L'Église et la peine de mort

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Théophane
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Théophane » jeu. 24 juin 2010, 20:21

Dans son livre Le Sel de la terre, le Cardinal Ratzinger évoque le problème de la peine de mort pour répondre à une question sur l'avortement, et il dit : Dans la peine de mort, quand elle est appliquée de droit, on punit quelqu’un qui s’est rendu coupable de crimes très graves prouvés, et qui représente aussi un danger pour la paix sociale ; c’est donc un coupable qui est puni.

Il semble que les paroles du Catéchisme soient assez simples pour que tout le monde puisse les comprendre. Autrement dit, la peine de mort en elle-même n'est pas une chose mauvaise ; mais il est sans doute préférable de chercher à limiter au maximum son utilisation.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par archi » jeu. 24 juin 2010, 20:32

Ce n'est peut-être pas la position officielle de l'Eglise (encore que... la position mentionnée plus haut me paraît franchement une nouveauté tout ce qu'il y a de plus récente... jusqu'à il y a peu, la peine de mort apparaissait comme quelque chose de parfaitement normal, dans l'Eglise comme dans la société) mais... un petit texte d'un philosophe chrétien pour alimenter la réflexion:

http://jeanborella.blogspot.com/2008/11 ... -mort.html

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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Théophane » jeu. 24 juin 2010, 20:40

jusqu'à il y a peu, la peine de mort apparaissait comme quelque chose de parfaitement normal, dans l'Eglise comme dans la société
Il est vrai qu'une écrasante majorité de théologiens reconnaissait la légitimité de la peine de mort et que le Magistère ne s'y est jamais explicitement opposé. Si je ne me trompe pas, il me semble que c'est saint Thomas qui a défendu l'utilité de la peine capitale.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Didyme » jeu. 24 juin 2010, 20:41

Raistlin a écrit :Je crois que la position de l'Église pourrait se formuler ainsi : oui, toute vie est sacrée mais certaines circonstances font qu'il n'est pas possible d'éviter la peine de mort si l'on veut protéger d'autres personnes ou sauvegarder l'ordre dans la société. Dans de tels cas, la peine de mort est licite.
J'avoue être assez sceptique sur l'idée qu'il puisse y avoir des circonstances qui font qu'il n'est pas possible d'éviter la peine de mort ?!
Et quelqu'un d'emprisonner à perpétuité, je ne vois trop bien en quoi il pourrait être nuisible "à ce point" à la société pour justifier sa mise à mort ?!
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Théophane » jeu. 24 juin 2010, 21:12

Tout dépend de la vision qu'on a de la peine. En pénologie, on nous apprend que la peine a aussi un but expiatoire.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par archi » jeu. 24 juin 2010, 21:14

Didyme a écrit :J'avoue être assez sceptique sur l'idée qu'il puisse y avoir des circonstances qui font qu'il n'est pas possible d'éviter la peine de mort ?!
Et quelqu'un d'emprisonner à perpétuité, je ne vois trop bien en quoi il pourrait être nuisible "à ce point" à la société pour justifier sa mise à mort ?!
Question: où la perpétuité REELLE existe-t-elle?
Chez nous, au bout de 20 ans de "perpétuité" (et encore, je crois qu'on a vu sensiblement moins dans les annales judiciaires), on considère que c'est inhumain de garder un détenu en prison sans espoir de sortir, alors qu'il s'est peut-être amendé. Ce qui n'est peut-être pas faux d'ailleurs. Donc on le libère "pour bonne conduite"...

Cf la notion de "peine de sûreté" qu'on a dû inscrire dans notre droit, alors qu'en toute bonne logique, elle est parfaitement absurde (si la perpétuité était une perpétuité réelle, s'entend).

Et au niveau du symbole, montrer que l'assassinat d'un enfant aussi bien que le vol ou l'homicide involontaire méritent juste des peines plus ou moins longues sur l'échelle du nombre d'années de prison (et encore, ça varie beaucoup suivant les tribunaux), sans réelle différence qualitative, c'est franchement désastreux, je trouve.

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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Raistlin » ven. 25 juin 2010, 8:56

Didyme a écrit :J'avoue être assez sceptique sur l'idée qu'il puisse y avoir des circonstances qui font qu'il n'est pas possible d'éviter la peine de mort ?!
Mais avez-vous pensé qu'il y a peut-être des circonstances qui font que la peine de mort est parfaitement juste ?

