La consommation de cannabis est-elle un péché ?

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Raistlin » mer. 23 juin 2010, 17:14

Antestor a écrit :Il n’en est pas de même pour le cannabis, l’effet est relaxant s’il y a une prise raisonnable.
Il ne me semble pas que le canabis ne soit consommé que pour un effet relaxant. Enfin, ça dépend de ce que vous entendez pas relaxant... Certains vous diront que boire un petit coup leur permet d'oublier leurs problèmes et de relâcher la pression, mais je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution.

Quoiqu'il en soit, il va de soi que le canabis ne saurait être comparé à des drogues dites "dures". Cependant, il me semble que nombre de spécialistes s'inquiètent de la banalisation du canabis. Apparemment, cette drogue n'est quand même pas si douce que ça. Vous me direz qu'il suffit de contrôler les doses. Ce à quoi je réponds qu'on peut être alcoolique sans être ivre tous les jours : boire modérément mais régulièrement suffit. Le terme de drogue douce est dangereux car il tend à faire croire que tout est OK. Or il me semble que la consommation de canabis - et de drogues en général - n'est pas si anodine qu'il n'y paraît. Et les experts semblent d'accord avec moi sur ce point.

Pour ma part, voilà comment j'analyse les choses : Dieu veut que Ses enfants soient des Hommes vraiment libres. Cette liberté est-elle conciliable avec l'utilisation de drogues pour une raison ou une autre (faire comme les autres, induire un état de conscience modifié, etc.) ? Je ne crois pas et c'est ce qui me fait dire que, sans être forcément un péché (quoique je n'en sais rien), il ne s'agit en tout cas pas de la meilleure façon de traiter son corps et de vivre libre. Bon, après, bien entendu que je suis conscient du fait que la consommation du canabis a le plus souvent un sens récréatif et que ça n'est pas bien méchant.

Antestor a écrit :Si on ne connaît pas il me semble dur de le juger.
Oui, enfin, à partir sur ce principe, voilà nombre d’entre nous incapables de juger de beaucoup de choses. L'expérience n'est pas la seule voie de la connaissance. Ainsi, il ne me semble pas nécessaire d’avoir fait l’expérience de quelque chose pour le juger : par exemple, je n’ai jamais mangé d’excréments mais je suis à peu près certain que ce n’est pas tip top.

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Antestor » mer. 23 juin 2010, 17:25

Oui vous n’avez pas mangé vos excréments mais vous en connaissez l’odeur terrible, mais je ne m’étendrais pas sur le sujet…

Je crois que votre analyse est juste concernant le cannabis et même si la notion de péché reste floue ici cela n’empêche la dramatique situation dans la quelle se trouvent les jeunes au niveau de leur comportement par rapport aux drogues (tabac, cannabis, etc...) et à l’alcool aux quels ils sont bien souvent dépendants sans même le savoir.


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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par ti'hamo » jeu. 24 juin 2010, 19:58

Comme il a été rappelé, l'alcool ou le tabac ne produisent pas d'effets néfastes sur la conscience et l'intelligence en consommation occasionnelle et raisonnée.

Ce n'est pas le cas du cannabis, qui agit tout de suite directement sur des récepteurs particuliers du cerveau, sur lesquels il reste fixé (enfin, pas "le cannabis" mais le THC) et produit un effet continu et prolongé jusqu'à plusieurs jours après la consommation. D'ailleurs, chez certaines personnes plus sensibles, le cannabis peut déclencher une schizophrénie dès la première consommation, même "pas excessive".

Vous me direz que cela est limité, justement, à quelques personnes particulièrement sensibles ; certes, mais d'une part on ne peut pas le savoir à l'avance, donc peut-on se permettre de prendre ce risque, d'autre part cela n'est pas la question, je cite ce fait pour montrer que le cannabis agit directement dans le cerveau dès la première consommation et cela même à dose peu excessive.
Ce n'est pas l'action du cannabis qui est différente chez ces personnes (comme ce serait par exemple le cas si quelqu'un déclenchait une allergie au cannabis, ou au tabac : c'est chez cette personne en particulier que le la substance allergène a un effet et des mécanismes qu'elle n'a pas chez les autres),
mais c'est la réponse du sujet à cette action qui est plus forte que chez les autres - autrement dit, ces personnes sont un peu comme les canaris dans les mines autrefois : ce n'est pas que le cannabis n'ait d'effet que sur elles, c'est que ces personnes étant plus sensibles, les effets chez elles se développent plus vite et plus fort, sont plus visibles et plus spectaculaires... mais illustrent pourtant ce qui se produit à petite dose chez les autres.

