Dire non aux idéologues de la diversité

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)
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Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » dim. 26 juin 2016, 14:30

Livre : Mathieu Bock-Côté, Le multiculturalisme comme religion politique, Paris, Cerf, 2016, 368 pages

« … une invitation à entrer en dissidence contre cette idéologie de la diversité, sans pour autant se réfugier dans les bras d’une droite populiste étriquée. Pour mener le combat conservateur, MBC s’inspire notamment de la droite gaulliste. Ce n’est pas la seule manière d’être conservateur. On peut camper à gauche et tenir à l’héritage occidental. La dissidence, aujourd’hui comme hier, n’est pas une religion et sait faire front commun, malgré les différences, si nécessaire. »

http://www.ledevoir.com/culture/livres/ ... dissidence


Sur l'émission d'Alain Finkielkraut :
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com ... -cote.html

http://www.franceculture.fr/emissions/r ... 4-mai-2016
(Si vous avez des problèmes avec le premier lien, pour ceux qui sont en France)

Le jeune sociologue et prof d'université explique assez bien quelles sont ces réserves que nous pourrions nourrir à propos de l'idéologie dominante qui donne le ton à notre époque.

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Re: Dire non aux idéologue de la diversité

Message non lu par Cinci » mar. 28 juin 2016, 0:42

Le traitement de l'adversaire dans le régime multiculturel

Vers 3 : 55 du programme de Finkielkraut :
  • "... l'adversaire n'est pas considéré comme le porteur d'une autre vision politique légitime, discutable, criticable, mais à la manière d'un ennemi de l'humanité d'une certaine façon. Le débat multiculturel ne met pas en scène deux acteurs se reconnaissant leurs mutuels légitimités. C'est la reconduction du conflit entre le bien et le mal. [...]" (Mathieu Bock-Côté)
C'est mettre le doigt sur un aspect du multiculturalisme qui est extraordinairement agaçant, un mélange à la fois de hauteur méprisante et de démagogie.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » lun. 17 oct. 2016, 13:06

Une nouvelle gauche :
de la crise du marxisme
au renouveau multiculturaliste


Pour faire la genèse du multiculturalisme, il nous faudra notamment revenir sur la mutation du progressisme et, plus particulièrement, de la gauche radicale occidentale. Il faut remonter aux années 1950 pour trouver le point de départ de cette enquête, au moment de l'hégémonie marxiste. Mais, dès le milieu des années 1950, le marxisme entre en crise et la foi révolutionnaire en l'Union soviétique commence à faiblir. Moscou ne sera pas la nouvelle Jérusalem. Cela ne sera pas sans provoquer un mouvement de détresse chez les intellectuels ralliés au communisme, privés de la certitude de servir l'affranchissement de l'humanité. Les défections se multiplieront [...] Mais, à ce moment-là, renoncer à l'URSS ne signifiait pas renoncer à la révolution. Tout au contraire. Si, très rarement, on quitte le marxisme pour rejoindre les rivages de la démocratie libérale, plus souvent, on renonce à l'URSS pour être encore plus authentiquement révolutionnaire. L'URSS aurait trahi la révolution : on ira la chercher ailleurs. Certain partiront à sa recherche dans les pays lancés dans l'expérience du socialisme décolonisateur. Mais comment la faire renaître en Occident. S'ouvre alors une question fondamentale : comment liquider le marxisme-léninisme sans sacrifier l'espérance révolutionnaire? [...] C'est la grande quête intellectuelle qui commence au début des années 1960 et dans laquelle s'engageront nombre d'intellectuels de gauche.

Peu à peu on constate aussi que le capitalisme connaît un autre destin que celui qu'on lui avait prophétisé, et la classe ouvrière elle-même renonce à jouer le rôle révolutionnaire qui lui avait été réservé. Pire encore : elle en vient même à défendre une société qu'elle veut pleinement rejoindre et non plus abattre, si jamais telle a été son intention.

C'est le moment mai 1968. On part à la recherche de ce qu'on appelait dans les années 1970 un nouveau sujet révolutionnaire. Mais plus généralement, il faut au progressisme une nouvelle base sociale, un nouveau point d'appui à partir duquel observer la société. [...] Le progressisme est appelé à se renouveler en s'ouvrant à la contre-culture, pour radicaliser les tensions qu'elle libère. Et il faudra s'imaginer la révolution sous un autre visage, en la délivrant du mythe léniniste de la prise du pouvoir [...] On voit comment la tentation sera forte de s'approprier la référence à la modernité comme mouvement perpétuel, comme "révolution permanente" à laquelle il faudrait toujours s'adapter et qui condamnerait à la désuétude toute conception historique de la civilisation.

Il s'agira d'examiner les nouvelles formes de l'exclusion sociale. De l'ouvrier, on passera à l'exclu, cette dernière catégorie servant à accueillir ceux qui se situent en position d'extériorité par rapport aux systèmes normatifs dominants en Occident. On s'ouvrira à ce que la théorie marxiste nommait jusqu'alors les "fronts secondaires". Pour le dire vite, on passera d'une critique du capitalisme à une critique de la société occidentale et des grandes institutions qui sont considérées comme sa gardienne, qu'il s'agisse de l'État, de la nation, de la famille, de l'école. [...] Il faudra déconstruire les systèmes normatifs majoritaires et s'ouvrir aux groupes marginalisés. On voit poindre une nouvelle conception du monde : il y aurait d'un côté la majorité, de l'autre les minorités.

Ce travail de rénovation de la critique radicale est symbolisé par la crise de mai 1968, qui marque le passage d'une gauche à l'autre. A terme, le concept de "diversité" mettre en relation les revendications nées dans la contre-culture, et les articulera dans un projet de transformation globale, la démocratie étant appelé à se redéfinir par son ouverture à ces revendications. L'Autre devient la figure regénératrice à partir de laquelle réinventer la civilisation occidentale - l'apercevant de l'extérieur, il la mettrait en procès admirablement, et c'est en s'appuyant sur lui qu'il sera possible de refonder la communauté politique.

Le langage de la diversité s'Imposera progressivement. L'effondrement du communisme, au début des années 1990, favorisera l'avénement d'une reconfiguration idéologique recentrée sur les enjeux idéologiques associés plus ou moins grossièrement à la "pensée 68". La chute du communisme, en d'autres mots, annoncera le triomphe de la révolution 68.