En fait, pourquoi vouloir à tout prix empêcher la peine de mort ? Est-ce juste de laisser vivre une personne qui a massacré de sang froid plusieurs personnes, et qui pourrait recommencer à tout moment ? Entendons-nous bien, je suis contre la peine de mort. Mais uniquement parce que la possibilité d'une erreur judiciaire est trop grande pour qu'on prenne ce risque ! Pas parce que la peine de mort est injuste en elle-même.

Et je rejoins Théophane en disant que la peine de mort a aussi un but expiatoire.
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Un gentil athée » ven. 25 juin 2010, 9:17

Théophane a écrit :
jusqu'à il y a peu, la peine de mort apparaissait comme quelque chose de parfaitement normal, dans l'Eglise comme dans la société
Il est vrai qu'une écrasante majorité de théologiens reconnaissait la légitimité de la peine de mort et que le Magistère ne s'y est jamais explicitement opposé. Si je ne me trompe pas, il me semble que c'est saint Thomas qui a défendu l'utilité de la peine capitale.
Oui, dans ce très beau texte :siffle: :
[+] Texte masqué
ARTICLE 3: Doit-on tolérer les hérétiques?

Objections:

1. Il semble que oui. L'Apôtre écrit en effet (2 Tm 2, 25): " Il faut que le serviteur de Dieu soit plein de mansuétude et reprenne avec modération ceux qui résistent à la vérité, en pensant que peut-être Dieu leur donnera de revenir à la raison, en reconnaissant la vérité, une fois dégagés des pièges du diable. " Mais, si les hérétiques ne sont pas tolérés, s'ils sont livrés à la mort, on les empêche de se convertir. Donc on va contre le précepte de l'Apôtres

2. Ce qui est nécessaire dans l'Église, doit être toléré. Mais les hérésies sont nécessaires dans l'Église d'après S. Paul (1 Co 11, 19): " Il faut qu'il y ait des hérésies, pour permettre aux hommes éprouvés de se manifester parmi vous. " Il apparaît donc qu'on doit tolérer les hérétiques.

3. Le Seigneur a prescrit à ses serviteurs de laisser croître l'ivraie jusqu'à la moisson. La moisson, selon le texte lui-même (Mt 19, 39) c'est la fin du monde. Quant à l'ivraie, elle symbolise les hérétiques, selon l'interprétation des Pères. Les hérétiques doivent donc être tolérés.

Cependant, l'Apôtre écrit (Tt 3, 12) " L'homme hérétique, après un premier et second avertissement, évite-le, sachant qu'il est un dévoyé. "

Conclusion:

En ce qui concerne les hérétiques, il y a deux choses à considérer, une de leur côté, une autre du côté de l'Église. De leur côté il y a péché. Celui par lequel ils ont mérité non seulement d'être séparés de l'Église par l'excommunication, mais aussi d'être retranchés du monde par la mort. En effet, il est beaucoup plus grave de corrompre la foi qui assure la vie de l'âme que de falsifier la monnaie qui sert à la vie temporelle. Par conséquent, si les faux monnayeurs ou autres malfaiteurs sont immédiatement mis à mort en bonne justice par les princes séculiers, bien davantage les hérétiques, aussitôt qu'ils sont convaincus d'hérésie, peuvent-ils être non seulement excommuniés mais très justement mis à mort.

Du côté de l'Église, au contraire, il y a une miséricorde en vue de la conversion des égarés. C'est pourquoi elle ne condamne pas tout de suite, mais " après un premier et un second avertissement ", comme l'enseigne l'Apôtre. Après cela, en revanche, s'il se trouve que l'hérétique s'obstine encore, l'Église n'espérant plus qu'il se convertisse pourvoit au salut des autres en le séparant d'elle par une sentence d'excommunication; et ultérieurement elle l'abandonne au jugement séculier pour qu'il soit retranché du monde par la mort. S. Jérôme dit en effet ceci, qu'on trouve dans les Décrétales: " Il faut couper les chairs pourries et chasser de la bergerie la brebis galeuse, de peur que tout le troupeau ne souffre, ne se corrompe, ne pourrisse et périsse. Arius dans Alexandrie fut une étincelle; mais, parce qu'il n'a pas été aussitôt étouffé, son incendie a tout ravagé. "

Solutions:

1. Il appartient en effet à la modération que l'hérétique soit repris une première fois puis une seconde. S'il n'a pas voulu revenir, on le tient pour un dévoyé, comme le montre le texte de l'Apôtre à Tite.

