Pour faire un peu la revue des thèmes où la "réaction antichrétienne" se manifeste en Occident ...
Exclusion des politiciens catholiques ...
Souvent, dans des pays comme la France, la Belgique, l'Espagne ou dans des pays de l'Est ou d'Europe du Nord , l'anticléricalisme confine à l'antichristianisme. Se dire ouvertement chrétien (surtout catholique) est aujourd'hui mal vu ou objet de dérision dans certains milieux et peut conduire à être mis de côté ou exclu de postes de responsabilités. Adhérer à la morale judéo-chrétienne revient à être en soi suspect d'intolérance. On est plus jugé sur ce que l'on dit sur les uns ou les autres , mais sur le fait que l'on ne condamne pas en bloc les principes chrétiens "démonisés".
L'exemple le plus caricatural de la nouvelle chasse aux sorcières des chrétiens solidaires du canon de leur Église, fut donné par le lynchage médiatique et politique, à l'échelle européenne, dont fut victime Rocco Buttiglione. Ex-président du parlement italien et membre du parti chrétien-démocrate italien UDC (modéré) ce dernier était pressenti pour devenir Commissaire européen chargé de la justice et des affaires intérieures. Il fut
in extremis récusé par les parlementaires européens lors d'une audition organisée par la Commission des Libertés du Parlement européen, le 11 octobre 2004, à l'initiative de députés européens de gauche qui s'opposaient à sa nomination à ce poste important et l'attendaient au tournant depuis longtemps en raison de sa réputation d'homme du Vatican.
Interrogé sur le mariage homosexuel, Buttiglione répondit selon sa foi, "que la famille existe pour permettre à la femme d'avoir des enfants et d'être protégée par son mari". Le Parlement récusa sa candidature et ses détracteurs proches des lobbies homosexuels très actifs du Parlement européen rappelèrent qu'en juin 2001, il avait déjà manifesté son opposition à l'avortement [...]
Certes, on peut ne pas être d'accord avec les idées de Buttiglione, et l'on peut comprendre qu'un homosexuel soit opposé à la morale catholique traditionnelle. Toutefois, non seulement personne n'oblige les homosexuels à s'y conformer, mais si l'on devait faire le procès de ceux qui adhèrent à une conception traditionnelle et hétérosexuelle de la famille, il faudrait pour être logique condamner non seulement tous les croyants orthodoxes des trois religions abrahamiques, puis tous ceux, croyants ou pas, qui, sans être homophobes ou intolérants, désapprouvent les mariages homosexuels et les adoptions d'enfants par des couples homosexuels, soit probablement une majorité de la population.
L'agenda Europa
La volonté de nier la dimension chrétienne de l'Europe dépasse parfois l'entendement. Ainsi, en décembre 2010, la Commission européenne a édité un agenda où figurent toutes les fêtes religieuses à l'exception des célébrations chrétiennes. On y parle des fêtes musulmanes, juives, chinoises, de las fête des lumières des hindous et des sikhs, et même du paganisme. Concernant le 25 avril, jour de Pâques, le même paganisme est substitué à la fête chrétienne par excellence (résurrection du Christ) : une légende sur Zeus, le Dieu du panthéon grec païen, remplace la Pâques chrétienne. Enfin, au lieu de mentionner la fête chrétienne de la Toussaint, ou même la fête celtique très ancienne de Samain (fête des défunts), le 31 octobre, c'est l'Halloween, fête commerciale et païenne par excellence, qui est mentionnée dans le calendrier.
L'affaire du crucifix
Tout commença en novembre 2009, lorsque la cour européenne des Droits de l'Homme rendit un arrêt jugeant la présence du crucifix dans les écoles publiques italiennes "contraire aux droits des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion et de pensée". Rome avait immédiatement contesté ce jugement, fruit d'une plainte individuelle d'une mère d'origine scandinave membre d'une organisation anti-cléricale et anti-catholique, Mme Laubi. La décision des juges avait suscité un tollé en Italie mais elle avait aussi été contestée dans les autres pays ayant encore des symboles religieux dans les espaces publics, souvent par tradition.
[...]
Ainsi, dans toute l'Europe, une vraie fracture idéologique et morale oppose les tenants des racines chrétiennes de l'Europe et ceux qui estiment au contraire que l'UE doit être une terre neutre, une
terra nullius qui tait l'identité chrétienne majoritaire, notamment afin de respecter les religions minoritaires ou les convictions des non-croyants.
La Grande Bretagne gagnée par le virus du communautarisme
En Grande Bretagne, société multiculturelle, la discrimination positive semble se développer "principalement au détriment de la majorité chrétienne de la population", souligne le rapport 2010 de l'Aide à l'Église en Détresse (AED).
Bien qu'il y ait 26 évêques anglicans parmi les membres de la Chambre des Lords et qu'il y ait une Église d'État, "dans quatre écoles sur cinq , il n'y a pas de récits de Noël", déplore le député Mark Pritchard. Preuve que le déni des fêtes chrétiennes n'est pas le fruit d'une offensive islamiste ou n'est pas le résultat d'une demande musulmane, mais d'un anti-christianisme interne à la société anglaise elle-même, le
Muslim Concil of Britain, pourtant intégriste, déclare lui-même : "Nous ne voyons pas de raisons, pour aucun musulman, d'être indigné ou offensé par la célébration de Noël ou de tout autre fête de tout autre religion". Même certains non-croyants, tels que le poète Andrew Motion, regrettent que les enfants britanniques soient privés de leur patrimoine culturel, dans la mesure où le système d'éducation omet l'enseignement de l'histoire biblique.
Comme l'a déploré, en février 2009, le Révérend John Sentamu, archevêque anglican de York, les préjugés antichrétiens progressent.
