PaxetBonum a écrit :Kerniou a écrit :Je préfère, pour ma part, cette notion de mariage à l'essai .
Cela va contre les enseignements de Notre Seigneur : "C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair."
Etre marié à l'essai c'est comme être en période d'essai au travail, vous n'avez pas encore la confiance de l'autre, vous êtes en test, on vous essaye…
L'amour est exigeant, il se donne et se reçoit mais ne s'essaye pas.
Je comprends ce que veut dire Kerniou : il s'agit de comprendre notre époque. Les jeunes (et même des moins jeunes, type des quarentenaires que j'ai l'occasion de rencontrer) désirent le grand amour, il n'y a pas de doute là dessus. Ils désirent s'engager dans les profondeurs de leur âme, j'en suis certaine, mais ils ont peur. Notre époque est terriblement anxiogène pour toutes les raisons que nous connaissons, le patriarcat a volé en éclat avec les repères qui allaient avec (avec du bon et du mauvais), les jeunes et les moins jeunes ont peur de l'engagement tout en le désirant.
Alors, le "mariage à l'essai" signifie qu'on épouse enfin celui ou celle avec lequel on se sent vraiment en confiance, et qu'on a pris le temps de connaître. Et qui est parfois comme il a été dit, le dixième qu'on essaye de connaître. Les choses ne vont plus de soi comme cela était le cas avant, les personnes, paradoxalement, ont plus de choix mais ont une grande difficulté à se rencontrer vraiment et à se faire confiance.
Beaucoup sont en hyper protection, et l'absence de vie sexuelle ou au contraire une vie sexuelle débridée peut être le signe d'une même protection. Certains cachent derrière un idéal et une décision de ne rien vivre avant le mariage une peur de la rencontre et d'autres cachent derrière un état d'hyperséduction une grande peur de la vraie rencontre : je te rencontre par le corps pour court-circuiter la rencontre par le coeur. Tous dans ce cas là ont peur de donner leur coeur.
Est-ce grave ? Je pense que le principal est d'être lucide sur cette époque qui ne nous pousse pas à donner notre coeur et bien sur, le cheminement avec le Christ nous apprend à le faire, peu à peu.
Concernant le féminisme, il y a aujourd'hui plusieurs courants très différents. Dans les années 60 et 70, les femmes demandaient d'être considérées comme l'égal des hommes et considérées tout court. ("Nous ne sommes pas des poupées")
Se rend on compte qu'en cas de viol, les femmes étaient suspectées d'avoir allumer leur agresseur? Que si elles n'étaient pas vierges avant le viol, les policiers leur demandaient alors pourquoi elles portaient plainte ?!!!
On revient vraiment de très loin.
Le féminisme, c'était exiger du respect et de la considération pour leur personne et aussi la possibilité de vivre leur vie comme elles l'entendaient, sans plus être traitées de "pute" si elles vivaient comme des hommes, sans être renvoyée à leur fourneau si elles voulaient devenir chirurgiennes. (avec toute l'importance à cette époque de la légalisation de la pilule et de l'avortement, objet de hautes luttes).
Aujourd'hui, maintenant que les luttes du passé ont eu gain de cause en occident (droit de vote, liberté vis à vis du mari, liberté sexuelle avec choix d'avoir ou non des enfants, prise en compte de la gravité des agressions sur les femmes...), le féminisme est traversé par plusieurs courants qui s'affrontent.
Il y a le courant d'Elizabeth Badinter et de Caroline Fourest, dont je me sens proche, centré sur la responsabilité et la liberté : assumer un leadership féminin éventuel,, décider, choisir sa vie, ,ne rien subir et se défendre contre toute attitude déplacée,ne pas se laisser embarquer sur une voie qui n'est pas la sienne, avoir confiance en soi dans sa carrière et son évolution, (si on travaille à l'extérieur), exiger l'égalité des salaires, dénoncer toute entrave à l'égalité et la liberté d'action des femmes. Ce courant vise au respect de la femme comme au respect de l'homme vu comme un partenaire.
C'est également le courant de "ni putes ni soumises". Il est dans la lignée du courant féministe traditionnel de la grande époque des années 60 et 70.
Il y a le courant victimaire (que dénonce E Badinter), nouvelle mode qui vise à considérer les femmes comme des petites femelles à protéger et qui surexploite la vision de l'homme comme étant violent potentiellement, dénonce à tout crin le machisme à tout va et demande aux femmes de porter plainte pour un geste déplacé dans le métro au lieur de leur conseiller de foutre une bonne baffe au grossier personnage.
C'est ainsi qu'on a vu des féministes soutenir des "victimes", en l'occurrence 3 femmes adultes qui portaient plainte parce que leur patron (un responsable politique ) leur avaient massé les pieds, ce dont elles n'avaient pas envie "mais elle n'avaient pas osé refuser par peur de perdre leur travail". On voyait leur visages tragiques en couverture de Paris Match, pendant ce temps de vraies victimes subissaient de vrais viols collectifs dans des caves...
Ce courant cultive une vison très négative de la gent masculine et une vision misérable de la femme comme étant d'abord une pauvre victime sans défense. Il est à mon avis irrespectueux pour les vraies victimes et irrespectueux tout court.
Il y a ensuite un troisième courant (violemment dénoncé par C Fourest et E Badinter) qui est le "féminisme islamique" ! (on n'arrête pas le progrès). Ces féministes déclarent porter le voile, voir la burka ou le burkini, parce que c'est leur choix. Et donc assumer ce choix, le revendiquer, le défendre contre vents et marées, c'est être féministe. Le débat fait rage entre féministes arabo-musulmanes, celles appartenant au premier courant accusant celles de ce troisième courant ci d'être aliénées par les barbus et négligeant l'offense à la femme (et à l'homme) quant on lui demande de se "couvrir" pour ne pas exiter le désir masculin.
Les tenantes de ce courant utilisent probablement la notion de féminisme pour répandre l'idéologie islamiste, qui vise à faire croire à l'ensemble des musulmanes qu'elles ne peuvent être des bonnes croyantes et de vraies femmes que si elles sont couvertes. Elles accusent les féministes arabo-musulmanes du premier courant d'être "vendues à l'occident colonisateur et islamophobe".
Il me paraît très important de ne pas confondre les unes et les autres...
Bien à vous,
Axou