Le cannabis n'est pas anodin, et cela dès la première consommation, et même à petites doses.
La consommation de cannabis n'est donc pas à ranger dans la même catégorie que la consommation d'alcool ou de tabac (notez bien que la question n'est même pas ici la possibilité de développer une dépendance : on peut potentiellement développer une dépendance à tout - alcool, chocolat, jeux de société, internet, sexe, nourriture...).
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Antestor » jeu. 24 juin 2010, 23:02

Je suis désolé mais je ne suis pas du tout d’accord sur la distinction faite entre le cannabis et le tabac.
Que la consommation de drogue dite douce soit un péché j’en conviens, mais il est inutile de rappeler le nombre de produits cancérigène et surtout additifs présent dans le tabac qui est archi traité ? Fumez une garro si vous ne fumez pas et vous verrez l’état de votre tête… Il y a un effet étourdissant et les fumeurs vous le dirons : ils ont besoins d’une cigarette pour ce détendre.

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Pneumatis » jeu. 24 juin 2010, 23:22

Bonsoir Ti hamo,

Euh, je suis désolé mais pour avoir expérimenté cannabis (quand j'étais étudiant) et alcool, et les avoir aussi étudié en cours de psycho physiologie à la fac, je ne serais pas aussi catégorique que vous.

Vous semblez dire que la consommation d'alcool est anodine si elle est raisonnable, mais c'est quoi une consommation raisonnable ? Pour parler comme les jeunes, et n'étant pas un grand consommateur d'alcool, je suis autant "défoncé" avec un bon verre de vin que je le serais avec un joint. Et je ne suis pas le seul. On peut même expérimenter la théorie contraire à la votre : quand j'étais étudiant, nombre de personnes autour de moi ne ressentaient aucun effet à leur premier joint, mais seulement au bout de plusieurs expériences. Inversement, je connais nombre de personnes, en particulier des femmes, qui sont "pompettes" avec une seule bière. Il faut arrêter de croire que l'éthanol ne fait rien et que le THC défonce. On consomme précisément de l'alcool pour l'effet produit sur la conscience (désinhibition en particulier), qu'on en soit conscient ou non. Culturellement l'alcool est associé à la fête, et les sociologues proches du milieu médical vous diront d'ailleurs qu'on devrait réfléchir un jour à sortir de cette équation "fête=consommation d'alcool" qui est si bien ancrée dans notre culture.

Sur le plan purement psycho-physiologique, enfin, l'alcool est bien plus dangereux et dévastateur que le cannabis, lequel a des vertus qui peuvent tout à fait entrer dans un cadre thérapeutique (effet analgésique et sédatif). Bien sur, on peut en dire autant des dérivés morphiniques, dont la consommation hors cadre médical est pourtant extrêmement dangereuse et potentiellement mortelle (en cas d'overdose). Pour autant le THC ne présente pas de propriété dangereuses pour l'organisme, et aucune propriété addictive au plan chimique - à ceci prêt qu'il est généralement consommé avec du tabac qui lui est très addictif. L'alcool, elle aussi à des propriétés bénéfiques (sinon on n'en boirait pas), mais est, en revanche, classé dans les produits addictifs les plus graves, à un niveau supérieur à l'héroïne, juste pour donner une idée. En outre, à l'excès, elle peut entrainer des comas et même la mort en cas d'overdose.

Bref, mes données ne sont pas récentes, vu que j'ai quitté la fac il y a une dizaine d'années, mais d'après moi la principale contre-indication du cannabis reste son aspect clairement contre-culturel et illégal.

Et je précise aussi, je ne veux pas condamner l'alcool : je crois que la consommation de boissons fermentées a une symbolique importante ; tellement importante que c'est par elle que le Seigneur nous permet de communier réellement à son sang, en transsubstantiant le vin lors de la messe. Mais je crois aussi que le gros de notre consommation d'alcool devrait se limiter précisément au vin (rouge de préférence), et pendant les repas, à petite dose. Des études ont d'ailleurs montré que la consommation d'un petit verre de vin rouge par repas était extrêmement bénéfique pour la santé, en ralentissant notamment les effets du vieillissement (présence d'anti radicaux libre dans le vin rouge).
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Antestor » jeu. 24 juin 2010, 23:30

@Pneumatis

Mh boire du vin aujourd'hui relève de la folie vu le nombre de produits douteux qu'il contient.

