Trinité,
Merci pour la rétroaction !
La critique que j'avais lu ...
Les deux Papes, trop de contre-vérités.
http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/1 ... i-diffame/
Extrait :
«Le scénario est issu de la pièce de théâtre de McCarten de 2017,
The Pope, dans laquelle il a imaginé des conversations entre les deux hommes. Le portrait fait par Anthony Hopkins d’un Benoît obsédé et de mauvaise humeur est opposé au Bergoglio affable, bienveillant et placide de Jonathan Pryce. Si l’on connaît un peu la vérité de ces deux hommes, c’est presque risible. Bergoglio est joué par deux acteurs: Pryce dans la version plus âgée, de celui qui sera bientôt le pape François; Juan Minujin dans le rôle du jeune Bergoglio, sérieux, idéaliste et un peu prétentieux. Pryce est le type sympathique et chaleureux que ceux qui ont rencontré le pape François (comme moi) peuvent reconnaître [??].
Le fait qu’en termes de physique et de kinésiologie, Hopkins n’ait aucune aptitude à jouer Benoît n’arrange rien. Il dépeint un homme hautain, pesant, le visage bouffi, les yeux comme ceux d’un poivrot affligé d’une mauvaise gueule de bois. Tout est faux, toute la grâce de Joseph Ratzinger est absente: le port, la réserve, la passion des idées. Ni la timidité, ni la dignité tranquille ne sont là.
[...]
Le film a été précédé par un livre,
The Pope: Francis, Benedict, and the Decision That Shook the World, également écrit par McCarten. Sa description du pape François y est un mélange de clichés et de cocasseries: « Une bouffée d’air frais, avec le charisme d’une rock star, il y avait une touche de John Lennon autour de lui (les deux hommes avaient fait la couverture du magazine Rolling Stone) avec une propension à des déclarations surprenantes propres à faire haleter même ses fans les plus ardents ». Bergoglio est un » Argentin charismatique et amusant, à première vue un homme humble, extraverti, qui s’habille simplement (il a porté la même paire de chaussures noires pendant vingt ans) . . . C’est un homme avec une touche commune. Un homme du peuple. Il a même eu une petite amie. »
ou
Dans son scénario de base, le film est presque entièrement fictif. En 2012, Bergoglio ne s’est pas rendu en Italie pour rencontrer le pape Benoît à Castel Gandolfo afin de demander la permission de se retirer. Les deux hommes n’ont pas passé des jours ensemble pour faire connaissance. Le pape Benoît n’a pas informé à l’avance le cardinal Bergoglio de son intention de démissionner. Il ne lui a pas dit qu’il se considérait comme n’étant plus apte à être pape. Il n’a pas révélé qu’il avait décidé que Bergoglio serait le choix parfait pour le remplacer.
[...]
Outre ces fictions, le film se réfère à des événements réels en dehors de leur ordre chronologique: Les choses qui se sont produites après l’élection du pape François sont représentées comme s’étant produites avant.
Le scénario cherche à diminuer le pape Benoît en élevant son successeur avant même qu’il ne lui succède.
« Vous êtes très populaire », dit Ratzinger, comme s’il était envieux.
« J’essaie juste d’être moi-même », répond modestement Bergoglio.
« Chaque fois que j’essaie d’être moi-même, les gens ne semblent pas m’aimer beaucoup », répond le pape.
Cet échange est rendu absurde par les faits.
L’affluence aux audiences publiques de Benoît sur la place Saint-Pierre est toujours plus élevée que celle du pape François, dont les nombres ne cessent de diminuer. « Cette popularité, y a-t-il une astuce à cela? », demande Benoît, apparemment déterminé à souhaiter être Bergoglio. Le problème est qu’avant de devenir pape, Bergoglio était à peine connu dans le monde, et encore moins populaire. Il n’était même pas aimé sans réserve en Argentine.
Dans une autre scène, tard dans la soirée, le pape Benoît est assis à son piano, essayant de trouver quelque chose d’approprié à jouer pour son invité. Soudain, il demande: « Connaissez-vous les Beatles? ». « Oui, je sais qui ils sont », répond Bergoglio. « Eleanor Rigby ? ». »Qui? » demande le pape Benoît: « Je ne la connais pas ».
C’est inoffensif à sa façon. Mais pour ce que ça vaut (pas grand chose), il est faux de dire que le pape Benoît ignore la musique pop, comme le laisse entendre à plusieurs reprises le scénario.
En fait, il en sait beaucoup sur cette musique, peut-être parce qu’il l’a entendue pendant de nombreuses années dans tous les cafés de Rome. Il n’aime tout simplement pas ça. Il est préoccupé par le fait que, comme il l’a dit dans son discours au Congrès international de la musique d’église à Rome en novembre 1985, une telle musique « abaisse les barrières de l’individualité et de la personnalité », « abrogeant les limites du quotidien », créant l’illusion d’une « libération de l’ego ». Ce ne sont pas les mots d’un homme qui n’a jamais entendu parler d’Abba, qui ne « connaît » pas Eleanor Rigby.
[...]
Le script met des mots dans la bouche du pape Benoît – pas seulement des mots pour transmettre des convictions ou un caractère, mais des mots qui cherchent à changer le sens de l’histoire.
Il annonce à Bergoglio son désir de lui confier « quelque chose que je vous demande de garder dans votre âme et de ne parler à personne ». Puis il révèle son intention de démissionner dans l’espoir que Bergoglio lui succède. « Les papes ne peuvent pas démissionner », dit Bergoglio. » Le Christ n’est pas descendu de la croix » – une phrase du journal de Dorothée Day, reprise par Jean-Paul II, lorsqu’on lui demanda s’il pourrait envisager de démissionner en raison de sa santé défaillante.
« Vous allez endommager la papauté pour toujours », dit Bergoglio. « Et quel dommage ferais-je si je reste? » Ce ne sont pas des mots que Benoît aurait prononcés. Ce sont des mots tendancieux imaginés à partir de préjugés sur ce que Benoît est et était, sur ce qu’il représente et représentait.»
(article de John Waters 17 décembre 2019)