Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

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Fée Violine
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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par Fée Violine » lun. 07 juin 2010, 23:11

Non, le mot "souffrance" n'est pas exagéré en parlant des enfants. Voyez tous les romanciers qui écrivent pour essayer de guérir de leurs blessures d'enfance. Et de quoi vivraient les psychanalystes ?
La personne qui dit "c'est partout pareil, on n'y peut rien", c'est vraiment stupide et criminel, ce genre de propos.

Cinci
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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par Cinci » mar. 08 juin 2010, 4:17

Petite fleur,

Je trouve très touchant ce que vous dite au sujet de votre petite fille et puis ce qui lui arrive comme cela à l'école. C'est désolant. J'imagine bien ce que la chose doit faire aussi quand on est parent et que c'est son propre enfant qui est victime de harcèlement, de moqueries. Mouais. C'est une forme d'agression, puis probablement assez inconsciente chez les autres jeunes.

Je ne sais pas. Spontanément, j'aurais quasiment le goût de vous me demander si vous connaissez les bouquins de la fameuse Alice Miller ( ''Le drame de l'enfant doué'', ''Ta vie enfin sauvée'', etc.) Des fois qu'il y aurait des pistes là-dedans ... Ça ne pourrait pas faire de torts. Enfin, il y est pas mal question de rapports parent-enfant dans ces ouvrages. Une agression des autres reste une chose, mais ensuite c'est comment situé soi-même et comme parent et comme enfant.

Encore :
  • ... la plupart du temps ce qu'on appelle l'éducation se borne à masquer les passions de l'enfant en le soumettant à des convenances sociales et en ajoutant à ses propres déterminismes les déterminismes du groupe : famille, milieu, nation, religion. L'être profond à travers tout cela n'a pas été touché; la seconde naissance ne s'est pas produite.

    La vraie question, la première tout au moins, est de demander : quelle discipline les parents s'imposent-ils à eux-mêmes ?

    Autrement dit, quelle idée se font-ils de l'homme pour leur propre compte, et qu'entreprennent-ils pour la réaliser dans leur propre vie ? Attendent-ils de leurs enfants qu'ils résolvent ce problème sans avoir tenté de le résoudre eux-mêmes, voire sans en avoir pris conscience ? C'est évidemment par là que tout commence.

    Flaubert donne, dans son journal, la formule la plus simple de l'itinéraire humain : «Pourquoi vouloir être quelque chose quand on peut être quelqu'un ?» Quelque chose : ce mot désigne tout ce que nous subissons, tous les déterminismes instinctifs qui confluent dans le ''moi'' possessif, passionnel et complice que nous avons presque toujours à la bouche et que nous défendons avec le bec et les ongles bien qu'il se situe aux antipodes d'une personnalité authentique et qu'il constitue notre plus redoutable prison. Quelqu'un : ce mot évoque la transmutation, le changement radical qui nous confère un statut personnel, en nous libérant des servitudes intimes qui pèsent sur nous, tant que nous nous identifions avec ce ''moi'' préfabriqué qui s'enracine dans notre inconscient.

    [...]

    C'est en prenant nos distances de respect à l'égard de nous-mêmes que nous susciterons en l'enfant une distance analogue. C'est en nous conformant aux exigences de notre dignité que nous l'induirons à découvrir la sienne. Il va de soi que, l'enfant grandissant, les parents ne sauraient moins exiger d'eux-mêmes. Ils ne peuvent rien lui demander qu'ils ne l'accomplissent d'abord eux-mêmes. Toute tricherie à cet égard ruine leur autorité, qui tient au rayonnement de leur exemple. L'enfant ne dira la vérité dans son coeur, selon l'expression du psalmiste, que s'il en perçoit la résonnance dans le coeur de ses parents. Ce respect de l'enfant comme d'une personne fondé sur le respect que les parents observent à l'égard d'eux-mêmes se traduira nécéssairement par l'acceptation généreuse de ses différences et de ses dons particuliers. Les parents seront d'autant moins tentés d'en faire une copie d'eux-mêmes qu'ils auront davantage le souci de promouvoir une autonomie consubstantielle à sa personnalité. Le plus sûr moyen de faire mûrir cette autonomie est de faire de l'enfant un collaborateur, en lui confiant aussitôt que possible des responsabilités et en lui donnant tout loisir de s'exprimer dans un climat d'amitié [...] qu'on ne forme des personnes qu'en payant sans cesse de sa personne, qu'on ne donne vraiment la vie qu'en donnant sa vie.

