Mai 68

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Aldous
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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Aldous » ven. 10 févr. 2012, 18:37

Quoiqu'il en soit...

Virgile
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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Virgile » sam. 11 févr. 2012, 12:00

Aldous a écrit :Quoiqu'il en soit...
Bonjour,

...quoi qu'il en soit Debord est un intellectuel qui doit être irrécupérable, puisqu'on nous assène qu'il l'est, mais que l'on récupère quand même parce que ça peut toujours servir à conforter l'idée que l'on se fait de Debord, qui peut elle-même servir à toute sorte de choses opportunes.

Autrement, que ressort-il au juste de la lecture de tant d'obscurités? Qu'il a passé son existence à vivre dans un ressentiment typiquement franchouillard, à la recherche d'une pureté illusoire qu'il n'était certes pas près de saisir dans la tourbe nauséabonde du sous-prolétariat intellectuel français dans laquelle il trempait?

Debord? Mais c'est un mystique raté! Ce qu'il écrit, en changeant deux ou trois mots et quelques références, ça pourrait presque être signé par un petit curé de campagne, ou un plumitif de sous-préfecture conservateur et catholique! Un mystique raté et réactionnaire...

Debord repreneur de Marx? Soyons sérieux : un métaphysicien moyen mais de la plus pure veine, qui se contente de constater - ce n'est pas bien sorcier, que l'être même de l'homme moderne est falsifié par un matérialisme dément et qu'il est rendu étranger à lui-même par tout un système de représentations.

Un métaphysicien qui se contente simplement de montrer que ce qui reste de l'être, ce n'est plus que de l'avoir dégradé et du paraître dégradant. Niveau dissertation de lycée malgré d'immenses capacités intellectuelles et une grande culture. C'est vraiment de l'ordre de l'impardonnable... quel gâchis!

Mais comme il n'explique jamais - et pour cause, ce que c'est qu'un être en état de "pureté originelle", on se prend d'un doute sur le sérieux réel de toute sa démarche : et de constater que sa littérature c'est essentiellement un morceau de Rousseau, une pincée de Marx, trois doigts de Feuerbach, dix centimètres de Hegel... et que réflexion faite, Debord c'est avant tout une sorte de platonicien qui s'ignore!!!

Enfin, sous une phraséologie pédante et aussi légère qu'un plum-pudding - numérotée comme les bons vieux catéchisme d'antan ou les manuels de scholastique médiévale, la prétentieuse "ironie" de celui qui nous prend pour des pignoufs : Virgile et Aldous, les pauvres, vivent la condition effroyable de "spectateurs" prisonniers du "monopole de l'apparence", mais Guy, lui, est étrangement épargné par la maladie... c'est tout Tartuffe ça! Et c'est tellement moderne aussi!

Oui, et bien moi, non seulement je ne vis pas du tout dans le monde "réellement inversé du spectacle", mais encore j'ai bien la certitude de disposer d'autre chose qu'un "regard abusé" où se fabriquerait ma "fausse" conscience.

Non: ce n'est pas sérieux. C'est bien du "mai 68"!!!
Une gigantesque blague de potaches... mais une blague qui a vraiment mal tournée.

V.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Aldous » sam. 11 févr. 2012, 17:11

Bonjour Virgile,

Non je voulais dire: Quoiqu'il en soit, le fait que tout soit devenu une marchandise à notre époque n'est pas la conséquence de 68. Le concept de marchandisation existe depuis trés longtemps (depuis Marx; et Debord l'a relayé quoique vous en pensiez)
Ce qui est mon propos d'origine: dire à Pneumatis que la marchandisation n'est pas une conséquence de 68.
Si vous pensez que Debord n'a pas relayé ce concept* qui existe depuis Marx, et tout ce que vous pensez de lui, n'y change rien: le fait est que la marchandisation n'est pas une conséquence de 68.