Autant on assistera à un ralliement des élites à l'économie de marché, autant on assistera à un ralliement aux thèmes associés au radicalisme culturel et identitaire des récentes décennies. Cette synthèse sera portée principalement par la troisième voie [...] la normalisation gestionnaire du radicalisme contre-culturel.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » lun. 17 oct. 2016, 13:17

  • Le projet de la gauche post-marxiste
    et la démocratie diversitaire


    On le verra d'abord à travers la question de la mémoire collective, devenue lieu régulier des affrontements politiques. C'est autour d'elle que la querelle du multiculturalisme est devenue visible au tournant des années 1990. […] Il faudrait déconstruire le récit national pour permettre la libération des mémoires minoritaires enfouies. […] A travers le développement d'une vision hypercritique du passé occidental, on fragilisera les institutions qui en héritent. La repentance avec son rituel de la commémoration négative, devient le nouveau récit fondateur de la société diversitaire.

    C'est dans cet esprit que s'opérera la mutation thérapeutique de l'État social, à travers l'objectif affiché de transformer les attitudes de la culture majoritaire et de la société envers la diversité. On voudra rééduquer les nations occidentales, et surtout les catégories de la population qui rechignent devant cette grande transformation.

    On présentera cette entreprise comme une forme de décolonisation intérieure de la communauté politique permettant de délivrer les identités minoritaires de l'identité majoritaire. C'est à cette lumière aussi qu'on assistera à une disqualification de la souveraineté populaire à travers la judiciarisation du politique.

    Dans la mesure, encore une fois, où il faut déprendre la communauté politique de la pesanteur majoritaire, il faut se délivrer du mythe de la souveraineté populaire, qui masquerait mal la tyrannie de la majorité. Il serait nécessaire de proposer un nouveau mode de gestion des revendications minoritaires, qui prétendent justement s'autonomiser et faire valoir leurs droits, ce que permet une gouvernance substituant les droits de l'homme à la souveraineté démocratique.

    On ne sera pas surpris : la souveraineté nationale est vidée de son sens à partir du moment où la nation elle-même s'est vue disqualifiée. A la vieille question de savoir quel est le demos de la démocratie, la modernité avait d'abord répondu par la découverte des nations qui trouvaient là l'occasion de prendre conscience d'elle-mêmes. On considère désormais qu'elles sont des supports désuets, appelés à se dissoudre inévitablement, au nom d'une mondialisation du politique, rendue possible par la disparition des différences entre les cultures et les civilisations. L'Europe, ici, sert de laboratoire. Le rêve européen, qui dépasse de beaucoup la construction européenne, se réfère moins à la civilisation européenne historique qu'à un réceptacle pour accueillir le projet diversitaire.

    On l'a vu à travers le refus de considérer publiquement ses racines chrétiennes qui lesterait la citoyenneté européenne d'un particularisme. L'Europe se présente comme un modèle de gouvernance qui prétend inaugurer une forme de communauté politique potentiellement mondialisée.
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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » lun. 17 oct. 2016, 13:44

Que reste-t-il du conservatisme?

Cette vision politique [multiculturaliste; diversitaire] est parvenue à s'imposer dans l'espace public […] Car l'espace public n'est pas neutre. Il délimite la frontière du dicible, du tolérable et de l'intolérable. En s'engageant dans l'espace public, on propose non seulement ses idées pour la cité, mais aussi, on délimite les paramètres dans lesquels on tolère ses adversaires.
  • Qui est admis dans la cité, qui ne l'est pas? Qui sont les contradicteurs légitimes de l'idéologie dominante? Que faire des pans de la population et des courants politiques qui ne veulent pas chanter l'hymne au nouveau régime, qui osent même avouer qu'ils ne se réjouissent pas de son installation?
Généralement, on présente le conservatisme comme une pathologie, à la manière d'un reste traditionnel que la modernité diversitaire peinerait à liquider une fois pour toutes. Le conservatisme sera ainsi présenté comme l'expression d'une fragilité psychologique de populations tentées par le repli sur soi, d'autant plus qu'elles seraient hantées par la « peur de l'autre ». Le conservatisme serait une pathologie reflétant la permanence de schèmes identitaires prémodernes […] on le reconnaîtra à travers les nombreuses phobies qui le caractériseraient, qu'il s'agisse de la xénophobie, de l'homophobie, de la transphobie, de l'islamophobie ou de l'europhobie. Il faudrait lutter contre lui pour l'éradiquer de la vie publique.

L'entrée dans la conversation démocratique présuppose une reconnaissance du caractère positif de l'héritage de mai 1968. C'est la condition de la respectabilité médiatique et politique. Il faut embrasser la « nouvelle idéologie dominante ». On le voit notamment à travers le concept de dérive pour mettre en garde ceux qui s'en éloignent, qui rappelle que l'espace public est surveillé et qu'en s'éloignant d'une certaine orthodoxie, on s'éloigne aussi des codes de la respectabilité démocratique.

C'est dans ce contexte général, par ailleurs, que les préoccupations populaires, souvent abandonnées par les grands partis de gouvernement, sont récupérées par des partis contestataires occupant de facto une fonction tribunitienne, ce qui a pour effet, à bien des égards, de radicaliser leur exclusion de la communauté politique.



Le mai 1968 des conservateurs

Malgré la légende de la commune étudiante qui présente la société française au seuil du renversement, c'est la manifestation populaire contre la « chienlit » selon l'expression du général de Gaulle, qui fut plus massive lors des événements de mai – un nombre incroyablement élevé de Français remonta les Champs-Élysées pour soutenir le retour à l'ordre, cette poussée populaire annonçant la vague électorale qui reportera une majorité gaulliste à l'Assemblée nationale au terme des événements. Aux États-Unis, la chose est aussi vraie. On sait que Richard Nixon est parvenu à constituer une majorité électorale en 1968 – une majorité jusque-là silencieuse, selon une célèbre formule […]

Ce sont les classes populaires qui réagiront le plus vivement aux sixties en se mobilisant dans un « populisme droitier » contre le progressisme affiché de la jeunesse militante.

Jacques Foccart, longtemps un des proches conseillers du général de Gaulle, rapporte que devant les événements, ce dernier avait le sentiment d'une jeunesse idéologiquement intoxiquée passée par une université où l'on cultivait désormais des idées et des sentiments que l'on associera au gauchisme. Alain Peyrefitte a révélé que le Général fut sévère envers ses ministres qui prirent le parti du compromis et du dialogue avec les étudiants. Pour de Gaulle, il s'agissait d'une « émeute insurrectionnelle » même s'il confessait ne pas comprendre ce que représentaient ceux qu'il appelait lui aussi les « hippies ». Il envisageait une solution militaire, si nécessaire, en précisant à Peyrefitte que « si ça ne suffisait pas, vous tirerez dans les jambes ».

