Silica a écrit :Merci pour ces éclaircissements Menthe !
Notez que ça fait un bail que l'enseignement de l'Eglise sur l'indissolubilité du mariage n'empêche plus grand monde de s'en aller quand ils estiment que leur mariage ne tient plus. Quitte à imposer à l'autre un divorce prétendument "par consentement mutuel".
Et qu'avant, si on ne divorçait pas (parce qu'en droit civil ce n'était pas possible), ça n'empêchait pas d'aller voir ailleurs quand même, au mépris de l'enseignement de l'Eglise sur l'adultère.
Commençons peut-être par regarder les choses dans le bon sens, et on y verra peut-être plus clair : accepte-t-on encore l'idée qu'il soit raisonnable de tenir la parole donnée, ou est-ce que les engagement ne valent plus que tant qu'on a envie de les tenir ?
Une chose qui a beaucoup changé aussi, c'est qu'on n'envisage plus l'amour qu'en tant qu'il serait un sentiment. Et on sait bien que les sentiments varient dans le temps. Mais c'est très réducteur, l'amour est beaucoup plus qu'un sentiment : c'est un engagement de la personne dans toutes ses dimensions, y compris sa volonté.
En réduisant l'amour à sa dimension sentimentale, on en a fait quelque chose de généralement éphémère, et on considère que lorsque l'amour décline, c'est qu'il est temps de passer à autre chose. Ne nous étonnons pas qu'il soit alors impossible de fonder dessus quelque chose de durable.
C'est toute une éducation à l'amour qu'il faut refaire...
il s'agit avant tout d'une égalité devant Dieu, càd d'une égalité d'un point de vue spirituel, les femmes ayant les mêmes chances de devenir des saintes que les hommes
Oui je comprends. Que pensez-vous alors du fait que les gardiens du cultes (les prêtres, les cardinaux, le pape) ne puissent en aucun cas être des femmes dans le catholicisme ?
Que savez-vous sur ce qu'est l'ordination ? Par exemple, considérez-vous, comme on le lit souvent, que prêtre soit un métier ?
A ce propos, quelle est la différence entre un moine et une bonne sœur (à part leur sexe) ?
"Bonne soeur", c'est très flou comme terme...
Au sein de l'Eglise, il y a les
religieux et
religieuses, hommes et femmes, dont la vocation les a amenés à intégrer une communauté dont les membres s'engagent à respecter une
règle de vie. Règle qui place bien sûr Dieu au centre (on parle de "
vie consacrée"), mais à part ça, ce n'est pas fondamentalement différent d'un kibboutz (c'est même très proche, en fait !).
Les religieux hommes sont généralement appelés "frère", les femmes "soeur". D'où l'expression "bonne soeur". Je pense que cette expression a la même origine que "bonhomme" ou "bonne femme", et allez savoir pourquoi on ne dit pas "bon frère"...
Parmi ces communautés, il y en a dont l'objectif principal est de consacrer la majeure partie de son temps à la prière (mais pas la totalité du temps : il faut bien travailler aussi), et pour cela "s'isolent" du monde, vivant dans un
monastère. C'est ce qu'on appelle les
moines et
moniales ; on parle aussi de
communautés contemplatives. Par exemple, les bénédictins (hommes et femmes), les cisterciens, les trappistes (hommes et femmes), les chartreux (hommes et femmes), les carmélites (femmes), les visitandines (femmes), les fraternités monastiques de Jérusalem (communautés mixtes)...
Les communautés contemplatives sont relativement peu nombreuses : c'est loin d'être la vocation de tout le monde.
Tous les autres religieux se consacrent à ce qu'on appelle la vie apostolique : leur vocation est de porter l'Evangile dans le monde, ce qui peut se faire de manière très variée : prédication, enseignement, service aux malades, mission... et probablement bien d'autres encore. Certaines communautés se "spécialisent" sur un type d'action apostolique, d'autres sont plus généralistes. Il y a bien sûr aussi une vie de prière, mais moins intense que chez les contemplatifs, plus proche de celle des prêtres et diacres séculiers. J'aurais bien du mal à faire une liste tellement il y en a ! Mais les dominicains (cités pas Zarus) sont dans ce cas : ce ne sont pas des moines (l'état de moine, caractérisé par la stabilité de lieu, serait totalement incompatible avec la "mission" des dominicains, qui sont de grands voyageurs).
