Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Littérature - Fiches de lecture - Biographies - Critiques - Essais - Philologie
Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mar. 23 sept. 2008, 7:42

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, l'expression :

12. AU TEMPS POUR MOI / AUTANT POUR MOI

Vous avez fait une erreur, vous l’admettez volontiers, vous vous écriez :
Autant pour moi ! ... Presque tout le monde comprend et écrit cette
expression avec l’adverbe "autant"...

L’origine de l’expression est tout autre !

Elle est formée à l’aide du mot "temps" qui désigne, entre autres, chacun
des mouvements qui s’enchaînent pour former un mouvement complexe.
Ainsi, dans le maniement des armes, pour épauler un fusil :

1er temps : on avance la jambe gauche
2ème temps : on lève le fusil
3ème temps : etc.

Si l’opération se passe bien, on la réalise en deux temps trois mouvements,
mais si l’on est maladroit, l’on doit revenir au temps précédent.

On en reçoit l’ordre : Au temps ! Et si l’on doit poser le fusil : Au temps
pour les crosses !
… C’est du langage d’adjudant dans la cour d’une caserne
du XIXème siècle : Au temps pour vous, triple buse ! signifie : "Revenez au
temps précédent."

Image

Au temps pour moi a donc un sens plus précis. Cette expression ne signifie
pas seulement que je reconnais mon erreur, mais que je concède que je vais
reprendre les choses depuis le début.

L’interprétation et la graphie avec l’adverbe "autant" se généralise. Eh bien,
croyez-moi, la suppression du service militaire ne va pas arranger les choses ! :)

A demain ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 26 nov. 2008, 16:47, modifié 2 fois.

Jean Jacques
Censor
Censor
Messages : 122
Inscription : jeu. 14 août 2008, 9:27
Contact :

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Jean Jacques » mar. 23 sept. 2008, 17:10

Merci pour cette explication, je met sans arrêt "autant pour moi".

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mer. 24 sept. 2008, 10:03

(Merci, Jean-Jacques !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot PLACEBO.

13. PLACEBO

J’ai entendu récemment de jeunes musiciens qui avaient donné à leur groupe
le nom de placebo. Voilà d’excellents latinistes, ai-je pensé, mais qui prennent
des risques.

Il peut sembler en effet bien audacieux de se lancer dans le show-biz à l’enseigne
d’une substance sans principe actif, qui agit de façon psychologique sur le malade
qui croit prendre un vrai médicament. Car tel est bien le sens actuel de placebo.

Image

Leur musique serait-elle une molécule neutre ? Certainement pas. Ils pensaient,
évidemment, à l’origine du mot.

Placebo est la première personne du singulier du futur du verbe latin placere,
qui signifiait "plaire". Placebo signifie "je plairai". C’est au cours du XVIIIème
siècle que la langue médicale anglaise a utilisé ce mot latin pour désigner
l’effet thérapeutique psychologique d’une substance neutre.

Image

Emprunté à l’anglais, le terme est passé au XXe siècle dans la langue médicale
française, puis dans la langue courante. On dit, par exemple, que telle mesure
économique n’est qu’un placebo.

Mais il est un autre sens ancien qui peut donner à réfléchir. Le mot placebo
commençait au moyen âge une prière que l’on chantait durant l’office des morts.
Il désignait, par suite, cette prière funèbre : chanter le placebo

S’ils le savaient, nos jeunes gens débaptiseraient leur groupe et les médecins
prescriraient beaucoup moins de placebo !

COMPLEMENTS

• L’inverse de l’effet placebo est l’effet nocebo, mot latin qui signifie "je nuirai".
C’est une substance dénuée d'activité pharmacologique qui provoque une
dégradation de la santé par auto-suggestion négative de son utilisateur.

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le lun. 24 nov. 2008, 21:35, modifié 3 fois.

Avatar de l’utilisateur
marchenoir
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 259
Inscription : dim. 25 déc. 2005, 22:58
Localisation : Vincennes

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par marchenoir » mer. 24 sept. 2008, 22:30

Il est génial ce fil ! Merci Balade !
Il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des saints (Léon Bloy, La Femme Pauvre)

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » ven. 26 sept. 2008, 8:02

Merci bien, marchenoir !

