Le 14 juillet dévoyé ...

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Pathos
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Pathos » lun. 22 juil. 2019, 20:21

Est ce que Notre Seigneur s'est livré une seule fois à des considérations politiques ?
Je n'en ai pas l'impression ; au contraire : "rends à César.."
Donc que François s'occupe de Foi et pas de Politique.
Ce concept de "journée du migrant" m'énerve royalement ; Pourquoi pas une journée du chômeur ou du cancéreux ?
Une nation n'est pas ce qu'elle pense d'elle même dans le temps mais ce que Dieu pense sur elle dans l'éternité. Soloviev

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » lun. 22 juil. 2019, 23:18

Cinci a écrit :
lun. 22 juil. 2019, 19:21
C'est ici que je ne suis pas d'accord avec vous essentiellement. Contrairement à vous, je ne crois pas qu'une question comme celle des politiques migratoires devrait entrer sous le chapeau de la "morale et de la foi". Si c'est le cas, aussi bien dire que toutes les politiques entreront aussi dans la catégorie. Par conséquent, c'est L'Église qui devrait administrer tous les États en fin de compte. On ferait aussi bien de remettre les clés au pape.
Bonsoir Cinci,


j'ai raccourci car trop long. J'en fais le résumé : même en dehors de l'infaillibilité, le pape fait autorité (celle de saint Pierre) s'il y a pleine communion avec l'ensemble des évêques(ce n'est pas pour autant une vérité de foi qui demande l'adhésion des croyants). Ce n'est pas lié à la seule personne du pape comme le pense Cinci.

Cordialement.
Dernière modification par Kerygme le mar. 23 juil. 2019, 0:12, modifié 3 fois.
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Carhaix » lun. 22 juil. 2019, 23:46

Cinci a écrit :
lun. 22 juil. 2019, 20:00
Carhaix :

Je regrette, Foxy, mais vous ne répondez pas du tout aux deux questions que je pose... Ces deux questions sont pourtant assez simples... Vous remarquerez aussi que je n'ai pas donné mon opinion. Je me contente de poser simplement deux questions toutes simples.
Oui.

Je n'ai vu ni la réponse de Foxy aux questions simples ni en quoi Kérygme devrait répondre sur le fond à pas mal des questions. C'est vrai. Kérygme se contente surtout d'essayer de faire valoir l'idée qu'il faudrait se ranger à l'avis du pape et parce que c'est le pape. Pourtant, il n'est rien qui empêche un catholique de différer d'avis avec le pape dans des matières séculières, administratives, politiques, scientifiques ou autre.


____

Un exemple : le pape veut appuyer le pacte de Marrakech ? Eh bien, pas moi. Il s'agit bien de po-li-tique. Et l'appui du pape à ce pacte po-li-tique n'a rien de théologique, religieux, moral comme si cela devait ressortir du catéchisme ou dogmatique.
Pour ma part, je ne cherche pas à discuter les propos du pape. Si on étudiait les faits, dires et gestes de chaque pape de l'histoire, on découvrirait énormément de contradictions entre eux. Et donc, bien évidemment, vous avez raison, l'infaillibilité ne peut pas s'y appliquer, car sinon, on basculerait dans une sorte de folie où l'Eglise changerait d'avis tous les quatre matins. Il ne faut pas confondre l'Eglise triomphante avec l'Eglise militante.

J'aimerais simplement que quelqu'un me réponde sur deux points fort simples :

1. On entend que l'ouverture des frontières est compatible avec l'Evangile. Autrement dit, la frontière est un péché, une abomination aux yeux de Dieu (on retrouve exactement le même argument dans l'autre discussion sur la peine capitale), en s'appuyant sur une parole du Christ concernant le Jugement Dernier : "j'étais étranger et vous ne m'avez pas accueilli". En fait, on fait une interprétation à la lettre de ce passage des Ecritures. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas appliquer à la lettre d'autres paroles du Christ :

- "N'appelez personne "votre père" car vous n'avez qu'un seul Père qui est au Cieux". Or il me semble que les prêtres se font appeler "mon père".

- "Ne refusez pas à qui réclame. Donnez votre manteau à qui le demande. Si on vous prend votre bien, ne le réclamez pas." : est-ce à dire que l'on doit accepter d'être dépouillé ? J'ai demandé à Foxy si elle était prête à donner son manteau. Elle répond à côté en parlant de fournir de l'aide matérielle à des démunis. Pardon, mais donner 10 euros de nourriture à une association, même si c'est louable, ce n'est pas le cas soulevé par le Christ. Le Christ dit bien : donne ton manteau, le TIEN, celui que TU PORTES présentement, donne-le à celui qui te le demandes. Est-ce qu'un chrétien doit se dépouiller de son manteau ? Le SIEN personnellement ? On remarquera que Saint Martin n'a accompli qu'à moitié le précepte évangélique puisqu'il n'a donné que la moitié de son manteau. Il a gardé l'autre moitié pour lui. Alors ? Que dit l'Eglise à ce sujet ? Saint Martin était-il un tiède qui n'a fait que la moitié de ce qu'attendait le Christ ?

De même, "si on vous prend votre bien, ne le réclamez pas". Autrement dit, ne portez pas plainte si on vous vole. En effet, j'imagine mal un grand saint se rendre dans un commissariat pour déclarer le vol de son iphone. Et nous ? Que devons-nous faire ? Si je me fais cambrioler, je ne dois pas aller au commissariat ? Je ne dois pas contacter mon assurance ? (hé oui, pour contacter l'assurance, il faut d'abord déposer une plainte. On fait comment ?) Que dit l'Eglise ?

- "Coupez votre main, votre pied, et votre oeil, si vous ne voulez pas aller en Enfer avec vos deux mains, vos deux pieds, vos deux yeux". Jusqu'ici, je n'ai jamais entendu de prêtres conseiller aux fidèles de s'appliquer de telles mutilations. Je n'ai pas vu non plus de chrétiens qui s'étaient mutilés pour répondre à l'appel du Christ. Il me semble d'ailleurs que l'Eglise a condamné Origène pour l'avoir fait.