Plusieurs figures du gaullisme ressentirent la même chose, parmi ceux-là Maurice Druon pour qui mai 1968 représentait un surgissement dans la cité d'une pulsion nihiliste, anarchique, entretenue par l'intelligentsia universitaire et dénonçait les "philosophies les plus subtiles, les plus avancées, les plus compliquées", qui finissent par se réduire, sur le terrain social, à un mot d'ordre aussi simple que « démolir pour reconstruire ». Druon opposait à cette révolte une fin de non-recevoir :
  • Le progrès ne se recherche pas dans la mort. Le progrès s'accomplit à partir de ce que l'on a, par défense et meilleure organisation de la vie. Détruire le crée, ce qui paraît le dessin de cette réaction anarchisante, suppose la folle vanité de croire que l'homme, d'un jour à l'autre, peut se faire son propre démiurge. L'homme n'est pas le créateur de la vie; il en est l'administrateur. L'homme est améliorable, mais certainement pas par le suicide. (M. Druon, Circonstances politiques, Monaco, Éditions du Rocher, 1998. p.70)
Georges Pompidou, dans Le noeud gordien, ira aussi en ce sens avec encore plus de sévérité.
  • Ne croyant à rien, dégagés de tous les liens traditionnels, ayant renié Dieu, la famille, la patrie, la morale, feignant d'avoir une conscience de classe tout en sachant parfaitement qu'ils n'étaient pas des travailleurs, encore moins des prolétaires, mais des désoccupés sans vocation et par suite sans espoir, il ne pouvaient que se tourner vers la négation, le refus, la destruction.
Il ne masquait pas son mépris des contestataires lorsqu'il parlait des « meneurs gras et bien nourris » et "d'un certain nombre de jeunes filles du monde […] qui revêtaient des blue-jeans crasseux pour aller jouer aux barricades."

Il ne fallait pourtant pas tourner cette révolte en ridicule, dans la mesure où elle était symptomatique d'une sorte d'ébranlement intérieur qui correspondait à la mise en cause de la civilisation.

Maurice Druon, encore lui, saisira cet esprit destructeur.
  • Jamais on ne vit héritiers si avides, si pressés de saisir l'héritage. Et pour en quoi faire? Pour le piétiner, pour l'incendier.

    Les motifs proclamés de ces soulèvements variaient à l'extrême selon les lieux, mais partout la révolte éclatait dans les capitales pour y attaquer un même ennemi : le pouvoir établi. Nous le savions.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » lun. 17 oct. 2016, 17:27

Bonjour,

En passant, je tire les présents extraits du livre de Mathieu Bock-Côté, Le multiculturalisme comme religion politique, Paris, Les éditions du Cerf, 2016

J'espère faire mieux saisir chez quelques un(e)s pourquoi je suis résolument adversaire du multiculturalisme. Définitivement, je suis ennemi de la diversité, mentalement résistant, opposant à tout ce qui constitue le matériel idéologique des animateurs de l'Union européenne, de nos parvenus de Wall Street aussi bien que de l'héritier Trudeau au Canada.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » mar. 18 oct. 2016, 1:03

Qu'est-ce que le trudeauisme?

https://www.action-nationale.qc.ca/inde ... rudeauisme

Un survol assez complet de l'enjeu fondamental que revêt cette question du multiculturalisme au Canada.

Pour mieux dépasser les nationalismes historiques au Canada, celui des deux cultures qui y forment autant de sociétés dites d’accueil ou encore « distinctes », Trudeau adoptera une politique du multiculturalisme en 1971. La nouvelle gauche ou new left est parvenue, dans les années 1960, à imposer cette nouvelle conception de la société et de l’intégration de l’immigration avec un grand succès dans les groupes militants occidentaux et dans les institutions de pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie et le Canada. Le multiculturalisme est une remise en question frontale des politiques d’intégration préalables, qui favorisaient l’assimilation à la culture majoritaire de la nation d’accueil. Dans le contexte de la décolonisation et de la contre-culture, la culture occidentale est attaquée de front : les tenants de la nouvelle gauche préconisent alors qu’on encourage les immigrants à préserver leur culture d’origine plutôt qu’à intégrer la culture de leur nouvelle nation.
L’un des enjeux étant l’intégration de l’immigration ; intégration québécoise qui sera désormais affaiblie par l’application de dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés sur les droits linguistiques (art. 23) et le multiculturalisme (art. 27). Les droits linguistiques tels que définis dans la nouvelle Charte canadienne des droits et libertés vont démultiplier les jugements de la Cour suprême abrogeant des pans entiers de la loi 101.
En résumé, la loi 101 c'est la Charte de la langue française, loi que l'Assemblée nationale du Québec a voté en 1977 et visant à préserver le caractère et le visage français des communications dans l'espace public, pour assurer un environnement de travail français et une intégration des immigrants au réseau scolaire français. On parle d'une loi qui fut voté démocratiquement au parlement et satisfaisant la très vaste majorité de la population. On parle d'une loi qui intervient dans le domaine régulier tombant sous la juridiction normale du gouvernement du Québec, selon la loi fondamentale du pays, d'après la constitution canadienne de 1867 (année de fondation de la fédération canadienne).

Mais ...

Une modification à la constitution de 1867 est intervenue en 1982, par le fait de Trudeau et son gouvernement libéral. Depuis 1982, il est stipulé que c'est la Cour suprême du Canada qui a compétence pour juger et désavouer au besoin toutes les lois issues des assemblées législatives au Canada, si elles ne respecteraient pas les exigence de la nouvelle chartes des droits et libertés de Trudeau ainsi que le dispositif légal du multiculturalisme.

En un mot, des juges nommés exclusivement par un parlement anglais à Ottawa ont pouvoir de désavouer des lois démocratiquement votés dans un parlement français à Québec. Le multiculturalisme au Canada représente une arme de guerre, sur le plan politique, pour faire en sorte que les immigrants s'anglicisent au maximum, pour les en détacher de la population du Québec. L'idée c'est que les Québécois ne puissent pas contrôler l'immigration chez eux.



