Raistlin a écrit :
Eh bien moi, ce film, je l'aime et j'ai pris l'habitude de le visionner chaque vendredi saint. Franchement, ce film, c'est un électrochoc salutaire : il nous aide à prendre conscience que le Christ a vraiment morflé pour notre Salut, en gros qu'il n'a pas fait semblant, choses accréditées par le Linceul de Turin.
Oui ce film nous arrête à la réalité de douleurs humaines mais n'est-ce pas ce que les chrétiens ont justement oublié, dans notre monde aseptisé où toute souffrance doit être bannie ? On a l'impression qu'il vaut mieux ne pas trop contempler le Christ souffrant de peur d'être taxer de dolorisme mais que croit-on qu'enseigne le Nouveau Testament ? Eh bien, une chose très précise : prendre sa croix et la porter comme le Christ a porté la sienne. Eh puis aussi participer aux souffrances du Christ. Le christianisme n'est pas une religion de l'épanouissement personnel et de la négation de la souffrance. C'est une religion de la transfiguration de la souffrance, de la victoire de l'amour crucifié.
Donc oui ce film est violent. Oui il déverse des litres et des litres d'hémoglobine. Eh bien, un chrétien ne devrait avoir qu'une seule chose à se dire face à ça : c'est probablement quelque chose de très similaire qu'a du subir le Christ. Ce film devrait jeter tout chrétien à genoux, pleurant et gémissant sur ses péchés car c'est à cause d'eux que le Christ a été crucifié, et rendant grâce pour l'amour de notre Sauveur. Voilà mon avis.
Merci Raistlin ! Je partage tout à fait ce sentiment.
En 2004, j'avais publié un article dans un courrier des lecteurs d'un journal.
Pour ceux que cela intéresserait, je le reproduis ici :
Après avoir vu La Passion avec ma femme et notre fils de 17 ans, notre impression première fut celle d’un film vrai. C’est un témoignage. Un témoin ne voit pas tout, ne regarde pas tout, ne comprend pas tout. Mel Gibson l’a fait avec cœur en donnant le meilleur de lui-même. La vérité du film tient certes au respect des récits des évangiles, mais surtout au fait qu’il n’enferme pas le spectateur dans un réalisme historique impossible dans les détails et qu’il exprime sa perception des faits avec l’affection profonde qui est manifestement la sienne pour Jésus et sa maman.
Le sujet choisi est limité. Mel Gibson ne cherche pas à endoctriner. Il veut montrer la passion, la violence des récits connus que nous rappellent tant de crucifix. Il propose au spectateur de prendre conscience de la réalité dans une reconstitution. Il ne le fait pas de manière extrême. La violence réelle fut certainement pire encore. Elle n’a pas duré que deux heures. Marie, d’une qualité de présence exceptionnelle d’intensité dans le film, n’a pas bénéficié, comme le spectateur, des fréquentes bouffées d’aération que Mel Gibson place dans son film par des interruptions multiples des moments les plus durs au moyen de souvenirs de moments joyeux ou paisibles de la vie de Jésus, de scènes périphériques, d’allégories ou de scènes au ralenti. La compassion de Jésus est elle-même toujours présente pour ne pas susciter une réaction de haine envers ceux qui le font souffrir.
Les évocations des paroles et des actes de Jésus avant sa passion comme de sa résurrection sont discrètes.
A plusieurs moments du film, Mel Gibson s’écarte du réalisme pour s’exprimer davantage de manière allégorique ou symbolique, comme pour rappeler au spectateur qu’une distance est inévitable par rapport à la réalité qui ne peut être connue avec précision. La musique, les bruits parfois amplifiés, les ralentis qui peuvent aussi exprimer l’abrutissement de la souffrance, mettent cette distance. Le film n’est pas une vaine tentative littérale de reconstitution policière à prendre au premier degré. Il témoigne d’un événement en montrant, de manière subjective, sa réalité violente, davantage comme un portrait d’un peintre que comme celui d’un photographe. Peu importe les détails historiques inconnus que Mel Gibson a dû imaginer ou symboliser pour pouvoir relater la passion.
La difficulté du travail entrepris était grande. Il s’en sort très bien. Son film n’est pas une œuvre à apprécier dans un moment de loisir à occuper. C’est un récit douloureux qu’il relate avec sa culture et sa sensibilité. Son témoignage mérite le respect.