Ce point, au contraire, ne me chiffonne pas: ils ont semé, ils récoltent! Ils n'ont pas tant semé, et ils récoltent beaucoup quand même ? Grand bien leur fasse, honte à eux d'avoir laissé traîner ne serait-ce qu'une seule fois une seule histoire de pédophilie!!!
Je suis d'accord avec Kerniou et ceux qui pensent qu'un prêtre, en se posant comme modèle moral au nom d'une morale religieuse parfaite et indépassable, ce qu'est par définition l'enseignement de Jésus, est doublement responsable; il tue psychiquement un enfant, et en plus, il tue spirituellement son âme. Ces actes anormaux sont monstrueux par les faits, par le raffinement dans la déviance, par la torture imposée aux enfants, et sont monstrueux dans les conséquences pour la victime, qui est marquée pour le restant de ses jours.
Je suis aussi et tout autant en colère contre l'institution, qui a couvert ces agissements pandémiques pendant des siècles! Je me fiche de savoir si il y a autant de pédophiles ailleurs et partout; les pédophiles de mon Eglise empêchent ma vie de chrétienne dans son apostolat, dans ma vie privée, dans ma profession, dans tous les aspects de ma vie. On en est arrivé aujourd'hui à devoir au minimum rire un peu quand un comique fait une blague sur la pédophilie des prêtres sous peine de passer pour un être privé de raisonnement et se faire rejeter par son entourage! On en est arrivé à devoir supporter même l'incompréhension de ses parents, de ses frères, de ses enfants devant notre "résistance" à vouloir "s'accrocher de mauvaise foi" à une "croyance inepte"!!!
Alors que la vraie définition du prêtre, c'est quelqu'un qui a signé pour suivre un chemin de sainteté, quelqu'un d'assez fort, qui puise son courage et son abnégation dans sa foi lumineuse et son amour enflammé du Christ, pour entraîner d'autres à sa suite, pour être "une étoile dans la nuit"!!!! Et de nos jours, si on tombe sur un tel prêtre, on ne peut même plus le défendre, et défendre, par son exemple, ses confrères un peu moins avancés, parce que c'est lui l'exception rarissime!!! On se fait balayer par le moindre journal qui passe entre les mains d'un maraicher au moindre argument, tellement les journaux sont tapissés d'articles; et qu'on ne vienne pas invoquer la panique morale montée par les anticléricaux-athée-etc. , l'Eglise n'en a même plus besoin, tellement elle se tire des balles dans le pied à chaque saison!!
J'ai mal, si mal à mon Eglise... parfois je me surprends à fuir la messe, à ne plus vouloir de cette Eglise, à me dire que peut-être je trouverais moins salaud ailleurs... Je vomis ces gens qui défigurent l'Eglise. Qui défigurent l'authenticité et la valeur de ce que je suis, nous sommes, nous chrétiens, à la face du monde entier.
Nous pouvons désormais être des torches brûlantes, nous démener pour témoigner : qui est encore assez con pour devenir un catholique par conversion et confier son enfant à un prêtre qu'il ne connaîtrait pas sur le bout des doigts? Même nos descendants se barrent de cette "religion pourrie par une trop mauvaise image"!!!
Le dernier article sorti :
http://www.rfi.fr/europe/20180912-pedop ... gne-crimes
Alors oui, on peut m'objecter : l'Eglise réagit, c'est justement l'objet de l'article. Mais heureusement qu'elle réagit !!! ENFIN!!!
Mais j'ai tout autant envie de souligner :
3677 enfants... et il n'y a pas quelque chose qui saute aux yeux, là? Une petite ville entière d'enfants !? Mais l'Eglise a attendu quoi pour réagir? Le dégel? Nan, même pas ça, elle a attendu que les journaux s'en emparent et que des paniques morales se créent!! Elle a attendu que les victimes parlent, parlent, parlent de plus en plus fort, sortent des lettres de doléances aux évêchés, des commissariats tenus au secret, pour s'adresser aux journalistes: parce qu'il n'y a que ce degré de honte qui a finit par la faire réagir!