Échec au Québec souverain

Le trudeauisme se veut l’adversaire intransigeant du nationalisme québécois, même fédéraliste, comme Trudeau l’explique crûment dans son discours « Finies les folies ! » prononcé en 1969. A fortiori, il est l’adversaire intransigeant du souverainisme. La définition du nationalisme par Trudeau – idéologie responsable des guerres mondiales et révélées par le nazisme – implique la démonisation du souverainisme québécois. On ne peut négocier avec la Bête.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » mar. 18 oct. 2016, 1:42

Présentation du Guru, du maître à penser de Pierre Elliot Trudeau

https://fr.wikipedia.org/wiki/Harold_Laski

Trudeau a fait des études de droit en Angleterre, à la London School of Economics. Il a eu Laski comme professeur ... Harold Laski, l'homme qui aura exercé le plus d'influence sur sa pensée dixit Trudeau, dans ses mémoires.




Il fut l'un des intellectuels les plus influents de son parti, notamment pour ses membres qui ont pu partager ses espérances dans le stalinisme. Il fut néanmoins désavoué par les chefs politiques de son parti dont Clement Attlee et n'eut pas de position au sein d'un gouvernement travailliste. Sa pensée révéla une tension entre libéralisme et socialisme qui le rendit pessimiste quant au futur de la démocratie.

[...]

Il fut vivement critiqué par Friedrich A. Hayek pour ses positions qu'il jugeait antidémocratiques et notamment dans La Route de la servitude. En effet, dans Le travaillisme et la constitution, ou dans Democracy in Crisis, H. J. Laski développa l'idée que l'appareil parlementaire classique était incapable de délibérer sur les questions importantes et en particulier sur les questions économiques. Il alla même jusqu'à proposer de modifier les règles classiques de l'opposition parlementaire pour s'assurer que si un gouvernement socialiste prenait le pouvoir, l'opposition ne pourrait pas remettre en cause les transformations de ce dernier en cas de défaite électorale !

Laski, juif, athée ... se faisait le promoteur d'un État central progressiste, une gouverne devant travailler à l'avancement éclairé des individus. Laski révèle une pensée de gauchiste. C'est la pensée de Trudeau - pas de droits collectifs mais des droits individuels. L'individu contre le collectif, reconnaître des droits sur papier aux individus afin d'affranchir ces derniers de servitudes intermédiaires (famille, religion, ethnie, race, école, etc.)

Avec Laski, on a affaire à une pensée de despote éclairé.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » mar. 18 oct. 2016, 19:48

Cour suprême du Canada

Un détour par les archives. En l'an de grâce 2009 :
Québec voulait colmater une brèche dans la loi 101 qui permettait à des élèves - surtout allophones - d'intégrer le système public anglophone après un bref passage dans une école anglaise privée non subventionnée, surnommée «école passerelle». Le premier ministre Jean Charest est «déçu» de la décision du plus haut tribunal du pays, alors que la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, s'est dit «choquée».
Le gouvernement du Québec (la députation qui représente une population à 85% française) souhaitait empêcher des immigrants de contourner la Charte de la langue française sur son territoire. Hélas! C'était sans compter les juges anglais nommés par la capitale anglaise du Canada anglais, et qui, eux, naturellement, jugeant via le dispositif multiculturaliste de Trudeau, trouveront "insatisfaisante" la loi du parlement provincial. Inconstitutionnel ... contraire à l'esprit de 1982, contraire à la nouvelle constitution canadienne que le Canada anglais s'est donnée, et ce, contre la volonté de la population du Québec. Et ce sont des ministres fédéralistes anti-souverainistes qui se disent "choquée" par la décision des juges non-élus, des patriciens unilingues anglais.
Pour la chef péquiste Pauline Marois, «la Cour suprême, cour nommée par une autre nation, vient charcuter encore une fois un instrument fondamental pour la nation québécoise». [...]
Of course ... pour permettre à des immigrants de se mouler à la tournure d'esprit anglo-canadienne.


http://www.lapresse.ca/actualites/polit ... ranime.php

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Une critique qui provient d'Angleterre maintenant, en 2011 :
Historically, Canadian multicultural policy developed as a way not of welcoming immigrants but of mitigating the impact of biculturalism – the long-standing tensions between French-speaking Quebec and the rest of English-speaking Canada that have provoked violence and come close to tearing the nation apart.

Multiculturalism was initially seen as the ideal means of defusing these tensions, by promoting the idea that, not just the French, but all peoples should have the right to their culture and heritage, and that the preservation of such culture and heritage should be funded by the state. This historical legacy has ensured that Canadian policy, even more that of European nations, is about the public recognition and institutionalisation of cultural differences.


https://www.theguardian.com/commentisfr ... ism-europe
L'observateur anglophone qui écrit dans The Guardian, un journal britton, nous signale que la raison d'être du multiculturalisme au Canada est bien de casser (mitiger, dit-il) l'importance relative du fait français au Canada, donc de diminuer son importance, affaiblir la culture française.

Ensuite :
In Europe, one of the key problems with multicultural policy has been the confusion between the lived experience of diversity and the policies enacted to manage that diversity. The first describes the experience of living in a society that has been made less insular and more vibrant through mass immigration, the second a set of political policies, the aim of which is to manage diversity by putting people into ethnic boxes, and using those boxes to shape public policy.
Il fera remarquer que le multiculturalisme ne remplit pas sa promesse. Au lieu que cette politique multiculturelle de gauchiste anglophone en arrive à produire des masses de personnes ouvertes d'esprit, des personnes bien aptes par exemple à s'Intéresser à la culture française (à Victor Hugo, à l'histoire du Québec, au catholicisme, aux luttes syndicales de 1930, à s'ouvrir aux valeurs démocratiques occidentales, etc.) nos immigrants vont se replier dans leur propre ghetto communautariste soit les idées qu'ils connaissaient chez eux avant de débarquer sur les rives du pays. Le multiculturalisme aide à créer de nouvelles "réserves indiennes". Ségrégation. Il laisse entendre que c'est un moyen d'instrumentaliser les immigrants, pour les mettre au service du genre de politique que le pouvoir central veut instaurer dans le pays.

En fait, c'est que le muticulturalisme procède en réalité d'une technique de colonisateurs britanniques.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » jeu. 20 oct. 2016, 0:02

  • ... au fondement du multiculturalisme repose l'Idée que la société n'est rien de plus qu'un agrégat d'Individus autonomes à la poursuite de leurs propres intérêts, Dans cette perspective, toute société et, par extension, l'État comme principal agent et garant de cette dernière, n'a pour but que d'assurer la gestion de la diversité des membres qui la composent, et cela, dans l'optique que ces derniers puissent poursuivre individuellement leurs fins, suivant leurs propres intérêts. La société n'est rien de plus qu'un simple instrument au service des individus et rien de plus.