* Mais à mon avis vous avez tort:
Cette notion reprend en partie l'idée de fétichisme de la marchandise, concept développé par Karl Marx dans Le Capital, où l'auteur évoque la disparition des interactions humaines dans le processus de production désincarnée du capitalisme.
Ce concept fut repris et développé par György Lukács. Il fut étendu par Guy Debord à l'ensemble des activités humaines, dans sa théorie de La société du spectacle.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marchandisation

Cordialement

Cinci
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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Cinci » sam. 11 févr. 2012, 20:38

Virgile,
Cela signifie simplement que les jeunes sont aujourd'hui plus adultes que ceux d'hier
Ils sont assez pareils dans l'ensemble.

Il suffit d'aller à l'adresse de Coeurduroy ( «Vos sites préférés»). Attention : publicité. J'y avais mis un lien vers la cinémathèque et puis un film «de l'époque mai 68» justement, un film qui donnait en direct la parole aux jeunes de cette période via un couple de dégourdis. cf. Le chat dans le sac.

N.B. : moi au lieu de taper comme un sourd, après visionnement du chat dans le sac, je me découvrirais des sympathies pour le héros du film et puis je tomberais amoureux de la petite jeune fille juive qui ambitionnait faire du théâtre, sa copine. Areuh ... Agaga ...

:)

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Virgile » dim. 12 févr. 2012, 8:34

Aldous a écrit :Non je voulais dire: Quoiqu'il en soit, le fait que tout soit devenu une marchandise à notre époque n'est pas la conséquence de 68. Le concept de marchandisation existe depuis trés longtemps (depuis Marx; et Debord l'a relayé quoique vous en pensiez)
Ce qui est mon propos d'origine: dire à Pneumatis que la marchandisation n'est pas une conséquence de 68.
Si vous pensez que Debord n'a pas relayé ce concept* qui existe depuis Marx, et tout ce que vous pensez de lui, n'y change rien: le fait est que la marchandisation n'est pas une conséquence de 68.
* Mais à mon avis vous avez tort:
Cette notion reprend en partie l'idée de fétichisme de la marchandise, concept développé par Karl Marx dans Le Capital, où l'auteur évoque la disparition des interactions humaines dans le processus de production désincarnée du capitalisme.
Ce concept fut repris et développé par György Lukács. Il fut étendu par Guy Debord à l'ensemble des activités humaines, dans sa théorie de La société du spectacle.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marchandisation
Cordialement
Merci. Inutile de me donner du Wikipedia : je n'ai pas besoin d'intermédiaire et j'ai lu et annoté la Société du Spectacle moi-même. J'ai aussi lu Marx et Lukacks...

Votre manière de présenter les choses est tout simplement extraordinaire. Ce que vous tentez de m’expliquez, c’est que la génération de mai 1968 s’est soudain occupée de "faire un joyeux mai" parce qu’elle étouffait dans le consumérisme, l’autoritarisme et la "marchandisation" des rapports sociaux d’une société encore traditionnelle...

Je vous réponds que la sortie du type de société traditionnelle que connaissait la France avant 68 a eu pour conséquences de transformer de façon brutale la société et la culture, et de nous faire automatiquement plonger dans un autre type de société et de culture : celui dans lequel nous nous trouvons à présent, vous et moi, et qui se caractérise très précisément par la "marchandisation des rapports sociaux".

Par ailleurs, lorsque vous parlez de "marchandisation", vous devez bien admettre aussi qu’il s’agit d’un terme aux connotations éminemment idéologiques, par lequel on veut signifier un processus qui transforme les échanges sociaux non-marchands en marchandise classique : que le concept d'une telle "marchandisation" soit d’origine marxiste et qu’il trouve des résonnances particulières dans la pensée marxiste ou dans celle des émules du marxisme, ne prouve en rien qu’il existe une équivalence entre les réalités que l’on observait avant mai 1968 et celles que nous observons aujourd’hui en 2012.