    - M. Zundel, La vérité, source unique de liberté, p. 210
C'est beau.

Par hasard, je venais de lire cela avant même d'aborder votre message. Je viens juste de déménager, et je sortais ce livre de mes cartons. On a des livres sortis de sa bibliothèque comme ça et qu'on redécouvre. Quand on peut mais l'on fait partager (sourire)

Il faut beaucoup l'aimer votre petite fille, petite fleur. Une solution ? une solution ... mais peut-être travailler dans le sens de renforcir ou développer une bonne estime d'elle-même, lui donner prise sur une activité qui lui permettrait d'être fier d'elle, pour développer le sens de sa propre valeur, puis en lui montrant clairement, franchement, que vous vous n'avez pas honte d'elle (même quand d'autres viendraient s'essayer à vouloir la diminuer, la rabaisser) Je sais pas. Peut-être ne pas craindre de lui révéler à coeur ouvert des difficultés que vous auriez pu avoir mais quand vous aviez à peu près son âge, l'inscrire dans le parcours générationnel, vous faire complice, pour la soutenir tout en lui donnant la chance aussi d'expérimenter une solution de son cru. Une changement de classe ou d'école peut être une solution simple, pas inefficace, ce peut être bon. Mais, en même temps, ce peut être pas mauvais de viser plus loin, pour plus tard et quelque chose de durable. Enfin, peut-être que ça n'évoquera rien ce que je peux vous dire ici. Mais je suis quand même touché par l'histoire des plus faibles qu'on moque. J'ai toujours eu un petit faible pour les plus pauvres dans une situation donnée, comme ceux que d'autres jugent inadéquat, incompétent, bon à rien, inadapté, marchant pas comme les autres, etc.

:coeur:

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Mathilde
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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par Mathilde » mar. 08 juin 2010, 8:51

petite fleur a écrit : Elle est partie en colonie au printemps avec des enfants qui venaient d'autres écoles, et cela s'est très bien passé!
Elle s'est entendu avec tous les enfants et est revenue enchantée!!.
Super!
petite fleur a écrit : A côté de cela, c'est une excellente élève, intelligente et qui a constamment soif d'apprendre.

Bien heureusement, l'année scolaire se termine.
Notre fille va partir la première semaine de juillet avec son cousin, dans une école de prière pour enfants.

C'est une grâce, et je prie pour que la force de l'esprit Saint soit sa force.
Ce qui n'empêche pas qu'elle doit apprendre à se défendre.
Voilà ce qui se passe quand on essaie de bien élever ses enfants et qu'ils sont bons élèves!
Ils sont victimes des autres!
Dans beaucoup de classe, on n'a plus le droit d'être bon élève, d'avoir des bonnes notes, sinon, on est considéré comme le chou-chou de la maîtresse, le lèche-botte...Ce sont les perturbateurs et les cancres qui sont les héros de la classe voire les caïds!

Ca fait peur d'avoir des enfants! :(

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par zélie » mar. 08 juin 2010, 10:44

petite fleur a écrit :Le souci, c'est qu'elle sera avec trois des enfants qui la perturbent, car comme c'est une nouvelle école dans un nouveau de quartier, il n'y aura qu'une seule classe ouverte par niveau, voir même des classes double niveau.
Donc je renouvelle vivement mon conseil; la maitresse a le pouvoir changer cela en amenant toute la classe à réfléchir à ses actes, et en repérant plus vite les harceleurs (qui n'ont pas complètement conscience du mauvais jeu bien glissant auquel ils se livrent, on est bien d'accord) et en donnant du souffle à votre fille. J'espère qu'elle va tomber sur un enseignant ayant un peu de bouteille, ce serait bien.

Il y a aussi un autre aspect. En milieu scolaire, les groupes éclatent plus vite qu'on ne le croit, et les enfants en grandissant développent la perception de leur milieu; il n'est pas dit que les trois enquiquineuses aient envie de poursuivre ce jeu malsain à la rentrée, tout simplement parce qu'elles auront grandi dans leur petite tête, ça se voit souvent. Il se peut que perdues elles aussi par la nouvelle école, elles soient ravies, au moins une d'entre elles, de devenir l'amie de votre fille. Rien n'est figé chez les enfants. Aussi, si vous pouvez faire en sorte que votre fille soit répartie dans une classe sans enquiquineuse, tant mieux, sinon, voyez discrètement l'enseignant, et demandez-lui d'avoir l'oeil et qu'il vous fasse part de son avis. Si vraiment la mayonnaise repart mal, alors là foncez.