- "Vendez votre bien, le donnez aux pauvres, et venez à ma suite en portant votre Croix". Devons-nous l'appliquer à la lettre ? Jusqu'ici, je n'ai entendu parler d'aucun chrétien qui soit allé jusque là, sauf peut-être Saint François d'Assise et ses compagnons. Et une génération plus tard, c'était fini.

Il y en a plein d'autres...

Alors ? Si on doit entendre à la lettre un précepte, et l'appliquer tel quel (en abolissant les frontières), pourquoi les autres préceptes ne devraient pas s'appliquer aussi à la lettre ?

Voilà, ma question est simple. Oui, ou Non. Si Oui : pourquoi l'Eglise change d'avis en cours de route ? Et qu'attendons-nous pour appliquer à la lettre les autres préceptes ?

2. Si l'abolition des frontières est une application de l'Evangile, le pouvoir actuel est-il donc en train de mener une politique évangélique ? Car il faudrait quand même rappeler que cette politique d'abolition des frontières est mise en oeuvre, en ce moment, par le régime en place. Soutenir cette politique, c'est donc donner raison au régime actuel. Alors je pose la question : quel est le mobile de cette politique ? Appliquer l'Evangile ? Ou autre chose ? Faire le Bien, peut-être ? Donc, le pouvoir actuel veut "faire le Bien" ? Est-ce que vous avez l'impression que l'ensemble de la politique menée jusqu'ici est soucieuse de "faire le Bien", ou d'appliquer l'Evangile ? Par exemple, le traité du CETA est-il, lui aussi, une application de l'Evangile, ou de l'idée de "faire le Bien" ? Je cite cet exemple au hasard. Mais on pourrait parler du creusement des inégalités entre les très riches et les très pauvres, qui est le résultat de cette même politique menée depuis des décennies. Cela répond aussi aux préceptes de l'Evangile ? Ou du "Bien" ?

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Cinci » mar. 23 juil. 2019, 1:25

Kérygme :
j'ai raccourci car trop long. J'en fais le résumé : même en dehors de l'infaillibilité, le pape fait autorité (celle de saint Pierre) s'il y a pleine communion avec l'ensemble des évêques( ce n'est pas pour autant une vérité de foi qui demande l'adhésion des croyants). Ce n'est pas lié à la seule personne du pape comme le pense Cinci.
Si ce n'est pas une vérité de foi qui demande l'adhésion des croyants alors vous serez d'accord que nul ne pèche en ne recevant pas comme sien ce qui est dit par l'autorité.

Il n'y aura pas de doute quant à ce que raconte le Vatican et sur la nature de ses prises de position même politiques. Les évêques n'auront pas le choix sinon que de se soumettre à "la ligne du Parti" et au moins en ce qu'Il leur faudra transmettre le message qui vient de l'étage hiérarchique supérieur. "La position de notre Église c'est ceci et non pas cela." Sauf que la conscience individuelle de l'ecclésiastique, du curé ou du simple fidèle n'est pas obligé de se rendre aux représentations du pape (même de cinquante évêques !) touchant le politique et quant à pouvoir définir réellement ce qui serait le mieux à faire.

Bernanos pouvait défier la ligne politique commune des évêques au sujet de l'Espagne des années 1930. Aujourd'hui on lui coulerait une statue dans le bronze juste pour ça. Et le premier qui viendrait l'encenser c'est le pape François ! On est fort aise aujourd'hui de lancer des fleurs au martyre que serait Oscar Romero. Sauf que de son vivant il fut toujours éconduit par le Vatican et ostracisé par ses paires dans son pays. On aurait pu trouver facilement deux cents évêques pour critiquer la conduite rebelle d'Oscar Roméro. A l'époque la ligne politique du Vatican était de se désolidariser de la gauche et ne surtout pas sembler donner des munitions aux communistes.

C'est la même chose quand le pape aura signé la dissolution de l'ordre des jésuites en France au XVIIIe siècle et pour des raisons politiques. Il fallait peut-être que les catholiques acceptent le fait que la tête puisse ainsi décider d'agir. Oui, sauf que les fidèles n'étaient pas obligés de penser qu'il aurait dû s'agir là de la meilleure des décisions à prendre pour l'Église ou bien pour un pape. Qui dirait que c'est le Saint Esprit qui aura dû inspirer le pape Benoit XIV à saborder l'ordre des jésuites ?

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » mar. 23 juil. 2019, 1:40

Bon,

pour la 4eme fois ce jour je m'efforce de relire le texte placé en lien et en faisant l'effort de le lire selon différentes lectures.

Selon les opposants, je peux comprendre que la profusion de détails ou de conseils, fonctionnels ou administratifs, vous fassent l'assimiler à une certaine intrusion dans le fonctionnement des états. Mais en dehors de cela j'ai du mal à m'alarmer même en faisant l'effort.

Selon ma lecture, d'abord je pars du principe qu'il s'adresse aux frères et sœurs, en Christ je suppose, et donc que cela s'adresse à nous comme s'il exprimait auprès de chacun de ce qu'il souhaiterait, ou comment il verrait les choses dans l'intérêt de l'accueilli mais aussi du pays accueillant.
Alors il y a des intentions administratives, des modus operandi, mais c'est aussi parce que les droits élémentaires de ces personnes ne sont pas respectés par les pays qui se sont engagés à les accueillir, en sous nombre qui plus est contrairement à leurs engagements. Mais comme il s'adresse à nous je ne le vois pas comme un donneur de leçon ou un ingérant. Au pire je le vois comme une profusion de détails logistiques mais possiblement posés suite à une expérience personnelle à Lampedusa, et probablement ailleurs. Je fréquente des travailleurs sociaux, des bénévoles du Prado qui ont les mêmes soucis scrupuleux - pour les plus organisés - mais toujours dans l'intérêt de la personne.

