Quid du fait que la charte elle-même n'est pas laïque ? On pose donc comme norme un texte qui commence par ne pas appliquer la norme qu'il édicte. J'ai du mal à avoir confiance dans le signal envoyé.prodigal a écrit :Ce qui compte, c'est ce qui est posé comme norme. La charte de la laïcité a le mérite de le rappeler, et comme vous l'avez dit ellen'est pas nouvelle en son fond.
Ce sont les contradictions de la République, dites-vous... Il me semble important de mettre le doigt dessus, justement, pour que cessent enfin des contradictions qui ne sont qu'intolérance.
Je trouve d'ailleurs intéressant d'apprendre que cette charte est d'origine franc-maçonne, ce qui a été publiquement confirmé et par le Grand Orient, et par M. le Ministre. Hors le Grand-Orient est bien connu pour son engagement en faveur des religions, n'est-ce pas ?
Non, il n'y a pas d'enseignement spécifique : c'est diffus dans l'ensemble de la scolarité.Je ne vois absolument pas à quelle partie du programme de quelle discipline vous faites allusion. Il n'y a pas d'enseignement spécifique du fait religieux en France, même si en effet Régis Debray aurait souhaité sa création.
Je vous invite à lire cette page, d'un séminaire de 2002 organisé par l'Education Nationale, où il est très clairement expliqué comment le fait religieux est partie prenante, mais diffuse, de la scolarité :
http://eduscol.education.fr/cid46347/ta ... ecole.html
Un enseignement spécifique à la sauce Debray ne serait qu'un moyen d'enfoncer encore un peu plus le clou.
Car voici comment la République laïque, réduisant la religion au "fait religieux", considère la religion :
On ne regarde plus le "fait religieux" que dans sa dimension horizontale, humaine, "anthropologique et distanciée". Hors, tout chrétien devrait être en mesure de le savoir, ce point de vue ne peut qu'amener à des contre-sens. Par exemple, écrire que la Bible est un "texte fondateur", ce qui est faux, évidemment faux.Katherine Weinland, dans le séminaire dont j'ai mis le lien ci-dessus, a écrit : La Bible est envisagée comme un texte fondateur parmi d'autres, il est question du Dieu des Chrétiens et des dieux de l'Olympe, de religions monothéistes ou polythéistes, envisagées au nom de la culture, sous l'angle de la mythologie et dans le cadre d'une réflexion sur les relations que l'homme a entretenues ou entretient avec le sacré. C'est donc une approche anthropologique et distanciée du fait religieux qui peut ainsi s'établir et se développer dans une perspective comparatiste, en envisageant toujours les religions de façon plurielle et dans leur insertion historique.
Un peu plus loin, voici un exemple de 2 manuels de littérature de 6e qui enseignent le "fait religieux", en présentant une page de la Genèse :
Voilà l'enseignement du "fait religieux" dans la pratique de l'Education nationale : au pire, une étude mythologique, au mieux, une analyse anthropologique. Mais dans tous les cas, ce qu'on ne met jamais dans cet enseignement, c'est bel et bien la religion.A contrario, il me semble tout aussi déterminant de ne pas désacraliser les contenus, de ne pas laïciser les enjeux d'un texte sacré. Consulter tel manuel pour la classe de sixième et voir comment le récit de la chute (Genèse II, 35 à 37) est réduit à un épisode de conte merveilleux ayant le bon goût de suivre le schéma narratif peut inquiéter. Découvrir le travail suggéré aux élèves (" Dessinez dans l'enclos les arbres, Êve et le Serpent ") ne rassure pas véritablement. Heureusement, un autre manuel propose une approche différente et demande une comparaison avec la sourate du Coran (II, 35 à 37) évoquant le même épisode. Il y a alors véritable réflexion sur le fait religieux…et je terminerai sur cette note optimiste.
Et ce n'est pas moi qui le dit, mais bien Katherine Weinland, à qui on demande comment enseigner la religion autrement qu'en la présentant comme un mythe :
Mais comment comprendre un texte sacré si on en retire la foi ? C'est aussi pertinent que de prétendre enseigner le "fait médical" en étudiant la prosodie des traités de médecine à travers les siècle...À partir du moment où l'on parle du fait religieux et où l'on s'adresse aux croyants et aux non-croyants, il est évident qu'un récit tiré de la Bible va perdre son caractère de sens sacré, entendu comme entraînant nécessairement une croyance, une forme de foi.
C'est pourtant bien la même Katherine Weinland qui affirmait un peu plus tôt qu'il est important de ne pas laïciser les enjeux d'un texte sacré. Donc on ne laïcise pas, on se contente de désacraliser, de faire perdre au texte son caractère de sens sacré... Il faudra qu'on m'explique...
Faut-il maintenant que je fasse l'analyse d'un manuel officiel de philo pour comparer la part consacrée à la philosophie matérialiste ?A peine, et pas dans l'esprit. Quelques auteurs ont été ajoutés dont Anselme et Averroes.Peccator a écrit :Alors, c'est que les programmes de philo ont évolué depuis mon époque, et c'est tant mieux.