Votre argument ne possède en conséquence, aucune validité dans l’ordre du réel: le résultat, c'est que votre mai 1968 est un mai 1968 imaginaire autant qu'imaginé, alors même qu'en réalité, son formidable impact socio-culturel représente l’exact opposé de ce que vous prétendez démontrer : c’est-à-dire l’immense fourvoiement de toute une génération et la victoire quasi-totale du consumérisme néo-libéral et de sa culture de mort en même temps que l’acte de décès du modèle encore vaguement socio-naturaliste de l’ancienne société catholique française.

Vous cherchez à marquer votre point en brandissant Marx, Lukacks et Debord. Je vous réponds d'abord simplement que je n’ai aucun besoin de me référer aux analyses de ces messieurs, pour très brillantes ou absolument médiocres qu’elles puissent être. Je vous réponds ensuite que je prétends bien faire l’économie intégrale de la pensée marxiste et de ses dérivées dans mon analyse de ce que j’ai quotidiennement sous les yeux. La lecture du Monde-diplo ne me persuadera pas du contraire.

Dans cette perspective, ma seule référence reste et restera la doctrine sociale de l’Eglise – contre mai 1968 bien entendu, et contre la doctrine libérale, autant que contre les conséquences ultimes du néo-libéralisme. Il suffit de prendre connaissance du texte dans le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise:
Transformer la réalité sociale par la force de l'Évangile, témoignée par des femmes et des hommes fidèles à Jésus-Christ, a toujours été un défi et le demeure aujourd'hui encore, au début du troisième millénaire de l'ère chrétienne. L'annonce de Jésus-Christ, « bonne nouvelle » de salut, d'amour, de justice et de paix, ne trouve pas facilement accueil dans le monde d'aujourd'hui, encore dévasté par les guerres, la misère et les injustices. C'est précisément pour cela que l'homme de notre temps a plus besoin que jamais de l'Évangile: de la foi qui sauve, de l'espérance qui éclaire et de la charité qui aime.
Voilà pour mes références.
Ensuite ce que cela veut dire très exactement :
Le chrétien sait qu'il peut trouver dans la doctrine sociale de l'Église les principes de réflexion, les critères de jugement et les directives d'action sur la base desquels promouvoir un humanisme intégral et solidaire. Diffuser cette doctrine constitue, par conséquent, une priorité pastorale authentique, afin que les personnes, éclairées par celle-ci, soient capables d'interpréter la réalité d'aujourd'hui et de chercher des voies appropriées à l'action.
Et pour répondre à l’aporie devant laquelle nous placent Debord et tous ses comparses de toutes tendances :
Les interrogations radicales qui accompagnent dès le commencement le chemin des hommes acquièrent, à notre époque, une importance encore plus grande en raison de l'ampleur des défis, de la nouveauté des scénarios, des choix décisifs que les générations actuelles sont appelées à faire. Le premier de ces défis, auxquels l'humanité d'aujourd'hui est confrontée, est celui de la vérité même de l'être-homme.
Je vous rappelle enfin que la pensée catholique fait, certes, exactement le même constat que la pensée marxiste : le libéralisme détruit l’unité politique, sociale et culturelle des nations. Simplement, l’Eglise catholique l’explique d’une toute autre manière : par l'apostasie et l'effondrement de la pensée métaphysique réaliste catholique. Ce que je constate, au moins pour ce qui concerne directement la vie de l'Eglise - c'est tout simplement l'apostasie d’une génération qui n’a transmis aucune connaissance métaphysique à ces enfants et s'est crue autorisée à manipuler la doctrine et la liturgie à sa convenance ; et l'effondrement de la pensée réaliste, remplacée la plupart du temps par une macédoine idéologique relativiste et inconsistante qui est incapable d'offrir le moindre point de résistance au libéralisme.

Pour avoir refusé, au nom d’une prétendue "libération" et à grand renforts d’analyses puisées dans la pensée marxiste, et sans même comprendre, vouloir comprendre, voir ou seulement entrevoir que la pensée marxiste était elle-même létale pour la société et la culture, et qu'elle était de surcroît radicalement impuissante à fournir une possibilité de résistance appropriée au libéralisme, cette génération a conduit très joyeusement la France à l’exact opposé de ce qu’elle révait "d’imaginer".