Selon les détracteurs féroces, je n'ai trouvé aucune allusion à une ouverture déraisonnable des frontières ou à leur abolition, ou autres propos accusateurs et, semble-t-il, non fondés. Même en cherchant le sens dans le sens, j'ai du mal.

J'aimerai donc comprendre d'où viennent ces propos ?

Est-ce l'absence de lecture de certains ou ai-je une mauvaise lecture ? Dans ce cas partagez la vôtre, cela m'aiderait à comprendre votre position à défaut de m'y rallier.
Sont-ce des propos ramassés de ça et de là selon les journaux télévisés, les alarmismes des plus pessimistes, les on dit habituels et le tout monté en mayonnaise ? Est-ce une fois de plus lié à la personne du pape plutôt que son propos ?

Sincèrement, j'aimerais comprendre pourquoi tout cet émoi pour un texte aussi anodin même s'il est empli de détails qu'on peut juger superfétatoires ou qu'on pourrait voir comme une forme d'interventionnisme ou d'ingérence ?


Répond qui le veut. Bonne nuit.
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » mar. 23 juil. 2019, 1:46

Cinci a écrit :
mar. 23 juil. 2019, 1:25
... ce qui est dit par l'autorité.
Pour être certain que nous nous comprenons et de proposer une réponse que j'espère adaptée - et peut être que j'aurais du commencer par là - pouvez-vous Cinci me donner le sens du mot "autorité" quand vous l'employez à l"intention du pape François ?
Je ne suis pas certain que nous soyons dans la même acception.

Autorité de saint Pierre ? Autoritarisme ? Autre ?
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » mar. 23 juil. 2019, 2:44

Je rebondis sur ce qu'à dit Foxy.
Foxy a écrit :
lun. 22 juil. 2019, 17:18
Pour cela (concernant l'immigration), il avait demandé qu'une famille soit accueillie dans chaque paroisse : ce qui est fait chez nous, avec l'aide de la municipalité.
Suite à l'appel du pape François le nombre total de migrants accueillis dans les diocèses s'élevait à 3000 fin 2018 et il est de 345 en mai 2019. J'arrondi à 3500 pour faciliter la règle de trois. Ce qui nous fait 0,0053% pour 66 millions d'habitants. En terme d'invasion et de mise en péril du pays j'ai du mal à conceptualiser.


Un exemple de situation à laquelle peut aboutir le durcissement voulu et demandé dans un pays qui ne fait soit disant rien :
Ordonné mais sans papiers: un témoignage personnel

Les nouvelles lois sur l’immigration écrites dans ce pays provoquent beaucoup d’appréhension et d’incertitude chez tous ceux qui n’ont pas de papiers. Il y en a un certain nombre dans mon diocèse, ainsi que dans ma propre paroisse. Et, de fait, je suis l’un d’entre eux.

J’ai vécu dans ce pays ces 10 dernières années, j’ai simplement vécu comme migrant sans papiers. Par conséquent, je ne suis jamais retourné chez moi, ce qui me manque énormément.

Quand je suis venu ici, à l’invitation de l’évêque de ce diocèse, pour étudier et devenir prêtre, j’étais en règle. Mais le séminaire où je suis allé étudier a fait une erreur au niveau de mes papiers.

Avec l’aide d’avocats, mon évêque a tenté de faire corriger mon statut mais sans succès depuis dix ans désormais. Le résultat, c’est que je devrais quitter le pays de mon plein gré. Sinon les autorités viendront comme elles ont coutume de le faire ou bien elles m’arrêteront un jour que je conduis sur la route. Ce n’est pas une bonne façon de vivre ma vie.

Maintenant je sais ce qu’endurent les migrants, car c’est la vie que je mène chaque jour. Quand je quitte le presbytère pour aller rendre visite à des malades à l’hôpital ou chez eux, ou pour aller participer à des réunions, je suis toujours conscient que je ne rentrerai peut-être pas à la maison. Je vis au jour le jour.

Si je retrouve le chemin de mon pays, j’aimerais travailler avec les migrants car je sais ce qu’ils vivent. Je pense que je pourrai m’identifier à leurs souffrances et comprendre leur langage de peur, d’incertitude et d’espoir d’amélioration.

Travailler avec les migrants est un don de Dieu envoyé aux gens comme nous. Continuez à accomplir ce bon travail. Votre ami et votre frère, P. XYZ
Source : https://migrants-refugees.va/fr/blog/20 ... testimony/
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par PaxetBonum » mar. 23 juil. 2019, 8:31

Kerygme a écrit :
mar. 23 juil. 2019, 1:40

J'aimerai donc comprendre d'où viennent ces propos ?

Est-ce l'absence de lecture de certains ou ai-je une mauvaise lecture ?
Ce texte est éminemment politique donc n'engage que le pape car il n'est pas dans son rôle.
Dés le titre le ton est donné : "MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2018"
Le terme de migrant est un terme inventé par les mondialistes qui n'exprime absolument rien afin de faire passer la pilule de l'immigration clandestine totalement illégale. Le pape l'emploi 22 fois dans son discours…
Il est d'ailleurs intéressant de voir que l'on nous parle de migrants ET de réfugiés.

Le pape va jusqu'à nous demander de changer nos lois : "Au nom de la dignité fondamentale de chaque personne, il faut s’efforcer de préférer des solutions alternatives à la détention pour ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation"
Ils ne rentrent pas sans autorisation, ils violent nos frontières et nos lois.
Se sont donc des criminels et il faudrait laisser passer cela.
Alors quel crime mérite d'être puni ?
Tous ces "migrants" payent leur passage risqué plus cher qu'un billet d'avion… pourquoi ?
Ils vont tous vers l'Europe lointaine au lieu d'aller vers des pays proches qui partagent leur langue et leur culture… pourquoi ?