Bonjour ! :ciao:

Ajourd'hui, le mot GOUJAT.

14. GOUJAT

Un souvenir d’enfance qui a sans doute suscité une vocation de grammairien :
on m’avait fait apprendre, à l’école, la fable de La Fontaine Le Renard et les raisins.
Vous vous souvenez que le renard, voyant qu’il ne peut attraper les raisins qui
poussent sur une treille trop élevée, se cherche une excuse : Ils sont trop verts,
dit-il, et bons pour des goujats !


Image

Je me demandais ce que la goujaterie venait y faire ... je l’ai su plus tard ! Le mot
goujat, emprunté à l’ancien provençal gojat, qui signifiait "jeune homme", était
courant au moyen âge pour désigner un valet d’armée : Ses goujats l’équipèrent ...
Il prit ensuite le sens plus général de "serviteur", et donc, de personne de basse
condition. C’est à l’évidence l’emploi qu’en fait La Fontaine dans sa fable.

Image

Goujat est resté vivant jusqu’à la fin du XIXème siècle pour désigner un apprenti
maçon. Parlant du Colisée de Rome, Chateaubriand écrit : Une demie douzaine
de goujats sans échafaudage le relevèrent.


Toutefois, dès le XVIIIème siècle, goujat avait pris le sens de "homme grossier",
aux manières offensantes, en particulier envers les dames. C’est son seul emploi
aujourd’hui. Il est synonyme de mufle.

Il est important de connaître l’histoire de ce mot, sinon, quand on lit un texte
un peu ancien comme celui de la Fontaine, on risque d’en trahir le sens, et donc,
de se comporter ... comme un goujat ! :)

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 26 nov. 2008, 14:05, modifié 1 fois.

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » sam. 27 sept. 2008, 9:42

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, l'expression :

15. SOUPE / TREMPER LA SOUPE / MOUILLÉ COMME UNE SOUPE / IVRE COMME UNE SOUPE

J’ai entrepris de vous parler de soupe, non seulement parce ce que ce plat
est à la fois essentiel et délicieux, et parce que le terme lui-même est d’une
richesse incroyable.

Un exemple : l’expression courante tremper la soupe, au sens de se mettre
à manger, n’est plus comprise. On se demande pourquoi il conviendrait de
tremper, c’est-à-dire d’imbiber comme on dit d’une couleur, ou de plonger
dans le liquide quelque chose qui en soi est déjà liquide, la soupe ...

C’est parce que le terme soupe, dont l’origine est d’ailleurs obscure, signifie
proprement … une tranche de pain ! Eh oui ! Une tranche de pain que l’on
recouvre de vin chaud ou de bouillon formant ainsi ce plat élémentaire,
rustique et nourrissant.

Image

On comprend par suite toute une série d’expressions. Par exemple, "être trempé
ou mouillé comme une soupe" n’est pas un pléonasme (= deux fois la même chose):
on est alors trempé ou mouillé comme cette pauvre tranche de pain recouverte
de bouillon. Elle peut être aussi recouverte de vin chaud; dans ce cas-là, on est
"ivre comme une soupe".

On peut dire aussi "faire de tel pain soupe", qui sinifie rendre sa pareille. Et l’on
a longtemps terminé le repas par une "soupe dorée", c’est-à-dire une tranche
de pain recouverte de jaune d’œuf et dorée au four, ce qu’on appelle maintenant
le pain perdu.

On voit que notre brave expression tremper la soupe (commencer à manger),
prend tout son sens et sa place dans une riche famille !

Allez, à la soupe ! :)

A demain ! :ciao:
Dernière modification par Balade le sam. 22 nov. 2008, 18:06, modifié 2 fois.

Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12400
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Fée Violine » sam. 27 sept. 2008, 9:57

Balade a écrit :(Merci Relief !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot CERF-VOLANT.