En outre, auprès des parents, ce n'est pas parce qu'une première fois ça s'est mal passé que ça se passera mal à chaque fois. Un parent pressé et de mauvaise foi peut vous faire une pirouette une fois, mais si quelques mois plus tard vous remettez les choses sur le tapis et lui demandez gentiment de parler à son enfant, il y a des chances que cela aboutisse, au moins pour une partie des parents. Ne vous gênez pas pour aller voir aussi ceux que vous ne connaissez pas, en demandant avec le sourire un dialogue, pas une accusation bien sûr.

Certains parents mettront du temps à vous croire parce qu’ils ont une image édulcorée de leur enfant.

Je me souviens qu’un élève frappait régulièrement mon fils, qui revenait couvert de bleus, et une fois les parties enflées. J’ai tout fait constater, jour après jour. Et j’ai tout signalé au directeur et à l’enseignante, au point de passer pour un crampon. Et un jour la maman de l’élève, qui se faisait remonter les bretelles sans arrêt à l’école, a fait savoir autour d’elle qu’elle voulait me frapper à la sortie de l’école. Je suis allée la voir, et bien sûr, elle a envoyé son mari, qui s’est permis de me parler à dix centimètres et de bien m’expliquer que frapper une femme ça ne le gênait pas. Je n’ai pas reculé d’un pas, je lui ai rétorqué que j’avais un dossier complet sur son fils chez un avocat, constitué de témoignages d’élèves et d’enseignants, et de certificats médicaux. La plainte serait déposée le soir même suite à ses menaces (c’était que du bluff, mais j’étais prête à le faire si les choses ne trouvaient pas d’autre solution). Je n’ai plus entendu parler ni de son fils, ni de lui. Mais cette histoire m’avait marquée, parce que vraiment, je me demandais comment un enfant si violent à l’école, si signalé aux parents par tous ses enseignants, si insupportable, insolent, incapable de respecter ni silence ni règles, pouvait avoir des parents laxistes au point de tout supporter de lui comme ça. En fait, je l’ai vu plusieurs fois au parc ou aux courses ensuite ; c’était avec sa mère, que visiblement il adulait, un ange, un enfant parfait, aimant, d’une docilité et d’une sagesse remarquables ! Comment ces parents-là, persuadés d’avoir un enfant aussi gentil, pouvaient imaginer le monstre qu’il était à l’école et qui était menacé d’exclusion ? Un double jeu parfait, d’une qualité incroyable !

Il n’empêche, l’image édulcorée d’un enfant par ses proches ne doit pas vous arrêter. Donnez des faits précis aux parents, des mots précis, de façon à pouvoir appeler l’enfant et le confondre, lui faire admettre devant ses parents que c’est bien ce qu’il a dit ou fait. Là, ils pourront toujours minimiser, mais ils ne pourront pas nier. Les parents par devant ne voudront peut être pas réagir, mais ensuite, à la maison, il y a des chances qu’ils parlent à leur enfant, et que cela les freinent.
Surtout, restez très très courtoise même s’il vous en coûte, souriante, pas agressive ni inquiète, parlez aux parents sans hâte ni colère, d’adulte à adulte, pour ne pas les culpabiliser d’une chose qu’ils ignorent peut-être totalement, mais faites-leur part du désarroi de votre fille, de ce que ça lui fait à elle de ce qui n’est qu’un jeu « innocent » pour les autres enfants. Il y a une chance que cela les touche et les fasse réagir, même si c’est avec un peu de retard.
petite fleur a écrit : Et il faut que je vous précise que la majorité des enfants qui se moquent d'elles ne sont pas dans sa classe, cela se passe dans la cour et à la cantine.
Si c'est un problème qui dépasse le cadre de la classe, voir le directeur. Si c'est un problème qui se passe à la cantine, voir en mairie le responsable des cantines qui fera circuler l'information pour qu'on fiche la paix à votre enfant.