    Cette conception de la société se caractérise donc par l'absence de véritable contenu positif pour celle-ci, soit un contenu qui permette de reconnaître en elle une identité propre, qui puisse faire d'elle la gardienne d'une histoire nationale particulière et d'une conception unique du monde, bref qui soit l'expression d'une culture nationale.

    Aussi, peut-on aisément voir comment le modèle d'intégration multiculturaliste est imprégné de cette conception de la société : la culture d'une société n'est rien d'autre que l'ensemble des cultures particulières des membres qui la composent et est en diapason avec la conception de la société libérale anglo-saxonne.

    Le refus du libéralisme anglo-saxon par le peuple québécois

    Si les Québécois continuent de rejeter le multiculturalisme à la canadienne, c'est d'abord qu'ils ne sont pas dupes.

    Si le multiculturalisme s'abreuve de bons sentiments, ceux d'un accueil de l'autre, d'un désir de rapprochement dans le respect de la différence, d'ouverture sur le monde, derrière le multiculturalisme se cache aussi, et surtout, une stratégie de neutralisation de l'identité nationale québécoise. Ce modèle a, dès le départ, été pensé par le libéral Pierre Elliot Trudeau, comme une stratégie de "minorisation" du Québec comme peuple dans l'ensemble canadien. En effet, sa réalisation devait conduire à noyer la spécificité identitaire nationale québécoise dans une différence indifférenciée, une mosaïque culturelle au sein de laquelle il n'y a plus que des minorités culturelles. Toute pensée multiculturaliste repose sur une volonté marquée de nier l'existence d'une quelconque culture nationale autres que celles de l'ensemble des minorités qui composent ce vaste tout indifférencié.

    Ainsi, avec cette nouvelle vision du Canada, la nation québécoise se voit déchue de son statut de peuple fondateur, devenant alors une simple minorité parmi d'autres, une minorité comme celle des Chinois de Vancouver, des Finlandais de Thunder Bay ou des Ukrainiens de la Saskatchewan.

    De plus, si les Québécois continuent de rejeter le libéralisme anglo-saxon et son modèle d'intégration, cela tient plus simplement au fait qu'ils possèdent déjà un modèle bien à eux qui se distingue de la "voie canadienne", mais qu'une vaste partie des classes politiques et intellectuelles se refusent toujours à reconnaître.

    La vaste majorité des Québécois s'entend pour reconnaître que la société québécoise est porteuse d'une identité propre, qui est celle d'une culture nationale unique. Il existe bien dans l'esprit des Québécois quelque chose comme une "res publica" au Québec, une chose publique. Et cette chose est ce que les Québécois se représentent comme la société québécoise, en tant que défenseur d'une culture nationale, l'expression d'une histoire qui se manifeste par une volonté collective de la part de ses membres de se déterminer eux-mêmes en tant que peuple.

    Malgré ce que peuvent penser les commissaires Bouchard et Taylor, les Québécois n'ont pas besoin d'un autre modèle d'intégration, puisqu'ils en possèdent déjà un qui n'est pas moins accueillant ou moins tolérant que le multiculturalisme dont on vante les vertus. Les Québécois possèdent déjà une manière bien à eux de vivre la démocratie libérale, manière qui n'est pas moins légitime que celle choisie par les Canadians.


    Source : L'Action nationale, vol. XCVIII, novembre-décembre 2008, p. 82

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Kerniou » jeu. 20 oct. 2016, 11:07

Merci de nous transmettre ces informations très intéressantes sur la place du Québec dans le Canada. Le "vive le Québec libre" Du Général de Gaulle n'était pas une boutade ni une phrase en l'air ...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » ven. 21 oct. 2016, 1:56

Vu, Merci.


Juste aujourd'hui :
Le pays qui n'avait pas d'identité

Imaginez ...

Cette semaine, Hazrat Mirza Masroor Ahmad, un calife important, était de passage au pays. Pour bien accueillir ce successeur de Mahomet, non seulement a-t-on organisé une séance de prière musulmanne au beau milieu du Parlement canadien ("une premiere historique!" s'est exclamée avec joie une organisation musulmanne canadienne), mais des députées fédérales non musulmannes se sont mis un voile sur la tête.

Pas en Arabie, mais ici! A Ottawa! Dans notre capitale! Au coeur même de notre gouvernement!

[...]

Comme l'a souligné la chroniqueuse Candice Malcolm dans le Toronto Sun, le 14 septembre dernier, Justin Trudeau a déjà dit à un journaliste du New York Times que "le Canada n'avait pas d'identité propre".

[...]

L'identité du Canada n'est que la somme des identités des hommes et des femmes qui viennent s'installer chez nous. La Canada de Justin Trudeau est une coquille vide.

Voici l'extrait de cette entrevue que Justin Trudeau a accordée au New York Times le 8 décembre 2015.
  • Les pays avec une identité nationale forte éprouvent des problèmes à intégrer des immigrants qui viennent de partout. Le Canada n'a pas d'identité qui lui est propre (There is no core identity in Canada). Nous sommes le premier État postnational au monde.


Un État postnational! sans culture ni identité propre! Et notre Premier ministre s'en vante! Il en est fier!

Source : Richard Martineau, Le journal de Montréal, le jeudi 20 octobre 2016



http://ici.radio-canada.ca/regions/sagu ... reme.shtml

Ici notre Cour suprême du Canada déclare qu'il fallait interdire la petite prière symbolique du maire Tremblay (30 secondes de silence, un signe de croix) lors de l'ouverture des séances du conseil de l'hôtel de ville. "Trop, c'est trop! Il faut éviter de froisser des athées, des Juifs ou autres. L'État doit être neutre."

Mais le Premier ministre du Canada peut dérouler le tapis de prière, lui avec la totalité de la Chambre des communes du Parlement canadien se prêteront à des cérémonies religieuses musulmannes, avec des députées qui se voilent pour l'occasion.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » ven. 21 oct. 2016, 4:09

(... rien d'extraordinaire ... Quel intérêt? ,,, )

L'offensive actuelle du gouvernement fédéral canadien pour promouvoir la révolution dans les mentalités et à l'aune du multiculturalisme : une opération qui emprunte divers canaux. En dehors du travail législatif du parlement, il y a aussi des institutions, des organismes du gouvernement qui récompensent des citoyens sachant manifester dans leur travail les valeurs prisées. Le conseil des arts est un organisme canadien qui sert précisément à cela.