Parmi toutes ces congrégations, il y en a certaines qui regroupent exclusivement des prêtres (par exemple : les Jésuites).
Si les religieux ne sont pas ordonnés prêtres (ou diacres), alors ils sont tout à fait comparables aux religieuses, sur le plan de la "hiérarchie ecclésiastique".
D'ailleurs, sur le plan "hiérarchique", ils ne sont pas "au-dessus" des fidèles laïcs, mais dans une autre "branche" de l'Eglise.
Silica a écrit :J'ai regardé hier un film absolument magnifique qui traite de toutes ces questions (la tradition, la modernité, l'être écartelé entre les deux, qui voudrait y échapper, et infiniment plus de choses que j'aurais du mal à décrire aussi sommairement) qui a aussi le mérite de se situer dans une société non-occidentale (et non-chrétienne), il s'agit de Late Spring (1949) un film du grand réalisateur japonais Yasujirō Ozu.
Vous m'en voyez ravi pour vous, j'aime beaucoup les films d'Ozu. Je vous recommande vivement de regarder le reste de ses oeuvres si vous en avez la possibilité. Beaucoup tournent autour de ces thèmes, d'ailleurs.
Anonymus a écrit :La première chose que je constate est à quel point le mariage chrétien a été une avancée dans la condition humaine, et en particulier féminine. Dans les sociétés païennes, les mariages ne respectaient souvent pas un (ou même aucun) de ces piliers.
Aujourd'hui, ces valeurs sont attaquées (retour au paganisme ?). Nous sommes dans une société de plus en plus individualiste, où il est normal d’idolâtrer sa propre personne. Être dépendante de son époux devient insupportable et même dangereux, l'engagement et le don de soi n'est que temporaire et conditionné par le ressenti du moment.
Etre dépendant de qui que ce soit est considéré comme anormal et néfaste.
Silica a écrit :Peut-être ne faut-il pas confondre l'individualisme et ses travers (l'égoïsme, l'égotisme).
L'individualisme, c'est quand on estime que l'individu a plus de valeur en soi qu'en tant que membre d'une relation.
D'une certaine manière, le christianisme est foncièrement individualiste : chaque personne est aimée pour qui elle est, pour le simple fait d'être une personne.
Mais en même temps, le christianisme n'oublie pas que ce qui fait la valeur d'une personne, c'est sa capacité à être en relation à un autre.
"Etre capable d'être seul, indépendant" : c'est une illusion. Pour vivre, il faut bien que je travaille, et que mon patron, ou mes clients si je suis "indépendant", me donne rémunération pour mon travail. On ne peut pas vivre en isolation totale du reste du monde. Même les ermites ne vivent pas seuls : ils se consacrent tout entier à leur relation à Dieu.
Et tout le monde, quel que soit son mode de vie, est nécessairement fils ou fille d'un père et d'une mère. Notre naissance au monde nous place d'emblée dans une relation qui est la filiation.
Je suis d'accord avec vous qu'il y a un problème si on a besoin d'enchaîner sur une nouvelle relation amoureuse sitôt la précédente rompue. C'est signe d'un manque d'équilibre émotionnel, et généralement la cicatrice d'un grand manque d'amour pendant l'enfance.
Mais pour autant, il est erroné d'envisager le mariage comme la libre association de deux personnes qui conserveraient leur indépendance, un peu comme si c'était une joint-venture. Le mariage n'est pas une association, mais une union de deux personnes, le grand mystère étant que cette union se fait malgré tout sans confusion, c'est à dire que chacun reste soi. Dans le mariage, homme et femme ne font plus qu'une seule chair. Ou, en langage non biblique : il y a
vie commune. C'est très profond, comme formule, "vie commune" !
Anonymus a écrit :Grâce aux gains de productivité, il serait aujourd'hui peut-être possible de sortir massivement les femmes du monde du travail (au même titre que les enfants, les retraités, les congés payés, la réduction globale du temps de travail...).
Commentaire en passant : on regrette souvent le temps des 30 Glorieuses, et son fameux "plein emploi". On oublie un peu vite que c'était le plein emploi des hommes, alors que beaucoup de femmes ne travaillaient pas, ou travaillaient étant jeunes et s'arrêtaient après le mariage ou le 1er enfant (même si, effectivement, beaucoup de femmes aussi travaillaient toute leur vie). En réalité, l'économie actuelle emploie bien plus d'actifs (en proportion de la population totale) qu'alors.