Il faut que vous sachiez qu’il y a aussi un psychologue scolaire de secteur (RASED) qui peut recevoir votre enfant, évaluer l’impact de son vécu, et ensuite répercuter des actions pour que les choses se calment. Si à la rentrée les choses repartent mal, parlez-en rapidement au directeur et dites-lui que vous demandez fermement une entrevue avec le psychologue du RASED. Il ne pourra pas aller contre, il sera obligé de transmettre votre demande ; soyez ferme même s’il vous rétorque que le secteur est grand et que le psy n’a pas que ça à faire ; insistez, ça aboutira. Ca peut finir en réunion enseignants/psy/parents, mais des fois ça crève l’abcès et ça calme le jeu.
petite fleur a écrit : Sincèrement, je crois que cela me perturbe plus qu'elle et j'essaie de ne pas lui montrer.
Toutefois, je ne minimise pas, car la psychologue m'a dit que les enfants ont besoin qu'on les rejoigne dans leurs petites souffrances et qu'on montre qu'on les comprends.
Je suis d'accord avec Fée, ce que vit votre fille peut la marquer durablement, ce n'est en rien une "petite" souffrance. Non seulement mon fils se rappelle de tout, mais ensuite, au collège, le harcèlement a repris avec d’autres. Mais comme c’est un garçon, les choses ont changées en sa faveur, et il a fini par se rendre compte qu’il était plus grand, plus fort qu’avant. Il s’est défendu, et il a été puni et catalogué « méchant », les pauvres victimes s’étant dépêchées d’aller pleurer à chaudes larmes aux pions, les bonnes peaux… Peu importe, il a eu une paix royale dans la cour, tout en sachant que malgré l’enfilade des heures de colle, il était soutenu à la maison, que jamais il ne serait repris sur le fond. Ce n’est que plus tard que nous lui avons suggéré qu’après un temps il en vient un autre, et que répondre avec sa tête c’était bien mieux et bien plus fort.

Et vous avez raison, montrez-lui que vous la comprenez, mais restez rassurante pour elle.

zélie
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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par zélie » mar. 08 juin 2010, 20:53

Mathilde a écrit : Voilà ce qui se passe quand on essaie de bien élever ses enfants
Ils sont victimes des autres!
"Bien élever" a été pour ma part une belle source de maladresse.
Perso, j'ai quand même été une maman très naïve avec mon fils. Comme il était le plus grand en taille de l'école, je lui ai seriné dès ses 3.5 ans qu'il ne fallait pas être violent, pas se battre, aimer tout le monde, aider tout le monde, être gentil avec les timides, etc... Mais se défendre fait partie de la vie, même tout-petit, surtout tout-petit d'ailleurs, car beaucoup d'enfants mettent du temps à mûrir et à intégrer les règles sociales. Règles que d'ailleurs tout enseignant leur répète 100 fois par jour, isolement à la clé, et qui disparait de leur mémoire aussitôt pour une simple cause neurologique. Eduquer, c'est cadrer, et cadrer un enfant, c'est répéter 1000 fois avec fermeté et bienveillance. Si on comprend cela, on comprend que dans l'immédiateté de certaines situations, certains enfants hurlent parce qu'ils se sentent lésés, et frappent, et mordent, et qu'un enfant mordu va mordre plutôt que d'expliquer et de raisonner. Ce n'est pas être méchant, c'est être un jeune enfant qui règle un conflit comme il peut, et cela est bien plus sain pour la construction de sa personnalité que de l'inhiber en lui disant que c'est mal sur l'instant et en lui cassant son élan. Ce qui est mal pour lui, c'est d'avoir été mordu ou lésé, et tant qu'on ne prendra pas en compte sa douleur, poser un interdit dessus en shuntant son ressenti, c’est désastreux pour l’image qu’il construit de lui-même. Ce qui est mieux, c'est de poser un dialogue à distance du conflit, dialogue qui ne fait pas que dire "il ne faut pas mordre", mais dialogue qui va lui faire dire son ressenti avec des mots. C'est alors que la mise en mots du ressenti pourra construire une autre façon de voir les conflits, et l'aidera plus tard à se défendre avec des mots, des mots bien intégrés.

