Bonjour,
Dans les cas de cancers en phase terminale que j'ai pu observer, j'ai toujours vu les médecins en charge des patients dont l'espoir de survie était nul amener la discussion sur la manière dont les choses allaient se passer. Dans la discussion, les choses étaient toujours tournées, de manière très délicate, pour que le patient en vienne à éprouver ses souhaits. Le souhait était toujours le même : le moins de souffrances possibles, pas d'agonie. Ainsi le médecin expliquait qu'il existe des solutions allant dans ce sens. Dans le cas d'un patient déjà délirant et avec qui la communication n'était plus vraiment possible, le personnel hospitalier s'était tourné vers la femme de cet homme, afin de savoir si des souhaits n'avaient pas été communiqués en cas d'echec de la médecine à soigner la pathologie. Il n'est pas rare que, de manière formelle ou informelle, durant la maladie, le patient ait eu ce type de discussion avec un intime. Enfin, il me semble que si le patient refuse la sédation profonde, le corps médical écoute.
J'induis de cette pratique observée que le personnel médical, toutes les fois où c'est possible, met en place ce type de questionnement. Je ne sais pas si c'est le fruit d'un "protocole" ou autre, mais il semble que ce soit une pratique installée.
Quand ce n'est pas possible, je suppose que le principe de la diminution de la souffrance prévaut. On peut le discuter, peut-être, mais que le corps soignant prenne en compte le fait que l'individu est un être sensible qui souffre terriblement au physique comme au moral atteste que leur vision de la situation n'est pas celle de la réduction du patient à un objet pur et simple. Un objet ne souffre pas, et à vrai dire on ne se pose pas la question car il n'a pas de système nerveux et qu'il est dépourvu d'âme incarnée. Se soucier de la souffrance du patient, c'est le considérer comme une chair vivante et consciente affectivement liée à ses proches. C'est donc le comprendre comme un être vulnérable, un sujet passif devant la maladie et la mort.
Je n'ai pas à juger la décision de ces patients et à exiger d'eux une agonie volontaire digne d'un saint. La sainteté ne se décrète pas pour autrui.