Bonjour,
Petit rappel nécessaire (ce fil de discussion fait doublon avec un certain nombre d'autres fils) :
Je ne recite pas le C.E.C. qui a déjà été cité...
Evangelium Vitae a écrit :D'autre part, « la légitime défense peut être non seulement un droit, mais un grave devoir, pour celui qui est responsable de la vie d'autrui, du bien commun de la famille ou de la cité ». 44 Il arrive malheureusement que la nécessité de mettre l'agresseur en condition de ne pas nuire comporte parfois sa suppression. Dans une telle hypothèse, l'issue mortelle doit être attribuée à l'agresseur lui-même qui s'y est exposé par son action, même dans le cas où il ne serait pas moralement responsable par défaut d'usage de sa raison. 45
56. Dans cette perspective, se situe aussi la question de la peine de mort, à propos de laquelle on enregistre, dans l'Eglise comme dans la société civile, une tendance croissante à en réclamer une application très limitée voire même une totale abolition. Il faut replacer ce problème dans le cadre d'une justice pénale qui soit toujours plus conforme à la dignité de l'homme et donc, en dernière analyse, au dessein de Dieu sur l'homme et sur la société. En réalité, la peine que la société inflige « a pour premier effet de compenser le désordre introduit par la faute ». 46 Les pouvoirs publics doivent sérvir face à la violation des droits personnels et sociaux, à travers l'imposition au coupable d'une expiation adéquate de la faute, condition pour être réadmis à jouir de sa liberté. En ce sens, l'autorité atteint aussi comme objectif de défendre l'ordre public et la sécurité des personnes, non sans apporter au coupable un stimulant et une aide pour se corriger et pour s'amender. 47
Précisément pour atteindre toutes ces finalités, il est clair que la mesure et la qualité de la peine doivent être attentivement évaluées et déterminées; elles ne doivent pas conduire à la mesure extrême de la suppression du coupable, si ce n'est en cas de nécessité absolue, lorsque la défense de la société ne peut être possible autrement. Aujourd'hui, cependant, à la suite d'une organisation toujours plus efficiente de l'institution pénale, ces cas sont désormais assez rares, si non même pratiquement inexistants.
Dans tous les cas, le principe indiqué dans le nouveau Catéchisme de l'Eglise catholique demeure valide, principe selon lequel « si les moyens non sanglants suffisent à défendre les vies humaines contre l'agresseur et à protéger l'ordre public et la sécurité des personnes, l'autorité s'en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine ». 48
Le Saint Siège a écrit :DÉCLARATION AU CONGRÈS MONDIAL SUR LA PEINE DE MORT Paris, France, 1-3 février 2007
Monsieur le Président,
Le Congrès de Paris se déroule au moment où la campagne pour l’abolition de la peine de mort a eu à faire face aux défis inquiétants en raison d’exécutions récentes. Les consciences ont été réveillées par le souci d’une plus grande reconnaissance de la dignité inaliénable des êtres humains et de l’universalité et de l’intégralité des droits humains, en commençant par le droit à la vie.
Dans la continuité avec sa pratique lors des deux derniers Congrès, le Saint-Siège saisit cette occasion pour accueillir et pour affirmer de nouveau son soutien à toutes les initiatives visant à défendre la valeur inhérente et l’inviolabilité de toute vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Dans cette perspective, il attire l’attention sur le fait que l’usage de la peine de mort est non seulement un refus du droit à la vie mais aussi un affront à la dignité humaine partagée par l’humanité tout entière. L’appel du Pape Jean-Paul II, à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, à un moratoire sur la peine capitale est toujours présent dans nos esprits. De même, le Pape Benoît XVI a, au cours des derniers mois, élevé plusieurs fois la voix pour appeler à la clémence envers les personnes qui attendent leur exécution.
Tandis que l’Église catholique continue à maintenir que les autorités légitimes de l’État ont le devoir de protéger la société des agresseurs, et que certains États ont traditionnellement inclus la peine capitale parmi les moyens utilisés pour parvenir à cette fin, il est difficilement possible de justifier aujourd’hui le choix d’une telle option. Les États ont à leur disposition de nouveaux moyens « de prévenir de manière efficace les crimes, rendant celui qui a commis une offense incapable de faire le mal - sans lui enlever définitivement la possibilité de se racheter » (Cf. Jean-Paul II, Evangelium vitae, n. 56). De telles méthodes non létales de prévention et de punition « correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 2267).