Le Révérend cite par exemple le cas de Jennie Cain, une standardiste d'une école
suspendue pour avoir envoyé depuis son travail un mail pour demander à ses amis de prier pour elle. Ce type de sanction découle d'une directive du gouvernement britannique sur la "protection de la liberté et du respect de l'individu", établie en collaboration avec la
British Humanist Association et d'
Equality and Human Rights Commission à l'anti-christianisme virulent.
Un employé risque ainsi d'être incriminé pour "tentative d'embrigadement", s'il y manifeste sa foi, même sans faire de prosélytisme, alors qu'une employée musulmane voilée ne risque aucune sanction ...
En Espagne, dans ce contexte d'anticléricalisme, le 5 août 2010, un ancien juge aux affaires familiales, Fernando Ferrin Calamita, fut condamné à verser à l'État espagnol 100 000 euros en remboursement des émoluments reçus pendant sa suspension provisoire dans une affaire d'adoption homosexuelle.
Ferrin fut condamné en 2008 à deux ans d'interdiction d'exercer son métier pour avoir empêché un couple de lesbiennes d'adopter une petite fille, exigeant un avis d'expert sur les conséquences que pourrait avoir le fait de grandir au sein d'un couple homosexuel. Ce jugement fut aggravé en décembre 2009 par le Tribunal Suprême qui porta la suspension à 10 ans, assortie d'une amende de 720 euros et de 6000 euros de dommages pour la demanderesse pour "retardement malveillant de la procédure". Père de sept enfants, le juge déclarait , en décembre 2008 : "S'il y a une contradiction entre ma foi et mon travail comme juge, je donnerai la priorité à ma foi."
Le Pape Benoit XVI personna non grata dans la plus grande université d'Europe
La christianophobie s'exerce également de plus en plus contre la personne du Pape.
Chacun garde en mémoire l'annulation le 15 janvier 2008, d'une visite du pape Benoit XVI à l'université La Sapienza de Rome, prévue le 17 janvier 2008, à la suite des protestations de certains enseignants et d'étudiants militants d'extrême-gauche. Les enseignants de La Sapienza ressortirent un vieux texte du cardinal Ratzinger accusé à tort d'avoir prétendu que "le procès de Galilée avait été raisonnable et juste". La pétition, signée par 70 universitaires, exigeait l'annulation de la visite du Pape "obscurantiste".
Le discours de Ratisbonne ou le procès du Pape en islamophobie
Le 12 septembre 2006, on assista à la plus violente campagne mondiale de haine envers le Pape. L'origine du scandale fut le discours sur l'islam, la foi et la raison, prononcé à Ratisbonne, considéré par l;e monde islamique comme une "déclaration de guerre" et une "offense envers l'islam". Le Pape Ratzinger dénonçait certes la violence islamique et soulignait que le Dieu des chrétiens était différent de celui des musulmans, parce que la foi islamique était détachée de la raison et opposée à la pleine liberté religieuse.
Le monde musulman réagit par un contre-message plein de violence et de haine anti-chrétienne, anti-juive et anti-occidentale.
Ainsi, le Grand Mufti de Turquie, Ali Bardakoglu (président des Affaires religieuses), la plus haute autorité de l'islam en Turquie, dénonça une discours "très provocateur, hostile et préjudiciable; nous attendons des excuses du Pape envers l'islam et qu'il retire ses paroles". Le premier ministre turc accusa Benoit XVI d'avoir prononcé des paroles dégradantes envers l'islam, exigeant qu'il fasse un pas en arrière pour préserver la paix interreligieuse. Le journaliste et essayiste turc de renom, Aytunc Al Tynda, l'accusa d'avoir offensé l'islam et insulté les Turcs, et prévint que "rien serait moins étonnant que le Pape soit assassiné lors de sa venue en Turquie, et qu'il y a bien d'autres raisons pour lesquelles on pourrait attenter à sa vie." Le site web du Geich al Mudjahidin irakien jura de détruire leur croix [des chrétiens] en plein coeur de Rome. Des églises de Gaza, Nablus et Bassora furent prises d'assaut. En Somalie, une soeur italienne de 70 ans fut tuée. Des dizaines d'églises furent attaquées dans des pays musulmans. Le Guide spirituel des Frères musulmans et le Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweit, Qatar, Bahrein et Oman) exigèrent des excuses officielles du Pape, et le Parlement pakistanais approuva à l'unanimité une résolution condamnant Benoit XVI. La télévision islamiste du Qatar, Al-Jazeera, diffusa des caricatures "sataniques" ridiculisant le Pape. Nombre d'imams et d'ayatollahs avertirent que "des excuses officielles du Pontife risquaient de ne pas être suffisantes".
Encore moins compréhensible, de nombreux politiques et journalistes occidentaux hurlèrent avec les loups plutôt que de défendre la liberté d'expression. Le journal américain,
The New-York Times, condamna les "paroles tragiques et dangereuses" de Benoit XVI. En Italie, bizarrement, l'anticlérical Di Pietro se rangea du côté des obscurantistes musulmans, accusant le pape d'avoir offensé des millions de musulmans dans le monde.
Des prêtres furent égorgés au Pérou, en Irak, en Égypte, au Pakistan et en Turquie. Des centaines de musulmans se rassemblèrent dans les rues des capitales du Pakistan, de Libye, du Gofe, d'Égypte, appelant à tuer le "Pape croisé". Terrifiés par cette expérience, les responsables de la Curie romaine firent pression sur le Saint Père, lâché par la plupart des États occidentaux [...]
tiré de :
Alexandre del Valle, "Chapite 12 La christianophobie occidentale et européenne" dans Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? La nouvelle christianophobie, p. 289