Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » ven. 15 mai 2020, 11:06

Ah! Ça faisait longtemps que ma première intuition n'avait pas fait mouche. J'avais lu ce livre il y a quelques années, mais je ne me souvenais pas de ce passage précis. Seulement il y a un "je ne sais quoi" dans ces Mémoires d'Hadrien, une atmosphère qui ne vous quitte pas une fois que vous l'avez lu.

Je propose donc un texte :

La nuque presque horizontale, le dos arrondi, penchée, elle paraît à l'écoute d'un devenir inconnu qui commence à s'émouvoir en elle. La force de cet avenir agissant sur ses propres sens, semble la tirer loin de cette vie troublée, vers la servitude humble et grave de la maternité. Comme saisie par le froid, elle plonge profondément la tête dans l'ombre de ses bras croisés. Sa main retournée voudrait repousser tout, même son propre corps en transformation.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par prodigal » sam. 16 mai 2020, 7:45

Cela ressemble à un hymne à la fécondité, ce qui me fait penser à un auteur qu'on n'a pas encore cité je crois, à savoir Emile Zola.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » sam. 16 mai 2020, 10:32

Non, ce n'est pas Zola.
Ce n'est pas un hymne au sens premier du terme (texte de louange destiné à être chanté), bien que le style du texte puisse légitimement faire penser à ce genre.
Ce texte loue la fécondité du corps féminin et les émotions que celle-ci suscite à travers cette description particulière, description qui se réfère bien à une femme, une certaine femme d'ailleurs.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Fée Violine » sam. 16 mai 2020, 21:52

une certaine femme
Peut-être la Vierge Marie ?

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » sam. 16 mai 2020, 22:35

Non, ce n'est pas la Vierge Marie, mais vous cherchez dans la bonne lignée.
Si vous trouvez de quelle femme ce texte parle, ce ne sera pas un indice essentiel, mais ça pourrait être un bon début pour comprendre avec un peu plus de précision ce que décrit notre auteur.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » lun. 18 mai 2020, 16:57

Je vais essayer de débloquer l'énigme : Il s'agit d'un artiste qui parle d'un artiste, ou plutôt d'un artiste (l'écrivain que vous cherchez) qui parle d'une l’œuvre d'un artiste qu'il a sous les yeux. L’œuvre en question représente une certaine femme : non pas la Vierge Marie, mais Eve, mère des vivants, et toute désignée pour louer la fécondité de la femme.
L'auteur n'est pas français. Si, pour des raisons biographiques, il devait sans doute très bien parler le français, à ma connaissance il n'a jamais écrit en français, mais toujours dans sa langue natale - ce qui est le cas de ce texte.
Sur la base de ces indices, il vous sera peut-être plus facile de trouver le type de texte dont il s'agit, et par le jeu des liens et de l'analyse du texte, de trouver l'auteur recherché.
Je vous donne un texte extrait du même livre et qui médite une autre œuvre du même artiste étudié (si vous trouvez l’œuvre et que vous avez quelques connaissances biographiques sur les personnes concernées, vous devriez trouver) :
Il fait porter à des centaines et des centaines de figures qui sont seulement un peu plus grandes que ses mains, la vie de toutes les passions, la floraison de tous les plaisirs et le poids de tous les vices. Il crée des corps qui se touchent partout et tiennent ensemble comme des bêtes se dévorant l'une l'autre, qui tombent comme une chose dans un abîme, des corps qui écoutent comme des visages et s'élancent comme des bras, des bouches qui ont la forme de cris. Ainsi des corps, dont chaque parcelle est volonté, semblent sortir des profondeurs de la terre; des chaînes de corps, des vrilles et des sarments, et de lourdes grappes de formes dans lesquelles le goût suave de l'impiété monte des racines de la souffrance [...]. Là comme ici, il y a également ceux qui se jettent dans l'abîme pour pouvoir oublier la grande douleur et d'autres qui brisent la tête de leurs enfants afin qu'ils ne grandissent pas dans cette même douleur.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Fée Violine » lun. 18 mai 2020, 17:39

Votre deuxième extrait semble évoquer le jugement dernier.
Il s'agit sans doute d'un peintre assez ancien. Mais je ne connais pas assez bien la peinture et encore moins les critiques d'art pour voir de qui il s'agit...