Le pape, en proposant cette politique migratoire mondialiste, participe à la montée de conflits destructeurs au sein de l'Europe.
Pax et Bonum !
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Carhaix » mar. 23 juil. 2019, 10:47

Pour ma part, j'arrête là. Mon propos n'est pas de discuter les propos du pape, ni du phénomène des migrations. Je crois que le point de départ de ce fil est ce qui s'est produit ces derniers jours. Et je n'ai fait que rebondir à l'observation plusieurs fois répétée qu'il fallait promouvoir ces faits en raison d'une parole écrite dans l'Evangile, sous-entendu que ceux qui s'y refusent, qualifiés de "catholiques de salon", c'est-à-dire de mauvais chrétiens qui ne pratiquent pas l'Evangile, seraient en opposition avec la foi chrétienne. J'ai donc posé deux questions très simples précisément sur ce point. Les pro-ceci ou cela ne veulent pas y répondre, parce qu'ils n'ont aucune réponse solide à fournir. Cela me suffit, j'en prends acte.
Pour le reste, c'est de la pure politique, et ça ne m'intéresse pas d'en parler.

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » mer. 24 juil. 2019, 12:15

Bonjour PaxetBonum,


OK c'est votre avis, votre ressenti, je ne tente pas de vous convaincre et j'ai dis ce qu'il y avait à dire.

Un jour nous serons jugés avec la même mesure que celle avec laquelle nous avons jugé. La miséricorde pour le miséricordieux, la Loi pour le légaliste.


Cordialement.
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par James » mer. 24 juil. 2019, 13:04

Bonjour à tous mes chers frères et soeurs!

Maintenant que cette parenthèse semble avoir été refermée, peut-être pouvons-nous revenir à où nous en étions restés?

@Cinci,
Comment articulez-vous le fait que les français (d'après les sondages) semblent majoritairement défavorables à l'immigration alors qu'ils sont concrètement minoritaires voir absents lorsqu'il s'agit de retranscrire ce genre d'idées dans une démarche politique et citoyenne? Pensez-vous que les français aiment toujours leur pays? Et pensez-vous réellement que ce sont là des sujets qui puissent rassembler les français?

Que Dieu vous bénisse!

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Cinci » mer. 24 juil. 2019, 14:52

Carhaix :

Je crois que le point de départ de ce fil est ce qui s'est produit ces derniers jours.
Eh oui !

Des comportements épisodiques qui tendent à se répéter de-ci, de -là, en différentes occasions et à divers propos. Mais toujours pour bien marquer un refus ou un clair rejet de la France historique, son profil particulier, son passé, sa gloire ou sa grandeur, et ce , au profit d'une espèce de projection d'avenir où la France ne serait plus la France mais un machin difficilement identifiable.

Le mépris est comme à la mesure des espérances placées dans l'avènement proche du machin a-national devant faire table rase de l'ancien. L'idéologie politique de nos élites ne peut pas être tout à fait innocente de ces manifestations publiques répétées. Ces manifestations se nourrissent bien de quelque chose ou sont encouragées par quelque chose. Il semble clairement se dessiner les contours de populations qui ne se mêleront pas sur un beau grand territoire.

Retour en arrière :

Un immigrant pouvait jadis être fier d'émigrer aux États-Unis par exemple, et fier ensuite de se dire américain et par conséquent d'accepter aussi pour lui-même toute la mythologie américaine, le roman national et tout. C'était vrai au XIXe siècle et encore au lendemain de la Deuxième Guerre mondial. Un Israélite pouvait jadis être fier de s'assimiler à la France, avant la Deuxième Guerre et aussi après. Un italien, un polonais ou un Juif débarquant à New-York en 1947 n'avait rien de plus pressé à faire que de se fondre dans sa nouvelle culture.

Or, c'est ce mécanisme assimilateur qui semble être brisé depuis la fin des années 1970 et, concernant la France, comme plus particulièrement en ce qui a trait à une portion significative de ressortissants de l'aire culturelle musulmane. La situation semble incomparablement moins difficile avec des gens venus d'Asie à titre de comparaison (des gens qui sont pourtant issus aussi d'une civilisation et d'une culture tout à fait autre). On dirait que le mécanisme assimilateur fonctionne encore dans le cas des asiatiques et parce que ces derniers semblent bien prêter un grand prestige à la culture française et restent comme à plusieurs égards admiratifs des réalisations de la civilisation occidentale.

Par rapport au monde arabe, beaucoup semblent y être animés d'un étrange complexe d'infériorité/supériorité faisant penser à celui de la population noire aux États-Unis (descendants d'ex-esclaves éternellement "en réaction") mais encore que se doublant de velléités revanchardes et d'un rêve de conquête qu'on ne trouvera pas ailleurs avec nos musulmans; dans ce dernier cas, je suis sûr que le facteur religieux en est sûrement le principal ingrédient. C'est pourquoi je ne trouve pas du tout sage ni prudent pour des dirigeants français en particulier, le fait de collaborer eux-mêmes si activement à la démultiplication d'une population musulmane chez eux. Pour moi c'est de la folie, un aveuglement volontaire dans bien des cas. La folie tient au caractère idolatrique et sacral de l'idéologie du multi et devant laquelle s'agenouillent et sacrifient nombre d'intellos et qui les fait volontairement mépriser le passé ou les leçons du passé. Tous n'en ont que pour le grand objectif utopique.

Et c'est à cette utopie "vertueuse"du multi (utopie socialisante) que je vois aussi notre Église collaborer à plein et via un grand nombre de nos évêques. Ils ne semblent pas être capables de se distancer un peu du modèle promu en haut lieu. La seule réponse que ceux-ci vont trouver face à des manifestations comme celles indiquées sera d'exhorter les naturels du cru à redoubler de gentillesse avec ces malheureux, à s'efforcer de leur faire davantage plaisir. Il y a là une confusion qui s'installe entre ce qu'un catholique doit faire (il n'est jamais demandé à un chrétien de se comporter en brute certes !) et ce que l'État pourrait faire avec ses politiques toujours possiblement modifiables en démocratie, comme si maintenant nos gouvernements ne pourraient jamais rien faire d'autre que reconduire le fichu programme diversitaire que l'on connaît, ni un catholique penser à autre chose sans se faire taxer de méchant chrétien, "catholique de salon", égoîste, rebelle méconnaissant l'Évangile et etc. Il y a là une forme de terrorisme intellectuel comme dirait Normand Baillargeon.