Ce qui me heurte dans l'Eglise, ce n'est pas tant que dans une sélection de prêtres elle ait laissé passer des brebis galeuses; c'est impossible, même pour un expert, de certifier qui va être pédophile un jour, et qui ne le sera pas. Je comprends la tâche ardue et impossible à la fois. Mais alors, comment se fait-il que les bergers de l'Eglise, les évêques et plus, jusqu'aux papes, quand ils ont eu vent d'une plainte de famille ou d'un enfant, ou même un soupçon envers un de leur prêtre, qui s'enfermait un peu trop souvent avec des enfants, etc. n'aient pas tout de suite réagi de façon à protéger l'enfant, et à protéger d'autres futurs enfants? Comment se fait-il que tant de prêtres aient été "protégés", et le sont encore aujourd'hui? Comment se fait-il qu'un primat des Gaules au 21ème siècle laisse échapper un "ouf, les faits sont prescrits" devant un micro ou des oreilles publiques!!!??? Cela interpelle grandement sur la mentalité des responsables religieux quand même!! Quelle était la pensée, le désir de ne pas voir de tant de responsables pour laisser s'alimenter tant de réseaux d'enfants à agresser?
Je ne suis ni prêtre, ni formée à rien coté théologie, mais juste avec mon bon sens de maman et de sens professionnel basique, je fais toujours en sorte, lorsque j'ai affaire à des enfants, à ne jamais être seule avec un enfant, et à ne jamais laisser une personne sous ma responsabilité seule avec un enfant, même si cette personne est une femme. A tel point qu'on parfois on arrête tout et on fait une pause pour ne pas créer la situation qu'on veut éviter, parce que c'est un principe ferme et fondateur de toute relation à l'enfance. Et ce n'est pas propre à ma personne, qui serait sensible parce que chrétienne et maman, non, non, non; la totalité des endroits que je fréquente dans mon travail agissent ainsi; toutes les personnes encadrant des enfants agissent ainsi, qu'elles soient peu formées ou très formées, athées ou pandoriennes. Et jamais il ne nous serait venu à l'idée de faire autrement, et on n'a pas eu besoin d'attendre des lois pour fonctionner comme ça, car ainsi, on protège l'enfant, et on protège aussi l'adulte de toute extrapolation de l'enfant. Aucun système ne fonctionne à 100%, des écoles ou des colos qui sont le théâtre de faits, il y en a, mais partout où on est tous vigilants, les affaires sont vite marginalisées. La loi actuelle qui piste les dossiers judiciaires de toutes les professions liées à l'enfance complète bien cette prudence élémentaire.
Alors comment se fait-il qu'il n'en est pas été de même dans l'Eglise, cette Eglise qui forme des responsables pendant des années, cette Eglise qui devrait générer des saints en quantité, tout au moins des gens intelligents et formés, tellement pénétrés des messages chrétiens qu'on est en droit d'attendre d'eux une hauteur de vue, la mise en action des vertus de base de notre religion, de prudence la plus élémentaire pour commencer, de principes de précautions, de protection de principe d'un enfant et d'accueil de la parole du plus faible, etc? On touche là au véritable malaise de l'Eglise catholique : la pédophilie organisée, et au minimum répétée, est le symptôme d'un mal bien plus profond; si quand on connait un tel délit, on estime que la chose à faire est de donner "du repos dans un endroit dépourvu d'enfants" au violeur, et au mieux de demander aux familles de se taire en se fendant d'une lettre d'excuses.... et au pire de stigmatiser l'enfant en détruisant sa réputation !!! Mais c'est tellement choquant qu'on se demande si les évêques concernés avaient toute leur tête et étaient capables de penser normalement!
L'Eglise, notre Eglise qui devrait être si belle, heureusement et enfin, s'excuse et réfléchit; elle ne veut pas agir sous le coup de l'émotion et de la précipitation et a compris qu'elle doit s'amender publiquement; cela est bien, et il était plus que temps de le faire. Mais le tempo d'action, sous prétexte de sérieux, ne peut prendre un temps qui semble trop durer. Les pas qu'Elle fait aujourd'hui ne la dédouane pas du retard pris et du mal fait, et ce n'est pas en vendant des églises pour dédommager des victimes qu'elle réparera le mal fait dans les âmes des agressés, et dans les âmes des fidèles, et dans les âmes païennes qui ne viendront plus à notre belle foi alors qu'elles auraient pu y venir si tout cela ne s'était pas autant aggravé.