Dans cette article, on apprend que le gouvernement entend doubler le budget de cet organisme.

"... le gouvernement fédéral prévoit doubler le budget du Conseil des arts d'ici 2021 [...] C'est ce qu'avançait mercredi Simon Brault, après avoir été élu au conseil d'administration de la Fédération internationale des conseils des arts [...] Jane Chu, du National Endowment for the Arts, aux États-Unis, a pour sa part fait valoir l'importance de reconnecter les arts avec les mouvements "plus populaires et progressistes" des États-Unis, rapporte Simon Brault. En général, la diversité culturelle, le flux des migrants sont au coeur des préoccupations des pays représentés, poursuit M. Brault. [...]"

http://www.ledevoir.com/culture/actuali ... n-des-arts

Simon Brault? le fils de Gérald Brault. J'ai connu le père de Simon Brault, Gérald, un artiste ... Je me suis même déplacé en personne pour délivrer les condoléances à la famille, suis resté un petit moment à me recueillir auprès de la dépouille mortelle de l'artiste

https://www.youtube.com/watch?v=Kp_zgTahSm0

Jacques Brault quant à lui fut un des compagnons de Gaston Miron. Jacques est un grand littéraire, poète, traducteur du livre de l'Apocalypse aussi (une magnifique traduction, que j'aime, qui se trouve dans la Bible des écrivains-Bayard). Jacques Brault/Gérald Brault = frère aîné/frère cadet.

Jacques Brault + Gérald Brault = nationalistes québécois; tout comme les Gaston Miron, Jacques Ferron, Hubert Aquin, Gérald Godin, Pierre Vadeboncoeur, Claude Jasmin ... etc, etc...

http://auteurs.contemporain.info/jacques-brault/

Mais ...

Voici que le fils au Conseil des arts est passé -pour emprunter ici une formule de Lucasfilm - du côté noir de la Force. Son père avait déposé un mémoire devant la Commission Bélanger-Campeau ... un mémoire en faveur de l'indépendance du Québec.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commissio ... u%C3%A9bec

Tout ce post, pour indiquer au fond comment est quelque peu tragique la situation collective, fratricide, un peu poignante la condition de minoritaire (du colonisé dans son propre pays).

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » dim. 23 oct. 2016, 5:34

Une anecdote savoureuse :

... loin de s'en remettre à un modèle d'inspiration strictement italien ou allemand, Adrien Arcand souhaite d'abord et avant tout participer à l'édification d'un fascisme impérial dont les contours sont esquissés non pas à Berlin ou à Rome, mais bien à Londres. Arcand est fasciné par cet empire britannique qui compte près de 60 pays et un quart de la population mondial répartie sur un territoire gigantesque de plus de 36 millions de kilomètres carrés. De distingués sujets britanniques, tels Sir Oswald Mosley et Henry Hamilton Beamish, lui servent davantage de référence qu'Hitler ou Mussolini.

Ce modèle d'un fascisme impérial anglais, il faut le dire, n'inspire pas alors que des sujets britanniques. L'inspiration que puise en Angleterre et au Canada Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères d'Hitler, mérite à cet égard qu'on s'y arrête quelque peu. En 1946, peu de temps avant d'être exécuté, Ribbentrop s'emploie à écrire ses mémoires. Il y raconte, entre autres choses, un séjour à Londres de près d'un an qu'il fit avant la guerre de 1914, à l'époque de sa jeunesse. Comme d'autres, Ribbentrop est alors séduit par la grandeur de l'empire britannique. Londres et son empire d'outre-mer le subjuguent littéralement. [...]

Alors qu'il discute avec Adolphe Hitler, Ribbentrop déplorera à plusieurs reprises que le Fuhrer n'ait pu connaître par lui-même ce qui constitue vraiment le sel de l'empire britannique. Il répétera souvent à Hitler son regret "qu'il n'eut jamais vu du haut de Mansion House, ce qu'était l'empire britannique", pour lui à jamais un modèle inégalé. [...] Ribbentrop considère jusqu'à la fin de sa vie que l'empire britannique, édifié par des générations successives est "un chef d'oeuvre d'organisation et de gouvernement". C'est la valeur de ce modèle, expliqua-t-il, qu'il tenta de faire valoir à Hitler après qu'il se fut joint au parti nazi en 1932. [...] Hitler, raconte-t-il, l'écoutait avec attention.

Le désir qu'éprouve Ribbentrop tout au long de sa vie d'intégrer le modèle impérial britannique ira très loin. C'est fort d'une véritable soif de connaître à fond l'empire qu'il s'embarque, un jour de l'automne 1910, à bord d'un bateau de la White Star à destination du Canada. Il y reste quatre ans et projette même de s'y établir définitivement. Il n'a que dix-huit ans lorsqu'il met le pied à Montréal. La bourgeoisie canadienne-anglaise, avec qui il a déjà noué quelques contacts en Europe, l'accueille à bras ouverts. C'est dans le terreau culturel de la bourgeoisie montréalaise que la vie adulte du futur ministre des affaires étrangères du Reich sous Hitler prend racine.

Selon plusieurs témoignages, Ribbentrop parle un anglais absolument impeccable et se montre plus britannique que n'importe quel londonien. Il est fascinant de constater à quel point Ribbentrop est à l'aise dans cette société d'adoption, tant du point de vue matériel qu'intellectuel. Sportif, il joue au golf, au hockey, au tennis, au rugby, sans compter qu'Il se livre, le soir venu, à des parties de poker mouvementées.

A Montréal, Ribbentrop travaille pendant dix-huit mois à la banque Molson, rue Stanley. [...] Ribbentrop songe alors, dira-t-il, à épouser Katharine Hamilton Ewing, la fille du vice-président de la banque, rencontrée précédemment lors d'un séjour en Suisse. Katharine épouser finalement un autre homme, pour s'installer ensuite en Angleterre où, sous les noms de scène de Doria March et de Moira Dale, elle jouera dans des films que l'histoire ne retiendra pas, tout en devenant, dans les années 1930 , membre du British Union of Fascists, le parti d'extrême-droite dirigé par Oswald Mosley.