Elle s'est donc fourvoyée et elle a finalement succombée : elle a troqué la liberté dont elle ne voulait plus contre une oppression qu'il faut bien qualifier d'"infernale" et dont elle s'accommode plus ou moins bien. Parce qu’au fond, sa "libération" correspondait d’abord à une soumission aux principes de valeurs anti-chrétiennes (un nominalisme brutal; une exhaltation de la passion et de l'ego spirituel; une subordination de la vérité à la liberté, etc.) : et elle a tout aussi bien accepté, et même volontiers, de s'accommoder et de mettre en oeuvre les mesures économiques, sociales, culturelles et militaires qui conditionnaient, et conditionnent encore, dans la réalité, ce moins de "libérté" et ce plus de "contraintes" qu’elle s’est imaginée être une grande "fête de l’humanité". Sans jeu de mots...

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Fée Violine
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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Fée Violine » dim. 12 févr. 2012, 11:03

salésienne05 a écrit :Mes parents étaient des purs "soixante-huitard", entendus qu'ils avaient 18 ans en 1968. Issus de familles "bourgeoises" marseillaises. Mon père a appris cette année là au service militaire que des jeunes de son âge ne mangeaient pas à leur faim... Ma mère, en débutant ses études d'infirmière a appris grâce aux grands "forums" qui étaient organisés ci et là, que de très nombreuses jeunes filles de son âge vivaient dans la misère, étaient victimes de leur maris violents (à 18 ans !) imposés par les parents... Et pourtant, mon père était scout et ma mère élevée dans un pensionnat catholique où la seule chose qu'elle ait apprise sur Dieu, c'est qu'Il s'occupait avant tout des problèmes sexuels et corporels (étant donnée l'insistance des soeurs sur le sujet).

Mes parents ont choisi des voies contraires aux souhaits familiaux pour aider les autres (enseignement public pour mon père en tant qu'instituteur, et école d'infirmière pour ma mère). Ils n'ont jamais prôné la pornographie, la débauche, ou je ne sais quoi d'autres. Et la plupart de leurs amis partageant leurs idéaux sont plutôt du genre à être engagés auprès des plus démunis, et n'ont pas des vies de débauchés...

Un vrai vent de liberté a soufflé pour ceux qui ont vécu mai 68, et notamment la jeunesse, qui était complètement assujettie à la coupe parentale. Certains, il est vrai, le plus grand nombre, se sont servis des manifestations pour rater les cours, fumer ou "forniquer"... mais cette jeunesse là, un peu légère, a toujours existé et n'a pas attendu mai 1968 avant de se manifester.

Par ailleurs, je trouve très réducteur de résumer une société à ce qu'elle fait ou non avec le sexe. Personnellement, je trouve qu'il y a des sujets bien plus graves, moralement parlant, que la sexualité... Et notamment que des hommes puissent encore mourir de faim et de froid dans notre pays.

Quant à la foi... là aussi, c'est un leurre que de penser que les hommes étaient plus saints à d'autres époques, ou plus croyants. Plus pratiquants certainement, mais c'était souvent sous le poids de la tradition et de l'éducation. Là aussi, quand on lit les hagiographies et biographies, même fort lointaines, la vie de foi ne va pas de soi. Même dans les temps où le problème de la foi ne se posait pas réellement, la majorité du petit peuple n'en avait cure.
Le grand peuple non plus, d'ailleurs.