5. CERF-VOLANT

Une amie m’a dit : « A ma connaissance, un cerf, ça ne vole pas!
Alors, expliquez-moi, Professeur! »

En effet, un cerf ne vole pas, mais un cerf volant le fait !
Ce terme désigne depuis le début du XVIIème siècle un gros
coléoptère male, le lucane, dont les mandibules de grande
taille rappellent les bois du cerf. On l’a donc nommé plaisamment,
et par image, un cerf volant.

Pendant longtemps, les historiens de la langue ont pensé que le
processus métaphorique ayant continué, on a nommé cerf volant
cet objet fait de tissu ou de papier et que l’on laisse voler dans
les airs au gré des vents et qui lui ressemble.

Oui, mais il ressemble à bien d’autres insectes ; pourquoi avoir
choisi ce coléoptère ?

Il y a une trentaine d’années, un linguiste a proposé une autre
explication. Il a rappelé qu’en ancien français, serpe était
une forme féminine de serpent. On aurait donc eu, au
départ, une serpe volante, c’est-à-dire, un "serpent volant".

De fait, les serpents ailés ne manquent pas dans la Bible, dans la
plupart des mythologies et dans les légendes françaises jusqu’au
XVIIIème siècle... Cette étymologie serait confirmée par la forme
des premiers cerfs-volants apparus en Europe, qui étaient
décrits comme des "dragons" ressemblant à des serpents avec
leur longue queue.

Le mot serpe ayant disparu de la langue, l’on n’a plus compris
l’expression serpe volant, et on l’a remplacé par le nom d’un insecte
volant bien connu, le cerf-volant.

Cette hypothèse est astucieuse, vraisemblable, éclairante, qu’attendre
de plus d’une étymologie? Vous allez me répondre : « des preuves »
… C’est vrai ! :)

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:

d'ailleurs en allemand, on appelle le cerf-volant "dragon" (Drache)

Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12400
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Fée Violine » sam. 27 sept. 2008, 10:09

Balade a écrit :Bonjour ! :ciao:

Ajourd'hui, l'expression TOMBER DANS LE LAC.

9. TOMBER DANS LE LAC

Comme vous le savez, tomber dans le lac signifie échouer, ne
pas aboutir.

Mais attention à ne pas tomber dans le lac en vous méprenant
sur l’origine de l’expression ! Celle-ci n’a, en effet, rien avoir
avec la nappe d’eau douce issue du latin lacus !

Laqueus, en latin, désignait une cordelette. Il était souvent
employé pour la chasse au sens de piège. Il a donné l’ancien
français laz (prononcer lats), qui désignait un cordon, et
par suite, un filet, un piège.

Le terme a subsisté en dérivation : d’une part, le diminutif "lacet"
(en passementerie ou en topographie -virage en lacet-), d’autre
part le composé "entrelacs" (ornement formé de motifs entrelacés).

Fréquemment employé au sens de "piège", il est entré dans de
nombreuses expressions, au propre (« tendre des filets et
des lacs ») comme au figuré : « tomber dans le lacs » (prononcer
la).

On devine la suite… Sur le modèle des composés "lacet" ou "lacer",
le mot a changé de graphie et s’est écrit lac.

Comme c’est souvent le cas en français, la prononciation a suivi,
et l’on prononce aujourd’hui - fautivement selon les puristes -
"tendre des lacs" (avec le son k) ; les "entrelacs" (avec le son k)
de l’art musulman...

On s’est mis ensuite à dire "tomber dans les lacs de quelqu’un"
(lak), et tout simplement, "tomber dans le lac."
La signification "être pris au piège", "être dans l’embarras", a suivi :
tomber dans le lac signifie se tromper lourdement.