Quand mon fils revenait pleurant de l'école et couvert de bleus, je me suis aperçue qu’il n’osait pas se défendre parce que je lui avait interdit les seuls moyens de se défendre que ses camarades pouvaient comprendre pendant des années, et que s'il s'était défendu sans pour autant massacrer celui d'en face, juste en lui donnant ne serait que le coup d'épaule le plus maladroit de la terre, il n'aurait pas vécu les attaques comme un harcèlement, mais comme de simples provocations sans lendemains. Et que quand un enfant tordu ou violent en attaque un autre, s’il tombe sur ne serait-ce qu’une résistance minimale, il change d’avis et va voir ailleurs.

Une fois que j’ai compris tout cela, j’ai mis de l’eau dans mon vin de mes « belles idées éducatives parfaites », parce que mes « belles idées » étaient tout simplement en train de détruire mon fils, en le déprimant complètement ; il y avait un élan qui manquait chez lui, élan ou confiance d’ailleurs je n’ai jamais su exactement, mais l’inhibition qu’il montrait devenait inquiétante. Le jour où il est revenu avec des heures de colle, j’ai ouvert le dialogue parce que son ressenti était la seule chose qui m’importait, sachant tout ce qu’il avait enduré avant de racket et de coups. Et dialogue aidant, je l’ai laissé m’ apprendre à être mère, à écouter ce que lui avait à dire de son éducation et de son vécu, même si je n’ai jamais perdu de vue qu’au final, le but était de construire un adulte épanoui, sans colère implosive et sans violence, un être de parole. Mais avant de lui demander d’être parfait, on est passé par des étapes, et dans ces étapes, il y eut à se défendre parfois fermement ; il n’a fait que se défendre des pires élèves, n'est jamais devenu quelqu’un de provocateur, et il m’a écoutée pour ne pas répondre aux provocations de plus jeune et plus faible que lui. (Au collège où il était, recourir au directeur, qui à mon sens n’avait rien à faire là, n’a jamais rien donné).

Voilà, ça fait un peu diversion dans le sujet, je m’en excuse, mais si au moins ça peut aider à ne pas répéter de telles maladresses !

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par petite fleur » mar. 08 juin 2010, 22:19

zélie a écrit :certains enfants hurlent parce qu'ils se sentent lésés, et frappent, et mordent, et qu'un enfant mordu va mordre plutôt que d'expliquer et de raisonner.
Le problème, c'est que ma fille réagit de cette manière si on l'agresse.Et les enfants, malins, s'amusent à la provoquer (moqueries, menaces, pincements de joue, lui "écrasant le pied"...) exprès pour la faire sortir de ses gonds (à plusieurs, ils ne risquent pas grand chose). Comme cela, ils la mettent à tort.
Une mère m'a dit "mais votre fille a parait-il tapé ma fille et deux autres ce matin".Je lui ai rétorqué qu'elle était pourtant toute seule contre plusieurs.
C'est pourquoi je voudrais lui apprendre à se défendre sans agressivité, car un des buts de ce jeu malsain, est entre autre de l'énerver.
Un de ses "bourreaux" est la fille d'une amie que je rencontre à la sortie de l'école depuis le début de l'année.
J'avais constaté que mon amie avait peur de ses enfants et ne leur disait jamais rien, mais jusqu'ici, je ne me permettais pas de lui en faire la remarque.Mais là, il s'agit de ma fille.
J'ai constaté les moqueries, les provocations et les pincements de la part de sa fille, au parc sous les yeux de sa mère, qui ne lui dit rien, ou dit seulement mollement "arrêtez vos histoires les enfants".
J'essaie de lui parler calmement, mais rien n'y fait.
Cela commence déjà à jeter un froid entre nous.Et pourtant, je n'ai jamais de problèmes avec mes amis et je suis d'un caractère très tolérant.

Aujourd'hui, j'ai moi-même grondé sa fille lorsqu'elle a pincé "gratuitement" mon petit garçon de 3 ans qui n'avait rien demandé à personne.
"Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie."
Jean 8, 12

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par Fée Violine » mar. 08 juin 2010, 22:39

Édouard-Marie a écrit:
Avec un enfant on ne dialogue pas on le dirige avec fermeté si nécessaire.
La fermeté n'empêche pas de dialoguer !!!

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par marie du hellfest » mar. 08 juin 2010, 23:33

Edouard-Marie a écrit :Non justement, tant qu'il s'agit d'enfants, ce sont les parents qui ont autorité. Et en l'espèce les parents d'enfants (pas seulement ici mais tout le temps) qui ne se rendent pas compte (ne veulent pas ? ) des mauvais actes de leurs enfants en sont pourtant responsables.

