Sur l'aumône

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
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patrick
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Sur l'aumône

Message non lu par patrick » ven. 04 févr. 2005, 22:29

Bonsoir,
Cela a toujours été un cas de figure qui m'a posé question: je donne, je donne pas?
Quelqu'un pourrait-il m'indiquer où m'en réferer dans la Bible concernant ce sujet, car j'ai tendance à "regarder" le demandeur et parfois je refuse, car ce même demandeur semble à mes yeux tout à fait capable de faire comme moi, aller gagner sa croûte.
Cependant je pose la question, car je crois ne pas être dans le juste, je me dis : "qui suis-je pour juger?"
Salutations à tous

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Christophe
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Message non lu par Christophe » ven. 04 févr. 2005, 23:18

Bonsoir Patrick,

Dans son Traité Des bonnes oeuvres et de l'aumône, saint Cyprien traite le sujet :
http://membres.lycos.fr/abbayestbenoit/ ... euvres.htm
Dans ce texte vous trouverez les réfèrences à l'Ecriture Sainte que vous demandez.

Je me contenterai de citer une nouvelle fois le Sermon sur la Montagne :
" Mais je vous dis, à vous qui écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un te prend ton manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas tes biens à celui qui les prend. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment.
"
(Lc 6.27-32)

Que Dieu vous bénisse.
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aramis
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Message non lu par aramis » sam. 05 févr. 2005, 11:40

Mon cher Christophe,

Je ne voudrais pas te démoraliser, mais lorsque tu habites en région parisienne, tu ne pas "donner à quiconque te demande". Il risque de ne pas rester grand chose de ton salaire en fin de journée.
Idem concernant les oeuvres humanitaires. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne reçoive un appel au secour de la part de l'une ou l'autre d'entres elles.
C'est que la moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux.

Personnelement j'ai réglé le problème de la manière suivante : Je mets ma petite monnaie dans la poche gauche de mon pantalon. J'ignore totalement combien d'argent s'y trouve. Et je donne tout, une fois par jour, au premier qui me le demande, sans me préoccuper de savoir qui il est, ou pourquoi, ou ce qu'il en fera...
C'est injuste, forcément injuste.
Mais je me refuse à juger ou à choisir selon la tête du bonhomme. Et puis, il y a la part du hasard, c'est à dire tout compte fait, la part de Dieu. Pourquoi lui et pas un autres ? Parce que Dieu est d'accord.
Dépassionner l'homme pour les choses terrestres, j'appelle cela une spiritualité de massacre. (François Varillon. 1980)

wanderer
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Message non lu par wanderer » sam. 05 févr. 2005, 11:57

Vous avez bien raison Aramis, même si c'est très triste. Pour ma part, je sais que c'est idiot, mais je suis souvent réticent à donner de l'argent, je préfère donner une baguette de pain ou un fruit. Je ne sais pas si Jésus trouverait que c'est une bonne chose, mais un fruit, je suis sûr qu'il fera du bien à celui qui a faim, ma monaie, je reconnais que j'ai peur qu'elle soit dilapidée en alcool ou en tabac.

"C'est la miséricorde que je veux, pas le sacrifice."

Que chacun fasse de son possible et tout ira déjà beaucoup mieux. :)

Jacquie
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Message non lu par Jacquie » sam. 05 févr. 2005, 14:11

Bonjour!
Comme vous, je me pose toujours des questions face à ceux qui se trouvent en marge de la société. En fait, il s'agit là de notre responsabilité morale, mais qu'en est-il de notre responsabilité sociale? C'est un problème social qui dépasse l'individu. Comment changer notre société, la rendre plus juste? Il s'agit peut-être de prendre conscience du scandale social, en France et dans le monde entier, car nous finissons par nous habituer à l'injustice. La société ne devrait-elle pas permettre le développement personnel de chacun? Ce n'est pas normal que les personnes s'adaptent à l'inhumanité. Qu'en pensez-vous? Ne devrions-nous pas être révolutionnaires (sans violence) autant dans la société qu'intérieurement? Que nous dirait le Christ aujourd'hui? :?:

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Christophe
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Message non lu par Christophe » sam. 05 févr. 2005, 14:15

Bonjour Aramis,

" Après l'avoir entendu, plusieurs de ses disciples dirent : Cette parole est dure, qui peut l'écouter ? " ( Jn 6.60 )

Je n'ai fait que donner un lien vers un très beau texte de St Cyprien et citer la Parole de Notre Seigneur. Je n'ai pas prétendu qu'appliquer cette parole était chose aisée ; je n'ai pas prétendu non plus y arriver. Concernant votre objection " Il risque de ne pas rester grand chose de ton salaire en fin de journée. ", Saint Cyprien y répond dans sa deuxième partie ( 2° Réponse aux prétextes ).