Toute décision de peine capitale encourt de nombreux risques : le danger de punir des personnes innocentes ; la tentation de promouvoir des formes violentes de revanche plus qu’un véritable sens de la justice sociale ; une offense claire contre l’inviolabilité de la vie humaine, en promouvant une culture de la violence et de la mort ; et, pour les Chrétiens, il s’agit aussi d’un mépris de l’enseignement évangélique sur le pardon. Ôter la vie ne permet jamais de parvenir à des objectifs estimables pour lesquels les sociétés punissent les délinquants, alors que cela peut apaiser temporairement les appétits de vengeance.
Le Saint-Siège réitère son appréciation à l’égard des organisateurs du Forum et des gouvernements, des groupes et des personnes qui travaillent avec un engagement et une vigueur renouvelés pour abolir la peine capitale ou pour imposer un moratoire universelle dans son application.
3 février 2007
Mgr Jean Honoré, l'un des rédacteurs du Catéchisme de l'Église catholique a écrit :« Le Catéchisme (art. 2266) distingue fermement l'affirmation du principe de légitimité de la peine de mort, et son application qu'il réserve "aux cas d'extrême gravité". Le texte lui-même, dans sa rédaction et dans l'article qui suit (art. 2268), exprime une pensée très déterminée en faveur de l'abrogation de la peine de mort, et il en donne les raisons. Il n'est pas équitable d'opposer sur ce point le Catéchisme des adultes des évêques de France (art. 588). » ( «Le "Catéchisme" et la peine de mort : réponse de Mgr Honoré », La documentation catholique, 21 février 1993, no 2066, p. 197.)
Le catéchisme des adultes dont il est question a écrit :« Pour des raisons diverses, beaucoup de pays ont aboli la peine de mort. Le chrétien ne peut que se réjouir de voir ainsi se développer le sens du respect absolu de la vie. Cependant, la justice doit être assurée et la société protégée. Mais, quels que soient ses crimes, une personne humaine reste un enfant de Dieu que l'on doit respecter comme tel. L'espérance chrétienne croit toujours l'homme capable de s'amender. » (Les évêques de France. Catéchisme pour les adultes, no 588.).
La documentation catholique a écrit :Les évêques canadiens jugent « abusif le recours à des textes bibliques - spécialement de l'Ancien Testament - pour justifier le maintien de la peine de mort. » Ils ajoutent : « Jésus-Christ condamne cette tendance habituelle de l'homme à répondre à une injure par une autre injure et invite plutôt à la magnanimité. » ( « Les évêques canadiens et la peine de mort », La documentation catholique, 4 mars 1973, no 1627, p. 246.)
En 1985, Mgr Maurice Couture intervient dans le même sens. Il invite à rechercher des « moyens susceptibles de briser la spirale de la violence ». Il développe beaucoup une approche nous permettant de mieux comprendre la Bible, et il insiste sur un agir pastoral positif et vraiment efficace contrairement à la peine de mort qui, toutes les enquêtes le prouvent, est inefficace et ne résout pas les problèmes. Il faut, dit-il travailler pour la vie. (Mgr Maurice Couture. « Alternatives à la peine de mort », L'Église canadienne, 3 janvier 1985, no 9, p. 267-269.)
Lors de l'exécution capitale de Robert Harris, le 22 avril 1992, en Californie, des protestations se sont levées de partout. Parmi celles-ci, l'on retrouve Mère Teresa, et les archevêques de San Francisco et de Los Angeles. Le Vatican a lui aussi protesté. « Pour Radio Vatican, "la peine de mort est pour la société une manière très primitive de se faire justice"; quant à l'Osservatore Romano, le quotidien du Saint Siège, il a dénoncé le 23 avril, "la barbarie de l'exécution et la cruauté d'une agonie inhumaine". » ( « Réactions de l'Église après une exécution capitale », La documentation catholique, 7 juin 1992, no 2051, p. 563.)
Monseigneur Hector Miguel Cabrejos Vidarte, archevêque de Trujillo et président de la Conférence épiscopale péruvienne a écrit :
L’Eglise, écoutant le Seigneur qui nous dit « je suis venu, afin que les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance », veut elle aussi promouvoir la vie comme une valeur humaine qui « doit être respectée parce qu’elle est sacrée » (C.CIC.466). Cette valeur fondamentale est consacrée dans notre Constitution qui dit que « la vie humaine est le bien suprême de la société et de l’Etat, et l’Etat a pour obligation de la protéger » (Art. n°1).