J'ai l'age de vos parents, j'ai eu mes 18 ans en mai 68 et j'ai allégrement participé aux événements, qui n'ont rien à voir avec ce que les gens en disent en général, y compris sur ce fil.
A l'époque je n'avais pas entendu parler de Debord, ni de Lukacs, je n'avais pas lu Marx ni d'autres auteurs de ce genre, et je ne les ai pas lus davantage par la suite. Je pense que la majorité des jeunes de l'époque étaient dans le même cas. Perso à l'époque je fréquentais un groupe trotskiste (devenu ensuite "Lutte ouvrière") mais ça faisait un peu secte et j'ai laissé tomber.
Nous (les gens de mai 68) étions avant tout contre la société de consommation, et dans les années suivantes a fleuri le style de vie hippie, non-violence, jupes longues...
Nous voulions inventer notre vie.
Nous voulions avoir la parole.

Comment tout ça a pu ensuite être perverti en libéralisme, je n'en sais rien, mais au départ c'était un grand coup d'air frais.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Aldous » dim. 12 févr. 2012, 12:00

Virgile a écrit : Votre manière de présenter les choses est tout simplement extraordinaire. Ce que vous tentez de m’expliquez, c’est que la génération de mai 1968 s’est soudain occupée de "faire un joyeux mai" parce qu’elle étouffait dans le consumérisme, l’autoritarisme et la "marchandisation" des rapports sociaux d’une société encore traditionnelle...

Je vous réponds que la sortie du type de société traditionnelle que connaissait la France avant 68 a eu pour conséquences de transformer de façon brutale la société et la culture, et de nous faire automatiquement plonger dans un autre type de société et de culture : celui dans lequel nous nous trouvons à présent, vous et moi, et qui se caractérise très précisément par la "marchandisation des rapports sociaux".
Vous oubliez de dire que le mouvement de mai 68 n'a pas mis à bas la société capitaliste et le libéralisme économique, ce qui était dans son projet au moins pour des personnes comme Debord ou ceux se réclamant du marxisme.
Ce n'est donc pas mai 68 qui est à l'origine de la marchandisation des rapports sociaux actuels dont vous parlez, mais le fait que 68 n'a pas été au bout de ses projets: renverser ce qui produisait cette marchandisation des rapports sociaux, c'est-à-dire le capitalisme et le libéralisme économique dans lequel nous continuons de baigner.

Cordialement,

PS; d'ailleurs, Fée Violine le dit trés bien: "tout ça [mai 68] perverti par le libéralisme".
Dernière modification par Aldous le dim. 12 févr. 2012, 12:11, modifié 3 fois.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Virgile » dim. 12 févr. 2012, 12:05

Fée Violine a écrit :Comment tout ça a pu ensuite être perverti en libéralisme, je n'en sais rien, mais au départ c'était un grand coup d'air frais.
Comment?
Très simple: vous avez été tous très naïf et vous vous êtes bien fait "avoir" par les gros malins pour lesquels nous devons voter aujourd'hui, qu'ils soient de droite comme de gauche.
Avec votre grand coup d'air frais, c'est notre société et notre culture qui ont pris une sacré grippe.
Sans parler de ce qui est arrivé aux hommes, aux femmes, aux enfants et aux enfants à naître de notre société.
Pour la culture, je n'en dis plus rien.
Le résultat: c'est qu'il y a aujourd'hui des indignés. Il y a de quoi. C'est ce qui compte, et les souvenirs importent peu.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Fée Violine » dim. 12 févr. 2012, 23:05

Oui, nous avons probablement été naïfs, nous étions jeunes et nous espérions changer le monde.
Il y a quand même eu des changements, comme la quatrième semaine de congés payés.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par salésienne05 » lun. 13 févr. 2012, 11:55

Sincèrement, Virgile, vous trouvez que la société d'avant 68, avec toute sa pesanteur bourgeoise (nous sommes il est vrai passé à une autre "pesanteur"), était meilleure que celle d'aujourd'hui ? Il y avait sans doute des choses meilleures mais de manière fondamentale ?

Je trouve inquiétant que, depuis que le monde est monde, il y ait toujours des personnes pour regretter "le temps d'avant" plutôt que de constater simplement que le coeur de l'homme, jusqu'à la fin des temps, ne changera pas. La cupidité, l'orgueil, la soif de richesse, la volonté d'asservir autrui, revêtent des formes bien différentes à chaque époque et selon le lieu mais le péché est le même.

