@ti-coz
. Heu, en fait si, je vous réponds déjà :
Cependant, même dans ce cas là, on peut aussi prévoir le moment où le malade se sentira mourir et, alors, plongera dans l'angoisse de ne pas avoir "mis ses affaires en ordre" et dit adieu à ses proches - or, plus on retarde cette prise de conscience, moins il aura de temps pour le faire, plus ce sera source d'angoisse.
Donc, même dans l'optique purement athée que vous proposez, la nécessité, pour la personne malade, de se préparer à la mort avec plus de sérénité, est importante.
Autrement dit : votre malade va tôt ou tard se rendre compte qu'il meure. Et prendre alors conscience de ce qu'il avait laissé en attente, en plan, remettant à plus tard - se réconcilier avec un tel, confier telle sentiment à ses proches, mettre ses affaires (spirituelles, familiales, amicales) en ordre, avant de partir.
Si cela arrive tard, il ne pourra s'y prendre que dans la précipitation, dans un sentiment d'urgence et de panique. Voire, très probable aussi, n'avoir le temps de rien de tout ça ET en même temps prendre brutalement conscience de n'en avoir pas le temps. Et cela ne peut entraîner que désespoir et sentiment de gâchis.
Or, si une personne avait eu le moyen de prévenir plus longtemps à l'avance ce malade, de lui donner plus de temps pour cette nécessaire mise en ordre indispensable pour partir en paix,
et qu'elle l'a tu, alors cette personne me semble coupable de négligence.
Ceci donc dans une perspective athée (ou agnostique, ce qui à ce moment revient au même : la perspective où on ne voit aucune nécessité de se préparer à quoi que ce soit qui arriverait "après").
Dans une perspective chrétienne, à cet aspect humain de la question s'ajoute l'aspect spirituel : de même qu'il faut, pour se sentir partir plus en paix, plus sereinement, mettre en ordre ses affaires humaines, de même il faut alors mettre en ordre ses affaires spirituelles : non plus seulement ses rapports et ses affaires en cours avec ses proches et sa famille, mais ses rapports et ses affaires en cours avec Dieu.
Là encore, beaucoup de choses que dans la vie quotidienne on a tendance à remettre au lendemain ou à laisser à l'arrière-plan.
Là encore et plus encore, la personne qui savait, qui pouvait prévenir et donner le temps au malade de tout mettre en ordre, et qui ne dit rien pour n'inquiéter personne, est alors coupable de négligence, et plus grave encore s'il s'agit d'éternité et d'accomplissement de sa destinée humaine.
Pour prendre une image :
nous savons tous qu'il est plus apaisant, plus rassurant, si on doit partir de chez soi, soit pour un long voyage, soit pour toujours, d'avoir eu le temps de ranger, faire le ménage, régler les affaires courantes, nettoyer et trier ce qui s'entassait depuis des mois sur le bureau ou dans le salon et qu'on remettait sans cesse au lendemain,
enfin préparer ce qu'on emporte, son petit paquetage des choses essentielles qu'on ne peut se permettre de laisser en arrière et que l'on veut (ou que l'on doit) emporter avec soi.
Un départ en catastrophe, c'est tout de suite plus angoissant (prendre subitement conscience du désordre qui restera désordre, des affaires qui ne seront pas réglées, sans pouvoir réellement préparer et emmener l'essentiel que l'on voulait avoir sur soi).
Et voilà qu'un ami de cette personne savait, disons qu'il allait être muté, qu'il allait être expulsé. Sans pouvoir l'empêcher, certes. Mais au moins, n'aurait-il pas pu le prévenir ?