On voit mal ce que la grande nappe d’eau douce viendrait y faire.
Vous le savez maintenant, et ne tomberez plus… dans le lac ! :)

A demain ! :ciao:
j'ajouterai qu'il y a sans doute aussi l'influence du mot "lac" (l'étymologie n'est pas une science exacte et les mots évoluent parfois bizarrement, ils se déforment par association d'idées etc), car le mot latin "lacus", qui a donné bien sûr "lac" (l'étendue d'eau), signifie exactement : "réservoir, bassin, cuve ; lac, étang; réservoir d'eau, fontaine, citerne; case pour les grains, fosse (aux lions), caisson de plafond", donc toutes sortes de récipients profonds où il vaut mieux ne pas tomber. Dans la Vulgate, "lacus" est employé pour désigner la fosse où on tombe (je ne sais plus les références, sans doute les psaumes, Jérémie etc).
Donc je suppose qu'il y a eu un mélange entre le lac et le lacet.

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » lun. 29 sept. 2008, 12:04

(Merci, Fée Violine !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot BRIQUET.

16. BRIQUET

Nous connaissons tous la célèbre chanson enfantine du XVIIIème
siècle, Au clair de la lune. On y parle d’une voisine qui bat le briquet :

Au clair de la lune, Pierrot répondit :
« Je n'ai pas de plume, je suis dans mon lit.
Va chez la voisine, je crois qu'elle y est
Car dans sa cuisine, on bat le briquet. »


Image

A l’heure des briquets jetables, on ne comprend pas ce que la voisine, dans
sa cuisine, peut bien faire avec son briquet, ni surtout, pourquoi elle le bat !

Reprenons les choses d’un peu plus haut.

Le mot brique, qui provient du nééerlandais, signifie "un morceau". Pensons à
l’allemand brechen, à l’anglais to break, qui signifient "briser". Un briquet, c’est
donc un petit morceau. D’où les sens dérivés : briquet désigne un chien de
chasse de petite taille ; il désigne aussi un sabre court, un sabre briquet.

Image

Mais l’emploi le plus connu sans doute est celui de morceau de pain, de tartine,
et spécialement, le casse-croûte du mineur. Emile Zola écrit dans Germinal :
C’était le briquet, la double tartine emportée chaque matin à la fosse.

Image

Briquet s’est employé pour désigner la petite pièce d’acier avec laquelle on
frotte vigoureusemet un silex pour en tirer des étincelles et allumer un feu.
D’où l’expression battre le briquet. Au Québec, on disait aussi un batte-feu.

Cet objet quasiment oublié aujourd'hui a pourtant été le principal moyen
d'allumage du feu durant la plus grande partie de notre histoire. En France,
on a battu le briquet jusqu'à la guerre de 1914-1918 ; les poilus de la guerre
en portaient sur eux. On disait aussi fusil (pierre à fusil), mais le mot s’est
spécialisé pour l’arme à feu.

Image

Et le mot a suivi l’évolution des techniques. La méthode ancienne, acier
contre silex, a été remplacée par un appareil formé d’une pierre ("une pierre
à briquet") et d’une mèche inflammable, puis par des appareils plus modernes :
briquet à essence, briquet à gaz, briquet électronique. Ce briquet, on ne le
bat plus, comme dans la chanson.

Au fait, que signifie-t-elle, la chanson ? Eh bien, si la voisine bat le briquet, c’est
qu’elle va faire du feu ; on peut donc courir chez elle ... pour s’y réchauffer.

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 03 déc. 2008, 17:24, modifié 2 fois.

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mar. 30 sept. 2008, 10:12

Bonjour ! :ciao:

Ajourd'hui, le mot POUBELLE.

17. POUBELLE

Le vocabulaire français est traversé de fantômes bien sympathiques !
Je voudrais aujourd’hui évoquer la mémoire d’un grand préfet de Paris
qui régla la question du ramassage des immondices ...

Le problème était ancien. Au moyen âge, on confiait les ordures au
ruisseau qui courait au centre incurvé des rues. Au XVIIIème siècle,
tous les voyageurs se plaignent qu’à Paris, on doive marcher dans
la crotte et les ordures !

En 1883 et 1884, notre brave préfet prend deux arrêtés forts intéréssants :
tout d’abord, il tente, mais sans succès (il a plus d’un siècle d’avance),
d’imposer le tri sélectif. Il demande qu’on distingue en effet les matières
putrescibles, les papiers, chiffons, et la faience, le verre et les coquilles
d’huître (on mangeait beaucoup d‘huîtres à la fin du XIXème siècle).

