Je me permets de vous communiquer quelques extraits du texte de Philippe LOUVEAU sur l’accueil de l’étranger.
N’est-ce pas, après tout, la vocation de notre Eglise qui se veut catholique ... c’est-à-dire "universelle" ?[/align]Extrait de « Un peuple en devenir : l'Église et les migrants » de Philippe Louveau a écrit :L’enseignement le plus explicite de Jésus sur l’accueil à réserver aux immigrants et aux réfugiés est sans contredit cette parole où il a été jusqu’à faire de l’étranger le sacrement de sa présence à travers le temps et l’espace : Mt 25:31-35. Mais on peut aussi relire Jn 11:52, Jc 2:15-17, He 13:1-2, 3 Jn 5, ou encore 1 P 2:11 qui fait de tous les humains sur la terre des gens de passage et des étrangers en marche vers une patrie définitive où les rivalités seront à jamais bannies.
"Une telle vision des choses exprime la contestation la plus fondamentale que l’on puisse formuler contre les tentations de xénophobie et de racisme. Qui donc peut prétendre être maître de la terre où il n’est que de passage, comme un immigrant ou un réfugié ?"
On peut encore penser à la relecture que Jésus fait du prophète Isaïe dans la synagogue de Nazareth (Lc 4:17-21) : Si l’un des critères de la fidélité au Christ réside en ce que "la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres", alors, de fait, les évêques français ont raison de noter que la mission passe par une attention particulière à ceux qui viennent répercuter le cri du Tiers-Monde jusque dans notre société, et qu’il ne saurait y avoir de discrimination dans la solidarité.
"Il ne s’agit pas seulement pour les chrétiens d’un devoir d’hospitalité. C’est l’identité même de l’Église qui est en cause : germe d’un peuple nouveau où tout homme, à travers l’originalité de sa culture, est reconnu comme un frère." [cf. Ga 3:28 ; Ep 2:19]
Contre l’indifférence, la solidarité !
Contre l’indifférence, qui, pour les chrétiens, constitue un péché par omission, l’Eglise en appelle à la solidarité.
Cette solidarité fondamentale entre les hommes ne saurait d’ailleurs être restreinte par quelques dispositions juridiques que ce soit. Dans ce domaine comme dans d’autres, la loi civile ne peut pas aller contre la loi morale qui me prescrit de voir en tout homme un frère.
"Un étranger en situation illégale est exclu du droit, donc exclu d’une reconnaissance sociale au sein d’une communauté nationale. Il n’existe pas au regard des autres.
L’Eglise, pour qui toute personne humaine a une dignité inaliénable du fait de l’image de Dieu qui la constitue, ne peut accepter cette exclusion et affirme que, même en situation illégale, tout homme est sujet de droits. (...)
Un défi pour les chrétiens
Comme tant d’autres et avec d’autres, les chrétiens sont donc invités à résister à toutes les tentations - voire les pratiques ! - racistes ou xénophobes, qui voudraient transformer les immigrés en boucs émissaires de toutes les difficultés que notre pays peut traverser. Ils peuvent, sans naïveté ni syncrétisme irrespectueux de l’identité des uns et des autres, contribuer utilement au dialogue inter-religieux et à une meilleure compréhension entre nos diverses cultures. Ils doivent certainement se faire entendre pour que, dans la hiérarchie de nos valeurs d’Européens nantis, le légitime droit à la propriété privée n’occulte pas la loi plus fondamentale encore de la destination sociale ultime des biens de la création, et que, dans l’opinion publique, le légal ne devienne pas peu à peu le critère du moral.
Mais leur contribution la plus originale et peut-être la plus prophétique, dans une société qui a tendance à céder aux tentations de la peur et du repli, sera sans doute de donner un signe éclatant de ce peuple nouveau sans frontière et sans exclusion que Jésus a fait naître de sa mort et de sa résurrection. Nos communautés doivent "témoigner de la qualité d’intégration qu’elles pratiquent en leur sein". C’est ainsi qu’elles seront "ferments de la construction de l’unité humaine et de la civilisation de l’amour". (Jean-Paul II, le 17/10/1985. Discours du 2ème Congrès mondial de la pastorale de l’émigration)
"Il ne s’agit pas seulement d’accueillir un Portugais ou un Antillais dans son conseil pastoral ou de colorer la liturgie de quelques rythmes africains. Il s’agit de devenir ensemble davantage l’Eglise de Jésus-Christ dans un véritable partenariat, dans une meilleure connaissance de nos cultures propres et dans la prise en compte ensemble des défis missionnaires qui se posent à nous."