonder l'Europe d'une piétaille apte à achever, en même temps, l'éventuelle destruction des États européens de l'Ouest; un concept qui est synonyme de progrès pour beaucoup et notamment les États-Unis )


Back to the Future

Même les Romains du IIe siècle après J.C. comprenaient très bien que les Goths (qui avaient les Huns aux fesses) devaient 1) camper d'abord à l'extérieur du limes 2) dépêcher une ambassade aux représentants de l'empire 3) demander poliment si l'empereur pourrait leur accorder l'asile 4) et à quelles conditions. En cas de réponse positive, la troupe des Goths autorisée à pénétrer sur le territoire devait être encadrée et dirigée vers le secteur leur ayant été attribué et nulle part ailleurs. Il va sans dire que les Goths admis devaient commencer par prêter un serment de fidélité à l'empereur.

Le serment de fidélité est le type de notion inexistante dans l'Union européenne (Serment : je jure de garder la paix, de ne pas attenter aux intérêts de l'empereur et de l'empire, de ne pas molester les citoyens romains, de sacrifier aux dieux de Rome, de ne jamais donner préséance à mes dieux de pénates sur la défense commune de l'imperium. Que si je suis trouvé félon et parjure, j'admets le juste principe selon lequel la vengeance des dieux de Rome pourra s'exercer à mon encontre et l'empereur faire retomber son châtiment selon son bon plaisir, etc.)

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* Cannibaliser, si je devais m'exprimer comme le font souvent des observateurs de gauche du Monde Diplomatique.

[Attaques personnelles supprimées (voir le Règlement). La Modération]

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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par PaxetBonum » mar. 15 sept. 2015, 18:13

Cinci a écrit :
Le vrai problème pour moi mais c'est bien le total irrespect qui est affiché pour les États souverains ou cette volonté d'enfoncer de force dans la gorge des populations européennes la présence de gens qui se seront invités eux-mêmes. C'est l'idée que des officiels non-élus (des «affairistes» voire) peuvent tout mettre en œuvre pour court-circuiter la volonté populaire de nombreux pays (Slovaquie, Hongrie, Pologne, Autriche, etc.). Ce n'est certainement pas là une façon normale et régulière (prévue par la convention des réfugiés de 1951, etc.) de faire les choses.
Et oui, étonnant non ?
Nos démocrates fanatique qui ne reculent pas devant une attaque armée sanglante pour imposer la douce démocratie à l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, l'Ukraine… se moquent éperdument de la volonté de leurs cerfs de concitoyens…
On commence les chasses au sorcières en montrant du doigt le politique, la mairie, l'artiste qui ne s'alignerait pas sur l'accueil béat. On menace de réduire les aides européennes aux pays qui ne s'alignent pas sur l'accueil des gentils immigrés clandestins.
A quand les frappes chirurgicales dans nos pays pour soumettre les irréductibles ?
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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par Cinci » jeu. 17 sept. 2015, 20:06

Parenthèse :
[+] Texte masqué
Je n'ai aucun souvenir de ce qui aurait dû être écrit dans mon message. Je veux dire : aucun souvenir de ce qui aurait dû constituer une attaque personnelle et qu'il aurait ensuite fallu effacer !!? Dans mon souvenir, mon message initial était exactement formulé comme il apparaît en ce moment.

Le problème de l'effacement (que l'on suppose) mais c'est qu'il ne permet pas bien de faire un retour pour l'auteur du message lui-même, tout en ouvrant la porte aux pires suppositions chez autrui. Laissez en rouge le mot incriminé serait plus pédagogique, je pense.

:!:

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Re: Les Réfugiés et le droit d'asile

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 17 sept. 2015, 21:12

Cinci a écrit :Parenthèse :
[+] Texte masqué
Je n'ai aucun souvenir de ce qui aurait dû être écrit dans mon message. Je veux dire : aucun souvenir de ce qui aurait dû constituer une attaque personnelle et qu'il aurait ensuite fallu effacer !!? Dans mon souvenir, mon message initial était exactement formulé comme il apparaît en ce moment.

Le problème de l'effacement (que l'on suppose) mais c'est qu'il ne permet pas bien de faire un retour pour l'auteur du message lui-même, tout en ouvrant la porte aux pires suppositions chez autrui. Laissez en rouge le mot incriminé serait plus pédagogique, je pense.

:!:
Je n'ai pas vu non plus où vous faisiez des attaques personnelles…
Bien d'accord avec vous pour la méthode pédagogique.
Pax et Bonum !
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