Niveau de langue des petits : à diffuser

Famille - Travail - Chômage - Femme - Enfance - Vieillesse - Handicap - Santé publique
MB
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 960
Inscription : lun. 26 juil. 2004, 0:03

Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par MB » ven. 30 nov. 2012, 11:40

Bonjour à tous


J'enseigne, cette année, dans un collège situé dans la lointaine banlieue parisienne - pas la cité, pas la misère, mais, on va dire, la petite classe moyenne, également classes modestes. Une petite ville tout à fait insignifiante, pleine de pavillons. Pas vraiment de problème de chômage pour ceux qui veulent travailler (Roissy et toutes les zones commerciales ne sont pas très loin) ; beaucoup d'immigrés, mais pas en majorité ; quelques "wesh wesh", etc. Juste des gens normaux, pas bien riches, mais qui offrent une console de jeux à leurs mioches à Noël. Niveau faible, mais pas le ghetto - d'où l'intérêt.

Je donne cette information pour que tout le monde sache, et pour qu'elle soit diffusée - car personne ne se rend vraiment compte de ce que c'est. Une collègue de français, enseignant à une classe de 6ème, a décidé de faire faire une épreuve de "recopiage" à ses élèves. Recopiage, c'est-à-dire : un petit texte imprimé est collé à une feuille, et sur la place qui reste, les élèves le recopient - le tout, noté sur 10.
Vous devez savoir que plusieurs d'entre eux ont eu zéro. Et même les meilleurs, de leur côté, ont eu 8 ou 9.

A méditer... mais surtout à diffuser. Je ne raconte pas d'histoires, ce n'est pas une légende urbaine à usage interne chez les profs : c'est quelque chose que j'ai vu. Les gens ne se rendent pas compte de ce qui se passe en ce moment. Il faut qu'ils sachent.

Et donc, à tous les parents... vérifiez cela, je vous en supplie !

Amicalement
MB

Epsilon
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1169
Inscription : ven. 02 juil. 2010, 19:27

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Epsilon » ven. 30 nov. 2012, 13:33

Excusez mais je n'ai STRICTEMENT rien compris quant à la finalité de ce message ... sinon que "vos" élèves sont des cancres :cool: ... ou alors ils leur faut des lunettes ;)

Et que vient faire votre "conclusion" ... "en ce moment" ... en quoi "ce moment" rendrait-il vos élèves plus débiles qu'en d'autres moments !!! est-ce la fin des temps :flash:

Cordialement, Epsilon

Isabelle47
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1896
Inscription : mer. 22 juin 2011, 22:49

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Isabelle47 » ven. 30 nov. 2012, 13:45

Je crois comprendre que ce message alerte de la baisse des niveaux des enfants de onze-douze ans (lecture et écriture).
Hélas, le constat n'est pas nouveau. On a accusé la télévision d'en être la cause, empêchant les enfants de lire, puis les sms, induisant une orthographe phonétique, puis internet, dispersant l'attention, puis le jargon "djeuns", volontairement incompréhensible aux adultes, enfin le langage "racaille de banlieue" qui serait l'équivalent de l'argot :cool:, sans oublier les réformes pédagogiques de l'apprentissage de la lecture et du français.
"Aussi, croyez-moi, vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines, qu'en tenant le regard fixé sur votre propre limon"
(Thérèse d'Avila)

Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12387
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Fée Violine » ven. 30 nov. 2012, 15:31

Il me semble que ce n'est pas tellement un problème de niveau de langue qu'un problème de concentration, d'attention. Les enfants regardent trop la télé, se couchent trop tard et du coup, ils n'ont pas les yeux en face des trous. Leur système nerveux est surmené. Et ça, quoi qu'en pense Epsilon, c'est bien un problème de le société actuelle!

Epsilon
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1169
Inscription : ven. 02 juil. 2010, 19:27

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Epsilon » ven. 30 nov. 2012, 15:44

Fée Violine a écrit :c'est bien un problème de le société actuelle!
OK ok admettons car il y a du vrai (comme d'ailleurs dans le message d'Isabelle47) ... mais entre "société actuelle" et "en ce moment" ... il me semble qu'il y a une sacrée marge !!!


