Prodigal,
La question qui se pose est celle de la meilleure façon de lutter contre la prostitution réelle et non phantasmée, fille de la misère. Le client n'est pas innocent, il est juste qu'il soit puni. Mais surtout, c'est probablement un moyen de lutte très efficace.
Je dirais que la question consisterait à savoir quel serait le but véritable d'un tel projet de loi. Forcer les gens à être vertueux malgré eux ? provoquer la disparation des esclavagistes d'aujourd'hui et qui exploitent les personnes en position de vulnérabilité ? limiter un peu les débordements sur la voie publique ? ou juste faire prendre conscience à Popaul que sa compulsion pourrait contribuer à entretenir le malheur de quelqu'un d'autre ?
Si le projet implique une sorte de moralité sexuelle à quelque part (pas nécéssairement avoué; en arrière-plan), la chose sera totalement dénuée de crédibilité à l'ère des Pierre Bergé de ce monde au pouvoir et puis le passeport qui est distribué aux immoralistes afin de sadomasochiser en toute joie, à forniquer à coup redoublé, à libertiner, à sodomiser dans les liens de l'andromariage et etc.
Non ...
Si l'objectif est de détruire les esclavagistes et améliorer les conditions de vie des personnes (la santé des femmes, leur sécurité au travail, leur capacité à changer de vie si désiré, etc.), alors il serait plus simple peut-être d'alourdir le système pénal pour les opérateurs de réseaux clandestins ignobles pour commencer, tout en rehaussant parallèlement le statut des filles; aussi «politiquement incorrect» que la chose pourrait sembler à prime abord aux yeux des esprits les plus religieux.
Si le gouvernement de Bergé rendait les honneurs aux filles (au lieu de les traiter comme de pauvres victimes), en créant des hôtels attrayants, en défrayant des coûts d'assurance, en traitant vraiment la profession comme n'importe quel métier, alors l'existence des réseaux esclavagistes deviendrait possiblement très très marginal. Car c'est alors que les clients n'auraient absolument plus aucune raison non plus d'allez voir des fournisseurs glauques au coin de la rue. La compétition déloyale du gouvernement dans le domaine offrirait bien plus de chance de succès - oui, en offrant aux clients une alternative plus alléchante - que de se borner à taxer des bougres à l'aveugle, tout en voulant reléguer le tout aux confins des marges obscures.
M'enfin, partant de ce que j'esquisse, je trouverais au moins une espèce de cohérence qui serait en rapport avec la mentalité politique et culturelle d'aujourd'hui, mentalité selon laquelle les citoyens doivent pouvoir «avoir le choix», disposer de la plus grande liberté, pour bénéficier du droit à ne plus être ennuyé par des agents étatiques les sermonant, tellement désireux de leur dicter ce qui serait bien ou pas de faire avec leur corps en matière sexuelle. Maintenant, pour faire dérailler ce beau raisonnement qui serait le mien ici, il prendrait peut-être des arguments matériels, des sortes d'arguments pouvant démontrer qu'une expansion du commerce de la sexualité nuirait finalement aux bien-être des personnes. C'est peut-être possible de démontrer ce genre de chose, je ne sais pas.