Bonjour,
Gaudens :
Pour le traditionalisme dont vous [Altior] vous réclamez,tout est extrêmement simple: si les Etats se soumettaient au jugement de l'Eglise,le monde serait parfait,donc la liberté religieuse (non réduite à la tolérance contrôlée des cultes non catholiques) est une horreur,voire une hérésie puisque la "doctrine traditionnelle" l'affirme ainsi.
Le point important c'est la position officielle du pays, son gouvernement, ses plus hautes institutions par rapport à la question religieuse. Et le problème avec la liberté religieuse, c'est que dans un pareil régime l'avantage va revenir fatalement à l'erreur, aux fausses religions, à l'Idéologie contraire, aux superstitions, trucs occultes, etc.
Quand les autorités d'un pays envoient le message à tous (avec son abstention, sa neutralité) qu'il n'y aurait pas moyens pour des gens sérieux de déterminer quelle religion serait la bonne, la meilleure ou même s'il serait légitime de croire qu'une religion pourrait être meilleure qu'une autre pour commencer : tous les citoyens vont comprendre soit que toutes les religions se valent (en bien ou en mal) soit que le phénomène religieux en lui-même ne devrait revêtir aucune importance. Et, ici, c'est quand bien même le christianisme serait la moins mauvaise religion parmi cent ou qu'elle serait la religion la moins débile du lot ("supposons !", pour parler comme un agnostique laïcard), il n'en restera pas moins que la religiosité en elle-même sera réputé être un domaine très marginal dans la cité, un truc ne pouvant avoir une grande incidence sur le cours des affaires, son devenir, sur les lois du pays, chaque fois qu'il y aurait des décisions importantes à prendre.
Retour en arrière
Je crois que c'était en 2008, chez nous, qu'un Mgr Ouellet laissait entendre à mot couvert (mais c'était facile à décoder) que si le pays était un pays chrétien comme il l'était jadis en 1950, nous ne traverserions pas les turbulences que nous traversons, avec la question de l'immigration et de l'immigration musulmane en particulier. Tout le monde se sera récrié d'horreur naturellement. Ce fut une universelle clameur pour prier de jeter dehors du pays ce malotru. Néanmoins je pense que c'est lui qui avait raison.
Il voulait dire qu'il est d'autant plus facile d'intégrer des nouveaux venus, lorsque tout le monde a bien connaissance des balises claires, que les gens du cru sont rassurés à l'effet que les autorités défendent bien leurs intérêts collectifs (religieux, patrimoniaux), que les autres savent dans quel pays ils mettent les pieds, quelles sont les limites. Le libéralisme dans le domaine religieux ouvre la porte plutôt à la compétition, les revendications, la guérilla, la confusion, les décisions politiques jugées arbitraires par les uns et amenant la nécessité d'autres combats, la division du pays.
Enfin ...
Le système libéral des Lumières n'a de sens que pour des incroyants en réalité, pour des gens chez qui la religion n'est d'aucune importance réelle, pour qui seul compte le commerce, le profit matériel, le progrès des techniques.
Lorsque notre Église catholique donne parfaitement son aval à ce système, et considère même qu'il n'est rien de mieux que ce modèle de développement des peuples : elle fournit elle-même les armes à ses adversaires pour que ceux-ci puissent finir de la liquider proprement.
Comme Suliko, moi, de plus en plus, je ne peux même plus comprendre comment il aura pu se faire que des évêques de l'Église catholique aient pu un jour donner la main à une telle entreprise d'assujettissement de l'Église au libéralisme philosophique comme principe de gouvernance; à ce principe qu'il serait très bien (excellent !) que les rois, les ministres, les chefs, les autorités publiques, l'élite du pays (magistrats, etc.) soient des êtres officiellement "sans religion".
Je pense bien que cet assujettissement philosophique, culturel ou mental en premier explique sans doute en bonne partie les difficultés de l'Église, l'enfouissement, le silence et tout.