Si on commence à donner aux enfants à croire qu'ils peuvent régler ça tout seul comme des grands on part en brioche.
Il n'y a pas de raison qu'à cet age là on commence à faire son caïd, qu'est ce que cela sera plus tard.

Des gamins qui s'amusent à jouer la terreur avant d'être "compris" psychologiquement on besoin d'entendre avec sévérité les limites à ne pas dépasser compte tenu de leur place d'enfant. Avec un enfant on ne dialogue pas on le dirige avec fermeté si nécessaire.
J'aurais du mieux formuler ma phrase, c'est pas très clair effectivement. Le problème n'est pas qu'un adulte aille parler du problème à un enfant (c'est même souhaitable), mais qu'un adulte "étranger" aille gronder un enfant devant ses parents, alors que ceux-ci ne sont peut-être pas d'accord sur le fait même que leur enfant crée des problèmes.
En fait, certains parents ne supportent pas que d'autres qu'eux-même fassent la leçon à leur gosse. Il se peut que ça passe sans problème avec certains, qui seront même content que quelqu'un d'autre endosse le mauvais rôle. Mais pour d'autres, (j'en ai dans la famille), il est hors de question qu'une personne extérieure ose critiquer son gosse. Dans ce cas là ils se braquent et ils refusent d'admettre qu'il y a un problème, et ils disent à l'enfant que ce n'est pas grave, la personne a tort, fais pas attention, etc ...
Avec ceux-là ils faut d'abord passer par eux, les convaincre qu'il y a effectivement un problème, pour qu'eux aillent en parler avec leur progéniture.

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par zélie » mer. 09 juin 2010, 7:56

L'impression que j'ai, c'est que votre fille dans pareil cas n'a pas le reflexe de se tourner vers les adultes. Si ça se passe dans un cadre scolaire, il ya bien des adultes auxquels elle peut s'adresser pour que cela cesse. Si ça se passe avec vous, intervenez gentiment mais fermement. Il ne s'agit pas de s'emporter contre la fille d'une amie, mais de lui dire que vous ne voulez pas que des pincements ou autre se reproduisent sur vos enfants. La maman fera la tronche, mais a force de lui mettre l'évidence des actes qu'elle refuse de voir en mots calmes et fermes, elle finira par réagir un jour, même s'il va lui falloir du temps. Ne lâchez rien, réagissez autant de fois qu'il y aura de faits; si votre amie a un brin d'intelligence, elle réagira en freinant sa fille, de guerre lasse.

Il se peut que les familles de vos amies aient des problèmes éducatifs, mais ce ne sont pas les vôtres, et si leurs enfants ne prennent pas de gants pour pincer, vous n'avez pas non plus à prendre des gants pour stopper les choses dont vous êtes témoin. Ni même pour parler au groupe d'enfants qui enquiquinent votre fille en leur disant que se mettre à plusieurs contre une c'est laid, c'est lâche et il y a bien mieux à faire. Il y a des arguments contre lesquels un parent pourra s'outrer à souhait, mais qu'il ne pourra pas démentir.

Que vous y perdiez des amis ce n'est pas grave. Mais ne rien faire, c'est donner tacitement le droit aux autres enfants de continuer.

Pour les moyens de défense que votre fille a actuellement, ils sont bons en eux-mêmes, ils sont justes maladroits. Laissez-les lui; les expérimenter lui permettra de les dépasser un jour, et les lui enlever trop tôt c'est lui enlever sa seule armure, et la stresser encore plus. Et c'est justement son stress qu'il faut calmer, parce que c'est lui qui la fait réagir comiquement quand elle a peur (aux yeux des autres s'entend).
Une chose sur laquelle vous pouvez jouer, c'est de donner à votre fille le réflexe d'aller signaler à la maîtresse les conflits s'ils ont lieu au sein de l'école, au lieu de partir au quart de tour dans un comportement maladroit ou affolé.
Une autre chose aussi qui fait miracle sur les enfants timides; la lutte ou à défaut les arts martiaux. Vous n'imaginez pas le travail du corps, du positionnement de soi physique et psychique que ces sports induisent, à tel point qu'un cycle lutte est prévu à l'école primaire. C'est étonnant comment un enfant qui pratique ces sports sait ensuite mieux gérer les conflits, sans recourir forcément à des coups, juste en répondant fermement et sans s'affoler. Et comment les autres en face sentent que celui-là ils ne l'auront pas.