D’autre part, il impose avec succès l’usage de boîtes métalliques fermées
et cylindriques, d’un volume de quatre-vingts litres, que l’on devait descendre
à heure fixe, et qui allaient être ramassées par un service municipal.

Très vite, ces boîtes prirent le nom du préfet. Ce nom, vous le connaissez.
Il était né a Caen en 1831, avait été préfet de Grenoble avant d’arriver à
Paris. Il s’appellait ... Eugène Poubelle. Il a aujourd’hui sa rue à Paris, mais
elle est bien courte et n’a qu’un numéro, pas même le numéro un ...

Photo : le préfet Eugène Poubelle.

Image

De grâce, ne jetons pas le souvenir de ce grand serviteur de l’Etat dans
les poubelles de l’histoire ! :)

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le lun. 27 oct. 2008, 9:06, modifié 2 fois.

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mer. 01 oct. 2008, 13:17

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot HOMMAGE.

18. HOMMAGE

J’en suis désolé : la langue française interdit à une femme de présenter
ses hommages !

L’explication en est evidente : le terme est formé sur le mot « homme »,
mais la raison en est plus précise. Le suffixe -age désignant une
action ("laver", "lavage"), l’hommage est le fait de devenir l’homme d’un
seigneur féodal, c’est-à-dire son vassal.

Il s’agissait, au moyen âge, d’une des procédures les plus éminentes
de la féodalité : la promesse de dévouement absolu d’un vassal envers
son seigneur. Cet engagement social et politique ne concernait, bien sûr,
que des hommes.

Image

Par analogie, le terme s’est employé comme marque de vénération ("rendre
hommage à Dieu"), ou de respect ("hommage funèbre"). Il a progressivement
pris un sens courtois : hommage de l’éditeur ; en hommage à notre invité…

Cet affaiblissement sémantique éclaire sans doute la tendance à employer
le mot au pluriel. Il désigne alors les soins empressés qu’un homme porte
à une femme : « Veuillez présenter mes hommages à Madame votre mère » ;
« Mes hommages, chère Madame. »

Cela expliqe enfin qu’à partir du XVIIIème siècle, le terme ait pris une tournure
galante. Les hommages qu’un homme présente à une femme et qu’elle accepte,
sont des plus … concrets. L’allégance féodale est devenue une relation sexuelle.
Au dam de nous dire si de tels hommages constituent véritablement un hommage !

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le sam. 15 nov. 2008, 7:18, modifié 1 fois.

Avatar de l’utilisateur
Christophe
Consul
Consul
Messages : 7674
Inscription : mer. 28 avr. 2004, 0:04
Conviction : Catholique
Localisation : Frankistan

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Christophe » mer. 01 oct. 2008, 13:43

Merci Balade pour ce fil très rafraîchissant ! :)
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12400
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Fée Violine » mer. 01 oct. 2008, 13:52

Balade a écrit :Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot HOMMAGE.

18. HOMMAGE

J’en suis désolé : la langue française interdit à une femme de présenter
ses hommages !

L’explication en est evidente : le terme est formé sur le mot « homme »,
mais la raison en est plus précise. Le suffixe -age désignant une
action ("laver", "lavage"), l’hommage est le fait de devenir l’homme d’un
seigneur féodal, c’est-à-dire son vassal.