Tous au bio...

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Pneumatis » jeu. 24 juin 2010, 23:35

Antestor a écrit :@Pneumatis

Mh boire du vin aujourd'hui relève de la folie vu le nombre de produits douteux qu'il contient.

Tous au bio...

:croix:
Tout à fait d'accord ! D'autant que le vin bio, c'est loin d'être dégueu ;)
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par ti'hamo » lun. 05 juil. 2010, 9:36

@ Pneumatis
. Vous avez étudié quels types d'effets du cannabis, sous quel angle, en fac de quoi, pour être précis ?
[edit : heu, c'est un peu brusque comme entrée en matière... non mais la suite est un peu plus travailée... :oops: ]

. Je n'ai dit nulle par "l'alcool est anodin, le cannabis défonce", donc tout ce qui dans vos propos a trait à cette question ne constitue pas une objection contre ce que j'en disais.
Ce que j'ai dit c'est que les mécanismes d'action du cannabis sur le cerveau en font de ce point de vue une substance qui n'a rien à voir avec l'alcool ; je parle bien là des mécanismes biologiques.

Ce dont vous me parlez vous ce sont les mécanismes sociaux et psychologiques : dans un contexte où l'on est poussé et incité à boire de l'alcool dans le but de lever les inhibitions, alors effectivement l'effet en sera désastreux et ses ravages non négligeables. Mais d'une part ce serait un mensonge de prétendre que ce contexte est le seul et unique contexte obligatoire et incontournable de consommation d'alcool ; d'autre part il s'agit bien d'un contexte, donc de faits extérieurs à la substance elle-même.
Or je parlais bien des effets de la substance elle-même, par nature, indépendamment du cadre et du contexte dans lequel elle est consommée et indépendamment de la volonté du consommateur.

C'est donc tout à fait différent - quoiqu'il ne faille négliger aucun des aspects de la question -, et c'est un peu le souci de la réflexion actuelle sur cette question : on n'invoque généralement que les aspects sociaux, le contexte entourant la consommation - et de ce point de vue il est évident que la consommation d'alcool dans le contexte d'une "fête" étudiante" n'a rien de préférable à la consommation de cannabis - en se gardant bien de rappeler les effets propres de chaque substance, précisément et sur le plan scientifique, biologique.


Quant aux aspects thérapeutiques de la consommation de cannabis (et là encore il s'agit bien d'un contexte de consommation), comme vous le dites il en va bien de même des dérivés morphiniques : pourtant il n'est absolument pas question de prétendre que la consommation de dérivés morphiniques soit anodine.
C'est d'ailleurs tout le contraire : le type même d'utilisation de ces substances dans un cadre thérapeutique, donc en recherchant les effets biologiques, montre clairement qu'il s'agit de substances agissant directement et durablement sur le cerveau même à faibles doses.
On utilise par contre assez peu la bière. :)
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Pneumatis » mar. 06 juil. 2010, 14:07

Bonjour Ti'Hamo,

Je pensais avoir été plus clair que cela dans mon précédent message, sur les plans d'approche des différentes substances, mais je veux bien me corriger.
ti'hamo a écrit :Vous avez étudié quels types d'effets du cannabis, sous quel angle, en fac de quoi, pour être précis ?
Fac de psychologie, 3ème année, 8 heures d'amphi de psychophysiologie par semaine, au cours desquelles on étudie les systèmes nerveux et endocriniens, et les substances pouvant agir sur ces systèmes, parmi lesquelles une tonne de pharmacopée version papier, et l'approche des neuroleptiques et différents psychotropes. Dans d'autres disciplines, notamment en psychopathologie, nous avons pu aussi aborder les phénomènes et comportements addictifs.