Cordialement, Epsilon

Avatar de l’utilisateur
nic nac
Censor
Censor
Messages : 87
Inscription : jeu. 06 sept. 2012, 23:26
Localisation : Belgique

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par nic nac » ven. 30 nov. 2012, 21:06

En voilà un sujet passionnant, je m'insurge bien souvent ce concernant... Mais une question me vient : est-ce le résultat d'un certain mode de vie (internet, jeux vidéos, sommeil trop court, langage sms, etc.) ou est-ce le niveau de l'école qui baisse?

L'école doit-elle se mettre à niveau et "faire réussir" des enfants mais qui sont de moins en moins éduqués, les générations passant?

Je sais qu'en Belgique, il y a eu tout un tas de réforme, par ex : un enfant ne doublera plus sa première secondaire (11-12 ans) et passera en 2è directement, tout ça pour éviter les redoublements, les échecs, mais l'enfant se fait rattraper par la suite, etc etc...

Moi je vous le dis, ça me fait peur d'avoir des enfants... J'ai des idées bien arrêtées sur l'éducation et au final, j'ai l'impression qu'on peut "se casser le c.." comme on veut, ils finiront pas fréquenter des enfants dont les parents n'en ont rien à cirer, dans un système éducatif qui n'essaiera pas de tirer le meilleur d'eux-mêmes...

C'est affligeant
Il y a ceux qui ne savent plus dire pardon, il y a ceux qui pensent qu'un "je t'aime" s'achète, il y a ceux qui s'en vont s'en regarder derrière, ceux qu'ils ont blessés. Il y a ceux qui ne se contentent de rien, il a ceux qui sont captifs de leur fierté, quand on joue de l'orgueil pour se sentir moins seul, on se souvient qu'ils nous ont aimés

MB
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 960
Inscription : lun. 26 juil. 2004, 0:03

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par MB » sam. 01 déc. 2012, 15:36

Avé

Cher Epsilon, il ne faut pas ergoter sur des détails. "En ce moment", cela veut dire "à notre époque", d'une manière un peu relâchée, admettons.
Je dis cela parce que ces élèves ont, dans une épreuve de recopiage, les mêmes notes que nous à l'époque où nous subissions la dictée. Même si cette classe-ci est spécialement faible, son niveau est symptomatique de ce qui se passe, allez j'emploie l'expression, "en ce moment". Depuis une dizaine d'années, on assiste à une chute vraiment dramatique des performances des élèves, et dans toutes les disciplines.
Évidemment, quelques démagogues mettent en avant leur virtuosité dans le domaine numérique. C'est de la poudre aux yeux, car ils apprendraient cela très vite de leur propre côté, et aussi parce qu'ils se contentent d'être virtuoses avec des outils bien calibrés et standardisés dans un contexte commercial assez étroit. De surcroît, il suffit de couper le courant, et là ils n'ont plus rien...

Quelles causes ? Il y en a tellement ! On peut se focaliser sur la très grande difficulté qu'ils ont à se concentrer et à tenir en place, qui elle-même est la résultante de nombreuses autres causes... On peut parler des parents nounous, qui n'exigent jamais le moindre effort de leurs enfants, ne les punissent jamais ; des professeurs qui n'ont pas de réel pouvoir de sanction ; du fait que, globalement, la plupart des élèves se fichent un peu de tout ça ; des méthodes d'apprentissage de la lecture... La liste est presque sans fin.
Solutions : 1° s'occuper de ses enfants, 2° être très attentif au choix de l'école dans laquelle on va les mettre. Mais tout cela est très théorique...

Amicalement
MB

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par etienne lorant » sam. 01 déc. 2012, 16:23

Je suis d'accord avec Fée Violine pour dire que ce qui manque désormais, c'est l'attention.

Simone Weil, jalouse de son grand-frère qui était un petit génie des mathématiques, très précoce, à eu l'intuition que l'attention lui permettrait d'aborder toutes sortes de domaine en débit de ses "manques" apparents.

Ce que n'est pas l'attention :

Elle est fondamentalement tout autre chose que la volonté. Sur l’affirmation de cet apparent paradoxe, Simone Weil revient en plusieurs endroits : la volonté n’a de prise que sur quelques mouvements musculaires mais elle ne peut pas avoir de prise sur la vérité qui est un bien. Et un bien ne peut être que le fruit d’une quête. La volonté peut beaucoup. Mais elle ne peut pas un atome de bien.
Ce qu'est l'attention :

La volonté est active, l’attention est une attente.