Il s’agissait, au moyen âge, d’une des procédures les plus éminentes
de la féodalité : la promesse de dévouement absolu d’un vassal envers
son seigneur. Cet engagement social et politique ne concernait, bien sûr,
que des hommes.
Ah ! je vais encore trouver à redire, car c'est faux !
"Hommage" et "homme" viennent du latin "homo" qui désigne un être humain.
En latin, l'homme (masculin) se dit "vir" (d'où "viril").
L'hommage était rendu par le vassal au suzerain, et quand le vassal était une femme, elle disait au suzerain qu'elle était "homo tua" : "ton homme", au féminin.
Je ne sais à quelle époque le mot "homme" s'est mis à désigner à la fois "homo" et "vir". mais cette confusion, qui existe en français, n'existe pas dans d'autres langues, par exemple en allemand il y a Mensch (homo) et Mann (vir). En grec aussi on distinguait anthrôpos (l'être humain) et anêr, andros (l'homme, au masculin).
C'est au Moyen Âge, à une époque où cette distinction était assez confuse, que se place la fameuse anecdote de l'homme qui, dans un concile a demandé si le mot "homo" englobait aussi les femmes : et c'est de là qu'a été tirée la non moins célèbre légende anticléricale qui prétend que l'Eglise se serait demandé si les femmes ont une âme !!!

Christian
Senator
Senator
Messages : 928
Inscription : dim. 05 déc. 2004, 10:25
Localisation : Londres

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Christian » mer. 01 oct. 2008, 15:20

:coeur:
Intéressant échange. J’ignorais, et l’étymologie d’hommage, et cette inattendue expression d’homo tua.

Merci de vos lumières
(comme dirait mon électricien, dont la boutique est à l’enseigne Genèse 1,3)

Christian

Avatar de l’utilisateur
Balade
Barbarus
Barbarus

Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mer. 01 oct. 2008, 15:56

Fée Violine a écrit :
Balade a écrit : 18. HOMMAGE

Le terme est formé sur le mot « homme », mais la raison en est plus précise.
Le suffixe -age désignant une action ("laver", "lavage"), l’hommage
est le fait de devenir l’homme d’un seigneur féodal, c’est-à-dire son vassal.
Il s’agissait, au moyen âge, d’une des procédures les plus éminentes
de la féodalité : la promesse de dévouement absolu d’un vassal envers
son seigneur. Cet engagement social et politique ne concernait, bien sûr,
que des hommes.
Ah ! je vais encore trouver à redire, car c'est faux !
"Hommage" et "homme" viennent du latin "homo" qui désigne un être humain.
En latin, l'homme (masculin) se dit "vir" (d'où "viril").
L'hommage était rendu par le vassal au suzerain, et quand le vassal était une femme, elle disait au suzerain qu'elle était "homo tua" : "ton homme", au féminin.
Je ne sais à quelle époque le mot "homme" s'est mis à désigner à la fois "homo" et "vir". mais cette confusion, qui existe en français, n'existe pas dans d'autres langues, par exemple en allemand il y a Mensch (homo) et Mann (vir). En grec aussi on distinguait anthrôpos (l'être humain) et anêr, andros (l'homme, au masculin).
C'est au Moyen Âge, à une époque où cette distinction était assez confuse, que se place la fameuse anecdote de l'homme qui, dans un concile (ou quelque chose comme ça) a demandé si le mot "homo" englobait aussi les femmes : et c'est de là qu'a été tirée la non moins célèbre légende anticléricale qui prétend que l'Eglise se serait demandé si les femmes ont une âme !!!
Bonjour Fée Violine, :)

Merci de vos précisions et de votre intérêt pour ce fil. Cela fait plaisir
de voir que d'autres personnes partagent ma passion pour l'étymologie! :)

Je tiens à rappeler que ce ne sont pas mes interprétations personnelles
que je publie dans cette rubrique. Je ne suis pas linguiste, et même si je
possède quelques connaissances en la matière, je ne me serais pas permis
de créer une chronique et d'y publier mes explications de dilettante, par
crainte d'erreurs ou d'inexactitudes.

Aussi ai-je choisi, comme je l'ai précisé au début de ce fil, de baser cette
rubrique sur les études de l'éminent linguiste Bernard Cerquiglini. Ce sont
les commentaires de ce spécialiste renommé de la langue française que je
publie ici, sans aucune intervention ou interférence de ma part.

Voilà. :) Les commentaires des lecteurs sont les bienvenus ! Ils sont
toujours très enrichissants. Aussi, amis lecteurs, n'hésitez pas, comme
Fée Violine, à apporter votre contribution à ce fil ou à donner votre avis ! :)

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 26 invités