L'Eglise, en plus de protéger enfants et prêtres, doit faire ce pas de remise en question plus profonde que de s'en tenir au factuel; elle doit revoir ses formations, sa façon de penser l'enfance et sa façon d'être une institution, car si elle n'arrache pas la cause profonde d'une pédophilie aussi répétée là où elle a lieu, au point qu'un seul prêtre peut dépasser la centaine de victimes, la pédophilie, symptôme d'un laisser aller navrant, réapparaitra.
Et s'il a fallu tant de buzz médiatiques répétés, extrapolés, exagérés et reportés dans le monde entier jusqu'à la diffamation (c'est la définition d'une panique morale au passage) pour qu'Elle bouge, honte à Elle, et c'est bien fait. Elle aurait tant et tant pu faire avant pour ne pas en arriver là! Mais des fois il faut toucher le fond pour réagir enfin...
Pour finir sur une note plus positive (quoique?), il me revient une lecture, il s'agit d'un livre rassemblant des locutions de Jésus à Monseigneur Ottavio Michelini, mort en 1979. C'est un livre destiné surtout aux responsables de l'Eglise et aux prêtres: "Confidences de Jésus à ses prêtres et à ses fidèles" . (J'ai lu que les papes de son époque ont lu son livre; après Jean Paul II je ne sais pas). On pourrait citer tout le livre, mais certains passages entrent quand même bien en résonance avec l'actualité :
"
peu importe à ton Jésus, Maître divin, à Marie, Reine des Apôtres, que les ministres de Dieu soient des savants en Sciences profanes, mais par contre il leur importe beaucoup que les ministres de Dieu soient des savants dans la Science de Dieu*, sans laquelle il n'y a pas de fécondité spirituelle (...).
Assez souvent on trouve des supérieurs hérétiques* (sciences profanes, matérialistes, marxistes, humano-centrées, etc).
L'hérésie fleurit et prospère dans l'orgueil; l'orgueil est la concupiscence de l'esprit et, tôt ou tard, il aboutit à la concupiscence de la chair.
Dans les séminaires, le premier et indispensable enseignement (la science de Dieu)
, essentiel et irremplaçable, doit être confié à des supérieurs et enseignants très intègres, à des supérieurs qui ne soient disposés à aucun genre de compromis, ni avec eux-mêmes, ni avec le monde. Il faut des supérieurs et des enseignants saints*, dans le vrai sens du mot.(...) En effet, aucune école de sainteté n'est possible sans la présence d'hommes saints en tant que maîtres. (...)
Le principal devoir du directeur spirituel sera de faire comprendre que chaque prêtre doit être une victime, que chaque prêtre a une mission supérieure dans l'Eglise de Dieu : qu'il doit s'immoler lui-même, d'abord par l'anéantissement de son moi, (...) par l'anéantissement complet de lui-même, à l'exemple du Divin Maître, des saints et des martyrs. (...)
Il est nécessaire que les choisis soient pénétrés et imprégnés de la vie de la Grâce, qu'ils soient imprégnés et pénétrés de la connaissance de la grandeur, de la dignité et de la puissance sacerdotales*.
Aujourd'hui, les prêtres, par une impardonnable lacune et carence de formation, ne savent pas qui ils sont (...) Il est nécessaire que les choisis soient profondément convaincus de leur caractère sacerdotal, qui fait d'eux des pères, des maîtres, des capitaines de la grande armée du Christ Rédempteur.
Il est nécessaire encore que les prêtres soient imprégnés et pénétrés d'une foi profonde, inébranlable, solide comme le roc, en la Présence réelle du Christ dans le mystère insondable de l'Eucharistie.
Gare à ces choisis qui se laissent contaminer, empoisonner par le rationalisme et le positivisme, car leur foi ne peut plus être pure et limpide! Si la foi est contaminée, l'espérance et l'amour languissent, c'est la mort de la vie divine de la grâce dans l'âme infectée, c'est la crise terrible que traverse l'Eglise, laquelle a perdu des milliers de prêtres (...). C'est la grande tragédie qui blesse mortellement l'Eglise aujourd'hui."