« Tous les contresens, dans les versions, toutes les absurdités dans la solution des problèmes de géométrie, toutes les gaucheries de style et toutes les défectuosités de l’enchaînement des idées dans les devoirs de français, tout cela vient de ce que la pensée s’est précipitée hâtivement sur quelque chose et, en étant ainsi prématurément remplie, n’a plus été disponible pour la vérité. La cause est toujours qu’on a voulu être actif ; on a voulu chercher [...]. Les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés, mais attendus car l’homme ne peut pas les trouver par ses propres forces, et s’il se met à leur recherche, il trouvera à la place de faux biens dont il ne saura pas discerner la fausseté. »

Article très intéressant :
Quelques propos sur l'attention chez Simone Weil
[+] Texte masqué
http://www.revue-kephas.org/04/2/Henri- ... 5-168.html
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

Epsilon
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1169
Inscription : ven. 02 juil. 2010, 19:27

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Epsilon » sam. 01 déc. 2012, 16:41

MB a écrit :Avé
Cher Epsilon, il ne faut pas ergoter sur des détails. "En ce moment", cela veut dire "à notre époque", d'une manière un peu relâchée, admettons.
OK ok ... cher MB.

Mais ce "problème" ne date pas d'aujourd'hui ... personnellement j'ai tj été nul en dictée/orthographe mais j'ai quand même eu un doctorat en science (math appliquée/physique) ... de plus il est un peu facile de mettre la faute sur les élèves et disculper, à bon compte, l'enseignement (et partant les profs) en lui-même !!!

Mais bon ... c'est la France :cool:


Cordialement, Epsilon

Isabelle47
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1896
Inscription : mer. 22 juin 2011, 22:49

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Isabelle47 » sam. 01 déc. 2012, 16:49

Ce qui me semble plus grave que la dictée, c'est l'absence (ou la pauvreté) de vocabulaire.
En effet, comment avoir des idées claires si nous ne savons pas les nommer, avoir le mot juste pour les dire?
Epsilon, dans votre domaine, n'est-il pas essentiel de savoir nommer aussi? Pardonnez la naïveté de ma question, il est possible que je me trompe car je ne suis pas une "matheuse".
"Aussi, croyez-moi, vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines, qu'en tenant le regard fixé sur votre propre limon"
(Thérèse d'Avila)

Epsilon
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1169
Inscription : ven. 02 juil. 2010, 19:27

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Epsilon » sam. 01 déc. 2012, 17:14

Isabelle47 a écrit :Ce qui me semble plus grave que la dictée, c'est l'absence (ou la pauvreté) de vocabulaire.
En effet, comment avoir des idées claires si nous ne savons pas les nommer, avoir le mot juste pour les dire?
Epsilon, dans votre domaine, n'est-il pas essentiel de savoir nommer aussi? Pardonnez la naïveté de ma question, il est possible que je me trompe car je ne suis pas une "matheuse".
Vous ne pouvez "nommer" une chose ... que si vous avez une qcqconque utilité/besoin avec/envers cette chose.

La "pauvreté du vocabulaire" ... peut venir de plusieurs facteurs ... tel que l'absence de curiosité, le mauvais usage des mots (peut-être un problème d'audition à la base et/ou difficulté à prononcer le mot), la routine etc etc ... il est important que l'enfant soit "impliqué" très tôt à une diversité de situations (voyages, fréquentations, lectures etc etc).


Cordialement, Epsilon

Avatar de l’utilisateur
spk
Quæstor
Quæstor
Messages : 326
Inscription : ven. 20 janv. 2012, 16:38

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par spk » sam. 01 déc. 2012, 19:02