2. L'utilité provenant des hérésies est en dehors de l'intention des hérétiques. C'est-à-dire que la constance des fidèles s'en trouve éprouvée, comme dit l'Apôtre; " elles font que nous secouons la paresse et examinons avec plus de soin les divines Écritures " dit S. Augustin. Mais leur intention est bien de corrompre la foi, ce qui est extrêmement nuisible. Aussi faut-il regarder à ce qui vient directement de leur intention et les fait exclure, plutôt qu'à ce qui est étranger à leur intention et les ferait supporter.

3. Comme il est marqué dans les Décrétales, " autre chose est l'excommunication et autre chose l'extirpation. Un individu est en effet excommunié, dit l'Apôtre (1 Co 5, 5), "pour que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur". Si cependant les hérétiques sont tout à fait arrachés par la mort, ce n'est pas contraire au commandement du Seigneur ". Ce commandement doit s'entendre dans le cas où l'on ne peut arracher l'ivraie sans arracher le froment, comme nous l'avons dit plus haut lorsqu'il s'agissait des infidèles en général.
(Source : Somme théologique, IIa IIae, question 11 : L'hérésie)

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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Pneumatis » ven. 25 juin 2010, 9:25

Bonjour,

L'Eglise ne peut condamner dans LE PRINCIPE, la peine de mort, ne serait-ce que parce qu'en situation de "légitime défense" (même quand il s'agit d'une légitime défense par l'état de ses citoyens), donner la mort pour protéger la vie d'un innocent peut être une action justement proportionnée.

En revanche, et dans le contexte qu'on peut largement étendre au monde entier aujourd'hui, plus rien ne justifie d'avoir recours à ce moyen plutôt qu'un autre non létal, et c'est pourquoi l'Eglise est résolument contre L'APPLICATION de la peine de mort. Voilà, il faut bien distinguer le principe, de son application. Voici, en plus du C.E.C., les références émanant de l'Eglise dont nous disposons :
Mgr Jean Honoré, l'un des rédacteurs du Catéchisme de l'Église catholique a écrit :« Le Catéchisme (art. 2266) distingue fermement l'affirmation du principe de légitimité de la peine de mort, et son application qu'il réserve "aux cas d'extrême gravité". Le texte lui-même, dans sa rédaction et dans l'article qui suit (art. 2268), exprime une pensée très déterminée en faveur de l'abrogation de la peine de mort, et il en donne les raisons.
Le Saint Siège a écrit :DÉCLARATION AU CONGRÈS MONDIAL SUR LA PEINE DE MORT Paris, France, 1-3 février 2007

Monsieur le Président,

Le Congrès de Paris se déroule au moment où la campagne pour l’abolition de la peine de mort a eu à faire face aux défis inquiétants en raison d’exécutions récentes. Les consciences ont été réveillées par le souci d’une plus grande reconnaissance de la dignité inaliénable des êtres humains et de l’universalité et de l’intégralité des droits humains, en commençant par le droit à la vie.

Dans la continuité avec sa pratique lors des deux derniers Congrès, le Saint-Siège saisit cette occasion pour accueillir et pour affirmer de nouveau son soutien à toutes les initiatives visant à défendre la valeur inhérente et l’inviolabilité de toute vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Dans cette perspective, il attire l’attention sur le fait que l’usage de la peine de mort est non seulement un refus du droit à la vie mais aussi un affront à la dignité humaine partagée par l’humanité tout entière. L’appel du Pape Jean-Paul II, à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, à un moratoire sur la peine capitale est toujours présent dans nos esprits. De même, le Pape Benoît XVI a, au cours des derniers mois, élevé plusieurs fois la voix pour appeler à la clémence envers les personnes qui attendent leur exécution.

Tandis que l’Église catholique continue à maintenir que les autorités légitimes de l’État ont le devoir de protéger la société des agresseurs, et que certains États ont traditionnellement inclus la peine capitale parmi les moyens utilisés pour parvenir à cette fin, il est difficilement possible de justifier aujourd’hui le choix d’une telle option. Les États ont à leur disposition de nouveaux moyens « de prévenir de manière efficace les crimes, rendant celui qui a commis une offense incapable de faire le mal - sans lui enlever définitivement la possibilité de se racheter » (Cf. Jean-Paul II, Evangelium vitae, n. 56). De telles méthodes non létales de prévention et de punition « correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 2267).

