Bonjour Ti'Hamo,
Je pensais avoir été plus clair que cela dans mon précédent message, sur les plans d'approche des différentes substances, mais je veux bien me corriger.
ti'hamo a écrit :Vous avez étudié quels types d'effets du cannabis, sous quel angle, en fac de quoi, pour être précis ?
Fac de psychologie, 3ème année, 8 heures d'amphi de psychophysiologie par semaine, au cours desquelles on étudie les systèmes nerveux et endocriniens, et les substances pouvant agir sur ces systèmes, parmi lesquelles une tonne de pharmacopée version papier, et l'approche des neuroleptiques et différents psychotropes. Dans d'autres disciplines, notamment en psychopathologie, nous avons pu aussi aborder les phénomènes et comportements addictifs.
A titre plus personnel, j'ai été un consommateur assez régulier, pendant mes études, d'alcool et de cannabis, mais ça n'avait pas grand chose à voir avec du travail personnel zélé, si vous voyez ce que je veux dire.
ti'hamo a écrit :Ce que j'ai dit c'est que les mécanismes d'action du cannabis sur le cerveau en font de ce point de vue une substance qui n'a rien à voir avec l'alcool ; je parle bien là des mécanismes biologiques.
Ce dont je parle quand j'évoque les mécanismes physiologiques. Il y a peut-être un petit malentendu là-dessus, d'ailleurs. La physiologie étant la branche des sciences biologiques traitant des fonctionnement (physiques et/ou chimiques) interne et externe des organismes vivants, ainsi que leurs interactions avec l'environnement, je crois qu'on reste assez dans votre approche. J'aborde en particulier l'angle plus spécifique de la psychophysiologie qui traite de la physiologie impliquée dans les facultés cognitives.
En fait, vous expliquiez en quoi le THC se fixe sur des récepteurs spécifiques du cerveau, pour le distinguer de l'alcool ou du tabac qui... agissent pourtant de manière analogue sur le système nerveux central. La nicotine, pour le tabac, impacte directement les systèmes de neurtransmetteurs noradrénergiques et dopaminergiques. L'éthanol est quant à lui un dépresseur du système nerveux central, agissant principalement par nécrose des cellules nerveuses. Tout ceci n'a rien de remarques d'ordres sociologiques ou comportementales, ce sont des faits biologiques. En sorte que je ne voyais pas bien en quoi vous opposiez cannabis d'un côté, et alcool et tabac de l'autre. Les mécanismes ne sont pas exactement les mêmes, puisque nous avons là des composés différents chimiquement. Mais l'étude physiologique montre une beaucoup plus grande toxicité de l'éthanol que du THC sur le cerveau. Notez, au passage, que les deux sont des alcools, le second introduisant dans l'organisme, de par ses modes de consommation, une quantité nettement inférieur de principe actif.
ti'hamo a écrit :Ce dont vous me parlez vous ce sont les mécanismes sociaux et psychologiques : dans un contexte où l'on est poussé et incité à boire de l'alcool dans le but de lever les inhibitions, alors effectivement l'effet en sera désastreux et ses ravages non négligeables. Mais d'une part ce serait un mensonge de prétendre que ce contexte est le seul et unique contexte obligatoire et incontournable de consommation d'alcool ; d'autre part il s'agit bien d'un contexte, donc de faits extérieurs à la substance elle-même.
Certes, j'ai aussi évoqué les aspects comportementaux liés à la consommation. Mais là encore, je crois qu'il y a méprise. Je n'évoquais l'effet désinhibiteur de l'alcool en tant qu'effet recherché conduisant à l'excès, mais en tant qu'effet induit par la seule consommation d'alcool, quelle que soit la dose. A un moment vous disiez :
Ti'Hamo a écrit :Le cannabis n'est pas anodin, et cela dès la première consommation, et même à petites doses.
Je souligne juste qu'on peut en dire exactement de même de l'alcool, et même bien plus de l'alcool. Votre organisme ne métabolise directement qu'environ 20% de l'éthanol ingéré. Le reste passe dans le sang qui le conduit en particulier au cerveau et y provoque les effets dépresseurs (et même destructeurs) spécifiques à la substance. Comme pour le cannabis, selon les degrés de tolérance, cela ne se traduit pas forcément de manière tangible sur les comportements, mais l'effet est bien là, dès la première consommation et il n'est pas anodin. Je ne voyais donc pas en quoi on pouvait enchainer ensuite sur :
Ti'Hamo a écrit :La consommation de cannabis n'est donc pas à ranger dans la même catégorie que la consommation d'alcool ou de tabac
Le reste de mon propos est la projection, par analogie, de ces rapprochement biologiques, avec l'aspect psychologique et comportemental. Notamment pour montrer, après avoir noté que les modalités d'action psychophysiologique (incluant donc l'aspect biologique) entre cannabis et alcool ne sont pas si importantes que cela (cela n'a pas "rien à voir").
Voilà ce qui me conduisait à conclure que la plus grande différence entre les deux produits de consommation, dans ce qu'ils peuvent avoir d'implication morale, est surtout de l'ordre du culturel (en l'occurrence "légal").