Puisque la Parole est limpide : " Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. " ( Mt 19.21 )

Je n'ai pas voulu donner en exemple les compromissions que je fais moi aussi, pauvre pêcheur, avec la Loi célèste... :oops:

Que le Seigneur soit avec vous.
Christophe
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re

Message non lu par patrick » sam. 05 févr. 2005, 15:02

Jackie,
voyez vous en prenant l'option de répondre à chaque demande,donc de donner à chaque fois,j'aurai une nette tendance à me démunir pour une minorité de personne qui de plus individuellement n'auront reçu que, pas assez pour résoudre leur problème en final en voulant se montrer compréhensif et aidant,malgré soi on se dirige précisemment à mon sens dans une situation de précarité et l'on ne redressera pas ce malaise planétaire avec de modestes dons,par contre ce système peut nous emmener dans la marge,
cela veut il dire que pour se préserver il est nécesaire d'être égoïste?
je pense que oui,cet egoïsme quelle est votre idée ?
où : formulez vous ce mot d'une autre façon?
si vous préferez j'aimerais lors d'un refus de donner (à chaque fois),avoir la conscience tranquille ou rassurée,j'ai donc un problème car je m'estime méchant lorsque je passe ...devant en ignorant,j'irai même plus loin en vous disant que je ne donne QUE lorsque j'en ai les moyens,n'est ce pas pire encore?
pas évident ce sujet pour moi
cordialement

Jacquie
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Message non lu par Jacquie » sam. 05 févr. 2005, 18:12

Je ne crois pas que ne pas donner soit de l'égoïsme, la preuve, c'est que nous ne nous poserions pas de questions si nous étions égoïstes. Personnellement, je ne me sens pas "méchante" dans la mesure où ces personnes ont de quoi se nourrir (d'autres que moi leur donnent...). Il m'est arrivé de leur indiquer à quel endroit ils peuvent se trouver au chaud, être accueillis, mais cela ne les intéresse pas. J'essaie de les regarder en face, je leur dis bonjour, ou je leur fais un sourire. Quand il y a trop d'insistance, je propose une cigarette, ou je donne "une toute petite pièce". On dirait que le geste les calme, en fait ils aspirent à être reconnus dans leur dignité, à être respectés.
Le vrai problème, je crois, reste social. Comment changer la société, transformer les mentalités, ouvrir l'esprit, cela me préoccupe beaucoup car nous sommes responsables de la société où vivront nos enfants. Quel engagement possible, ensemble? :?:

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Message non lu par patrick » sam. 05 févr. 2005, 18:55

Jackie,
en effet lorsque l'on regarde l'actualité, nos interrogations relèvent un peu de l'utopisme quand à un monde "meilleur" car je suis de votre avis,mais il faudrait faire une remise à zéro je pense,y compris moi dans le lot bien entendu.
cordielement

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Je ne donne plus

Message non lu par BGdC » mar. 08 févr. 2005, 20:52

Je ne donne plus ou presque car j'en ai assez d'entendre tous les 100 mètres "bonjour monsieur, vous n'auriez pas une petite pièce pour dépaner?" Les seuls à qui je donnerai sont ceux qui ont le type du bon vieux clochard si j'ose dire, et pas ces traines savates qui ont décidé d'être RMIstes et de mendier pour sniffer. J'en discutait avec une personne il y a peu, qui connait très bien ce genre de mendiants, qui sont des personnes qui ne veulent pas travailler, touchent leur RMI et sont logées. Ils sont reconnaissables, comme c'est une mode, à leur chien et leurs habits type "camouflage". Il y a peut-être des exceptions, mais elles sont rares.
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Charité & Révolution

Message non lu par Christophe » dim. 13 févr. 2005, 19:23

Jacquie a écrit :Bonjour!
Comme vous, je me pose toujours des questions face à ceux qui se trouvent en marge de la société. En fait, il s'agit là de notre responsabilité morale, mais qu'en est-il de notre responsabilité sociale? C'est un problème social qui dépasse l'individu. Comment changer notre société, la rendre plus juste? Il s'agit peut-être de prendre conscience du scandale social, en France et dans le monde entier, car nous finissons par nous habituer à l'injustice. La société ne devrait-elle pas permettre le développement personnel de chacun? Ce n'est pas normal que les personnes s'adaptent à l'inhumanité. Qu'en pensez-vous? Ne devrions-nous pas être révolutionnaires (sans violence) autant dans la société qu'intérieurement? Que nous dirait le Christ aujourd'hui? :?:
Bonjour Jacquie, soyez la bienvenue parmi nous ! :welcome:

Je comprends et je partage votre aspiration à davantage de "justice sociale". Pour autant, votre attente d'un très hypothétique "Grand Soir" ne doit pas servir de prétexte à l'inaction. Nous devons tous, chacun à notre portée et selon nos moyens, travailler hic et nunc à rendre meilleur le monde dans lequel nous vivons. Les initiatives privées ne sont absolument pas inutiles pour la masse de ceux qui en bénéficient.