En 1912, Ribbentrop se rend à Québec, en compagnie de son frère Lothar et travaille bientôt pour une firme d'ingénieurs chargée de la reconstruction du pont de Québec. Ribbentrop travaille ensuite pour une compagnie de chemin de fer, ce qui le conduit jusqu'à Vancouver. Seule la tuberculose le force à rentrer en Allemagne, mais "Rib" comme l'appellent ses amis canadiens, revient aussitôt que possible au Canada et s'installe cette fois à Ottawa, la capitale politique, avec ses bâtiments inspirés de l'architecture londonienne, pour se lancer dans les affaires. Ribbentrop, ,à l'évidence, a l'intention de poursuivre sa vie au Canada [...] à Ottawa, il met sur pied une entreprise d'importation de vins allemands et de champagne [...] A Rideau Hall, résidence officielle du vice-roi à Ottawa, il rencontre au moins à deux occasions le duc de Connaught, gouverneur général du Canada. Auprès du gouverneur général, on parle alors allemand, puisque la famille est apparentée aux dynasties allemandes. Dans cette haute société d'Ottawa, Ribbentrop joue volontier des airs de violon. On le tient pour l'un des meilleurs musiciens amateurs de la ville. En fait, seul la déclaration de guerre à l'Allemagne, à la fin de l'été 1914, le force à quitter rapidement le pays.

Bien qu'il parle parfaitement français, Ribbentrop ne semble jamais s'être soucié de la société canadienne-française, pourtant majoritaire au Québec où il vit un bon moment. Sous le ciel de l'empire qui l'intéresse, tout ne se déroule qu'en anglais.

[...]

A la même époque, tous les Allemands ne voient pas tout du même oeil. L'écrivain Stefan Zweig, qui sera une des victimes du nazisme, est pour sa part fort touché par le spectacle étonnant de cette société canadienne-française jugulée par des politiques coloniales qui lui sont, depuis la conquête anglaise de 1759, au mieux désavantageuses, au pire catastrophiques.
  • Je ne sais rien de plus émouvant dans notre vision du monde actuel, écrit Zweig, que ces îlots linguistiques isolés qui, après avoir subsisté pendant des siècles, s'effritent petit à petit et vont au-devant de leur perte, contre laquelle ils se rebellent, mais sans espoir.
Stephan Zweig, "Chez les Français du Canada", dans Luc Bureau (dir.), Mots d'ailleurs, Boréal, 2004, p.19

Jean-François Nadeau, Adrien Arcand. Fürher canadien, Lux, 2010, 406 p.

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Re: Dire non aux idéologues de la diversité

Message non lu par Cinci » mer. 26 oct. 2016, 7:55

Le dernier message constituait une parenthèse - Pour la petite histoire, je suis en train de suivre un cycle de conférences sur l'extrême-droite au Canada donné par Jean-François Nadeau.

Je dis une parenthèse parce qu'il y a toujours une certaine correspondance entre l'idéologie multiculturaliste et l'idéologie suprématiste blanche. Une correspondance? Je veux dire que l'une se pose en réaction à l'autre.

Les patriotes ou les nationalistes comme moi vont toujours se trouver en bute à des accusations de racisme ou d'antisémitisme, placés qu'Ils sont entre l'arbre et l'écorce, parce que les idéologues de la diversité ne font pas la différence entre le nationalisme et les mouvements totalitaires fascisants des années 1930.

Enfin

L'idéologie du multi ou le trudeauisme sont devenu tellement "prégnants" dans la mentalité des gens que personne n'est plus à l'abri de ces associations d'idées infamantes. Faudra toujours se rappeller que le multiculturalisme a été spécifiquement retenu au Canada anglais pour dissoudre la force relative d'une poussée d'affirmation nationale au Québec, dans la foulée des années 1960.

Avant 1960, le Canada était compris comme une entité politique crée et fondée par deux nations soit les descendants de la Nouvelle France et soit les descendants de colons britanniques. Ce n'est plus vrai aujourd'hui. Pas dans les livres officiels. Depuis Trudeau, à cause du multiculturalisme, le pays est dit détaché de toutes nationalités particulières. Le pays n'a plus d'identité propre. On dira que le pays se compose plutôt d'une mosaïque d'immigrants ou d'une pluralité d'ethnies différentes.

A raison de cette pluralité, les Québécois ne pourraient pas jouir d'un quelconque statut particulier au Canada et y compris au Québec même! Non, aucun droit collectif admissible. Rien qui soit solide sur le long terme, rien qui ne puisse être remis en cause demain, en fonction des aléas de la démographie, de la décision de juges à Ottawa ou de l'évolution des mentalités.

Autre aspect :

Avec le doublement prévu du budget du Conseil des arts (Ottawa, fédéral) : je voulais surtout souligner de quelle façon le gouvernement canadien travaille en douce, pour faire avaler la pillule.

http://conseildesarts.ca/conseil/plan-strategique

Dans les faits, le gouvernement canadien va investir des sommes pour mousser la visibilité de cette fameuse diversité, par exemple, en subventionnant des artistes appartenant à des communautés ethniques, pour créer une vitrine, pour créer un attachement envers ce Canada si généreux, pour s'y attacher les minorités ethniques. C'est un élément de la stratégie fédérale pour étouffer ou contenir les prétentions nationales du Québec, alors que le financement se trouve réduit, en parallèle, dans les universités, dans le domaine des sciences humaines (histoire, philosophie, théologie, etc.) Aucune bourse n'est accordée à des chercheurs pour étudier l'histoire du Québec. Les facilités vont se trouver du côté de la recherche pouvant déboucher sur des applications commercialisables ou des études pouvant faire valoir les besoins des minorités.

Le réflexe conditionné

Le multi, ceux qui le critiquent et l'odeur de soufre :

En 2011 :
Le tabou de l’immigration est tel au Québec que celui qui ose porter sur lui l’ombre d’un regard critique est voué aux gémonies. Mario Dumont en sait quelque chose, lui qu’on a comparé à Jean-Marie Le Pen pour avoir simplement évoqué un gel des quotas d’immigration.

http://vigile.quebec/Des-affaires-ben-laides
En 2016 :
Aujourd'hui, il est temps que la société majoritaire fasse appel à cette indignation au service des minorités ici : si nos politiciens tiennent des propos aussi graves [...] il est temps que les Québécois nomment cette intolérance, la dénoncent sans détour et interdisent à nos politiciens de casser du sucre sur le dos des minorités.

http://www.ledevoir.com/politique/quebe ... onne-place
Lors de la campagne pour l'élection d'un nouveau chef à la tête du parti souverainiste, le nouvel élu avait fait remarquer que l'immigration au Québec pourrait possiblement être sujet à une réévaluation en fonction de certains critères, pour assurer une meilleure intégration des nouveaux arrivants.