A titre plus personnel, j'ai été un consommateur assez régulier, pendant mes études, d'alcool et de cannabis, mais ça n'avait pas grand chose à voir avec du travail personnel zélé, si vous voyez ce que je veux dire.
ti'hamo a écrit :Ce que j'ai dit c'est que les mécanismes d'action du cannabis sur le cerveau en font de ce point de vue une substance qui n'a rien à voir avec l'alcool ; je parle bien là des mécanismes biologiques.
Ce dont je parle quand j'évoque les mécanismes physiologiques. Il y a peut-être un petit malentendu là-dessus, d'ailleurs. La physiologie étant la branche des sciences biologiques traitant des fonctionnement (physiques et/ou chimiques) interne et externe des organismes vivants, ainsi que leurs interactions avec l'environnement, je crois qu'on reste assez dans votre approche. J'aborde en particulier l'angle plus spécifique de la psychophysiologie qui traite de la physiologie impliquée dans les facultés cognitives.

En fait, vous expliquiez en quoi le THC se fixe sur des récepteurs spécifiques du cerveau, pour le distinguer de l'alcool ou du tabac qui... agissent pourtant de manière analogue sur le système nerveux central. La nicotine, pour le tabac, impacte directement les systèmes de neurtransmetteurs noradrénergiques et dopaminergiques. L'éthanol est quant à lui un dépresseur du système nerveux central, agissant principalement par nécrose des cellules nerveuses. Tout ceci n'a rien de remarques d'ordres sociologiques ou comportementales, ce sont des faits biologiques. En sorte que je ne voyais pas bien en quoi vous opposiez cannabis d'un côté, et alcool et tabac de l'autre. Les mécanismes ne sont pas exactement les mêmes, puisque nous avons là des composés différents chimiquement. Mais l'étude physiologique montre une beaucoup plus grande toxicité de l'éthanol que du THC sur le cerveau. Notez, au passage, que les deux sont des alcools, le second introduisant dans l'organisme, de par ses modes de consommation, une quantité nettement inférieur de principe actif.
ti'hamo a écrit :Ce dont vous me parlez vous ce sont les mécanismes sociaux et psychologiques : dans un contexte où l'on est poussé et incité à boire de l'alcool dans le but de lever les inhibitions, alors effectivement l'effet en sera désastreux et ses ravages non négligeables. Mais d'une part ce serait un mensonge de prétendre que ce contexte est le seul et unique contexte obligatoire et incontournable de consommation d'alcool ; d'autre part il s'agit bien d'un contexte, donc de faits extérieurs à la substance elle-même.
Certes, j'ai aussi évoqué les aspects comportementaux liés à la consommation. Mais là encore, je crois qu'il y a méprise. Je n'évoquais l'effet désinhibiteur de l'alcool en tant qu'effet recherché conduisant à l'excès, mais en tant qu'effet induit par la seule consommation d'alcool, quelle que soit la dose. A un moment vous disiez :
Ti'Hamo a écrit :Le cannabis n'est pas anodin, et cela dès la première consommation, et même à petites doses.
Je souligne juste qu'on peut en dire exactement de même de l'alcool, et même bien plus de l'alcool. Votre organisme ne métabolise directement qu'environ 20% de l'éthanol ingéré. Le reste passe dans le sang qui le conduit en particulier au cerveau et y provoque les effets dépresseurs (et même destructeurs) spécifiques à la substance. Comme pour le cannabis, selon les degrés de tolérance, cela ne se traduit pas forcément de manière tangible sur les comportements, mais l'effet est bien là, dès la première consommation et il n'est pas anodin. Je ne voyais donc pas en quoi on pouvait enchainer ensuite sur :
Ti'Hamo a écrit :La consommation de cannabis n'est donc pas à ranger dans la même catégorie que la consommation d'alcool ou de tabac
Le reste de mon propos est la projection, par analogie, de ces rapprochement biologiques, avec l'aspect psychologique et comportemental. Notamment pour montrer, après avoir noté que les modalités d'action psychophysiologique (incluant donc l'aspect biologique) entre cannabis et alcool ne sont pas si importantes que cela (cela n'a pas "rien à voir").