Qu'est-ce que cela peut-il bien changer d'être catholique en 2012 ou d'être catholique en 1960 ? Le monde change ? Tant mieux, on va pouvoir enfin avoir à revivre l'audace des apôtres ! Cela patauge ici ou là ? Bien entendu, et alors ? On a des mains, des jambes, un coeur et une tête : cela suffit amplement pour répondre à l'Appel du Seigneur là où nous sommes.

Avant 1968, l'Abbé Pierre avait du lancer un appel car des gens mourraient ed froid dehors. 2012, les mêmes gens meurent de froid, toujours. Le monde n'est ni meilleur ni pire, il est seulement différent. La différence et le changement n'ont jamais tué personne, et n'ont jamais empêché le Seigneur de parler au coeur des hommes. La capacité de s'indigner, avant 1968 comme après 1968, est preuve de vitalité et de compassion.

Fraternellement.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par coeurderoy » lun. 13 févr. 2012, 12:10

Même si les "valeurs bourgeoises", celles du vieux monde, de l'argent, de la veulerie, du confort et du conformisme ont récupéré certaines intuitions ou enthousiasmes de 68, je crois, comme Maurice Clavel, qu'il y eut alors aussi un souffle venu de l'Esprit Saint dans cette société figée, convenue et ronronnante...
Que d'habitudes, de codes, d'apparences qui masquaient souvent pas mal de vacuité, d'ennui...
Si je regrette les années soixante, c'est sans doute parce qu'une certaine paix et douceur régnaient encore au sein des campagnes, que la télévision ne trônait pas dans tous les foyers, que la France n'était pas encore livrée entièrement aux aménageurs et promoteurs de tout poil...
Mais j'étais enfant et il entre sans doute pas mal de nostalgie dans ces regrets ; vivant dans un monde protégé j'assistais, sans le savoir, à la mort d'une civilisation.
Un souvenir frappant : pendant les vacances (dans le Gers ou en Auvergne) je percevais, à 8 ans, combien la société de consommation (pour moi mes parents "modernes" ayant une automobile et écoutant la radio !) ne faisait pas le poids, spirituellement parlant, face aux rudes paysans, costauds, sages et méfiants que je rencontrais lors de balades champêtres...
Dernière modification par coeurderoy le lun. 13 févr. 2012, 14:53, modifié 2 fois.
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Virgile » lun. 13 févr. 2012, 12:21

salésienne05 a écrit :Sincèrement, Virgile, vous trouvez que la société d'avant 68, avec toute sa pesanteur bourgeoise (nous sommes il est vrai passé à une autre "pesanteur"), était meilleure que celle d'aujourd'hui?
Je trouve inquiétant que, depuis que le monde est monde, il y ait toujours des personnes pour regretter "le temps d'avant" .
Cécile
Bonjour,

je ne peux malheureusement pas vous répondre, pour cette raison que vous n'avez manifestement pas compris de quoi il est question. Et si pour une fois, et même une bonne fois pour toutes, vous vous mettiez dans la tête que je ne regrette rien du passé. Ce qui serait déjà un bon commencement.

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mai 68

Message non lu par salésienne05 » lun. 13 févr. 2012, 12:59

@ Virgile : Mille excuses si je vous ai mal compris. Vous dites seulement que "notre société et notre culture ont pris une sacrée grippe", ce qui me semblait signifier que pour vous, c'était mieux avant (la grippe n'est pas un étant dans lequel on se sent bien généralement).

@ Coeuderoy : des campagnes vides où l'on n'entend pas grand chose en dehors du chant des oiseaux, moins de voitures, etc... oui, moi aussi ça me fait rêver :) . Il y a beaucoup trop de bruit... mais on est nombreux aussi.

Fraternellement.