Toute décision de peine capitale encourt de nombreux risques : le danger de punir des personnes innocentes ; la tentation de promouvoir des formes violentes de revanche plus qu’un véritable sens de la justice sociale ; une offense claire contre l’inviolabilité de la vie humaine, en promouvant une culture de la violence et de la mort ; et, pour les Chrétiens, il s’agit aussi d’un mépris de l’enseignement évangélique sur le pardon. Ôter la vie ne permet jamais de parvenir à des objectifs estimables pour lesquels les sociétés punissent les délinquants, alors que cela peut apaiser temporairement les appétits de vengeance.

Le Saint-Siège réitère son appréciation à l’égard des organisateurs du Forum et des gouvernements, des groupes et des personnes qui travaillent avec un engagement et une vigueur renouvelés pour abolir la peine capitale ou pour imposer un moratoire universelle dans son application.

3 février 2007
En 2005, la Conférence épiscopale américaine a écrit :Quand un Etat en notre nom et avec nos impôts, met fin à une vie humaine bien qu’ayant à disposition des alternatives non mortelles, il entend suggérer que la société peut vaincre la violence par la violence. L’utilisation de la peine de mort doit être abandonnée non seulement pour ce qu’elle fait à ceux qui sont exécutés, mais pour ce qu’elle fait à toute la société.
Zenit.org a écrit :ROME, Lundi 19 novembre 2007 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège a exprimé sa satisfaction après l’adoption par l’ONU d’un moratoire des exécutions capitales, mais souligne que ce n’est qu’une « première étape », estime le P. Lombardi

Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a déclaré, au partenaire italien de l’Associated Press que « le moratoire est une première étape », mais que le Saint-Siège est « confiant » que « la peine de mort sera bannie de la civilisation humaine ».

Pour le porte-parole du Saint-Siège il s’agit d’ « un pas en direction de l'humanité et du respect de la personne ».

Il rappelle que « la position du Vatican et de l'Église est connue, comme le souligne également le catéchisme de l'Église catholique ».

Le vote aux Nations Unies sur le moratoire « est un beau pas en avant, même si ce n'est pas une exclusion de la peine de mort mais seulement un moratoire », concède-t-il, en ajoutant : « C’est toutefois est un bon pas vers l’abolition complète ».

« Chaque fois qu’une peine capitale est exécutée, c’est une défaite pour l’humanité » : avait déclaré le P. Lombardi à la nouvelle de l’exécution de trois catholiques en Indonésie, le 21 septembre 2006.
Zenit.org a écrit :Le cardinal Renato Raffaele Martino était intervenu devant l’assemblée générale des Nations Unies, le 2 novembre 1999, déclarant que « la position du Saint-Siège est que les autorités, même pour les crimes les plus graves, devraient se limiter à user des châtiments qui n’entraînent pas la mort. » Il ajoutait : « La délégation du Saint-Siège accueille volontiers l’initiative d’une résolution [...] sur la réduction et si possible l’abolition de la peine de mort ».
Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix a écrit :La position de l’Eglise sur le don de la vie est bien connue, selon laquelle l’homme ne dispose pas complètement de la vie, qui doit être défendue depuis le moment de sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Une telle position exclut par conséquent l’avortement, aussi bien que l’expérimentation sur les embryons, l’euthanasie, et la peine de mort, qui sont une négation de la dignité transcendante de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Raistlin » ven. 25 juin 2010, 9:38

Un gentil athée a écrit :Oui, dans ce très beau texte :siffle: :
Doit-on comprendre cela comme du sarcasme ?

Au passage, je vous rappelle, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, que la section Morale et Éthique est réservée aux discussions entre chrétiens.
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par cracboum » ven. 25 juin 2010, 10:19

archi a écrit :Ce n'est peut-être pas la position officielle de l'Eglise (encore que... la position mentionnée plus haut me paraît franchement une nouveauté tout ce qu'il y a de plus récente... jusqu'à il y a peu, la peine de mort apparaissait comme quelque chose de parfaitement normal, dans l'Eglise comme dans la société) mais... un petit texte d'un philosophe chrétien pour alimenter la réflexion:

http://jeanborella.blogspot.com/2008/11 ... -mort.html

In Xto,
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Quel article remarquable ! Merci Archi.
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Mathilde » ven. 25 juin 2010, 10:50

Raistlin a écrit :
Didyme a écrit :J'avoue être assez sceptique sur l'idée qu'il puisse y avoir des circonstances qui font qu'il n'est pas possible d'éviter la peine de mort ?!
Mais avez-vous pensé qu'il y a peut-être des circonstances qui font que la peine de mort est parfaitement juste ?