Epsilon a écrit : ce "problème" ne date pas d'aujourd'hui ... personnellement j'ai tj été nul en dictée/orthographe mais j'ai quand même eu un doctorat en science (math appliquée/physique)
Je crois que vous n'avez pas mesuré le cri d'alarme de MB. Vous dites que vous êtes nul en orthographe. Je remarque que vous n'éprouvez aucune difficulté pour vous faire comprendre, vous êtes capable de choisir vos mots, et de les disposer dans un ordre compréhensible, et même logiquement construit pour les besoins de la démonstration.
Si c'est cela que vous appelez "nul", alors le problème dont parle MB date bien d'aujourd'hui. Car il y a un gouffre entre le fait d'éprouver parfois des difficultés à se souvenir de la bonne règle et l'incapacité à s'exprimer de façon intelligible dans sa langue maternelle.
Le test dont nous a parlé MB n'est peut-être pas très probant, car après tout on ne sait pas comment il a été noté, mais ce dont il parle est bien réel. Une majorité de petits Français vit sa propre langue comme un obstacle insurmontable dès lors qu'il s'agit de transmettre des idées. C'est un appauvrissement intellectuel grave.
A qui la faute? Aux politiques éducatives appliquées en France depuis la fin des années soixante, certainement. La grammaire et le vocabulaire ont été les grands sacrifiés, et ne sont d'ailleurs l'objet d'aucune évaluation au bac.
A la langue française elle-même, dans une certaine mesure, en raison du grand écart existant entre la langue parlée et la langue écrite.
Mais je crois aussi à la quasi absence de modèles à imiter. Où trouve-t-on une belle langue, précise et subtile à la fois comme le français peut l'être? dans les livres écrits par de bons auteurs, et c'est à peu près tout. Pas à la télévision, ce qui constitue un changement de poids par rapport à l'époque de l'ORTF. Pas chez les politiques non plus, du moins pas tous. Très récemment, nous avons eu un président qui se flattait de parler "comme tout le monde" en guise d'excuse de ses nombreuses fautes, dont toutes n'étaient pas volontaires. Pas à l'école non plus, ou si peu, puisqu'il n'est pas essentiel à la réussite scolaire supposée, telle qu'elle est évaluée, de maîtriser sa langue.
Voilà pourquoi il est si important de donner le goût de la lecture aux enfants. Certains parents le savent, d'autres pas.

Epsilon
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1169
Inscription : ven. 02 juil. 2010, 19:27

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Epsilon » sam. 01 déc. 2012, 21:12

Merci à tous ... je serais vigilant auprès de mes petits enfants :cool:


Cordialement, Epsilon

Avatar de l’utilisateur
Lulu
Ædilis
Ædilis
Messages : 14
Inscription : mar. 20 nov. 2012, 21:28

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par Lulu » sam. 01 déc. 2012, 23:50

nic nac a écrit : est-ce le résultat d'un certain mode de vie (internet, jeux vidéos, sommeil trop court, langage sms, etc.) ou est-ce le niveau de l'école qui baisse?

Oui, et non. Pour ma part, j'étais bien accro aux jeux vidéos quand j'étais adolescente, je ne dormais pas toujours beaucoup et je n'avais pas beaucoup de difficultés. Pas à ce stade en tout cas. Après, peut-être que c'est parce qu'il y avait tout de même du texte, des dialogues, dans mes jeux, ou parce que j'étais bien accro aux livres également ; mais pas de soucis pour recopier un simple texte.

Après, je pointerais un peu les professeurs, personnellement. J'ai souvenir par exemple, d'être toujours notée sévèrement sur mes rédactions ; à l'inverse, un "wesh-wesh" qui - sans méchanceté - écrivait aussi bien qu'un enfant de huit autant sur le fond que sur la forme, et qui récoltait des notes pas si éloigné que les miennes. J'en avais fait part à mon professeur qui m'avait répondu quelque chose que comme quoi, moi c'était parce qu'il savait que j'avais les moyens de faire encore mieux et donc que je pouvais batailler pour avoir de meilleures notes. Et qu'à l'inverse, le second avait besoin d'encouragement, donc il le notait de manière "plus cool".

On voit le résultat ensuite, si je peux me permettre. Donc oui, après il y a aussi le mode de vie. Si les jeux en questions sont du genre courses de voitures ou jeux de bagarres, effectivement, ils ne lisent pas du tout. Si on ajoute la télévision, avec des émissions de télé-réalité au langage parfois fort "joli" et des sms qui sont rédigés n'importe comment sous prétexte que "plus rapide", et qu'en plus ils ont des professeurs trop laxiste, je ne m'étonne pas beaucoup de la difficulté de certains pour écrire du coup.

salésienne05
Senator
Senator
Messages : 679
Inscription : lun. 06 juin 2011, 19:51
Localisation : Alpes-Maritimes/Hautes-Alpes

Re: Niveau de langue des petits : à diffuser

Message non lu par salésienne05 » dim. 09 déc. 2012, 23:32

Le milieu que décrit MB est sans doute le pire, en fait, pour un enseignant.