Voilà ce qui me conduisait à conclure que la plus grande différence entre les deux produits de consommation, dans ce qu'ils peuvent avoir d'implication morale, est surtout de l'ordre du culturel (en l'occurrence "légal").
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Raistlin » mar. 06 juil. 2010, 14:35

Bonjour Pneumatis,

Merci pour cette analyse détaillée, elle aide grandement à avancer dans le débat. J'aimerais réagir sur votre dernière phrase :
Pneumatis a écrit :Voilà ce qui me conduisait à conclure que la plus grande différence entre les deux produits de consommation, dans ce qu'ils peuvent avoir d'implication morale, est surtout de l'ordre du culturel (en l'occurrence "légal").
A mon sens, vous oubliez une autre différence entre l'alcool et le cannabis qui est celui de la consommation gustative. En effet, d'aucuns - et c'est mon cas - peuvent apprécier un bon verre de vin non pas pour son effet déshinibiteur mais pour son goût (et de fait, en dehors du vin, je n'aime pas l'alcool). L'ivresse qui peut s'en suivre est donc un effet secondaire qui n'est pas voulu pour lui-même.

En va-t-il de même pour le cannabis ? Je ne crois pas. En effet, ce qui est recherché en fumant du cannabis, c'est réellement l'effet qu'il procure. Bien entendu, je sais que nombre de consommateurs d'alcool en boivent pour l'ivresse qu'il procure et en cela il n'y a pas de différence avec le cannabis. Mais il est aussi possible de consommer de l'alcool sans vouloir l'ivresse alors qu'il ne me semble pas avoir vu de fumeur de cannabis fumer sans rechercher l'effet qui s'en suivait.

Les implications morales ne sont donc pas forcément les mêmes et il me semble partiellement faux de dire qu'elles sont essentiellement d'ordre culturel. L'intention du consommateur peut être radicalement différente dans un cas où dans l'autre, or vous savez comme l'intention est déterminante dans le jugement moral d'un acte.

Cela étant, je pense comme vous que boire pour être ivre, ou fumer pour "triper" sont globalement équivalents.

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Pneumatis » mer. 07 juil. 2010, 12:16

Bonjour Raistlin,

Vous avez raison de remettre l'intention au centre de la question morale. Mais justement, et c'est là que je me suis mal exprimé, c'est relativement à des différences culturelles (telles que celles que vous évoquez vous-même, comme la dégustation) que l'intention est globalement différente et généralement discutable dans le cadre de la consommation du cannabis.

Ce que, je crois, nous avons montré, c'est que les produits ne sont pas intrinsèquement définis sur le plan moral. Alcool, tabac ou cannabis, ce sont des produits issus de la nature et transformés par l'homme, dont la consommation (toute question d'intention mise à part) ne comporte pas de différences morales intrinsèques ("bons" effets et "mauvais" effets se côtoient dans les uns comme dans les autres). Quant à l'intention, je ne crois pas qu'elle soit nécessairement conditionnée par la nature des produits, mais par la "culture" que nous avons du produit. Si je résume :

- On peut consommer de l'alcool pour être ivre
- On peut consommer du cannabis pour être stone

- On peut boire un verre pour se détendre
- On peut fumer un joint pour se détendre

- On peut trinquer avec des gens pour "briser la glace" ou avec des amis pour "partager un bon moment" (apéro)
- On peut faire "tourner un joint" exactement dans le même esprit que dans d'autres cultures on partageait le calumet de la paix (c'est du vécu). C'est d'ailleurs ce que disait Antestor, précédemment, il me semble.

Ensuite, c'est là qu'on arrive à des différences imposées véritablement par la culture et par la loi. Il faut essayer de prendre du recul par rapport à cela : comme vous dites, on peut apprécier de déguster un bon vin pendant ou hors d'un repas, dans une culture comme la notre où le vin est un produit historiquement et culturellement rattaché à notre identité, où sa production et sa consommation sont abondantes et où la diversité des produits et l'expérience acquise dans la production permettent de distinguer les "bons produits" des "moins bons".

Dans une société où l'alcool ne serait pas enracinée dans la culture, où sa production et sa consommation seraient prohibées, où sa production serait uniquement gérée par des réseaux criminels, sous le manteau ; production forcément minime et donc très peu diversifiée, sans grande qualité, on peut très bien concevoir qu'une grande majorité de ceux qui en consomment ne le feraient pas particulièrement dans une intention purement gustative. En outre sa consommation, au-delà de l'intention a priori suspecte dans un tel contexte, aurait des implications morales quant à la complicité avec des réseaux criminels et la désobéissance à la loi en vigueur.