"
Chaque prêtre doit être une victime qui s'offre elle-même avec Moi au Père pour la rémission des péchés et pour la libération des âmes des la tyrannie du Malin. Maintenant, crois-tu que cette vérité fondamentale soit inculquée dans les séminaires? Crois-tu que les pasteurs d'âmes s'en assurent et veillent à ce que les aspirants au sacerdoce soient éclairés, initiés et sensibilisés sur la responsabilité plus qu'humaine, divine, qu'ils auront demain en tant que mes prêtres, mes ministres et même les administrateurs des fruits de mon Sang et de ma Passion?
Non, mon fils, on ne peut jamais donner ou communiquer à d'autres ce qu'on n'a pas. L'orientation, la formation donnée aux aspirants au sacerdoce est tout autre que celle que Je réclame, ou même lui est directement opposée. Si les éducateurs ne sont pas eux-mêmes des âmes-victimes, ils ne pourront pas former des âmes généreuses et saintes." et suite sur la peur de croire et l'anémie spirituelle.
Tout ce livre me rappelle par touches là où en est l'Eglise aujourd'hui. Elle est vraiment en train de récolter ce qu'Elle a tant semé.
Et sur les évêques :
"les évêques (...) devraient tous posséder le don de la Sagesse. (...) Malheureusement, il n'en est pas ainsi. (...) Le degré de la sagesse est en rapport avec le degré de correspondance aux impulsions de la Grâce. (...) Qui a moins correspondu, a moins reçu. Quant à ceux qui ne la possèdent pas du tout, cela veut dire qu'avec leur présomption et leur orgueil, racines de tous les maux, ils ont barré la route à l'Esprit-Saint.
(...) Les évêques ne peuvent pas ignorer, pas même un instant, que l'on meurt pour commencer la vie éternelle. C'est vers elle qu'il faut diriger les esprits, les coeurs, les énergies(...).
Les contradictions en cours dans mon Eglise, l'anarchie régnante, le bouleversement et le pervertissement de la doctrine et de la morale, la désorientation dans laquelle tâtonnent prêtres et fidèles, ne sont pas sans cause. (...) Sur qui retombe la responsabilité d'un si grand mal (la déliquescence de la formation des prêtres)
? De ce chaos? Pour une grande part sur ceux qui disposant des pouvoirs nécessaires (les évêques au sens large)
n'ont pas agi. Cette inconséquence est terrible. Ils sont inactifs (...). Puis il parle de la plaie du fonctionnarisme des prélats, de leur tentations mondaines et la froideur diplomatique au détriment de la Vérité.
et page suivante :
"il aurait mieux valu confier cette délicate mission (l'éducation religieuse des enfants)
à de bons laïcs, -et il en serait résulté un grand bien-, plutôt qu'à des prêtres transformés en démons, en loups rapaces.
(...) enfin, Je dois encore imputer à des pasteurs et à des prêtres, comme une faute grave, une certaine insensibilité à l'égard des souffrants, malades, etc. Insensibilité incroyable et inconcevable, insensibilité en criant contraste avec les enseignements évangéliques, avec les exemples de Moi, Vrai Dieu et vrai Homme (...)
Mais quel type de foi ont les évêques et les prêtres de cette génération athée, perverse et incrédule?
sur la pastorale en général :
"l'incohérence a été de beaucoup dépassée par les contradictions si fréquentes et si répandues qu'elles se sont transformées en habitude de vie, ce qui fait qu'on ne les remarque plus. (...) Il est temps d'intervenir avec fermeté, amour et prudence.
Les parties non italiques au milieu de la partie italique sont mes notes explicatives.
*tous les concepts marqués d'une astérisque sont développés dans le livre.
En fait, il faut lire le livre, c'est un concentré tellement il est dense. Je ne me rappelais plus de ce livre, mais cette contribution m'y a ramenée. Du coup, ça m'a donné envie de le relire. Jésus, un peu comme un chirurgien, nomme, pointe, circonscrit, excise au prix d'une fouille pointue les maux de l'Eglise, et tout le monde a sa part, du simple fidèle aux plus haut religieux, et nous montre carrément les remèdes pour redresser la barre d'une Eglise qui a tant souffert de tant de compromis avec le monde, de tant de laisser aller, de tant d'oublis de se relier à Dieu. Un livre vraiment intéressant. Que tout évêque devrait relire... Le remède est dedans!