Je trouve que l'instrumentalisation de l'Église pour fin politique est le fait de notre pape François plus que jamais (il n'est pas seul, j'abrège) dans ce dossier migratoire.

Et c'est l'addition de cette instrumentalisation de l'Église d'un côté (par exemple ce refus d'entendre, de recevoir ou de comprendre les critiques de paroissiens; étant juste capable de condamner les contestataires plus ou moins malhabiles d'une certaine politique actuelle) avec l'enthousiasme délirant de certains fans de foot, de l'autre côté, - eux se voyant déjà à la "prise de Berlin"- , qui vont rendre les uns et les autres insupportables. Les premiers par leurs discours, les autres par leurs actes.

Je crois qu'il ne sera sans doute pas un hasard non plus, si quelqu'un comme le cardinal Sarah sera pratiquement le seul à faire entendre un "couac" parmi l'orchestre; un peu comme si sa double qualité à la fois d'Africain et de Noire lui donnerait l'immunité suffisante, pour produire un son différent sans se faire rétrograder, démettre, affecter à de nouvelles tâches ou placer sur la liste des nouveaux retraités.

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Cinci » mer. 24 juil. 2019, 15:51

Salut James,
@Cinci,
Comment articulez-vous le fait que les français (d'après les sondages) semblent majoritairement défavorables à l'immigration alors qu'ils sont concrètement minoritaires voir absents lorsqu'il s'agit de retranscrire ce genre d'idées dans une démarche politique et citoyenne? Pensez-vous que les français aiment toujours leur pays? Et pensez-vous réellement que ce sont là des sujets qui puissent rassembler les français?

Que Dieu vous bénisse!
C'est une très bonne question !

Pour ce qui est de l'absence de reflet significatif ou de représentation des voeux d'une grande partie des Français jusque dans les programmes des grands partis politiques ? je suppose qu'il en tient au fonctionnement même de ces partis.

Il y a un pouvoir décisionnel qui s'exerce à la tête et de façon largement indépendante de la base militante, et qui peut agir aussi en terme de filtre pour les candidats éventuels qui seront amenés à pouvoir se présenter ou pas pour briguer un poste de direction. Des candidats seront acceptables, d'autres ne le seront pas. Les critères de refus interne d'un candidat ne tiendront pas compte de son dévouement réel et engagé envers une cause pouvant même recueillir l'assentiment d'une majorité de militants ou de citoyens. La capacité du sujet à faire de "sérieux compromis" avec les instances de tête du Parti vont primer bien avant tout le reste. Le système des partis est comme un entonnoir qui va favoriser "outrageusement" l'établissement d'une sorte de politique commune (transcendant les partis) et qui naturellement devra se trouver à satisfaire largement les intérêts réels et actuels des possédants. Bref, il peut arriver que les intérêts des super riches ne concordent pas du tout ou très peu avec ceux de la majorité des citoyens du pays et, admettons, dans un domaine comme l'immigration. Il est extraordinairement plus difficile même à une majorité de citoyens à la base de pouvoir faire valoir leurs vues que pour les grands patrons (une minorité relative) les leurs. Il peut arriver aussi que les intérêts des uns et des autres concordent. Ce ne sera pas toujours le cas bien sûr.

En même temps, il est vrai que je n'ai pas cette impression que beaucoup de Français aiment tellement leur propre pays. La préférence irait plutôt pour une sorte d'idéal auquel il devrait correspondre (ce qui ne serait pas le cas présentement, insuffisamment, etc.)

Des sujets qui puissent rassembler des Français ? lesquels ? La survie d'une identité nationale indépendante ? catholique ? Non. Là-dessus, la population semble extrêmement divisée. Plusieurs rêvent de devenir "autres" carrément. Rompre le plus possible avec le passé. Gagner une nouvelle façon de se définir, etc. Il y a ces sirènes du progrès qui jouent de leur charme.

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Kerygme
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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Kerygme » mer. 24 juil. 2019, 16:00

Bonjour,


Je relisais "Gaudete et Exultate" car l'ayant étudié l'année dernière il me semblait bien qu'il y avait matière à réponse.
Certes, pas dans le sens où vous l'espérez mais si vous ne l'aviez déjà fait la lecture du chapitre 2 est intéressante concernant ce que l'Eglise nomme le néognosticisme et le néopélagianisme.

Chapitre 2 : DEUX ENNEMIS SUBTILS DE LA SAINTETE
Source : EXHORTATION APOSTOLIQUE GAUDETE ET EXSULTATE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS SUR L’APPEL À LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL.
[+] Texte masqué
DEUX ENNEMIS SUBTILS DE LA SAINTETE

35. Dans ce cadre, je voudrais attirer l’attention sur deux falsifications de la sainteté qui pourraient nous faire dévier du chemin : le gnosticisme et le pélagianisme. Ce sont deux hérésies apparues au cours des premiers siècles du christianisme mais qui sont encore d’une préoccupante actualité. Même aujourd’hui les cœurs de nombreux chrétiens, peut-être sans qu’ils s’en rendent compte, se laissent séduire par ces propositions trompeuses. En elles s’exprime un immanentisme anthropocentrique déguisé en vérité catholique[33]. Voyons ces deux formes de sécurité, doctrinale ou disciplinaire, qui donnent lieu à « un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle. Dans les deux cas, ni Jésus-Christ ni les autres n’intéressent vraiment »[34].

Le gnosticisme actuel

36. Le gnosticisme suppose « une foi renfermée dans le subjectivisme, où seule compte une expérience déterminée ou une série de raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments »[35].