De même, imaginez maintenant que le cannabis se soit peu à peu enraciné dans notre culture, depuis longtemps, qu'il soit non seulement autorisé, mais que nous ayons fait de sa production tout un art. Je vous garantie que vous trouveriez autant de gens pour apprécier la dégustation d'une bonne Marijuana (par opposition à une mauvaise) sans particulièrement rechercher les effets psychotropes, que vous en avez pour apprécier un bon vin. Vous avez d'ailleurs le cas avec les cigares, pour revenir au tabac, dans certaines sphères socioculturelles auxquelles ils sont plus rattachés. J'ajoute que, bien que ne consommant plus de cannabis depuis bien longtemps, j'ai toujours trouvé son odeur et son gout très agréable (en fonction de la qualité, évidemment). C'est une plante très odoriférante, et dont on peut autant apprécier le gout que pour telle ou telle tisane.

Ceci dit, comme je le disais dans un de mes précédents messages, nous sommes chrétiens, et le vin n'est pas qu'un élément de la culture "nationale", mais aussi un élément essentiel de notre liturgie. Du coup, du point de vue chrétien, c'est son interdiction qui deviendrait immorale, en ce qu'elle nous empêcherait de célébrer l'eucharistie. On ne peut pas en dire autant du cannabis, à moins qu'il ne soit nécessaire à l'exercice de la légitime liberté de culte pour d'autres religions.

Bref, pour ne pas donner l'impression que je "justifie" la consommation de cannabis, je rappelle mon point de vue : moralement, dans le contexte qui est le notre, la consommation de cannabis, même avec les meilleures intentions du monde, me semble avoir de graves implications morales, en tant qu'elle s'oppose à une loi parfaitement légitime et qu'elle cautionne des réseaux de production et de distribution criminels. Quand en plus, cette consommation découle d'une intention évidente de concupiscence... la question me semble définitivement résolue.
Dernière modification par Pneumatis le mer. 07 juil. 2010, 14:04, modifié 1 fois.
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Antestor » mer. 07 juil. 2010, 12:26

En effet, je crois qu'elle l'est. ;)

Merci à tous pour vos messages.

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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par ti'hamo » ven. 09 juil. 2010, 0:02

Et merci à Pneumatis pour ces précisions.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 15 juil. 2010, 20:58

Le cannabis ne peut être considéré comme un bien
Il est un péché dans tous les cas
L'altération de la conscience va bien au-delà de la période de consommation
Les effets cérébraux sont définitifs pour le consommateur régulier

En rien le cannabis ne peut se justifier
En rien il ne peut être considéré comme une détente
C'est un mensonge de l'esprit qui nous coupe de la réalité
Et le père du mensonge on le connaît bien…
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Re: La consommation de cannabis est-elle un péché ?

Message non lu par Pneumatis » ven. 16 juil. 2010, 11:17

PaxetBonum a écrit :Le cannabis ne peut être considéré comme un bien
Il est un péché dans tous les cas
L'altération de la conscience va bien au-delà de la période de consommation
Les effets cérébraux sont définitifs pour le consommateur régulier

En rien le cannabis ne peut se justifier
En rien il ne peut être considéré comme une détente
C'est un mensonge de l'esprit qui nous coupe de la réalité
Et le père du mensonge on le connaît bien…
Bonjour PaxetBonum,

Auriez-vous l'amabilité... d'argumenter ? Je me permets également de vous demander si vous avez lu les échanges qui précédaient dans l'intégralité, et donc sur quelles données vous vous appuyer pour vos affirmations.

Une chose toutefois, et même si toutes vos autres affirmations étaient correctes, on ne peut de toute façon pas dire que le cannabis est un péché. Tout ce que vos affirmations permettraient éventuellement de dire ce serait : en consommer volontairement et en connaissant la réalité des maux qu'il entraine est un péché. Présenté comme ça, ça paraît déjà beaucoup plus acceptable. Reste ensuite à confirmer les maux véritables et donc à s'appuyer pour cela, non seulement sur les données scientifiques mais aussi sur une approche morale des maux présumés, notamment à réfléchir en quoi une altération de la conscience, telle que celle provoquée aussi par l'alcool mais également par n'importe quelle émotion forte, serait d'office un péché. Ce ne sont là que quelques pistes que nous avons humblement tenté d'explorer dans les échanges précédents. Si vous avez des précisions à y apporter ne vous gênez pas. Pour ce qui est des généralités en revanche, vous comprendrez qu'après presque une trentaine d'échanges elles paraissent moins pertinentes pour nous faire avancer sur la question.
Site : http://www.pneumatis.net/
Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013

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