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » lun. 18 mai 2020, 18:00

Oui, c'est en quelque sorte le Jugement dernier, bien que le titre de l'œuvre ne dise pas tout à fait cela.
Ce n'est pas de peinture qu'il s'agit.
Sinon, l'auteur n'est pas spécialement un critique d'art, mais un écrivain (plus connu comme poète) connu et reconnu comme écrivain, qui pour des raisons biographiques a été amené à écrire une monographie sur cet artiste de génie.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Fée Violine » mar. 19 mai 2020, 12:03

Une sculpture ?
Peut-être Michel-Ange ?
Goethe, Voyage en Italie ? (je ne l'ai pas lu)

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » mar. 19 mai 2020, 13:12

Il s'agit bien d'un sculpteur, et donc d'une sculpture, mais pas de Michel Ange. L'écrivain n'est pas Goethe, mais vous cherchez dans la bonne langue.
Le sculpteur en question est français, et c'est une figure du 19ème siècle.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Jean-Mic » mar. 19 mai 2020, 14:41

Un sculpteur ? Rodin ?
Une sculpture ? La porte de l'Enfer ?
Qui a écrit sur Rodin ? Beaucoup de monde !

Mais je pense d'abord à Rainer Maria Rilke ? Les extraits donnés correspondent bien aux longues phrases propres à Rilke.
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Riou » mar. 19 mai 2020, 16:17

Bravo Jean-Mic! C'est bien Rilke qui parle de la Porte de l'enfer de Rodin. Dans le premier texte, l'œuvre décrite était Eve.
Rilke fut le secrétaire particulier de Rodin durant plusieurs années. Fasciné par le grand homme, il a mis sa plume et ses longues phrases au service de ce génie dans une monographie.

A vous Jean-Mic.

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Jean-Mic » mar. 19 mai 2020, 18:58

Une fois qu'on savait qu'il s'agissait d'un sculpteur et de son œuvre touchant au Jugement, raconté par un autre artiste, la suite m'a semblé couler de source...

Puisque nous étions avec Rilke, restons dans la poésie :
  • J’aime l’âne si doux
    marchant le long des houx.
    Il prend garde aux abeilles
    et bouge ses oreilles ;
    et il porte les pauvres
    et des sacs remplis d’orge.
    Il va, près des fossés,
    d’un petit pas cassé.
    Mon amie le croit bête
    parce qu’il est poète.
    Il réfléchit toujours.
    Ses yeux sont en velours.
    Jeune fille au doux cœur,
    tu n’as pas sa douceur?
    [...]
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Fée Violine » mar. 19 mai 2020, 21:06

SVP Jean-Mic choisissez quelque chose de plus difficile. Je pense que tout le monde connaît ce poème de Francis Jammes !

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Re: Jeu : le diagnostic littéraire à l'aveugle

Message non lu par Fée Violine » dim. 07 juin 2020, 22:51

Mes culpa, mea maxima culpa. Mon intervention intempestive a bloqué le jeu, toutes mes excuses à Jean-Mic, qui n'a pas dû trouver une autre idée.

Je propose donc un autre texte, très joli et sans doute pas trop difficile :

Mais, dès que je fus arrivé à la route, ce fut un éblouissement. Là où je n’avais vu, (...) au mois d’août, que les feuilles et comme l’emplacement des pommiers, à perte de vue ils étaient en pleine floraison, d’un luxe inouï, les pieds dans la boue et en toilette de bal, ne prenant pas de précautions pour ne pas gâter le plus merveilleux satin rose qu’on eût jamais vu et que faisait briller le soleil ; l’horizon lointain de la mer fournissait aux pommiers comme un arrière-plan d’estampe japonaise ; si je levais la tête pour regarder le ciel entre les fleurs, qui faisaient paraître son bleu rasséréné, presque violent, elles semblaient s’écarter pour montrer la profondeur de ce paradis. Sous cet azur, une brise légère mais froide faisait trembler légèrement les bouquets rougissants. Des mésanges bleues venaient se poser sur les branches et sautaient entre les fleurs, indulgentes, comme si c’eût été un amateur d’exotisme et de couleurs qui avait artificiellement créé cette beauté vivante. Mais elle touchait jusqu’aux larmes parce que, si loin qu’on allât dans ses effets d’art raffiné, on sentait qu’elle était naturelle, que ces pommiers étaient là en pleine campagne comme des paysans, sur une grande route de France. Puis aux rayons du soleil succédèrent subitement ceux de la pluie ; ils zébrèrent tout l’horizon, enserrèrent la file des pommiers dans leur réseau gris. Mais ceux-ci continuaient à dresser leur beauté, fleurie et rose, dans le vent devenu glacial sous l’averse qui tombait : c’était une journée de printemps.

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