Ce nouveau chroniqueur fraîchement engagé du journal Le Devoir, issu lui-même des minorités visibles, ne perd pas de temps pour officier à la tribune. Il réclame ni plus ni moins qu'une censure totale à l'égard du moindre discours critique pouvant apparaître tant soit peu éloigné de la bonne doctrine multiculturelle.

Ce chroniqueur fédéraliste et trudeauiste vient sommer pratiquement les Québécois, pensez donc, de se refuser à eux-mêmes la nomination d'un chef pouvant menacer de ne pas oeuvrer suffisamment bien au service des minorités ethniques (Grecs, Italiens, Chinois, etc.)

Pour apprécier le sel de l'affaire : il faut savoir également que ces mêmes minorités dont il est question refusent de jouer le jeu démocratique, au Québec, depuis plus d'une dizaines d'élections consécutives, en plus de deux référendums sur la souveraineté du Québec, où ces communautés votent dans une fourchette numérique comprise entre 80 et 95% à l'encontre de l'intérêt national des Québécois. Les immigrants prennent fait et cause pour le Canada anglais. Ils refusent d'apprendre le français, même pour vivre au Québec, dans une proportion qui s'élève à 60% d'entre eux, selon des études de l'Office de la langue française.


Ajoutez ceci :

"Imaginez le Canada avec une population de 100 millions d'habitants - ce qui représente trois fois sa taille actuelle. Ce n'est pas une prédiction fantaisiste, c'est l'objectif réel de deux conseillers économiques importants du gouvernement de Justin Trudeau.

L'une des premières recommandations, publiée la semaine dernière, est d'augmenter graduellement le seuil d'immigration à 450 000 personnes par années d'ici 2021 - ce serait une hausse de 50% par rapport au seuil actuel d'environ 300 000 immigrants."


http://www.ledevoir.com/politique/canad ... d-ici-2100

Ce qu'Il faut savoir et qui n'apparaît pas dans l'article naturellement : plus le nombre de nouveaux citoyens canadiens augmente à Montréal et dans différentes circonscriptions électorales au Québec, plus la démocratie recule.

Des études sérieuses existent à ce sujet, comme celles de Pierre Serré en 2009 intitulé L'évolution de la dynamique électorale de 1991 à 2006. Le recul du pouvoir francophone. Il ressort de son étude qu'il nécessite des circonscriptions comptant un nombre d'électeurs français suffisamment élevé (80% et plus) pour que la circonscription y soit compétitive, donc susceptible de représenter un enjeu lors des élections.

En d'autres termes, aussitôt qu'il y a moins de 80% de Québécois inscrits comme électeurs dans une circonscription électorale, celle-ci devient une forteresse imprenable pour les partis politiques autres que le Parti libéral du Québec (anglophone, pro-immigrant, anti-souverainiste, etc,) Ainsi, il y a de plus en plus de circonscriptions où il n'existe tout simplement plus de bataille électorale. Et c'est le règne du parti unique. La conséquence c'est la corruption de la vie politique, des affaires publiques.

Mario Dumont (ex-politicien, fédéraliste, ancien libéral) s'en était ouvert dans une chronique, le 8 avril 2014, le lendemain de l'élection du gouvernement libéral actuel.

Ici :
Pour combien de temps les libéraux sont-ils maintenant au gouvernement? Grosse question. Depuis quelques années, je me suis fait à l'idée qu'à partir du milieu des années 2020, le Parti libéral était destiné à s'installer au pouvoir pour une très longue période. Quand je dis longue, je parle de ne plus revoir d'autre parti au pouvoir de mon vivant. J'ai 43 ans.

[...]

Je sais que le sujet du vote des communautés culturelles est délicat. [...] mais laissons parler froidement les chiffres : le vote des non-francophones et des communautés culturelles s'exprime en faveur du Parti libéral dans des proportions renversantes. Compte tenu du vieillissement et de l'immigration, il s'ajoute grosso modo une circonscription libérale chaque années et demie au Québec. A chaque élection, de nouvelles circonscriptions tombent dans le camp libéral automatiquement.

http://www.journaldemontreal.com/2014/0 ... permanents
Le gouvernement canadien et le gouvernement libéral au Québec qui travaillent main dans la main sont en mode attaque à l'heure actuelle. Ils sont extrêmement agressifs et attachés à reconduire la population du Québec en l'état où elle se trouvait avant les années 1960. Le gouvernement canadian travaille très activement et avec coeur à déconstruire absolument tous les progrès que la collectivité franco-québécoise aura pu réaliser depuis cinquante ans. Et ce n'est pas de la blague! L'immigration et l'Idéologie du multi sont des éléments importants du dispositif. L'offensive est menée simultanément sur tous les fronts à la fois : économique, sociale, linguistique, culturelle, etc. L'ennemi profite à plein de l'état de faiblesse du mouvement souverainiste présentement.

Cette faiblesse est dû principalement à la position de force du néo-libéralisme à l'échelle mondiale, lequel met de l'avant l'Individualisme extrême, le refus maladif du nationalisme, l'économisme avant tout, le régime d'austérité ... ce qui entraîne le cynisme, le désabusement, la démobilisation populaire, etc. Ceux qui sont touchés le plus salement par les mesures vexatoires des néo-libéraux sont les personnes qui composent principalement la clientèle du parti souverainiste soit les gens modestes, le milieu coopératif, communautaire, groupes de femmes, travailleurs syndiqués, etc. A raison des pressions médiatiques (les patrons de presse travaillent au service du Capital, idéologie néo-libérale actuelle), les politiciens souverainistes (même eux) sont entraînés à tenir un discours semblable à celui des exploiteurs (conseil du patronat, agence Moody, Wall Street Journal, etc.) juste pour avoir l'air sérieux aux yeux des notables; ce qui les placent en porte-à-faux par rapport à leur clientèle électorale.

Le souverainisme se porte mal au Québec à cause de tous les Sarkozy de la terre, toute la hollanderie. Je ne dis pas cela à la légère. On se souviendra que le grand parrain de Nicolas Sarkozy était nul autre que Paul Desmarais, un des principaux piliers de l'anti-souverainisme québécois.

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