En fait, pourquoi vouloir à tout prix empêcher la peine de mort ? Est-ce juste de laisser vivre une personne qui a massacré de sang froid plusieurs personnes, et qui pourrait recommencer à tout moment ? Entendons-nous bien, je suis contre la peine de mort. Mais uniquement parce que la possibilité d'une erreur judiciaire est trop grande pour qu'on prenne ce risque ! Pas parce que la peine de mort est injuste en elle-même.

Et je rejoins Théophane en disant que la peine de mort a aussi un but expiatoire.
Je comprends qu'on puisse avoir envie d'éliminer une personne très dangeureuse pour protéger le reste de la société.
Moi-même, en entendant certains récits d'affaires criminelles, je me dis qu'il n'y a snas doute pas d'autres solutions.
Mais tout de même, on lui nie, dans ce cas, la possibilité de se repentir et de demander pardon.

Je suis surprise que l'Eglise ne condamne pas la peine capitale.

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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Raistlin » ven. 25 juin 2010, 12:07

Mathilde a écrit :Mais tout de même, on lui nie, dans ce cas, la possibilité de se repentir et de demander pardon.
Non, on ne lui nie pas la possibilité de se repentir, on lui nie la possibilité d'avoir une deuxième chance de vivre "normalement" dans le monde. Il peut très bien se repentir et être exécuté quand même, pour "expier" son crime (ce qui ne me semble pas très chrétien, je vous l'accorde).

Mathilde a écrit :Je suis surprise que l'Eglise ne condamne pas la peine capitale.
Parce qu'elle ne le peut pas. N'oubliez pas que Dieu Lui-même, dans l'Ancien Testament, prescrit la peine capitale dans certaines circonstances. Je suis bien évidemment d'accord pour dire qu'il s'agissait d'un contexte particulier et que ça ne saurait être étendu universellement mais, cependant, nul ne peut dire que Dieu est injuste. Donc la peine de mort n'est pas injuste en elle-même. Donc l'Église ne peut la condamner dans le principe (comme l'a bien souligné Pneumatis).

En revanche, et en vertu de la miséricorde de Dieu qui s'est particulièrement révélée dans le Christ, l'Église peut appeler au pardon vis-à-vis du condamné, s'il se repent sincèrement. Je sais que l'Inquisition est souvent décriée mais souvenons-nous quand même que très peu d'hérétiques ont été condamnés à la peine capitale, et que tous ceux qui se repentaient étaient bien entendu épargnés.

Bien à vous,
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Pneumatis » ven. 25 juin 2010, 12:18

Mathilde a écrit :Je suis surprise que l'Eglise ne condamne pas la peine capitale.
Je vous invite à lire les textes mis en référence dans mon précédent message. Sans parler de condamnation du principe, vous verrez que l'Eglise est très engagée dans l'abolition de son application.
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Re: L'Eglise et la peine de mort

Message non lu par Petit Matthieu » ven. 25 juin 2010, 12:55

L'Eglise a donc changé de position au même rythme que la société sur ce sujet, et c'est tant mieux. En effet, je vois bien la différence entre le principe et l'application. La difficulté, c'est que le "Tu ne tueras point" côtoie les peines de mort dans les livres de l'Ancien Testament, alors difficile de savoir dans quelles circonstances la peine de mort est juste.

Je trouve la position de l'Eglise très juste, la vie humaine étant sacrée de la naissance à la vieillesse dans n'importe quel état physique et psychique, il est normal d'avoir en horreur la peine de mort, c'est cohérent. Mais, comme dit dans le CEC, les sociétés ont toujours le moyen d'éviter la peine capitale tout en protégeant la société : la prison à perpétuité effective. En effet, il faut assumer aussi le fait de priver une homme de sa liberté jusqu'à sa mort, cruauté immense mais respect de sa vie.

Mais le Seigneur ne nous a pas donné les clefs de la vie humaine, nous n'en sommes pas les maîtres ni sur le foetus, ni sur le vieillard.
"Ce n’est que pour ton amour, pour ton amour seul, que les pauvres te pardonneront le pain que tu leur donnes."
Phrase finale de saint Vincent de Paul dans le film "Monsieur Vincent".

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