Un esprit sans Dieu et sans chair

37. Grâce à Dieu, tout au long de l’histoire de l’Église, il a toujours été très clair que la perfection des personnes se mesure par leur degré de charité et non par la quantité des données et des connaissances qu’elles accumulent. Les ‘‘gnostiques’’ font une confusion sur ce point et jugent les autres par leur capacité à comprendre la profondeur de certaines doctrines. Ils conçoivent un esprit sans incarnation, incapable de toucher la chair souffrante du Christ dans les autres, corseté dans une encyclopédie d’abstractions. En désincarnant le mystère, ils préfèrent finalement « un Dieu sans Christ, un Christ sans Église, une Église sans peuple »[36].

38. En définitive, il s’agit d’une superficialité vaniteuse : beaucoup de mouvement à la surface de l’esprit, mais la profondeur de la pensée ne se meut ni ne s’émeut. Cette superficialité arrive cependant à subjuguer certains par une fascination trompeuse, car l’équilibre gnostique réside dans la forme et semble aseptisé ; et il peut prendre l’aspect d’une certaine harmonie ou d’un ordre qui englobent tout.

39. Mais attention ! Je ne fais pas référence aux rationalistes ennemis de la foi chrétienne. Cela peut se produire dans l’Église, tant chez les laïcs des paroisses que chez ceux qui enseignent la philosophie ou la théologie dans les centres de formation. Car c’est aussi le propre des gnostiques de croire que, par leurs explications, ils peuvent rendre parfaitement compréhensibles toute la foi et tout l’Evangile. Ils absolutisent leurs propres théories et obligent les autres à se soumettre aux raisonnements qu’ils utilisent. Une chose est un sain et humble usage de la raison pour réfléchir sur l’enseignement théologique et moral de l’Evangile ; une autre est de prétendre réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure qui cherche à tout dominer[37].

Une doctrine sans mystère

40. Le gnosticisme est l’une des pires idéologies puisqu’en même temps qu’il exalte indûment la connaissance ou une expérience déterminée, il considère que sa propre vision de la réalité représente la perfection. Ainsi, peut-être sans s’en rendre compte, cette idéologie se nourrit-elle elle-même et sombre-t-elle d’autant plus dans la cécité. Elle devient parfois particulièrement trompeuse quand elle se déguise en spiritualité désincarnée. Car le gnosticisme « de par sa nature même veut apprivoiser le mystère »[38], tant le mystère de Dieu et de sa grâce que le mystère de la vie des autres.

41. Lorsque quelqu’un a réponse à toutes les questions, cela montre qu’il n’est pas sur un chemin sain, et il est possible qu’il soit un faux prophète utilisant la religion à son propre bénéfice, au service de ses élucubrations psychologiques et mentales. Dieu nous dépasse infiniment, il est toujours une surprise et ce n’est pas nous qui décidons dans quelle circonstance historique le rencontrer, puisqu’il ne dépend pas de nous de déterminer le temps, le lieu et la modalité de la rencontre. Celui qui veut que tout soit clair et certain prétend dominer la transcendance de Dieu.

42. On ne peut pas non plus prétendre définir là où Dieu ne se trouve pas, car il est présent mystérieusement dans la vie de toute personne, il est dans la vie de chacun comme il veut, et nous ne pouvons pas le nier par nos supposées certitudes. Même quand l’existence d’une personne a été un désastre, même quand nous la voyons détruite par les vices et les addictions, Dieu est dans sa vie. Si nous nous laissons guider par l’Esprit plus que par nos raisonnements, nous pouvons et nous devons chercher le Seigneur dans toute vie humaine. Cela fait partie du mystère que les mentalités gnostiques finissent par rejeter, parce qu’elles ne peuvent pas le contrôler.

Les limites de la raison

43. Nous ne parvenons à comprendre que très pauvrement la vérité que nous recevons du Seigneur. Plus difficilement encore nous parvenons à l’exprimer. Nous ne pouvons donc pas prétendre que notre manière de la comprendre nous autorise à exercer une supervision stricte sur la vie des autres. Je voudrais rappeler que dans l’Église cohabitent à bon droit diverses manières d’interpréter de nombreux aspects de la doctrine et de la vie chrétienne qui, dans leur variété, « aident à mieux expliquer le très riche trésor de la Parole ». En réalité « à ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite »[39]. Précisément, certains courants gnostiques ont déprécié la simplicité si concrète de l’Evangile et ont cherché à remplacer le Dieu trinitaire et incarné par une Unité supérieure où disparaissait la riche multiplicité de notre histoire.

44. En réalité, la doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, « n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations », et « les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’incarnation. Ses questions nous aident à nous interroger, ses interrogations nous interrogent »[40].

45. Il se produit fréquemment une dangereuse confusion : croire que parce que nous savons quelque chose ou que nous pouvons l’expliquer selon une certaine logique, nous sommes déjà saints, parfaits, meilleurs que la « masse ignorante ». Saint Jean-Paul II mettait en garde ceux qui dans l’Église ont la chance d’une formation plus poussée contre la tentation de nourrir « un certain sentiment de supériorité par rapport aux autres fidèles »[41]. Mais en réalité, ce que nous croyons savoir devrait être toujours un motif pour mieux répondre à l’amour de Dieu, car « on apprend pour vivre : théologie et sainteté sont un binôme inséparable »[42].

46. Quand saint François d’Assise a vu que certains de ses disciples enseignaient la doctrine, il a voulu éviter la tentation du gnosticisme. Il a donc écrit ceci à saint Antoine de Padoue : « Il me plaît que tu lises la théologie sacrée aux frères, pourvu que, dans l’étude de celle-ci, tu n’éteignes pas l’esprit de sainte oraison et de dévotion »[43]. Il percevait la tentation de transformer l’expérience chrétienne en un ensemble d’élucubrations mentales qui finissent par éloigner de la fraîcheur de l’Evangile. Saint Bonaventure, d’autre part, faisait remarquer que la vraie sagesse chrétienne ne doit pas être séparée de la miséricorde envers le prochain : « La plus grande sagesse qui puisse exister consiste à diffuser fructueusement ce qu’on a à offrir, ce qui a été précisément donné pour être offert […] C’est pourquoi tout comme la miséricorde est amie de la sagesse, l’avarice est son ennemi »[44]. « Il y a une activité qui, en s’unissant à la contemplation ne l’entrave pas, mais la favorise ainsi que les œuvres de miséricorde et de piété »[45].