Cécile

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Virgile » lun. 13 févr. 2012, 14:51

coeurderoy a écrit :Que d'habitudes, de codes, d'apparences qui masquaient souvent pas mal de vacuité, d'ennui...
Bonjour Coeurderoy,

mais pourquoi chercher à donner un début de justification à mai 68? Ou même une raison. Comme s'il fallait alors trouver une raison à la liberté? Mai 68 n'aura pas été la conversion personnelle opérée par chacun de ses participants en vue d'un bien commun : juste un mouvement de masse, insignifiant au sens propre du terme, mais aux répercussions tellement immenses qu'elles nous atteignent encore aujourd'hui, chacun d'entre-nous, dans notre vie quotidienne.

Ce qu'il nous faudrait, sans doute, certainement, c'est opérer chacun pour soi cette sorte de conversion intellectuelle - et qui consisterait en un audacieux dépouillement des catégories et des schèmes de pensée construits et imposés à l'époque de mai 68. Ces catégories et schèmes de pensée qui forment, dans les esprits, une sorte de tamis dont nous nous servons tous à divers degrés (même lorsque nous voulons croire le contraire), pour ne filtrer de la réalité (et de la Parole de Dieu dans l'Eglise) que ce que nous avons nous-mêmes préalablement réduits en fragments... et toujours en laissant échapper les pépites d'or que nous devions garder.

Mon objection principale sera donc que mai 68 a produit des habitudes, des codes, des apparences qui masquent une vacuité autrement plus douloureuse que l'ancienne, et un ennui proprement létal dans la société : mais qu'en réponse à notre médiocrité, Dieu ne se laisse jamais filtrer au tamis de nos idéologies et de nos catégories de pensée. C'est nous qui sommes filtrés par nos pensées, et si bien filtrés qu'il ne reste de nous que nos pauvres habitudes, nos codes ridicules, nos apparences dérisoires - notre rien métaphyique, et qu'alors nous ne savons même plus comprendre des choses pourtant très simples - et qui sont tellement simples que le Christ nous a lui même enseigné qu'elles seraient seulement accessibles aux pauvres et aux humbles.

Parmi les jeunes gens de mai 68, il y avait aussi des âmes d'élites qui désiraient autre chose - mais bien trop souvent autre chose sans le Christ... et à qui il manquaient l'humilité et le sentiment que rien de grand ne se fait sans la patience et le temps: que sont-elles donc devenues au juste depuis?
Si je regrette les années soixante, c'est sans doute parce qu'une certaine paix et douceur régnaient encore au sein des campagnes, que la télévision ne trônait pas dans tous les foyers, que la France n'était pas encore livrée entièrement aux aménageurs et promoteurs de tout poil...
Mais j'étais enfant et il entre sans doute pas mal de nostalgie dans ces regrets ; vivant dans un monde protégé j'assistais, sans le savoir, à la mort d'une société.
Un souvenir frappant : pendant les vacances (dans le Gers ou en Auvergne) je percevais, à 8 ans, combien la société de consommation (pour moi mes parents "modernes" ayant une automobile et écoutant la radio !) ne faisait pas le poids, spirituellement parlant, face aux rudes paysans, costauds, sages et méfiants que je rencontrais lors de balades champêtres...
S'il s'agit d'avoir cette nostalgie, pourquoi pas. Si c'est celle-là seulement, alors je la partage avec vous.
Mais celà ne doit pas faire oublier que nous assistons aujourd'hui, et en pleine conscience, à la mort programmée de la société.

Amicalement.
Virgile.

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Re: Manifeste des chrétiens indignés

Message non lu par Fée Violine » lun. 13 févr. 2012, 16:04

Virgile a écrit : vous n'avez manifestement pas compris de quoi il est question.
C'est que, Virgile, ce n'est pas facile de comprendre de quoi vous parlez au juste. Vos propos volent si haut que ça me passe au-dessus de la tête, je dois dire. (pardon, ce n'est pas à moi que vous parliez)

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