La valeur de la vie humaine, y compris celle du pécheur, est très importante pour Dieu. C’est pour cela que, dans l’Ancien Testament, il dit à travers le Prophète : « Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie » (Ez 33,11). Et quand les autorités de son temps demandèrent à Jésus ce qu’il pensait de la lapidation des femmes prises en flagrant délit d’adultère, sa réponse fut catégorique : « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre » (Jn 8,8).
L’Eglise catholique est résolument contre la peine de mort. Dans leur pronunciamiento de septembre 2002, les évêques du Pérou mettent en avant qu’« une personne est plus grande que ses fautes, et peut se racheter ».
La tendance, dans le monde, va vers l’abolition totale de la peine de mort, qui est plus conforme à la dignité de l’Homme et en même temps, au dessein de Dieu pour l’Homme et la société. L’expérience dans d’autres pays a montré que la peine de mort, comme punition ou vengeance devant un crime aussi grave que le viol et l’assassinat d’un enfant, ne résout pas le problème. Son application nous pousserait à revenir dangereusement au principe « œil pour œil, dent pour dent », et n’éradiquerait pas le mal. Jamais la peine de mort ne réparera le mal, ni n’expiera le crime commis. Elle proclamerait au contraire que notre société, malgré les moyens avancés dont elle dispose, ne serait pas capable de punir convenablement les coupables. Le Saint pape Jean-Paul II, pendant le Jubilée de l’an 2000, a demandé aux Etats qui maintiennent la peine de mort d’abolir cette menace qui pèse sur la vie humaine. Historiquement, l’Eglise péruvienne a toujours défendu la vie comme un don de Dieu.
En 2005, la Conférence épiscopale américaine a écrit :Quand un Etat en notre nom et avec nos impôts, met fin à une vie humaine bien qu’ayant à disposition des alternatives non mortelles, il entend suggérer que la société peut vaincre la violence par la violence. L’utilisation de la peine de mort doit être abandonnée non seulement pour ce qu’elle fait à ceux qui sont exécutés, mais pour ce qu’elle fait à toute la société.
Zenit.org a écrit :ROME, Lundi 19 novembre 2007 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège a exprimé sa satisfaction après l’adoption par l’ONU d’un moratoire des exécutions capitales, mais souligne que ce n’est qu’une « première étape », estime le P. Lombardi
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a déclaré, au partenaire italien de l’Associated Press que « le moratoire est une première étape », mais que le Saint-Siège est « confiant » que « la peine de mort sera bannie de la civilisation humaine ».
Pour le porte-parole du Saint-Siège il s’agit d’ « un pas en direction de l'humanité et du respect de la personne ».
Il rappelle que « la position du Vatican et de l'Église est connue, comme le souligne également le catéchisme de l'Église catholique ».
Le vote aux Nations Unies sur le moratoire « est un beau pas en avant, même si ce n'est pas une exclusion de la peine de mort mais seulement un moratoire », concède-t-il, en ajoutant : « C’est toutefois est un bon pas vers l’abolition complète ».
« Chaque fois qu’une peine capitale est exécutée, c’est une défaite pour l’humanité » : avait déclaré le P. Lombardi à la nouvelle de l’exécution de trois catholiques en Indonésie, le 21 septembre 2006.
Zenit.org a écrit :Le cardinal Renato Raffaele Martino était intervenu devant l’assemblée générale des Nations Unies, le 2 novembre 1999, déclarant que « la position du Saint-Siège est que les autorités, même pour les crimes les plus graves, devraient se limiter à user des châtiments qui n’entraînent pas la mort. » Il ajoutait : « La délégation du Saint-Siège accueille volontiers l’initiative d’une résolution [...] sur la réduction et si possible l’abolition de la peine de mort ».
Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix a écrit :La position de l’Eglise sur le don de la vie est bien connue, selon laquelle l’homme ne dispose pas complètement de la vie, qui doit être défendue depuis le moment de sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Une telle position exclut par conséquent l’avortement, aussi bien que l’expérimentation sur les embryons, l’euthanasie, et la peine de mort, qui sont une négation de la dignité transcendante de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.
EDIT : j'ajoute un lien aussi vers une réponse de Jean Soubrier, président de l'Institut Politique Léon Harmel, invité de ce forum :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 21#p160921