Le pélagianisme actuel

47. Le gnosticisme a donné lieu à une autre vieille hérésie qui est également présente aujourd’hui. A mesure que passait le temps, beaucoup ont commencé à reconnaître que ce n’est pas la connaissance qui nous rend meilleurs ni saints, mais la vie que nous menons. Le problème, c’est que cela a dégénéré subtilement, de sorte que l’erreur même des gnostiques s’est simplement transformée mais n’a pas été surmontée.

48. Car le pouvoir que les gnostiques attribuaient à l’intelligence, certains commencèrent à l’attribuer à la volonté humaine, à l’effort personnel. C’est ainsi que sont apparus les pélagiens et les semi-pélagiens. Ce n’était plus l’intelligence qui occupait la place du mystère et de la grâce, mais la volonté. On oubliait qu’« il n’est pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9, 16) et que « lui nous a aimés le premier» (1Jn 4, 19).

Une volonté sans humilité

49. Ceux qui épousent cette mentalité pélagienne ou semi-pélagienne, bien qu’ils parlent de la grâce de Dieu dans des discours édulcorés, « en définitive font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique »[46]. Quand certains d’entre eux s’adressent aux faibles en leur disant que tout est possible avec la grâce de Dieu, au fond ils font d’habitude passer l’idée que tout est possible par la volonté humaine, comme si celle-ci était quelque chose de pur, de parfait, de tout-puissant, auquel s’ajoute la grâce. On cherche à ignorer que ‘‘tous ne peuvent pas tout’’[47], et qu’en cette vie les fragilités humaines ne sont pas complètement et définitivement guéries par la grâce[48]. De toute manière, comme l’enseignait saint Augustin, Dieu t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas [49]; ou bien à dire humblement au Seigneur : « Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux »[50].

50. Au fond, l’absence de la reconnaissance sincère, douloureuse et priante de nos limites est ce qui empêche la grâce de mieux agir en nous, puisqu’on ne lui laisse pas de place pour réaliser ce bien possible qui s’insère dans un cheminement sincère et réel de croissance[51]. La grâce, justement parce qu’elle suppose notre nature, ne fait pas de nous, d’un coup, des surhommes. Le prétendre serait placer trop de confiance en nous-mêmes. Dans ce cas, derrière l’orthodoxie, nos attitudes pourraient ne pas correspondre à ce que nous affirmons sur la nécessité de la grâce, et dans les faits nous finissons par compter peu sur elle. Car si nous ne percevons pas notre réalité concrète et limitée, nous ne pourrons pas voir non plus les pas réels et possibles que le Seigneur nous demande à chaque instant, après nous avoir rendus capables et nous avoir conquis par ses dons. La grâce agit historiquement et, d’ordinaire, elle nous prend et nous transforme de manière progressive[52]. C’est pourquoi si nous rejetons ce caractère historique et progressif, nous pouvons, de fait, arriver à la nier et à la bloquer, bien que nous l’exaltions par nos paroles.

51. Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies. Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. Il est notre temple : « La chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » (cf. Ps 27, 4). « Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille à ma guise » (Ps 84, 11). C’est en lui que nous sommes sanctifiés.

Un enseignement de l’Église souvent oublié

52. L’Église catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative. Les Pères de l’Église, même avant saint Augustin, exprimaient clairement cette conviction primordiale. Saint Jean Chrysostome disait que Dieu verse en nous la source même de tous les dons avant même que nous n’entrions dans le combat[53]. Saint Basile le Grand faisait remarquer que le fidèle se glorifie seulement en Dieu, car il sait qu’il « est dépourvu de vraie justice et ne [trouve] sa justice que dans la foi au Christ »[54].

53. Le deuxième Synode d’Orange a enseigné avec grande autorité que nul homme peut exiger, mériter ou acheter le don de la grâce divine et que toute coopération avec elle est d’abord un don de la grâce elle-même : « Même notre volonté de purification est un effet de l’infusion et de l’opération du Saint Esprit en nous »[55]. Plus tard, même quand le Concile de Trente souligne l’importance de notre coopération pour la croissance spirituelle, il réaffirme cet enseignement dogmatique : on dit que nous sommes « justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet, si c’est une grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement, la grâce n’est plus la grâce (Rm 11, 6)»[56].

54. Le Catéchisme de l’Église catholique aussi nous rappelle que le don de la grâce « surpasse les capacités de l’intelligence et les forces de la volonté humaine »[57], et qu’« à l’égard de Dieu, il n’y a pas, au sens d’un droit strict, de mérite de la part de l’homme. Entre Lui et nous l’inégalité est sans mesure »[58]. Son amitié nous dépasse infiniment, nous ne pouvons pas l’acheter par nos œuvres et elle ne peut être qu’un don de son initiative d’amour. Cela nous invite à vivre dans une joyeuse gratitude pour ce don que nous ne mériterons jamais, puisque « quand [quelqu’un] possède déjà la grâce, il ne peut mériter cette grâce déjà reçue »[59]. Les saints évitent de mettre leur confiance dans leurs propres actions : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux »[60].