Pour faire école et réaliser la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, il nous faut être le sel de la terre et la lumière du monde. Pour cela, nous devons être exemplaires dans la pratique des bonnes oeuvres : " Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos oeuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux. " ( Mt 5.16 )

J'ajoute que je ne partage pas la distinction que vous faites entre responsabilité morale et responsabilité sociale car, pour paraphraser Napoléon, le bon chrétien est tout à la fois bon citoyen, bon époux, bon père, bon travailleur, bon voisin, bon paroissien... Il est aisé de se cacher derrière la responsabilité sociale, c'est-à-dire derrière l'irresponsabilité collective, pour se dispenser d'agir et s'acheter à bon compte la paix de la conscience.

Enfin, le Maître nous prévient de tout utopisme : " Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous voudrez, vous pourrez les secourir ; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. " ( Mc 14.7 ) Il n'existe pas de solution politique définitive au problème de la pauvreté : l'instauration de la justice sociale ne nous dispensera jamais du besoin de recourir à la charité.

Quant à moi, je penche davantage vers la contre-révolution que vers la révolution... :P

Bien à vous,
Christophe
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Message non lu par sola » mer. 09 mars 2005, 13:24

:roll: il est fort exact qu'à paris, des filières de mendiants alimentent des mafias étrangères et que les chrétiens n'ont pas pour mission en ce bas monde d'engraisser la mafia.

un médecin qui a soigné les sdf au centre de nanterre a publié un bouquin il y a quelques années, très utile. de nombreux sdf ne sont pas du tout réinsérables (pbs d'alcoolisme et/ou psychiatriques, pré-existants) et l'argent qu'on donne à ceux-là est bu, point à la ligne. il vaut mieux le savoir et pourquoi pas prendre en conscience la décision de donner, ce qui leur évitera simplement une crise de delirium abominable..... :(
*sola*
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Donner... jusqu'où ?

Message non lu par petitcoeur » lun. 27 juil. 2015, 18:45

Voilà, je vous explique:

Je me culpabilise souvent dans des situations qui se répètent, au sujet de savoir ce que je peux ou dois donner à mon prochain.

Je prends un exemple concret , juste un peu modifié, pour respecter l'anonymat.

Supposons qu'une personne un peu âgée ait la chance d'avoir un métier et de gagner correctement sa vie , mais que ses fins de mois soient difficiles en ce moment ayant dû travailler à mi-temps.. Son voisin , lui, assez jeune, touche le RSA et a parfois du mal à se nourrir. Après lui avoir donné un peu d'argent discrètement dans sa boîte aux lettres, après avoir déposé de la nourriture devant chez lui, voilà que cette personne ne peut plus trop aider.

Pensez-vous que , quand on a une sorte de sécurité due à un emploi sûr, on doive aider systématiquement, malgré nos propres difficultés ? Comment agiriez-vous ? Doit-on expliquer la situation au voisin , au risque d'être "lourd" ?

D'une façon générale , comment décidez-vous si vous donner ou non ?

Bonne soirée,

Petitcoeur.

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Re: Donner... jusqu'où ?

Message non lu par SergeA » lun. 27 juil. 2015, 18:56

Bonjour petit(grand)cœur.

Je tente une réponse.
Vous gagnez tant par mois par exemple ...
Il vous faut payer ce qui est incontournable (loyer, nourriture sans se faire trop plaisir, électricité, enfin ... vous me comprenez ?). Puis tout ce qu'il vous reste, vous pouvez le considérer comme du superflu. Alors à ce stade, c'est à chacun de choisir. Perso, je donne tout. Mais si vous avez charge d'âmes (ce qui n'est plus mon cas), il est normal de mettre un peu de coté au cas où.
De toutes façons, il faut faire à hauteur de ses moyens ; quelqu'un qui n'a pas les moyens, peut donner même très peu. Mais à l'impossible nul n'est tenu.

Fraternellement. Serge
.........................................................................................................................................................................................

"Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée."

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Re: Donner... jusqu'où ?

Message non lu par aur15 » lun. 27 juil. 2015, 19:09

Je pense que les resto du coeur peux être une solution pour cette personne.
Si elle y a droit ?
Les resto ont une logistique, avec 12 euros ils font douze repas ^^.
Je sais pas comment ils font pour faire autant de repas aussi peu cher à l'unité.
Rien qu'un resto normal un repas ouvrier est a 12 euros environ.
Hélas le soucis des resto c'est qu'ils sont obligé de sélectionner les personnes ( on est 60 million en france ) et de faire les repas que l’hiver faute de moyen.

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