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par zélie » mer. 09 juin 2010, 8:29

petite fleur a écrit : J'en ai parlé à la maman (une amie) d'une des petite filles "terreur", mais elle l' a mal pris, et m'a dit qu'on s'était déjà moqué de sa fille, et qu'il ne fallait pas en faire toute une histoire.
Laquelle semble avoir bien besoin de s'entendre dire que si des incidents sans lendemains arrivent, c'est une chose, si les incidents qui arrivent perturbent une enfant, il y a une autre attitude à avoir et cela la concerne comme parent, que ça lui plaise ou non.

A ce propos, une chose me revient; un jour une maman m'a suivie en voiture parce qu'elle voulait me parler. Très étonnée et forcément intriguée, je m'arrête et je vais la voir. Elle me dit alors avec une grande douceur que sa fille se plaint beaucoup de la mienne. Je lui demande alors de quoi exactement sa fille se plaint, connaissant l'amitié de nos deux filles. Elle me répond alors par les mêmes mots dont ma fille se plaignait elle de la sienne. On a confronté les deux filles et ça a fini en mi-sermon, mi-rigolade, il n'empêche que :
-ce jour-là je suis tombée des nues que ma fille si mignonne et si minuscule se comporte ainsi, et je remercie la diplomatie de la maman qui m'en a parlé, parce qu'entre la surprise et les mots de la personne qui m'a parlé, je ne sais pas comment j'aurais pu réagir. A sentir de l'agressivité, même voilée, j'aurais été sur la défensive.
-ensuite j'ai un peu plus fait gaffe à ce que les adultes de l'école me disaient de ma fille, et j'ai un peu plus surveillé ses agissements. J'ai changé de regard sur ma fille, je l'ai plus cadrée parce que je savais là où il fallait agir.


ALors pour les mamans qui tombent des nues et réagissent mal la première fois,ne vous arrêtez pas à ça, il se peut que finalement ça leur rende service. De vos initatives il en restera toujors quelque chose, de rien il n'en restera rien. Confronter les enfants le jour même de l'incident, à la sortie de l'école, permet aussi de démêler bien des noeuds.

ET pour voir les enseignants et le directeur, c'est bien d'y aller à la rentrée, mais faites le aussi maintenant, tout de suite, ça peut éviter trois semaines d'enfer à votre fille!

Juste un mot pour souligner combien la pensée de Zundel est vraie, élevée et belle, mais combien l'écart est grand entre son propos et cleui de certains parents, et combien c'est dommage.

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Re: Notre fille de 8 ans est bouc émissaire à l' école

Message non lu par petite fleur » mer. 09 juin 2010, 18:06

Fée Violine a écrit :En fait, certains parents ne supportent pas que d'autres qu'eux-même fassent la leçon à leur gosse. Il se peut que ça passe sans problème avec certains, qui seront même content que quelqu'un d'autre endosse le mauvais rôle. Mais pour d'autres, (j'en ai dans la famille), il est hors de question qu'une personne extérieure ose critiquer son gosse. Dans ce cas là ils se braquent et ils refusent d'admettre qu'il y a un problème, et ils disent à l'enfant que ce n'est pas grave, la personne a tort, fais pas attention, etc ...
Je crois que c'est là le problème avec certains parents.Je me suis demandée si ils affichaient cette attitude détachée devant moi, et parlaient sérieusement à leurs enfants en privé.
Mais vu que rien n'a changé...
zélie a écrit :ET pour voir les enseignants et le directeur, c'est bien d'y aller à la rentrée, mais faites le aussi maintenant, tout de suite, ça peut éviter trois semaines d'enfer à votre fille!
Oui, sur les conseils de mon mari, j'ai demandé un rendez-vous avec la maîtresse.
zélie a écrit :je suis tombée des nues que ma fille si mignonne et si minuscule se comporte ainsi
Je suis tout à fait consciente que cela aurait pu être mes enfants qui ennuient les autres, puisque c'est nous parents, leurs éducateurs et leur guide.
C'est pourquoi, il est important de sensibiliser ses enfants pour qu'ils ne se moquent pas des plus faibles, et qu'ils ne laissent pas les autres se moquer d'eux non plus.
Merci à tous pour votre soutien
"Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie."
Jean 8, 12

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