55. C’est l’une des grandes convictions définitivement acquises par l’Église, et cela est si clairement exprimé dans la Parole de Dieu que c’est hors de toute discussion. Tout comme le commandement suprême de l’amour, cette vérité devrait marquer notre style de vie, parce qu’elle s’abreuve au cœur de l’Evangile et elle demande non seulement à être accueillie par notre esprit, mais aussi à être transformée en une joie contagieuse. Cependant nous ne pourrons pas célébrer avec gratitude le don gratuit de l’amitié avec le Seigneur si nous ne reconnaissons pas que même notre existence terrestre et nos capacités naturelles sont un don. Il nous faut « accepter joyeusement que notre être soit un don, et accepter même notre liberté comme une grâce. C’est ce qui est difficile aujourd’hui dans un monde qui croit avoir quelque chose par lui-même, fruit de sa propre originalité ou de sa liberté »[61].

56. C’est seulement à partir du don de Dieu, librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus[62]. Il faut d’abord appartenir à Dieu. Il s’agit de nous offrir à celui qui nous devance, de lui remettre nos capacités, notre engagement, notre lutte contre le mal et notre créativité, pour que son don gratuit grandisse et se développe en nous : « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu » (Rm 12, 1). D’autre part, l’Église a toujours enseigné que seule la charité rend possible la croissance dans la vie de la grâce car « si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » (1Co 13, 2).

Les nouveaux pélagiens

57. Il y a encore des chrétiens qui s’emploient à suivre un autre chemin : celui de la justification par leurs propres forces, celui de l’adoration de la volonté humaine et de ses propres capacités, ce qui se traduit par une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de l’amour vrai. Cela se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment différentes : l’obsession pour la loi, la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, l’ostentation dans le soin de la liturgie, de la doctrine et du prestige de l’Église, la vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, l’enthousiasme pour les dynamiques d’autonomie et de réalisation autoréférentielle. Certains chrétiens consacrent leurs énergies et leur temps à cela, au lieu de se laisser porter par l’Esprit sur le chemin de l’amour, de brûler du désir de communiquer la beauté et la joie de l’Evangile, et de chercher ceux qui sont perdus parmi ces immenses multitudes assoiffées du Christ[63].

58. Souvent, contre l’impulsion de l’Esprit, la vie de l’Église se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre. Cela se produit quand certains groupes chrétiens accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés. De cette manière, on a l’habitude de réduire et de mettre l’Evangile dans un carcan en lui retirant sa simplicité captivante et sa saveur. C’est peut-être une forme subtile de pélagianisme, parce que cela semble soumettre la vie de la grâce à quelques structures humaines. Cela touche des groupes, des mouvements et des communautés, et c’est ce qui explique que, très souvent, ils commencent par une vie intense dans l’Esprit mais finissent fossilisés… ou corrompus.

59. Sans nous en rendre compte, en pensant que tout dépend de l’effort humain canalisé par des normes et des structures ecclésiales, nous compliquons l’Evangile et nous devenons esclaves d’un schéma qui laisse peu de place pour que la grâce agisse. Saint Thomas d’Aquin nous rappelait que les préceptes ajoutés à l’Evangile par l’Église doivent s’exiger avec modération « de peur que la vie des fidèles en devienne pénible » et qu’ainsi notre religion ne se transforme en « un fardeau asservissant »[64].

Le résumé de la Loi

60. Pour éviter cela, il est bon de rappeler fréquemment qu’il y a une hiérarchie des vertus qui nous invite à rechercher l’essentiel. Le primat revient aux vertus théologales qui ont Dieu pour objet et cause. Et au centre se trouve la charité. Saint Paul affirme que ce qui compte vraiment, c’est la « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). Nous sommes appelés à préserver plus soigneusement la charité : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi […]. La charité est donc la loi dans sa plénitude » (Rm 13, 8.10). « Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (Ga 5, 14).

61. En d’autres termes : dans l’épaisse forêt de préceptes et de prescriptions, Jésus ouvre une brèche qui permet de distinguer deux visages : celui du Père et celui du frère. Il ne nous offre pas deux formules ou deux préceptes de plus. Il nous offre deux visages, ou mieux, un seul, celui de Dieu qui se reflète dans beaucoup d’autres. Car en chaque frère, spécialement le plus petit, fragile, sans défense et en celui qui est dans le besoin, se trouve présente l’image même de Dieu. En effet, avec cette humanité vulnérable considérée comme déchet, à la fin des temps, le Seigneur façonnera sa dernière œuvre d’art. Car « qu’est-ce qui reste, qu’est-ce qui a de la valeur dans la vie, quelles richesses ne s’évanouissent pas ? Sûrement deux : le Seigneur et le prochain. Ces deux richesses ne s’évanouissent pas »[65].

62. Que le Seigneur délivre l’Église des nouvelles formes de gnosticisme et de pélagianisme qui l’affublent et l’entravent sur le chemin de la sainteté ! Ces déviations s’expriment de diverses manières, selon le tempérament et des caractéristiques propres à chacun. C’est pourquoi j’exhorte chacun à se demander et à discerner devant Dieu de quelle manière elles peuvent être en train de se manifester dans sa vie.
Cordialement.
« N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1Jean 3,18)

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Re: Le 14 juillet dévoyé ...

Message non lu par Carhaix » mer. 24 juil. 2019, 16:06

Kerygme a écrit :
mer. 24 juil. 2019, 12:15
Bonjour PaxetBonum,


OK c'est votre avis, votre ressenti, je ne tente pas de vous convaincre et j'ai dis ce qu'il y avait à dire.

Un jour nous serons jugés avec la même mesure que celle avec laquelle nous avons jugé. La miséricorde pour le miséricordieux, la Loi pour le légaliste.


Cordialement.
Mais c'est vous qui condamnez, qui jugez. Où est votre miséricorde, Kerygme ? Vous vous autoproclamez miséricordieux alors que vous passez votre temps à condamner, juger, anathémiser, mépriser votre prochain.

Et vous ne faites donc pas de distinction entre les lois civiles et la Loi de l'Ancien Testament ? Hallucinant ! Il faut abolir toutes les lois pour être en accord avec l'Évangile ? Ce n'est plus du christianisme, mais de l'anarchie pure et simple. Et une forme de chantage : vous n'irez pas au Ciel si vous n'acceptez pas la politique du régime actuel.

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