C'est "l'entre-deux" : on est assez riche pour avoir accès à une certaine "modernité" et pour céder volontiers aux modes (véhiculées par la télé, internet, etc), tout en restant dans une vacuité intellectuelle sidérante.
Ce n'est pas tant l'école et les enseignants qui sont à mettre en cause : généralement, ils font ce qu'ils peuvent, même si comme dans toute profession, il y a quelques brebis galeuses.

Je suis dans une petite station de ski de montagne, où le niveau scolaire des parents dépasse rarement la troisième. Petits commerçants et restaurateurs constituent le gros du panel. Pas mal d'argent (nous sommes dans une station qui marche bien, avec clientèle monégasque et niçoise), mais une aversion réelle pour tout ce qui relève des études, de la culture et de la lecture. Nous avons la chance d'avoir sur place une très belle bibliothèque départementale : la pauvre bibliothécaire ne voit presque jamais les enfants du village, ni leurs parents d'ailleurs. Une maman commerçante à qui je faisais remarquer que mon fils Cyprien, en CE1, était réellement très doué en mathématiques mais qu'il fallait que je le force pour la lecture et l'écriture m'a répondu très naturellement : "Oh, les maths, c'est ce qui est important. Du moment qu'il sait calculer, le reste, ça ne sert à rien". Les parents ont quasiment tous les derniers Ipod/Ipad/smartphones sortis mais pour eux, la littérature, la vraie, cela se borne à Twilight :-@ (et encore, pour les parents qui lisent !).

Les parents critiquent ouvertement les maîtresses car elles mettent la barre assez haut. Quand elles osent proposer de la musique classique, des visites de musées, ou des activités de protection de la nature, elles sont taxées de réac (et pourtant, je peux vous assurer qu'elles ne le sont pas : mais elles ont toutes un bon niveau d'éducation, et leuirs enfants à elles sont fort bien élevés). Les enfants de l'école ont presque tous la télé dans leur chambre dès la maternelle. Et les WE chômés sont utilisés pour écumer les centres commerciaux en famille :( .

La différence entre les bons et les mauvais élèves ? La culture personnelle des parents essentiellement. Mon fils a appris à marcher à la médiathèque du village. Il y a presque autant de livres disponibles à la maison. Le vocabulaire utilisé au sein de notre foyer est plutôt riche. Nous n'avons pas de télé et si notre aîné est déjà "connecté", il utilise Internet pour des recherches "scientifiques", et uniquement en notre présence. Je ne fais pourtant pas "faire" les devoirs de mon fils. Nous avons passé un contrat moral depuis son entrée au CP : il est intelligent, il a de bonnes capacités, il est donc capables de savoir ce qu'il a à faire. Si les résultats ne sont pas au RDV, il est privé de sortie ou de jeux vidéo. Evidemment, nous sommes là pour toute aide nécessaire... Mon fils aime bien se savoir libre donc ça marche assez bien. Les autres parents ont tendance à accuser les maîtreses de donner des choses trop difficiles à leurs enfants. Personnellement, je trouve plutôt sain qu'elles élèvent le niveau, mais elles n'ont de soutien que de la part de parents qui ne sont pas fâchés avec l'école et pour qui être cultivé n'est pas un défaut.

Après, des amis profs dans des milieux plus protégés font le même constat : les élèves n'ont plus de "valeurs", et ce quel que soit le milieu ; leur intérêt se limite à l'apparence et au bon usage de leurs "relations"... Les profs sont considérés comme des "ringards", même les plus jeunes. Il y a une dizaine d'années, un de mes élèves m'avait questionnée sur mon salaire et mon niveau d'étude. Ayant eu sa réponse, il me gratifia d'un : "Autant d'études pour si peu ?". L'idée même que l'on puisse faire un métier parce qu'on y croit, parce que cela est porteur de sens pour nous, échappait complètement à ma classe (sans compter que pour moi, ce salaire me semblait tout à fait "suffisant").

Autres temps, autres moeurs...

Fraternellement.

Cécile

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 29 invités